Voici le chapitre 3, je vous remercie pour avoir pris le temps de lire les deux premiers chapitres. N'hésitez pas à laisser des commentaires sur le forum ou fanfiction.net. Bonne lecture
Lexique
Takoyaki : des beignets de poulpe
Machiya : maison en bois typique des centres villes japonais.
Mochi : pâte de riz
Manjū : petits gâteaux ronds et blancs, cuits à la vapeur.
Yakigashi : des gâteaux à base de pâte à gaufre cuits au four.
Mitarashi dango : brochette de boulettes de mochi couvert de sauce soja sucrée. Il en existe plusieurs variétés notamment le botchan dango ou hanami dango, composé de trois dango de différentes couleurs. Ce sont les pâtisseries préférées d’Itachi.
Taiyaki : une gaufre en forme de poisson. La plupart du temps, il est fourré d'anko, une pâte de haricots rouges sucrés mais d'autres garnitures sont possibles.
Yatai : stand traditionnel japonais
Chibi-chan : petite demoiselle en japonais. Le suffixe -chan permet d’adoucir le terme et de le rendre plus affectueux.
Busu-san : “Monsieur mocheté” ou “laideron” en japonais
Tantō : un couteau japonais semblable au katana. Beaucoup de ninjas l’utilisent notamment ceux de l’ANBU.
Usuratonkachi : insulte japonaise qui veut dire “inutile” ou “imbécile”.
Chapitre 3
Des yeux si noirs
Konoha, le clan Uchiwa, les takoyaki, les blagues. Tant de personnes aimeraient être sur cette liste... après tout, quand Shisui aimait quelque chose, c’était pour la vie. Itachi Uchiwa
Les mois qui suivirent furent particulièrement pénibles pour les dirigeants de Konoha. L’espionnage du village de Kusa révéla l’avancement significatif des troupes d’Iwa sur plusieurs territoires. Ces derniers avaient envahi le Pays de l’Herbe et se servaient de ses nombreux ponts limitrophes pour se ravitailler. Beaucoup de ninjas expérimentés avaient été envoyés afin de détruire ces points de ravitaillement et il était maintenant évident que leur destination prochaine serait le pont Kannabi, ultime frontière entre les deux pays.
En parallèle, les journées de Kana s’étaient rythmées par les entraînements quotidiens, que son père animait lors de son temps libre. Elle lui avait demandé de ne pas la ménager. Ainsi, elle s’était résolument pliée à tous ses exercices. Il était plus que fier des progrès accomplis par sa fille, mais si le père était comblé, le shinobi lui, était impressionné.
La fillette ne connaissait que les arcanes théoriques du ninjutsu et du taijutsu et pourtant, elle ne semblait pas éprouver de réelles difficultés à maîtriser les enchaînements demandés. Ses gestes étaient fluides, rapides, précis. Sa technique, bien que rudimentaire au début, devint plus raffinée au fil des semaines.
La grâce et la rapidité de ses mouvements donnaient l’impression qu’elle s’adonnait à une danse passionnée contre son adversaire. Minato ne tarda pas à la féliciter de ses progrès :
— Tu t’en sors très bien. Garde toujours ton poignet souple lorsque tu lances ton shuriken ou ton kunai. Ils doivent être une extension de ton bras. N’oublie pas !
— D’accord, j’appliquerai tes conseils, répondit Kana joviale en s’asseyant dans l’herbe.
Il était 14h00.. Ils se trouvaient tous les deux sur le terrain d'entraînement le plus excentré du village. Son père l’avait réveillée aux aurores pour des exercices quotidiens et depuis, ils n’avaient pas fait de pause. Le jônin blond s’étala auprès d’elle et fouilla dans l’une des pochettes de sa ceinture.
— Maintenant, tu dois t’initier au lancer de ce type de kunai, jugea t-il en lui tendant une arme à trois lames. La technique de lancer est différente de celle d’un kunaï à une lame mais tu devrais t’y faire très vite grâce aux mouvements que je t’ai appris.
Kana examina l’arme fétiche de son père. Elle connaissait ce kunai par coeur. Il mesurait en environ 25 cm. Les trois lames étaient faites d’un métal spécial pouvant absorber le chakra et sa principale caractéristique résidait dans le sceau gravé sur sa poignée en bois. Le pommeau se terminait sur un anneau dans lequel on pouvait attacher une corde.
Hiraishin kunai. L’arme qui permettait à l’Eclair Jaune de Konoha d’utiliser sa fameuse technique de déplacement instantané : l’Hiraishin no jutsu.
Ce kunai avait suscité un vif intérêt chez elle. Elle avait bien essayé d’interroger son père sur les secrets de cette technique mais il était resté muet. Elle continuait donc ses recherches en étudiant le peu de revues et manuels sur le sujet. Jusqu’à présent, elle avait découvert que le créateur originel de ce jutsu était le Nidaime Hokage. Malheureusement, cela faisait une trentaine d’année qu’il avait péri. Ceci avait mis un point d’encre à ses recherches.
— Dommage qu’il ait emporté ses secrets dans la tombe
Elle ne se faisait aucune illusion, il lui faudrait beaucoup de temps avant de pouvoir maîtriser totalement cette technique. Kana fourra l’arme dans sa pochette en soupirant.
— Il est lourd. Pourquoi utiliser un kunai à trois lames ? Une seule lame suffirait, non ?
— Il a été fait sur mesure. J’imagine que tu trouveras la réponse à tes questions au cours de ton entraînement, répliqua Minato autant amusé que retorse.
Découvrir les choses par soi-même. Cette phrase avait toujours été le nindo de son père. Toutefois elle avait inconsciemment suivi cette voie en commençant sa formation ninja.
La fillette grogna de dépit et passa une main dans sa chevelure rouge pomme.
—Tu ne souhaites pas que tes mèches soient plus longues ? s’étonna Minato.
—Non, je trouve que les cheveux courts sont bien plus pratiques, ronchonna-t-elle en piquant du nez.
Inutile de dire à son père qu’elle détestait cette couleur qui était la preuve évidente qu’elle n’était pas originaire de ce pays. Elle avait eu une discussion à ce sujet avec sa mère qui lui avait conseillé de cogner les gamins qui s’amusaient à ses dépends mais Kana détestait la violence gratuite. Cogner et tabasser n’étaient pas son style. Elle ne répondait qu’en affichant une mine indifférente et hautaine.
— Kushina n’aimait pas trop ses cheveux, se souvint-il en observant la chevelure lisse et souple de Kana.
— Et qu’est-ce qui lui a fait changer d’avis ?
Ses prunelles d’un bleu saphir se perdirent un instant dans le vague. Un léger sourire finit par apparaître sur son visage. La fillette se racla la gorge et afficha une mine goguenarde. Elle était prête à parier que son père revivait des souvenirs de jeunesse partagés avec sa mère. Ignorant sa mine moqueuse, Minato, le rose aux joues, se leva et lui fit une dernière déclaration avant de s’en aller.
— Quand tu seras plus grande, tu comprendras. L'entraînement est terminé.
Au bord de l’éclat de rire, Kana réalisa combien elle était chanceuse d’être née dans une famille soudée.
________________________________________________________________
Les bâtisses et les ruelles défilaient à toute allure alors qu’elle se dirigeait vers le centre du village. Grâce à ses entraînements, elle maîtrisait de mieux en mieux son chakra et n’avait aucune difficulté à utiliser des techniques de rang E et D.
Après le départ de son père, elle était restée une heure de plus à s'entraîner avant de se souvenir qu’elle avait rendez-vous au QG de la FAM. La Force Alliée des Mères était dirigée par les maîtresses de clan de Konoha. Kushina y avait adhéré en tant que représentante du clan Uzumaki. Le départ de plusieurs ninjas au front poussait à la formation de plusieurs alliances notamment celles des femmes. Celles-ci avaient décidé d’un commun accord de participer à l’effort de guerre. Les nombreuses taches qu’elles effectuaient aidaient en bien le village et les jônins lors de leurs missions.
Kana était ravie de donner un coup de main. Surtout qu’en étant bénévole, elle pourrait aussi saluer sa mère qu’elle n’avait pas vu de la journée.
Elle s’arrêta sur l’un des toits des nombreuses machiya du centre ville lorsqu’une délicieuse odeur chatouilla ses narines. Kana sauta dans la rue et découvrit une petite échoppe traditionnelle de friandises. Des dizaines de petits gâteaux colorés à base de mochi étaient disposés sur les étagères. Elle repéra aussi des manjūs, les fameux petits pains cuits à la vapeur ainsi que ses friandises préférées, les yakigashis.
— Bienvenue, qu’est-ce qui vous ferez plaisir ? lui demanda la vendeuse en s’approchant.
Kana hésita entre les mitarashis dangos et un taiyaki à la crème. Elle appréciait beaucoup ces pâtisseries.
— Huuum c’est vraiment un choix difficile, tout a l’air délicieux, argua-t-elle avec nervosité
Sa mère piquerait une crise si elle apprenait ça. Elle était interdite de grignotage avant le dîner. Tout de même, ces friandises avaient l’air si bonnes.... mais valaient-elles le coup de subir la terrible colère d’Habanero la sanguinaire ?
Après une rapide réflexion, la fillette décida que oui. Elle indiqua un taiyaki à la crème à la commerçante qui s’empressa d’accomplir la transaction.
— Merci beaucoup et à bientôt !
La texture croquante extérieure du taiyaki et le fondant de la garniture bien chaude firent gargouiller son estomac. Kana allait prendre sa première bouchée lorsqu’une discrète flagrance lui parvint aux narines. Elle lui rappela le parfum d’une nuit pluvieuse de pleine lune, une odeur froide de mousse et d’herbe mouillée.
— Kana....-chan, hésita une voix douce derrière elle.
Elle se retourna et ses yeux s’écarquillèrent de surprise lorsqu’ils croisèrent les pupilles sombres d’Itachi Uchiwa. Le garçon s’était approché sans bruit du yatai et attendait patiemment son tour. Elle fourra rapidement sa friandise dans son sac et s’approcha.
— Itachi-kun, depuis quand es-tu rentré ? s’étonna-t-elle avec un grand sourire.
— Cela fait quatre mois. Ma mère ne t’a rien dit ?
Une boule se forma dans son ventre lorsqu’elle vit le regard interrogateur d’Itachi. Combien de fois s’était-elle promise de leur rendre visite ? Au lieu de ça, elle s’était entraînée comme une folle en profitant de la présence de son père.
Il y avait trois mois, sa mère et elle avaient été invitées chez les Uchiwa et Kushina en avait profité pour lui présenter Mikoto et sa famille. C’est ainsi qu’elle avait su que le chef du clan Uchiwa avait emmené son fils sur le front. La fillette avait alors demandé à son père si elle aussi, il l'emmènerait voir les champs de bataille.
— Non certainement pas. Le clan Uchiwa a la charge d’être la police militaire de Konoha. Fugaku-san a sûrement voulu préparer Itachi-kun à son avenir, avait-il déclaré.
Depuis ce jour, elle n’avait plus jamais abordé le sujet. Si sa mère s’entendait très bien avec Mikoto, elle se doutait que ses relations avec le père d’Itachi étaient moins cordiales.
Les moments passés avec le garçon lui avaient permis de cerner son talent. Âgé d’un an de plus qu’elle, il se révélait être un bourreau de travail et se démarquait par son esprit froid et rationnel. Certains enfants le surnommaient : « Busu-san ». Il était évident que le sobriquet avait été inspiré par la jalousie, car si Itachi possédait des défauts, la beauté physique n’en faisait pas partie.
Ses cheveux d’un noir de jais se caractérisaient par deux longues mèches et une frange inégale qui encadraient son visage. De fins et longs sourcils mettaient en valeur ses yeux d'onyx. Il n’était pas très grand et portait un tee-shirt gris foncé avec le symbole du clan Uchiwa à son dos. Son pantalon se résumait à un bermuda gris clair, une pochette ninja attachée à sa cuisse droite.
Elle avait admis très tôt qu’Itachi la surpassait dans bien des domaines. Toutefois, l’Uchiwa paraissait très solitaire et introverti. Dans un sens, il lui reflétait ses propres défauts.
— Nous nous cachons trop de choses, ça nous rend vulnérable, pensa-t-elle en regardant le garçon à la dérobée.
Kana se reprit et se pencha en signe d’excuse.
— J’ai été très occupée dernièrement et j’ai oublié de passer… désolée.
L’héritier du clan Uchiwa ne répondit pas. Elle eut un sourire nerveux et se promit avec ferveur de rendre visite à Mikoto très prochainement. Elle allait lui annoncer son intention lorsqu’elle aperçut plusieurs villageois qui courraient en hurlant dans leur direction.
— Aidez nous ! Aidez nous ! Des hommes sont blessés !
Très rapidement, des dizaines de personnes se rassemblèrent autour des malheureux. La cohue était si forte qu’elle perdit Itachi de vue. Les blessés étaient au nombre de six. Des ninjas de Konoha. Les flaques de sang sur la route supposaient qu’ils avaient parcouru à pieds la rue principale du village avant qu’on ne les repère.
Le groupe était composé de cinq jônins et d’un chûnin d’après les rumeurs. L’odeur terreuse et cuivrée de poudre émanant des blessés, laissait deviner qu’ils revenaient des champs de bataille. Les six hommes étaient d’une saleté repoussante et leurs vêtements étaient déchirés par endroit.
Kana recula instinctivement face à la scène et poussa un petit cri, les yeux écarquillés d’horreur. Sa mère n’avait jamais approuvé certaines de ses lectures, qu’elle trouvait non appropriées pour les enfants. Pourtant la fillette se félicitait d’avoir acquis certaines connaissances sur l’art de la guerre. Ce savoir lui avait permis de comprendre comment la réflexion pouvait mener à la victoire et comment l'analyse des faiblesses de son ennemi permettait d’établir des tactiques. Néanmoins, ces livres ne mentionnaient pas les dommages collatéraux sur les civils.
Tristesse. Douleur. Peur. Colère. Haine.
Le peuple n’était pas supposé se retrouvé sur le champs de batailles. Or ces émotions qui traversaient habituellement les guerriers, étaient désormais emprunts sur les yeux de chaque habitant du pays du feu. Les conséquences de la guerre... le lien qui unissait les hommes était rompu et seule la lutte et le combat leur permettraient de se sortir de ce bourbier. Et cette réalité s'enfouit profondément dans l’esprit de chacun..
— Que quelqu’un prévienne le Hokage !.
La voix d’une femme brisa le silence tendu. Les battements rapides de son cœur s’estompèrent lentement et Kana passa en revue la petite foule. Elle n’y trouva pas Itachi. Elle commença à le chercher lorsqu’un commerçant venu aider les blessés l'interpella.
— Aide moi à le calmer. Tous ces imbéciles ne font rien d’autres que regarder. Fichez le camp !
Sa remarque déclencha un concert de réprobations mais au moins, une bonne moitié de spectateurs s’en allèrent. Il lui désigna le chûnin couché sur le dos. Elle s’approcha et pu se rendre compte à quel point le ninja était mal en point. On lui avait enlevé quelques vêtements et de multiples lésions parcouraient son torse et son visage. Elle remarqua aussi plusieurs blessures ouvertes causées par arme blanche ou par le chakra de ses adversaires.
Kana jeta un coup d’oeil rapide à ses compagnons ; il était le seul à être dans un état aussi critique. Elle sentit son ventre se tordre d’impuissance et de dégoût puis songea à Rin. Pourquoi n’était-elle pas là ? C’était pourtant elle la spécialiste des jutsus médicaux ! Le chûnin sursauta brusquement et de magnifiques iris nacrés se posèrent sur elle.
Le byakugan !
— Je suis Iroku Hyûga… . Je.... fais parti de l’escadron....de renseignement des ponts Nord-Ouest… s’il vous plaît, je dois parler à.... Hokage-sama… je…
À bout de force, il s’évanouit. La fillette et le commerçant s’observèrent, incapables de céder à sa requête. Ils ne pouvaient pas déplacer les blessés. C’était la règle à suivre tant qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre des dirigeants. En temps de guerre, on ne pouvait faire confiance à personne.
Le bruit de gens qui arrivaient résonna dans la rue. Elle sentit l’étreinte d’une main sur son poignet l'attirer vers l’arrière et se retrouva face à Itachi. Le visage du garçon était de marbre, seules ses pupilles rongées par l’anxiété témoignaient de son trouble.
Kana soupira de soulagement et serra discrètement la main du garçon. Elle ne voulait plus qu’ils se perdent de vue. Elle allait lui reprocher son absence lorsqu’elle remarqua qu’il n’était pas seul. Mikoto et Kushina les attendaient légèrement à l’écart. Cette dernière se contenait à grande peine pour ne pas montrer son angoisse.
— Itachi-kun nous a prévenu. Il n’y a plus de place à l'hôpital pour l’instant. Nous allons les installer au château Kikyô.
— Où est Papa ? demanda Kana, surprise de ne pas voir plus de ninjas de moyenne classe et supérieurs.
— Fugaku et lui avaient rendez-vous à la résidence de l’Hokage, lui répondit Mikoto. Il me semble que...
Mikoto s’interrompit. Deux hommes vinrent près d’eux et soulevèrent maladroitement Iroku. Celui-ci reprit conscience en hurlant.
—Ha ! …. non pitié !
— Hey vous deux ! C’est ainsi que vous portez votre femme ? Ttebane ! hurla de colère Kushina en s’avançant vers eux.
La maîtresse du clan Uchiwa la suivit, l’air inquiet. Kana poussa un long soupir et se rendit compte qu’elle tenait toujours la main d’Itachi. Le garçon ne semblait pas s’en offusquer et observait avec attention les réprimandes de Kushina aux deux jônins.
Après l’avoir perdue dans la foule, Itachi s’était dépêché de prévenir la F.A.M puis s’était attelé à la retrouver parmi la foule. Il avait bien anticipé les choses.
Elle se tourna vers lui dans un sourire lumineux et murmura :
— Merci beaucoup Itachi.
________________________________________________________________
Des bandes de tissus à la main droite et une bouteille d'antiseptique à la main gauche, la fillette s’évertuait à panser les nombreuses plaies disséminées sur les bras d’Iroku. La colère de Kushina avait eu raison des deux écervelés. La Force Alliée des Mères avait rapidement pris les choses en main en commençant par installer les blessés au palais Kikyô.
Le château avait été construit il y avait plus de 30 ans et servait aujourd’hui de réserve de guerre. Depuis l’arrivée impromptue des survivants de l’unité de renseignement, plusieurs patrouilles de genins avaient prévenu les hautes instances du village et après quelques soins, les ninjas blessés avaient pu délivrer leur message au Sandaime Hokage. Dès lors, le Conseil de Konoha s’était enfermé dans une réunion à huit clos avec certains jônins dont Minato.
Kana soupçonnait qu’ils avaient reçu de mauvaises nouvelles du front mais ne pouvait malheureusement poser aucune question à Iroku. L’état de santé du ninja était bien trop instable. Les Hyûga avaient été prévenus mais comme la plupart des clans de Konoha, il avait été dépossédé de leur chef qui était sur les champs de bataille. Les Anciens avaient sollicité les ninjas médecins mais la plupart répondirent que l’état du jeune homme dépassait leurs compétences. Personne ne doutait de leur bonne volonté.
— Chibi-chan
La voix d’Iroku résonna faiblement dans la chambre. Son teint était pale et ses yeux cernés. Les dégâts causés sur son organisme par les tortures qu’il avait enduré l’avait irrémédiablement marqués. Kana se demanda si elle ne lui faisait pas plus de mal que de bien. Elle changeait ses pansements en attendant la prochaine visite du ninja médecin mais doutait grandement de sa dextérité.
— Merci beaucoup pour les soins, fit Iroku dans un souffle
— Reposez vous maintenant. Tout ira bien, je suis sure que vous serez vite remis sur pied, assura-t-elle dans un doux sourire.
Le chûnin acquiesça faiblement et ses yeux louchèrent sur la carafe posée sur sa table de chevet. Kana suivit son regard et lui servit un verre d’eau. Il se redressa légèrement et remarqua les hématomes sur les bras nus de l’enfant.
— Tu t'entraînes déjà au taijutsu ? N’est-ce pas un peu précoce ? interrogea-t-il en la dévisageant.
La fillette scruta ses bras et soupira. L'entraînement de ce matin y était sûrement pour quelque chose. Elle prit un temps avant de répondre :
— Au début, je ne pensais pas que devenir ninja serait si difficile. Mais lorsque j’ai commencé l'entraînement, j’ai découvert que la voie que j’ai choisi était parsemée d’épines. Je sais que j’aurai à endurer toute ma vie ces épines jusqu’à ne plus en ressentir la douleur.
— Nous sommes tous passés par cette étape, certains plus tôt que d’autres, grommela-t-il avec un regard mauvais. Être ninja nous oblige à nous remettre en question et à maîtriser la douleur.
— Vous parlez de la douleur physique ?
— Oui… aussi bien physique que morale.
— Et on apprend à se connaître en entamant un entraînement ninja ? demanda Kana, avide d’une réponse. Pourquoi se battre alors ?
Le porteur du byakugan se pinça les lèvres puis répondit après un moment :
— Pour protéger les personnes que l’on aime. Je pense que c’est l’une des motivations...c’est la mienne en tout cas.
Le jeune homme plissa les yeux. Une douleur lancinante vrilla son abdomen. Il poussa un gémissement et pressa ses mains contre son estomac, plié en deux par la souffrance.
— Ça va aller, maugréa-t-il en voyant la jeune fille se rapprocher de son visage.
Kana posa une main inquiète sur son front. De la fièvre. Depuis combien de temps était-il dans cet état ?
— Iroku-san, pourquoi n’avez-vous rien dit ? s’écria-t-elle en sortant chercher de l’aide.
________________________________________________________________
— Iroku Hyûga est mort !
Très vite, la nouvelle s’était propagée dans le village. Le soleil venait de se lever et avec lui des bénévoles et des infirmières volontaires. C’est l’une d’elles qui découvrit, lors de sa première visite matinale, le corps froid du ninja. Bien que le personnel médical et certains bénévoles s’attendaient à cette tragique issue, les réactions furent vives. Les villageois reprochèrent le peu de moyen médical laissé au village à cause de la guerre. Il était pour certains inadmissible qu’un ninja puisse sortir d’un enfer pour mourir aussi bêtement.
Le chûnin s’était éteint dans la nuit, dans le silence, ses multiples lésions corporelles avaient provoqué une hémorragie interne que les infirmiers n’avaient pu enrayer. À présent, son visage pâle semblait serein et détendu, ses traits n’exprimaient nulle souffrance et inquiétude. La dépouille fut remise au clan Hyûga et la vie du village reprit doucement .
L’après midi débutait à peine lorsque Kana sortit de sa chambre. Ses larmes avaient maculé le pyjama que lui avait confectionné sa mère. Elle renifla et massa ses membres engourdis. Kushina lui avait appris le décès d’Iroku et la fillette avait passé sa matinée à pleurer, refusant de voir qui que ce soit.
« La voie du ninja te force à maîtriser la douleur. Nous passons tous par cette étape, certains plus tôt que d’autres. »
La tristesse afflua de nouveau. La dernière phrase d’Iroku résonnait en elle comme le son de cloche strident d’un temple mortuaire. Avait-elle le droit de pleurer quelqu’un qu’elle connaissait à peine ? Pourquoi sa disparition l’ébranlait autant ? Il n’était ni le premier et ne serait ni le dernier ninja qui mourait au nom du village.
La fillette sélectionna des vêtements pratiques et se dirigea vers la salle de bain.
— Il faut que je pense à autre chose. Un ninja ne doit pas pleurer, c’est l’une des règles. Un ninja ne doit pas pleurer. Un ninja ne doit pas pleurer. Un ninja ne doit pas pleurer… répéta-t-elle constamment, peinant à retenir ses larmes.
J’irai me promener dans la forêt pour me calmer, la nature est apaisante. Itachi voudra peut-être m’y accompagner. J’espère.
Nerveuse, Kana se lava rapidement. Elle se massa les muscles en se convainquant qu’elle ne devait pas être aussi sensible. Puis, le regard moins accablé, elle enfila un short serré noir, une tunique vert amande à manches courtes. Ses pochettes contenaient ses armes ainsi quelques livres de poche.
Son regard se posa brièvement sur le blason que sa mère avait récemment brodé au dos de sa tunique. Il représentait un tourbillon rouge. Le symbole du village d’Uzushio qui était aussi celui du clan Uzumaki. Elle laissa ses cheveux flotter sur sa nuque et se chaussa rapidement.
Il régnait dans l’appartement un lourd silence. Minato était absent, toujours retenu par ses obligations de jônins, et Kushina était sûrement à la FAM.
Kana quitta l’appartement, puis l’immeuble où seuls les cris des animaux domestiques indiquaient qu’il était habité.
La fillette franchit quelques ruelles et se dirigea vers le quartier du clan Uchiwa. Elle n’avait pas oublié la promesse qu’elle avait faite à Itachi. Elle n’avait pas revu le garçon après ses heures de bénévolat. Il était parti discrètement avec sa mère pendant qu’elle s’occupait d’Iroku. Kana bifurqua dans une ruelle peu fréquentée et aperçut au loin l’immeuble du département de la police de Konoha. L’établissement se distinguait par le blason du clan Uchiwa affiché sur sa façade.
Alors qu’elle s'apprêtait à sauter sur un toit afin de prendre ses repères visuels, un bruit l’alerta. Un shuriken s’encastra dans le sol à quelques centimètres de son pied. Elle retint son souffle. Deux hommes apparurent à une dizaine de mètres devant elle. L’un d’eux la toisa tandis que l’autre lui lança un regard méfiant.
— Voilà une prise intéressante ! lança l’un des hommes en l’observant .
Il s’approcha d’elle et passa ses mains dans sa chevelure écarlate.
— C’est bien une Uzumaki. Impossible de les rater, confirma le second en pointant du doigt ses mèches de cheveux rouges.
Kana fronça les sourcils et repoussa la main de l’homme. Il était massif avec un faciès aussi inquiétant que laid. Le second était mince et une grande cicatrice défigurait son visage. Tous deux la regardaient d’un regard si noir, qu’elle en frissonna.
— Qui êtes vous et qu’est-ce que vous me voulez ?
— On a un compte à régler avec Habanero Uzumaki, répondit l’homme défiguré.
Il pointa un doigt sur sa cicatrice et reprit d’une voix narquoise :
— Elle m’a fait un petit cadeau il y a quelques années…. aujourd’hui, j’aimerais lui rendre la pareille. La moindre des politesses vois-tu.
Il éclata de rire, rire ravivé par son comparse. La fillette était abasourdie : ces imbéciles ont préféré attendre des années pour se venger de sa mère et en plus ils faisaient de l’humour. Un petit sourire naquit sur ses lèvres. Kushina avait dû cogner assez fort pour qu’ils se souviennent d’elle.
Les deux hommes s’arrêtèrent de rire en apercevant l’air railleur de Kana. Après la mère, c’était la fille qui se fichait d’eux. Ils n’avaient jamais oublié la correction que leur avait donné Kushina Uzumaki. Ils s’étaient moqués d’elle une fois de trop et s’étaient retrouvés à l'hôpital du village. Ils avaient bien pensé à se venger mais la jeune femme était intouchable. Elle était constamment entourée par ses amis et surtout par Minato Namikaze. Déjà à l’époque, le ninja blond était très populaire parmi ses pairs.
— J’imagine qu’elle a du oublier ce qu’elle nous a fait… mais après notre petite entrevue, elle se rappellera de nous, cracha l’homme massif en fixant Kana.
— Cette Kushina s’est permise de faire la loi alors qu’elle n’est même pas de Konoha, reprit le défiguré. Vous les Uzumaki, n’êtes que des sangsues et des profiteurs ! Vous n’avez plus de village alors vous estimez que nous vous devons le droit d’asile. Vous…
Kana ne l’écoutait plus. Ses yeux d’un bleu si limpide s’étaient assombris sous les insultes. Partagée entre sa colère et le désir de respecter les règles, elle recula de quelques pas et sonda avec plus d’attention son environnement. La ruelle était déserte, personne ne pouvait l’aider.
D’habitude les signes de mépris à son égard restaient discrets, mais cette fois, il s’agissait d’un règlement de compte. Elle ne voulait pas se battre mais leur agressivité verbale suggérait qu’elle allait passer un très mauvais moment si elle ne se défendait pas.
« On se bat pour protéger les personnes que l’on aime. Je pense que c’est l’une des motivations...c’est la mienne en tout cas. »
Les paroles d’Iroku ricochèrent de nouveau dans son esprit. Jamais elle ne s’était battue réellement, elle s'entraînait surtout contre son père qui ajustait son niveau contre elle. S’il fallait se battre contre ces lâches pour protéger sa mère, elle le ferait.
Pouvait elle s’échapper de ce guet-apens ? Serait-elle capable de vaincre ces deux hommes ?
— Si vous avez des choses à dire à mes parents, allez les voir directement, insista-t-elle en ne les quittant pas des yeux.
L’avertissement ne parut pas prendre effet puisque tremblant d’impatience, l’homme à la cicatrice lança plusieurs shurikens ciblant Kana. Celle-ci réagit aussitôt, ne laissant pas le temps aux deux hommes de saisir la situation. Elle concentra son chakra et effectua ses mudras
— Shunshin no jutsu !
Kana effectua plusieurs déplacement latéraux à très grande vitesse et abattit de toutes ses forces son pied droit dans l’entrejambe du ninja massif. La douleur fût si forte qu’il s’écroula de tout son long, les mains sur ses parties intimes en jurant.
— Sale petite peste ! Ginta, neutralise cette saleté, elle est dangereuse !
Ginta, l’homme défiguré hocha la tête et lança plusieurs kunais vers Kana. Elle exécuta un rapide salto arrière et les contra avec l’arme donnée par son père.
— Ils n’utilisent pas le ninjutsu. J’imagine qu’ils veulent rester discret. Ils pensaient sûrement pas que je leur donnerai autant de mal, sonda-t-elle rapidement.
Elle allait utiliser de nouveau son Hiraishin kunai lorsqu’un tantô vint se planter à deux centimètres du pied de Ginta. Surgissant de nulle part, un jeune garçon exécuta un bond et atterrit devant Kana. L’inconnu était plus âgé qu’elle, ses cheveux couleur ébène étaient ébouriffés et retenus par son bandeau frontal. Elle remarqua le symbole de Konoha inscrit sur la plaque en argent et en déduisit qu’il était probablement genin.
Sa peau pâle faisait ressortir de légères cernes longeant l’arrête de son nez. Il portait comme la plupart des membres du clan Uchiwa une tenue sombre sur laquelle était cousu l’inévitable éventail rouge et blanc. Le garçon distingua les visages frustrés des deux hommes et la colère émanant de la fillette rousse.
— Salut ! lança-t-il. Vous êtes dans le secteur du département de la police. Il est interdit de se battre au sein du village. Cessez tout grabuge s’il-vous-plaît.
— Mêle toi de ce qui te regarde Uchiwa ! aboya Ginta.
— Nous réglons juste une affaire entre nous, avança l’homme massif. Dégage de là morveux !
Le jeune garçon fronça les sourcils. Il observait la scène depuis un petit moment déjà et s’était décidé à intervenir lorsqu’il avait compris les véritables intentions des deux hommes.
— La police...
Il allait rajouter autre chose lorsqu’un hurlement l’interrompit. Un filet de sang apparut sur le visage des deux hommes qui en avaient crié de stupeur. Le garçon remarqua un kunai et un shuriken figés dans le mur derrière Ginta et son ami. Il se retourna, les yeux écarquillés de surprise, vers Kana. La fillette se tenait droite et observait la scène. Ses pochettes étaient entrouvertes et laissaient entendre qu’elle était à l’origine de cette attaque.
C’est dans une froide colère qu’elle les nargua de nouveau :
— Je vous ai fait une nouvelle cicatrice, vous avez dorénavant une bonne raison pour vous venger … usuratonkachi !
— Petite conne, tu ne perds rien pour attendre, hurla de rage Ginta en s’avançant.
L’Uchiwa sourit. Cette fille ne manquait pas de cran. Il se tourna soudainement vers Ginta et activa ses sharingan. L’homme fit un bond en arrière et prit ses jambes à son cou, suivi de près par son ami.
Étonnée par ce retour de situation, Kana s’avança et dégagea ses armes en silence. Elle se demanda si elle devait prévenir ses parents de cette altercation. Elle passa une main songeuse dans ses cheveux et se tourna en soupirant vers son sauveur. Un silence gêné s’installa. L’Uchiwa l’observait toujours. Il avait entre temps désactivé son dôjutsu. Son regard plongé dans celui de Kana, laissait filtrer un soupçon de curiosité et d’amusement.
— Des yeux si noirs, murmura-t-elle captivée par les iris du garçon.
Elle connaissait bien la réputation du clan Uchiwa sur leur apparence physique. Elle avait de nombreuse fois pu observer Obito ou Itachi et elle était venue à la conclusion que les membres de ce clan possédaient des yeux uniques en leur genre. Elle ne pensait pas spécialement au sharingan, mais aux émotions émises dans leurs pupilles noires qui ne transparaissaient jamais de la même façon.
Le garçon devant elle possédait une telle flamme dans le regard, qu’il était difficile d’ignorer sa présence. Kana n’avait ressentit cela que devant le portrait du ninja inconnu. Un regard doux et chaleureux qui vous donnait des papillons dans le ventre et une continuelle envie de sourire.
— Je m’appelle Shisui Uchiwa et toi ?
À suivre...