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. [Nouvelle] Peut-être n'était-ce qu'un rêve...

 
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Auteur Message
noorvensen
Aspirant genin


Inscrit le: 07 Avr 2007
Messages: 204

MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2011, 4:13 am    Sujet du message: [Nouvelle] Peut-être n'était-ce qu'un rêve... Répondre en citant

C'est une nouvelle que j'avais écrite en 2005, et que je viens de relire cette nuit (ça faisait longtemps). Comme je la trouve pas mal encore aujourd'hui, malgré quelques petites imperfections, je décide de la partager....



Peut-être n'était-ce qu'un rêve...



Il y a parfois des choses bizarres en ce monde. Voire des choses totalement incroyables. Incroyablement incohérentes, également. Après tout, peut-être n'était-ce qu'un rêve. Qui sait?
Tout avait commencé dans un petit village paisible dans le centre de la France, en pleine campagne, où la nostalgie du passé et la simplicité de la vie se sentaient à plein nez.

J'avais marché pendant plusieurs heures en direction du village d'Arignac, sur ces charmants petits chemins de terre d'où je pouvais dominer la plaine entière du regard, d'immenses pâturages séparés par une voie ferrée, les vaches broutant paisiblement dans les prés.

Au bout de mon périple, j'aperçus enfin le village. Il n'y avait personne. Je me dirigeai alors vers l'église, où j'espérai rencontrer des gens. Personne ne se montra. Je poursuivis mon chemin tandis que le facteur, assis sur son vélo tournant au gré du vent, indiquait paisiblement la direction du vent du sommet pointu de l’église. Je me dirigeai à présent vers le cimetière communal, où je pus enfin apercevoir quelqu'un. C'était un vieil homme, assis, les jambes croisées, observant le jeu complexe d'un échiquier posé sur la tombe d'un proche.
« Qui mène la partie? » Demandai-je.
« Oh, c'est encore Jeannette! » Me répondit le vieil homme en me montrant la vieille photo jaunie par le temps, près de l'épitaphe.
« Bon, c'est l'heure, ma chérie, Conclut-il, s'adressant à sa défunte épouse. Je reviendrai demain, le temps que tu réfléchisses à ton prochain coup. »
Sur ce, il s'en alla en sifflotant.
J'allais partir du cimetière, quand un corbeau vint se poser sur ladite tombe. Il observa tranquillement le jeu d'échecs et déplaça une pièce avec son bec. « Croa! Echec et mat! Ce niais a encore perdu! » Dit-il.
Et il s'envola quelque part en direction d'un autre village.
Soudain, j'entendis le clocher sonner. Je me redirigeai vers l'église. La messe avait commencé, regroupant la centaine d'habitants du village. Un prêtre officiait, les mains jointes, un sourire lumineux émanant de ses lèvres, alors que les fidèles s'asseyaient enfin. Le silence régnait, hormis la lourde cloche qui continuait à sonner. Le prêtre, gêné, intervint alors.
« Hubert, il est midi passé. Tu peux arrêter. Quant à toi, Jean, cesse de baver sur le clavier quand tu joues de l’orgue. »
La cloche continuait malgré tout à sonner.
« Hubert! » Renchérit-il.
Voyant que sa demande n'était pas entendue, il se dirigea vers une manette.
« Excusez-moi, il me faut régler un petit contentieux. Amen. »
Il actionna la manette, et un gros gong se fit entendre. C'est alors que celui qui devait se nommer Hubert tomba de nulle part, la tête la première dans l'allée centrale de la nef de la petite église.
« Aahh! » S'exclama le prêtre d'un air satisfait, suivi par les applaudissements de ses fidèles. Le dénommé Hubert, des étoiles tournant autour de la tête, se déplaça en zigzaguant vers la sortie.
« Ainsi soit-il » Conclut le prêtre.
Soudain, une montre sonna. Le prêtre retira la manche de sa soutane et remarqua que c'était sa montre qui sonnait.
« Bien. Il est temps de manger. Nous nous revoyons donc demain. »
C'est ainsi que tout le monde rentra chez soi, se renfermant dans les maisons en pierre. Je me retrouvai donc sur la place de l'église, seul. Je me dirigeai vers le vieux lave-mains de la place et remarquai avec étonnement une inscription étrange :

"Ceci est mon sang.
PS : A consommer avec modération".


J'ouvrai donc le robinet, et découvrais avec surprise du vin coulant à flots. Je refermai le robinet, et décidai de me diriger en allant vers la mairie afin de consulter le plan du village. Je pris un feuillet et l'ouvris. Je pus voir avec stupéfaction pour seule inscription sur fond blanc : "Bienvenue à Arignac. Vous êtes ici", accompagné d'une petite croix.
Je refermai le petit livret et décidai de me débrouiller par moi-même. Je me dirigeai au hasard dans une rue et pus en lire le nom "Rue Ici". Je poursuivais mon chemin jusqu'à l'intersection entre les rues "Par-là" et "Pas par ici". Je ne renonçai pas pour autant et décidai de persévérer dans ma visite. J'aperçus un gendarme, au loin, patrouillant tranquillement dans une rue. Je vins à sa rencontre.
« - Excusez-moi, monsieur l'agent. Je cherche à découvrir le village mais je ne connais rien ici. Qu'y a-t-il d'intéressant à voir?
- Et bien, Me répondit-il, vous pouvez voir notre chère église qui a pour particularité de s'illuminer durant l'équinoxe d'été, ou plus exactement le 38 juin, une fois tous les deux ans.
- ........C…….certes……... Sinon, avez-vous un bon restaurant?
- Ah oui! Bien sûr! Chez Antoinette, Rue de L'impasse.
- Euh.....Pouvez vous m'indiquer?
- Très volontiers monsieur! Vous prenez la Rue Par-là, et d'ici vous prenez par la Rue D'ici et poursuivez jusqu'à la Rue Là-bas. Ensuite, vous tombez sur L'impasse.
- Pardon?
- Monsieur, essayeriez-vous de vous moquer de moi?
- Ah non, pas du tout!
- Bien.
- Mais la Rue D'ici est par-là?
- Non, par-là, c'est la Rue là-bas.
- Mais la rue là-bas est au sud et pas au nord. Je l’ai remarquée tout à l’heure.
- Non, je parle de la « Rue Là-bas ».
- Oui, celle qui se trouve par ici.
- Non! La Rue Par ici se trouve à l'est de la Rue Là-bas.
- Mais pourtant ici, c'est la Rue Là.
- La Rue Ici se trouve de l'autre côté du village, monsieur.
- Mais ici, on est , non?
- Comment ça monsieur? Là, nous sommes Rue Pas ici.
- ......Laissez-tomber.
- Bonne journée, monsieur. »

Je retournai du côté du cimetière, et vis le corbeau remettre les pièces de l'échiquier sur leur case initiale. J'aperçus au loin un vieil homme pleurant sur une tombe, avant de s'en aller tristement. Je m'approchai de la tombe près de laquelle l'homme se tenait, et pus lire l'épitaphe suivante:
"Louis, n'oublie pas ton chapeau".
C'est alors que le vieil homme retourna vers moi, en marmonnant :
« Oh, mon Dieu, mon chapeau !...Excusez-moi, mon bon monsieur…Merci, ma chérie. Bonne journée. Je reviendrai demain, comme tous les jours. Fais-moi penser à changer les fleurs sur ta tombe.».
Ce dernier ramassa son couvre-chef avec une relative précipitation et repartit chez lui d’un pas qui se voulut plus serein. C'est alors que l'épitaphe changea comme par magie :
"Décidément, il faut toujours que je sois là pour m'occuper de lui!..."
Par curiosité, je décidai d'observer quelques tombes afin de voir comment les gens de ce village vivaient la mort. Apparemment, ce village étrange était le lieu où les morts étaient considérés comme des vivants et où tout le monde vivait en parfaite harmonie. Je pus lire les épitaphes de trois autres tombes.


"Maman, nous ne t'oublierons jamais"
"Si vous voyez Dieu, dites-lui de me rendre mon Bilto, j'ai encore gagné au quinté"
"L’urne ou la boîte en bois… Peut importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse."



Je restai perplexe. Je regardai ma montre. Il était 14:00. Je décidai alors de quitter ce village incongru, marchant dans les rues aux noms étranges, tandis que le facteur dormait paisiblement, la tête appuyée contre le guidon de son vélo tournant du haut de l’église, tandis que un groupe de vieillards trinquait autour du lave-mains public en discutant de choses et d’autres :

« - Ah, Charles a encore perdu une partie contre sa femme aujourd’hui.
- Pourtant, il est drôlement fort aux échecs ! »

« - Ah, mon dieu ! Le prêtre a encore fait des siennes aujourd’hui ! Avant-hier, ça me fait penser, Hubert était en transe dans l’église. Imagine ! Il avait passé de longues heures à se pendre à la corde du clocher. Quel boucan ça avait fait !
- Ah, cet Hubert ! Ne m’en parlez pas ! »


Je repartis d’un pas lent. Et après plusieurs longues minutes de marche, je parvins enfin à trouver la sortie du village, tandis qu’un corbeau à l’horizon vint disparaître derrière les murs du cimetière, sans doute pour commencer une nouvelle partie d’échecs. A l’horizon, un immense arc-en-ciel enjambait la plaine. Et en observant bien, je pus voir un homme tenant sa petite fille par la main, marchant sur les couleurs montant vers les nuages avant de redescendre de l’autre côté de la vallée. Je restais admiratif, continuant à marcher malgré moi, machinalement.
Soudain, je trébuchai une grosse pierre au milieu du chemin, et, tourbillonnant, dévalai la longue pente oblique d’herbe fraîche en contre bas. Je tentai de me redresser, puis, finalement, sonné, je m’évanouis.



A mon réveil, et à ma grande surprise, je me relevais dans mon village natal, dans le sud de la France. Je me mis à considérer avec une curiosité étrange et une certaine incrédulité la nature chantante qui m’entourait. Je décidai alors de faire une petite marche. Je regardai le nom des rues – rue de la paix, rue du père Henri, rue de Provence, etc. – et fus rassuré par leur « normalité ». Je me dirigeai alors vers l’église où le prêtre du village officiait paisiblement devant les fidèles reprenant les chants liturgiques, debout, puis se rasseyant. Je fis un dernier tour par le cimetière, pour m’assurer que tout était normal. Aucun corbeau parlant et intelligent joueur d’échecs avec les morts ne pointait le bout de son bec. Juste une douce brise venant caresser mon visage.
C’est alors qu'une foule de choses se bousculait dans ma tête. Cette journée si particulière, ce village typique du centre de la France, construit avec les mêmes pierres, au milieu de la verdure de nulle part, au sommet d’une plaine… tout cela n’était-il qu’un rêve ?
Je ne cherchai pas à répondre. Je remontai les rues de mon village jusqu’à la maison de mon amie que je voyais par la fenêtre, souriante et heureuse, en compagnie de sa mère. Je souris, moi aussi, à son bonheur.
Soudain, elle m’aperçut, les mains appuyées contre la vitre de la chambre du premier étage de la maison, et accourut en bas, ouvrit la porte d’entrée et courut m’ouvrir le portail, m’invitant à entrer et m’embrassant chaleureusement, suivie de sa mère m’accueillant à bras ouverts. Nous entrâmes ainsi tous les trois dans la maison qui était la leur, à l’heure du déjeuner, car il était presque midi. Voilà encore une chose qui m’interpella, cet écart d’horaire. Comme si ma chute à la sortie du village d’Arignac avait été un bond en arrière dans le temps.
Là non plus, je ne cherchai pas à comprendre. Peut-être que tout ceci n’avait été qu’un rêve, après tout. Et moi, j’allais avoir une jolie histoire à raconter à la table du déjeuner.
Au fond, ce sont ces genres de phénomènes qui rendent une existence unique, avec des souvenirs impérissables, gardant leur goût tout au long de la vie comme des chocolats longtemps conservés dans la glace qui auraient gardé cette même saveur nostalgique.
Quant à savoir si tout cela s’était vraiment passé ou si Arignac avait vraiment existé….
Le mystère, lui, probablement pour toujours, resterait entier.

FIN…

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Juger c'est interpréter, mais interpréter n'est pas comprendre. Aussi vaudrait-il mieux commencer par ne pas juger si l'on veut commencer à comprendre...
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