Auteur : Iwaaki Hitoshi
Genre : Seinen, Science-fiction, Action, Psychologie
Volumes : 10 VF (Glénat)
Parution : 1990-1995 (série terminée)
Pas d'adaptation.
Je ne suis pas forcément très emballé par les histoires d'aliens qui viennent envahir la Terre/détruire l'humanité mais je dois reconnaître que dans son genre, Parasite fut une bonne surprise.
L'histoire s'ouvre sur une nuit pas comme les autres, où des extraterrestres appelés par la suite parasites tombent du ciel, sous la forme de petits vers. Leur mission : s'introduire dans le cerveau des humains pour en prendre le contrôle. Une fois l'hôte parasité, ils prennent en effet pleins pouvoirs et peuvent changer d'apparence à leur gré. Comme se transformer en lames tranchantes ou en bouche géante, ce qui leur est bien pratique car, il faut le dire, ils sont anthropophages. Même s'ils préfèrent garder une apparence humaine la plupart du temps afin de garder leur existence secrète aux yeux de l'humanité. C'est ainsi que, suite à un parasitage raté, Shinichi, lycéen sans histoire, devient seul détenteur de l'effrayante vérité. En effet, le parasite censé l'envahir se retrouve contraint de prendre contrôle de sa main droite seulement, lui laissant pleine possession de son cerveau. Ainsi commence une étrange cohabitation entre deux individus d'espèces différentes.
La relation qu'ils entretiennent est assez intéressante. D'un côté Migy (c'est ainsi que Shinichi le nomme), en bon parasite, ne peut concevoir que le meurtre est un crime, le sens de l'altruisme, les conventions humaines. L'homme coexiste avec le porc et le tue pour se nourrir, c'est dans l'ordre naturel des choses alors pourquoi les parasites n'en feraient pas de même. La comparaison est discutable mais l'idée y est. De l'autre côté, les parasites ne peuvent survivre sans leur hôte, Migy doit donc tout faire pour maintenir Shinichi en vie, y compris massacrer ses propres congénères. Chacun va ainsi changer sous l'influence de l'autre : Migy, poussé par sa soif de connaissance, cherche toujours à en savoir plus sur les humains mais aussi sur sa propre espèce, leur origine, leur raison d'être ; Shinichi quant à lui se "déshumanise" progressivement, il gagne en sang-froid, s'affermit, ne pleure plus, c'est à s'en demander pourquoi l'on enterre un cadavre plutôt que de le jeter à la poubelle.
C'est en avançant dans l'histoire qu'on comprend le message que l'auteur veut faire passer. Des extraterrestres viennent exterminer l'humanité. Pourtant Parasite n'est pas une histoire de fin du monde, les parasites s'adaptent, se fondent dans la masse, dès lors, on se demande pourquoi ils sont là. Seraient-ils, en fait, le remède contre le fléau humain ravageant une Terre en déclin ? Pourquoi un tueur en série nécrophile ferait mieux la distinction entre les hommes et les monstres dans ce monde artificiel ? Et si le véritable parasite, c'était l'homme ? C'est à ce moment que l'on remet en question les limites de la tolérance.
Il faut aussi remettre les choses dans leur contexte, comme le dit l'auteur dans ses notes de fin, au début des années 90, les problèmes d'écologie, de protection de l'environnement n'étaient pas en vogue. Parasite abordait les choses sous un angle nouveau à l'époque. Je pense cependant qu'à la manière du racisme dans Eden, cela n'empêche pas l’œuvre de conserver toute sa profondeur et de rester d'actualité.
Dans l'ensemble les personnages, quoi que peu nombreux, sont cohérents et se révèlent plutôt intéressants. La transformation de Shinichi nous est aussi difficile à supporter que pour sa copine, les réflexions introspectives de Tamiya (un parasite ayant pris le corps d'une prof) sont exotiquement ponctuées de "silence !" assez marrants, et j'ai même fini par trouver Migy le parasite mignon. Le rythme général de l'histoire est maîtrisé, les événements s'enchaînent sans précipitation ni lenteur, l'action bat son plein jusque dans le dernier chapitre.
Le dessin n'est pas merveilleux mais reste de qualité. Il garde une certaine personnalité bienvenue, l'expressivité ou plutôt l'inexpressivité des parasites est bien reproduite. Je trouve personnellement les traits un peu trop "pointus" mais c'est un style et l'histoire se lit facilement.
En conclusion Parasite est une œuvre de qualité dont l'intrigue rythmée s'interroge dans le fond sur la société humaine. Bien qu'une fin un peu plus pessimiste m'aurait plu, le manga dans l'ensemble a su capter mon attention tout du long, j'en redemande.