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. Que devient la poésie ?

 
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Lun 22 Avr 2013, 12:15 pm    Sujet du message: Que devient la poésie ? Répondre en citant

Bonjour bonjour.
Je créée ce petit topic pour un grand d'appel à l'aide, mais aussi pour un vrai questionnement.
Voilà récemment j'ai participé à un concours poésie dans la cadre de la fac, et dans le jury il y avait des poètes actuels. Et j'me suis posée quelques questions du coup!

Je m'explique.
Quand je lis le topic "vos poèmes préférés", je pense que vous serez d'accord, on a rarement des poésies contemporaines qui sont postées. On a principalement les grandes références des siècles précédents, et parfois quelques poésies du XXe mais de nos jours très peu. Or je pense qu'on sait tous que la poésie n'est pas morte, il suffit simplement de lire les différents topics de ce forum en littérature par exemple, ou parfois de se balader dans les rayons d'une librairie. Mais visiblement, ça semble très absent, comme une ambiance qui plane autour de nous mais dont on ne voit rien. La poésie a toujours eu un aspect restreint de connaisseur il me semble, quelque chose de peu accessible, mais on nous fait tous étudier cela au cours des parcours scolaire. Or, j'ai beau aimé énormément les Grands Classiques, je me suis toujours demandé pourquoi on ne nous faisait pas étudier nos contemporains. Il me semble, que la poésie selon sa catégorie répond souvent à des émotions, des situations actuelles: les plus universelles liées aux sentiments, aux doutes et aux grandes interrogations de l'Humanité, mais elle répond aussi souvent à une actualité sociétale, une époque. Du moins je l’envisage comme cela. Par exemple, au cours de ma scolarité, je n'ai jamais étudié des textes de musicien-chanteur-auteur... alors que de nos jours il me semble que souvent c'est cet art qui répond le plus à cette analyse de la société. Je pense qu'au delà de la forme stricte de la poésie, avec ses règles précises, on a dans la chanson une forme plus souple et plus humble? Évidemment je n'ignore pas le travail parfois très poussé de certains textes dans le rap par exemple ou dans certaines plumes actuelles de la chanson française (Je suis trop nulle pour parler des autres langues !). Les chansons ont parfois cette assimilation à la poésie, du moins dans mon cas, il m'arrive d'assimiler facilement. Je le fais dès le moment où je trouve une richesse, une poésie et surtout une beauté du mots dans le texte. Soit, il n'y a pas que la chanson, je vous l'accorde. Là aussi, il y a une piste de réflexion, car généralement on peut dire que la chanson appartient à la culture populaire, car elle est pas mal démocratisée. On peut donc se demander s'il est possible de faire cette assimilation, en fait déjà la vraie question serait de savoir comment définir finalement la chanson vis à vis de la poésie... Sachant que comme le ressenti et la beauté sont bien bien souvent subjectifs on ne classerait pas tous les mêmes plumes dans une sorte de catégorie "chanson poétique". Mais donc pour en revenir à la poésie au sens strict, je voulais simplement savoir ce que vous en pensiez dans le sens contemporain... Si j'y réfléchis, je la trouve complètement absente, effacée alors qu'elle existe... Mais de ce fait, je n'y connais rien, je ne sais même pas s'il existe ne serait-ce qu'un auteur important et influant. Donc voilà, si vous avez aussi quelques pistes de poètes et poésies contemporains ça m'intéresserait vraiment !

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Goukimaster
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MessagePosté le: Lun 22 Avr 2013, 2:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est normal d'avoir des citations des poêtes disparus, vu que la poesie est un art qui perdure mais se perd. La ou la poesie avait avant sa place, comme un grand art presque nécessaire, aujourd'hui la génération actuelle la délaisse un peu. Moi même, j'aimais beaucoup la poesie avant, maintenant je la préfère dans les musiques, dans le rap ou le slam, je trouve que c'est plus culturel, que ça touche d'avantage de personne, car l'influence est dans la musique a présent. Mais je ne parle pas au nom de tous, seulement avec un recul et un poil d'objectivité par rapport a ce qui m'entoure.

Je pense quand même que tu peux te tourner sur des livres asiatiques, moi je ne suis pas un grand fan de lecture, mais ma mere a l'équivalent de la bibliothèque d’Alexandrie chez elle, et elle m'a souvent fait savoir que les livres japonais ou chinois, usait d'une poésie contemporaine. Je le lui demanderais a l'occasion, de te citer quelques auteurs, si ce genre de lecture t’intéresse bien sur.

Pour ma part, même si tu dois connaitre, écoute dont Grand corps malade, son slam poétique et actuel, et encore un subtil mélange entre récit et musique.

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Space : Gouki il est intemporel, il change pas, il est immortel, c'est un Mcleod.
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Lun 22 Avr 2013, 2:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah mais je suis d'accord, c'est normal, j'ne dis pas le contraire. La poésie "ancienne" doit être présente, je ne blamais pas ce faite, pas du tout. Ma vraie question dans ce speech, c'est la question de la poésie contemporaine : genre pour faire large ces 40 dernières années et de nos jours. Je ne connais aucuns poètes contemporains, je voudrais découvrir ce qu'est la poésie du "XXe-XXIe".
J'suis d'accord avec toi aussi pour la poésie dans la musique, tout à fait d'accord. C'est d'ailleurs ce que j'ai dit aussi Very Happy Mais à la différence que j'continue de lire la poésie, genre Rimbaud, parfois dans un élan "psychédélique" j'pige des trucs donc je fonce le lire.. enfin bref. Il y a aussi beaucoup de poésie dans des chanteurs plus "classiques", et bien souvent on est tous d'accord sur cela... y'a un large consensus autour des chanteurs de Chanson Française comme Brel-Brassens et compagnie. Ici sur le forum, j'ai appris beaucoup surtout sur ce que tu cites, rap et slam, je n'y connaissais rien si ce n'est quelques nom par-ci par-là, et j'ai appris à connaitre/aimer et surtout j'ai appris à voir les belles choses cachées derrière "le commercial". Je trouve qu'il y a un réel questionnement à avoir autour de cela, poésie et chanson-musique... j'y pense carrément souvent même (la fille obsédée !)
Je ne suis pas très attirée par les cultures asiatiques, c'est un défaut d'ouverture je le sais. Même les mangas j'ai vite lâché après avoir connu Naruto... mais oui ça m'intéresserait de lire quelques trucs, avec plaisir.

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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 24 Avr 2013, 2:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il m'est avis que si la poésie souffre de politique éditoriale actuelle, de son image poussiéreuse voir élitiste elle n'est ni morte ni disparue mais bien simplement en hibernation. A travers l'histoire de la littérature chaque genre à eu ses hauts et ses bas. Le théâtre classique grec vivait parallèlement à un genre romanesque presque inexistant (de ce que l'on en sait). Le théâtre classique était certes "poétique" mais pas de la "poésie" et était flambant sans qu'on puisse citer de grand poète parallèlement... (Racine se voulait plus poète que dramaturge cela dit de ce dont je me souviens).

Le roman a décollé avec les auteurs que l'on sait et c'est toujours le genre littéraire dominant, la nouvelle aussi a eu ses heures de gloires, d'ombre, et actuellement se débrouille sans déchirer les foules.

Sans doute qu'il y a une adéquation entre une époque et son genre littéraire dominant et que notre époque n'est pas vraiment propice à la poésie, je veux dire, au type de littérature poétique avec ses codes.

Et parlons en des codes, avant la poésie, c'état facile de dire ce que c'était : des rimes, de la métrique,...
Avec le temps la poésie s'est libérée de toutes ses chaines mais il est devenu de plus en plus dire de dire ce qui est de la poésie... Comme l'art abstrait la poésie moderne de Mallarmé par exemple bah c'est pas évident, faut accepter de se lacher et de pas avoir de phrase avec majuscule et point à chaque ligne... C'est pas tout le monde qui prend son pied avec ça tout comme parfois l'art abstrait ça gave les néophytes...

Et n'oublions pas que la notion de "passé" est toute relative, Aragon par exemple que j'adore c'est jusque dans les années 1980... Et c'est une poésie très accessible même pour les moins aguerris.

Par contre je suis contre l'idée que la musique y compris ses formes les plus travaillées dans le texte actuellement (rap, slam...) soit de la "poésie" c'est poétique évidement, ça utilise des ficelles identiques mais ce n'est pas de la "poésie". Je veux dire, la poésie c'est le TEXTE qui a sa force, et qui impose son rythme ou au contraire laisse place à l'interprétation personnelle, la graphie du texte, parfois révélatrice de tellement de sous entendu, la disposition des mots sur la page, la façon dont le texte va résonner lu dans la tête du lecteur...
La musique c'est autre chose, c'est les oreilles qui marchent, une autre réceptivité, c'est le chanteur/rappeur/slammeur qui va imposer son rythme, sa vision des choses, c'est très beau, poétique, mais de la poésie je ne pense pas, st'un autre art.

Il suffit d'attendre, des initiatives locales existent, des concours, des clubs de lecteur de poésie, des revues... Il faut attendre que quelque chose émerge, affaire de décennies peut être m'enfin :p
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Yun
Chuunin


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MessagePosté le: Ven 03 Mai 2013, 3:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Salut! Je passais sur le forum, comme il m'arrive assez rarement, et je suis tombée sur ce topic. Je ne suis pas grande connaisseuse de poésie contemporaine, mais, de ma lorgnette, j'ai mes chouchous qui ont le mérite de contredire un tantinet la position de Saha (que je salue au passage très très pieusement):
Moi j'aime bien la poésie sonore.
J'en donnerais deux exemples, deux poètes qui font un peu partie de la même bande, ils leur arrive ou est arrivé d'écrire parfois, avec des vrais mots sur des vraies feuilles mais tout de même cette partie de leur travail est intéressante.

D'abord, il y a ça:


Charles Pennequin est une sorte de gueule de la littérature contemporaine, et du coup il en joue un peu. Il fait beaucoup de ces performances lues, un peu partout en France, il y en a une au salon du livre qui est très bien aussi.

et puis le poète décédé il y a peu, Christophe Tarkos:



Voilà, voilà. Ces deux artistes, ce n'est pas énorme mais c'est un peu un petit pont pour découvrir des pratiques qui sont à la frontière entre le texte et la performance, les arts plastiques, le son. Pratiques qui sont loin d'être nouvelles, parce que le texte est tout autant une lecture sonore qu'une lecture visuelle (il n'y a qu'à lire le Journal de Kafka pour s'en rendre compte, il n'arrête pas les récitations, il ne fait que ça, écrire, lire, écouter, j'adore Kafka, non vraiment quel type top).

Ce mouvement bien évidemment ne s'arrête pas à la poésie, romans-feuilletons, fictions radiophoniques sont très courantes maintenant ( sur inter, france cul, ou plus spécifiquement des radios plus artistiques comme arte radio ou DUUUUR (je crois que ça s'appelle comme ça))
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Criminelle du Verbe
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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 5:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mon avis rejoint celui de Yun.
La poésie est avant tout l'art de faire pour l'art de dire.
La poésie n'est pas le texte...
Je sais pas trop où on vous apprend ça mais c'est assez grave...
Depuis l'antiquité, la littérature orale est prépondérante : soit que le producteur de cette littérature (poème, pièce de théâtre etc.) lise son oeuvre, soit que les esclaves la lisent à sa place.
La performance est de mise, à la limite de l'obligation. On fait vivre l'écrit ; la poésie, c'est la vie.
La valeur de l'oral prédomine, d'où le recours à des formes très rythmiques proches de la chanson.
Le texte reste un moyen de transmission, de conservation avec lequel on s'amuse parfois.
Je rappelle les chansons de Verlaine...
Si dire que la poésie n'est pas de la chanson ou je ne sais quoi d'autre alors on balaie la poésie antique, on balaie la poésie de Verlaine, on balaie la poésie conceptuelle qui appartient au post-modernisme, en somme : alors, la poésie n'existerait plus et n'a jamais existé.

Les temps changent, la poésie change. Mais c'qui reste traditionnel, voire canonique, c'est la performance.
C'est la poésie, l'oralité, la voix qui impose un rythme, un mouvement, et non un texte figé.

- Poésie de l'antiquité : oralité ; poésie.
- Griotisme : oralité ; poésie.
- Negro Spriritual : oralité ; poésie.
- Spoken Word : oralité ; poésie.
- Rap : oralité ; poésie.

Pour répondre à la question du topic : que devient la poésie : elle vit.

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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 5:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mais alors y a t il une différence entre la poésie et "quelque chose de poétique" ? Ou se situe-t-elle ? (c'est une vraie question).

Le rappel à la poésie orale antique et plutôt convaincant mais alors est ce que le théâtre est poésie ? Si oui, les films ? (ceux aux meilleurs dialogues) ?
Etc etc

Je pose la question pas parce que je doute de vos idées JSP et Yun mais parce qu'elles sont nouvelles pour moi et que je souhaite mieux les comprendre.
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 6:11 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et moi quand je dis que j'assimile poésie et "chanson" tu trouves pas mon idée nouvelle? Mr. Green

J'aime bien lire JSP parce qu'elle a dit ce que je voulais exprimer, mais avec une explication plus claire et surtout très renseignée.

Ma question de base au milieu de ma digression dans mon premier post, c'était de savoir si quelqu'un connaissait par exemple un poète (au sens strict) qui publie de nos jours, et qui vaut le coup... je cherchais un exemple, pour comprendre quoi.

J'ai tendance à m'arrêter au texte dans les chansons, en me disant c'est beau donc= poésie (disons plutôt, l'idée est donnée sous une belle forme), mais dans ce que j'aime beaucoup je le vois comme un tout: le texte, le conteur, l'interprétation et la musique.

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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 6:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

USD : J'avais pas pensé au théâtre et aux performances arty en fait :p

En poêtes actuels j'aime bien penser en terme de maison d'édition, les éditions de la crypte font du naturel façon haiku plutôt sympa de poête semi amateur :p

Spoil:
du vide du vent du

silence qui joue et qui lie

dans le ciel et le souffle à

l’oiseau et nos mains

sur la branche



- encore et encore parlant aux

bêtes et aux choses -



et me faisant dans l’herbe

et la source qui bruit

et son aile vermeille (mon

coeur sur la berge est un puits

déserté) ma voix, non !

du silence qu’on

prie le plus doux des baisers



Et si tu passes sur paris t'as le club des poêtes dans un bar avec lecture de création perso et de classique ^^
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Criminelle du Verbe
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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 6:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Au final, on en revient toujours au schéma classique de la définition d'une notion, d'un concept, d'un art. A quoi bon ?
Tout ne peut pas être définit et particulièrement lorsque nous nous retrouvons dans une mouvance constante.
La poésie, c'est la mouvance constante. Ses règles, ses formes ont évoluées au fil des siècles et aujourd'hui, personne, je pense, n'est apte à la définir. Mais à la sentir, oui. On peut la sentir à travers des peintures impressionnistes ou peu importe..., à travers de la musique classique comme celle de Debussy.

Parce qu'en réalité, c'est très simple : la poésie est partout. Elle s'incarne DANS différentes formes. Elle nous apprend des choses. Sur la vie. Sur l'autre. Sur nous-même. Il n'y a pas de forme précise, spécifique à la poésie ; elle s'invente encore et toujours tout au long de sa vie. C'est bien ce qu'il faut comprendre. Sinon, on ne verrait aucune évolution entre les odes, les rondeau, les sonnets ; entre Racine ou Valery. Entre un romancier, un scénariste ou un rappeur et un peintre.
Simplement, chacun possède son propre langage, ses propres codes poétiques et surtout : sa propre manière.

On devrait ignorer les troubadours parce que leur poésie était orale ?
On devrait ignorer la poésie érotique parce que c'est "indigne" et ça désacraliserait la "noblesse" littéraire ?
Parce qu'en suivant le raisonnement POESIE = TEXTE, on y court.

Baudelaire a très bien compris que la poésie était même là où on ne l'attendait pas : il a écrit "Le Spleen de Paris", les académiciens l'ont accusé de débilité profonde, apparemment il ne savait plus écrire... Et aujourd'hui, c'est une oeuvre tellement poétique... haha...
Il a également vu la poésie sur les toiles de Delacroix. Si ses critiques poétiques sur l'exposition de 1855 (date de tête, j'me souviens plus trop) ont des allures de poèmes et que des passerelles s'établissent entre le monde pictural et verbal, c'est pas pour rien : la chose en commun entre un tableau de Delacroix et un poème reste la poésie qu'ils peuvent inspirer à l'oeil et à l'âme.

"Quelque chose de poétique", c'est un cliché en référence à la poésie elle-même qui, comme je l'ai déjà dit, ne peut être définit mais sentit.

Racine a écrit des pièces de théâtre. Maeterlink de même. A leurs lectures, on doit admettre que les pièces sont de longs poèmes, qu'elles ont toutes les caractéristiques poétiques et pourtant... ce sont des pièces de théâtre destinées à être représentées oralement.

- Parfois j'regarde des séries et j'me dis que c'est putain de poétique. Mais parce qu'un type est derrière et agence des mots d'une telle manière qu'ils touchent, ébranlent ou je ne sais quoi d'autre.

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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 6:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci de tes explications Ji Si Pi.
(Et au passage, tu m'as encore plus motivé pour les lire les critiques de Baudelaire que je veux acheter depuis longtemps (Delacroix♥))
Du coup si c'est un ressenti, si tout est poétique, ça revient à dire que comme la beauté c'est subjectif ? Finalement, la poésie est construite des critères de celui qui la reçoit... Mais du coup, du point de vue du créateur, ce qu'on qualifie de poésie, c'est le fait que ce créateur a (à son tour) mi des mots (ou autres choses) sur son ressenti de la poésie? (Et pas que hein, je sais bien que ce qu'on écrit vient de nos émotions, expériences...) Mais j'essaye de piger, les deux cotés, nous on voit ça comme de la poésie, mais du coup le créateur il voit ça comment ?

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MessagePosté le: Mer 12 Juin 2013, 7:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ma part, je considère que tout est subjectif mises à part les réalités indubitables (genre 1+1 =2).
On a tous notre propre interprétation du monde. Parce qu'on a tous une vie différente. Parce qu'on vient tous d'un milieu différent. Parce qu'on a tous une vue différente. Des lieux communs peuvent se définir, c'est évident mais c'que tu penses reste c'que tu penses et c'que j'pense reste c'que j'pense. Fatalement : la subjectivité est essence et essentielle.
Une interprétation est arrogante. Parce qu'une interprétation est celle qui prétend trouver UN sens, LE sens. D'un texte, d'une vie, d'une vue. Or, le sens est équivoque. Et j'en viens au créateur. Il aura LE sens initial mais il existe également le sens inconscient que les psychanalystes (par exemple) trouvent.
Le créateur fait ce qu'il veut - voit comme il veut. Par exemple, le créateur issu du mouvement post-modernisme s'amuse. Il brouille le sens, les sens pour décomposer, déconstruire les habitudes narratives ou systémiques, formelles ou structurelles et réalise des métissages entre le langage verbal et sculptural (par exemple).
J'ai lu du Donald Barthelme. Le type désoriente le lecteur en expérimentant les codes d'écriture. Il matérialise les mots en images et des images qui n'ont - apparemment - aucun lien avec le texte initial ; la structure logique du récit et la logique de lecture sont bouleversées et altérées. Le sens traditionnel et la captation n'existent plus. Ce qui veut dire ? Le créateur, ici, s'amuse.

- Et ça reste encore une fois une décision personnelle.

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Yun
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MessagePosté le: Mar 13 Aoû 2013, 6:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'en profite pour montrer un texte que j'ai lu je ne sais plus où (peut-être sur le site de Jacques Roubaud de l'Oulipo):
Je ne sais pas trop quoi en penser mais je me suis dit que ça pourrait faire réagir (par contre c'est un peu un pavé, désolée....) surtout que ça réfléchit à sa manière sur ce qu'a dit JSP.
Citation:

La non-poésie des non-poètes

1. « Poétique » est l'adjectif de la louange partagée. D'une exposition, d'une installation, d'une chanson, d’une silhouette on dira aujourd’hui qu'elles sont « poétiques ». Le prédicat est ici moins descriptif qu’évaluatif. « Poétique » signifie tour à tour mystérieux, beau, profond, singulier, frappant.
2. Mais on assiste, aujourd’hui, en France, à un phénomène sémantique qui ne doit pas passer inaperçu : non seulement le nom « poésie » (descriptif en tant qu’il désigne une activité symbolique qu’on a pendant des siècles identifiée comme « art du langage ») dont l'adjectif « poétique » (évaluatif) est tiré n'est plus considéré comme son porteur naturel, mais encore on va jusqu’à dénier aux poètes la poésie qu’on prête aux non-poètes. Ce n’est plus la poésie des poètes qui est poétique. On apporte ici un cas limite.
3. Un paradoxe de l’époque : dans leurs suppléments littéraires, les gazettes ne cessent de saluer tel roman, tel essai, telle réflexion et de les qualifier de « poétiques ». Elles ne s’étonnent guère de la disparition dans leurs colonnes du porteur « naturel » de l’adjectif qu’ils utilisent si abondamment.
4. En octobre 2010, paraissent dans une très belle édition les Fragments de Marylin Monroe. Ils contiennent outre des proses et des pages de journaux de véritables poèmes (disposés en vers). On les célèbre. Une poétesse est née. En avril 2013, le romancier français Michel Houellebecq publie un recueil de poèmes (ce n’est pas son premier) : Configuration du dernier rivage. La critique est unanime et tapageuse et vaut au romancier la pleine page des journaux, des magazines. On célèbre sinon son art, du moins son courage : le courage de la poésie (le Dicthermut de Hölderlin). Ainsi, on encense Marylin et Houellebecq parce qu'ils écrivent des poèmes (et écrire des poèmes est donc une pratique valorisée : ce ne serait pas exactement la même chose si Michel Houellebecq exposait des tableaux ou si Marylin Monroe avait écrit des pièces de théâtre), mais s’ils n'écrivaient que des poèmes on ne s'y intéresserait pas : ce n'est pas la poésie des poètes qui intéressent mais la poésie-des-non-poètes.
5. Ce qui caractérise la poésie-des-non-poètes, c’est son aspect délibérément « vieillot ». Michel Houellebecq nous aide à saisir l’étendue du paradoxe quand il déclare n’avoir lu aucun poète du XXème siècle. Ainsi un romancier dont certains considèrent qu’il contribue à l’invention du roman contemporain considère-t-il qu’il n’a pas à se situer par rapport aux pratiques poétiques contemporaines pour écrire de la poésie.
A le lire on s’en convainc aisément : la poésie du non-poète entretient le même rapport à la poésie française contemporaine que la peinture d’un peintre du dimanche entretient à l’égard de l’art pictural du XXème siècle. Tout comme celui-ci peut vouloir portraiturer sa famille ou peindre son jardin dans les formes canonisées par une séquence historique qui va, disons, de 1880 à 1914 (il emprunte ses modèles dans un musée imaginaire qui comprend Monet et Manet, Gauguin et Cézanne), celui-là veut chanter ses amours malheureuses dans des formes convenues empruntées au matériel poétique des écoliers ou des chansonniers.

5. On peut donc dire qu’aujourd’hui, en France, la poésie est célébrée dans la mesure même où c'est la "non-poésie-des-non-poètes".


6. Une lecture de ce phénomène en termes de « distinction » n’est pas impossible. L’écriture romanesque ne « distingue » plus parmi les écrivains (qui se présentent comme des dominés par la culture de masse). On va chercher les dominés des dominés (les poètes qui se présentent comme des dominés par la culture du roman). On récupère le genre le moins vendeur (sous prétexte qu’il est par ce fait même indice de valeur symbolique) et on se le prédique. « Courage de la poésie » : le beurre et l’argent du beurre.
6. On a sans doute affaire ici à un avatar (théorique et historique) de la question posée par les philosophes analytiques. Ces philosophes – parmi lesquels Morris Weitz, Arthur Danto, Nelson Goodman et George Dickie aux Etats-Unis, Jean-Marie Schaeffer et Gérard Genette en France – soutiennent depuis une bonne cinquantaine d’années qu’il est impossible d’apporter une définition « substantielle » de l’art. L’art n’aurait pas de forme ou de contenu particulier ; seul le contexte – historique, institutionnel et théorique – permettrait de rendre compte de son existence. Ainsi, plutôt que de demander « qu’est-ce que l’art ? », ces philosophes se sont interrogés sur ses présupposés : « quand y a-t-il art ? ». Et la réponse vers laquelle fait pencher la situation de la poésie est sans doute celle d’Arthur Danto qui pense avant tout l’œuvre comme un produit historique, dont la reconnaissance en tant qu’art dépend de l’« atmosphère théorique » du moment (les critères artistiques qui prévalent à ce moment-là de l’histoire de l’art). Sans doute ne se trompe-t-on donc pas de beaucoup quand on fait de notre époque celle qui loue la « non-poésie-des-non-poètes ».
9. Il reste que cette affaire de prédication se complique d’un tour : les poètes contemporains refusent souvent qu’on les appelle « poètes » et qu’on qualifie de poèmes les textes qu’ils écrivent. En 2011 paraît aux éditions La Fabrique un petit manifeste intitulé Mais toi aussi tu as des armes. Poésie et politique. Le livre s’ouvre sur ces mots : « ce livre où il est question de poésie, réunit des écrivains qui ont en commun de ne pas trop aimer qu’on les traite de poètes. Elles et ils ne tiennent pas non plus à ce que leur travail d’écriture soit qualifié de poésie ». Et pourtant c’est bien « poésie et politique » qui apparaît en sous-titre de leur livre. Il y a donc aussi la poésie-non-poésie-des-poètes-non-poètes.
10. Ce débat n’est pas vain. Il pourrait permettre de rappeler ce qu’est la poésie-des-poètes, par quoi l’on indique ceux pour qui l’écriture de poèmes est une exigence et la prédication de « poésie » un horizon artistique. Quant à l’ « étrange appellation non contrôlée » (Aragon) de « poètes », ils ne la recherchent pas et ne la refusent pas – ils peuvent s’approprier la formule de Michel Deguy et se présenter comme « des poètes-qui-cherchent à l’être ».
11. Au moment de rendre hommage à Pier Paolo Pasolini, Andrea Zanzotto se demande si « avec tout ce qu’il a écrit, et avec tout ce qu’il a créé dans les champs d’activité les plus variés, il est juste de dire que Pasolini doit être avant tout qualifié par le nom de poète ? Oui, et cela, dans l’acception la plus gênante et presque la plus désuète (imbarazzante e persino desueta) que ce terme peut recouvrir ». Sans doute sera-t-il de plus en difficile de désirer coller à toutes les acceptions de ce terme et on a sans doute bien des raisons de remiser certains costumes. Mais ces difficultés ne devront pas empêcher les poètes-qui-cherchent-à-l’être de défendre la poésie-des-poètes-qui-cherchent-à-l’être. Sans quoi on s’exposera au risque d’apparaître comme une génération qui a gaspillé la poésie.

Martin Rueff
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