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Salvor.Hardin Aspirant genin
Inscrit le: 01 Nov 2006 Messages: 248 Localisation: Yarnham
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Posté le: Jeu 01 Fév 2007, 4:37 am Sujet du message: David Lynch |
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David Lynch
S'il y a bien un cinéaste qui peut revendiquer le statut le plus "complet" d'artiste, c'est Lynch. Comme Burton, David Lynch s'intéresse d'abord aux arts plastiques et ce n'est que par extension qu'il en viendra au septième art. De fait, son approche cinématographique est avant tout esthétique. Mais comme peu d'autres techniciens de l'image et de la forme, le souci de Lynch est l'émotion. "Malaise" est le mot qu'on entend le plus souvent pour qualifier la force évocatrice de ses oeuvres.
Shadow of a Twited Hand Accross my House (1988)
That's Me in Front of my House (1988)
Pour Lynch, l'institution et la norme sont des limites trop contraignantes et il n'a de cesse de vouloir créer ce qui ne touche à aucun règle, à aucun dessein, à aucune fonction... Il veut simplement exprimer des sentiments, des choses qui n'ont pas de nom, des couleurs indicibles. Son plaisir réside dans la mise en consistance de ce qui n'est pas consistant. Aux vues de ses travaux les plus personnels, certains se demanderont si le bonhomme n'est pas dérangé, voir schizophrène ou même complétement dément. Lynch dit lui-même qu'il ne connait personne de plus normal que lui. La différence réside dans son approche de la représentation. Là où quelqu'un voit une usine, Lynch ressent le mouvement qui dénature un matériaux pour en créer un autre. Là où quelqu'un voit l'amour d'une grand-mère pour ses petits enfants, Lynch est touché par le rapport charnel d'un corps en décrépitude et d'un organisme en développement.
The Grandmother (court-métrage - 1970)
Dans ces premiers court-métrages, David Lynch expérimente le mouvement qui le fascine (autrefois, il n'hésitait pas à utiliser de la viande dans ses peintures pour que des asticots s'y développement et mettent en mouvement sa toile) mais aussi le son. Largement influencé par Jacques Tati, Lynch comprend que le cinéma est un art autant visuel qu'auditif (si ce n'est plus auditif que visuel). Il passe des heures en salle de mixage pour créer ses propres sons, effets et ambiances qui donnent à ses images une force nouvelle.
Son premier long-métrage, Eraserhead est déjà marqué par un sens aigue de l'esthétisme (bien évidemment) mais aussi d'une technique créative sonnore impressionnante. Les décors sont impregnés d'une atmosphère aussi bien visuelle qu'auditive et Lynch en joue avec délectation pour mettre son spectateur dans le tourment organique et mécanique de son héros Henry (Jack Nance).
Eraserhead (long-métrage - 1977)
Le film "raconte" l'histoire de Henry, un homme oppressé par une ville inquiétante, presque déserte mais toujours animée de sons d'industrie et de machineries inconnues. Il mène une vie sans histoire, sclérosée dans un quotidien tout aussi oppressant que son environnement. C'est alors que sa petite amie lui apprend qu'il est le père de l'enfant qu'elle porte. La jeune femme donne naissance à un bébé fragile et monstrueux, en proie aux maladies. Henry se retrouve seul pour élever cette abbération organique et s'en suit une multitude de séquences oniriques et cauchemardesques sur la peur de la paternité, de la maladie...etc.
Lynch n'explique rien à son spectateur, il donne. Pour certains, le cinéaste restera d'une opacité déconcertante, pour d'autres, il touche en plein coeur, effleurant avec sensualité et terreur le subconscient. Ainsi, malgré une distribution plus que limitée, le film s'éléve au rang d'oeuvre culte. L'underground artistique New-Yorkais est en émois et beaucoup portent des tee-shirts avec comme seule inscription "I saw it". C'est Stanley Kubrick qui sera à l'origine de la plus grande "campagne publicitaire" du métrage en répondant lors d'une interview que le seul film qu'il aurait aimé réalisé était Eraserhead.
Eraserhead emprunte à la psychannalyse et au surréalisme mais tout en créant quelque chose d'inédit. Les véritables fondations du "style Lynchien" sont posées. Un style qui va devenir un point de vue, une méthode d'appréhension du monde, un langage.
Ce premier long-métrage va couter à Lynch cinq ans de sa vie et son mariage. Mais il gagne un nom et celui-ci ne tarde pas à venir aux oreilles de Mel Brooks qui cherche un réalisateur pour son projet d’adaptation de la vie de John Merrick, allias Elephant Man. C’est un jeune producteur exécutif nommé Stuart Cornfeld qui joue l’intermédiaire, fasciné par Eraserhead et ayant foi en ce jeune cinéaste si particulier.
Elephant Man (long-métrage 1980)
Le projet est audacieux et Mel Brooks donne son soutien le plus total à David Lynch qui s’attaque donc à un premier film de commande pour un studio hollywoodien. Le résultat est stupéfiant. Après avoir joué dans la cours du cinéma expérimental le plus effrayant (et aussi le plus artisanal), Lynch a l’air aussi à l’aise dans le classicisme formel le plus impeccable pour Elephant Man. Plus que ça, il parvient même à marquer toute l’œuvre de sa griffe. Une ambiance à la fois oppressante et sublime filtre dans chaque image et tout ceci est à l’honneur de John Merrick : une humanité profonde et une sincérité évidente se dégagent du film pour nous raconter cette histoire d’une poésie et d’une cruauté rare. Le noir & blanc est sublime, figeant cette biographie romancée dans deux heures de cinéma intemporel, presque magique. Malgré une noirceur affichée, le film ressemble à un conte, un grand classique qui semble avoir toujours été là.
Pour les rares qui ne connaissent pas l’histoire, John Merrick est un jeune homme atteint de difformité monstrueuse. Il est trouvé dans un « freak show » par le docteur Frederick Treves qui voit en lui la possibilité de briller au sein de sa profession. Il arrive à convaincre Merrick de se laisser observer à des fins scientifiques mais très vite Treves se rend compte qu’il traite le garçon de la même façon que ces gens du cirque : comme une bête de foire, une curiosité dénuée d’humanité... Pourtant Merrick est bien humain, sensible et profond, sincère et délicat.
Les scènes d’anthologie sont nombreuses et les performances d’Anthony Hopkins (Dr. Treves) et John Hurt (John Merrick) sont bouleversantes. Car Lynch est aussi un admirable directeur d’acteur, qui ne s’encombre pas de techniques et de vocabulaire scénique pompeux. Il dirige ses acteurs comme il raconte une histoire, avec des images et des émotions toutes poétiques. L’interprétation prend alors tout son sens car les comédiens sont jetés dans un univers unique et entier, accompagnés et guider par leurs seuls personnages.
Mais si Elephant Man est un film si exceptionnel, c’est qu’il n’est pas entaché par la peur de déplaire. Alors que les studios veulent couper les scènes de rêves qu’ils jugent déroutantes, Mel Brooks se bat pour imposer la vision complète de Lynch. C’est une de ses grandes forces : il ne fait pas son film pour un public virtuel, se demandant si le spectateur va suivre ou non. Il réalise en ne pensant qu’à son approche artistique, comme un peintre qui avance avec seulement l’idée générale d’un tableau, l’émotion créatrice.
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A SUIVRE
Dernière édition par Salvor.Hardin le Mar 06 Fév 2007, 3:21 pm; édité 4 fois
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boula kun Doyensaurus Rex
Inscrit le: 12 Juin 2006 Messages: 1032 Localisation: bloqué dans les années 90
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Posté le: Jeu 01 Fév 2007, 10:58 am Sujet du message: |
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je suis un fan de la première heure de david Lynch mais en tant que spectateur sans analyse aucune.
j'adore sailor et lula, elephantman et surtout pour moi son oeuvre de génie est la série twin peaks (ah la cinq), mais je ne crache pas non plus sur ses films plus recents!
je serais ravi de lire tes petist exposés ... _________________
"Ne vois tu pas que je te domine!!! this is my way of ninja!!!" |
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Salvor.Hardin Aspirant genin
Inscrit le: 01 Nov 2006 Messages: 248 Localisation: Yarnham
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Posté le: Jeu 01 Fév 2007, 12:20 pm Sujet du message: |
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Je pense pas rentrer dans des analyses détaillées. Le but du topic est de présenter le réalisateur et ses oeuvres, pas de les expliquer et encore moins de les interpréter. David Lynch lui-même déteste expliquer ce qu'il a voulu dire ou faire dans ses films. Quand on lui demande ce que représente Sailor & Lula, il répond "1h45 de pellicule, à peu près".
Beaucoup d'analystes cinématographiques se masturbent sur Lynch sans comprendre que c'est un réalisateur qui parle d'abord au coeur, au subconscient... pas au cerveau. Il fait de l'art, pas de la philo, ni des énigmes intellectuelles. Après c'est sur que de mon côté, je le décrypte un maximum par souci "professionnel" : je veux comprendre sa façon de travailler et d'aborder tous les outils cinématographiques. Mais j'en parlerai très peu ici.
Sinon, pour Twin Peaks, j'ai hâte de m'attaquer à cette partie et plus particulièrement au sublime, magnifique, grandiose, incomparable, magique chef d'oeuvre qui en découle : Fire Walk With Me... |
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Natsuhiboshi ♫ The Imperial March ♫
Inscrit le: 15 Avr 2006 Messages: 2100 Localisation: En quarantaine
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Posté le: Jeu 01 Fév 2007, 1:59 pm Sujet du message: |
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boula kun a écrit: | son oeuvre de génie est la série twin peaks (ah la cinq) |
Là je te suis à 100%.
Mais un seul problême s'offre à moi! C'est l'interpretation de la fin de cette série, déjà qu'en elle même est pas facile à comprendre.
Vu que ma soeur en est fan, j'ai tout les épisodes mais bon, là j'ai la flemme de les remater^^. _________________ Maya: J'me réveille la culotte mouillée quand j'rêve de Jay(Jergal) =3
Aïnsel: Oh oui moi aussi!
"Je lui ai laché: Qui fait l'malin, tombe dans l'vagin!" Aïnsel.
2006 - 2019.
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Salvor.Hardin Aspirant genin
Inscrit le: 01 Nov 2006 Messages: 248 Localisation: Yarnham
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Posté le: Jeu 01 Fév 2007, 2:03 pm Sujet du message: |
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Natsuhiboshi a écrit: | boula kun a écrit: | son oeuvre de génie est la série twin peaks (ah la cinq) |
Là je te suis à 100%.
Mais un seul problême s'offre à moi! C'est l'interpretation de la fin de cette série, déjà qu'en elle même est pas facile à comprendre.
Vu que ma soeur en est fan, j'ai tout les épisodes mais bon, là j'ai la flemme de les remater^^. |
Tu veux parler de l'épisode final dans son ensemble ou de la dernière scène avec Cooper ? |
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Natsuhiboshi ♫ The Imperial March ♫
Inscrit le: 15 Avr 2006 Messages: 2100 Localisation: En quarantaine
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Posté le: Jeu 01 Fév 2007, 2:07 pm Sujet du message: |
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L'ensemble de la série est pas facil à comprendre. ^^' _________________ Maya: J'me réveille la culotte mouillée quand j'rêve de Jay(Jergal) =3
Aïnsel: Oh oui moi aussi!
"Je lui ai laché: Qui fait l'malin, tombe dans l'vagin!" Aïnsel.
2006 - 2019.
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Salvor.Hardin Aspirant genin
Inscrit le: 01 Nov 2006 Messages: 248 Localisation: Yarnham
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Posté le: Lun 05 Fév 2007, 1:49 pm Sujet du message: |
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Hehe... Ben il faut dire que la série n'a pas pu aller aussi loin que Lynch le voulait. Après avoir révélé le meurtrier de Laura Palmer, ces cons d'américains ont arrêté de regarder Twin Peaks. Au final, la chaîne a décidé de tout arrêter à la deuxième saison.
On voit d'ailleurs très bien le moment où Lynch apprend cette décision : d'un coup, la série s'emballe et résoud plus ou moins bien la plupart des intrigues et développements.
Mais si tu veux comprendre d'avantage Twin Peaks, il FAUT regarder Fire Walk With Me... Même si tu veux pas comprendre en fait puisque ce film est sans doute le meilleur Lynch. C'est en toute franchise un chef d'oeuvre bouleversant et fascinant. Ca raconte les derniers jours de Laura Palmer, rien que ça !
Natsu: J'ai vu ce film ^^
EDIT :
update => l'ajout de Elephant Man |
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parpaing The alpha and the omega
Inscrit le: 03 Oct 2004 Messages: 700 Localisation: Deutschland über alles!
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Posté le: Dim 11 Fév 2007, 9:57 pm Sujet du message: |
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Tiens d'ailleurs en passant, j'ai récupéré fire walk with me car j'ai entendu mainte foi parler de façon élogieuse de twin peaks, ma question est la suivante:
Dans quel ordre regarder le film et la série? |
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Salvor.Hardin Aspirant genin
Inscrit le: 01 Nov 2006 Messages: 248 Localisation: Yarnham
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Posté le: Lun 12 Fév 2007, 12:05 am Sujet du message: |
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Il vaut mieux d'abord regarder la série, mais ça peut aussi être intéressant de découvrir la série après le film (ce qui a été mon cas)... |
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boula kun Doyensaurus Rex
Inscrit le: 12 Juin 2006 Messages: 1032 Localisation: bloqué dans les années 90
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Mallow Civil
Inscrit le: 23 Jan 2007 Messages: 25
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Posté le: Mar 13 Fév 2007, 11:24 pm Sujet du message: |
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Il faut que vous regardiez absolument "Mulholland Drive". Je suis resté bouche ouverte devant ce film, la bave coulait au coin de mes lèvres. Je suis resté dans cet état stuporeux pendant une bonne dizaine de minutes. Et je m'en suis toujours pas remis pour être honnête...
Dans ce film Lynch va bien au delà de la forme (il se joue des apparences) pour se consacrer au fond. Une histoire somme toute banale de film sur le point de se faire (habile mis en abîme à mon sens) mais tout bascule vers la moitié du film.
"Inland Empire" serait la version freestyle et sans limite de "Mulhholland Drive", ce qui constitue une raison suffisante pour me faire douter de mon envie d'y aller... Car à la base je reste quand même un "scientifique"... enfin un esprit cartésien quoi. |
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Kakashi Hatake Sensei Role Player God
Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 5387 Localisation: Entre Darn'Kaig et Crystälwand...
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Posté le: Dim 25 Fév 2007, 4:47 pm Sujet du message: |
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Je ne connais qu'un seul film de Lynch et ce n'est pas son univers puisqu'il s'agit de Dune.Très bon film, qui respecte le livre de Frank Herbert d'un bout à l'autre...
Toutefois, on sent bien la patte de Lynch dans chacune des scènes... _________________ |
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Salvor.Hardin Aspirant genin
Inscrit le: 01 Nov 2006 Messages: 248 Localisation: Yarnham
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Posté le: Dim 25 Fév 2007, 7:46 pm Sujet du message: |
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Le prochain film dont je parlerai ici sera Dune... Et je vais être beaucop plus méchant que ça, KHS ! Non seulement parce que Herbert a été massacré dans cette adaptation et que Lynch n'a pas vraiment réalisé le film. |
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Kakashi Hatake Sensei Role Player God
Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 5387 Localisation: Entre Darn'Kaig et Crystälwand...
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Posté le: Lun 26 Fév 2007, 1:04 pm Sujet du message: |
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Que Lynch n'ait pas vraiment réalisé, je peux encore le concevoir, quand on sait ca qui se dit sur ses autres films...Mais que l'oeuvre d'Herbert ait été massacrée, là, j'ai un peu de mal à comprendre...Enfin, on verra ce que tu en dis et, de toute façon, c'est ton avis, et je le respecte... _________________ |
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Final-S Civil
Inscrit le: 04 Oct 2008 Messages: 13
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Posté le: Sam 04 Oct 2008, 8:13 pm Sujet du message: |
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Arf, faut dire que les films que font ce mec sont assez space comme la série et les films Twin Peaks auquelle j'ai rien compris, mais sinon j'ai assez aimé Blue Velvet. _________________ |
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