Le sujet a pris un coup de vieux, je propose d'apporter un élément à la question, c'est la différenciation sociologique, ethnique et linguistique du rire.
Peut-on rire de tout ? La première chose qui me semble importante c'est de ne pas tomber dans le piège du "on" puisque ce serait faire appel à une personne indéfinie appelée "monsieur tout-le-monde". C'est un procédé grammatical qui permet à l'énonciateur de s'inclure dans l'énoncé sans s'inclure. Or vous savez bien qu'il existe des français qui parlent et écrient en français, des espagnols qui parlent et écrient en espagnols, des français qui parlent et écrient en espagnols etc etc...Ce que je dis en fait s'applique aussi pour les ethnies, un latino, un occidental, un arabe, un nord-américain etc...
Il faut bien prendre conscience de la diversité de notre savoir-vivre, de notre savoir-être. L'humour est en lui même protéiforme, chacun crée un humour propre à lui, propre à sa culture. Il existe plusieurs procédés humoristiques, et il paraît que le procédé le plus talentueux chez les français c'est le calembour, procédé qui ne s'utilise presque jamais chez les espagnols. Autre différence : l'éthique du rire. Les français ont plus tendance à associer l'humour au côté ludique, tandis que les espagnols utilisent l'humour comme une arme afin de critiquer la politique, les problèmes de société. D'ailleurs j'ajouterais que l'humour espagnol s'exerce énormément dans la presse, les "columnas" (à ne pas confondre avec les billets d'humeur) sont presque des micro-romans où le journaliste dresse une satire avec une revendication personnelle derrière, tandis que la presse française n'a rien de spécial là dessus, ou alors c’est rare. Autre différence, qui pour moi est la plus fondamentale, c'est cette quasi impossibilité de traduire l'humour d'une langue dans une autre. Peut-il exister une restitution réciproque du rire entre deux langues ? C'est un enjeu vital pour qu'un texte humoristique en espagnol à l'origine soit compris aisément par un français. Mais vous savez tous que traduire c'est obligatoirement trahir, quelque soient les efforts mis en oeuvre, et le seul moyen pour qu'un français comprenne un texte humoristique en espagnol, c'est de s'approprier la langue, les deux langues. être bilingue me semble la meilleure solution.
Mais s'il existe autant de formes d'humour que de cultures, il faudrait tous les assimiler, les comprendre, s'en imprégner. Et être polyglotte, connaître 3, 4, 5 langues ou plus n'est pas à la portée de tous (sûrement pas moi en tout cas).
Bref, il y aurait encore beaucoup, beaucoup à dire sur la question, tellement le sujet est vaste et complexe.
Je suis intervenu sur le sujet car je venais d'assister à un séminaire sur l'humour et la modernité dans la culture franco-espagnole, et je me suis rappelé que ce sujet existait sur le forum, donc je me suis dit que ce serait intéressent d'y apporter mes impressions !