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. La Chronique : La reconnaissance dans Naruto

 
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Mat
Jûbi


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MessagePosté le: Lun 01 Oct 2012, 9:49 pm    Sujet du message: La Chronique : La reconnaissance dans Naruto Répondre en citant

« Un jour je deviendrai un Hokage moi aussi !
Même que je surpasserai tous ceux des générations précédentes !!!
Et puis comme ça, tout le village sera bien obligé de reconnaître
que c’est moi le plus fort ! »


Dès le premier chapitre et son entretien avec Iruka, Naruto affirme un de ses objectifs centraux : il énonce une demande de reconnaissance i.e. une attente de confirmation de capacités et de valeur par les autres villageois. Cette demande va faire l’objet de plusieurs reformulations. Si sa première déclaration comporte un aspect d’imposition pour autrui (« sera bien obligé de ») et se concentre uniquement sur son niveau (être reconnu comme « le plus fort »), une inflexion se fait dans les suivantes : l’aspect obligation demeure mais il ne s’agit pas tant de reconnaître sa force que sa propre existence (avec Kakashi) voire sa valeur (avec Tazuna). Sa quête acquiert un aspect « vital », sur lequel nous reviendrons en conclusion.

Par la suite, l’aspect imposition se trouve questionné. En réponse à Naruto qui lui annonçait qu’une fois devenu Hokage, il serait « bien obligé de reconnaître [sa] valeur », Tazuna déclare : « Tu rêves minus. Je ne reconnaîtrai rien du tout que tu deviennes Hokage ou pas. » Même si Tazuna révisera sa position par la suite (le nom de Naruto sera donné au pont), l’idée qu’un titre garantit la reconnaissance ne va pas de soi*. Cela explique peut-être que, face à Haku, Naruto fait disparaître l’aspect imposition : il veut devenir le plus grand ninja de son village « [p]our que tout le monde reconnaisse enfin [sa] valeur ! »

On voit ainsi une espèce de tâtonnements dans la recherche de la bonne formulation de sa demande, un apprentissage au fil des interactions. Pour quels résultats ?


Au moins jusqu’au début du manga, Naruto subit davantage des formes de reconnaissance négatives, débouchant sur des blessures morales. Il est ainsi traité de bon-à-rien, sale gosse, démon, raté, renard dégénéré, etc. Il souffre du mépris et de l’aversion des villageois (voire de ninjas) et de leur regard haineux. La trajectoire de Naruto peut alors se lire comme une lutte contre ces manifestations de reconnaissance dépréciative. A grands renforts de pitreries (au départ), d’entraînements et de missions, Naruto tente de rompre avec son isolement et, au-delà, d’être reconnu à la hauteur de ses attentes – nous laissons de côté la question de savoir si elles sont ou non fondées.

Les missions, rencontres et combats de notre héros sont autant de moments où la reconnaissance qu’il cherche peut – au moins en partie – se conquérir. On peut distinguer au moins trois grands types de situations :

- Les échanges qui aident le héros à se remettre en question voire à s’affirmer : avec Tazuna, Iruka, Itachi...;
- Des propos qui reconnaissent sa valeur : Tsunade qui reconnaît sa capacité à devenir Hokage ; Kakashi qui déclare que Naruto est le seul à pouvoir dépasser le 4ème ; Jiraya, Minato et Nagato qui placent leur confiance en Naruto… ;
- Des gestes concrets : lorsqu’Iruka remet son bandeau à Naruto ; quand Tsunade baise le front de Naruto ; la poignée de main avec Gaara ; le fait qu’il soit porté en héros lorsqu’il revient au village après son combat contre Pain, etc.

Ces trois types peuvent se recouvrir et font que, petit à petit, Naruto finit par être reconnu, respecté et admiré par les villageois (cf. la demande d’autographe), comme le résume bien Ebisu dans le tome 46 (pp. 74-76). Ce résumé oublie toutefois certains faits tout aussi importants (e.g. ceux que nous avons pu mentionner plus haut) dans la quête de reconnaissance de Naruto. Ce qu’il recherche lui arrive au fur et à mesure de ce qu’il accomplit. Il est reconnu sans avoir besoin d’imposer cette reconnaissance par la force. Ses exploits (et ses échecs) concourent à en faire un ninja de grande renommée, connu par-delà le village même s’il n’est pas encore Hokage.

Néanmoins, si la trajectoire de Naruto peut laisser penser que la reconnaissance s’acquiert selon un processus cumulatif et linéaire, d’autres personnages suggèrent que la relation est plus complexe. La reconnaissance n’a rien d’irréversible : des retours en arrière sont possibles (cf. avec Sasuke : il reconnaît la valeur de son « ami » mais… pas totalement, cf. chap. 487) ; la reconnaissance acquise peut se perdre quand bien même des titres seraient là pour la garantir (cf. le cas de Danzô qui voulait profiter du sommet pour asseoir son autorité…) ; certains n’obtiennent jamais la reconnaissance qu’ils cherchent (Deidara et son art incompris) voire n’en sont pas satisfaits et en cherchent davantage (Madara et Orochimaru qui ne sont pas élus Hokage).

En plus d’un intérêt pour la dynamique des interactions entre les individus, sur l’image d’eux-mêmes, la reconnaissance agit aussi sur leur capacité d’action. Ici vient en tête l’exemple d’Hinata. Reconnue par Naruto, elle fait montre de courage, persévère contre Neji et déclare même à Naruto qu’elle commence à s’aimer un peu. Elle s’entraîne, intervient contre Pain et se dit, plus tard, qu’elle ne veut plus être dans l’ombre (chapitre 573). On peut aussi penser à l’aîné du Sage qui décide de défier son frère car son père ne l’a pas reconnu comme héritier.

Remarquons enfin les limites. Non seulement la reconnaissance n’a rien d’automatique mais elle ne satisfait pas forcément les demandes exprimées. Reconnaître n’est pas toujours suffisant : c’est ainsi que Tsunade admet les erreurs commises par Konoha, sans que cela n’arrête Pain et que Sasuke exige qu’on lui rende son clan pour qu’il arrête.

***


S’intéresser à la reconnaissance permet de mettre au jour des formes d’injustice qui ne sont pas toujours d’ordre matériel. Si la reconnaissance exprimée par plusieurs personnages apparaît nécessaire, « vitale » c’est parce qu’elle est au fondement de la construction identitaire des individus ; elle constitue l’individu dans son rapport à lui-même et aux autres et agit sur sa capacité d’action. Le propos de Sarutobi, concernant Naruto, illustre alors plutôt bien nos développements :


« Le seul moyen qu’il a pour attirer l’attention sur lui c’est de faire des bêtises sans arrêt. Il a besoin de montrer aux autres qu’il existe, il a besoin de leur reconnaissance, peu importe la manière dont il l’obtient. Il n’en laisse rien paraître… mais au fond de lui il souffre énormément. »


_______________________________________________________________________


Tout comme Mikazuki, je remercie Adrien ainsi que les différentes personnes qui ont permis à cette chronique de voir le jour. Je reste malgré tout seul responsable de ses insuffisances. Bonne lecture et commentaires, en espérant que cette nouvelle chronique vous plaira. Wink

_______________________________________________________________________


* Ce problème trouvera une solution explicite dans le chapitre 552 lors d’un échange entre Itachi et Naruto : le premier déclare au second que ce n’est pas la relation Hokage => reconnaissance qui prévaut mais bien plutôt l’inverse.
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Slain
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MessagePosté le: Lun 01 Oct 2012, 10:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup!
Il faut noter que Naruto prend aussi une nouvelle voie dans la reconnaissance sans vraiment le vouloir lors de cette guerre. A force d'en faire trop et de tout vouloir régler il est recadré par Itachi. La voie qu'il a pris semble être une reconnaissance mondiale. Celle du Hokage se limitait au village de Konoha, mais vu la tournure du manga, Naruto semble être le nouvel unificateur. Ainsi je ne sais pas s'il désire toujours être Hokage, je pense qu'il veut instaurer une nouvelle ère sans pays.
Cette évolution de reconnaissance est très intéressante!

Merci encore une fois, et continuez comme ça c'est du beau boulot!
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loobid
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MessagePosté le: Lun 01 Oct 2012, 10:30 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il a un point que tu oublies .

c'est que naruto combat la peur de la différence d'autrui (il est un hôte donc différent des autres)

En prouvant sa valeur il combat les idée recu et les gens ont moins peur de lui

Idem pour gaara, mais aussi Zabuza et haku qui sont esseulés parce que différents
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Mat
Jûbi


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MessagePosté le: Mar 02 Oct 2012, 11:39 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci à tous les deux pour vos réactions. Wink

@ Slain : Exactement ! Very Happy Cette idée me trottait dans la tête quand j'ai rédigé le passage sur "[s]es exploits (et ses échecs) concourent à en faire un ninja de grande renommée, connu par-delà le village même s’il n’est pas encore Hokage". Le cadre initial que s'était fixé Naruto semble en effet s'élargir au fur et à mesure (un des effets "positifs" du conflit et de l'Akatsuki ?). La suite du manga confirmera ou non cette hypothèse mais j'aime beaucoup la piste que tu suggères.


@ loobid : Oui, c'est juste. Sur la situation de Naruto en tant qu'hôte, un changement se fait au niveau du vocabulaire (et probablement des attitudes), comme cela apparaît dans les pensées d'Ebisu que j'ai évoquées (cf. la manière avec laquelle Naruto est qualifiée : de démon, etc. il devient "leur" Naruto). Je ne m'étends en effet pas trop sur le sujet car la situation des réceptacles dans Naruto mériterait probablement une chronique à elle seule tant elle déborde du cadre que j'ai essayé de me fixer ici. C'est une interrogation à part entière.
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Le Vieux
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MessagePosté le: Sam 06 Oct 2012, 4:25 pm    Sujet du message: Re: La Chronique : La reconnaissance dans Naruto Répondre en citant

Chronique vraiment très intéressante, très belle aussi. J'aime beaucoup.

(On pourrait également se demander (je me laisse emmener par le texte de Mat), autour de l'ambiguïté du génitif dans une expression telle que "sujet de la reconnaissance" (celui qui est reconnu et/ou celui qui reconnait ?), si le type de sujet reconnaissant n'est pas aussi (sinon plus) important que le sujet reconnu. Au fond, ceux qui rêvent qu'un collectif non particularisé ou des entités abstraites (un village, l'Histoire, le monde) les reconnaissent seraient, du point de vue des valeurs du manga, toujours plus fous, plus dangereux que ceux qui, au contraire, adressent leurs demandes de reconnaissance à un être singulier voire un collectif de singularités (des amis, des visages, un père, une mère). Cette reconnaissance-là, intime, serait dans Naruto toujours plus légitime, plus juste, que la reconnaissance qui implique des abstractions, des fantasmes (de l'imaginaire, en général). Bien sûr, souvent, la figure singulière n'est qu'un pont vers une reconnaissance plus générale (pour Naruto, défier Sandaime est une manière d'interpeller la communauté) de la même manière que les entités abstraites s'incarnent en général en une personne singulière (Pour Orochimaru, défier le village et l'Histoire passe par la trahison de Sandaime) : pourtant, si le premier trajet, du particulier au collectif, parait juste et n'est jamais vraiment contesté, le second est toujours un peu délirant, susceptible d'être corrigé. L'exemple parfait ici serait Nagato qui doit reparticulariser (se souvenir tout simplement) sa relation à Yahiko et à Jiraya pour comprendre l'erreur de ses revendications universelles, dans la mesure où celles-ci pourraient être comprises comme une demande adressée au monde qu'il reconnaisse sa douleur).
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Mat
Jûbi


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MessagePosté le: Dim 07 Oct 2012, 1:00 pm    Sujet du message: Re: La Chronique : La reconnaissance dans Naruto Répondre en citant

Merci pour ce retour et cette réflexion/prolongation Le Vieux. En première lecture j'ai eu un peu peur de ne pas comprendre avec les notions utilisées mais les exemples que tu donnes permettent de rentrer sans trop de mal dans ton questionnement et j'avoue que le résultat est très stimulant. Partir d'une réflexion sur le sujet de la reconnaissance et dégager deux voies ("trajets") différentes et valorisées différemment m'a beaucoup plu.

Du coup est-ce que d'autres trajets pourraient aussi être identifiés ? Et entre les deux que tu identifies, la rencontre qui peut avoir lieu n'en est que plus intéressante. Est-ce que la figure du premier trajet est la seule à même de ramener celle du second dans le "droit chemin" et d'être entendu par lui ? Etc.

Une très belle parenthèse (dont j'espère ne pas avoir trop déformé le sens initial) !
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Le Vieux
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MessagePosté le: Dim 07 Oct 2012, 10:28 pm    Sujet du message: Re: La Chronique : La reconnaissance dans Naruto Répondre en citant

Et encore : le meilleur exemple, le plus difficile aussi, n'est-il pas, de ce point de vue, Sasuke (en une sorte d'envers de ta chronique qui s'attache surtout à Naruto, autre figure centrale de la reconnaissance) ? Tant que Sasuke veut être reconnu par son frère, le manga le présente comme un bon personnage (égaré certes mais dont la quête est, en gros, juste). Dès lors que c'est au village qu'il adresse ses demandes (que le village reconnaissance sa dette vis-à-vis des Uchiha, vis-à-vis d'Itachi surtout, qu'il "paye"), il passe du côté du mal.

Ce qui est frappant avec Sasuke, c'est que, comme Naruto mais plus intensément peut-être, le problème de la reconnaissance est si fondamental pour ce personnage qu'un geste finit par le symboliser entièrement -- la fameuse tape sur le front -- et qu'il est déplacé, ré-interprété de milles manières dévoilant toutes les ambiguïtés et toute la puissance affective de la reconnaissance.

On comprendrait, par ailleurs, autour de ce problème, ce qui fait basculer Sasuke du côté du mal (et qui, à vrai dire, m'avait toujours un peu échappé) : précisément ce moment où la demande de reconnaissance ne s'adresse plus à un être particulier (Itachi) mais à une entité collective ou abstraite (Konoha, le système des villages). Or qui est l'opérateur de ce basculement, qui est celui qui dit à Sasuke, via un grand récit historique explicatif, qu'il se trompe de cible et qu'il doit reporter la haine de son frère vers un système plus général ? Madara. Or qui est celui qui, de toutes ses forces, tente de s'opposer à ce mouvement de généralisation en ramenant Sasuke, via le récit intime de leur relation, du côté de l'individu, des visages amis et des singularités affectives ? Naruto.

Je rêverais que tu te mettes à écrire une suite à ce problème de la reconnaissance. Je serais infiniment curieux de la lire. Quoi qu'il en soit, merci de ta réponse et bon vent !
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Slain
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MessagePosté le: Dim 07 Oct 2012, 11:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai eus exactement la même réaction que toi Mat' en lisant la parenthèse de Le Vieux, "Mon dieu, j'ai déjà beaucoup de mal avec la première phrase, comment vais-je faire pour la suite!?". Au final les exemples donnent un apport très instructif dans cette parenthèse.
En effet c'est très intéressant de voir comment cette reconnaissance se construit (singularité > collectif), par contre je ne suis pas sûr d'avoir saisi la totalité de cette parenthèse, du moins, surtout la fin :
Citation:
pourtant, si le premier trajet, du particulier au collectif, parait juste et n'est jamais vraiment contesté, le second est toujours un peu délirant, susceptible d'être corrigé. L'exemple parfait ici serait Nagato qui doit reparticulariser (se souvenir tout simplement) sa relation à Yahiko et à Jiraya pour comprendre l'erreur de ses revendications universelles, dans la mesure où celles-ci pourraient être comprises comme une demande adressée au monde qu'il reconnaisse sa douleur).

Nagato veut que le monde (abstrait) reconnaisse sa souffrance, et afin de comprendre ses erreurs (correction) il se souvient de ses relations avec son mentor et son ami (collectif de singularité). Donc le second chemin (si j'ai bien compris) se fait sans la reconnaissance auprès d'une certaine personne, et la correction (dans le cas de Nagato) se fait par un souvenir des idéaux jadis retransmis (mais mal interprété) par un collectif de singularité (ici Jiraiya et Yahiko), est-que j'ai mal compris ?

L'exemple de Sasuke est vraiment le meilleur je pense. Malgré qu'il ait trahit Konoha en rejoignant Orochimaru, il reste le Sasuke que tout le monde aime. Sombre, calme, talentueux, intelligent, tactique etc, tout ce qu'il faut pour que le public l’idolâtre, et comme tu l'as dit sa quête est fondamentalement et moralement juste. Dès qu'il aura su la vérité il va changer d'objectif et cette reconnaissance sera en effet abstraite. Tout est mis en place pour qu'il ne soit plus aimé, il tue (ce qu'il ne faisait jamais autrefois, il ne réservait ce droit qu'à Itachi, Kishi le souligne très clairement lorsqu'il se débarrasse de milliers de ninjas avec Orochimaru pendant son entrainement), il combat différemment (utilisation intense de ses pouvoirs oculaires, moins de tactique etc.), il s'emporte très vite, il n'est plus aussi réfléchi, il devient en gros un psychopathe meurtrier sans vergogne.

Ce qui est intéressant c'est qu'il retrouve son calme auprès de son frère lorsque celui-ci revient (reconnaissance auprès d'une singularité). Sasuke est en quelque sorte un yoyo.

Oui Sasuke se retrouve dans la même situation que Nagato en fait. Nagato s'est fait manipuler par Madara, qui l'a conduit vers la reconnaissance universelle (mal), et Naruto l'a fait ramener du bon côté en lui rappelant les idéaux de Jiraiya et Yahika (bien)

On va voir si ce dernier va finalement réussir.
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Mat
Jûbi


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MessagePosté le: Mar 09 Oct 2012, 11:59 am    Sujet du message: Répondre en citant

Super vos deux messages ! Very Happy Il y a vraiment un prolongement, des ouvertures qui me plaisent beaucoup. Le jeu autour du particulier/collectif-abstrait est vraiment intéressant et permet d'apporter un éclairage sur Sasuke auquel je n'avais pas du tout pensé. Rien qu'avec ces échanges j'ai l'impression de lire une chronique écrite à plusieurs mains tant les éléments présentés développent le propos initial et permettent d'aller au-delà.

En tout cas cela donne très envie de se plonger dedans. Je tâcherai de le faire, sans forcément promettre une date car d'une part les problèmes soulevés sont loin d'être anodins et d'autre part il y a aussi les limites de mes analyses/connaissances. Il se peut que ces questions me dépassent - je ne voyais pas du tout aussi loin ni tous les éléments qui ont été exposés - et alors le traitement proposé serait très insatisfaisant.

Mais même s'il n'y avait pas une suite version Chronique, je pense que je posterais ici les réflexions qui auront pu me venir à l'esprit, ne serait-ce que pour les partager car les réactions produites sont très stimulantes. Si toutes les chroniques suscitent des échanges similaires c'est génial !
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Isumi
En cierto modo
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MessagePosté le: Dim 14 Oct 2012, 11:57 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le Vieux, ta réflexion me permet de creuser encore un peu plus l’idée de départ qui a émergée à la faveur du thème choisi par Mat.
De reconnaissance, je n’ai pu me soustraire à la notion d'identité, et plus précisément souffrance identitaire. De là, la notion de violence symbolique a rapidement sorti le bout du nez. Les Uchiha sont à mon sens le symbole fort de ce qu'une société même policée, peut faire à un groupe qui ne partage pas la même identité culturelle.

Citation:
Et encore : le meilleur exemple, le plus difficile aussi, n'est-il pas, de ce point de vue, Sasuke (en une sorte d'envers de ta chronique qui s'attache surtout à Naruto, autre figure centrale de la reconnaissance) ? Tant que Sasuke veut être reconnu par son frère, le manga le présente comme un bon personnage (égaré certes mais dont la quête est, en gros, juste). Dès lors que c'est au village qu'il adresse ses demandes (que le village reconnaissance sa dette vis-à-vis des Uchiha, vis-à-vis d'Itachi surtout, qu'il "paye"), il passe du côté du mal.



On comprendrait, par ailleurs, autour de ce problème, ce qui fait basculer Sasuke du côté du mal (et qui, à vrai dire, m'avait toujours un peu échappé) : précisément ce moment où la demande de reconnaissance ne s'adresse plus à un être particulier (Itachi) mais à une entité collective ou abstraite (Konoha, le système des villages).

Une souffrance qui résulterait d’un sentiment de vulnérabilité et d’infériorité ferait acquérir la qualité de victime. Or, Sasuke est dans un premier temps inférieur à son frère et vulnérable du fait de la violence infinie du tsukiyomi qu’il a enduré.
Ainsi, au fil de sa volonté de devenir plus fort et de se détacher affectivement de tous, Sasuke est de mon point de vue un exemple assez évident de tentative de réaffirmation de supériorité.
Les représailles qui s’attachent à son parcours sont passées du champ de l’intime (se venger de son frère, qui attaqué physiquement le clan et sortir du statut intériorisé de victime qui découle de cela) au champ du collectif (se venger de Konoha pour laver la violence symbolique faite au clan et plus largement affirmer son dégoût du système shinobi).

Sa souffrance n’avait qu’une visibilité réduite dans son espace social. Elle devient visible dès qu’il choisi de faire dissidence.

Citation:
Ce qui est frappant avec Sasuke, c'est que, comme Naruto mais plus intensément peut-être, le problème de la reconnaissance est si fondamental pour ce personnage qu'un geste finit par le symboliser entièrement -- la fameuse tape sur le front -- et qu'il est déplacé, ré-interprété de milles manières dévoilant toutes les ambiguïtés et toute la puissance affective de la reconnaissance.


J’ouvre une parenthèse:
D’une manière générale ce qui a résisté au temps justifie le respect comme s’il s’agissait d’un triomphe sur le néant et sur la mort. Comment ne pas penser aux statues de la vallée de le fin, aux visages gravées sur la flaise surplombant Konoha, mais aussi à l’art de Sasori ?
D’où l’importance des enjeux de mémoire au cœur même du travail symbolique.

L’individu a des aspirations existentielles puissantes. Et c’est pour cela qu’il a besoin de définir le territoire symbolique de son moi. Si ce moi n’est pas reconnu comme acceptable par la communauté, le groupe, ou si ce moi est blessé par le passé, l’ancrage sera d’autant plus fort.

L’angoisse de morcellement peut-elle se soulager grâce à des représentations qui renvoient à l’ordre du symbolique ? Sans doute.
Sasuke a fait comme il a pu pour se construire un noyau identitaire dans un contexte de drame personnel (et politique via l’histoire du clan).
Ce geste reste à mes yeux l’ancrage ultime.

Naruto n’est pas en reste. Mat a longuement étudié le personnage, mais un détail m’a toujours sauté aux yeux dans la construction de l’unité de sa trajectoire: l’ancrage par le nom « Je suis Naruto Uzumaki » .

Y-a-t-il une histoire de Konoha qui ne constitue pas une violence symbolique pour Sasuke et Naruto ?

Naruto a souffert, lui aussi, mais au départ, il s’agissait carrément de la violence symbolique liée à une "non histoire", de la non reconnaissance de son identité entière (car un démon est en lui, on ne lui souhaitait même pas son anniversaire, qui correspondait à la date de destruction de son village et à la mort de ses parents). Qui il était, d’où il venait, ce qu’il pouvait devenir dérangeait, posait problème.



Citation:
Or qui est l'opérateur de ce basculement, qui est celui qui dit à Sasuke, via un grand récit historique explicatif, qu'il se trompe de cible et qu'il doit reporter la haine de son frère vers un système plus général ? Madara. Or qui est celui qui, de toutes ses forces, tente de s'opposer à ce mouvement de généralisation en ramenant Sasuke, via le récit intime de leur relation, du côté de l'individu, des visages amis et des singularités affectives ? Naruto.



Il est vrai que dès lors que Sasuke a tout remis en question par la mort de son frère et bien sûr le discours de Tobi , il est bousculé dans les repères qu’il considérait jusque là pertinents pour justifier son attitude. Et c’est là que sa souffrance identitaire a pris une autre dimension.
Il rebaptise d’ailleurs symboliquement sa team à ce moment là. De Hebi à Taka, il passe de l’ouranien au céleste, à l’ascensionnel, est-ce un hasard symbolique ?



A la base, pour s’affirmer dans la vie sociale Sasuke avait davantage de potentiel de stratégies de distinction que Naruto.
Le classement dans l’échelle de valeur du système shinobi lui était plutôt favorable: talent (génie même), sand froid, aura du nom qui n’était pas négative à l’extérieur du village (on le voit à l’occasion des réactions du public lors de l’examen chûnin), ect…
Si être un ninja est une identité globalisante, héritée plus que vraiment choisie d’ailleurs, Sasuke pouvait compter sur une gratification de son talent, ce qui n’était pas le cas de Naruto.
Mais être un ninja de Konocha c’est peut-être davantage pour un Uchiha, car un contrôle social insidieux s’exerce par le biais de la volonté du feu hérité des… senjus.
Et pour Sasuke, c’est du domaine de non histoire, qui ne lui a jamais été raconté et qui s’est clôturée par un bain de sang. Comment la volonté du feu pourrait-elle être autre chose qu’une abstraction qui passera toujours après la résolution d’un problème intime tellement envahissant ?
Naruto enquiquinait l’establishment à loisir et à souffert de sa non histoire lui aussi (parce qu’un jour, kyubi..) mais jamais il n’a remis en cause la volonté du feu (sauf au moment de la rencontre avec son yami, cette autre facette de son moi intime qu’il a … réussi à accepter). Naruto avait tout à prouver, pour lutter contre la dépréciation de sa personne, Sasuke avait à lutter contre la dépréciation identitaire de son clan opérée par son frère et bien avant lui, par quelqu’un dont on ne prononçait pas le nom (lol pas fait exprès mais ça fait très Voldemor).

Ainsi chez Sasuke, est à l’œuvre bien avant l’entretien avec Tobi une autre logique de reconnaissance de l’identité.
Tobi ne fera que mettre en lumière une autre dimension de la problématique interne de Sasuke.
Qui sont les miens et qui sont les autres ? Alliés, indifférents ou adversaires ? Vers qui doit aller ma solidarité ou, éventuellement, ma suspicion ?


Madara est un personnage intéressant dans cette réflexion sur la reconnaissance.
Il a payé un coût de sortie très élevé car il avait accaparé l’identité clanique à lui tout seul, son attachement identitaire n’a pas supporté ce qu’il a pris pour une trahison de son clan, la réprobation dont il a souffert étant le signe que le clan était désormais « absorbé » par le code identitaire de Konoha.
Il est tentant d'expliquer sa vision cynique et désabusée de l'histoire avec sa blessure identitaire.Tentant aussi de mettre son utopie totalisante sur le compte d'une tentative de supprimer toute violence symbolique de nature à provoquer ce genre de blessure. Mais c'est un artifice, une illusion qui vaudrait mieux que la réalité et partant, cela ne règle fondamentalement, ce n'est rien qu'un contrôle social hissé à un stade de perfection.

Et pour Sasuke, à présent que la boucle est bouclée avec Itachi, Sasuke a le choix* de retourner vers l’intime parce que l’histoire du clan lui permettra de faire résilience ou au contraire de se jeter dans la grande histoire, révolté et vengeur.
Cette sphère de l’intime n‘est finalement jamais bien loin… elle a été constitutive de sa souffrance comme elle le sera peut-être de son apaisement. Sasuke pleure ses disparus. Le deuil a vraiment commencé.

*Marrant d’ailleurs, car c’est à la grâce du retour d’un autre serpent, Oro, que le faucon va tenter de faire son choix.



Edit: j'aime bien cette revue et je pensais que cet article pouvait profiter à tous:
http://www.scienceshumaines.com/les-philosophes-de-la-reconnaissance_fr_2663.html

L'encart "A lire aussi" donne également des sources intéressantes.

Et pour quelques prolongations supplémentaires, la revue du MAUSS peut être profitable.

En bref, mon message n'est pas forcément super, mais j'espère tout de même qu'il est un peu utile aussi. Wink
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