Now he's gone I don't know why
And till this day sometimes I cry
He didn't even say goodbye he didn't take the time to lie
Bang, bang he shot me down, bang bang
Le Salut.
1. Qu’est-ce qui nous accroche dans
Naruto ? Qu’est-ce qui nous séduit ? En général, on donne des réponses simples et naturelles : l’histoire, le dessin, les personnages. Ces réponses sont suffisantes en elles-mêmes.
Mais on peut également essayer d’aller un peu plus loin : qu’est-ce qui dans l’histoire, le dessin ou les personnages nous séduit ? Ou encore : mais pourquoi cette histoire (ou ce dessin, ou ces personnages) est-elle pour nous si séduisante ? C’est vrai, chacun a ses raisons pour aimer
Naruto mais on peut espérer que certaines de nos raisons, parmi les plus précises, sont partageables.
2. J’avais proposé le génie. Le génie, dans
Naruto, accueillait nos désirs de singularité, nos rêves d’exceptionnalité. Mais, le génie nous charme d’une autre manière encore : c’est une figure de la force. Le génie dans
Naruto est une manière de dire la force. Le génie, c’est d’abord un potentiel pour le combat ; c’est l’indice et la promesse d’une supériorité.
On pourrait dire que le génie est une mise en scène de la puissance. Cette mise en scène utilise l’idée de singularité. Mais, surtout, c’est une
promesse. Autrement dit, le génie ne dévoile pas ce qu’il promet (une force exceptionnelle) ; le manga se contente d’annoncer, de nous dire : « Vous allez voir ».
La force n’a pas besoin d’apparaître pour faire effet. Au contraire, elle est peut-être d’autant plus efficace qu’elle est retenue, qu’elle est (en)
puissance. Qui sont les personnages les plus forts de
Naruto ? Ceux qui n’ont jamais combattu devant nous : Itachi et Yondaime. Itachi n’a rien encore rien montré et pour cela, il semble terrible.
3. La force a sa dramaturgie, le pouvoir sa chorégraphie. C’est vieux comme le monde : le pouvoir est surtout un dispositif d’attente, une mise en réserve. Les princes du temps passé savaient cela, retardant au maximum leurs apparitions (ceux du temps présent ont d’autres méthodes). Qui est le personnage le plus puissant de Naruto ? Celui qui est le plus absent. Ecoutez le Fan Club de Yondaime ! Ecoutez les idolâtres de Tobi ! Ils sont amoureux d’une absence.
L’absence est une figure de la puissance. On s’y laisse prendre. Elle se décline en mille petits mouvements élégants et esquives subtiles qui nous fascinent par ce qu’ils suggèrent : c’est Kuybî emprisonné, le mutisme initial de Garaa, les masques de l’Anbu et le foulard de Kakashi. C’est surtout, parfois, une proximité avec le néant et la mort ; la mélancolie de la toute-puissance : Yondaime.
4. C’est le paradoxe de la toute-puissance : au bout du bout, elle n’est qu’évanouissement, rêve de disparition. C’est fascinant, c’est habile, et c’est un peu absurde.
C’est surtout très masculin, me semble-t-il. Voilà peut-être le propre du
Shonen, et plus encore du
Nekketsu (aventure d’un jeune furieux) : s’il s’adresse théoriquement aux jeunes gens plutôt qu’aux jeunes filles, c’est qu’il est entièrement (ou presque) construit autour d’un rêve de force.
Un dernier mot : au final, on est toujours un peu déçu quand la promesse se réalise. La puissance n’est jamais vraiment à la hauteur de nos attentes ; elle ne peut pas l’être de toute façon car ce qui nous accroche véritablement, c’est le projet plutôt que sa concrétisation. Le
Shonen fonctionne sur le modèle de la séduction : la drague est exaltante, le passage à l’acte est ennuyeux. Le côté un peu épuisant de
DGZ et de
Bleach par exemple vient de là : ils en montrent trop pour nous satisfaire, ils en font trop du côté du fan service.
Post-coïtum, animal triste.
Le Vieux
Le
no sms
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La Fontaine : Le pouvoir des fables
http://www.litterales.com/fiche_texte__id-66-Livres%20VIII%20%20%20le%20Pouvoir%20des%20Fables.html
Deux liens Wiki sur la mise en scène de la puissance (actuelle et passée):
http://fr.wikipedia.org/wiki/Thierry_Saussez
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mise_en_sc%C3%A8ne_du_pouvoir_politique
Sur la sexualité, le lolicon et le fanservice (plus, voir wiki)
http://www.artelio.org/souche.php3?id_article=1206
Un portrait corrosif du lecteur de Naruto, autour de la puissance:
http://jpoptrash.nihon-fr.com/portraits/portraits.htm#naruto
A History of Manga in the Context of Japanese Culture and Society :
http://www.blackwell-synergy.com/doi/full/10.1111/j.0022-3840.2005.00123.x?cookieSet=1
Sur le féminin (lointain et anglais):
http://www.imageandnarrative.be/graphicnovel/bounthavysuvilay.htm
Sur la puissance :
http://www.cerphi.net/lec/puissance.htm
Edit : "'till", c'est vrai. Corrigé sur le site mais j'avais oublié le fofo. Merci Sara.