« Le scénario est à 50% planifié et à 50% improvisé.
Je dois dire que je m’amuse bien ! »
(Kei Sanbe, à propos d’Erased)
Revenir dans le passé – même quelques minutes en arrière – pour empêcher un drame de se produire. Un thème qui n’est pas sans évoquer l’Effet Papillon (et ses suites). Faites pourtant une croix sur Ashton Kutcher car Satoru Fujinuma ne lui ressemble guère. Et cela ne nuit nullement au récit.
Aspirant mangaka de 28 ans, Satoru essuie les refus des éditeurs. Ses créations ne sont pas mauvaises mais elles ne touchent pas le lecteur. Il lui est alors reproché de ne pas s’impliquer suffisamment et d’être un peu trop âgé pour débuter dans cet univers. La coupe du monde 2006 bat son plein et pour gagner sa vie, notre héros travaille à mi-temps comme livreur de pizzas.
Sous cette apparence banale Satoru cache un don remarquable : dès qu’un incident se déroule près de lui, il est projeté quelques minutes dans le passé (une « rediffusion ») pour empêcher l’inévitable de se produire. Lors d’une de ses opérations de sauvetage, Satoru est percuté par un véhicule et finit à l’hôpital. Trois éléments surviennent alors : sa mère (Sachiko Fujinuma) ressurgit dans son quotidien ; il noue le contact avec une lycéenne (Airi) qui travaille dans le même endroit que lui ; son passé – qu’il s’était efforcé d’oublier – revient à la surface.
Héros malgré lui ? Oui, car Satoru ne recherche pas la compagnie des autres et nombreuses sont ses réflexions autour de l’intégration, de son comportement et de celui des autres. Entre sens du devoir et volonté de rester loin des ennuis il est aux prises avec sa conscience et vous pourriez bien finir par le trouver attachant. Lui ainsi que les autres personnages (Airi, Sachiko…) !
En effet, ils ne seront pas de trop pour participer au développement de l’intrigue. Une intrigue servie par des allers et retours entre présent et passé (le retour en arrière avec la rediffusion, le retour dans le passé de Satoru) qui s’enchaînent habilement. Si le trait du mangaka n’attirera pas forcément, les cadrages, les jeux de regards, les non-dits, la disposition et la place du noir séduisent assez vite, tout en participant à la création d’une atmosphère de plus en plus sombre. Nous allons découvrir que Satoru avait de bonnes raisons de vouloir oublier son passé.
Déjà connu pour
l’Île de Hozuki ou le Berceau des Esprits, Kei Sanbe revient avec
Erased (
Boku Dake ga Inai Machi pour le titre original), un thriller avec une pointe de fantastique qui s’est classé second lors des Manga Taishô Awards 2014 :
La fin du premier volume contient quelques messages de l’auteur autour de la réalisation d’
Erased et des petits soucis rencontrés... Publié en France aux éditions Ki-oon, les premières pages de ce seinen peuvent être consultées par
ici.
Une revue des couvertures pour terminer, en espérant vous avoir donné envie de jeter un oeil à ce manga :