Lucile.
Lucile, c'est mon âme, ma vie.
Un matin de novembre,le ciel était gris, la pluie s'abattait sur mes joues creuses. Mes pieds clapotaient dans les flaques, j'avançais dans les rues sinistres de Paris. Et là, dans un coin de cette minuscule boutique, à travers la vitrine, je la vis. Le visage encadré d'une cascade de cheveux blonds, les yeux clairs comme de l'eau, dans lesquels on pourrait se noyer. La douceur de son visage, le teint blanc comme neige.... juste irréellement belle...
Lucile, c'est mon âme, ma vie.
Maintenant, elle vit chez moi. Je lui offre Mille cadeaux et mille caresses. Elle, elle m'offre un nouveau départ, une nouvelle vie le bonheur.
J'ai perdu ma premier femme, il y a 5 ans de cela. Morte en couche, l'enfant aussi, le cordon autour du coup. C'était une petite fille. Renfermé sur moi-même, cloîtré chez moi, je donnais de moins en moins signe à mes amis, qui de leur, ne me reconnaissaient plus. Seul l'alcool me tenait compagnie, seul remède à ma douleur.
Pas un chat dehors. La nuit est maîtresse du silence. Silence apaisant... Allongés sur le canapé, elle est dans mes bras, petite et si fragile. Je la serre contre moi délicatement, pour ne pas lui faire de mal. Et nous restons là à regarder, à travers la baie vitrée du salon, les flocons de neige tombant du ciel. Elle ne dit rien, elle ne bouge pas. J'en déduis qu'elle est confortablement installée. Tant mieux. Bientôt c'est Morphée qui me prend dans ses bras et doucement, je plonge dans un sommeil profond.
Du jour où l'autre où Lucile est rentrée dans ma vie, je décidais de jeter toutes les bouteilles d'alcool des placards. Petit à petit, je franchissais le pas de me sevrer et les sensations de manque et de sauts d'humeur diminuaient. Je ne ressentais plus de haine envers les gens, surtout les gens heureux... Non plus rien, juste cette folle envie d'exister à nouveau.
Dans la cour de l'immeuble des enfants rient et s'amusent à faire des bonhommes de neige. Demain c'est la veille de Noël. Le sapin au coin du salon , revêtu de couleur et de lumières, n'attend qu'une seule chose, que les cadeaux soient déposés à son pied, pour lui tenir compagnie jusqu'au petit matin.
Soudain la sonnette retentit. J'ouvre la porte, apparaissent deux hommes à forte carrure. Avant que je n'ai pas le tempos de réagir, je reçois un coup violent coup à la tête et je me fais projeter, en arrière... Mon corps tombe lourdement sur le sol comme un patin désarticulé. Avant que les ténèbres m'emportent je gémis:
"Mon dieu , Lucile..."
J'ouvre les yeux. La lumière m'aveugle. J'ai horriblement mal à la tête. je porte ma main à mon visage pour me protéger de l'éclairage. un liquide poisseux coule sur mes doigts: du sang.
Une longue balafre s'étale sur mon front. Je me redresse, mon bras émet un craquement sinistre. La douleur est telle que je hurle. Le souffle court, je me relève lentement, me tenant le bras. Peu à peu les contours du paysages qui m'entoure deviennent plus nets. Effaré, la démarche traînante, j'examine le carnage se dressant devant moi... les objets jetés au sol, beaucoup brisés, le salon renversée, la bibliothèque par terre. L'ordinateur a disparu ainsi que la télé et la chaîne stéréo aussi. De simples cambrioleurs... En avançant, je vois un petit corps près du canapé...
"Lucile! LUCILE! Non!"
Je cours auprès d'elle, les larmes me brouillent la vue.
Lucile, c'est mon âme, ma vie.
Je la prends dans mes bras, des morceaux de porcelaine se détachent de son visage. Alors je la serre un peu plus contre moi et lui murmure au creux de l'oreille:
"Ne t'inquiète pas je vais te réparer. Chuuuut! Tout va, je suis là, je vais te recoller mon amour. Ne t'inquiète pas je suis là ... je vais te recoller... je vais te recoller..."