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Leonie_
Civil


Inscrit le: 05 Mai 2011
Messages: 5

MessagePosté le: Jeu 05 Mai 2011, 3:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup les Contemplations de Victor Hugo, en particulier les poèmes qu'il a écrits après la mort de sa fille :

XII
À QUOI SONGEAIENT LES DEUX CAVALIERS DANS LA FORÊT


La nuit était fort noire et la forêt très-sombre.
Hermann à mes côtés me paraissait une ombre.
Nos chevaux galopaient. A la garde de Dieu !
Les nuages du ciel ressemblaient à des marbres.
Les étoiles volaient dans les branches des arbres
Comme un essaim d’oiseaux de feu.

Je suis plein de regrets. Brisé par la souffrance,
L’esprit profond d’Hermann est vide d’espérance.
Je suis plein de regrets. O mes amours, dormez !
Or, tout en traversant ces solitudes vertes,
Hermann me dit : — Je songe aux tombes entr’ouvertes ; -
Et je lui dis : — Je pense aux tombeaux refermés.-

Lui regarde en avant : je regarde en arrière,
Nos chevaux galopaient à travers la clairière ;
Le vent nous apportait de lointains angelus ;
dit : — Je songe à ceux que l’existence afflige,
A ceux qui sont, à ceux qui vivent. — Moi, — lui dis-je,
Je pense à ceux qui ne sont plus !

Les fontaines chantaient. Que disaient les fontaines ?
Les chênes murmuraient. Que murmuraient les chênes ?
Les buissons chuchotaient comme d’anciens amis.
Hermann me dit : — Jamais les vivants ne sommeillent.
En ce moment, des yeux pleurent, d’autres yeux veillent.
Et je lui dis : — Hélas ! d’autres sont endormis !


Hermann reprit alors : — Le malheur, c’est la vie.
Les morts ne souffrent plus. Ils sont heureux ! j’envie
Leur fosse où l’herbe pousse, où s’effeuillent les bois.
Car la nuit les caresse avec ses douces flammes ;
Car le ciel rayonnant calme toutes les âmes
Dans tous les tombeaux à la fois !

Et je lui dis : — Tais-toi ! respect au noir mystère !
Les morts gisent couchés sous nos pieds dans la terre.
Les morts, ce sont les cœurs qui t’aimaient autrefois
C’est ton ange expiré ! c’est ton père et ta mère !
Ne les attristons point par l’ironie amère.
Comme à travers un rêve ils entendent nos voix.

Octobre 1853.
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lâme
Étudiant à l'académie


Inscrit le: 09 Aoû 2010
Messages: 86

MessagePosté le: Sam 07 Mai 2011, 3:55 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le 30 mai 1932 la mère de Réné-guy Cadou, l'auteur, décède. Ce dernier a alors 12 ans. Il en a 23 quand il écrit.

Un poème qui se passe de commentaires.

30 mai 1932

Il n’y a plus que toi et moi dans la mansarde
Mon père
Les murs sont écroulés
La chair s’est écroulée
Des gravats de ciel bleu tombent de tous côtés
Je vois mieux ton visage
Tu pleures
Et cette nuit nous avons le même âge
Au bord des mains qu’elle a laissées

Dix heures
La pendule qui sonne
Et le sang qui recule
Il n’y a plus personne
Maison fermée
Le vent qui pousse au loin une étoile avancée

Il n’y a plus personne
Et tu es là
Mon père
Et comme un liseron
Mon bras grimpe à ton bras
Tu effaces mes larmes
En te brûlant les doigts.

_________________
Science: Une façon de comprendre les choses et ensuite de les faire fonctionner. La Science explique ce qui se passe tout le temps autour de nous. La religion aussi, mais la science marche mieux, parce qu'elle trouve des excuses plus crédibles quand elle se trompe.

Terry Pratchett Le grand livre des gnome page 461
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Mat
Jûbi


Inscrit le: 13 Fév 2008
Messages: 5451

MessagePosté le: Lun 30 Mai 2011, 3:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Une production d'Alfred de Vigny (1797-1863), qui n'est pas encore apparu parmi les personnes citées dans ce sujet. Un poème rédigé en 1830, en trois parties (comme tout bon mémoire Mr. Green) et qui s'intitule "Les Amants de Montmorency" :

Spoil:

Élévation


I

Étaient-ils malheureux, Esprits qui le savez !
Dans les trois derniers jours qu’ils s’étaient réservés ?
Vous les vîtes partir tous deux, l’un jeune et grave,
L’autre joyeuse et jeune. Insouciante esclave,
Suspendue au bras droit de son rêveur amant,
Comme à l’autel un vase attaché mollement,
Balancée en marchant sur sa flexible épaule
Comme la harpe juive à la branche du saule ;
Riant, les yeux en l’air, et la main dans sa main,
Elle allait, en comptant les arbres du chemin,
Pour cueillir une fleur demeurait en arrière,
Puis revenait à lui, courant dans la poussière,
L’arrêtait par l’habit pour l’embrasser, posait
Un œillet sur sa tête, et chantait, et jasait
Sur les passants nombreux, sur la riche vallée
Comme un large tapis à ses pieds étalée ;
Beau tapis de velours chatoyant et changeant,
Semé de clochers d’or et de maisons d’argent,
Tout pareils aux jouets qu’aux enfants on achète
Et qu’au hasard pour eux par la chambre l’on jette.
Ainsi, pour lui complaire, on avait sous ses pieds
Répandu des bijoux brillants, multipliés
En forme de troupeaux, de village aux toits roses
Ou bleus, d’arbres rangés, de fleurs sous l’onde écloses,
De murs blancs, de bosquets bien noirs, de lacs bien verts
Et de chênes tordus par la poitrine ouverts.
Elle voyait ainsi tout préparé pour elle :
Enfant, elle jouait, en marchant, toute belle,
Toute blonde, amoureuse et fière ; et c’est ainsi
Qu’ils allèrent à pied jusqu’à Montmorency.


II

Ils passèrent deux jours d’amour et d’harmonie,
De chants et de baisers, de voix, de lèvre unie,
De regards confondus, de soupirs bienheureux,
Qui furent deux moments et deux siècles pour eux.
La nuit on entendait leurs chants ; dans la journée
Leur sommeil ; tant leur âme était abandonnée
Aux caprices divins du désir ! Leurs repas
Étaient rares, distraits ; ils ne les voyaient pas.
Ils allaient, ils allaient au hasard et sans heures,
Passant des champs aux bois, et des bois aux demeures,
Se regardant toujours, laissant les airs chantés
Mourir, et tout à coup restaient comme enchantés.
L’extase avait fini par éblouir leur âme,
Comme seraient nos yeux éblouis par la flamme.
Troublés, ils chancelaient, et le troisième soir,
Ils étaient enivrés jusques à ne rien voir
Que les feux mutuels de leurs yeux. La nature
Étalait vainement sa confuse peinture
Autour du front aimé, derrière les cheveux
Que leurs yeux noirs voyaient tracés dans leurs yeux bleus.
Ils tombèrent assis, sous des arbres ; peut-être...
Ils ne le savaient pas. Le soleil allait naître
Ou s’éteindre... Ils voyaient seulement que le jour
Était pâle, et l’air doux, et le monde en amour...
Un bourdonnement faible emplissait leur oreille
D’une musique vague, au bruit des mers pareille,
Et formant des propos tendres, légers, confus,
Que tous deux entendaient, et qu’on n’entendra plus.
Le vent léger disait de la voix la plus douce :
« Quand l’amour m’a troublé, je gémis sous la mousse. »
Les mélèzes touffus s’agitaient en disant :
« Secouons dans les airs le parfum séduisant
« Du soir, car le parfum est le secret langage
« Que l’amour enflammé fait sortir du feuillage. »
Le soleil incliné sur les monts dit encor :
« Par mes flots de lumière et par mes gerbes d’or
« Je réponds en élans aux élans de votre âme ;
« Pour exprimer l’amour mon langage est la flamme. »
Et les fleurs exhalaient de suaves odeurs,
Autant que les rayons de suaves ardeurs ;
Et l’on eût dit des voix timides et flûtées
Qui sortaient à la fois des feuilles veloutées ;
Et, comme un seul accord d’accents harmonieux,
Tout semblait s’élever en chœur jusques aux cieux ;
Et ces voix s’éloignaient, en rasant les campagnes,
Dans les enfoncements magiques des montagnes ;
Et la terre, sous eux, palpitait mollement,
Comme le flot des mers ou le cœur d’un amant ;
Et tout ce qui vivait, par un hymne suprême,
Accompagnait leurs voix qui se disaient : « Je t’aime. »


III

Or c’était pour mourir qu’ils étaient venus là.
Lequel des deux enfants le premier en parla ?
Comment dans leurs baisers vint la mort ? Quelle balle
Traversa les deux cœurs d’une atteinte inégale
Mais sûre ? Quels adieux leurs lèvres s’unissant
Laissèrent s’écouler avec l’âme et le sang ?
Qui le saurait ? Heureux celui dont l’agonie
Fut dans les bras chéris avant l’autre finie !
Heureux si nul des deux ne s’est plaint de souffrir !
Si nul des deux n’a dit : « Qu’on a peine à mourir ! »
Si nul des deux n’a fait, pour se lever et vivre,
Quelque effort en fuyant celui qu’il devait suivre ;
Et, reniant sa mort, par le mal égaré,
N’a repoussé du bras l’homicide adoré ?
Heureux l’homme surtout, s’il a rendu son âme,
Sans avoir entendu ces angoisses de femme,
Ces longs pleurs, ces sanglots, ces cris perçants et doux
Qu’on apaise en ses bras ou sur ses deux genoux,
Pour un chagrin ; mais si la mort les arrache,
Font que l’on tord ses bras, qu’on blasphème, qu’on cache
Dans ses mains son front pâle et son cœur plein de fiel,
Et qu’on se prend du sang pour le jeter au ciel. —
Mais qui saura leur fin ? — Sur les pauvres murailles
D’une auberge où depuis on fit leurs funérailles,
Auberge où pour une heure ils vinrent se poser
Ployant l’aile à l’abri pour toujours reposer,
Sur un vieux papier jaune, ordinaire tenture,
Nous avons lu des vers d’une double écriture,
Des vers de fou, sans rime et sans mesure. — Un mot
Qui n’avait pas de suite était tout seul en haut ;
Demande sans réponse, énigme inextricable,
Question sur la mort. — Trois noms, sur une table,
Profondément gravés au couteau. — C’était d’eux
Tout ce qui demeurait... et le récit joyeux
D’une fille au bras rouge. « Ils n’avaient, disait-elle,
Rien oublié. » La bonne eut quelque bagatelle
Qu’elle montre en suivant leurs traces, pas à pas.
— Et Dieu ? — Tel est le siècle, ils n’y pensèrent pas.
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Uchiha-sasuke-da
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Localisation: Dans les villes en folie

MessagePosté le: Mar 07 Juin 2011, 10:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'avais recopié il y a un an et là j'l'ai retrouvé!
Je le trouve simplement élégant et sublime ♥


Le jardin, Monsieur Prévert


Des milliers et des milliers d'années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassée
Un matin dans la lumière de l'hiver
Au parc Mont souris à Paris
A Paris
Sur la terre
La terre qui est un astre.

_________________
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Z4k
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MessagePosté le: Lun 20 Juin 2011, 3:06 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois que ce n'est pas le poeme entier, mais je me rappelle l'avoir lu quelque part, et l'avoir noté tellement il m'avait plu


Et en vérité Qui est tu toi l'Amour, toi que je cherche tant
J'ai perçu tant de mirages qui de loin portaient ton nom
Réponds, tu es le trésor caché, cherché par l'Amant et l'Aimé
Mais ne le savent que ceux qui de toi sont épris
Je veux être de ceux dont le visage porte la marque de Ta proximité
Leurs cœurs gémient et tu les remplis du secret, du miel de cette vie
Tu brûles et tu soignes à la fois les maux
Et les mots me manquent pour oser dire
Que tu es la source de toutes choses
De toute éternité ces mots sont gravés dans mon cœur
Je t'aime, je t'aime, je t'aime O Amour
Sois en sûr comme le soleil et la lune déchirent le ciel
Au cours de chacun de leur passage

_________________

"Tu auras tant de choses à voir pour franchir la frontière du savoir, pour cueillir l'héritage, qui vient du fond des ages, dans l'harmonie d'une chaîne d'amour, c'est l'histoire de la vie" Le roi lion.
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Mikazuki
Dramaturge des forums
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Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Mer 22 Juin 2011, 9:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

Six vers m'ont rendu dingue de Prévert :


Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l'obscurité tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.



Une pièce de Baudelaire que j'apprécie également :


Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on dirait qu’elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.

Comme le sable morne et l’azur des déserts,
Insensibles tous deux à l’humaine souffrance,
Comme les longs réseaux de la houle des mers,
Elle se développe avec indifférence.

Ses yeux polis sont faits de minéraux charmants,
Et dans cette nature étrange et symbolique
Où l’ange inviolé se mêle au sphinx antique,

Où tout n’est qu’or, acier, lumière et diamants,
Resplendit à jamais, comme un astre inutile,
La froide majesté de la femme stérile.
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Joker
Étudiant à l'académie


Inscrit le: 09 Juin 2011
Messages: 50

MessagePosté le: Mer 22 Juin 2011, 11:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Continuons sur cette lancée de Baudelaire (j'apprécie beaucoup le deuxième quatrain du poème) :

Spoil:
LXXII
LE MORT JOYEUX


Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde.

Je hais les testaments et je hais les tombeaux;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.

O vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,

A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi, s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !

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Uchiha-sasuke-da
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Inscrit le: 04 Mai 2007
Messages: 682
Localisation: Dans les villes en folie

MessagePosté le: Jeu 21 Juil 2011, 3:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Arthur RIMBAUD (1854-1891)

Roman

I

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...

II

- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête...

III

Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
- Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif...
- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...

IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.
- Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !...

- Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade...
- On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.



J'ai choisi ce poème pour le premier vers, celu-ci m'avait marqué.
Et aussi parce que en 1ère je me souviens encore de mon professeur prononcant
"Tout en faisant trotter ses petites bottines," avec un ton particulier.
Il m'évoque des souvenirs de ma 1ere L Smile

Aragon, un de mes poètes préferés! :

Spoil:
Il n'aurait fallu
Qu'un moment de plus
Pour que la mort vienne
Mais une main nue
Alors est venue
Qui a pris la mienne

Qui donc a rendu
Leurs couleurs perdues
Aux jours aux semaines
Sa réalité
A l'immensité
Des choses humaines

Moi qui frémissais
Toujours je ne sais
De quelle colère
Deux bras ont suffi
Pour faire à ma vie
Un grand collier d'air

Rien qu'un mouvement
Ce geste en dormant
Léger qui me frôle
Un souffle posé
Moins une rosée
Contre mon épaule

Un front qui s'appuie
A moi dans la nuit
Deux grands yeux ouverts
Et tout m'a semblé
Comme un champ de blé
Dans cet univers

Un tendre jardin
Dans l'herbe où soudain
La verveine pousse
Et mon coeur défunt
Renaît au parfum
Qui fait l'ombre douce

Louis Aragon, Le Roman Inachevé (1956)

_________________
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Shikamaru no kumo
Étudiant à l'académie


Inscrit le: 13 Mar 2011
Messages: 56
Localisation: Entre chien et loup. A la fourrière très prochainement.

MessagePosté le: Lun 15 Aoû 2011, 4:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un autre poème de Baudelaire.

Spoil:

L'Irréparable

Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords,
Qui vit, s'agite et se tortille
Et se nourrit de nous comme le ver des morts,
Comme du chêne la chenille?
Pouvons-nous étouffer l'implacable Remords?

Dans quel philtre, dans quel vin, dans quelle tisane,
Noierons-nous ce vieil ennemi,
Destructeur et gourmand comme la courtisane,
Patient comme la fourmi?
Dans quel philtre? dans quel vin? dans quelle tisane?

Dis-le, belle sorcière, oh! dis, si tu le sais,
A cet esprit comblé d'angoisse
Et pareil au mourant qu'écrasent les blessés,
Que le sabot du cheval froisse,
Dis-le, belle sorcière, oh! dis, si tu le sais,

A cet agonisant que le loup déjà flaire
Et que surveille le corbeau,
A ce soldat brisé! s'il faut qu'il désespère
D'avoir sa croix et son tombeau;
Ce pauvre agonisant que déjà le loup flaire!

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir?
Peut-on déchirer des ténèbres
Plus denses que la poix, sans matin et sans soir,
Sans astres, sans éclairs funèbres?
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir?

L'Espérance qui brille aux carreaux de l'Auberge
Est soufflée, est morte à jamais!
Sans lune et sans rayons, trouver où l'on héberge
Les martyrs d'un chemin mauvais!
Le Diable a tout éteint aux carreaux de l'Auberge!

Adorable sorcière, aimes-tu les damnés?
Dis, connais-tu l'irrémissible?
Connais-tu le Remords, aux traits empoisonnés,
A qui notre coeur sert de cible?
Adorable sorcière, aimes-tu les damnés?

L'Irréparable ronge avec sa dent maudite
Notre âme, piteux monument,
Et souvent il attaque ainsi que le termite,
Par la base le bâtiment.
L'Irréparable ronge avec sa dent maudite!

J'ai vu parfois, au fond d'un théâtre banal
Qu'enflammait l'orchestre sonore,
Une fée allumer dans un ciel infernal
Une miraculeuse aurore;
J'ai vu parfois au fond d'un théâtre banal

Un être, qui n'était que lumière, or et gaze,
Terrasser l'énorme Satan;
Mais mon coeur, que jamais ne visite l'extase,
Est un théâtre où l'on attend
Toujours, toujours en vain, l'Etre aux ailes de gaze!

_________________
[b:80c49cfd9e]Aus der Kriegsschule des Lebens. - Was mich nicht umbringt, macht mich stärker.

Friedrich Nietzsche[/b:80c49cfd9e]
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Saharienne
Sennin


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Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Dim 28 Aoû 2011, 11:40 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Trouvés sur un poteau à Cuba mais malheureusement non signé :
"Que estupida la linea que divide sol de sombra"
Quelle bétise cette ligne qui sépare le soleil de l'ombre.

Finalement j'ai pu trouver l'original, un peu long à traduire pardonnez moi les approximations, il est sublime :

De Carilda Oliver Labra (une femme cubaine donc).

UNA MUJER ESCRIBE ESTE POEMA *Une femme écrit ce poême

Una mujer escribe este poema *Une femme écrit ce poême
donde puede * Où l'on peut
a cualquier hora de un día que no importa *A n'importe quelle heure de n'importe quel jour
en el siglo de la avitaminosis * Dans le siècle de ???
y la cosmonáutica *Et des 'voyages cosmiques' (?)
tristeza deseo no sabe qué *Triste désir qu'on ne sait pas
esperando la bayoneta o el obús *Etre dans l'attente de la bayonette ou de l'obus
una mujer escribe este poema *Une femme écrit ce poême
sin atributos *Sans attribut (Sans rien de particulier).
[...]
caemos por turno frente a las estrellas *Nous tombons lorsque l'on se tourne vers les étoiles
todos tenemos que morir *Nous devons tous mourrir
no hay nada más ilustre que la sangre *Il n'y a rien de plus illustre que le sang
una mujer escribe este poema *Une femme écrit ce poême
qué estúpida la línea que divide sol de sombra *Quelle stupidité cette ligne qui sépare le soleil de l'ombre
que crepúsculo pasa *Le crépuscule passe
acumulándose al final de las azoteas *S'accrochant aux terasses
supimos de pronto de una trombosis coronaria *Nous avons su aussi rapidement qu'une trombose coronariène
existes soledad *Que tu existes, solitude
sonó una bomba * Au bruit d'une bombe
vean si se han roto los lentes de contacto *Il voient si se sont rompus les lentilles de contacts.
una mujer escribe este poema * Une femme écrit ce poême
separa quince pesos para el alquiler *Il se sépare de 15 pesos pour la location
mi amigo viejo * Mon vieil amis
se desprende del mediodía por la próstata *Il ??? Du midi par la prostate
bailamos *Nous dansons
sigue la preparación combativa * Il suit l'entrainement au combat
no pasarán *Ils ne passeront pas (célèbre slogan républicain en espagne franquiste)
una mujer escribe este poema *Une femme a écrit ce poême
como quien ha perdido el tiempo para siempre *Comme ayant perdu le temps à jamais
creo en el corazón de Denise Darval *Je crois en le coeur de Denise Darval
hemos ganado porque morimos muchas veces *Nous avons gagné parce que nous sommes mort de nombreuses fois
parece que tengo un derrame de sinovia *Parce que ???
no hay tiempo para la poesía *Il n'y a plus de temps pour la poêsie
de vera que los frijoles se han demorado en hervir *???
te juro que mañana presentaré el divorcio *Je te jure que demain je demande le divorce
una mujer escribe este poema.*Une femme écrit ce poême
cómo hay fantasmas a las siete en mi pecho *Comme il y a des fantasmes ?? dans ma poitrine
entablillé una rama a la areca que está triste *???
mamá tú no sabes la falta que me haces *Maman tu ne sais pas ce que tu m'as fais souffrir
si suena la alarma aérea *Si l'alarme aérienne sonne
recojan a los niños que duermen en la cuna *Reprenez les enfants de leurs berceaux
voy a guardar este retrato del Che *Je vais garder ce portrait du Che
como calló el canario traje un tenor a casa *???
una mujer escribe este poema cargada de ultimátum *Une femme écrit ce poême, chargé d'ultimatum
de pólvora *De poudre
de rimmel *De rimmel
verde contemporáneo lela *???
entre el uranio *Entre l'uranium
y *Et
el cobalto *Le cobalt
trébol de la esperanza *Trèfle de l'espérance
convaleciente de amor *Convalescence de l'amour
tramposa hasta el éxtasis *Tricheuse jusqu'à l'extase
tonta como balada *Sotte comme une ballade
neurótica *Névrotique
metiendo sueños en una alcancía *Gardant ses souvenirs dans une tirelire
ninfa del trauma *Nymphe des traumatismes
novia de los cuchillos *La petite amie des couteaux
jugando a no perder la luz en el último tute *Jouant à perdre la lumière au dernier ???
una mujer escribe este poema. *Une femme écrit ce poême
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Sei
Chuunin


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Messages: 680

MessagePosté le: Dim 18 Sep 2011, 12:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai trouvé ça sur le net.
J'ai trouvé ça très beau.
Je suis pas du tout poésie à la base, mais j'arrive à aimer de temps en temps, et ça ça me touche, je ne sais pas pourquoi.

Spoil:
On n’a parfois que peu de choix.
Tu avais apporté les couleurs
Je cours vers toi
Je n’avais que le noir

C’est la rançon demandée à mon cœur.

Je mange sans faim
Une douleur froide endurante
Une arme chargée de ma main
Ma plume, reste lente.

Je secoue ma tête
Je mélange les couleurs
Je nettoie les sons
J'amène de l'air

Perdue, lourde,
Peine aiguisée,
Lasse et abusée.

On n’a parfois que peu de choix
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Saharienne
Sennin


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Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 23 Sep 2011, 9:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai pleuré en découvrant ce poême en fait, réellement..
Il n'y a que Aragon pour me faire cet effet là.

Elsa au miroir, Aragon donc

C'était au beau milieu de notre tragédie
Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d'or Je croyais voir
Ses patientes mains calmer un incendie
C'était au beau milieu de notre tragédie

Et pendant un long jour assise à son miroir
Elle peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit
C'était au beau milieu de notre tragédie
Qu'elle jouait un air de harpe sans y croire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir

Elle peignait ses cheveux d'or et j'aurais dit
Qu'elle martyrisait à plaisir sa mémoire
Pendant tout ce long jour assise à son miroir
À ranimer les fleurs sans fin de l'incendie
Sans dire ce qu'une autre à sa place aurait dit

Elle martyrisait à plaisir sa mémoire
C'était au beau milieu de notre tragédie
Le monde ressemblait à ce miroir maudit
Le peigne partageait les feux de cette moire
Et ces feux éclairaient des coins de ma mémoire

C'était un beau milieu de notre tragédie
Comme dans la semaine est assis le jeudi

Et pendant un long jour assise à sa mémoire
Elle voyait au loin mourir dans son miroir

Un à un les acteurs de notre tragédie
Et qui sont les meilleurs de ce monde maudit

Et vous savez leurs noms sans que je les aie dits
Et ce que signifient les flammes des longs soirs

Et ses cheveux dorés quand elle vient s'asseoir
Et peigner sans rien dire un reflet d'incendie

(La Diane française, 1945 )
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Auwn
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MessagePosté le: Ven 04 Nov 2011, 4:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai surtout été marqué par deux poèmes que voici :

Spoil:
Citation:
L’automne

Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?
Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.


Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques.


Je me souviens que j'avais lu un extrait de ce poème, jusqu'au vers 18 ( En gras ) . Ce vers, ainsi que celui qui le précède, sont mes préférés.
Spoil:
( C'est mal dit je pense, désole j'suis pas doué en littéraire. Confused )

De plus, l'automne est ma saison préférée. Smile

Spoil:
Citation:
Vénus Anadyomène

Comme d'un cercueil vert en ferblanc, une tête
De femme à cheveux bruns fortement pommadés
D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,
Avec des déficits assez mal ravaudés ;

Puis le col gras et gris, les larges omoplates
Qui saillent ; le dos court qui rentre et qui ressort ;
Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor ;
La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ;

L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût
Horrible étrangement ; on remarque surtout
Des singularités qu'il faut voir à la loupe...

Les reins portent deux mots gravés : Clara Venus ;
– Et tout ce corps remue et tend sa large croupe
Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.


Arthur Rimbaud


Celui-ci m'a aussi marqué, je ne saurais comment l'expliquer.
Razz

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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Sam 05 Nov 2011, 2:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Les Yeux
Extrait Des Stances Et Poèmes

Par Sully Prudhome


Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.


Entendu ce matin, lu par mon cousin.

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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 11 Jan 2012, 11:17 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le plaisir est enivrant mais s'évanouit
Ici-bas, personne ne demeure.
Aujourd'hui franchissant les cimes de l'illusion,
Il n'est plus ni de rêves creux,
ni d'ivresse.

Ce poême japonais a la particularité de n'utiliser qu'une seule fois toutes les syllabes de la langue japonaise.

い ろ は に ほ へ と
ち り ぬ る を
わ か よ た れ そ
つ ね な ら む
う ゐ の お く や ま
け ふ こ え て
あ さ き ゆ め み し
ゑ ひ も せ す

Les amateurs verront le ye et le wi qui n'existe plus de nos jours :p

Outre son interet pratique, son petit tour de force sur la forme, c'est un très joli poème je trouve :3
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MimiSempai
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MessagePosté le: Mer 11 Jan 2012, 1:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Nuit rhénane (Alcools_Les Rhénanes_Guillaume Apollinaire)

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

Voilà mon poëme préféré de mon poète préféré. J'ai découvert Apollinaire quand j'étais en fac de musico et je suis tombé sous le charme.

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Deux faiblesses qui s'appuient l'une à l'autre créent une force. Voilà pourquoi la moitié du monde, en s'appuyant contre l'autre moitié,(devrait) se raffermir - Leonardo Da Vinci
(devrait) - Mimi
quand mon stylet me démange...
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Mikazuki
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MessagePosté le: Sam 14 Jan 2012, 3:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En parlant d'Apollinaire, voici un poème que j'ai lu tout à l'heure et que j'ai immédiatement adoré.
La deuxième moitié est particulièrement belle.

Train militaire - Poèmes à Lou

Nous marchons, nous marchons d’un immobile pas
Nous buvons au bidon à la fin du repas
Le dernier arbre en fleurs qu’avant Dijon nous vîmes
(Car c’est fini les fleurs des environs de Nîmes)
Était tout rose ainsi que tes seins virginaux
Ma vie est démodée ainsi que les journaux
D’hier et nous aimons ô femmes vos images.
Sommes dans nos wagons comme oiseaux en cages
Te souvient-il encor du brouillard de Sospel
Une fillette avait ton vice originel
Et notre nuit de Vence avant d’aller à Grasse
Et l’hôtel de Menton Tout passe lasse et casse
Et quand tu seras vieille ô ma jeune beauté
Lorsque l’hiver viendra après ton bel été
Lorsque l’hiver viendra ô ma jeune beauté
Lorsque mon nom sera répandu sur la terre
En entendant nommer Guillaume Apollinaire
Tu diras Il m’aimait et t’enorgueilliras
Allons ouvre ton cœur Tu m’as ouvert tes bras

Les souvenirs ce sont des jardins sans limites
Où le crapaud module un tendre cri d’azur
La biche du silence éperdu passe vite
Un rossignol meurtri par l’amour chante sur
Le rosier de ton corps où j’ai cueilli des roses
Nos cœurs pendent ensemble au même grenadier
Dont les fleurs de grenade entre nos cœurs écloses
En tombant une à une ont jonché le sentier

Les arbres courent fort les arbres courent courent
Et l’horizon vient à la rencontre du train
Et les poteaux télégraphiques s’énamourent
Ils bandent comme un cerf vers le beau ciel serein
Ainsi beau ciel aimé chère Lou que j’adore
Je te désire encore ô paradis perdu
Tous nos profonds baisers je me les remémore
Il fait un vent tout doux comme un baiser mordu
Après des souvenirs, des souvenirs encore
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Saharienne
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MessagePosté le: Sam 14 Jan 2012, 6:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas pourquoi mais je n'ai JAMAIS pu blairer Appolinaire... Enfin mince quand il existe le parfait Aragon !
Sa modernité me laisse de glace, ses rimes m'embourbent... Rien à faire :s
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Ven 20 Jan 2012, 6:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Supplica a mia madre

È difficile dire con parole di figlio
ciò a cui nel cuore ben poco assomiglio.

Tu sei la sola al mondo che sa, del mio cuore,
ciò che è stato sempre, prima d'ogni altro amore.

Per questo devo dirti ciò ch'è orrendo conoscere:
è dentro la tua grazia che nasce la mia angoscia.

Sei insostituibile. Per questo è dannata
alla solitudine la vita che mi hai data.

E non voglio esser solo. Ho un'infinita fame
d'amore, dell'amore di corpi senza anima.

Perché l'anima è in te, sei tu, ma tu
sei mia madre e il tuo amore è la mia schiavitù:

ho passato l'infanzia schiavo di questo senso
alto, irrimediabile, di un impegno immenso.

Era l'unico modo per sentire la vita
l'unica tinta, l'unica forma: ora è finita.

Sopravviviamo: ed è la confusione
di una vita rinata fuori dalla ragione.

Ti supplico, ah, ti supplico: non voler morire.
Sono qui, solo, con te, in un futuro aprile...

Pier Paolo Pasolini

Spoil:
Supplique à ma mère

Il est difficile de dire avec les paroles d'un fils
ce à quoi dans mon cœur je ressemble bien peu.
Tu es la seule au monde à connaître mon cœur,
ce qu'il a toujours été, avant tout autre amour.
Pour cela, je dois te dire ce qu'il est horrible de savoir :
c'est de ta grâce que naît mon angoisse.
Tu es irremplaçable. À cause de cela, la vie
que tu m'as donnée est condamnée à la solitude.
Et je ne veux pas être seul. J'ai une faim infinie
d'amour, de l'amour de corps sans âme.
Parce que l'âme est en toi, c'est toi, mais tu es
ma mère et ton amour est mon esclavage.
J'ai vécu mon enfance esclave de cette sensation
intense, irrémédiable, d'un engagement total.
C'était la seule façon de se sentir vivant,
la seule couleur, la seule forme : à présent, c'est fini.
Nous survivons : et c'est le désordre
d'une vie nouvelle privée de raison.
Je t'en supplie, oui, je t'en supplie : ne meurs pas.
Je suis là, seul, avec toi, en un futur avril.

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Aïnsel
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MessagePosté le: Sam 10 Mar 2012, 12:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le tombeau d'Edgar Poe, de Stéphane Mallarmé


Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu,
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.

Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne

Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.

_________________
Nous faisons notre vie de la mort d'autrui! ( de Léonard da Vinci! )
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