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Chakal D. Bibi
~ Chakal Touffu ~


Inscrit le: 02 Nov 2004
Messages: 1937
Localisation: La Tanière du Chakal

MessagePosté le: Dim 14 Oct 2012, 11:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Sympa cette épopée, j'aime beaucoup =)

A quand la suite ? Very Happy

_________________
[quote="Speed Hunter"]Chakal lui c'est un héros de musicien ![/quote]
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Saharienne
Sennin


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Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 02 Nov 2012, 7:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je mets entre balise spoil le texte "julie" que vous avez déjà pu lire (fin USD et chakal quoi mais on est entre nous quasi hein xD), mais je suis obligé de le mettre pour la cohérence du texte :
Edit : encore une fois mes balises spoil ne marchent pas, ça doit être dû au modèle pour Cn que j'utilise non ? No idea :s Désolé pour la redite gentil lecteur ^^"

--

... Non vraiment, tout va bien. Je vais beaucoup mieux depuis quelque temps. A une époque... A une époque ça n'allait pas très bien non... A l'époque j'avais pris un train de nuit, je faisais un voyage Interrail, et comme pas mal de jeune je partais en Europe de l'Est, le mythe de l'aventure à bas prix et pas trop loin... J'avais pas peur des contradictions. Ouai... J'allais pas très bien, je voyageais seule et dormais chez des mecs que je chauffais dans les bars. Au fur et à mesure du voyage je me suis de plus en plus fatiguée et j'étais devenue de moins en moins exigeante, je prenais tout ce qui passait du moment que ça pouvait me laisser dormir chez soi quelques heures... J'ai finis par arriver jusqu'en Hongrie :

Spoil:
J'ai croisé le Petit Chaperon Rouge. C'était quelque part sur un des ponts qui relie Buda à Pest, en Hongrie. Une jolie rousse au nom de Julie. Son corps était tout cassé. "Si tu souffles, je m'écroule", qu'elle disait. Un peu comme toute la ville. Une sorte de souffle en suspension, Budapest c'est avant tout une haute forme d'illusion. Tu sais qu'il y a les plus grands plateaux de tournage de porno d'Europe. Julie le sait aussi. Tu sais qu'il y a eu de putain de tuerie communiste. Julie, elle aussi, elle le sait. Mais elle l'oublie dès minuit dans des bars, construit à la va vite dans des immeubles désafectés. On y sert des pizzas, de grosses parts, on y écoute du jazz, et bien sur de l'alcool, lorsqu'il fait parler les gens plus franc. C'est ça le piège avec l'alcool. Il rend plus con, bien sur. Mais surtout beaucoup plus franc. Le lendemain t'es géné parce que tu sais que tu n'as fais que dire la vérité, celle qu'en général tu rends plus sociable."Si tu souffles je m'écroule", qu'elle m'a dit bourrée la Julie. T'y croise des touristes, des vieux, des gens avec des bras en moins, des malades à la peau infectée de partout, de pures bombes de l'est, des hippies crado avec leur sac à dos. Même les touristes japonais ont l'air d'hippies en Hongrie.
Tout le monde retient sa respiration. Est ce que ça va tenir ? Sur un des ponts qui relient Buda à Pest, en face de la colline qui surveille la fête le vent soufflait fort quand j'ai rencontré Julie, une jolie rousse. Juste avant qu'elle ne s'envole...
J'ai alors eu l'impression que la croute terrestre allait se déchirer, entre Buda et Pest. Que tout ça ne pouvait pas tenir. J'ai vu les immeubles s'écrouler, les pilliers du pont céder, une faille gigantesque, entre Buda et Pest, s'était creusée. Elle faisait au moins, la faille, la taille de l'horizon. Et le Danube s'épanche sur la plaie. Julie avait raison, si on souffle, tout s'écroule. Mais personne ne veut le voir, le comprendre. Comme un oiseau qui repique à peine a-t-il décidé de monter trop haut. J'ai pensé la Terre coupée en deux, il est déjà trop tard. Je ne pourrais plus jamais revenir en arrière. Retourner en France. je suis coincée à Pest. La colline que je devine à peine au loin me nargue. Jamais je n'escaladerais l'Europe. Je resterais coincée à l'Est. Au milieu de cette cours des miracles continentales. J'ai beau me mentir, effacer mes souvenirs, recolmater le monde à coup de nostalgie, ça ne marche pas. Ce jour là où j'ai rencontré Julie...
Je n'ai jamais songé à mourir, ma peine m'aurait suivis, elle était trop forte. Quand je me voyais m'exploser au couteau c'était uniquement pour faire sortir tout ce pus. Toute cette crasse. Accumulée par les années. Frustration et compagnie. Les j'aurais du les j'aurais pu. Mon cerveau est comme un grenier, remplis de caisse qu'il ne faut pas ouvrir. Julie est entrée dans mon esprit, via la bobinette, la bobinette...
Il me faut partir vite, très loin. Très vite et loin. Pour les autres j'aurais disparu et ce sera presque pareil. Je dois apprendre à m'élancer plus loin et plus vite que la Tristesse. Qu'elle perde ma trace. Je passerais ma vie à partir. Je ne veux plus fuir. Oui, je ne courrais pas pour fuir. Je courrais pour remonter le temps. Ca fera cracher mes poumons, me liberera de cette substance dégueulasse noiratre qui m'embourbe. Je me noierais dans cet instant pur d'avant les salissures. Et je renaîtrais, ailleurs, autre part...
J'irais à Florence là où les musées parlent la nuit, je les ai entendu, j'ai entendu la Vénus sortir des eaux et dire que, dedans, c'était bon, mais quand on sort ça fait froid. J'irais à Rome, là où tout à commencé. J'irais en Serbie là où les gens sont tous coupés en deux. J'irais au Japon où les fantasmes vont plus loin que l'humain. Je ne serais plus qu'une particule en suspension traversant le monde à tout allure pour ne s'attacher à rien. A peine visible, j'aurais disparue.
Debout je contemple la faille. Et je repense à Julie. Elle avait la peau si blanche... Je crois qu'elle me rapelle quelqu'un... C'était avant. Avant que je ne me sois décidée à partir en voyage... Avant que j'en ai eu besoin... Elle me disait déjà "si tu souffles, je m'écroule". Et moi je ne comprenais pas... J'étais bête, en ce temps là. Elle était si fragile, Julie. Une femme puzzle, composée au hasard, les pièces s'embotaient mal, elle n'était même pas jolie, Julie.
Et Julie danse dans mon esprit. Je vois une tache rouge qui tournoie, qui me nargue et qui se noit dans le Danube, un peu plus bas. Je la vois qui tournoie entre mes souvenirs et rejoindre les Derviches de Turquie, et rejoindre les enfants aux robes longues dans le jardin de mes grands parents, et se jetter dans le Danube qui bouillonne avant de s'enfuir. Le fleuve, comme fuite éternelle, est parfaitement inexistant. Elle ne laisse qu'un plis dans l'air pour la suivre. Le Danube peine à la suivre. Il a fuit l'Allemagne, nous a emporté jusqu'à Belgrade là où les gens voient tous doubles dans de pathétique bus à dix sièges en fer et où la forêt couvre la capitale toute entière. Belgrad est sauvage, on y sent encore le sang qui couvre les terrains de tennis d'une ocre sombre. Et les Papis sympathiques qui ont peut être tué des musulmans qui te parlent dans le train "Franseska ?", "Plus maintenant" répondait Julie doucement.
Et elle danse dans mon esprit, je cherche à la chopper et à lui tordre le bras mais elle tranverse déjà la Slovénie, elle est vive Julie, à côté d'elle tout les humains ont l'air mort, ont l'air vieux. Elle avait à peine 14 ans Julie quand elle m'a dit en rigolant :"si je te souffle dessus, tu t'écroules". J'ai pris peur, j'ai décidé de tuer Julie, elle connaissait trop mes faiblesses, savait trop user de mes tristesses, elle jouait avec mes angoisses et mes névroses comme on jongle avec des balles. Les agite sous mes yeux. Et elle danse mieux que je ne pourrais jamais danser... En dansant Julie prend de l'ampleur, elle va au moins jusqu'à l'Horizon. Sa cape recouvre l'Horizon qui se tâche, il devient rouge, c'est la nuit, Julie est toute puissante dans le noir, elle pétine mon esprit pour me faire comprendre qu'elle y vit comme un parasite. Sa cape s'est étendue à mon monde entier. Dans mes yeux le reflet de son corps qui déplace, cette tache blanche sur mon monde rougit. Immonde instant de malaise. Je saisis mon arme, je l'arme, il faut tuer au premier coup, ne pas lui laisser le temps de se débattre. Car elle sait. Elle sait mon secret. Elle sait que si elle souffle, je m'écroule. Et je rejoindrais les abysses. Je la vois remplir ses poumons. Je vais la percer comme un ballon. Comme un bouton. Et faire sortir le sang blanc de Julie qui purifiera mon monde. Ses traits d'enfant me retienne. "Elle n'a rien fait", me souffle t on. C'est encore le vent. Julie est le loup qui menace les petits cochons. C'est également le Chaperon. C'est la menace, le pêché en préparation, et déjà le pardon. Oui elle n'a rien fait. Mais elle est la possibilité qu'un jour il y ait crime. Et moi je ne veux pas que cela arrive. Je vais la chasser. Elle ne doit plus jamais revenir.
OUI ! J'ai frappé Julie, perforer la chaire humaine est en réalité très facile, elle est bien tendue, comme un tambour, je l'ai refrappé avec l'acharnement de quelqu'un qui veut démolir, le ventre étant le plus agréable à viser, au début ça résiste et puis la lame avance ensuite en glissant sans soucis entre les vissères. Je me suis découvert une force nouvelle en même temps que le sang blanc de Julie purifiait mon monde, la force de ceux qui atteignent leurs objectifs, son sang colmate la Terre et recolle les morceaux détruits de l'Europe, j'ai découvert la force de l'homme lorsqu'il répare ses erreurs, et alors que je plongeais mes mains dans ses chairs pour mieux en déchirer l'intérieur je me mis à chanter une chansons apprise il a des années :
-Quand Julie était une p'tite fille... Une p'tite fiiiiiilleuuuuh
Elle faisait comme ça : Mamaaaan, mamaaaaan !!
Je ne me souviens plus du reste des paroles... Il y a beaucoup de chose que j'ai oublié. Je crois que Julie y vieillissait. Mais maintenant ce n'est plus la peine, elle est morte. Au final elle n'est pas si différente d'une octogénaire une fois étalée comme ça au sol comme un gros coussin en cuir blanc qu'on aurait déplumé. Elle n'a plus que la peau sur les os. J'ai enlevé tout le reste. Joli cadavre roux...
Moi j'ai tué Julie et sa peau blanche, à la machette, à la machette... Et ne reviendrais plus jamais, à Budapest, à Budapest....
C'est là que j'ai compris. J'ai compris qu'il me suffisait de sauter, pour que je m'envole. Face à la beauté d'un vers d'Aragon ou d'une chanson, plus rien n'existait, je m'envolais jusqu'à cette plaine où la solitude ne pèse pas, ou les Hommes ne pleurent pas et où plus rien n'a d'importance. Où l'on est soulagé de tout. Sans l'aide d'aucune drogue je m'envolais. Plus légère du meurtre de Julie. Plus rien n'a de poid et je goute enfin libre à l'ivresse par la beauté. Celle qui ne s'affadit pas. Celle qui ne vieillit pas. En tuant Julie j'avais tué l'antique peur de la mort. Et à présent l'immortalité d'une note m'emporte, plus loin que je ne l'aurais jamais imaginé alors Julie gouvernait mes pensées. Entre Oé et Aragon j'étais libre. De ce genre de pont comme il y en, entre Buda et Pest, certains se jettent pour en finir tandis que moi je m'envolais...

Quand je suis rentrée à Paris j'ai pris ma thune, mon indépendance et mon pass navigo sous le bras, ce qui fait beaucoup à porter au final, et je suis partie m'installer dans une chambre de bonne, 7ème sans ascenseur, et j'ai vécu avec l'impression de stagner dans la vie jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à ce que cet extra terrestre plutôt craquant me parachute à Barcelone. Barcelone est tout le contraire de Budapest. Elle est chaude, belle, bruyante. Je me souviens de mon dernier voyage alors que je marche sans regarder autour de moi pourtant et le contraste entre les deux villes m'explose le cerveau. Budapest est une sorte de cadavre, de Paris laissé à l'abandon. Barcelone est un grand village qu'on aurait laissé grandir anarchiquement entre construction ultra moderne laissée à l'abandon par la crise, œuvres de Dali dispersée un peu partout, cathédrale éternellement en construction de Gaudi... Barcelone est une ville inachevée car en mouvement perpétuel, Budapest est morte et grise et déconstruite. L'air chaud de Barcelone me brule cruellement la peau, j'ai l'impression de redécouvrir « l'été ». C'est un concept fabuleux. Comme il ne fait pas froid on est le plus naturel possible, on bouge sans contrainte comme il ne faut se cacher ni du vent ni de la pluie. Comme il fait chaud on a pas naturellement très faim, l'été est une saison économique pour peu que le Petit Prince s'occupe du transport...
J'arrive au bout des Ramblas, je passe le Musée de la Marine et un sexe shop où les vendeuses sont des infirmières en patin à roulette, finalement un escalier se jette vers une mer sale, le genre de salissure qu'on a près des ports trop touristiques et trop industriels, mais l'horizon est calme, 15h, il fait mortellement chaud mais en échange les rues sont vides, les gens cachés dans le métro, dans les grands magasins de la Plaza Cataluya, alors c'est dans un calme relatif que je peux m'allonger sur la première marche cradasse de cet escalier et me laisser aller à la morsure du Soleil. L'été, c'est clairement un beau concept... Je me demande pourquoi on ne l'importe pas plus en France...

Le bateau continue sa route mais ce n'est pas sur la Méditerranée en face de laquelle je suis... C'est encore cette mer du Nord et l'homme sur le pont reste face à la mer, tranquil... Plus le temps passe et moins je le trouve faible... Il y a une certaine force à pouvoir rester comme ça aussi calme et serein face à une mer aussi froide... Devant ce genre de mer je me liquéfierais de tristesse c'est sur... J'aurais l'impression que toute la chaleur humaine du monde a disparu... Mais lui mange son sandwich... Comme si c'était celui d'une caméra l'angle de ma vision change légèrement, je le vois de profil, juste assez de profil pour le voir sourire un peu... « La mer a des reflets d'argents.... La mer des reflets changeant... Sous la pluie... … La mer... bergère d'azur... Infinis... Voyez... Ces oiseaux blancs... … » Il a l'air de se souvenir des paroles... Mais je n'en entends qu'un vers sur deux...J'aimerais lui demander la suite de la chanson mais mon rêve se brouille, se complexifie, il m'échappe, il se ternit, il s’alourdit, je crois que je plonge dans un sommeil plus profond encore, un sommeil sans rêve...


J'ai posé mes valises à la chambre de la cité universitaire de Belfast avec Sigur Ros le chanteur islandais dans les oreilles. Ses phrasés sur aigus ressemblent à de la glace qu'on explose sur un pavé et ça correspond parfaitement à mon état d'esprit. Ca fait bientôt plusieurs semaines que je n'ai pas desserré les mâchoires, parlé à personne, sauf à ce Prince, alors forcément quand une vague d'étudiant, espagnol pour la majorité, déferle sur toi pour te montrer ta chambre, la cuisine commune, te donner les codes de la porte d'entrée : ça fait un choc, on se trouve très snob avec nos airs silencieux, mais heureusement personne n'y fait attention et la fête continue, avec ou sans nous.
Mais ce choc est trop grand, je passe mon tour et m'enferme dans ma chambre universitaire que j'ai loué à bas prix pour le mois et que j'ai réservé depuis Londres. Tout redevient silencieux. Peut être que j'ai rêvé tout ces gens je sais pas.... J'ai l'impression d'être défoncé... Elle ressemble vraiment à une cellule de prison, c'est assez impressionnant... Les murs sont en bétons grossièrement peint en bleu, le lit n'est qu'une natte de 5 centimètre d'épaisseur posé sur un cadriage de fer, il y a aussi un bureau et une porte qui donne directement sur une cabinet de douche-toilette tout en un. Bientôt j'aurais la marque du grillage imprimé sur le dos et même le dos bloqué mais pour l'instant c'est le lit le plus confortable du monde et je me laisse aller pendant trentes bonnes minutes... Sans trouver le sommeil. Impossible de dormir, tout mon sang entre petit à petit en ébullition sous l'impulsion de cette vague hispanique, j'ai besoin de sortir, de voir, de parler, de baiser aussi, de faire la fête bon sang... Faire la fête à Paris c'était squatter des appartements du 16ème en compagnie d'imbéciles à mèche, mais ici c'est différent, c'est comme si ça devenait une nécessité après plusieurs mois d'abstinence sociale, coupé de tout contact humain par la relative pauvreté de mon voyage. Alors je me change enfin, mes derniers vêtements propres en bon état mis à la va vite dans mon sac par ma mère au moment du départ et je sors en courant jusqu'au centre ville... Vide. Il est 17 heure et tout est fermé, tout est gris. Il pleut à intervalle régulier une petite pluie fine, pas assez pour te faire rentrer, juste assez pour te faire penser à quel monde la vie peut être merdique quand elle s'y mets. Alors je traine et je découvre comme ça le centre ville de Belfast. Les façades des boutiques sont claires  « fermeture - 17h » peut on lire un peu partout. Etrange ville endormie si tôt... Les monuments ne réchauffent pas l'ambiance : de la pierre de taille grise, des briques rouges ternes dans les quartiers résidentiels où de gigantesque fresque murales seraient presque belle si elles n'étaient pas le rappel glacial d'une guerre civile. Je suis pétrifié sur place en voyant ces rues désertes, toutes ces boutiques de secondes mains closes, même les bars n'ont pas de terrasses.... Il est trop tôt ou trop tard, mais je ne suis pas à la bonne heure, au bon endroit. Je ne suis pas chez moi. Ce constat me pétrifie. Pour l'instant je n'avais fais que voyager, de Paris à Brest, de Brest au Tunnel sous la Manche, puis Londres, l'Ecosse et enfin, mon point de chute tant attendu, Belfast. Mais ce point de chute ne m'attendait pas les bras bien ouvert avec une pinte de Guinness. Mon point de chute n'en avait rien à faire de mon arrivée en fait. Il n'avait aucune envie de ressembler pour me faire plaisir à l'image que je me faisais de l'Irlande, aucun lutin, mais même un lepreuchaune pour me faire plaisir, rien... J'étais dans une ville et je devais déjà être content qu'on m'y laisse marcher, c'est l'impression que j'avais en visitant ce minuscule centre ville entouré de zone résidentielle plus hostiles et plus vides encore... Je suis rentrée à la citée universitaire en marchant trente longues minutes, sous la pluie bien sûr, la pluie qui ne s'arrêterait jamais en plein mois d'Août, et j'ai pris un poste internet dans le salle commune pour envoyer un mail à mes parents et les rassurer, même si eux ne m'en avaient écrit aucun. Mon Facebook était désespérément inactif. Je n'existait pas à Belfast, mais au fond à Paris pas vraiment non plus... Mais je ne suis pas spécialement triste en faisant son constat, ce n'est pas comme si c'était quelque chose de tragique auquel on ne peut rien faire. J'ai l'impression que les gens veulent toujours que leur vies soit comme des romans pour quelle soit intéressante, mais les romans c'est un art de ellipse, il y a tant de chose qui permettent au héro d'être beau et intelligent et qui ne seront jamais montré, ne serais ce que quand il va au toilette, la branlette du matin... Je ne serais jamais un héro parce que je sais toujours quand je vais au chiotte et quand je me branle. Je ne peux pas m'éclipser moi même de ma propre vie. Il faut tout subir, tout regarder...


Je hurle « je t'aime » et tu n'entends pas
Tu ne sais peut être même pas que c'est à toi que je parle
Hey, pourquoi est ce que tu ne te retournes pas ?
Est ce que mes mots n'ont vraiment aucun effet sur toi ?
Peut être que je perds mon temps
Mais je dois essayer
Encore et encore
Et encore...



Un énorme mal de tête me réveille, fait chier.... Il est 18 heures et même si l'on est à Barcelone et que je pourrais très bien dormir dehors je comprends par instinct qu'habillé d'un seul manteau, même en cachemire, il ne vaut mieux pas trop squatter dans le coin tout une nuit... Du coup je lève ma carcasse et trempe quelques secondes mes jambes dans l'eau crasseuse et tiède de la mer pour me réveiller et faire descendre la température, j'ai vraiment cuits à dormir ici tout l'aprem... Pensant aider une prostitué quelconque une femme très chic me tend une cigarette dans un geste élégant, je la regarde sans comprendre et je finis par la prendre, avant d'avoir le temps de lui dire que je n'ai pas de briquet elle a déjà filé sur ses petits talons à semelles rouges... Je reste ma cigarette éteinte pendue aux lèvres quand je sens rapidement une odeur de cheveux cramés : mon Petit Prince un briquet à gaz entre les mains attend que je daigne tourner la tête visiblement très content de sa connerie. Je résiste. Je tiens. Des cheveux ça ne crame pas comme ça, surtout les miens, humides de sueur, alors j'ai de la marge. J'attends que ce petit con arrête de jouer avec moi comme avec une poupée et allume cette fichue cigarette qui devient de plus en plus séduisante au fur et à mesure que ma colère monte. Mais l'odeur de cochon brulé devient insupportable et j'ai un sursaut furieux qui menace de faire tomber ma cigarette Davidoff à la mer, mon Petit Prince la choppe, l'allume et tire une gigantesque taffe qui en fait partir la moitié en fumée. Fils de pute. Il consent avec un grand sourire innocent aux lèvres à me la donner enfin et s'assoit à côté de moi sur cet escalier poussiéreux.
«Alors Barcelone ? Ca te plait ? » « Pas trop eu le temps de visiter encore j't'avouerais... » Je tente de garder le contrôle, de ne pas l'inonder des questions qui m’obsèdent et qui observerait tout être humain normal qui a fait 1000 kilomètres au moins dans son sommeil. L'idée c'est de montrer que j'ai le contrôle, en général c'est comme ça que je dégage les violeurs, en montrant que je ne paniquerais pas, ça leur nique leur gaule et ils me laissent tranquille, avec ce pervers là ça doit marcher pareil. Mais non. Il continue la conversation comme si tout était parfaitement normal : « J'ai quelqu'un à moi ici, une vieille, tu devrais l'aimer je pense, elle a une chambre qu'elle utilise pas, tu dormiras chez elle jusqu'à ce que je te refasse signe. ». Impossible de résister : « Je vais plutôt me casser et rentrer chez moi, gros con ». Il rigole « Et avec quel argent ? » « Je me débrouillerais, je taillerais des pipes au contrôleur  tiens !» J'espère que mon courage va l’impressionner et le tenir à distance, le choquer. « Je ne doute pas de ton talent mais d'une part tu es sans doute trop jeune pour maîtriser vraiment le sujet et d'autres part... » Je lui colle une main entre les jambes avec un air de défis. Il rigole. Sa queue est de l'autre côté, au niveau de l'autre jambe, là au mieux je touche son aine. Ma main aussitôt devient maladroite, tremble et va se raffermir en se claquant un grand coup contre sa joue « Je suis pas ta putain ok ??! » « Crois moi c'est mieux d'être ma putain que celle de tout les autres... Surtout que des contrôleurs espagnols.... Des contrôleurs en général, je n'aime pas beaucoup ces gens là, j'ai connu un type comme ça qui comptait toujours tout, en fait surtout les étoiles, il pensait que comme ça.... » « Tu perds ton temps. » « Hum ? » « J'ai déjà lu le Petit Prince, je marche pas à tes bobards, le type qui compte je m'en souviens. » « Tu as déjà lu mon histoire ?  T'as trouvé ça comment ? ! Dis moi tout je le prendrais pas mal hein ! De toute façon c'est l'autre tantouze qui l'a rédigé pas moi m'enfin forcément tu comprends je prends toujours les critiques assez perso donc... » « … Ok ok, tu m'as eu, et donc elle habite où cette vieille ? ».

Je traverse les Ramblas dans l'autre sens et je finis par atteindre le Metro qui m'interesse. Quand j'arrive Plaza Espana il est déjà 19h et il fait nuit... Une foule dense se dirige façon papillon de nuit vers une fontaine où est donné un spectacle de son et lumière, c'est vraiment magnifique ouaips... Je reste là à matter tout ça sans penser à rien pendant dix bonnes minutes, quitte à être en retard... C'est assez puissant, on ressent cette même monté d'adrénaline que lors d'un film d'action, on a envie de faire des choses extraordinaires, de butter tout le monde dans de grands combats épiques qui feraient de moi une de ces héroïnes bonasses... Et puis on finit tous par continuer sa route, à pied, ou en métro...
Je traverse le parc municipal dédié à Joan Miro et une statue en forme de gode géant me guide à l'autre bout de la place végétale pour finir par arriver dans un quartier résidentiel vétuste... Contrairement au port olympique en train d'être construit pour les J-O de l'année prochaine cette partie de la ville montre vraiment comment l'Espagne était en galère jusque dans les 70, du linges est pendus aux fenêtres, l'aspect global est assez cradingue mais pas hostile, on s'y sent bien, un peu comme si cette crasse était la notre... Je traverse une avenue pavée et j'arrive devant un de ces immeubles... A la porte une vieille femme m'attend en fumant en cigare assise sur un banc face à l'entrée. Elle me fait un grand sourire édentée et finit par me faire entrer dans un appartement sombre, vieillot mais accueillant, me montre ma chambre avec le lit de camp au centre et part dans la cuisine. Je pose mes affaires et m'avance, gênée, vers le salon où trône la cage d'un canari. Je verrais rapidement que tout le monde, à Barça, mais alors là TOUT LE MONDE possède un de ces putains de canari. On en vend partout dans les rues, avec des rongeurs et des poissons. Elle arrive en trottinant et me sert un verre d'eau glacée avant de poser une cruche où nage un demi citron coupé en rondelle. C'est la boisson rafraichissante la plus merveilleuse au monde. Entre ça et l'été j'ai l'impression de vivre une sorte de rêve qui n'est pas chic, pas impressionnant, mais qui est tout simplement simple, une certaine idée efficace du bonheur qui ne se fait pas désirer. On se débrouille en espagnol pour se présenter. J'apprend rapidement qu'elle est une romancière cubaine en exil, qu'elle vient de La Havane et que les cigares cubains loin d'être un cliché sont un véritable mode de vie. Je tire quelques lattes difficiles, j'ai l'impression de fumer du carton mouillé et ma grimace de dégout semble la faire rire. Elle a me montre un de ses livres, passe plusieurs fois le doigt décharné façon futur cadavre sur son nom en bas de la couverture. L'édition est vieille, usée. En fait en tant que romancière elle n'a fait que trois bouquins au mieux dans sa vie. Le reste de son salon est couvert de papier, de note, de projet jamais finis, parfois à peine ébauchés. Ca me fait un effet assez tragique mais elle semble très joyeuse quand elle m'avoue qu'elle se voit comme une écrivaine ratée mais comme une écrivaine quand même et que c'est déjà pas mal. Je me demande si ce qu'elle a écrit est vraiment bon mais mon espagnol ne me permet pas, encore, de lire tout ça. Je lui demande d'où elle connait le Petit Prince. Je dois répéter plusieurs fois, elle ne comprends pas. Peut être que la traduction littérale « Pequeno Principe » n'est pas celle officielle en Espagne ? Aucune idée... Elle finit par me montrer une reliure, celle d'un organisme de voyage qui s'occupe de séjour  « chez l'habitant » . Pour 600 euro par semaine un organisme se charge de loger des étudiants en langue espagnole chez l'habitant l'été. Elle m'écrit indignée « 150 » sur une feuille et je comprends que c'est ce qu'elle touche en réalité, elle. Peut être que je me suis trompée d'adresse. Peut être qu'on se fou de ma gueule. Peut être que je suis complètement défoncée quelque part dans Paris après cette soirée de merde. Si ça se trouve j'ai encore 13 ans et je rêve dans mon lit à tout ça depuis plus de 7 ans. Ou bien rien n'existe vraiment. J'en sais rien, je m'en fou. Sa citronnade est bonne, c'est la seule chose dont j'ai besoin là maintenant. Alors je bois et j'écoute le récit de sa vie cubaine qu'elle me livre dans un espagnol très dur à comprendre, l'espagnol de cuba.
Son accent avale les voyelles et un « Buenos Dias » devient un « Bnos D... » incompréhensible, dur à transcrire. Mais je finis par comprendre qu'elle et sa famille tenait une entreprise de rhum artisanale et que lors de la nationalisation et de la construction du monopole des rhums Havana Club elle a dû partir à Miami comme les Barcardi. Mais l'entreprise familiale n'avait pas les reins pour tenir à l'étranger et ils sont revenus à la Havane se sont démerdés pour vivre en vendant des cigares remplis de sable à des touristes abrutis dans les rues. Ils ont vécut une dizaine d'année comme ça, les tickets de rationnements suffisaient pour deux semaines de nécessaire, le marché noir et la débrouille arrangeaient le reste. Transformer une carcasse de machine à laver en ventilateur c'était ça le quotidien entre les pauses cigares sur le pas d'porte. Parfois une coupure d'électricité de plusieurs heures, tout le quartiers sortaient et entamait des parties de domino, puis une guitare, au début, rhum aidant, on lui crie de la fermer mais une deuxième guitare, et rhum aidant la moitié du quartier finit par danser et chanter pendant que les joueurs de dominos excédé arrête la partie et sortent les cigares. Tout le monde fait la fête et puis le courant revient, les femmes gueulent, les maris rentrent et c'est repartis pour une soirée de galère à devoir cuisiner encore et toujours le même riz, les mêmes haricots violet, quand elle m'en parle mon hôte à l'air horrifiée, pendant dix ans elle n'a mangé que ça, riz, haricot, riz, haricot, parfois un peu de viande, non vraiment, les haricots devraient être rayé de la surface du monde qu'elle me dit. On loge à six dans une maison donnée par le gouvernement mais personne ne s'en plaint, tout le monde est à la même enseigne, et puis les soins et l'éducation sont gratuits, c'est une réalité alors face aux universités et hopitaux américains hors de prix, face à leur hégémonie mondiale le cubain reprend espoir et se dit que lui au moins aura eu les couilles de résister, Castro est réellement adoré à cette époque, c'est le fidèle compagnon du Che dont on visite la tombe-sanctuaire, Cuba a de la musique, de la danse, des hommes et des femmes fières, Cuba a même Hemingway dont elle a précieusement conservée la maison en l'état, Cuba a des plages sublimes et des mers où l'on croise des dauphins, des Barracuda, ouai en fait les haricots exceptés on vivait plutôt bien à Cuba. Les cubains aiment à penser que leur seul problème c'est les américains, ils disent « Trop loin du ciel, trop près des américains ». La vie même difficile était une vie joyeuse, entourée, une vie presque d'artiste au fond, et c'est peut être pour ça qu'il n'y a que deux types de cubains, ceux qui dansent et ceux qui jouent de la musique... Non si Dolores est partie ce n'est pas à cause de la vie parce que cette vie difficile elle l'a retrouvé en arrivant en tant qu'immigrée à Barcelone, c'est pour une bête histoire d'amour. Le genre bien con bien cliché. L'île est petite, les grandes et les petites villes sont connectées entre elles, l'autostop est un mode de vie organisé par l'Etat qui force les voitures, les fameuses américaines, à s'arrêter pour prendre les gens qui attendant sur le bas côté, alors forcément quand on tombe sur un homme, un salaud, qui a baisé toute l'île, c'est dur de l'éviter lui et sa réputation. Tout les autostoppeurs connaissent son nom, Michel-Angeles un mulâtre dont la famille était la plus pauvre de toute la Havane mais qui en donnait jour à Michel a donné jour à un sacré paquet de fric. Il était suffisamment beau pour faire venir jusqu'à des touristes européennes, des parisiennes précieuses, dans son lit pouilleux le salaud. Et loin de s’apitoyer sur son sort les femmes en rentrant chez elle gardait des souvenir de luxure qui ressemblent à ceux que produit le plus grand luxe. Cet homme donc était d'autant plus beau que la majorité des cubains sont laids, Dolores le reconnaît et se reconnaît elle même dans le nombre de ces femmes et de ces hommes obèses à force de se nourrir de graisses à bas prix, de soda moins cher que l'eau, la peau salie faute de douches, la figure ridée par le soleil et la fatigue. Le cubain n'est pas un bel homme par nature, mais le cubain est suffisamment heureux au quotidien pour s'en foutre éperdument. C'est quand il voit Michel Angeles qu'il pleure, le cubain, car il était le reflet de toute ce qu'il peut y avoir de beau dans toute l’Amérique centrale et latine, des occidentaux l'on voulu même une fois pour une campagne de pub mais sa nature de mulâtre l'avait fait superbe métisse mais déjà trop noir et le projet était tombé à l'eau. Sa plus grande gloire était donc d'être sur la couverture et les vitrines de pas mal d'agence de voyage cubaine, avec une canne à pêche à la main beau et fier face à l'océan qui lui rendait hommage. Dolores était sa voisine de palier et face à lui, jour après jour, elle était tombée profondément malade, pleurait au réveil, pleurait devant la glace, pleurait devant les Novelas Mexicaines qu'elle parvenait à voir sur la télévision du bar du quartier et qui montraient des femmes riches et bonnes, pleuraient de se savoir si jeune, elle avait 17 ans, et tellement fichue en l'air déjà par la vie qui lui montrait tout les matins ce qu'elle n'aurait et ne pourrais jamais avoir : ni la richesse ni les amis ou la famille mais simplement le bien le plus injustement réparti qui soit : la beauté.
En m'expliquant ça elle glisse un regard amer vers ma poitrine vaguement couverte par le manteau du Prince et mes cuisses. Pendant quelques secondes elle a l'air de m'en vouloir réellement puis avec un grand sourire elle me ressert en citronnade.
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Saharienne
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MessagePosté le: Dim 04 Nov 2012, 10:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le bruit de la rue monte peu à peu à l'intérieur de cet appartement sombre où je commence à me sentir mal à l'aise. Mais il est trop tard maintenant pour sortir. Ce matin je me suis endormie à Paris, cet après midi à Barcelone et ce soir je m'endormirais où ? Chez cette inconnue probablement...
C'est difficile à expliquer mais oui, tout cela me semble naturel. Je n'ai aucun moyen de contacter mes parents pour leur expliquer la situation. Je pourrais leur envoyer une lettre mais elle mettrait au moins quatre bonnes journées à arriver et Yanela n'a pas de téléphone pour que j’appelle à la maison. J'imagine leur soirée. J'imagine leur inquiétude. Elle ne me fait pas plus mal que ça... Comment dire, bien sûr ils doivent être mort d’inquiétude, je ne suis pas ce genre d'ado qui a l'égocentrisme des dépressifs, mais voilà, je pense que c'est un niveau d’inquiétude qu'ils peuvent gérer. Quand on travaille dans la finance je suppose qu'on à l'habitude... Ma mère et mon père travaillent dans la dedans, ils font parti de ces gens qui ont massivement investit au Japon et dont les actifs se sont littéralement cassé la gueule à la fin de la bulle économique d'là haut... J'allais au Japon souvent quand j'étais petite... J'ai vu les cerfs de Nara, j'ai quelques souvenir vague de temple, de rue bondée et de magasins d'électroniques bon marché... Et lors de mon dernier voyage les japonaises avaient changées, elles étaient devenue mille fois plus chics, plus précieuses, plus maquillées et gamines pour tout dire... On aurait dit de nouvelles Geisha mais qui ne savent pas danser ou servir le thé... C'est étrange, quand je pense au Japon je ne pense que par cliché... C'est décevant non ? Mais je suppose que c'est ce que recherche une enfant qui part en voyage … Je pense à tout ça en regardant les infos catalanes, je ne comprends rien mais les courbes à l'écran me rappelle celle que ma mère garde sans cesse sous ses yeux... Ils bouffent les pilules par paquet de dix mais je n'ai rien à leur reprocher, ils sont vraiment, vraiment, sans reproche... Présent, gentil, généreux, ils me laissent faire ce que je veux... Mais alors pourquoi le fait qu'ils puissent s’inquiéter autant pour moi me laisse autant indifférente ? En fait je vois ça comme une fatalité. Tôt ou tard je suppose que les darons passent par là, un gros moment de flip et puis ensuite tu comprends que ton gosse retombera sur ses pattes... Enfin, si je retombe sur mes pattes. M'enfin j'ai un lit, à boire à manger, si je pouvais leur dire tout ça ils ne s’inquiéteraient pas c'est sur... C'est drôle à dire mais ma plus grosse angoisse c'est de louper Premiers Baisers à la tv demain... Mais il y a peu de chance qu'on passe ça en Espagne... La tv est vraiment dégueulasse ici...
Ouaip... Voilà voilà...
Gros coup de fatigue. Envie de pleurer de que cette vieille me fasse un gros câlin comme on en voit à la tv. Mais je pense que ça n'arrivera pas... Elle a pas vraiment l'air du genre sentimentale... C'est bizarre mais elle m'a fait l'impression de quelqu'un bouffée par l'envie. De façon générale elle regarde tout avec envie. Elle ne me trouvait pas vulgaire habillée comme ça, comme n'importe quelle grand mère l'aurait fait. Elle matait juste le cachemire du manteau avec les yeux ronds et brillant... Pourquoi est ce qu'il m'a envoyé ici lui ? Je trouve un prétexte pour aller m'enfermer dans ma chambre et je go fumer à la fenêtre un coup en regardant la fumée retomber au sol mollement et disparaître... Des plantes sur tout les balcons, parfois du canna... Une fois la clope finit je me glisse sous la couette et commence à me caresser en penser à ce type guada que j'ai rencontré en soirée d'intégration dans ma fac y'a quelques semaines... Il avait la bite tordue dans l'autre sens, c'était génial... Les souvenirs reviennent et je suis rapidement assez humide pour que la caresse soit agréable, rapide, efficace. Trop rapide. Trop efficace. Pas vraiment agréable. J'ai parfois éprouvé plus de plaisir en me grattant un bouton de moustique -à ce niveau je sens que je vais être gâtée dans cet appart bien humide dont les fenêtres ne ferment pas- qu'en me touchant pendant cinq à dix minutes... Contraction des nerfs et des muscles, orgasme. Oui. Effectivement c'est indéniable c'est un orgasme. Mais ça ne ressemble pas vraiment à l'idée que je me fais du sexe. J'ai jouis quand j'ai cru que l'on me matait dans l'obscurité de la chambre. J'ai imaginé le Prince le faire comme ce matin. Il en est tout à fait capable non ? Oui. J'ai imaginé l'homme du Ferry dont je rêve me prendre comme un bucheron canadien cannibale et j'espère rêver de lui cette nuit encore, j'espère avoir l'énergie pour faire dévier ce rêve de façon plus... Onirique, c'est ça l'adjectif non ? En fait j'ai surtout envie qu'il me saute. Mais peut être qu'il n'en aurait même pas envie... Je suis plutôt bonne mais quand je m'assois mon bide fait des plis et j'ai la petite lèvre de ma chatte qui se barre en couille et qui dépasse. J'ai tout plein de vices cachés comme ça. Je les compte dans ma tête et je finis par m'endormir à 34. Je ne fais aucun rêve et me réveille en sueur en plein milieu de la nuit, vais pisser, boire, j'ai toujours trouvé ça contradictoire dans un sens comme dans l'autre, et retourne au pieu pour un sommeil tout aussi emmerdant.

34 euro pour les courses de la semaine. C'est de toute façon la limite de mon budget. Ensuite je sais pas comment je vais faire... Mais impossible de me rationner, j'ai trop faim... Ici pour pas cher on peut avoir du saumon et tout un tas de poisson alors j'abandonne ma viande rouge à tout les repas et je me contente de pâte et de riz avec ça. Quelques légumes parfois, pour impressionner mes collocs de cuisine. En tout quatre barcelonais, deux en provenances des Emirats Arabes et une belge flamande indépendantiste. La première soirée que je passe avec eux est assez semblables à celles qu'on attend du mythe de l'auberge espagnole, un basque, géant brun silencieux, fond en larme sur la table après six bières en me parlant de l'indépendance injustement refusée à sa région, un Emirati m'explique comment il espère gagner assez d'argent pour entretenir au moins deux femmes et, poussé par un élan d'humanisme, reconnait que quatre, c'est trop. Je pense qu'il sait que c'est injuste. Mais je pense qu'il trouve que tant que c'est injustement à son avantage, ce n'est pas trop trop grave. Au fur et à mesure que ma pyramide de bières s'agrandit et devient de plus en plus instable je deviens un merveilleux polyglotte et je passe de groupe en groupe, de nationalité en nationalité, de régionalisme en régionalisme (maintenant que mon basque semble près à rouler des pelles à cette flamande pourtant pas terrible terrible...)... Et puis tout d'un coup l'alcool aidant j'imagine une voix, étrangement à la tonalité de celle du Petit Prince, qui dans ma tête me dirait quelque chose comme « Sacrée soirée, ça fait longtemps, tu t'amuses bien ? » alors comme je suis un garçon poli je lui répond « ouaiiiiiiii » l'air ahuris... Je finis par distinguer la personne d'où provient la voix et je me présente, on vient tout les deux de Strasbourg et on déteste tout les deux les boshs, il m'explique qu'il est parti en Irlande après que sa mère ait été internée dans une clinique pour tarée et que sa sœur l'ait accusé d'avoir rendu sa mère malade... L'alcool aidant il se confie vraiment, il me parle d'une femme qui l'obsède et qui ressemble à sa grand-mère mais dont il n'a vu que le cul moulé dans de la dentelle noire... J'adresse un grand sourire à mon reflet dans le miroir avec un intense sentiment de supériorité sur cet être faible qui parle comme ça à des inconnus après trois verres. Ou six ou dix je sais pas j'ai pas regardé ce qu'il buvait... Un peu de dignité, merde.. Il me sourit aussi, je pense qu'il me prend pour un con, peut être que depuis le début il ne me raconte que des bobards... Lassé de sa compagnie merdeuse je me tourne vers une charmante espagnole totalement ivre qui rêve de rouler un premier vrai French Kiss et l'alcool aidant je passe de novice à professeur sans que personne sauf le type dans le miroir ne s'en doute.

Je crois que je lui ai vomis dessus... Pas sûr... Ou alors c'est son vomis... Aucune idée... Est ce qu'on a fait quelque chose? Une capote traine au lit mais elle est vide... La fille s'agite et étale de ses ou de mes déjections bucolique un peu plus sur la couette en tissus épais et gratouillant d'une chambre étudiante de la résidence. Comme elles sont toutes pareils j'ai du mal à savoir si je suis chez elle ou... Ouai, si, chez elle... Des photos de famille au mur, les parents lui ressemblent beaucoup. Ils me regardent un grand sourire alors que leur fille se met à ronfler sans être réveillée par l'odeur qui, soleil du matin aidant à la fenêtre, commence à devenir gerb... fin dégoutante quoi... Aucun mauvais goût dans ma bouche et avec l’acuité d'esprit d'un Dr House je remonte la trace des petits ex bouts d'aliments pour arriver définitivement à son menton. L'honneur est sauf. Mais du coup on a fait quelque chose ou pas ? Ce serait ma première meuf depuis... Depuis la vieille... Woua... Je la regarde et je la trouve plutôt jolie, dommage que je me souviennes de rien... « T'as.... » « Oui? », elle se réveille péniblement « T'as mis un... Un présa.... » qu'elle me murmure dans un anglais difficile et très accentué, juste sur l'avant dernière syllabe des mots. Je lui montre la capote clean et elle pousse un soupire las avant de se rendormir dans ses draps crases. Je sors de la chambre et go à la cuisine... En fait trois bâtiments plus loin. Tout les bâtiments, toutes les chambres, tout ressemble à tout ici, je me demande comment on est arrivé hier soir dans sa piaule... Bah, je finis par réussir à me faire un petit déj assez digne, tartines de pâte trempées dans du lait chaud. J'ai toujours fais ça comme ça et les gens ont toujours trouvés ça dégueulasse. C'est pas plus bizarre qu'autre chose pourtant non ? Les gens sont bizarres... Ils ne s'énervent pas pour les bonnes choses... Je vois un tube d'aspirine au bout d'un bras et au bout de ce bras mon Petit Prince, frais et beau bien sûr, qui me regarde avec un fou rire. Il prend un morceau de... et bien de vomis en fait, sur mon épaule et me demande de qui ça vient. Je lui raconte pour la nana et il mange ce qu'il..  et bien ce qu'il a trouvé avec un air rêveur en murmurant quelque chose comme « aaaah les femmes... », il pousse un soupir qui ressemble à un soupir amoureux cliché en machonnant... Je fais faire trempette au cachet d'aspirine et je vais m'asseoir sur un canapé défoncé, il se pose sur l'accoudoir et me demande si ça va, si Belfast me plait. Je lui dis que je m'y fais chier et il me répond d'aller à Dublin. « T'as choisis Belfast parce que c'était pas cher, mais j'ai un moyen de te faire gagner beaucoup d'argent rapidement et tu pourras aller t'éclater à Dublin ». « C'est quoi comme taff... ? » « C'est pas vraiment un taff » « Ca a rapport avec moi, mon cul et la fin de ma virginité annale? » « C'est pas non plus de la prostitution même si oui ça serait encore mieux si... Fin bref, non je te demande juste d'aller à la bibliothèque de Dublin, un gros bazar historique, et je te raconterais le reste là haut ok ? Je me charge du billet de bus jusque là et tu me rembourseras après ça marche ? » « Heu... Je suis là que depuis trois jours donc... » « Départ dans deux semaines. Ca m'arrange vraiment que tu m'aides en fait, j'étais grave dans la merde sinon, elle m'en aurait trop voulu si j'étais revenu en France sans... » « Ta Rose ? » « Ouai ma Rose ouai, on peut dire ça comme ça ahah » « Mais genre... Elle existe vraiment ? » « Ca t’intéresse vraiment ? » Il me tend un pétard parfaitement roulé et déjà allumé « Pas vraiment en fait... » et je me contente de fumer avec lui pénard installé sur le canapé toute une mâtiné fraiche et ensoleillée juste comme il faut, je regarde tout ça par la baie vitrée de la cuisine sans que personne ne vienne nous déranger, on parle de presque rien, de cul, des filles, de la difficulté qu'y'à à serrer une nana pas prise de tête... Je finis par partir prendre ma douche -je shlingue- en me demandant quel âge il a et bien sûr, bien sûr, à mon retour il n'est plus là.
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MessagePosté le: Dim 04 Nov 2012, 11:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Canon, ça s'bidouille tout ça, tu mets bien en place les persos et l'intrigue se tisse peinard, c'plutôt cool Very Happy

J'aime bien Dolorès, dommage qu'elle soit moche ><

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MessagePosté le: Sam 15 Déc 2012, 8:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

A lire avec un air de gamine trop gatée sur un air country (j'insite sur l'aspect country dla chose) :


Je n'attends pas depuis trop longtemps
Mais j'attends depuis très longtemps
Les journées deviennent des pièges
Et les nuits juste des nuits
J'attend sagement
Je suis une fille bien
Mais quand tu reviendras
Dans peu de temps
Dans trop longtemps
Je serais une mauvaise fille
Que tu auras fait attendre trop de nuits
Je ferais la moue je serais une vraie chieuse
Comme seulement le sont les femmes amoureuses
J'ai déjà tout préparé
Je n'ai rien d'autre à faire de mes journées
Je vais te faire croire que j'ai trouvé quelqu'un d'autre
Je vais parler de ces hommes si beau si proche
Et puisque tu ne seras pas jaloux
Puisque tu me connais bien
Je te dirais que j'ai le sommeil aussi peu lourd que mes amants
Que j'ai des cernes parce que je dors si peu
Que je pleure parce qu'ils me manquent
Je te parlerais de ce stupre dans lequel je me vautre
De celui qui m'a embrassé jusque sous ce porche
Et si ça ne marche toujours pas
Si tu ne pense vraiment pas ce genre de chose capable de moi
Je viendrais tout près tout près de toi
Te dire que tu ne m'auras pas vraiment manqué.
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MessagePosté le: Lun 07 Jan 2013, 8:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime.
J'aime ton texte et l'humilité qui s'en dégage à la fin.

J'ai aussi aimé :
Citation:
Je serais une mauvaise fille
Que tu auras fait attendre trop de nuits
Je ferais la moue je serais une vraie chieuse
Comme seulement le sont les femmes amoureuses


Tu as l'art de transformer " quelques problème de nana " en une unique façon écrite d'être d'exceptionnellement chieuse. Et moi, j'adore ça Very Happy

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Saharienne
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MessagePosté le: Mar 08 Jan 2013, 1:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je savais que tu aimerais cette sale gamine Very Happy

Voici un poème que je retravaillerais peut être un jour, j'avais fais un poème sur Open City et ses serpents, celui ci est dans la continuité :
---
Les femmes de l'Avenue des Champs Elysées.
---

Elles se succèdent excédées les femmes enchainées déchainées de ma mémoire,
l'argent à leur poignet comme un souvenir persistant brille dans le noir de mes oublis,
leurs épais bracelets luisent à mes yeux avec le même balancement ostentatoire des poussiéreux ostensoirs d'un temps révolu.

Si un jour tout s'effondre on me retrouvera parmi les décombres le nez haut, mais le nez seulement.

Les bijoux de la boutique Cartier scintillent orgueilleux à l'angle de l'avenue de Champs Elysées que je descend à demi morte, les Mouettes dans le ciel de la ville de Paris poussent des cris de victoire et l'Arc de Triomphe souligne la perspective rectiligne de ce monceau de cadavre de femmes inconnues alignées qui,
les pieds cerclés d'or et de cuir reposent l'âme en paix.
L'apocalypse sera la levée du voile des veuves.

Bois donc cette gorgée d'absinthe à la santé de ces femmes ceinte des bijoux et des ceinture que l'on offre aux putes que l'on respecte le plus purement du monde.

Si j'ai tort c'est que je suis sur la bonne voie,
mais ne me dis pas de revenir en arrière,
je plane à vingt mille bornes du système solaire, je ne t'entends déjà plus, même la voix dans ma tête elle s'est tue. Je crois que je suis perdue et la raison qui me servait de boussole s'éclipse avec la Lune pour me laisser si seule face à tout ça...

Est ce qu'on paie toute sa vie une erreur faite une seule fois ?
Est ce que ce sera toujours la même merde ?
Est ce qu'il existe une solution ?
Est ce que quelqu'un m'écoute quand je cris ?
Quand je suis si seule et que dans mes délires je m'imagine que je cris ?
Je ne me rappelle plus du son de ma propre voix.
Personne ne perçoit les signaux d'alarme de la fumée de ma cigarette.

J'écoute la respiration d'Open City et ça me sidère cette puissance ça me sidère sa force et son beat que j'écoute béate a la meurtrière de ma tour si haute que ça me sidère la hauteur et l'ampleur d'Open City et le vrombissement des machines leurs cris d'agonies et d'impuissance dans la nuit les voitures qui fuient la nuit se croyant libre mais moi je vois bien depuis ma meurtrière depuis ma tour là haut si haute qu'elles prennent toutes la même bretelle d'autoroute.

Elles se succèdent excédées les femmes enchainées déchainées de ma mémoire, elles passent devant moi, sans me voir, et aucun de mes cris ne les arrête plus dans leur chemin rectiligne jusqu'à l'abattoir d'Open City.
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Lun 14 Jan 2013, 9:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tu es exceptionnelle !
C'est toujours surprenant ce que tu fais en poésie.
C'est presque une ambiance XIXe au début en étant un peu universel du fait de la symbolique des Champs.
Ce mélange d'ensemble et d'individuel, du "elles" et du "je" qui dégouline peu à peu vers le "je" et ses questions..
C'est un cri à deux sens, celui du "je" dont on ne comprend pas vraiment l'origine, qu'on lit comme un malêtre un peu abstrait si ce n'est quelques indices, et le cri critique du narrateur ou du "je" ce genre de perte d'âme "vers l'abattoir", d'habitude à ce luxe ou à ce comportement de femmes ...
Y'a un jeu d'imaginaire que tu introduis par la mémoire, comme une description de ce qui se passe dans la tête, comme si ce grand boulevard était un boulevard irréel où se promènent les idées (les femmes du texte) les pensées, les envies, les désirs, les dégouts ... avec une vulgarité envers tout ça, allusion aux esclaves-aux putes comme si finalement ce qu'on trouve "dégueu" dehors, dans la vie, on l'a tous dans un coin de tête ... ^^ comme un genre de mensonge ou de bienséance public mais que la pensée (l'imaginaire) , au cœur de l'intime,désacralise car ton open city (dans ce texte là, je me souviens avoir lu l'autre mais je sais plus trop comment il était) c'est un peu l'idée qu'on fait tout et n'importe quoi et pas forcément en bien... je vois ça comme un open=liberté mais dans l'excès, ce qui pousse vers quelque chose de crade sur certains aspects, les traits les moins fameux de l'humain.

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MessagePosté le: Mer 20 Fév 2013, 1:16 am    Sujet du message: Répondre en citant

Héhé merci ma jolie ! A tout ça je t'ai répondu sur facebook aussi je ne vais pas pompeusement m'étaler, je suis très contente du plaisir que tu as eu à lire ce poème :p

--
Poème encore provisoire
--

Si tout ce que j'ai vécu,
Tout ce que j'ai cru aimer,
Tout ce que j'ai vraiment souffert,
M'a conduite à ce genre de bonheur là,
Redonnez moi encore de mes 16 à 20 ans,
Que je sache s'il est possible d'aimer davantage
L'homme dans les bras duquel je me repose
D'avoir cru aimer,
D'avoir vraiment souffert.

Volant loin quelque part dans le ciel,
Un corbeau luisant et noir ;
Rampant à mes pieds,
L'ombre d'un chien bâtard ;
Je traine toute une animalerie
De regret, de peines, de repentis,
Qui coassent, hurlent et grognent dans ma mémoire,
Des injures masquant ton nom
Des non dit muet de ne pas te connaître.
Peut être se moquent-ils de ma prétention
A me croire aimée,
A ne plus vouloir souffrir.

Des poètes, de jolies phrases et muses charmeuses,
Se plaignent auprès de moi,
Me disent que je les ai abandonnés,
Qu'il me faudrait être martyr:
Que pour être vraiment vivant il faut souffrir.
Pourtant, souvent,
Le long d'une inspiration,
Paralysé par l'empire du démon,
Noyée sous une pluie de virgule en chute libre,
Je retenais mon souffle :
Muette de terreur
A l'idée qu'on fatigue un peu plus
Le simple muscle qui me servait de cœur.

Sans doute toutes ces ombres sont elles des phantasmes,
Des idées noires pour tapisser l'écran de mon esprit...
Pourtant le soir quand j'y repense,
Ce n'est qu'en détournant le regard sur la droite,
Que je mesure ma chance.

Moi qui n'ai jamais su faire qu'être amoureuse
Dont l'âme se vend à la moindre attention
Prostituée de l'amour et du bon sentiment,
Il aura fallut bien du temps
Pour apprendre le juste prix de ces choses là
De tout ce qui se donne, prête, mais ne se vend pas.

Un corbeau noir luisant dans le ciel
Mais ce n'est pas un mauvais présage
C'est le rappel des origines
Où pour la première fois comme la dague
D'une quelconque série noire, son bec,
L'arme du crime, s'est enfoncé dans la chaire virginale,
D'un coeur qui n'avait jamais rien ressenti d'autre
Que de vagues sentiments d'enfants.

Et puisqu'il faut qu'il y ait des ombres,
Pour donner de la richesse à ce clair obscur,
Puisqu'il y a de la noblesse même dans les plus de ces vives blessures,
Qu'on me pardonne seulement de marcher en direction du soleil,
Pour les garder par derrière moi.

Puisque nos corps sont en miettes sitôt
Qu'ils osent à peine se découvrir capable de jouir;
Puisque nos âmes sont incapables de pureté
Et qu'ils nous faut consumer ce que nous avons,
L'instant tout juste avant, aimé;
Puisqu'au départ de tout est la blessure
Je ferais de cette cicatrice l'esquisse
De la chaire nouvelle
Qui s'offre, encore,
Encore,
Encore et encore,
Aux dégradations les plus basses, aux humiliations les plus vives.

Et si tout ce que j'ai vécu,
Tout ce que j'ai cru aimer,
Tout ce que j'ai vraiment souffert,
M'a conduite à ce genre de bonheur là,
Redonnez moi encore de mes 16 à 20 ans,
Que je sache s'il est possible d'aimer davantage,
Bien que je ne le crois pas.
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MessagePosté le: Mer 20 Fév 2013, 5:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je te poste un petit quelque chose ici quand même:

Tu as atteint un quelque chose digne des plus grands.
Je suis encore toute bouleversée de ma lecture.
Ce poème là; tu touches réellement à du grand, du beau.
Je vais pas m'attarder en compliments sinon ta tête va exploser Razz
Je te dis juste, bravo bravo bravo.

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MessagePosté le: Jeu 21 Fév 2013, 2:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Saharienne a écrit:

Puisque nos corps sont en miettes sitôt
Qu'ils osent à peine se découvrir capable de jouir;
Puisque nos âmes sont incapables de pureté
Et qu'ils nous faut consumer ce que nous avons,
L'instant tout juste avant, aimé;
Puisqu'au départ de tout est la blessure
Je ferais de cette cicatrice l'esquisse
De la chaire nouvelle
Qui s'offre, encore,
Encore,
Encore et encore,
Aux dégradations les plus basses, aux humiliations les plus vives.


J'adore ce passage!
On ressent une absence de plaisir dans l'acte sexuel. Comme une simulation machinale.

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MessagePosté le: Ven 15 Mar 2013, 1:07 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un texte inspiré par mon dernier cours de philo.
En gros ça traitait de comment l'apparence a souvent été considérée comme un mensonge par les grecs etc... et pouvait être vu par des modernes comme une composante à part entière et complémentaire du réel. Il n'est donc plus nécessaire de se faire chier à sortir de la caverne.
Il s'agissait aussi d'imaginer une forme de communication sans langage humain, comme pourrait en développer des autistes profonds, insensible aux langages "logos" raisonné traditionnel.


Perdition de l'Esprit.

Une pieuvre infâme étalé sur un dalami crasseux, décollé aux plinthes et anciennement blanc cassé, une pieuvre enrobée de poussière et de graisse, de bouts de nourritures champignonés, une pieuvre sur laquelle courent et copulent des cafards bouffant leur prédécesseur morts comme le font tout les cafards du monde. Une pieuvre agitée de spasme visqueux, irrégulier, asymétrique et douloureux, tantôt un bras, tantôt les jambes, parfois le buste ou la nuque, un spasme brusque et ample comme un nerf qui s'arrache au fer rouge. Une pieuvre en mouvement donc et pourtant à l'air parfaitement inerte, comme si son corps de pieuvre mort était simplement relié à un générateur électrique déréglé. Une pieuvre aux cheveux bruns d'être sales, à la peau grise, aux cernes vertes, une pieuvre aux bras trop maigre, une pieuvre aux jambes tordues dans le mauvais sens. Oui. Passé plusieurs semaines de décomposition un cadavre de femme, anorexique et négligée, ressemble étrangement à une pieuvre échouée et battue encore et encore par le ressac sur les mêmes reliefs immuables.
Mais trêve de romantisme. Pour comprendre la présence de la bête il faut quitter l'étude des signes habituels, l'étude du vrai et du faux, pour partir en quête de la vérité dans son dialogue immuable allant encore et encore, aux mêmes frontières floues, si floue, de l'apparence et du réel. Il faut admettre que la bête étalée de tout son long dans sa caverne crasseuse et n'a pas tenté d'en sortir malgré les clefs posées sur la table de l'entrée. Il ne faut pas chercher de petit ami, de raison à un suicide, de famille, de raison à un meurtre. Il faut laisser parler ce corps muet. Sa bouche ne pourra plus jamais prononcer le moindre mots et pourtant tout ce corps étalé pulse encore comme pulse les ruines, les châteaux, les grands romans. Il pulse parce qu'il existe au delà de son existence terrestre, son apparence physique, seule chose qui nous soit donnée, être unique et déjà simple amas anonyme d'un milliard de cellule.
Voici l'histoire d'une femme qui prétendit être tout à la fois la fin et le moyen de son propre monde.
Tout commença lorsqu'elle appris à lire et qu'elle lu des romans et nouvelles, de la poésie. Le premier et fondamental traumatisme vint de la découverte de récit à la première personne. « Je choisis ». « Je fis ». « Je mourus ». Qui était donc tout ces gens qui semblait vouloir parler à sa place ? A l'exception d'un poète plus modeste et honnête que les autres pour déclarer que, effectivement, « Je est un autre », tous semblaient se complaire à employer ce ton assuré de l'homme agissant. Or pour elle il semblait clair qu'il n'exista pas d'autres Je qu'elle même. Dans son esprit tout était clair :
-Je pense. Je suis. Je mange. Je vis. Voilà ce que je suis, voilà comment je vis, ce principe simple je ne peux pas en douter, il est aussi sûr que le sont mon prénom et mon nom ! Et pourtant quand je les écoute ils semblent tous convaincu d'exister avec la même force, la même vivacité que moi... Moi qui suis la seule narratrice je ne comprends pas... Je ne comprends pas... Pourquoi tout ces gens semblent aussi sûr d'exister ? Probablement certains même que je ne connais même pas ! Que je n'ai jamais vu ! Et ces gens pensent et mangent et boivent en pensant « Je pense, je mange, je bois » ! Je n'y vois qu'une seule explication logique : ces gens parlent de moi. De moi oui. De moi.
Dans son esprit commença a se tordre la fonction du langage et la jeune femme se plongeait de longs mois dans un parfait silence, le regard creux. Ceux qui l'observaient en avait conclu à son absence de pensée, à son absence d'être. C'était tout le contraire. Son cerveau, plus rapide, plus complexe, plus performant, que celui de la plupart de ceux qui croisaient sa route, son cerveau donc, était plongé dans une réflexion si profonde, dans une observation si continue de lui même, dans un amour si absolu pour sa propre activité, qu'il ne daignait que très rarement remonter à la surface et constater la présence d'homme à ses côtés comme autant de personnalité, de primate, de poteau de signalisation, simple objet vaguement consommateur de son si précieux oxygène.
-Je suis le Concept. Le seul et unique Objet de toute étude, de tout savoir. Le seul Sujet. La seule chose qui soit me soit, encore et encore, renvoyée par le miroir, la seule chose qui soit, la seule chose qui soit... L'aboutissement de tout chemin de toute histoire puisque après ma mort il n'y aura PLUS RIEN... La seule raison le seul Dieu, la seule pensée la seule voix, la seule chose que je puisse croire la seule chose qui soit. Fille unique de mon temps... Seul compte le tempos de mon esprit, son mouvement comme un métronome pour le monde...
Repliée sur elle même de longues heures jusqu'à ce que ses parents et sa famille perdent toute trace d'amour et d'affection pour cet être sans connexion avec leur monde, incapable de la moindre manifestation d'attachement, on traduisait comme étant de l'ingratitude son absence totale d'intérêt pour la communication.
-Je pense qu'au fond la solution est très simple. Dans tout ces romans c'est de moi dont il s'agit. Lorsqu'ils parlent même les parasites m'empruntent un peu de mon savoir, de mon être, les sales vampires, les sales suceurs de « je », les sales incapables !
Ce fut donc avec la bénédiction de tous qu'on la laissa s'enfermer à 21 ans dans un petit appartement d'une ville industrielle du Lot. Heureuse et comblée, pleinement satisfaite de cette vie contemplative, ne cherchant pas, comme s'y abîment les autres hommes, à distinguer le vrai du faux, le mensonge de la vérité. Les religions ne l'intéressaient donc pas, vénérant seulement sa propre science, pas plus que les sciences exactes ou la météo. Seul comptait ce mouvement incessant qui seul habitait son esprit, vague allant et venant d'un bord à l'autre de son être, abreuvant sa soif d'expérience du monde, « je vois, je sens, je ressens », la moindre sensation d'un bout de métal froid sur la pulpe d'un doigt l'absorbait des semaines entières car elle y voyait comme un tsunami la sensation du réel déferler sur sa conscience.
Sa mort qui aurait pu être douce, résultat d'oublis répété de se nourrir ou de boire ou même de respirer, fut malheureusement beaucoup plus brutale. Un jour qu'une panne de courant priva le quartier tout entier d'électricité, électricité dont elle avait besoin pour ses expériences, elle eut la stupide idée de formuler : « on est bien dans la merde ». Ce « on » innocent pour tout autre qu'elle déchaina une vague sans précédant d'information. Elle pris à la fois conscience mieux que jamais de l'ampleur de sa personne et tout d'un coup considéra le reste du monde non plus comme un troupeau de vampire mais comme des condisciples. Tentant alors pour limiter les dégâts de remettre le courant le plus rapidement possible elle s'électrocuta maladroitement lors de la remise en marche des circuits généraux et son corps sans vit s'agita de soubresaut pendant plusieurs heures.
Ainsi à la fois Etre et Neant, morte et vive, cette femme tel une pieuvre infâme étalé sur un dalami crasseux, décollé aux plinthes et anciennement blanc cassé, une pieuvre enrobée de poussière et de graisse, de bouts de nourritures champignonés,...
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MessagePosté le: Ven 15 Mar 2013, 2:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hello Sarah !
Encore une fois j'aime. J'aime parce qu'au début je me disais "olalala on pige rien", et que le neuf se dénoue au fil des lignes. J'aime toute cette discussion autour de l’identité, d'ailleurs ton "je" se lit en 3 grades: le "je" des livres dont tu parles, le "je" du personnage, et le "je" du lecteur. TANT DE JE.
Ce qui fait, que ce passage:
"-Je pense. Je suis. Je mange. Je vis. Voilà ce que je suis, voilà comment je vis, ce principe simple je ne peux pas en douter, il est aussi sûr que le sont mon prénom et mon nom ! Et pourtant quand je les écoute ils semblent tous convaincu d'exister avec la même force, la même vivacité que moi... Moi qui suis la seule narratrice je ne comprends pas... Je ne comprends pas... Pourquoi tout ces gens semblent aussi sûr d'exister ? Probablement certains même que je ne connais même pas ! Que je n'ai jamais vu ! Et ces gens pensent et mangent et boivent en pensant « Je pense, je mange, je bois » ! Je n'y vois qu'une seule explication logique : ces gens parlent de moi. De moi oui. De moi. "
Je l'ai lu en mode j'insiste bien la prononciation sur les "je".
Ensuite j'aime beaucoup le déroulement des actions, tu passes des mécanismes "je bois, je mange"... à l'abstrait "je sens, je ressens", comme l'Homme est passé de "l'animal" à l'humanité. En quelques sorte ton personnage ici, regroupe la conscience de ces interrogations philosophiques tout en étant la personne l'exemple. (Je sais pas si je suis claire). Le trouble de lire les "je" des livres alors que le "je" c'est le lecteur, c'est l'homme, la personne dans la vie réelle.
Bref, j'aime vraiment la réflexion menée, et menant à réflechir. Ce n'est pas prise de tête dans le sens trop pompeux ou sérieux, c'est lisible et clair, simple et pourtant très complexe quant à ce qui est dit.

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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 20 Mar 2013, 11:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Moment d'absence




J'ai le cerveau complétement détruit
A force d'y réfléchir
Liée aux barreaux d'une chaise
La frange collée au front par la sueur,
J'ai les doigts en sang et les ongles inexistants
Ensanglantant
Tout jusqu'au papier toilette de la maison de tes parents.

J'ai le cerveau qui tourne à vide
Je sens mon démon me saisir et
M'emporter dans la nuit
Sans me demander mon avis il me pousse
Vers un précipice avide :
L'abysse des vices,
Lieu où l'on te pardonne à chaque fois que tu esquisses,
Un seul geste, oui un seul suffit,
Pour te retenir :

Pour chaque tentation
Il y aura toujours
Une échappatoire.

Tu avais beau le savoir
Il est déjà bien trop tard,
Maman avait dit onze heure
Il est bien deux heures du mat'
Ce qu'il s'est passé entre onze et deux heures
Maman ne doit pas le savoir.

Ca restera entre nous,
Enfin surtout entre moi ,
Je me suis sentie si seule ce soir là;
Si seule que nous aurions pu être deux.

Liée aux barreaux d'une chaise
Tu m'avais dis « mets toi à l'aise »
Pourquoi est ce que je n'ai pas vu
Que j'avais le cerveau complétement détruit ?
A force de courir on finit par fuir
Et moi en talon de 12
J'ai finis allongée jambe en l'air sur cette fichue pelouse,

La même où regardant les étoiles
Tu m'avais récité un poème
Appris en quatrième
Au collège du quartier je crois bien qu'il commençait
Par une histoire de violons qui chiale
C'était l'automne oui
Entre onze et deux heures du mat'
Dans une ruelle sombre où personne ne passe jamais
Pas même pour vivre, pas même pour pisser,
Seul les chiens parfois,
Mais les chiens ne m'ont pas regardé
Entre onze et deux heures du mat'.
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MessagePosté le: Mar 11 Juin 2013, 9:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Enfin finit une nouvelle Very Happy
J'suis un peu beaucoup rouillée à ce niveau, du coup j'ai fais un truc pour tenir la distance et fil narratif plus long que d'habitude, le thême est connu je sais je sais, je voulais juste tenir les 14 pages Very Happy

———
L'effet de resilience
———

Vince Vaughan et ses candidats


Vince Vaughan ajusta ses lunettes et jeta un dernier regard paniqué au miroir. De la sueur sortait des pores de son nez. Quand le technicien lui fit signe d'entrer en scène tout les deux échangèrent furtivement un regard triste. Ils savaient très bien que l'émission risquait d'être déprogrammée d'un jour à l'autre car trop chère remettant en question les emplois de centaines de personnes. Vince Vaughan savait très bien aussi qu'à son âge on ne lui confierait plus jamais un nouveau programme. Le jingle de l'émission était sa sonnerie de téléphone portable, le logo son fond d'écran d'ordinateur, certains des anciens candidats, surtout les plus victorieux, étaient devenu de véritables amis. C'est avec tout ce poids sur les épaules qu'il avança dans une arène inconsciente des enjeux de ce qu'elle allait vivre. Ou justement beaucoup trop ? Les trois candidats déjà debout derrière leurs pupitres avaient l'air particulièrement enjoués alors qu'ils pourraient tout à fait être les derniers. S'ils le savaient en tout cas ce n'avait pas l'air de les atteindre. Peut être même qu'on éteindrait les projecteurs avant même que l'émission ne soit bouclée. C'était la troisième émissions enregistrée ce matin là et Vince Vaughan était épuisé. Il fit cependant ce qu'il savait faire de mieux au monde : son métier. Après tout l'émission avait encore un score correct chez les ménagères, les attrapes-annonceurs, et son sourire ultra bright y était sans doute pour quelque chose. Aussi ce matin là soigna-t-il tout particulièrement son sourire. Le tube des années 2010 I'm picky des Shaka Ponk lui explosa pour la troisième fois de la journée les oreilles, le jingle le stimula, les lumières le réveillèrent, les cris de la foule achevèrent la transformation, il était prêt à faire semblant, à faire croire à ces gens que tout allait bien, qu'ils allaient passer un excellent mercredi midi. Alors que les mercredis midi n'ont jamais intéressé personne et qu'ils ne seront jamais intéressant. Enfin presque.
Ce sont ses cheveux qui lui avait ouvert les portes du métier. Il n'avait jamais eu de brushing et pourtant semblait toujours impeccable quelque soit sa tenue, l'heure ou le contexte. C'était en outre un homme cultivé qui avait eu ses heures de génie et dont les charmes avaient plutôt bien mûrit grâce au contour ferme et viril de son menton. Peu à peu son image de jeune intellectuel s'était lissé et il avait finit par être chassé à la case des jeux du midi un peu comme un bouton dont on attend qu'il soit mûr pour l'exploser. Il en avait en outre toujours été parfaitement conscient. Mais peu à peu, à la même vitesse qu'il s'était ringardisé, il avait finit par se prendre d'un amour féroce pour cette case horaire où la culture devenait l'objet du peuple le plus populaire et de lui seul, culture boudée par les élites et prise à bras le corps avec passion par plusieurs milliers d'habitués qui connaissaient de la taille des pénis de baleine au diamètre de la grande horloge de Londres. Il avait finit par en faire une sorte de mission personnelle et le public qui perçoit mieux que l'on ne croit les attentions des animateurs à son égard lui avait bâti une carrière de 25 ans au sein du pôle divertissement de la plus grande chaine nationale. Si les audiences étaient faiblardes c'est qu'un nouveau jeu sur la chaine concurrente était animé par une pétillante trentenaire qui avait réussis l'exploit de passer auprès des ménagères non pour une concurrente mais pour une amie de toujours. La rumeur disait qu'elle couchait avec le patron de la chaine mais Vince Vaughan pensait avec plus de réalisme mais aussi plus de désespoir que c'est tout simplement ainsi que les choses vont et que l'on passe de mode tôt ou tard, sans que ce ne soit la faute de personne.
Les trois candidats du jours étaient venu par leur propre moyen. Le budget de l'émission s'était considérable réduit ces dernières années. Des rumeurs pas totalement infondées faisaient état de limousine venant chercher les candidats lors d'une époque dorée passée il y a 15 ans maintenant. Les lots eux n'avaient jamais été très important, un appareil photo, une encyclopédie, un ramasse miette électrique... On ne venait pas par appât du gain mais en raison d'un certain amour de l'art du quizz, et par désœuvrement aussi... Beaucoup de retraité retrouvaient une seconde jeunesse derrière leur nouveau pupître, amusaient une dernière fois la galerie et savouraient un instant de gloire villageoise bien méritée. Mais Vince Vaughan remarqua dès les spots lights abaissé un détail tout à fait intriguant dans le choix des candidats de ce troisième enregistrement. Tous plutôt jeunes et plutôt beaux, très habillés ils avaient dans les yeux une lueur différente, plus féroce, que celle des candidats habituels. Vince Vaughan se dit que ces candidats là étaient venus pour gagner. Il n'avait jamais montré tant d'acuité. Le temps d'un détour de la caméra il desserra sa cravate. Il n'en pouvait plus. Ce n'était pas tant pour lui qu'il voulait se battre que pour la centaine d'emplois qui reposait sur ses épaules en tant que co producteur de l'émission. Récemment une assistante était même tombée enceinte. Aussi décida-t-il d'ignorer les candidats et de se concentrer sur sa troisième phrase d'accroche du jour, quelque chose à propos du mauvais temps et du fait de rester joyeux en famille devant sa télé.
Camélia Castaldi n'écoutait visiblement rien des paroles du présentateur. Si il avait fait attention il aurait pu voir que la candidate le snobait même royalement. Elle coiffait et décoiffait son brushing court à l'arrière long à l'avant dans un but incompréhensible de déstructuration capillaire, de temps en temps en mordillait une mèche compulsivement pendant une micro seconde et pour se faire pardonner souriait ensuite avec l'éclat très particulier des femmes qui ont conscience de leur charme. L'étiquette portant son nom et prénom avait été collée bien en haut de sa poitrine généreuse par un assistant consciencieux qu'elle avait laissé faire espérant par la suite en tirer avantage. Elle n'avait jamais eu le moindre scrupule à se servir de sa plastique pour obtenir des bénéfices variés et rarement naturels. Au contraire elle en avait fait un art, un hobby, comme d'autres le tricot et mentalement elle collectionnait ses plus beaux trophées fait de riches émiratis, de grand parleurs américains et d'esthètes parisien ou japonais. Son teint mat et ses yeux verts lui permettait, associé à son corps, de plaire au monde entier sans que la barrière de la langue ne soit autre chose qu'une paire de lèvre trop sèche, une couche de lipstick trop grasse.
L'animateur annonça les trop connues règles du jeux les yeux rivés sur le prompteur pour ne rien oublier par habitude et le regard de Camélia Castaldi s'illumina :  « - Bien sûr vous connaissez le principe de l'émission, des questions, des quizz, des épreuves physiques et le gagnant remporte une somme de un millio... Excusez moi bien évidement comme vous le savez le gagnant remporte la somme de mille euro et un voyage sur la côte basque de notre organisme partenaire Aqua Viva, Aqua Viva des vacances pour toute la famille !! »
Un autre candidat avait lui carrément sursauté à l'étrange labsus de l'animateur. Jusque là il été resté plongé dans ses pensées profondément, se laissant maquiller et installer comme un automate. La première chose qui choquait chez Jean Jaffrin c'était son costume. Chaque pièce, chaque détail, chaque bouton, respirait la qualité. Rien n'était visiblement laissé au hasard et pourtant l'ensemble dégageait une impression de simplicité propre aux vêtements de très grandes marques. Sous les lumières du studio la soie de son pantalon brillait d'éclat changeant. Son visage aurait pu être banal s'il n'avait pas dégagé lui aussi la même impression de qualité. Chaque trait, chaque détail, chaque organe, donnait envie de faire irrésistiblement confiance à ce brun proche du mètre quatre vingt dix à la stature noble. Détail infime discordant, son front déjà ridé pour un homme qui devait seulement approcher la trentaine... Enfin ses mains étaient parcouru d'infimes tics neveux aux jointures, frissons électriques presque imperceptibles. A le voir on aurait pu supposer qu'il s'agissait d'un homme riche travaillant dans un quartier d'affaire. En réalité Jean Jaffrin avait certes travaillé longtemps dans les assurances d'avantage grâce à ses relations qu'à ses diplômes mais avait finit par tout perdre sur un coup de poker mal chanceux quelques semaines seulement avant l'enregistrement de l'émission. Jean Jaffrin était plus pauvre que pauvre bien qu'ironiquement il vivait encore dans une maison de luxe dont il avait eu le temps de devenir propriétaire avant d'apprendre qu'elle avait été bâtie sur un terrain inondable la rendant légalement impropre à la vente. En attendant la prochaine crue il pissait donc dans des toilettes de marbres dans lesquelles il n'avait pas d'argent pour mettre du papier toilette.
Enfin si, quelqu'un pouvait s'en douter. Du moins c'était une personne qui par nature avait l'habitude de se douter de tout, une personne si petite, si adorable, qu'il n'existait rien ou presque qu'elle ne finissait par savoir. En fouillant dans sa poche on aurait donc pu voir le portable de Jean Joffrin sonner misérablement sans faire le moindre bruit en mode silencieux comme il est d'usage sur ces plateaux. Sarah Saada était une puce blonde d'un mètre cinquante cinq au museau pointu et qui évoquait dès le premier regard une adorable souris. Elle était de ce genre de femme dont on ne dit pas qu'elles sont belles mais dans on tombe amoureux dès le premier regard comme ce fut le cas de l'assistant juste après qu'il eut épinglé les étiquettes des noms et prénoms sur le torse des deux autres candidats. Si le bellâtre brun du milieu était trop préoccupé pour s'en rendre compte l'animateur figea rapidement ses yeux sur son regard gris pétillant et ne pouvait s'empêcher de contenir sa stupéfaction devant l'adorable créature qui remplaçait ce matin là les grands mères habituelles. Reprenant sa contenance il commença à énoncer les règles du jeux. Quand Sarah Saada entendit le lapsus du vieil homme elle ne pu s'empêcher de sourire largement. L'animateur croyant en signe de soutien s'attacha d'autant plus à elle. Ce fut sa première erreurs.

Mais l'important n'était pas là. L'important n'avait jamais été là. L'important était comme bien souvent au delà des lumières et de la scène, à l'arrière du décors. L'important c'était ce public. Ce public qui avait crié trop fort au début de l'émission. Ce public trop bien habillé. Ce public trop attentif à chaque seconde qui passait sur le plateau en surchauffe sous l'effet de plusieurs heures de spotlight braqué sur un sol en plastique bas de gamme imitation plancher. Ce public trop penché vers l'avant. Dans l'attente. Vince Vaughan connaissait la plupart de ses habitués. Souvent c'était les mêmes grands mères désoeuvrés de l'arrondissement du studio d'enregistrement. Il n'était pas rare qu'il ait le droit à des gâteaux et autres petits cadeaux de la part de ses groupies. A cause du stress et des enjeux de la journée il n'avait pas fait attention à leur absence. Ce fut sa deuxième erreur.
Enfin sa troisième erreur fut sans doute la pire de toute. Celle qui marquerait à l'acier brulant sa conscience de remords jusqu'à l'en rendre complètement fou : Vince Vaughan se mentait à lui même sur ce plateau en pensant aux emplois en jeux. Il s'était menti durant le maquillage, dans la voiture en venant tôt le matin au studio, en se brossant les dents, la veille et bien des années encore avant. Quant à quand il avait commencé à mentir, c'était plus difficile à déterminer. Mais c'était ces mensonges bien plus que la pression de son métier de producteur qui faisait couler tant de perle discrète de sueur de son visage qu'il tamponnait dès que la caméra se tournait vers les candidats. D'un geste plus nerveux qu'à l'habituelle mais son sourire mythique figé au visage il pris sa première fiche de note et s'avança sous des hourras trop fort au centre des lumières artificielles qu'un rail de MDMA lui faisait voir plus vives et plus colorés. Un moment d'absence. Pendant quelques secondes il se laissa aller avec bonheur à la chaleur des projecteurs comme une jambe de femme sort discrètement mais avidement de l'ombre en avril. Par vice. Cette lumière lui faisait tant de bien qu'il aurait, à cet instant précis, aimé se consumer en elle avec chaleur. Il aurait peut être pour lui mieux valu, dans ce monde mortel l'âme est plus précieuse que le corps et il perdit définitivement ce qu'il pouvait prendre pour son âme lorsque les portes du studio se rouvrir plusieurs heures après que l'ingénieur eu mis un cadenas de sécurité sur chacune d'elles un peu avant le début de l'enregistrement. Après cet instant de délice seulement Vince Vaughan remarqua que le public était radicalement différent de celui des deux enregistrements précédent. Il ne vit pas les détails aveuglé par la lumière mais la salle avait été entièrement renouvelée, elle qui avait de plus en plus de mal à se remplir. Ses chaussures trop petite en cuir trop neuf lui faisaient terriblement mal et le mauvais coton de sa chemise le démangeait mais en vrai professionnel il lança la première partie du jeu.

Le quizz.


Depuis quelques années une équipe de jeune rédacteur s'était attelé à faire les questions les plus ennuyantes et quelconques possible. Rédiger les questions pour un quizz grand public était extrêmement difficile, il fallait ne faire ni trop coquin ni trop religieux ni trop politique... Et la réserve nationale en culture G s'épuisait vite. Le parti avait été pris de puiser dans les dictionnaires et grandes encyclopédies les plus formelles aussi Vince Vaughan fut il extrêmement surpris en lisant son premier carton : « Combien de fois avez vous fait l'amour.... cette semaine ? ». Son air interrogatif avait plus avoir avec le contenu de la question qu'avec le quizz mais les candidats q buzzèrent pourtant presque aussitôt l'énoncé de la question finie. Vince Vaughan était à cran, drogué et bientôt au chomage aussi perdit-il rapidement patience : « Excusez moi, coupez, coupez s'il vous plait, je crois qu'un petit malin a pris mes notes ! Si c'est une blague de pot de départ ça ne fait rire personne, l'émission continue jusqu'à nouvel ordre les gars et j'aimerais bien un peu de soutien ! », le présentateur était hors de lui mais tentait de se contenir devant la jolie blonde. Les techniciens haussèrent les épaules impuissants, la location du studio ne permettait de toute façon pas de rallonger les délais d'enregistrement, si problème il y avait il fallait le régler vite ou tout simplement abandonner la partie une bonne foi pour toute et chercher du travail ailleurs. Un bruit strident résonnait avec insistance, Jean Jaffrin appuyait avec une régularité suisse sur son buzzer. Excédé le présentateur qui remarquait seulement à présent ses habits haut de gamme lui donna la parole d'un geste sec : « 1 seule fois avant que ma femme ne parte Lundi ». Il regardait avec espoir le tableau des scores « Je vous remercie mais ce n'était pas-... » Le rouleau annonçant les points marqués par les candidats se mis à trembler puis à faire un tour sur lui même, posant le score de Jean Jaffrin à 1 contre 0 pour ses deux concurrentes. Le sourire de Jean Jaffrin fut déformé par un tic nerveux mais satisfait de lui pendant que la belle brune tapa du pied agacé en sifflant entre ses lèvres que de gagner avec une réponse si minable n'était pas digne du jeu. Vince Vaughan était plutôt d'accord mais en accusait d'avantage la question que la réponse du candidat.. Seulement la régie avait semble-t-il acceptée sa réponse. Après tout c'était peut être une façon de faire remonter l'audimat. Il repris ses fiches et la caméra se remis à tourner : « Selon votre mère quel est votre pire... défaut ? ». Il masqua du mieux possible sa colère. Son émission était une émission culturelle. Pas une de ces putains d'émissions racoleuses de témoignages larmoyants et glauques. Néanmoins il donna la parole à la jolie souris qui articula sans émotion particulière :  « D'être née.  Elle n'aurait préféré jamais m'avoir ». Le panneau des scores lui donna automatiquement un point sous l'air médusé des techniciens qui tentaient en vain de joindre la régie. Vince Vaughan finit par se dire que cette mise en scène était une façon ridicule et particulièrement humiliante de le virer. Aussi décida-t-il de rester digne et de continuer comme si de rien n'était : « Quel est votre souvenir le plus douloureux ». Tandis que les deux femmes semblaient prise de cours l'homme appuya sur son buzzer avec un sourire triste : « Lundi, quand ma femme m'a quitté ». Le rouleau des scores ne fit pas semblant de bouger pendant que Jean Jaffrin semblait vouloir le faire bouger à la force de ses yeux furieux. Vince Vaughan allait reprendre la parole quand Jean Jaffrin cracha dans un soupir : «Lorsque j'ai perdu toutes nos économies. Vendredi. Suite à quoi ma femme m'a quitté le Lundi. ». 2 pour Jean Jaffrin. La jolie blonde souriait en signe de réconfort et la brune plus mature semblait figée sur son buzzer, rageuse.
« Très bien... Très drôle les gars... La régie vous m'entendez ? Vous pourriez me répondre, ça ne fait rire personne ici ! ». En fait c'était faux. Quelqu'un riait beaucoup depuis le début de l'émission. Ce quelqu'un c'était le public. Il semblait trouver les confessions des candidats proprement hilarantes. « Bon sang vous allez me répondre ? C'est quoi ces questions de merde ? … Rien ? Ok très bien, très bien, je ne sais pas si c'est pour l'audience ou pour vous foutre de ma gueule mais je vous la fait cette émission, oh oui je vous la fait, et ensuite je vous vire TOUS compris ?  Prochaine question ! Ahah je sens qu'on va bien rire avec celle là : « Qu'est ce que vous préférez le plus dans la vie ?? » question passionnante hein, vraiment passionnante ! Tout le monde se demande ce qui peut bi... » Il fut interrompu par le compteur qui ajoutait dans un grincement poussiéreux son premier point à Camélia Castaldi. « Pardon ? Mais c'est du grand n'importe quoi elle n'a même pas répondu ! Oh la régie ! Mais vous allez répondre oui ! ». « Elle a répondu » ajouta la voix fluette de Sarah Saada... « C'était même... Une réponse amusante. Le public voudrait mieux l'entendre je pense... ». Camélia Castaldi la fusilla du regard et articula cette fois ci sa réponse : « La sodomie. ». Sarah Saada rigola doucement avant de rajouter « Ce n'était pas exactement ça... ». Lasse Camélia Castaldi dit alors distinctement pour tous « La sodomie... Avec des animaux. Voilà.  Question suivante s'il vous plait ».
Vince Vaughan était médusé. Peut être plus encore que par les questions ou que par cette réponse, il était médusé par le sérieux des candidats déjà à nouveau concentrés sur leur pupitre et l'air prêt à se sauter à la gorge. Prêt à LUI sauter à la gorge s'il ne posait pas rapidement la question suivante. Ce fut cette peur instinctive plus qu'aucune raison claire qui lui fit continuer le quizz : « Croyez vous en dieu ? », 1 point pour le « Non » très clair de Jean Jaffrin, « Que pensez vous de vos parents ? », 1 point pour le très doux « Je voudrais qu'elle meurt» de Sarah Saada, « Quel est votre plus grand secret ? », 1 point pour le récit par Jean Jaffrin d'une arnaque à l'assurance se montant à plusieurs millions d'euros, « Avec combien de personne avez vous couché ? », 1 point pour le sybillin « Une seule » de Sarah Saada. La compétition mettait coude à coude Jean Jaffrin à 4 et Sarah Saada à 3 suivit de Camélia Castaldi à 1 point seulement. Elle en regagna cependant trois coup sur coup et pris la tête de la compétition grâce à des questions portant uniquement sur l'intimité sexuelle, question pour lesquelles, de façon générales, elle fit preuve d'une grande inventivité dans les réponses dont pour certaines Vince Vaughan préféra se convaincre qu'elle était le fruit de son imagination tant elle était dégradantes : « A quoi avez vous pensé ce matin en vous levant ? ». Les candidats eurent alors, dans une synchronisation parfaite quoiqu'à des volumes différents, répondirent d'une même voix : « A gagner ». Le compteur face à une telle égalité formelle décida d'accorder un point à chacun. Avec 5 point Camélia Castaldi se qualifiait pour le second tour à la surprise générale vu les cris du public. « Bravo à l'heureuse qualifiée ! ».
Peu à peu Vince Vaughan s'habituait à l'étrange de la situation et il s'enveloppa dans les rassurants tics du métier qui lui permettait, croyait-il, de contrôler la situation ou, croyait-il, tout du moins de garder sa dignité. « Nous passons donc à présent aux questions en duel, mademoiselle Sarah Saada et monsieur Jean Jaffrin s'il vous plait avancez vous vers les pupitres, nous rappelons que cette épreuve est éliminatoire et que malheureusement vous serez disqualifiés à la première erreur, Jean Jaffrin gardez vous la main ? » « Non ». « Sarah Saada c'est donc à vous, Sarah Saada quel... quel rôle avez vous joué dans la mort de votre père ? ». « J'ai volontairement fait un tour du pâté de maison avant d'aller chercher un défibrillateur à la station service ». Son air d'angelot créa une dynamique extraordinaire dans l'esprit de Vince Vaughan qui imagina en quelques secondes tout jusqu'à l'inceste pour lui trouver des excuses. « Très... Très bien, Jean Jaffrin, une question presque classique j'ai envie de dire, avez vous trompé votre femme et si oui combien de fois ? » « Oui. 4. ». « Sarah Saada êtes vous déjà tombée amoureuse ? » « Oui » « Etes vous en couple ? » « Il me semble que les questions se posent une à la fois, monsieur, et que vous ne devez pas improviser, monsieur ». « Oui, oui pardon excusez moi très bien, le jeu continue (mais quel jeu?) Jean Jaffrin quelle est votre plus grande peur ? » « Rester pauvre ».
Vince Vaughan était emporté dans une frénésie proche de la folie, il ne lisait plus les questions, semblait les deviner presque à peine posé l'oeil dessus, il ne se choquait plus des réponses des candidats et appréciait au contraire leur rapidité chirurgicale, leur absence de sentiments, de remords, de honte. Aussi fut-il presque déçu lorsque le jingle correspondant à une mauvaise réponse résonna dans le studio. « Rester pauvre ». Ce n'était pourtant pas la question la plus dérangeante, ni la réponse la plus exotique. C'était pourtant une réponse fausse. A ce moment précis Vince Vaughan aurait tout donné pour savoir la plus grande peur de Jean Jaffrin, celle qui avait justifié un tel mensonge. Il n'avait pas encore compris qu'à ce quizz ce n'était jamais réellement de simples mensonges. Tout avait déjà été trop dit, trop fait. Mentir à ce stade ce n'était plus possible. Si Jean Jaffrin s'était trompé c'était faute d'avoir lui même l'information. Vince Vaughan en déduisit que lui même ne savait pas quelle était sa plus grande peur et cela l'intrigua. Mais tout fut oublié au moment où il vit le radieux sourire de Sarah Saada se dirigeant vers la place centrale du plateau dédiée aux gagnants symbolisée au sol par un rond en plastique rouge. La lumière se figea sur elle et tout sembla magnifique en ce monde aux yeux de Vince Vaughan, même le candidat malheureux ne put s'empêcher de se sentir réconforté un instant... Avant de pousser un profond hurlement de rage.
Ce hurlement réveilla Vince Vaughan de son hypnose. Pourquoi tant de haine ? On pouvait simuler un intérêt pour ce jeu stupide et sadique, on pouvait se moquer de lui en faisant appel à des acteurs qui répondraient selon l'inspiration du moment, mais on ne pouvait pas simuler un tel désespoir. Le gain en jeux était trop faibles pour motiver une telle colère. L'audience était trop faible pour qu'il n'ait à se sentir humilié. Et pourtant son désespoir semblait sincère. Tout s'était passé si vite... Il y eut un long moment de silence et Jean Jaffrin finit par sortir de la scène pour aller en coulisse comme convenu par le script habituel, il s'était calmé, il restait encore un espoir.
« Sarah Saada est donc notre gagnante, bravo mademoiselle, à nos deux gagnantes avant de poursuivre Sarah et mademoiselle Camélia Castaldi notre partenaire les éditions Hasbrow vous offre … » Mais au lieu de l'habituelle encyclopédie sur les animaux marins ce fut une puissante voiture de sport clinquante qui s'afficha au centre de l'écran de fond de plateau. « Heu... oui. Très bien, décidément la régie est partie en pause sandwich visiblement... et donc voici venu le moment du quitte ou double, mesdemoiselles vous pouvez empocher vos gains et quitter le jeu, auquel cas monsieur Jaffrin nous rejoindra, dans le cas contraire vous continuez le jeu ! Mademoiselle Castaldi ? » « Je continue. ». Son ton était sans réplique et glaça le présentateur qui réalisa que depuis le début malgré ses réponses exotiques elle avait conservée le plus grand calme et la plus grande détermination. « Mademoiselle Saada ? ». Il la regardait intensément pour l'encourager et l'inciter à continuer la partie, sa présence était bien sa seule motivation à ne pas quitter le plateau à l'instant. En fait depuis le début il avait espéré par son calme et son professionnalisme qu'il tentait de maintenir malgré tout l'impressionnait. Si elle quittait le jeu il partirait avec elle et lui proposerait un restaurant, ou peut être juste un verre, n'importe quoi. « Je vais quitter le jeu et repartir avec mes gains... » « Vous êtes sures ? Vraiment sure ? Vous avez bien réfléchi ? » « Oui, et je pense que je vais quitter le jeu, je suis déjà très heureuse de … de mon encyclopédie ». Ce que Vince Vaughan pis pour de la modestie ou de la timidité était un étrange mélange d'ironie et de pitié, aussi quand il valida son refus de continuer la partie et qu'il réinvita Jean Jaffrin d'un regard glacial il ne put s'empêcher de la regarder avec insistance espérant la convaincre de rester dans le studio jusqu'à la fin de l'enregistrement.
Sarah Saada s'approcha du présentateur et avec le geste le plus doux qu'on puisse imaginer elle le prit dans ses bras pour le remercier et lui dire au revoir. Elle l'enveloppa de toute la douceur que peut avoir une mère, ou plutôt une sainte. Elle entoura ses bras autour de son cou qu'elle caressa furtivement et pressa sa poitrine contre son torse avec innocence. Ses cheveux sous le nez de Vince Vaughan avaient une odeur qui faisaient croire aux miracles. Elle se retira, le regarda droit dans les yeux et lui sourit le plus chaleureusement du monde, elle lui souriait comme s'il était quelqu'un de spécial, comme si ce sourire seul justifiait toute une carrière pour en arriver là, justifiait toutes les galères de ces derniers temps. Pendant quelques secondes Vince Vaughan se dit qu'il était heureux. Profondément heureux. Que tout dans ce mercredi midi était parfait. Il aurait voulu le crier à la caméra et dire au public comme il était amoureux. Mais avec la même tendresse Sarah Saada s'éloigna de lui pour rejoindre les coulisses et, à la poche arrière de son jeans le pass magnétique et le trousseau des clefs du studio de Vince Vaughan, dans la poche de son manteau le téléphone de Jean Jaffrin, dans son sac à main une enveloppe kraft au nom de Camélia Castaldi. Sarah Saada ne réapparut plus jamais et personne ne su jamais ce qu'elle était devenu ou ce qu'elle fit des 400 000 euros dégagé après la vente de la voiture de sport. Vince Vaughan regardait s'éloigner ses cheveux blonds jurant qu'ils étaient plus lumineux encore que les projecteurs du plafond ou ceux des perchistes et quand elle disparu tout à fait à l'arrière du décor il se sentit, sans vraiment se l'expliquer, profondément triste et las. Comme plongé dans les ténèbres.

Une plongée dans les ténèbres

Il hésita un instant et ôta son oreillette de toute façon muette. Il réajusta le col de sa chemise et parti en direction des coulisses, traversa des couloirs dont il ne remarqua pas tout de suite qu'ils étaient vidés de toutes les équipes et sortit une cigarette Davidoff d'un étuis fin en métal brossé et s'appuyant sur la lourde poignée de sécurité d'une des portes arrières des studios donnant directement sur une cour. Impossible de l'ouvrir. Il chercha en vain un système de sécurité. Agacé il parti en direction de la sortie des invités espérant peut être même y croiser l'ancienne candidate blonde. Porte close. Idem pour la porte d'accès officielle de l'équipe technique. De retour sur le plateau il fonça au milieu du public sans remarquer son hostilité manifeste et tentant sans succès d'ouvrir l'accès qui lui était réservé. La salle commença à réclamer son retour sur scène bruyamment. Cette salle, et Vince Vaughan y était très sensible, ne l'aimait manifestement pas. Ce qui augmenta son agacement. Il finit par allumer sur le plateau même sa cigarette dont il tira une première latte qui la consuma au tiers. Sans la petite blonde et avec un public si peu flatteur il n'avait plus aucune raison de rester là à se ridiculiser. Il cria en vain à la régie plateau. Il voulu se tourner vers son technicien, le même qui l'avait fait rentrer trois quart d'heure plus tôt. A sa place derrière la caméra principale un gorille en costume noir impassible. « Qu'est ce qui se passe ? » Silence. « C'est la direction ? Je vous préviens je vais tous vous attaquer en prud'homme, je finis cette émission de merde et je me casse et vous entendrez parler de moi ! ». Les deux candidats restant le regardait s'agiter avec amusement et s'installèrent sur l'estrade rouge réservée aux épreuves physiques, la deuxième étape du jeu qui en générale ressemblait à ce qu'on pouvait trouver sur des stands de fête foraine. Prendre une pomme avec les dents dans de l'eau. Faire deviner un dessin fait en chantilly. Ce genre de chose. Le gorilla indiqua la direction de l'estrade à Vince Vaughan «Mais ça va pas ! Vous savez à qui vous parlez ? Je suis Vince Vaughan mon petit, et je vous fait virer quand je veux compris ? ». Le public à présent criait son nom. « Vince ! Vince ! Vince ! ». Son vrai prénom était Vincent. Il l'avait toujours détesté. Ca faisait nom de chanteur triste. Et c'était le prénom de son salaud de grand père. Non vraiment il ne pouvait pas blairer son prénom. Son pseudonyme en revanche, crée à une époque où les diminutifs anglais était à la mode, avait toujours été un refuge et une revanche. La foule en délire et le silence de l'armoire à glace finirent par le décider à remonter sur le plateau écrasant sa cigarette non finie sur le sol de plastique brillant et jeta un œil au prompteur qui lui intima d'annoncer les « Le cap ou pas cap ! ». Il le fit d'un air blasé espérant en finir désormais au plus vite. Le jingle clinquant masqua l'arrivée de deux nouveaux gorilles en noir de chaque côté du plateau.
Les candidats se firent face comme le voulait la coutume et Vince Vaughan lança le jeu comme à son habitude, il s'attendait à des épreuves tout aussi humiliantes que les questions précédentes, peut être à caractère sexuelle, ce genre de défis qui faisait l'audience des pires programmes actuelles de la télé réalité. Ce qu'il n'avait pas remarqué c'était les caméras débranchés. Que l'audience ne comptait pas. Et que les seuls spectateurs présents avaient payés précisément pour voir ce genre de chose et ne s'en offusqueraient pas. Quel genre de chose? Plus que de simples exhibitions. On voulait voir des hommes se briser net. Et que ça fasse du bruit.
Le principe du «Cap ou pas cap » était simple, une série de défi, le premier à abandonner était éliminé de la compétition et le dernier pouvait augmenter sa cagnote lors d'une ultime épreuve. En général c'était les accessoiristes qui mettaient en place les différentes épreuves mais là rien ni personne ne bougea. Vince Vaughan était un peu égaré, les deux gorilles s'en rendirent compte et s'approchèrent l'air de contrôler la situation. Le présentateur poussa un souffle blasé et s'effaça avant d’écarquiller les yeux à la vue d'une batte de baseball entre les mains du plus costaud d'entre les deux. Le public poussa un long cri d'encouragement. Jean Jaffrin dont c'était le tour de participer s'avança au milieu entre Camélia et Vince.
Il arriva avec une batte de plastique à la douceur trompeuse. Jean Jaffrin ne tremblait pas. Ne cillait pas. Ce n'était plus de la détermination ou de l’auto-hypnose, c'était un sentiment bien plus puissant, la résignation. L'abandon. Mais malgré cette abnégation à son sort son hurlement fit trembler les murs lorsque le premier coup de batte atteignit sa clavicule qui se brisa net sous la matraque. Son torse à présent déformé semblait pendre d'avantage d'un côté que de l'autre, comme une chemise mal disposée sur un cintre.
Le cris avait réveillé l'instinct de survie de Camélia Castaldi qui esquissa un mouvement de recul au moment où un second assistant en costume noir lui amena une bouteille minuscule et la lui mis entre les mains. Il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'il était en train de se passer. Sa main tremblait en débouchant la minuscule bouteille de verre mais elle prit bien garde à ne pas la laisser tomber. Elle pencha la tête en arrière en déglutissant et d'un geste automatique versa l'acide sur sa joue droite qui fondit jusqu'à l'os de la pommette. Elle tomba sous le choc de la douleur, une douleur indescriptible qui semblait ne jamais s'arrêter et poursuivre sa route jusqu'au nerf toujours plus loin et plus profond. Bientôt son menton se mis à faire d'étranges plis, d'étranges bulles, et à se dissoudre lui aussi. Et ce fut tout. Ce fut finis. Elle releva le visage hébété alors que Jean Jaffrin lui lançait des yeux un regard implorant tandis que la batte arrivait une fois de plus vers lui. Elle le fixa hébétée et détourna les yeux tandis que son adversaire se faisait détruire l'autre clavicule, elle frottait alors frénétiquement ses mains sur ses oreilles espérant échapper à son cris de détresse. Et puis ce fut à son tour, on lui donna une nouvelle bouteille qu'elle laissa se répandre sur sa joue gauche s'efforçant de ne pas trembler pour ne pas en déverser plus que nécessaire ou trop en disperser le contenu. Tout deux gémissants et haletant sous le choc de leurs douleurs respectives regardaient droit devant eux à présent, le présentateur pétrifié les mains crispés sur ses fiches, l'oeil presque dans le vide, refusant de voir sans pourtant oser fermer les yeux de peur que le peu de contrôle qu'il croyait avoir sur les événements ne lui échappe. En revoyant les assistants venir vers eux ils supplièrent le présentateur du regard, l'implorant de retarder, ne serais-ce que de quelques secondes, la suite des événements. Pour reprendre leur souffle. Avoir le temps de se souvenir des raisons de leur motivation à aller jusqu'au bout. Il détourna les yeux vers le prompteurs désespérément vide et le tableau des scores, toujours à égalité. Le public criait et réclamait la suite du jeu, la pose avait trop durée déjà, il tapait des mains et des pieds, la centaine de personne sur les estrades menaçait à tout moment de se lever pour finir le travail elle même. Vince Vaughan eu un flash fulgurant d'une foule prête à les piétiner tous, à les bruler, à les désosser... Et le public ne ferait pas, il le savait, la distinction entre lui même et les candidats. Si le jeu ne poursuivait pas il était probable que cette foule le mette en pièce avec ses milliers d'ongles avides. La chaleur des spots lui apporta un instant furtif de réconfort avant qu'il n'hoche la tête indiquant que le jeu continuait. Les candidats éclatèrent en sanglot mais s’efforcèrent de se tenir dignement debout encore. Tout était arrivé trop vite. Il n'avait pas compris ce déchainement soudain de violence. Et pourtant personne à part lui semblait d'être choqué. Il se rendit compte qu'il était prisonnier de son propre plateau et qu'il ne contrôlait plus rien. Encore moins que les candidats qui semblaient à défaut d'aller bien ne pas être surpris. Vince Vaughan se posa alors la question de leur motivation pour la première fois.

Leur motivation.

Camélia Castaldi avait toujours été très belle. Très plantureuse, très sexy, un physique presque agressif pour les moins habitués d'entre nous à la beauté. En outre elle avait très tôt développé une peur panique de la mort qui l'avait poussé à profiter de la vie jusqu'à son dernier suc enchainant road trip dangereux, expériences sexuelles border line et excès en tout genre. Pendant toute cette période de sa vie sa beauté fut son bien le plus précieux, un sésame à toutes ses excentricités. Elle la chérissait comme un présent divin et la craignait aussi car elle représentait une sorte de métronome discret qui tôt ou tard l'abandonnant lui ôterait sa raison de vivre. Elle s'arrangeait pour ne jamais dormir seule et globalement dormir le moins souvent possible. Quand son corps lâchait, ne pouvait plus tenir la route, elle prenait un cache'ton quelconque qui la paralysait les yeux dans le vague dans une sorte de transe sans rêve pendant plusieurs jours parfois. Il était étonnant, s'était-elle vite rendu compte, qu'ayant si peur de la mort elle s'en soit rapproché tant de fois, semblait désespérément lui coller au basque entre substance interdite et situations inextricables autrement que par une chute finale dans le vide. A 25 ans ce constat lui fut intolérable plus longtemps et elle envisagea son suicide quand de violentes contractions la dissuadèrent d'avaler son cocktail médicamenteux. Quitte à mourir de sa main, autant le faire de façon un peu classe, un peu dramatique, un peu esthétique. Elle ne voulait pas être retrouvée nageant dans son vomi où sa merde. A l’hôpital on pensa d'abord à des reins défaillant, une intoxication alimentaire dû à son dernier voyage en Asie du Sud Est. En réalité quelques heures plus tard naquit Cassie, une enfant étonnamment vivante pour le fruit d'un tel déni de grossesse. Camélia avait toujours eu ses règles, n'avait pas grossis et probablement fait subir à cette enfant avant même sa naissance les pires des traitements possibles. A un jour de vie seulement Cassie avait, par le biais de son placenta, testé plus de drogue que beaucoup n'en aurait jamais connu de leur vie. Aussi était-il raisonnable de penser que ce fut à cause de ce début de vie difficile que Cassie tomba très rapidement malade sans qu'un mots précis puisse être mis sur son état. Retardée mentale, atteinte de difformité physique qui lui donnaient un grand front et des mains étonnamment trop petite et de travers, un pied légèrement bot, en grandissant elle ne connu jamais rien du charme des petites filles et demeura cachée dans l'appartement de sa mère qui se transformant en professeur particulier oublia peu à peu son ancien mode de vie. A ses 8 ans cependant une malformation cardiaque vint expliquer son peu d'endurance physique et son asthme, la petite se retrouva condamnée à court terme. Un traitement expérimental pouvait être suivis à Cuba mais rien ne garantissait sa réussite et surtout un coûtait, sans compter les frais du voyage, plusieurs centaines de milliers d'euros. Les médecins en avaient parlé à Camélia qui compris aussitôt que, étant responsable de cette vie si misérable, il lui revenait d'en assumer jusqu'au bout la responsabilité, la lettre d'admission de sa fille à l'hopital de Cuba était dans son cas pour lui rappeler son objectif. Etonnement elle n'eut plus jamais peur de la mort et c'est pourquoi elle était prête ce soir à l'encourir, à la regarder en face et non plus à flirter avec elle mais bien à l'embrasser à pleine bouche. Le sentiment de responsabilité donnent à ceux qui le découvre un peu trop tard une force au delà de ce que peuvent imaginer les gens responsables par nature.

Jean Jaffrin n'était pas quelqu'un de responsable. Il ne l'avait jamais été. Comme le sont tout les gens qui se mentent à eux même depuis toujours il avait cultivé sa lâcheté la confondant avec la prudence. Il était né à Versailles, avait fait prépa au lycée Louis Le Grand puis une grande école de commerce. Son manque d'ambition, cette inconstance qui se traduisait dans ses traits, ce sentiment de malaise que ressentaient les gens en face de lui, le condamnèrent à de petits boulots sans envergures tandis que ses anciens camarades d'écoles obtenaient des postes prestigieux. Néanmoins il commença à croire que sa vie valait la peine d'être vécu le jour où il rencontra sa femme Jasmine, une plantureuse jeune femme descendante d'une longue lignée des Emirats Arabes Unis. Femme aimante et franche elle lui apporta beaucoup et notamment son réseau professionnel ce qui lui permit de décoller enfin dans sa carrière. S'il la trompait si souvent ce n'était pas parce qu'il ne l'aimait pas ou qu'elle était frigide au lit depuis leur premier enfant, au contraire l'idée de lui faire l'amour l'avait toujours un peu écoeuré comme s'il s'était agit de quelqu'un de sa famille. C'était que Jean Jaffrin avait quelque chose à se prouver. Qu'il était primordial de se cacher à lui même. Il n'avait pas regardé le cul de Etienne en math sup'. Il n'était pas ce genre de gars. Il n'avait pas fantasmé sur son prof de philosophie en master d'éthique commerciale. Il n'avait jamais rien fait de tout ça. Jean Jaffrin avait battit sa vie sur ce qu'il n'avait pas fait et qu'il ne ferait jamais. En quelque sorte il s'était appliqué avec méthode à systématiquement marcher à côté de lui même, espérant ne jamais croiser la route de cet odieux personnage qui squattait son esprit. Laissé à lui même depuis que Jasmine était parti il devenait littéralement fou et schizophrène devenant de plus en plus fou à mesure qu'il prétendait à la normalité. Quand les coups de batte devinrent trop dur il finit par les apprécier comme un châtiment divin pour cet autre qui avait la prétention d'être lui mieux que lui. Jasmine était aimante mais elle avait été élevé dans la seule reconnaissance du baromètre de la réussite sociale. Son retour était nécessaire à l'équilibre de ce funambule 300 mètre au dessus du réel. Il gagnerait ces centaines de milliers d'euros nécessaire à son bonheur et au rétablissement de sa réalité. Là encore il était à côté de la plaque, depuis son entrée du studio il avait mis son téléphone sur silencieux, s'il l'avait consulté ne serais-ce qu'une fois avant qu'il ne disparaisse il aurait pu voir les appels de sa femme et ses messages de réconciliation. Les gens qui marchent à côté d'eux même ne sont souvent pas plus doué pour se comprendre eux même que pour comprendre les autres, trop obsédés qu'ils sont à l'idée de leur propre chute.

C'était à présent tout le sein droit de Camélia Castaldi, dévoilé par son décolleté, qui partait en larmes de chaires tendres créant des strates semblables à celle qu'on observe au pied des volcans, laves figées dans l'eau... Caché par sa robe la brulure se rependait à son mamelon qu'elle transforma en une gigantesque tache brunâtre informe et tordue dont le téton n'était plus visible au milieu des décombres de son sein ravagé et bientôt creux. Sur son visage apparaissaient des cloques remplies de lymphes... Des tâches brunes apparaissaient ça et là où la brulure avait été la plus vive... Hideuse elle regarda en riant son reflet déformé dans l'énorme buzz rouge qui ornait encore les pupitres et sur lesquels tant de mamies inconscientes s'étaient appuyées.
Jean Jaffrin ne pouvait plus se relever. Un de ses talons avait été réduit en poussière ainsi que son tibia opposé. On l'installa sur une chaise où il s'effondra en arrière avant de rabattre sa tête vers l'avant soucieux de protéger sa gorge. Son costume de soie avait imprimé des tâches de sang et des particules d'os pulvérisée un peu partout jusqu'à tourner intégralement au violet sombre. Il reprenait péniblement son souffle mais semblait lui aussi étonnamment apaisé.
Les deux candidats regardaient le présentateur l'invitant à poursuivre, voyant la terreur dans ses yeux et jouissant de ses angoisses. Vince Vaughan se mentait tant et à tant à lui même qu'il était incapable de faire preuve de la même détermination que ses deux martyrs audiovisuel. Il subissait ce spectacle tandis qu'eux en étaient acteurs. C'est dû moins ce qu'ils semblaient penser pour se rassurer. Le public se mis à gronder férocement, les mains sur les genoux le buste en avant les yeux avides. Vince Vaughan était une proie. A ce titre le destin ou la nécessité lui fit dont de cet instinct propre aux bêtes qui se savent menacées par des prédateurs plus intelligents qu'elles. Il devint alors doté de meilleur sens, d'une meilleure sensibilité, et d'une certaine capacité à prédire l'avenir immédiat. Aussi comprit-il finalement parfaitement sa situation. Ces gens avaient payés. Avaient payés très cher pour voir un animateur vieillissant mais célèbre et de jeunes gens désespérés pour il ne savait quelles raisons se faire détruire. Ils avaient payés pour les voir souffrir et peut être même le tuer et les manger ensuite ou baiser sur leur cadavre ou qu'en savait-il encore. Et non seulement ces gens avaient payés mais il y avait beaucoup d'argent en jeu. Assez pour convaincre ces deux fous de poursuivre l'aventure. Le million annoncé au départ, ce n'était pas une erreur de prompteur. C'était la somme nécessaire. Du moins pour cette fois çi, avec ces gens là. Mais au moins ils devaient avoir leur raison pour désirer tant d'argent. Tandis que le public lui, qu'avait-il à gagner ? Ce spectacle. Malgré toute cette rage et cette soumission de la part des candidats et sa propre lâcheté Vince Vaughan était rassuré à l'idée qu'ils furent, eux trois, bien plus humains que tout ceux là qui les regardaient avidement. Qu'ils iraient au Paradis. Oui. Il irait au Paradis. Vince Vaughan était ce genre d'homme. Intérieurement il trouvait du réconfort dans le départ Sarah Saada qui avait ainsi évité le massacre. Qu'une jeune femme aussi jolie et aimable échappe à ces tortures lui semblait d'un étrange réconfort. Il n'aurait pas supporté de la voir ainsi se détruire à l'acide ou sous la matraque. Vince Vaughan pensait à la suite du jeu. Après les défis d'action et en cas d'égalité comme c'était visiblement le cas, sauf à vouloir les achever dès mantenant, c'était au tour de la dernière série d'épreuve.

La mort subite

Tout les trois participants échangèrent un sourire narquois quand s'afficha le logo, joyeux et colorés, de la « Mort subite », dernière épreuve traditionnelle de ce jeu de midi. Traditionnellement encore cette épreuve débutait par un petit dialogue entre le présentateur et les candidats sensée rappeler leur motivation et expliquer ce qu'ils feraient des gains en cas de victoire. En général les ambitions étaient aussi modestes que les gains : financer un permis de voiture au petit dernier, commencer le compte épargne d'un nouveau né, un voyage à Lourdes, un équipement pour la baignoire pour personne en fauteuil.
Le studio était ainsi fait : sur la droite et proche du public les fameux buzzer de l'épreuve des vérités, Vince Vaughan se tenait sur la gauche plus à l'arrière du plateau et entre les deux une sorte de petite estrade ronde et rouge ou Sarah Saada et Camélia Castaldi s'était déjà affrontée en duel éliminatoire et où les épreuves physiques avaient eu lieu. A l'arrière le panneau des scores retro et vert. En réalité le studio était extrêmement petit. Le public enserrait la scène de part en part à la manière d'un orchestre de deux mètres de haut.
On amena les deux candidats sur l'espace central et les spots se braquèrent sur eux, le présentateur décida de les rejoindre et les assistants en noir ne le refoulèrent pas. On amena également une petite table et on posa dessus deux pistolets chargés, d'anciens modèles peut être pas suffisant pour tuer d'un seul coup. Vince Vaughan s'oublia dans la lumière. Il se rappela la première fois qu'il avait eu sa propre émission, dans un studio tout proche, et à quel point s'avait été grisant jusqu'à en bander et en jouir de sentir cette chaleur et ces regards, cette intimité rendu par l'étroitesse des studios d'enregistrement, cette intimité, cette proximité, toute cette attention braquée sur lui seul, maître d'orchestre que même les perdants finissaient par aimer. C'était toujours la même lumière, aussi chaude et bienfaisante. C'était les même cris de la part du public, pour peu qu'il oublie les scansions réclamant une mise à mort, cette même attention des gradins, ce même amour d u show... Il se redressa. Il contempla le public et repris son sourire le plus fameux. Il posa ses fiches et le corps vers l'avant, volontaire et actif, il se mit à improviser un discours sur le beau temps, les valeurs familiale, et le fait que tout les bons jeux ont une fin et qu'il était temps d'un finir, qu'un jeu de midi n'était plus un jeu de midi s'il durait tout l'après midi, qu'il serait temps ensuite de retourner à l'école ou au travail, qu'il était temps d'avoir notre gagnant.
Les deux candidats l'écoutaient patiemment avec indulgence et semblait se détendre. On voyait même des tics propres aux candidats des émissions de télé ressurgir. Une façon de se tenir exagérément droit. De soigner la posture de ses bras, un sourire un peu figé. Ils semblaient avoir tout leur temps. Quand Vince Vaughan se tourna avec grâce face à eux ils prirent chacun l'une des armes mises à leur disposition.
Le but était de gagner. Il ne s'agissait donc pas de tirer bêtement tout les deux en même temps. Trop grand était le risque de finir avec deux morts à zéro et ils avaient été trop loin pour consentir à un si maigre score. Aussi chacun des deux avait-il choisit de prendre son temps pour réfléchir à la suite des événements. Au grand désarrois du public qui huait de plus en plus. Vince Vaughan portait sur eux un regard admiratif et protecteur tandis qu'ils restaient stoïques face aux insultes et aux incitations à tuer. Ils auraient pu viser le public. Mais ils auraient fait, au mieux, deux morts sur la centaine de spectateur présent prêt à leur arracher les tripes avec leurs mains. Il fallait donc que l'un des deux meurt et qu'on lui offre une mort digne. Il fallait que l'un des deux se résigne. Jean Jaffrin de son bras douloureux mais laissé intact par la matraque tâta la poche de son manteau sans trouver son téléphone portable. Il se sentit désespérément seul et abandonné mais mis pour la première fois face à lui même un sentiment inédit de responsabilité l'envahit. Et comme nous avons déjà pu le voir la responsabilité quand elle coule en flot inédit sur une personnalité anciennement lâche provoque les plus grands changements. Camélia Castaldi aussi se senti désespérément seule en se rendant compte qu'elle avait perdu le dossier d'admission de sa fille dont l'enveloppe kraft n'était plus dans son sac à main. Elle eut terriblement peur de mourir sans pouvoir aider sa fille si d'aventure ce dossier d'admission était définitivement perdu. Peut être l'avait-elle laissé chez elle ? Sur la table du salon ? Dans son autre sac à main ? L’inquiétude tordait ses traits lui arrachant des soupirs des douleurs.
Vince Vaughan avait observé ces changements. L'aspect apaisé de Jean Jaffrin et celui inquiet de Camélia Castaldi. Il n'en tira aucune conclusion mais il fut tout de même un peu surpris lorsque Jean Jaffrin pris son pistolet, retira la sécurité, l'arma et se décocha une balle le canon dans sa bouche pointant vers le ciel. Vince Vaughan qui se mentait à lui même depuis toujours, en équilibre 300 mètres au dessus du réel, ne pouvait pas comprendre la réaction de Jean Jaffrin qui, pour la première fois voyant la détermination de la femme en face de lui, mis face à ses lâchetés qui lui avait fait accepter le pire et la torture, mis face à sa propre absence d'être, avait décidé d'en finir dans un acte qui n'avait rien de l'abandon et tout de la reconnaissance de dette envers ce Jean Jaffrin qu'il n'avait jamais su être. A 300 mètre au dessus du réel Jean Jaffrin avait finit par faire le grand saut dans un prise de conscience qui avait tout du crash. Pour la première fois pleinement lui même il avait su voir chez autrui quelque chose susceptible de légitimer un sacrifice de sa propre personne. Pour la première fois il avait su regarder quelqu'un d'autre.Vince Vaughan qui ne savait pas encore ce que c'était, que d'être responsable, ne pouvait pas comprendre. Vince Vaughan s'était toujours menti à lui même.

Le mensonge de Vince Vaughan

Il était seul. Peu à peu le public vidait les rangs et sortait par la porte arrière laissant des emballages en tout genre et commentant bruyamment le final jugé réjouissant du tournage. Camélia Castaldi effondrée inconsciente avait été transportée à l'arrière dans les coulisses. 600 000 euros furent virés automatiquement sur son compte. Vice Vaughan s'assit au sol, les bras autour des jambes, et pleura, pleura, pleura, pleura à s'en dissoudre les paupières à s'assécher le corps, s'oubliant totalement dans des larmes aussitôt bues à force d'envahir ses lèvres, aussitôt recrachées en sanglots indignes et égocentriques, étouffés, profondément solitaire, profondément tristes. Vince Vaughan était la tristesse même, tout son corps ne servait plus que dans cet ultime but, c'était comme un trou immense au niveau du poitrail balayé par des flots salés perpétuel, d'autant plus tragique qu'on sait qu'il ne se refermera jamais, on ne guérit pas de la peur de la mort, on vit avec, chaque jour qui passe chaque seconde, l'époque bénie de l'enfance c'est ça, c'est la vie sans cette pesanteur sur les épaules, sans la conscience de sa vacuité, enfant ont est le centre de son monde, on peut être réellement heureux, on est libre, et puis le premier enterrement, n'importe quel événement tragique, un film un peu trop violent, et l'on devient adulte, et c'est irréversible, et l'on tremble tous comme Vince Vaughan tremblait ce jour là, Vince Vaughan qui ne voulait pas vieillir, Vince Vaughan qui était fait pour la lumière, la lumière artificielle des spots lights, une lumière qui ne faiblit jamais, une lumière éternelle, Vince Vaughan était de cette trempe des hommes qui ne meurent pas, qui imaginent jusqu'au bout que la mort est une blague, une histoire inventé pour faire peur au enfant, que c'est aux autres qu'arrivent ces choses là, Vince Vaughan se fichait de perdre son emplois, de le faire perdre à d'autre, se fichait de ses candidats estropiés, il pleurait pleurait en pensant à toute cette vie qui ne l'attendrait pas, à tout cet air qu'il ne respirerait jamais, à tout ces gens qui aillaient vivre sans lui le midi dans leur télévision, qui regarderaient d'autres jeux sans penser à lui, Vince Vaughan savait qu'il n'était pas Dieu, mais il avait toujours estimé, de façon tout à fat raisonnable, être au moins un ange, un angelot, ce genre d'être à l'aréole qui protège de tout... Vince Vaughan en pleurant recroquevillé sur le mauvais skai se revoyait à 12 ans pleurer dans la salle de bain dans la même position après que son père l'ai jeté au bas de l'escalier de l'immeuble parce qu'il avait cru le voir fumer en ville, il ressentait adulte ce même profond et juvénile sentiment pur d'injustice... Il essuya ses larmes et instinctivement cessa de pleurer. Sa chemise était trempée, le tissu de mauvaise qualité le grattait d'autant plus qu'il collait à sa peau... Vince Vaughan était à bout de nerf, à bout de forme, au bout de tout. Il s'allongea dans un la chaleur de cette lumière jaune et incandescente qui forma un halo autour de son corps. Le jeu était finis.
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Saharienne
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MessagePosté le: Lun 17 Juin 2013, 9:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Poème retrouvé sur l'ordi de mon père écrit en 1999. J'avais donc 7 ans.
C'est trop mignon xD

Ma famille
Mon père et ma mère sont la mer
Mon frère et mes sœurs sont les fèves
Les vieux et les vielles sont la vie
Toute ma famille sont les esprits de la vie

La vie
Elle est pleine de mystères dans le futur
Elle est pleine de misère dans le passé
Mais quelle est agréable dans le présent

La pluie
Cloq, cloq mais qui fait ce bruit
Ha ! C'est la pluie
Cloq, cloq
Ha ! C'est la pluie
Mais non ce n'est pas la pluie
Mais mon amie qui joue au ballon sur une petite flaque d'eau
Mais, j'aime bien la pluie,
A chaque fois, il faut deviner ses mots.
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Lun 17 Juin 2013, 12:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

la meuf a 7 ans, elle faisait déjà des phrases philosophiques. Tu m'étonnes qu'à 21 ans elle fasse des dissert' de 26 pages Laughing

Sinon j'aime bien cette phrase : "Mais, j'aime bien la pluie,
A chaque fois, il faut deviner ses mots."
Comme tu dis c'est meugnon, tu t'es bien améliorée depuis Very Happy

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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 12 Mar 2014, 6:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un nouveau texte ?
Non. Very Happy

Mais beaucoup beaucoup de remerciements à vous !
Pendant des années j'ai écris ici et j'ai pu profiter des conseils géniaux et du soutiens des lecteurs qui ont fréquentés cette section et grâce à tout ces encouragements, Mikazuki, Julie, Yuu-chan, Lilo, Aiko, Isumi pour citer les plus récents déjà je me suis fait des potes dont j'ai tj plaisir à lire des news en mp Very Happy (oui c'est à toi que je parle @@).

Mais surtout j'ai écris un texte qui à l'époque s'appelait Julie et qui remasterisé m'a permis de gagner mon premier concours de poésie Very Happy
C'est pas le Goncourt mais je vais être édité et j'ai gagné aussi un voyage pour deux en europe Very Happy

Alors merci encore pour tout ça ! Vous pouvez en trouver le lien ici :

http://edheclitterature.com/sarah-didion-julie-l3-sciences-politiques-et-philosophie-sorbonne/

J'ai passé une super soirée de remise des prix et c'est en grosse partie grâce à vous vu qu'à l'époque je publiais mes textes uniquement ici !
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Isumi
En cierto modo
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MessagePosté le: Dim 16 Mar 2014, 3:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est génial ! Very Happy

Il faut dire que ce remaniement est des plus heureux et que décidément la musicalité de la poésie en vers te sied à merveille.

Bravo à toi. J'ai toujours adoré ton écriture et je me sens heureuse pour toi d'avoir cette reconaissance ailleurs qu'ici.
Et futur bon voyage en Europe Very Happy Entre Bel et Fast ? :p
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Saharienne
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MessagePosté le: Dim 16 Mar 2014, 4:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ahah na, je l'ai trop fait ça ! (3 voyages à Budapest, tous heureux, allez y sans hésiter c'est pô cher), je sais pas encore où ils vont m'envoyer mais ce sera dans une ville d'Europe, je suis pressée de savoir Very Happy Même si à titre perso je prévois pour cet été un voyage de la Turquie/Grece à la Suède en train d'un mois Very Happy

Merci pour ton petit mot, c'est cool que la remasterisation t'ai plus !
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