Il était une fois, dans le lointain New Jersey, vivait un jeune homme nourrit exclusivement de cheerios et de comics book et abreuvé de Star Wars.
Ce jeune homme avait un rêve un peu fou, il voulait devenir réalisateur ! Alors il partit pour une école de cinéma à Vancouver mais ses résultats peu concluants le renvoyèrent rapidement dans son New Jersey natal.
C’est là qu’avec une caméra 16mm noir et blanc, une bande de potes et peu de moyen, le jeune homme pond en 21 jours ce qui sera le fer de lance de sa carrière : Clerks.
Ce jeune homme s’appelle Kevin Smith, il est geek et s’assume entièrement comme tel, peuplant ses films de références à l’univers des comics books ou de Star Wars. C’est grâce à une caméra fixe et des personnages jurant comme des dockers, que Smith amène des dialogues grivois, potaches, scatophiles mais terriblement efficaces comme cette discussion sur le mérite possible à faire jouir une fille ou encore le nombre de phallus que la petite amie du héros a eu en bouche.
Clerks nous raconte donc l’histoire de Dante, 22 ans et caissier au Quick Stop, petite superette de quartier dans un bled du New Jersey. Dante est serviable, poli et met un point d’honneur à satisfaire le client, même s’il reconnaitra le détester.
Juste à côté, il y a Randal, 22 ans, loueur de vidéos dans ce même quartier du même bled du même New Jersey. Randal est le meilleur ami de Dante. Il est cynique, vulgaire, irascible et a des idées loufoques bien arrêté sur les choses de la vie.
Les deux amis discutent beaucoup, Randal n’étant que très peu soucieux de rester dans son magasin, il préfère rejoindre son pote Dante pour tailler le bout de gras. Les deux amis aiment à débattre régulièrement sur les sujets les plus divers, futiles ou graves comme l’éthique professionnelle, le sens caché du 'Retour du Jedi', les ambitions et perspectives d'avenir, les pratiques sexuelles de leurs petites amis, la conception de l'amour et de la fidélité…Bref, des sujets dont toutes personnes âgés de 17 à 25 ans environs sont inquiètes (sauf peut être le véritable sens du « Retour du Jedi »…).
Les clients du magasin sont parfois pris à parti, parfois carrément ignorés.
Dante et Randal mènent leur vie, n’hésitant pas à fermer boutique pour aller faire un match de hockey sur le toit ou pour se rendre à la veillée funèbre d’une amie du lycée. Le trajet jusqu’au funérarium est d’ailleurs l’occasion pour Randal d’exposer une théorie intéressante sur l’absurdité de la mort et sur l’auto-fellation.
Bref, vous l’aurez compris, Dante et Randal sont deux bons gros loosers qui se contentent de discuter de la vie plutôt que d’y participer et étrangement…On se met à les envier. Les dialogues de Kevin Smith, le noir et blanc et son côté nostalgique, la simplicité de la mise en scène, tout cela nous rend envieux de la situation apparemment peinarde de nos deux antihéros. Un sentiment de transfert s’opère, on se surprend à penser que ces deux mecs ont tout compris et l’apologie de la loose créée par Kevin Smith fait son effet.
Mais Clerks ce n’est pas seulement Dante et Randal. Un autre couple de joyeux lurons apparaît à l’écran sous la forme de deux dealers de hash complètement déjanté. Le premier ne moufte pas un mot et son nom est là pour nous le rappeler : Silent Bob, interprété par Kevin Smith en personne.
Le deuxième…n’arrête pas de parler. Il est bruyant, vulgaire, agressif, obsédé sexuel à la limite de la névrose : Jay.
Jay et Silent Bob sont là pour nous faire marrer d’une part et pour souligner l’importance des seconds rôles dans le monde de Smith d’autre part.
Car c’est aussi ça qui fait la force de Kevin Smith, cet amour des seconds rôles qui ne sont là que pour balancer des vannes bien senties, on est gavé d’un humour potache qui a la saveur d’un champagne, ça pique et c’est foutrement bon. C’est cynique, absurde, presque inutile…Mais on en redemande.
Il est difficile de dépeindre les défauts de Clerks tout simplement parce qu’on en a pas envie. On passe un excellent moment, on rit, on cogite…Un peu mais surtout on rit et on en reveut ! Kevin Smith ou l’art du trop de bla-bla qui ne lasse pas.
"C'est pas compliqué de faire jouir un mec : on s'introduit dans un truc étroit de préférence humide on pousse et on recommence."