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. [Fantasy] Les Messagers de la Mort

 
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Kakashi Hatake Sensei
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MessagePosté le: Sam 18 Fév 2012, 9:12 pm    Sujet du message: [Fantasy] Les Messagers de la Mort Répondre en citant

Bon, c'est parti pour le topic de mon gros projet personnel et ambitieux Very Happy
En plus des pages FB (dans ma sign), Google +, et du site. Je vous y tiendrai au courant de l'actu et vous donnerai les extraits en temps et en heure =)

Ah, au fait, par là pour le site.
La page FB, c'est de ce côté.
Et la page Google +, c'est par ici.
Tout est évidemment posté en mode public, donc, si vous n'avez pas de compte et/ou n'en voulez pas sur les 2 derniers, c'est pas grave Wink

Et on commence de suite avec le prologue du tome 1 Very Happy

Spoil:
Les terres du Kenlödeor étaient ravagées par la guerre, une guerre qui durait depuis plusieurs siècles déjà, au rythme de quelques escarmouches violentes par an, entre les royaumes qui se disputaient les territoires. Ainsi trouvait-on trois grands royaumes, depuis la disparition des Ragnirs, véritables bêtes sauvages dévouées aux démons, et responsables, par le passé, de la chute de Crystälwand. Au nord vivaient les Humains, colonisateurs venus de par-delà l’océan, qui se sont appropriés les territoires septentrionaux au prix d’un exode des Maj’Karal. Et cela ne leur suffisait pas, leurs chefs désirant depuis fort longtemps les froides terres drahnites, encore plus au nord. Les Maj’Karal, quant à eux, avaient à nouveau colonisé les terres orientales, se méfiant des Humains et de leur propension à semer le chaos partout où ils passaient. Ces paisibles créatures de la Nature ne demandaient qu’à vivre en paix sur leurs terres, et c’est ce à quoi ils s’employaient depuis la création de leur nouveau royaume. Mais la corruption humaine créa d’abord les Norfangs, Humains devenus créatures de la nuit, condamnés à boire du sang pour survivre, qui s’établirent en royaume à l’ouest, malgré les chasses dont ils faisaient l’objet, autant de la part des Humains que des Maj’Karal. De plus, le sang humain leur offrait l’immortalité en échange de ce qu’il pouvait encore leur rester d’humanité…

Et il existait, avec ces trois royaumes, une force apatride, une nation sous-jacente qui vivait sur l’ensemble des territoires, à l’écart des villes, dans les forêts et les montagnes. Les Feör’Karal étaient à l’origine des Maj’Karal qui ont choisi de vivre parmi les Humains, qui leur apparaissaient si intrigants. Leur pureté de créatures de la Nature ne demeura pas longtemps intacte face aux colonisateurs, et ainsi naquirent les Feör’Karal, remplis de haine pure à l’égard de ceux qui furent leurs compatriotes dans les anciens temps. Cette haine se dirigea aussi contre les Humains par la suite, et ils conclurent alors une alliance avec les Norfangs pour détruire les deux autres royaumes. C’était le début de la Grande Guerre, qui allait déchirer le Kenlödeor pour les siècles à venir.

Partout sur les terres, la guerre et la mort suivaient les habitants. Le massacre de Beltharn restait dans toutes les mémoires… Beltharn, en plein territoire Norfang, non loin des frontières avec les deux autres royaumes, se croyait alors à l’abri de la guerre, tant la ville était peu développée et ne comptait que des Norfangs qui ne s’attaquaient ni aux Humains, ni aux Maj’Karal. Mais sa proximité avec les frontières en faisait une cible particulièrement intéressante pour les stratèges des deux royaumes, et la cruauté de la guerre rattrapa rapidement cette petite ville… C’est ainsi que, un siècle plus tôt, le roi humain Rhaewan II le Cruel décida d’exprimer son ambition d’anéantir tous les Norfangs et déchaîna ses troupes sur Beltharn. Les Maj’Karal refusèrent de participer à cette action barbare, mais rien n’aurait pu arrêter la fureur meurtrière du souverain, motivée par sa haine des Norfangs, sous-hommes nés du Mal absolu et meurtriers par nature, selon lui. Cette haine le poussait à détruire tous les Norfangs, sans exception, et cela même s’ils étaient pacifiques comme à Beltharn. La ville servirait d’exemple pour tous les autres.

Les troupes de Rhaewan s’étaient alors massées pendant la nuit autour de la ville, prêtes à frapper au signal du roi. Celui-ci ne tarda pas. Au lever du soleil, Rhaewan II le Cruel lança ses troupes à l’assaut. Par une inhumaine ironie, en vue de faire le plus mal possible aux Norfangs, l’assaut fut mené aux premières lueurs du soleil, le jour où Merwen Galéas, alors roi des Norfangs, fêtait sa trentième année de règne. L’attaque fut violente, menée par des archers qui lançaient des flèches de feu à travers la ville, aidés par des catapultes dont les projectiles fracassaient les murs et enflammaient les rues. Les Norfangs couraient en tous sens, pris entre les feux, la lumière du soleil mortelle pour eux si elle touche directement leur peau, et les soldats qui se jetaient dans la mêlée.

Les troupes se déchaînaient et les cadavres jonchaient les rues, éventrés, égorgés, lancés à travers les flammes qui faisaient de Beltharn un bûcher comme personne n’en avait encore alors jamais vu… Pris d’une frénésie destructrice, insufflée par Rhaewan, les soldats pillaient, frappaient, brûlaient et tranchaient, tels une tempête de flammes et d’acier. Quand les flammes se calmèrent enfin, avec le fracas des lames et des catapultes, une vision d’horreur se dévoila à tous les yeux. Une vision qui suscita toutefois un rire dément de la part du roi Rhaewan… Le résultat du massacre était là, et chacun allait devoir vivre avec cette image dans ses souvenirs pour le reste de sa vie, et quelles qu’en soient les conséquences. Beltharn était devenu un charnier.

Corps carbonisés, mutilés, tranchés s’empilaient dans les rues et les restes de braises. Certains soldats pleuraient en découvrant leur œuvre, d’autres vomissaient. On retrouva Rhaewan II le Cruel juché sur son cheval, devant les portes de la ville, un grand sourire aux lèvres alors qu’il fixait les cadavres empalés sur ce qu’il restait de grilles et de murailles… L’image choqua plusieurs de ses officiers, mais il n’en avait cure. Seule importait pour lui son ambition de génocide des Norfangs. Et c’est à cette fin qu’il fit envoyer à leur souverain, Jotar Galéas, un message vantant son exploit et disant que c’était là le sort qu’il réservait à chaque Norfang à présent qu’il était entré sur leurs terres et ne comptait pas en repartir.

Mais Merwen Galéas n’entendait pas laisser un Humain, quel qu’il fût, massacrer son peuple jusqu’au dernier. Sa fureur fit littéralement trembler les murs du château de Karn, la capitale, et la réponse, en plus d’être claire, fut rapide. La dernière vision du héraut choisi pour porter la missive fut la nuit où brillaient la pleine lune et les astres au-dessus de l’océan, sur les falaises de Draösden. Il y fut décapité, sa tête renvoyée à Rhaewan et son corps laissé à la merci des mers, jeté du haut des roches. De ce jour, le conflit, alors fait de simples escarmouches rapides, était devenu une guerre sans merci, dont plusieurs villes humaines firent les frais. Les Norfangs, aidés des Feör’Karal qui demeuraient leurs alliés indéfectibles, menèrent plusieurs assauts en laissant toujours le même message de sang sur les portes de la ville ou du temple. Souvenez-vous de Beltharn ! Le message était clair, Jotar offrait à Rhaewan ce qu’il voulait infliger aux Norfangs, ce qui le poussa à mettre de côté les dissensions avec les Maj’Karal pour enfin établir une alliance face à la menace commune.. Et le conflit s’enlisa ainsi pour les années à venir, sans vainqueur, sans avantage, ne faisant qu’augmenter les listes des noms de ceux tombés au combat. Rhaewan et Merwen ne tardèrent pas à les étoffer de leurs propres noms, mais leurs successeurs respectifs, Horten Ier le Pieux et Lhanar Galéas, n’étaient pas décidés à enterrer le conflit…

Jusqu’à cette bataille dans laquelle le souverain Norfang engagea toutes ses troupes en vue de détruire une bonne fois pour toutes l’alliance des Humains et des Maj’Karal, un siècle après Beltharn…

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Dernière édition par Kakashi Hatake Sensei le Mar 06 Mar 2012, 12:55 pm; édité 3 fois
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Ishimaeru-kun
Chuunin


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MessagePosté le: Dim 19 Fév 2012, 2:49 am    Sujet du message: Répondre en citant

Tu sais ce que je vais te dire KHS ?
Smile

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Kakashi Hatake Sensei
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MessagePosté le: Dim 19 Fév 2012, 11:10 am    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, je sais, ça vient Razz

Là, je recopie le chapitre 1, en le retravaillant un peu pour que ça colle mieux au prologue et éviter de répéter des trucs concernant les races.
Et petit edit du prologue, j'ai repéré une grosse faute et une belle répétition X__x Et une belle incohérence, aussi x)

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xyumi
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MessagePosté le: Ven 02 Mar 2012, 10:12 am    Sujet du message: Répondre en citant

Spoil:
Les terres du Kenlödeor étaient ravagées par la guerre, une guerre qui durait depuis plusieurs siècles déjà, au rythme de quelques escarmouches violentes par an annuelles entre les royaumes qui se disputaient les territoires. Ainsi trouvait-on trois grands royaumes, depuis la disparition des Ragnirs, véritables bêtes sauvages dévouées aux démons, et responsables, par le passé, de la chute de Crystälwand. Au nord vivaient les Humains, colonisateurs venus de par-delà l’océan, qui se sont s’étant appropriés les territoires septentrionaux au prix d’un exode des Maj’Karal. Et Mais cela ne leur suffisait pas, leurs chefs désirant depuis fort longtemps les froides terres drahnites, encore plus au nord. Les Maj’Karal, quant à eux, avaient à nouveau colonisé les terres orientales, se méfiant des Humains et de leur propension à semer le chaos partout où ils passaient. Ces paisibles créatures de la Nature ne demandaient qu’à vivre en paix sur leurs terres, et c’est ce à quoi ils s’employaient depuis la création de leur nouveau royaume. Mais la corruption humaine créa d’abord les Norfangs, Humains devenus créatures de la nuit, condamnés à boire du sang pour survivre, qui s’établirent en royaume à l’ouest, malgré les chasses dont ils faisaient l’objet, autant de la part des Humains que des Maj’Karal. De plus, le sang humain leur offrait l’immortalité en échange de ce qu’il pouvait encore leur rester d’humanité…

Et il existait, avec en plus de ces trois royaumes, une force apatride, une nation sous-jacente qui vivait sur l’ensemble des territoires, à l’écart des villes, dans les forêts et les montagnes . : Les Feör’Karal. Ils étaient à l’origine des Maj’Karal qui ont ayant choisi de vivre parmi les Humains, qui leur apparaissaient si intrigants. Leur pureté de créatures de la Nature ne demeura pas longtemps intacte face aux colonisateurs, et ainsi naquirent les Feör’Karal, remplis de haine pure à l’égard de ceux qui furent leurs compatriotes dans les anciens temps. Cette haine se dirigea aussi contre les Humains par la suite, et ils conclurent alors une alliance avec les Norfangs pour détruire les deux autres royaumes. C’était le début de la Grande Guerre, qui allait déchirer le Kenlödeor pour les siècles à venir.
(bonne présentation des races, mais je trouve dommage que certains éléments présent dans ton chapitre 1 sur leur description ne soient plus. Notamment le fait que les Norfangs aient été des criminels bannis et des hors la loi devenus vagabonds ayant sombré par la suite dans le cannibalisme et que les Feör’Karal sont partis vivre en proscrit et mercenaires)

Partout sur les terres, la guerre et la mort suivaient les habitants. Le massacre de Beltharn restait dans toutes les mémoires… Beltharn Cette ville, située en plein territoire Norfang, non loin des frontières avec les deux autres royaumes, se croyait alors à l’abri de la guerre , tant la ville elle était peu développée et ne comptait que des Norfangs qui ne s’attaquaient ni aux Humains, ni aux Maj’Karal. Mais Cependant, sa proximité avec les frontières en faisait une cible particulièrement intéressante pour les stratèges des deux royaumes, et la cruauté de la guerre la rattrapa rapidement cette petite ville … C’est ainsi que, un siècle plus tôt, le roi humain Rhaewan II le Cruel décida d’exprimer son ambition d’anéantir tous les Norfangs et déchaîna ses troupes sur Beltharn. Les Maj’Karal refusèrent de participer à cette action barbare, mais rien n’aurait pu arrêter la fureur meurtrière du souverain, motivée par sa haine des Norfangs, sous-hommes nés du Mal absolu et meurtriers par nature, selon lui. Cette haine le poussait à détruire tous les Norfangs, sans exception, et cela même s’ils étaient pacifiques comme à Beltharn. La ville servirait d’exemple pour tous les autres.

Les troupes de Rhaewan s’étaient alors massées pendant la nuit autour de la ville, prêtes à frapper au signal du roi. Celui-ci ne tarda pas. Au lever du soleil, Rhaewan II le Cruel lança ses troupes à l’assaut. Par une inhumaine ironie, en vue de faire le plus mal possible aux Norfangs, l’assaut fut mené aux premières lueurs du soleil, le jour où Merwen Galéas, alors roi des Norfangs, fêtait sa trentième année de règne. L’attaque fut violente, menée par des archers qui lançaient des flèches de feu à travers la ville, aidés par des catapultes dont les projectiles fracassaient les murs et enflammaient les rues. Les Norfangs couraient en tous sens, pris entre les deux feux, la lumière du soleil mortelle pour eux si elle touche directement leur peau , et les soldats qui se jetaient dans la mêlée.

Les troupes se déchaînaient et les cadavres jonchaient les rues, éventrés, égorgés, lancés à travers les flammes qui faisaient de Beltharn un bûcher comme personne n’en avait encore alors jamais vu… Pris d’une frénésie destructrice, insufflée par Rhaewan, les soldats pillaient, frappaient, brûlaient et tranchaient, tels une tempête de flammes et d’acier. Quand les flammes se calmèrent enfin, avec le fracas des lames et des catapultes, une vision d’horreur se dévoila à tous les yeux. Une vision qui suscita toutefois un rire dément de la part du roi Rhaewan… Le résultat du massacre était là, et chacun allait devoir vivre avec cette image dans ses souvenirs pour le reste de sa vie, et quelles qu’en soient les conséquences. Beltharn était devenu un charnier.

Corps carbonisés, mutilés, tranchés s’empilaient dans les rues et les restes de braises. Certains soldats pleuraient en découvrant leur œuvre, d’autres vomissaient. On retrouva Rhaewan II le Cruel juché sur son cheval, devant les portes de la ville, un grand sourire aux lèvres alors qu’il fixait les cadavres empalés sur ce qu’il restait de grilles et de murailles… L’image choqua plusieurs de ses officiers, mais il n’en avait cure. Seule importait pour lui son ambition de génocide des Norfangs. Et c’est à cette fin qu’il fit envoyer à leur souverain, Jotar Galéas, un message vantant son exploit et disant que c’était là le sort qu’il réservait à chaque Norfang à présent qu’il était entré sur leurs terres et qu’il ne comptait pas en repartir.

Mais Merwen Galéas n’entendait pas laisser un Humain, quel qu’il fût, massacrer son peuple jusqu’au dernier. Sa fureur fit littéralement trembler les murs du château de Karn, la capitale, et la réponse, en plus d’être claire, fut rapide. La dernière vision du héraut choisi pour porter la missive fut la nuit où brillaient la pleine lune et les astres au-dessus de l’océan, sur les falaises de Draösden. Il y fut décapité, sa tête renvoyée à Rhaewan et son corps laissé à la merci des mers, jeté du haut des roches. De ce jour, le conflit, alors fait de simples escarmouches rapides, était devenu une guerre sans merci, dont plusieurs villes humaines firent les frais. Les Norfangs, aidés des Feör’Karal qui demeuraient leurs alliés indéfectibles, menèrent plusieurs assauts en laissant toujours le même message de sang sur les portes de la ville ou du temple. Souvenez-vous de Beltharn ! Le message était clair, Jotar offrait à Rhaewan ce qu’il voulait infliger aux Norfangs, ce qui le poussa à mettre de côté les dissensions avec les Maj’Karal pour enfin établir une alliance face à la menace commune. . Et le conflit s’enlisa ainsi pour les années à venir suivantes, sans vainqueur, sans avantage, ne faisant qu’augmenter les listes des noms de ceux tombés au combat. Rhaewan et Merwen ne tardèrent pas à les étoffer de leurs propres noms, mais leurs successeurs respectifs, Horten Ier le Pieux et Lhanar Galéas, n’étaient pas décidés à enterrer le conflit…

Jusqu’à cette bataille dans laquelle le souverain Norfang engagea toutes ses troupes en vue de détruire une bonne fois pour toutes l’alliance des Humains et des Maj’Karal, un siècle après Beltharn…


Je me suis permise de faire comme la fois précédente, pinailler sur les détails et la formulation.
Je trouve ton prologue intéressant et bien cohérent avec la suite du chap.1. Une chose que j'avais déjà noté, c'est que dès que tu commence à décrire les combats, ton style se fait bien plus fluide et agréable. Et je me prend à lire comme n'importe quel bon bouquin de fantasy.
Voilà, hâte de lire la suite, et surtout je te souhaite bon courage pour l'écriture de la suite.

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Kakashi Hatake Sensei
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MessagePosté le: Ven 02 Mar 2012, 2:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
bonne présentation des races, mais je trouve dommage que certains éléments présent dans ton chapitre 1 sur leur description ne soient plus.


C'est une présentation rapide, dans le prologue, et les éléments plus spécifiques, qui affinent tout ça, sont dans le chapitre 1, eux Wink
J'ai juste réorganisé pour éviter la redite de la base.

Merci, en tout cas =)

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xyumi
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MessagePosté le: Ven 02 Mar 2012, 3:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah ^^
Je n'ai rien dis alors, j'attendrai sagement la suite.
De rien, je dirai merci à toi de faire partager tes écrits.
Il n'empêche que j'ai hâte de voir le nouveau chapitre 1 et découvrir entre autre ce qu'est ton mayaku xD

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Kakashi Hatake Sensei
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MessagePosté le: Mar 06 Mar 2012, 12:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, avant de vous laisser cette version retravaillée du chapitre 1, voici le serment des Messagers de la Mort Very Happy

Citation:
Que les cieux et les étoiles soient témoins de mon serment. En cette nuit, je jure de veiller et protéger l'Empire. Je vivrai et mourrai par et pour l'honneur impérial. La nuit sera ma demeure, la mort ma maîtresse, la tombe ma seule délivrance. De cet instant, je suis le premier et le dernier rempart, le pouvoir derrière le trône, la main qui châtie les ennemis de l'ordre impérial. Je suis le Messager de la Mort, porteur du trépas, défenseur de l'Empire, et ma mission s'achèvera à mon passage dans l'autre monde.


EDIT

Et la dernière version du chapitre 1. Définitive au niveau du fond et du contenu, pas au niveau de la forme, mais on reverra ça plus tard Wink

Spoil:
Le soleil se levait lentement sur l’ancienne forteresse de Darn’Kaig. Le ciel chargé de nuages ne s’illuminait presque pas, comme un prélude à la bataille qui allait se dérouler dans cette ancienne avant-garde. Malgré les assauts du temps, la forteresse se dressait encore fièrement aux abords du fleuve Brinwen, telle un glorieux symbole du passé. Les murailles recouvertes de mousse témoignaient de la vie qui avait lentement disparu de l’avant-garde par le passé. Les restes de la tour centrale s’élevaient dans le ciel, au cœur de l’imposant bâtiment, surplombant les terres environnantes. Le vent semblait porter la mémoire des Maj’Karal morts au combat à travers les âges, durant les guerres contres les Orcs venus du Sud et les impitoyables Ragnirs,à une période où l’Humain ne foulait pas encore les plaines du Kenlödeor.

À l’intérieur, l’heure était aux préparatifs du combat et à la nervosité. Humains et Maj’Karal cohabitaient tant bien que mal, s’accommodant autant que possible des tensions entre les deux races. Les Maj’Karal n’ont jamais oublié ni pardonné que leurs terres du Kenlödeor ont été colonisées par les Humains, parfois dans la violence, tout comme ils n’ont pas pu oublier que leur présence est seule responsable de l’existence des Norfangs et des Feör’Karal, regroupés dans un camp plus à l’est, au-delà de la Brinwen.

Si les Feör’Karal, malgré leur rage et leur violence, n’inquiétaient pas particulièrement l’alliance, n’étant que des mercenaires et proscrits qui avaient renié leur peuple originel, la situation était différente avec les Norfangs. Ceux-ci avaient certes été maudits par les Dieux alors qu’ils étaient encore des Humains, passant d’un statut de criminels vagabonds et forcés au cannibalisme à celui d’une race buveuse de sang, en punition de leurs péchés, et dont les victimes viennent grossir les rangs si elles ont le malheur de survivre à la morsure. La lumière du soleil pouvait les tuer, mais ils avaient appris depuis bien longtemps à protéger toute la surface de leur peau pour pouvoir survivre à l’extérieur en plein jour. À cela, il fallait rajouter la bénédiction de Marfaren, le démon supérieur. À peine les Dieux créèrent-ils les Norfangs qu’il leur offrit l’immortalité en échange de l’ingestion de sang humain. Ce marché avait un prix. En échange d’une vie prolongée, dépassant la durée de vie moyenne humaine qui restait la leur normalement, ils devenaient de véritables monstres, sans âme ni remords. Nombreux furent ceux qui cédèrent à cette promesse à travers l’Histoire…

Et ce sont bien tous ces éléments combinés qui faisaient peur à l’alliance. Il ne faisait guère de doutes que, parmi les premiers à avoir accepté et à s’être levés face à la haine que ressentait leurs anciens compatriotes, beaucoup étaient encore présents à Darn’Kaig, prêts à augmenter encore les rangs des Norfangs et à tout faire pour détruire Humains et Maj’Karal…

Une pesante chaleur se faisait sentir, alors que les deux armées se faisaient face dans les plaines méridionales du territoire, à la limite des terres interdites contrôlées par les engeances Orcs. La longue guerre qui déchirait le Kenlödeor depuis tant d’années allait connaître un nouveau chapitre de son histoire.

Dans la forteresse, Humains et Maj’Karal s’affairaient nerveusement. Quelques-uns vérifiaient les réserves de nourriture, en vue des déplacements à venir après la bataille, d’autres s’occupaient de leur équipement. Mais, Humain ou Maj’Karal, chacun ou presque avait la même préoccupation de ne pas trop s’approcher de l’autre race, tant les tensions étaient palpables malgré l’alliance. Une alliance motivée uniquement par une menace commune, et en vérité bien fragile…

Kamal Al’Horgul, lui, marchait nerveusement sur les remparts, jetant de rapides coups d’œil vers le fleuve Brinwen, dont aucune activité ennemie ne semblait agiter les rives. Tous les regards Maj’Karal étaient tournés vers lui, jeune général à la tête des armées humaines, à l’ascension fulgurante. Le mépris se lisait dans chacun des regards, mais Kamal n’en avait que faire. Alors qu’il essuyait la sueur de son visage, un homme s’approcha de lui.

— Nerveux, général ?

Kamal sursauta à ces paroles, offrant une réponse plus éloquente que tous les mots possibles. Ses yeux bruns étaient légèrement cernés, sa chevelure châtain assez embrouillée. Il n’avait pas dormi depuis deux jours, se préparant à un combat qui n’arrivait toujours pas.

— Vous m’avez fait peur, capitaine, dit-il pendait qu’il reprenait son calme. Assez nerveux, oui… Je me demande quand ils vont attaquer…

— Ne vous en faites pas trop, répondit le capitaine en souriant et s’approchant. N’oubliez pas qui sont nos adversaires. Les Feör’Karal n’oseront pas attaquer en pleine journée, en sous-nombre. Le danger éclatera la nuit, à la faveur de la cachette offerte par les ténèbres, quand les Norfangs se mettront en chasse… Allez donc vous reposer pour l’instant.

— Oui, j’en ai bien besoin…

Kamal tourna alors les talons, quand un Maj’Karal le bouscula, avant de le regarder droit dans les yeux. Comme chacun de ses congénères, ce guerrier Maj’Karal était grand, à la silhouette gracieuse, et au teint très clair, presque blanc. Ses yeux n’étaient rien d’autre qu’une masse translucide indéfinissable, d’où rien ne transparaissait. Ses longs bras étaient idéaux pour attraper et bander le grand arc qui se tenait dans son dos.

Le regard du Maj’, comme les appelaient parfois les Humains, se plongea dans celui de Kamal, qui se sentit gêné, voire agressé. Les yeux translucides s’animèrent légèrement dans un soupir poussé par la gracieuse créature, qui se mit ensuite à parler.

— Stupides Humains… Vous ne pensez qu’à combattre, semant la mort, la destruction, et le chaos. Vous êtes les seuls responsables des engeances que nous affrontons. Mais un jour, vous tomberez, sans doute aveuglés par votre propre orgueil, et condamnés à vous autodétruire…

Le Maj’Karal s’éloigna sur ces paroles, non sans bousculer à nouveau Kamal, mais cette fois de façon bien volontaire, le laissant continuer son chemin, contrarié et méprisant envers tout Maj’Karal rencontré. « Si nous n’avions pas besoin de ces sous-hommes pour neutraliser cette menace… Si cette guerre s’achève enfin aujourd’hui, tout va changer. » pensa-t-il. Il s’installa sous une tente, au bas des remparts, puis s’étendit sur une couverture, espérant vite tomber dans les bras de Dräme, celui qui règne sur le sommeil, les rêves, et les cauchemars.

À l’est, dans le camp qui réunissant Feör’Karal et Norfangs, la tension était moins présente. Ces deux races n’avaient aucune raison de ne pas s’entendre, unies qu’elles étaient par la haine des Humains, responsables de leur existence, et qui ne pensaient qu’à les détruire… Et l’heure n’était pas à la nervosité. Bien au contraire, chacun attendait le combat, assoiffé de sang, notamment les Norfangs, désireux d’agrandir leurs rangs. Les quantités de Mayaku qui circulaient dans l’enceinte du camp les maintenaient dans un état frénétique, avides de violence. Le Mayaku, la drogue des tueurs, qui faisait de quiconque l’ingérait une véritable machine de guerre assoiffée de sang et presque impossible à arrêter, tant la frénésie qui s’emparait de lui le rendait quasiment insensible aux coups tant que son effet durait.

Le roi Norfang, Lhanar Galéas, patriarche de la famille depuis la mort de Merwen, était lui-même présent sur place, accompagné de son fidèle garde du corps Jöran, prêt à tout pour prouver la supériorité des Norfangs sur les Humains. Les Feör’Karal, au corps plus sombre que leurs anciens congénères, étaient impressionnés par les Norfangs, qui imposaient le respect par leur seule présence.

Les Norfangs étaient des créatures à la chevelure argentée et aux yeux gris, au teint ocre, pigmentation lentement obtenue par des siècles d’ingestion de sang. Leur silhouette imposante montrait bien la force dont ils pouvait faire preuve, mais Jöran était encore plus impressionnant, malgré le fait que tout son corps soit couvert par des vêtements et bandelettes pour éviter tout contact de la peau avec la lumière du soleil. Le garde du corps du roi Lhanar était en effet plus grand et plus puissant que tous les autres Norfangs, capable de briser des coups d’une seule main. Quant à ses crocs, on les imaginait sans peine déchiqueter voire décapiter tout être vivant qui s’y trouverait emprisonné, là où les autres Norfangs auraient eu bien du mal.

Lhanar et Jöran parcouraient tranquillement le campement, jaugeant les combattants et les effets du Mayaku.

— Il semblerait que nos guerriers soient prêts à semer mort et désolation… Qu’en penses-tu, Jöran ?

— En effet, ces stupides Humains et Maj’Karal ne comprendront pas ce qui leur arrive, répondit le garde du corps.

Le duo termina son tour d’horizon à l’entrée du camp, en vue des berges de la Brinwen, avec un chef Feör’Karal, qui s’adressa à eux.

— Aujourd’hui est une belle journée pour mourir, n’est-ce pas ?

— En effet, répondit Lhanar Galéas. C’est pourquoi vous allez attaquer maintenant. Ils croient que nous allons attendre la nuit. Détrompons-les.

— Une attaque inattendue, et nous les retenons jusqu’au coucher du soleil pour que vous puissiez attaquer sans le moindre risque… Avec l’avantage de la surprise, cela devrait marcher.

Le chef Feör’Karal rentra ensuite dans le camp, faisant passer la consigne de l’assaut imminent, pendant que le roi Norfang maintenait l’ardeur de ses hommes avec de nouvelles doses de Mayaku.

Dans la forteresse, le sommeil avait pris Kamal depuis plusieurs heures quand il fut réveillé en sursaut par le fracas de pierres tombantes. La surprise s’empara de tout le camp, puis chacun courut pour se préparer au combat. Les gardes aux remparts allèrent rendre compte de la situation, tout en restant baissés pour échapper aux tirs des arbalétriers ennemis.

Les Feör’Karal avaient lancé un assaut violent, rapides comme l’éclair. Les catapultes crachaient leurs projectiles sur les remparts, couvrant les arbalétriers et les unités de fantassins qui couraient vers la forteresse, l’une d’entre elles portant un bélier. Kamal regarda le ciel avant d’enfiler son casque et de prendre ses armes. Le soleil n’était toujours pas très visible, mais bien présent. Il en conclut immédiatement que les Norfangs ne faisaient pas partie de l’assaut, du fait du risque qu’ils couraient s’ils venaient à se retrouver privés d’armure ou d’une partie de leurs vêtements. Cela ne faisait que renforcer ses inquiétudes et ses interrogations. Pourquoi attaquer en plein jour, avec seulement la moitié des forces disponibles ? Mais l’heure n’était pas aux questions. Il lui fallait assurer son rôle de général, commander et combattre.

Malgré les archers et arbalétriers humains, aidés des sorciers Maj’Karal, qui ripostaient du haut des remparts dans une pluie de flèches, de carreaux et de sorts, les Feör’Karal réussirent à atteindre les portes de la forteresse, commençant à l’enfoncer à coups de bélier. Kamal, l’épée à la main, la sueur ruisselant sous son casque comme un symptôme de sa nervosité, s’approcha de la barricade humaine qui les gardait.

— Laissez-les entrer ! Cria-t-il à ses hommes d’une voix forte et déterminée.

— Quoi ? Mais, général…

— Faites ce que je vous dis. Soit ils entrent, soit nous allons à leur rencontre. Provoquons le combat, plutôt que de céder à la lâcheté de les retenir.

Les hommes lâchèrent les portes. Humains et Maj’Karal serraient leurs armes, prêts à affronter la marée qui allait déferler. Dans un hurlement, les compagnies de Feör’Karal tombèrent sur leurs adversaires, faisant tonner les épées et les boucliers. Les corps tombaient un à un dans les deux camps. On achevait les blessés au sol, dans des gerbes de sang. Le combat semblait ne jamais devoir finir, tant les vagues d’engeance étaient nombreuses et faisaient penser aux membres repoussants d’une Hydrae, comme dit dans les légendes. Kamal avait son armure et son visage couverts du sang des ennemis qu’il avait abattus. L’épée fichée dans le corps d’un soldat, il prit quelques secondes pour reprendre son souffle, quand un sombre hurlement le figea de surprise et de terreur, comme chacun des membres de l’Alliance. Tous auraient pu reconnaître ce hurlement entre mille. Un rapide coup d’œil au ciel confirma leurs inquiétudes. Le combat avait déjà duré des heures, et le soleil avait fini sa course à travers le ciel, laissant place à la lune, et à l’irrésistible appel de la nuit pour les Norfangs.

Kamal se fraya rapidement un chemin à travers les combats, tranchant des membres à des Feör’Karal et des Norfangs. Autour de lui, les corps tombaient, les hurlements et râles d’agonie se faisaient entendre de plus en plus fort, sorts et carreaux d’arbalète pleuvaient des remparts, autant vers l’intérieur que vers l’extérieur. Kamal essuya un peu le sang de son visage et s’approcha d’un officier en hurlant pour se faire entendre dans le chaos.

— Soldat ! Il faut sortir d’ici ! Prenez quelques hommes avec vous et rejoignez le commandant Kimaro ! Il se bat contre les Crocs d’Argent, à l’ouest, dans les plaines de Fereldan ! Faites en sorte qu’il revienne ici le plus vite possible !

— Oui, général ! Répondit le soldat. Cinq hommes avec moi ! Il faut aller chercher du renfort !

Le commando partit immédiatement, couvert par Kamal, ses hommes, et les Maj’Karal combattant furieusement. Le nombre de Maj’Karal s’était toutefois réduit après que les oiseaux messagers soient revenus, la veille, avec l’annonce du refus du roi Töernen d’envoyer des renforts. Selon lui, la guerre concernait d’abord et avant tout les Humains, seuls responsables de l’existence des Feör’Karal et des Norfangs, et étaient donc seuls à devoir assumer les problèmes qu’ils causaient, malgré les assauts sur les territoires Maj’Karal. C’était uniquement à cause de ces assauts qu’il avait accepté de conclure l’alliance avec les Humains, offrant à son peuple un combat officiel et soutenu, mais dont il se serait volontiers passé. À la réponse, plusieurs soldats préférèrent tenter leur chance à la désertion plutôt que dans un combat désespéré et inutile. C’est ainsi que le combat à Darn’Kaig fut âpre et courageux, mais par trop inégal.

L’espoir s’amenuisait à mesure que les corps chutaient. La fatigue gagnait du terrain, chaque action était lente et lourde. Kamal et les commandants des deux races se préparaient déjà à subir la froide étreinte de la Mort et à se lover dans ses bras. La pâle froideur de la lune ne faisait que renforcer ce sentiment. Mais tout s’arrêta soudainement. Feör’Karal et Norfangs restèrent immobiles, nerveusement aux aguets, mais cessèrent d’attaquer, comme s’ils attendaient quelque chose.

Une silhouette menaçante se détacha alors de la légère brume environnante. Un guerrier Norfang imposant, grand et puissant, avec deux lames entrecroisées dans le dos, se présenta devant le petit groupe de Kamal et des commandants Maj’Karal. Il était suivi de Lhanar Galéas, lequel avait le visage fatigué, ridé, signe de quelqu’un qui a déjà vécu bien longtemps. Même l’immortalité offerte par la consommation de sang humain n’épargnait pas certains ravages du temps. On pouvait voir un sourire narquois se dessiner sur ses lèvres, pendant que ses yeux presque vides semblaient briller d’une nouvelle lueur. Lhanar Galéas voyait déjà une victoire nette et définitive pour son royaume, par la destruction ou l’asservissement des Humains et des Maj’Karal. Le roi Norfang, s’approchant, se mit à parler.

— C’est terminé. Votre petite alliance est tombée. Darn’Kaig restera comme le symbole de l’avènement des Norfangs. Je vous offre toutefois une chance de faire partie de ce monde. Que l’un d’entre vous réussisse à vaincre Jöran, mon garde du corps. Et vous aurez la vie sauve.

Kamal souffla lentement. Même s’il n’était plus vraiment en état de se battre, il voyait là un excellent moyen de gagner du temps en attendant l’arrivée de Kimaro et ses hommes. En espérant toutefois que les Crocs d’Argent, l’élite des Norfangs, n’aient pas décimé leur unité…

Les Crocs d’Argent étaient encore pire que les Norfangs immortels, bien plus monstrueux, car rien ne comptait pour eux à part infliger la mort. Ils constituaient l’élite de l’armée des Norfangs, des fauves assoiffés de sang et dressés à combattre dès leur plus jeune âge, après avoir été sélectionnés parmi les lignées de Sang-Pur. Ceux que l’ont désignait sous ce nom étaient ceux qui naissaient d’ascendance purement Norfang, et non par morsure, qui n’avaient rien d’Humains devenus buveurs de sang. Très tôt, on les arrachait à leurs familles pour leur faire subir un entraînement dur, épuisant, où le châtiment corporel était quotidien, tout en entretenant chez eux une irrépressible haine des Humains. Seul le sang humain leur était autorisé, et on les entraînait tôt à tuer, en les laissant exécuter les prisonniers, de la façon la plus atroce possible. Et c’était face à ces fauves que se trouvaient Kimaro et son unité…

Se raccrochant à l’espoir de la survie de son vieil ami, Kamal se releva, le regard déterminé, l’épée fermement empoignée, prêt à combattre. Jöran sortit ses deux lames courtes des fourreaux dans son dos, se dirigeant droit vers son adversaire, un sifflement morbide entre les crocs. Les membres des deux factions restaient immobiles, mais serraient nerveusement leurs armes en essuyant leur transpiration et le sang sur leurs visages. Les épées des duellistes s’entrechoquèrent alors, annonçant un affrontement mortel et tendu.

Jöran poussait Kamal de ses deux lames, lui montrant sa supériorité physique en l’envoyant rouler au sol. Sûr de sa puissance, le guerrier Norfang avança vers son adversaire d’un pas lent, assuré, un sourire sadique aux lèvres. La victoire ne faisait aucun doute à ses yeux, et Lhanar Galéas avait déjà déployé archers et arbalétriers de façon à anéantir tous les restes de l’Alliance, malgré sa promesse. Le combat reprit, avec Kamal encore agenouillé, qui paraît autant qu’il le pouvait les coups portés par le Norfang, malgré la douleur lancinante qui se faisait sentir dans ses bras.

Avec un immense effort, il réussit à libérer une de ses mains pour saisir la dague dans sa botte et l’enfoncer dans la cuisse de Jöran. La lame tourna dans la chair, ouvrant la blessure et faisant échapper un râle de douleur au Norfang. Le sang noir coula sur le flanc du membre, alors que Jöran serrait les dents pour ne pas hurler. Puis il s’avança vers son adversaire en boitillant, le regard plein de haine. Kamal se releva rapidement, fuyant la colère et la puissance de son adversaire, pendant que la nervosité et l’animosité s’élevaient dans les rangs des deux armées.

La mêlée était sur le point de se reformer, quand une immense clameur s’éleva de l’ouest. Les sabots des chevaux se mêlaient aux hurlements des soldats. Chaque être présent dans la forteresse de Darn’Kaig s’immobilisa. Quelle qu’ait été l’allégeance de cette armée, elle allait signer la victoire de celle-ci, la fin de la bataille, et sans nul doute la fin de la guerre, avec la mort ou la capture des chefs ennemis.

L’armée approchait rapidement vers la forteresse, neutralisant Feör’Karal et Norfangs sur le chemin. Kimaro menait ses unités, Maj’Karal comme Humains, au combat, faisant tout pour rejoindre l’unité principale de Kamal et des autres commandants. Lhanar Galéas renvoya son armée au combat, avec toute la volonté d’écraser l’ennemi avant qu’il soit trop tard. Le roi Norfang fit envoyer un homme vers le campement de leur armée pour faire intervenir les effectifs de réserve, mais il ignorait qu’il n’y avait déjà plus rien à faire. Pendant que Kimaro revenait directement sur Darn’Kaig, son lieutenant, Mordothen, était parti droit sur le camp avec une petite unité, tuant chaque soldat et incendiant l’endroit. Des pertes eurent lieu dans les deux camps, mais c’est bien la coalition de Lhanar Galéas qui fut rapidement en grand danger.

Les généraux Norfangs se rendaient ou mouraient un à un. Leur roi, lui, réussit à s’enfuir, accompagné de son garde du corps. Le soleil se leva ensuite sur Darn’Kaig, faisant la lumière sur les événements de la veille. Des corps gisaient par dizaines dans la forteresse et ses environs immédiats, comme un triste témoignage de la bataille passée.

Hommes et Maj’Karal avaient vaincu, les soldats laissaient éclater leur joie et rassemblaient les prisonniers. Les morts furent tous récupérés pour pouvoir profiter des derniers honneurs funéraires. Mais Kamal savait que ce triomphe ne serait qu’une nouvelle fuite en avant si Lhanar Galéas n’était pas poursuivi et, au mieux, capturé… À peine la bataille fut-elle terminée qu’il se rendit sur le territoire des Maj’Karal pour convaincre le roi Töernen d’aller avec lui vers Karn, le fief des Galéas, et de pousser Lhanar Galéas à la reddition ou à la mort. Devant la fin annoncée de cette guerre millénaire, le roi Maj’Karal mit son orgueil de côté et prit la route avec les Humains vers l’ouest. L’exploit de Darn’Kaig l’impressionnait, et, s’il n’y était pas associé, il refusait de ne pas prender activement part aux négociations qui achèveraient tout, craignant d’être alors soumis à ce que décideraient seuls Humains et Norfangs.

Trois jours plus tard, l’armée se présenta devant les portes de Karn, ville juchée sur les falaises de Draösden, dominée par l’imposant château des Galéas. Le siège de la ville ne dura pas plus d’une journée, tant la volonté de combattre était inexistante chez les Norfangs, abattus par l’échec de Darn’Kaig. À la fin de la soirée, alors que le soleil disparaissait derrière l’horizon de l’océan, en bas de la falaise, Lhanar Galéas envoya un héraut à l’Alliance.

— Sa Majesté désire parlementer ! Dit-il. Que le chef des Hommes et celui des Maj’Karal s’avancent !

Après une rapide concertation, Kamal Al’Horgul et Töernen entrèrent dans l’immense bâtisse. La méfiance n’était guère de mise. Le roi Norfang était acculé, au pied du mur, sans autre échappatoire possible que la négociation, d’autant que son armée refusait de combattre, démoralisée. Kamal et Töernen découvrirent une demeure fastueuse, parfaite représentation de la volonté de puissance de Lhanar Galéas. Mais cette image appartenait désormais au passé. Le chef suprême des Norfangs était vaincu, seul, et contraint à la négociation pour survivre, en sachant pertinemment qu’elle ne serait pas à son avantage. Cela d’autant moins qu’il ne serait pas face au roi Horten Ier comme représentant des Humains, mais au jeune général Kamal Al’Horgul. À quatre-vingts ans, Horten Ier le Pieux limitait ses apparitions et passait l’essentiel de son temps à prier dans sa chapelle privée, justifiant encore plus son surnom que dans ses jeunes années. Quant à son pouvoir, il n’était plus guère qu’un souvenir, tant il préférait laisser le soin au Kaltan, conseil composé des plus riches et influents nobles, commerçants et artisans, de gérer toutes les affaires du royaume et de la guerre, conformément aux pouvoirs qui lui avaient été accordés. Ce qui mena à la nomination de Kamal au poste de général et porte-parole du pouvoir royal. Il parlait donc au nom du roi et de tout le royaume, et se montrait bien plus intransigeant et retors que n’importe qui, ce qui faisait de lui quelqu’un qui n’allait pas épargner Lhanar Galéas.

La salle du trône arborait fièrement des portraits des précédents monarques Galéas, parfois immortels et tués pour la succession, parfois non… Lhanar se tenait à la table où les généraux préparaient habituellement leurs stratégies, visiblement abattu, fatigué. Ses rides semblaient s’être encore plus creusées, alors que son regard renvoyait de l’amertume et du vide. Le dos voûté, les mains cachant la partie inférieure de son visage, le monarque ployait sous le poids des années et des événements. Et pourtant, au fond de lui-même, il gardait une petite lueur d’espoir. L’espoir de réussir enfin un jour à vaincre ses ennemis et asseoir la domination des Norfangs, quitte à plier quelques temps pour mieux se relever plus tard. Ce simple mais fol espoir lui permettait de tenir encore malgré la présence des Humains et Maj’Karal à Karn, le poussait à vivre et à refuser d’abdiquer ou se suicider.

Les deux chefs de l’Alliance furent invités d’un signe de main à s’asseoir à la table. L’ambiance était à la fois tendue et calme, chacun redoutant un piège des autres, mais n’y croyant pas vraiment. Le monarque Norfang mit les mains à son front, soupira longuement, et prit la parole.

— Soit. Votre Alliance, contre toute attente, a neutralisé une bonne partie de mes Crocs d’Argent, les mercenaires Feör’Karal que nous avions engagés, et vous êtes aujourd’hui ici, à Karn, au cœur de mon royaume. La guerre s’est terminée à Darn’Kaig… Mais soyez assurés qu’elle reprendra immédiatement, et de façon bien plus violente, si vous osez me tuer et annexer nos terres ! Les Norfangs sont et resteront un royaume à part entière. Si vous refusez ça, vous vous exposerez alors à la haine du peuple et à des combats sans merci, qui ne cesseront que quand vous serez tous morts. Ou convertis. Ce n’est pas une menace. Juste un avertissement dont vous devriez tenir compte.

Le regard de Lhanar Galéas traduisait toute la détermination et la certitude de ses paroles. Même si le roi qu’il était n’était plus soutenu par la totalité de son armée ou par son peuple lassé de cette guerre interminable, aucun d’eux n’accepterait de voir Humains et Maj’Karal se partager le royaume pour l’annexer, l’occuper et le diriger. En cela, il avait raison. Kamal Al’Horgul et Töernen le savaient pertinemment.

Le roi Maj’Karal se leva pour prendre la parole. Sa silhouette fine et haute, malgré son âge vénérable, lisible sur son visage, lui donnait une prestance qui impressionnait n’importe qui. Les rides creusées permettaient à sa cicatrice à la joue, obtenue bien des siècles plus tôt lors des combats contre les Orcs du Sud, de passer assez inaperçue, et sa barbe fournie le rajeunissait de quelques années, malgré sa couleur grisonnante. Sa couronne de mithril, surmontée de deux têtes de Drakes, enserrait son front et contribuait à l’impression de grandeur qu’il donnait, finement bordée d’or.

En se dirigeant vers la fenêtre, Töernen commença à parler.

— Pas une menace… C’est une menace de soulèvement à peine voilée, Galéas ! J’aurais presque envie de répondre à cette bravade par votre arrestation et votre exécution, avant de placer un contrôle militaire total sur cette aberration qu’est votre royaume. Voire même d’en supprimer toute trace d’existence. Mais je ne suis pas Rhaewan le Cruel et cela ne servirait guère qu’à faire couler le sang inutilement. Voici donc ma proposition. Vous restez en place, tout comme ce qui existe déjà. Mais vous vous soumettez à un conseil, composé d’Humains et de Maj’Karal pour les deux tiers, les Norfangs restant en minorité pour le dernier tiers. Et seul ce conseil, en tant que haute autorité du royaume, pourra prendre les décisions politiques et militaires.

En entendant cette proposition, Lhanar Galéas se leva promptement pour se placer devant Töernen, réfrénant sa colère autant que possible. Kamal assistait à la scène sans bouger ni réagir, attendant de placer ses propres conditions.

— N’avez-vous pas compris ce que j’ai dit, Töernen ? Cracha-t-il au visage du souverain Maj’Karal. Ou cherchez-vous à provoquer la colère de mon peuple ? Vous ne m’offrez rien de moins qu’une occupation, sinon militaire, en tout cas politique. Et c’est absolument hors de question.

Alors que les deux souverains se défiaient du regard, Kamal, d’un ton neutre, intervint.

— Il y a d’autres possibilités… Votre royaume reste totalement indépendant pour les questions de politique interne, ainsi que les politiques externes non militaires. En contrepartie, vous acceptez le démantèlement de vos Crocs d’Argent, la création de postes de surveillance humains et Maj’Karal aux frontières, et que chaque question militaire touchant aux autres royaumes se voit gérée en commun avec nous. Évidemment, cela concerne autant le triumvirat que nous formons que les terres extérieures, comme les terres des Orcs ou les territoires des Drahnites.

— Et nous resterions libres ? Demanda le roi Norfang en reprenant lentement son calme et en se rasseyant.

— Oui. À vous de choisir. Sachez que nous n’aurons pas de meilleure offre.

— Les Crocs d’Argent resteront en place. Nous avons besoin de cette unité d’élite.

— Dans ce cas, il vous faudra nous confier le commandement de votre armée et de cette unité. Que préférez-vous ?

Le visage de Lhanar Galéas se décomposa à la seule idée de placer son armée sous un commandement d’Humains et de Maj’Karal. Il n’avait pas le choix et le savait. Il lui fallait accepter ces conditions pour espérer laisser son royaume relativement libre.

Les lèvres pincées, il se tourna vers Kamal.

— Soit. J’accepte vos conditions. Considérez que les Crocs d’Argent appartiennent désormais à l’Histoire… Jöran transmettra l’ordre et aidera à réaffecter les membres.

Le garde du corps du roi Norfang se montra alors, la tête baissée et la main droite sur le cœur, en attitude d’allégeance, après être resté dans l’ombre tout le long de l’entretien, prêt toutefois à intervenir si la situation l’avait exigé. Lhanar Galéas et Kamal se levèrent alors tous deux, puis se serrèrent la main dans un sourire de façade. « Après tout, se disait le maître des Norfangs, rien n’empêche les Crocs d’Argent de vivre et agir désormais dans l’ombre… ». Ce fut ensuite au tour de Töernen de serrer la froide main de Lhanar, scellant définitivement les termes de la reddition.

Quelques semaines plus tard, de hautes tours de guet, remplies d’archers et d’arbalétriers, voire de sorciers, autant Humains que Maj’Karal, se dressaient aux frontières des terres des Norfangs. Le Kenlödeor semblait enfin à nouveau goûter au calme, pour la première fois depuis bien des années, mais nul n’aurait su dire si cela allait durer longtemps…

Les Humains, fidèles à leur volonté de puissance et de conquête, se remirent en tête d’annexer les terres septentrionales, les territoires des Drahnites. Le Kaltan, avec l’approbation de Horten Ier, décida de faire lever une armée pour prendre possession d’au moins une partie de ces terres. Kamal Al’Horgul, suite à ses actions à Darn’Kaig, se vit confier le commandement de l’expédition, où se trouvaient notamment son vieil ami Kimaro et son subordonné, Mordothen.

Quelques semaines après le lancement de la campagne et la conscription qui avait été lancée avec elle, l’armée se réunit aux portes de Terathos, forte de trois cent mille hommes. En voyant cette marée humaine, qui teintait de sombre les rues de la ville, Kamal sentit naître en lui une ambition encore plus forte, sachant qu’une telle armée pourrait facilement la concrétiser, si chacun d’eux le suivait aveuglément. Pour l’heure, il fallait aller vers le froid et le nord, vers les Drahnites.

Kamal remonta toute la colonne pour se placer devant l’armée, aux côtés des deux autres généraux de la campagne, et prononça quelques mots.

— Soldats, ce qui nous attend est dur ! Nous allons affronter le froid et un peuple invaincu depuis qu’il existe. Mais je sais que nous y arriverons, tout comme nous avons tenu tête aux Norfangs et aux Feör’Karal. Pour la gloire des Hommes, nous combattrons et vaincrons !

La clameur d’une ovation s’éleva rapidement dans les rangs à ces paroles, puis l’armée se mit en route, ne sachant pas vraiment ce qui l’attendait dans les terres septentrionales des Drahnites…

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MessagePosté le: Mar 06 Mar 2012, 2:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon j'suis pas super fan d'héroic fantasy à la base mais ça passe crème ton truc là =) J'aime bien tout l'aspect géo-politique que tu mets en place, la façon dont tu t'appropries les mythes populaires et certains éléments historiques, c'plutôt cool.

Le combat entre Kamal et le garde du corps du roi Norfang est plutôt bien foutu, assez intense finalement, j'me suis surpris à m'demander comment ça allait s'terminer :p

Bref, c'est du bon et j'veux la suite Cool

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MessagePosté le: Ven 06 Juil 2012, 4:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Premier jet du chapitre 2 x)
Et après, extraits only Very Happy

Spoil:
La neige commençait à recouvrir les routes foulées par l'armée, indiquant que la frontière avec les terres du nord étaient proche. Plus la distance se réduisait, plus la nervosité des soldats augmentait, tout comme la morsure du froid se faisait plus agressive. Les forêts faisaient lentement place aux plaines et collines enneigées, et l'horizon, après plusieurs jours, finit par se teinter de blanc. Les terres des Drahnites s'étendaient devant l'armée humaine, dangereuses et mystérieuses, et résolument inconnues. Bon nombre de voyageurs avaient tenté d'établir une cartographie de ces territoires, mais nul n'en est jamais revenu, pris entre les tempêtes de neige, le froid intense, et les Drahns, créatures maudites que seuls les Drahnites, qui leur doivent leur nom, peuvent maîtriser. Personne ne savait d'où ils tenaient ce pouvoir, pas même les Drahnites eux-mêmes, mais le fait était avéré depuis longtemps et suscitait bien des convoitises. Avoir un Drahn sous son contrôle ouvrait bien des possibilités... Mais, pour l'heure, les préoccupations de l'armée étaient d'abord et avant tout de les éviter et d'annexer ces territoires.
Les soldats, qui avaient été séparés en plusieurs groupes, avançaient péniblement dans le froid et la neige, avec le sifflement du vent qui se faisait entendre à travers les monts, tel le hurlement continu d'une créature prête à attaquer. Kamal, à la tête du groupe, sentait ses membres geler lentement, malgré les épaisses couches de vêtements spécialement portées pour l'expédition. Alors que la tempête s'élevait, plongeant les soldats dans l'aveuglement le plus total, un des refuges bâtis par les Drahnites fit son apparition. Les habitants du Nord, bien qu'habitués aux conditions extrêmes de leurs terres, avaient en effet érigé plusieurs grands refuges pour se protéger en cas de tempête. Certains étaient faits de bois, d'autres de pierre, d'autres encore étaient directement creusés dans les montagnes, mais tous faisaient partie du même réseau qui parcourait toute la partie souterraine des terres du Nord.
On accédait au réseau de galeries via les grottes et bâtiments à la surface, pour s'enfoncer au cœur de tunnels larges et hauts, étayés par des structures faites de bois et d'os de Drahns, dont la solidité n'était plus à démontrer. Les Drahnites avaient creusé de façon à ce que leur avancée ne soit pas gênée par leur taille imposante, et les Humains pouvaient facilement entrer dans les galeries avec chevaux et véhicules. L'endroit était sombre et nécessitait d'allumer plusieurs torches et lanternes pour avancer, mais les différentes grandes salles disséminées sur l'ensemble du réseau en étaient le parfait opposé. Grandes et lumineuses, elles formaient des lieux de vie aptes à héberger plusieurs escouades chacune. On y trouvait des lits à côté du mur ouest de la pièce, et un grand âtre juste en face. Des tables et chaises étaient installées au centre de la salle. Leur grande taille invitait à un festin. Le mur nord, quant à lui, était réservé à la nourriture des Drahns et des chevaux sur son côté gauche, et le droit accueillait les râteliers d'armes et réserves de boissons et nourritures pour les Humains et Drahnites. Le froid fit rapidement place à une douce chaleur, après que le feu ait été allumé, tout comme les torches au plafond.
Le bois se craquelait sous la flamme qui crépitait doucement, réchauffant les corps et les esprits. Kamal Al'Horgul se tenait assis devant le foyer, les mains tendues, emmitouflé dans ses fourrures. Perdu dans ses pensées, il soupirait, l'air abattu et las. Les conditions climatiques des terres drahnites affectaient autant le moral que le physique, quel que soit le grade. Tous étaient assis à une table ou étendus sur un lit. Kimaro et Mordothen s'approchèrent de leur supérieur.
— La situation est de plus en plus délicate, général. Le froid sape le moral des troupes, les hommes grognent, la tempête nous immobilise, sans oublier que nos unités sont séparées et donc désormais peu consistantes...
— Je sais, Kimaro. Il faut qu'on sorte le plus vite possible pour aller droit au nord, sur le seul campement connu des Drahnites.
— Si je puis me permettre, général...
Mordothen parlait d'une voix peu assurée, craignant la réaction de ses supérieurs après son intervention. Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front, mais il se reprit rapidement.
— Attaquer de front avec une armée largement en sous-effectif ne serait pas une bonne idée. Ne vaut-il pas mieux prendre le temps d'explorer les tunnels pour faire la jonction avec les autres ?
— La prudence le dicterait, oui, répondit Kamal. Mais cela ne ferait que détruire encore le peu de moral qu'il reste. Non, il faut attaquer, Mordothen. Que chacun se prépare à partir.
— Bien, général !
L'effervescence s'empara de la troupe, dont les membres récupéraient leur équipement et préparaient le déplacement, pendant que Kamal enfilait gants et capuche. Il savait qu'il amenait son armée dans un combat inégal et quasiment perdu d'avance, aussi espérait-il pouvoir négocier avec les chefs drahnites, malgré la colère envers lui-même que lui inspirait cette idée. La troupe refit le chemin en sens inverse pour ressortir vers les montagnes. La tempête s'était calmée et le soleil rayonnait dans un ciel bleu azur sans nuages. Les montagnes brillaient littéralement sous ses rayons, et l'on pouvait voir les terres s'étendre à perte de vue. Plusieurs groupes de soldats se rejoignirent en profitant de cette magnifique accalmie, avant de reprendre la route vers le nord.
C'est après une heure de marche que se dessina une colonie drahnite. En bord de falaise, le campement s'apparentait à une petite ville très étendue sur sa longueur, entourée d'une assez haute muraille faite de pierre des montagnes. L'ensemble s'organisait en cercles concentriques autour d'un grand édifice, qui semblait être un autel dédié au dieu des Drahnites, Braïn. Dans le premier cercle se trouvaient la maison du chef, le Büshi, et celle de l'Ancien, ainsi que celles des meilleurs combattants. Le cercle suivant, quant à lui, concentrait les chasseurs et artisans de la colonie, avec le tanneur, l'armurier, le shaman, et l'herboriste. Les vendeurs itinérants qui traversaient les territoires drahnites et étrangers y installaient également leurs tentes. On pouvait voir, dans le troisième cercle, toutes les habitations des autres Drahnites, faites de pierres, de toiles, et de cuir tendu. Enfin, le quatrième et dernier cercle, plus bas que les autres, était réservé à l'évacuation des déchets en tout genre, mais accueillait aussi les proscrits et autres parias qui n'avaient pas le courage de quitter la colonie ou avaient la chance de ne pas avoir été bannis. Personne ne s'aventurait dans ces cloaques puants, à moins de ne pas avoir d'autre choix que celui d'y vivre.
Y échouaient ceux qui perdaient leur place dans la société drahnite, tels les guerriers qui ont reculé au combat, ou ceux qui ont échoué à dresser un Drahn. Peu d'entre eux acceptant de tenter de vivre en ermite au cœur des montagnes, la société drahnite les considérait comme inexistants et les laissait livrés à eux-mêmes dans ce quatrième cercle, qui devenait souvent une société parallèle gérée selon la loi du plus fort.
Kamal et ses hommes, placés en hauteur de la colonie, observaient l'endroit dans le but de trouver un moyen d'entrer. Si le général avait accepté de céder à l'idée de négocier une présence humaine permanente sur les terres du Nord, il n'avait toutefois pas totalement abandonné l'idée de conquête, et espérait profiter de l'effet de surprise et de quelques assauts rapides pour prendre l'avantage, malgré le sous-effectif. Kimaro finit par sortir son supérieur et ami de ses réflexions.
— Général, le meilleur moyen de réussir à s'imposer par la force, si l'idée a encore un peu de place dans vos réflexions, serait de tuer le chef. Laissez Mordothen s'en occuper avec deux des membres de notre unité. Ils savent être aussi invisibles qu'une ombre, et aussi précis et mortels qu'une flèche bien tirée.
— J'y ai justement réfléchi, Kimaro. Un commando réduit va les approcher sans se faire repérer pendant que j'entre avec le gros des troupes pour parlementer. De ton côté, tu restes ici avec le reste des hommes, et tu te prépares à un assaut en force par l'arrière si ça tourne mal. Ce qui ne manquera sans doute pas d'arriver au vu de notre effectif actuel... Si mes craintes se vérifient, je ferai sonner le cor.
Mordothen et ses deux compagnons partirent les premiers à travers la neige. Avancer était délicat, mais ils arrivèrent rapidement en vue des murailles, attendant de pouvoir frapper. Kamal s'avança avec la troupe et franchit les portes de la colonie. Les soldats pénétrèrent dans la colonie par un pont juché au-dessus du quatrième cercle. Les tranches de vie qu'ils pouvaient capter en regardant en bas leur soulevaient le cœur, et cela était d'autant plus facile qu'une puanteur pestilentielle embaumait l'endroit. Les hommes passèrent à travers les cercles jusqu'à arriver devant le chef et l'Ancien, qui avaient le visage fermé, impénétrable. Kamal sut tout de suite que les intentions des Drahnites n'étaient guère plus engageantes que celles de son armée...
Derrière les deux membres les plus influents de la colonie se tenait un attroupement de différents guerriers. Leurs hurlements et grognements résonnaient entre les huttes. Les Drahnites s'écartèrent lentement pendant que Kamal mettait pied à terre, lui permettant de voir l'horrible spectacle auquel ils s'adonnaient. Une quinzaine de soldats avaient été empalés et brûlés, sacrifiés à Braïn. La vision sidéra Kamal, qui déglutit avant de se tourner vers le chef. Bien plus grand que lui, le chef des Drahnites arborait une expression menaçante. Ses grands yeux noirs transperçaient littéralement le cœur et l'âme de Kamal, qui ne voyait désormais plus comment cacher la mission qui amenait son armée dans les terres du Nord. Le chef et l'Ancien restaient impassibles, tels des dieux mortels, avec leur teint grisâtre et leurs cheveux argentés qui donnaient une impression d'immatériel dans le vent et la neige.
Kamal décida rapidement de lancer la conversation sur un tout autre sujet, espérant que le petit commando de Mordothen aurait eu le temps de se mettre en place pour frapper.
— Pour avoir droit à un tel traitement de votre part, seigneur Büshi, ces hommes se sont sans nul doute livrés à des actes graves.
— Ils nous ont ouvertement attaqués, Humain. Et il n'y a pas eu à attendre bien longtemps avant de leur faire dire la raison de leur présence...
Kamal se sentit soudain encore plus mal à l'aise. Si les Drahnites savaient que les Humains avaient lancé une campagne dans le but de purement et simplement annexer leurs terres, il ne restait plus guère que deux options aux survivants. Repartir tout de suite en vie ou combattre et, selon toute vraisemblance, mourir au combat pour rien. Mais Kamal n'était pas homme à s'en remettre aux seules probabilités. L'essentiel était que Mordothen parvienne, avec ses hommes, à s'infiltrer jusqu'au chef et à l'Ancien. Si tous deux mouraient, tout était possible. Il lui fallait maîtriser l'échange jusqu'à ce que les assassins puissent frapper.
— Ils n'étaient sans doute pas seuls...
— Des centaines d'autres attendent leur tour dans les refuges, général, intervint alors l'Ancien de sa voix chevrotante. Il ne tient qu'à toi de faire en sorte que leur sort soit différent...
Kamal serra les dents, les sourcils froncés, le regard sombre. La partie s'annonçait nettement moins facile que ce qu'il imaginait, et il n'aurait droit qu'à une seule chance si le combat devait avoir lieu. Il se sentait pris au piège, sachant pertinemment qu'il perdait sur tous les plans. Couper les têtes de la colonie et éviter le combat ? Comment savoir ce qui les attendait sur le reste des terres ? Combattre ? Cela n'aurait fait que des victimes inutiles dans les deux camps, et l'armée humaine était déjà bien assez réduite. Fuir ? Le Kaltan n'accepterait jamais que son armée tourne le dos à l'ennemi. Kamal n'avait pas le choix, il devait tenter le combat.
Après avoir passé la main dans sa barbe naissante et ses cheveux pour les nettoyer de la neige qui s'accumulait, Kamal se plaça devant le Büshi pour lui faire part de sa réponse.
— Je ne partirai pas. Aucun de nous ne partira. Nous préférons encore mourir ici au combat. Soit vous nous laissez établir une colonie sur ce territoire, soit nous devrons nous imposer par la force.
— Et si nous acceptons de vous laisser une colonie, combien de temps vous faudra-t-il avant de vouloir prendre le reste ? Réagit le Büshi. Ne savez-vous donc rien faire d'autre que détruire en vous complaisant dans une puissance illusoire ? Faites ce que nous vous demandons, Humains. Allez vous-en. La honte est préférable à la mort. Car elle peut être lavée.
— La honte vous tue plus lentement et insidieusement qu'un coup d'épée. Je vous ai annoncé mes termes. Attendrez-vous que nous commencions à FRAPPER pour comprendre que nous ne renoncerons pas ?
L'accentuation de Kamal sur le mot était un signal évident pour Mordothen, qui avait réussi à s'infiltrer jusqu'à la place centrale. Silencieusement, il fit signe à ses deux compagnons de sortir leurs dagues et de choisir une cible. Le général continuait de parler avec le Büshi et l'Ancien, et le ton montait de plus en plus. Mordothen devait frapper rapidement et précisément, pendant que Kimaro, lui, était tendu à l'extérieur de la colonie, prêt à attaquer à tout moment, tut comme son cheval qui piaffait d'impatience. Des gouttes de sueur perlaient sur le front des assassins malgré le froid, la prise de leurs mains sur les manches de leurs armes se faisait moins assuré, mais il fallait attaquer maintenant. Mordothen leva lentement son bras pour l'abaisser d'un geste brusque. La petite meute se rua sur ses proies comme un seul homme, l'arme à la main.
Mordothen sauta dans le dos du Büshi, prêt à le frapper à la nuque, pendant que ses compagnons comptaient éliminer l'Ancien et l'un des guerriers. Les mouvements étaient rapides et précis, mais cela ne suffit pas à surprendre les guerriers d'exception qu'étaient les Drahnites. Le Büshi réussit à saisir Mordothen par le visage avant qu'il frappe pour l'envoyer droit sur celui qui attaquait l'Ancien, avant de tuer le dernier soldat d'un coup de lance au ventre. La situation pétrifia littéralement les Humains qui ne savaient comment réagir. Le Büshi se tourna vers Kamal, le regard haineux, tous crocs dehors.
— C'est donc là la façon dont vous parlementez, Humains ? Attaquer lâchement dans le dos ? Vous n'avez aucun honneur...
Sans dire un mot de plus, il retira sa lance du cadavre et se rua soudainement sur le général humain, suivi des autres guerriers de la colonie. Kamal, l'épée sortie du fourreau, se tourna immédiatement vers le porteur de cor, qui joua aussitôt de son instrument. Une longue note grave s'échappa du cor, s'élevant vers les hauteurs où attendaient Kimaro et ses hommes. Le groupe galopa dans la seconde vers la colonie, les armes prêtes à frapper. La neige devenait de l'écume sous les sabots des chevaux et les bottes des soldats. À l'intérieur des murs, le combat faisait rage. En sous-nombre, les Humains résistaient courageusement, mais bien vainement. Les soldats tombaient un à un sous les coups des Drahnites, rendus furieux par l'assaut de Mordothen. Malgré les renforts de Kimaro, la situation était désespérée, et le combat déjà annoncé comme perdu. Kamal fit rapidement donner le signal de la retraite, et son armée fut mise en déroute. Les Drahnites, dans leur respect de l'adversaire, cessèrent le combat et les laissèrent fuir.
Le chemin de retour fut jonché de cadavres lancés devant les sabots des chevaux par les Drahnites qui entouraient la colonne. Trois cent mille hommes étaient partis, à peine plus de cinq cents revinrent des terres du Nord. L'absence de carte, les tempêtes de neige, le froid avaient eu raison d'une bonne partie, les Drahns avaient achevé le travail dans les montagnes, et seule une petite unité, dont les trois quarts sont morts au combat, restait pour conquérir tout un territoire inconnu. Se lisaient sur les visages honte et déception, autant pour la défaite que pour les morts. Kamal chevauchait en tête, immédiatement suivi de Kimaro et Mordothen. La colère le rongeait de l'intérieur, et il craignait la réaction des Kaltes à son retour à Terathos, qui ne manqueraient pas de sanctionner ce qui ne serait, à leurs yeux, qu'une marque de lâcheté. La colonne avançait lentement vers les terres humaines, plus ou moins prête à affronter les réactions du peuple, des Kaltes, et du Roi...
Quelques jours plus tard, à Terathos, le Kaltan s'était rassemblé, comme à son habitude le premier jour de chaque mois, pour traiter des affaires du royaume. Passèrent devant les Kaltes paysans soucieux de leurs terres, nobles engagés dans des querelles de lignage, et autres affaires courantes. C'est à la fin de la journée que se montra Kamal Al'Horgul, son heaume sous le bras gauche, la main droite posée sur le fourreau de son épée.
— Vous nous avez tous envoyés vers la mort. Mais à quoi jouez-vous donc, Kaltes ? Hurla-t-il à la face de l'assemblée. Je veux voir Sa Majesté tout de suite.
— Et pourquoi donc, général ? Répondit Micha, l'un des Kaltes marchands. Sa Majesté Horten ne sortira pas de sa retraite pour parler à un général, aussi célèbre et apprécié soit-il. D'autant qu'il nous a confié les rênes du royaume.
— La pire erreur de sa vie, dit Kamal en serrant les dents. Avec celle de ne pas avoir d'héritier, même bâtard. Cela dit, chacun de vous ici mérite ce qualificatif... Vous ne servez que vos ambitions personnelles en éliminant quiconque gêne... Vous n'êtes pas des dirigeants, juste une bande de criminels assoiffés de pouvoir...
— Il suffit, général ! Intervint Swält, un Kalte issu de la noblesse. Ne croyez pas qu'être le « héros de Darn'Kaig » fait de vous quelqu'un d'intouchable. Notre royaume comptait sur votre campagne pour son expansion, elle n'a été qu'un lamentable échec.
— Et vous le saviez avant même notre départ. J'imagine qu'aucun de vous n'est ravi de me revoir en vie.
Le premier Kalte à avoir interpellé Kamal bondit littéralement de son siège à cette phrase. Son regard noir et sa mine renfrognée trahissaient la colère qu'il tentait de contenir autant que possible...
— Cette fois, vous passez les bornes, général. Insinueriez-vous que nous aurions mis sur pied un complot pour vous faire tuer à travers cette campagne ? C'est ridicule ! Vous vous donnez bien trop d'importance et de pouvoir. Nous allons désormais statuer sur votre sort. Sortez, à présent, et vite.
Kamal sortit sans un mot, empli de colère envers le pouvoir et l'arrogance des Kaltes. Il commençait à se demander si la monarchie n'avait pas fait son temps, d'autant que Horten avait quatre-vingts ans et allait mourir sans laisser aucun héritier... Le moment venu, les Kaltes allaient pouvoir se déchaîner pour garder le pouvoir, et le chaos était à craindre, si ce n'est pire. Une idée ambitieuse commençait à naître dans l'esprit du général le plus célèbre et apprécié de toute l'armée, tellement ambitieuse et insensée qu'il refusait d'y penser plus avant, et il était évidemment hors de question d'en parler à qui que ce soit, ce seul acte s'apparenterait à de la haute trahison. D'autant qu'une idée née dans la colère ne pouvait que s'avérer, à terme, très mauvaise. Kamal se détendit et sortit du bâtiment du Kaltan. Terathos s'étendait devant lui, majestueuse, le fleuron de l'architecture humaine. Mais son humeur n'était pas à l'admiration. Il savait que le Kaltan avait son sort entre ses mains, malgré son aura de héros obtenue à Darn'Kaig, et que sa position pouvait être fortement compromise après l'échec de la campagne du Nord.
Du fait du caractère exceptionnel de l'accusé, les Kaltes allaient sans doute débattre plusieurs heures, voire jusqu'au lendemain. Kamal avait besoin de se détendre, il rejoignit rapidement ses camarades à la taverne. Une bonne tournée générale entre amis avec quelques serveuses et autres jeunes demoiselles peu farouches, voilà qui aidait à tout surmonter ! À peine fut-il entré qu'il trouva Kimaro et Mordothen à une table, près du feu. Le premier était affalé devant sa pinte, fatigué, pendant que le second couvrait de baisers le visage et la poitrine d'une fille qui riait aux éclats.
— Déjà occupé avec une catin ? Je vois que tu es toujours aussi entreprenant. Oh, tavernier, amène-moi un pichet de ta meilleure bière !
Mordothen ne prit pas la peine de répondre à Kamal, dont la commande réveilla subitement Kimaro, qui sortit de sa torpeur. La bouche pâteuse, le guerrier reprit ses esprits et vida sa pinte d'une traite. Mordothen disparut à l'étage avec sa compagne du soir durant ce laps de temps, laissant les deux vieux amis seuls à leur table.
— Un pichet pour toi seul ? Tu dois te sentir bien mal, mon vieux. Le Kaltan serait-il emmerdant, après cette campagne nordique plus que foirée ?
— Tu n'as pas idée, répondit Kamal en saisissant son pichet qui venait d'arriver sur la table. Cette bande de politiciens et conspirateurs en tout genre ne pense qu'à son petit prestige en se cachant derrière les ordres du roi... En supposant que ces ordres existent. Depuis quand Horten n'est-il plus apparu en public ?
— Il vient faire son petit spectacle tous les ans, comme la marionnette qu'il est devenu de son propre gré, pour son anniversaire... S'il ne voulait pas du trône, pourquoi n'a-t-il pas simplement abdiqué en faveur de quelqu'un qui aurait, selon lui, mérité la place ?
— Parce que même quelqu'un qui ne veut pas du pouvoir est vite séduit... Après tout, il reste le roi, il lui suffirait d'un geste, d'un mot, et le Kaltan n'existe plus... Enfin, arrêtons de parler politique, contentons-nous de boire.
— Et de courir la ribaude, dit Kimaro en portant son verre nouvellement rempli à sa bouche.
Il fit un signe de la tête à Kamal pour le pousser à regarder derrière lui, où deux jeunes femmes très accortes multipliaient les gestes lascifs pour attirer leur attention. Kimaro leur sourit rapidement avant de s'adresser à nouveau à Kamal. Les deux filles sortirent dans la ruelle à côté de la taverne avec un dernier clin d'œil vers les soldats.
— Allons, tu n'es pas sérieux, Kimaro...
— Oh, allez, décoince-toi un peu, général. On ne fera de mal à personne, au contraire. Tu n'es même pas casé, alors, où est le problème ? Bon, lève-toi, on va les rejoindre.
Kimaro se leva rapidement et prit son camarade par le bras pour le pousser à sortir. Kamal traînait un peu les jambes, mais son ami le tirait littéralement, prêt à le faire rouler au sol s'il le fallait. Ils retrouvèrent les filles une fois dehors et s'enfoncèrent dans la nuit avec elles.
Pendant ce temps, les Kaltes débattaient au sujet du héros de Darn'Kaig. Les discussions étaient âpres, tendues, tant le statut du général était important aux yeux du peuple. Il était le héros de Darn'Kaig, après tout, celui qui, par son combat contre Jöran, résista jusqu'au bout, quitte à mourir pour la gloire du royaume. Quelle que soit la sanction choisie, le Kaltan s'exposait au mépris du peuple. La mutation sur un front isolé ? Les civils aiment trop approcher leurs héros. La dégradation ? Comment envisager de ne plus confier de commandements à une légende ? L'expulsion de l'armée, voire la mort pour désertion ? Les deux fédéreraient une action de grande ampleur contre le pouvoir des Kaltes. La situation semblait être dans une impasse pour les régents du royaume...
Mais Micha et Swält, avec quelques autres, n'étaient pas décidés à laisser Kamal Al'Horgul s'en tirer sans sanction. Il leur fallait leur exemple, et le front du Sud allait le leur apporter. Les Orcs n'hésitaient pas à établir quelques campements sur les terres du Kenlödeor, et une horde complète pouvait se montrer dangereuse.
— Le problème des Orcs se pose toujours au Sud, dit Micha d'une voix ferme. Envoyons Kamal Al'Horgul éliminer quelques campements, avec une petite unité. Une douzaine d'hommes suffira à les neutraliser. Ou à faire tomber le général sous leurs coups.
— Micha ! Vous n'y pensez pas ! Il sait déjà qu'il nous gêne et que nous aimerions le voir mort. Que ferons-nous s'il survit à une horde d'Orcs ?
— Igor, mon vieil ami... Il ne survivra pas à une telle épreuve, croyez-moi. Si nous sommes tous d'accord, faisons-le convoquer le plus tôt possible pour lui confier cette chance de se racheter...
Micha s'installa dans son fauteuil, un sourire carnassier aux lèvres, se voyant déjà débarrassé de la gêne provoquée par Kamal. Un à un, ses camarades prononcèrent le « Oui » qui validait son idée, jusqu'à l'unanimité. La convocation fut rapidement rédigée et confiée à un messager qui devrait la remettre à Kamal dès le lendemain matin. Les Kaltes reprirent ensuite la gestion des affaires courantes du royaume et définirent les grandes lignes de la prochaine réunion, avant de se séparer.
Le lendemain matin, Kamal se réveilla lentement, encore aux côtés de son éphémère compagne de la veille. Après s'être rapidement habillé, il pressa le pas jusqu'aux baraquements de l'armée, où l'attendait déjà Kimaro sous l'une des tentes.
— Regardez-moi ce joli cœur ! Il rechigne un peu à y aller, mais dès que l'affaire est signée, rien ne peut le faire lâcher. Alors, belle nuit ?
— C'est bon, Kimaro, inutile d'en rajouter. Mordothen ne semble pas avoir fini sa nuit, lui...
Mordothen somnolait sur une chaise, les bras croisés, une jambe sur la table, visiblement épuisé par sa soirée, mais pas encore totalement abattu. Un vague sourire se dessina au coin de ses lèvres, comme pour montrer qu'il faisait parfaitement attention à la conversation de ses camarades. Un messager portant les couleurs du Kaltan entra alors subitement dans la tente, les saluant rapidement en posant sa main droite sur son torse.
— Général Al'Horgul ? Le Kaltan désire vous voir le plus tôt possible, dit-il en tendant la convocation à Kamal.
— Alors, ça y est, ils ont pris leur décision... Bien, j'y serai.
Le messager quitta la tente pendant que Kamal lisait tranquillement le parchemin devant ses deux camarades. Après un rapide rafraîchissement, il prit la direction du bâtiment du Kaltan, repérable à ses hautes tours qui perçaient les hauteurs de la ville. Son appréhension grandissait à mesure qu'il approchait, tant il se demandait ce que les Kaltes avaient pu lui réserver comme sort pour la défaite... Les lourdes portes s'ouvrirent devant lui et sa convocation lui ouvrit les portes de la grande salle de réunion. Les différents Kaltes affichaient un air grave quand il entra. La salle était assez sombre et Micha prit la parole.
— Général, je vais être direct. Nous vous offrons une chance de vous racheter. Avec une petite unité d'une douzaine d'hommes, vous allez partir vers le Sud et éliminer les campements des Orcs que vous trouverez et qui figurent sur les frontières du Kenlödeor.
— Et que diront Maj'Karal et Norfangs d'une incursion humaine sur leurs terres ?
— Les Orcs sont une menace générale, il ne vous arrivera rien de leur part. Soit vous acceptez, soit vous devrez répondre de vos actes d'une tout autre façon.
— Soit. Je n'ai guère le choix. Je forme mon commando et nous pourrons faire tomber les Orcs.
Kamal tourna les talons après avoir respectueusement salué les Kaltes, quand la voix de Micha retentit à nouveau.
— Une dernière chose, général, dit-il. En ce qui concerne ce commando, vous partirez avec Kieran dans vos rangs. Il sera notre observateur. J'ose espérer que cela ne vous dérange pas.
— Combien même cela serait le cas, Monseigneur, je n'aurais guère le choix. Il sera donc intégré au commando.
Kamal sortit alors de la pièce, laissant les Kaltes seuls. Plusieurs furent estomaqués devant la dernière remarque de Micha.
— Kieran ? Demanda Swält. Mais c'est...
— Un tueur né, je sais. Une machine à tuer. Une simple précaution, au cas où les Orcs seuls ne suffiraient pas à régler notre problème...
— Vous auriez dû nous en parler ! S'insurgea l'un des nobles présents. Une chose est certaine, si c'est un échec, vous assumerez seul cette tentative de meurtre.
La discussion se termina sur un sourire narquois de Micha, convaincu de la réussite totale de son plan. Après tout, même un combattant comme Kamal ne saurait se sortir d'un tel piège, il était fait comme un rat. Soit il tombait sous les coups des Orcs, soit il se faisait tuer par Kieran. Dans le feu de l'action, il ne pouvait que lui arriver quelque chose...
Kamal revint jusqu'au campement, où il retrouva Kimaro et Mordothen. Les deux amis l'accueillirent chaleureusement, le poussant à faire un compte-rendu de son entrevue.
— Mordothen, trouve-moi une dizaine d'hommes. Le Kaltan m'a forcé à aller faire un peu de ménage parmi les Orcs, au Sud, avec un petit commando. Tu vas venir avec moi, et je te fais confiance pour les autres. Kieran nous accompagne également. Ordre du Seigneur Micha.
— Kieran ? Cette brute épaisse qui ne pense qu'à tuer ? Demanda Kimaro en crachant au sol. C'est un tueur, pas un soldat. Juste un criminel sans foi ni loi, un enfant de putain. Et c'est lui que le Kaltan t'impose ?
— C'est bien pour ça que je veux pouvoir faire confiance à quelqu'un dans cette mission. Et de quelqu'un du même genre ici. Mordothen couvrira mes arrières, et je compte sur toi pour découvrir ce qu'il se trame derrière tout ça. Ne néglige aucune piste.
Là-dessus, Kamal se dirigea droit vers le baraquement, ou devrait-on dire la cage, spécifiquement réservé à Kieran, pour le prévenir que le départ était imminent. Travailler avec une bête sauvage à ses côtés n'est jamais facile, et le général savait bien qu'il allait devoir surveiller ses arrières et ceux de son équipe...

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Chakal D. Bibi
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MessagePosté le: Mer 18 Juil 2012, 9:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Wah ma gueule, j'me lis ça dès que je suis d'retour à ma tanière Wink

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