. Hanako

[Mikazuki]

Trois commentaires en une journée ! Merci, ça fait vraiment plaisir, et je penserai à vous remercier pour votre geste, c'est promis !
En ce lundi après-midi, voici le chapitre n°7, déjà prêt depuis jeudi dernier, et clôturant la première partie de l'histoire. C'est encore un chapitre d'action, et vous avez raison de dire que je ne suis pas spécialement doué pour ça, ce qui fait que je suis bien content d'en avoir fini avec la partie sur la guerre.
Quoiqu'il en soit, bonne lecture ! Je vous promets de finir le chapitre suivant le plus rapidement possible !

Chapitre 7 - Pardonne-moi

« Itachi Uchiha… Que fais-tu ici ? » demanda Kaminari, les yeux écarquillés.

Le combattant n'en revenait pas. Aux prises il y a un instant avec les shinobis de Tsuchi, menacé de mort et ainsi sauvé par le gong, il y avait de quoi être étonne d'une apparition aussi spectaculaire qu'innatendue.

« Nous avons été dépêchés en ces lieux par les hautes instances de Konoha, répondit l’intéressé. D’ailleurs, par l’agitation que soulevait votre affrontement, il faut aisé de vous retrouver… Vous êtes blessé, Kaminari. Allez-vous en d’ici avec Hakuhana, elle va se charger de panser vos plaies. »

De son côté, la kunoichi préféra mettre un terme à ces retrouvailles qui ne lui plaisaient guère. Ils jouissaient depuis le début d’une supériorité numérique, et même si tous n’étaient pas du même niveau qu’elle et son partenaire, ils ne représentaient pas moins une menace, en particulier Itachi qui, depuis le début, intimidait son adversaire par cette arrivée très brusque et ses iris de la même couleur que Kaminari, qui brûlaient comme des flammes comme des feux au fond de ses yeux. C’est pourquoi, à son tour, elle se blessa volontairement le premier doigt de la main pour ensuite user d’un rituel d’invocation.

« Le Roi des Roches ! » s’exclama-t-elle. A ces mots, chacun put percevoir une détonation à l’endroit où se trouvait la femme ninja. Au fur et à mesure que la fumée se dissipait, tous purent distinguer la même personne, mais juchée sur un nouvel animal, là encore aux dimensions extraordinaires, mais cette fois-ci tétrapode. Si son regard était animé d’une expression étrange, repoussante, quant à sa peau, elle était noire et marbrée de jaune. S’en exhalaient de petites vapeurs nauséabondes. La kunoichi venait de provoquer l’apparition d’une salamandre.

« Vous autres shinobis de Tsuchi semblez décidément spécialisés dans l’horreur, déclara Itachi avec dégoût en regardant la bête qui agitait à présent mollement la queue. Vous la cultivez, pour ainsi dire.

- Tu ne devrais pas te moquer ainsi du Roi, mon garçon. »

Elle murmura quelque chose à l’intention de l’amphibien qui, en réponse, se redressa et ne tarda pas à charger Itachi. Celui-ci pensait qu’une technique basée sur l’utilisation du feu serait inefficace face à un tel adversaire. Peut-être valait-il mieux employer un autre élément. Il adressa un regard à Mizutora, spécialiste autoproclamé dans les techniques aqueuses. Il lui semblait vouloir dire avec l’expression qu’il affichait : « Inonde ces terres ! » Ce que son compagnon fit, par l’utilisation de la technique du Dragon aqueux.

Avant que ne s’approche l’animal, Itachi eut le temps de composer les signes incantatoires d’une nouvelle technique shinobi.

« Yominuma ! Les marécages des limbes ! » dit Itachi. Le sol devint alors très mou, suffisamment pour provoquer l’apparition fantastique d’un marécage dans lequel allait s’enfoncer l’animal. Tel était son stratagème. Cependant, l’autre ne semblait nullement décontenancée. « C’est inutile ! Inutile ! » cria-t-elle. En effet, la bête, quoique avec une certaine difficulté, continuait sur sa lancée. Plus lentement certes, mais elle avançait tout de même, effectuant des petits bonds et agitant la queue avec fureur.

L’animal, contre toute attente, ne s’en prit pas à Itachi mais à celui qui lui était venu en aide un instant plus tôt : Mizutora. Sa partie postérieure de son corps s’allongea brusquement, ne laissant pas le temps de réagir, ce qui témoignait d’une rapidité insoupçonnée de la part de l’animal. Et en une fraction de seconde, il était pris au piège, alors qu’Itachi devait désormais avoir affaire à l’invocatrice et à l’homme roux, commandant probable de l’unité adverse et ne pouvait pas lui venir en aide. Certes, Yaiba et Yonjuuni luttèrent aussitôt de tout leur possible pour tenter de sauver leur compagnon. Les coups de sabre de l’un fusaient, s’abattaient à une fréquence impressionnante sur le corps de la salamandre, l’autre aussi tentait de l’immobiliser en manipulant la terre, mais rien n’y faisait, l’animal se défendait bien et maintenait haut perché, enroulé dans sa queue, un Mizutora hurlant sa douleur. Devant la scène, la fille arborait un très déplaisant sourire en coin. A l’évidence, il ne fallait en aucun cas toucher la peau de la salamandre, il y allait de sa vie.

Mais Itachi devait d’abord vaincre ses deux adversaires avant d’espérer quelque chose, même s’il s’agissait du sauvetage de ses camarades. Pendant ce temps-là, ils s’étaient mis à courir, et ceux-ci se rapprochaient, se rapprochaient. Il n’avait plus vraiment le choix. « Raiton ! Les mille oiseaux ! » Bientôt, des grands rayons illuminés se multiplièrent dans sa main avec grand bruit. Et Itachi levait le bras, cherchant à dissuader, à intimider, une expression de défi sur le visage. Effectivement, les jounins de Tsuchi parurent immédiatement moins sûrs d’eux, considérant enfin ce garçon si jeune qui avait renversé l’un d’entre eux quelques minutes plus tôt avec une facilité déconcertante, ce garçon qui pourrait les défaire ! Toutefois, si la kunoichi ralentit sa course, ce qui aurait pu en soi se révéler une fameuse erreur, l’autre ne cédait pas, une arme de jet à la main. Aussi jeune que ce garçon fût, il fallait le tuer. C’était malheureux, mais les états d’âme étaient proscrits, les ordres étaient les ordres. Allez, mon garçon, fuis ! Mais cela ne fut pas le cas. Itachi fit un grand geste en avant, jetant son bras et toute la puissance qu’il représentait vers l’ennemi, et touchant l’homme aux cheveux roux, qui stoppa immédiatement sa lancée, le visage figé.

Il resta une seconde immobile avec une expression vitreuse, alors qu’un pourtant discret filet de sang apparaissait au bout de ses lèvres. Son esprit embrumé ne se rendait pas bien compte de la situation. Qu’avait fait cet Itachi ? Il avait apparemment entamé sa chair dans le bas de son ventre. La douleur qui émanait de cet endroit était insoutenable… Il tenta faiblement de retirer le poignet d’Itachi de son corps, mais il n’y parvint pas. Alors, livide, et les jambes défaillantes, il se laissa tomber par terre.
De l’autre côté du champ de bataille, la situation demeurait inchangée.

Salamandre contre deux shinobis. L’amphibien émettait de temps à autre quelques courts sons graves, manifestement lorsqu’un grand coup de sabre lui avait été asséné. On ne pouvait pas agir autrement, il ne fallait pas entrer en contact avec lui. Mais la bête ne désarmait pas. Quelques mètres plus haut, sa queue détenait toujours Mizutora – qui s’était tu – ainsi qu’un jouet qu’on faisait aller dans tous les sens. Comment en venir à bout ?

Yonjuuni se dit alors qu’il fallait peut-être chercher à l’impressionner. En provoquant une explosion, par exemple. Justement, sa panoplie de shinobi réservait une place aux parchemins explosifs. Il s’en saisit d’un, et se demanda où le placer pour un effet maximal. Un instant plus tard, il pensa à l’œil de la salamandre. L’homme ricanait. Il s’empara d’un de ses couteaux et le lia au parchemin, avant de le jeter sur le globe oculaire de cette chose décidément répugnante. « Ecarte-toi Yaiba ! » Le contact de la lame n’avait pas provoqué de grande réaction chez le Roi des Roches ; mais lorsqu’une détonation retentit, suivie d’un nuage de fumée noire, il courut dans tous les sens, preuve non dissimulée d’une sensibilité à l’explosif. Il fallait maintenant faire de même pour l’autre œil.

La kunoichi assistait avec colère à ce spectacle. De son côté, elle voulait en finir avec Itachi. Et c’était réciproque. Mais lorsqu’elle se jeta sur lui, prête à user d’un de ses multiples sorts de ninjutsu, alors l’Uchiha répondit avec une rapidité qui la surprit elle-même avec un coup de pied, faute de mieux dans l’immédiat.

Mais elle se releva tout de suite. Itachi en fit de même, et se saisit en plus de son katana. Tous les deux commençaient toutefois à se fatiguer plus ou moins sérieusement.

« Invocation des salamandres brûlantes ! » s’exclama-t-elle en plaquant sa main au sol après l’avoir mordue jusqu’au sang. C’est alors que des centaines d’amphibiens, presque identiques au Roi des Roches invoqué deux minutes plus tôt apparurent au sol. Mais leur peau laissait filtrer des vapeurs en nombre bien plus important que pour le Roi des Roches. Et à en juger par l’augmentation de la température ambiante, il ne fallait surtout pas les toucher. Surtout pas ! C’est pourquoi il exécuta un bond en arrière, de sorte à s’en éloigner le plus possible.

Evidemment, la femme en bleu et blanc fit à partir de ce moment tout son possible pour en arriver à cette situation de contact entre ses animaux fétiches et Itachi. A la grande surprise de ce dernier, la combattante se dématérialisa de l’espace. Itachi comprit alors qu’il avait été trompé. C’était un clone ! Itachi sentit une goutte de sueur assez froide passer sur son front.

Derrière lui se tenait son véritable adversaire. Certaine de sa victoire prochaine, elle utilisa un sort sans le nommer, qui vit la manifestation d’une impressionnante bourrasque sur le champ de bataille, pliant l’herbe, mais aussi soufflant les arbres, emportant les rochers. Malgré toute la résistance qu’Itachi put y opposer, il se vit inexorablement se rapprocher des animaux à la couleur noire. Trop concentré par l’imminence du danger, il en oublia la technique du clonage qui l’aurait pourtant bien aidé dans une pareille situation. Jusqu’au moment où, par une intensification du courant d’air, l’Uchiha trébucha et tomba à plat ventre sur les dizaines de salamandres dont les vapeurs qu’elles dégageaient l’incommodaient et le répugnaient.

Il poussa alors malgré lui un grand cri de douleur. Les brûlures étaient absolument insupportables. D’innombrables messages de souffrance parvenaient jusqu’à son cerveau, à en sombrer dans la folie. Ses yeux s’embuèrent de larmes. Réagir, il fallait réagir, pendant que cette sadique riait aux éclats, certaine de remporter ce duel !

Toutefois, le Roi des Roches précédemment invoqué ne pouvait pas partager le sentiment de son invocatrice. Il était maintenant aveugle, les yeux tuméfiés, et courait dans tous les sens, sans réfléchir, preuve qu’il était lui aussi mal en point. Toute bête qu'il soit, lui non plus n'était pas insensible à la violence des chocs et des explosions. Mais comment s'en débarrasser définitivement ? Yonjuuni discutait entre deux assauts d'une idée, celle suivant laquelle il serait peut-être utile d'enterrer le monstre vivant. Tout en laissant, bien sûr, la possibilité d'arracher Mizutora de la queue de la salamandre géante. Yaiba le regarda. Selon lui, il aurait du tenter l'idée. C'est pourquoi Yonjuuni, moins épuisé que Yaiba qui assénait sans relâche le tranchant de sa lame sur leur adversaire animal, s'écria en conséquence de quelques signes incantatoires : "Frappe sismique !"

Le sol mou se fendit alors dans un vacarme assourdissant. Bientôt, une faille apparut, divisant très nettement le terrain. Comme prévu, l'animal n'était pas assez intelligent pour y prêter attention et son instinct n'avait même pas prédit le danger. De toute façon, il avait été rendu aveugle par les explosifs du chuunin de Konoha, et sa seule défense se résumait à courir à son gré dans tous les sens pour empêcher l'adversaire de s'organiser dans ses attaques. Bien qu'involontairement, il s'y engouffra alors la tête la première, et se retrouva à la renverse. C'est alors qu'il se rendit compte d'un danger de mort imminent, sans que sa maîtresse puisse faire quelque chose pour le tirer de là. La fréquence des sons graves qu'il envoyait, qui signifiaient à présent très clairement le danger, s'accélérait, mettant en évidence son effroi. Yonjuuni modifia encore la topographie des lieux, remplissant de terre l'espace dans lequel s'était engouffré le Roi des Roches, afin de l'étouffer premièrement, et secondement d'immobiliser sa queue.

Lorsque cela fut le cas, Yaiba sut ce qu'il avait à faire. Rassemblant ses dernières forces, il arma le bras et, d'un coup sec, et vif, il enfonça son épée dans la chair de la partie postérieure de l'animal immobilisé, réussissant à la séparer du reste du corps. De ce lambeau coupé, il dégagea précautionneusement à l'aide de son sabre le corps de Mizutora. Mais il n'y avait rien à faire. Il ne respirait plus. Il avait probablement été étouffé par la pression exercée par cette maudite queue. De plus, sa peau était parsemée de tâches foncées. Il pouvait s'agir de brûlures ou de poison, dans les deux cas, cela avait été fatal à Mizutora. Yaiba et Yonjuuni détournèrent la tête tristement. Leurs efforts avaient donc été vains. Tous les deux étaient coupables de ne pas avoir réussi à sauver leur camarades.

Cependant, la mort du Roi des Roches n'inquiétait pas la kunoichi qui l'avait invoqué. Elle était certes fatiguée, mais ne doutait pas de sa capacité à se débarrasser des éventuels gêneurs, qui, en l'occurrence, étaient Yaiba et Yonjuuni. Mais elle regardait, avec une forme de satisfaction, Itachi pousser des cris de douleur au milieu de ce véritable troupeau de salamandres. Au moins, elle aurait vengé ses compagnons...

[Mikazuki]

Sauf que sa victime usa au dernier moment avant de sombrer définitivement dans la folie, dans un éclair de lucidité, d'une technique de permutation. Et qu'elle sentit dès lors qu'il allait jouir d'un incontestable avantage psychologique, ne serait-ce à travers le fait que, l'espace d'un instant, elle ne saurait pas où il se trouvait. Et un instant suffisant pour qu'Itachi lance le coup décisif. "Non !" se dit-elle, et répéta-t-elle. C'était impossible... Impossible... Comment avait-il fait ?

Mais Itachi coupa court à ces réflexions. Bien sûr qu'il avait mal. Ces maudites salamandres avaient occasionné sur sa peau un certain nombre de brûlures, et il avait du mal à se concentrer sur ses actions, tiraillé par la gêne. C'est pourquoi il devait absolument agir vite. Sous l'effet de la douleur, il avait l'impression de devenir une machine à tuer. Ceci étant, c'était ce qu'on attendait de lui depuis le début... Depuis l'instant où le maître Hokage l'avait envoyé en mission au pays de la Terre.

Il extirpa aussi vite qu'il le put le katana de son fourreau. Il nota la différence d'expression entre la kunoichi quelques secondes plus tôt et à cet instant. Elle était dépourvue de toute forme de défense, son ennemi était partout, elle était vulnérable de toutes parts. Elle ne pourrait plus répondre, pensa-t-il. Itachi allait même l'empêcher de répondre. L'Uchiha fondit sur elle, et abattit sa lame dans le milieu de son dos, tout à fait perpendiculairement et le plus profondément qu'il put. Elle émit un petit cri lorsqu'elle sentit la lame d'Itachi la perforer. Elle sut qu'elle venait de perdre son combat et que cela lui coûterait la vie. La kunoichi s'affaissa donc mollement sur le sol, sans une pensée, sans même avoir la force de maudire intérieurement son assassin.

Itachi considérait alors la victoire comme acquise pour lui et ses camarades, et aurait bien voulu rafraîchir un peu sa peau, panser ses plaies. Mais on ne lui en donna pas l'occasion. Il le croyait mort après avoir subi les Mille Oiseaux, ce qui aurait pu sembler logique. Mais, bien que saignant abondamment au niveau de son ventre, et bien que sa peau étant d'une pâleur reflétant son état actuel, le ninja de Tsuchi vêtu de rouge et d'orange le frappa d'un violent coup de poing sur le front, non loin de la tempe. Itachi en perdit l'équilibre quelques instants.

"Takuma... Tu étais mon ami... Eri... Je t'aimais... Je t'aimais... Je vais vous... venger..." dit-il.

En lui-même, le shinobi ne savait pas s'il irait jusqu'au bout de son amitié et de sa passion. Pour Itachi, cela ne faisait pas de doute. Il s'évanouirait ou mourrait avant, c'était déjà un miracle qu'il soit encore debout après avoir essuyé les Mille Oiseaux... Par quel prodige s'était-il relevé ?

Etourdi, Itachi ne parvenait pas à trouver de réponse à ces questions. Il avait tant le tournis qu'il lui était impossible de se relever, ni même de s'asseoir. Il ne pouvait que rester allonger, et l'autre, dans un état de demi-conscience, l'avait bien compris.

Itachi aussi n'était guère plus frais. Pour le moment, tout du moins... Sa tête tournait, il n'avait plus notion d'équilibre. L'autre, lentement mais sûrement, s'empara du sabre qu'il avait fait tomber par terre, se préparant à transpercer l'Uchiha. Mais il ne put le faire. Yaiba et Yonjuuni s'étaient occupés de la salamandre géante, qu'ils avaient vaincue. Et il s'en remettaient dès lors à la protection de leur chef d'unité. Le ninja roux fut donc renversé. Mais ce n'était pas tout, il ne parvenait pas à se relever tant il était épuisé et blessé. Il rassembla donc ses ultimes forces en une harangue à Itachi.

"Sais-tu ce que cela fait de perdre des amis ? Coeur de pierre... Tu as tué deux de mes camarades, que je connaissais depuis de longues et nombreuses années. Même dans l'au-delà, jamais je ne pourrai te le pardonner... Ma douleur est physique, mais elle est également morale..."

Le shinobi ennemi toussa, laissant couler un filet de sang sur ses lèvres. Mais il reprit faiblement.

"Comment réagirais-tu si l'on tuait ton meilleur ami ? Je te le demande... Comment réagirais-tu ?"

Ce furent ces derniers mots. En effet, là-dessus, Itachi vit le shinobi roux tousser à nouveau et retomber soudainement mais mollement sur l'herbe. On aurait pu dire de lui qu'il s'endormait, s'il n'y avait pas tant de sang sur ses vêtements et aux environs de sa bouche. "Comment réagirais-tu si l'on tuait ton meilleur ami ?" La question était posée, à lui qui avait Shisui, et Sasuke, et Hanako.

Cela ne signifait toujours pas que la bataille était terminée. Le duel avait été le théâtre d'une grande agitation, il y avait eu des explosions, des cris, somme toute, l'affrontement avait été bruyant et avait attiré l'attention des autres patrouilles de shinobis ennemis. C'est pourquoi, cette fois, Itachi et ses camarades n'eurent pas affaire à une patrouille quoique constituée de trois ninjas de rang supérieur, mais à une véritable armée. Sur les collines avoisinantes se tenaient des dizaines, des centaines de shinobis en provenance de Tsuchi. C'était juste au moment où Kaminari Uchiha revint sur les lieux, apparemment en forme, grâce aux soins attentionnés de Hakuhana. Ils étaient donc cinq contre plusieurs centaines. C'était infaisable. Face à ce genre de scénario, il fallait absolument envisager la fuite.

A moins que.

Si le bruit avait attiré les ninjas de Tsuchi sur les lieux, il avait aussi attiré ceux du pays du Feu. Ceux-ci se tenaient à présent debout sur un flanc de colline, derrière mais non loin des Uchiha, Yaiba, Yonjuuni et Hanako. Les bras croisés, ils attendaient, confiants, la venue du combat, tout en sachant qu'il s'agirait de l'affrontement final. Itachi, en se retournant lentement, n'avait pas eu la nécessité de demander les raisons de leur présence, ils avaient été guidés par le bruit, de la même façon que les ninjas de Tsuchi.

Kaminari s'approcha d'Itachi qui était toujours assis, sinon allongé, sur le sol.

"As-tu besoin de soins ? demanda-t-il avec intérêt.

- Je ne pense pas que ce soit le moment, répondit le jeune homme. Mais Kaminari se rendit compte très rapidement des brûlures présentes sur ses mains et ses bras, résultant du toucher prolongé des salamandres de la fameuse Eri.

- Je vais faire venir Hakuhana. Pars d'ici avec elle, je vais couvrir ta fuite.

- C'est inutile, répliqua Itachi. Vous ne ferez que vous exposer au danger.

- C'est un ordre, mon garçon. J'ignore la manière suivant laquelle tu t'es brûlé, mais je suis certain d'une chose, en revanche : il ne faut pas prendre de risques."

Hakuhana avait de son côté très bien entendu les échanges verbaux entre Kaminari et Itachi. Elle regrettait de ne pas pouvoir être une grande actrice de la bataille, mais elle était apparemment la seule kunoichi médecin parmi ce qui restait de l'armée du village de la Feuille. Son rôle se bornait par conséquent à soigner les malades, et cela suffisait pour en faire malgré tout un nom parmi les ninjas du pays du Feu.

C'est donc à elle que fut confié Itachi, à qui Kaminari ne laissa pas le temps d'une protestation. Ce dernier s'inquiétait de l'état de santé de l'héritier probable du clan Uchiha... Ce qui importait plus que tout. Après tout, Itachi en avait déjà bien assez fait pour sa patrie d'origine, il ne devait pas en subir les conséquences.

"Va, je te couvre."

Itachi remarqua immédiatement qu'il souffrait plus qu'il ne le disait. Il avait grand-peine à se remettre debout, et quand bien même il y parvenait, c'était avec le tournis. Comme il ne pouvait pas marcher aussi rapidement qu'on l'aurait souhaité, Hakuhana se proposa pour le porter jusqu'à un endroit un peu éloigné du champ de bataille. Navré mais obligé de recourir à un tel traitement, le jeune Uchiha accepta, ce qui fit naître un petit sourire sur les lèvres de Kaminari. Au moins, ce jeune combattant se rendait à l'évidence... "Allez-y, dit le quadragénaire. Vous pouvez partir en toute sécurité, si je repère la moindre tentative suspecte, j'interviens immédiatement."

A quelques dizaines de mètres, les shinobis de Tsuchi observaient attentivement la scène. Le regard perçant d'un Kaminari rétabli intimidait quiconque aurait eu l'idée de s'attaquer aux deux jeunes. Mais quelques secondes plus tard, après ces moments caractérisés par des regards fixes de toutes parts, un soldat du pays de la Terre prit la parole. Il était très grand, sans doute mesurait-il pas moins de deux mètres, et imposait par sa stature. Quant à ses cheveux, ils étaient très blonds, presque blancs.

"Bien, je suppose qu'il est maintenant temps d'en finir, shinobis de Konoha. Votre pays a déclaré la guerre au Tsuchikage, nous sommes ses mains, nous sommes sa colère.

- Nous vous attendons" répondit Kaminari, chef à la fois improvisé et désigné des troupes de Konohagakure. Debout, il tenait sa grande faucille dans sa main droite, et autour de son index gauche, il faisait tourner un couteau. Kaminari impressionnait par son calme. Il provoquait, en plus de cela. Incontestablement, il avait l'avantage. Il pouvait tout à fait décider d'un assaut. Et s'il laissait malgré cela l'initiative à Iwa, son aura était telle qu'il donnait l'impression de pouvoir renverser la situation à son profit.

Finalement, les deux armées s'élancèrent frontalement en même temps. Ce fut alors un spectacle violent. Les projectiles, épines, couteaux, poignards, fusaient de toutes parts. Les munjakus effectuaient des rotations cadencées, déchirant l'air partout où ils passaient. Ce fut aussi un florilège de techniques dans chaque camp. Un sort de doton provoquait un glissement de terrain. Un sort de raiton illuminait brusquement le champ de bataille. Un sort de fûton faisait se plisser les arbres. Tous, aussi différents soient-ils, avaient néanmoins un point commun : ils causaient des cris, provoquaient victimes dans chaque camp.

Différents clans de Konoha s'étaient réunis ici pour chasser définitivement l'ennemi de leurs terres. C'était d'ailleurs une véritable compétition, héritée malgré elle des temps ancestraux, datant d'avant même la création de Konoha, à une époque où les clans se battaient entre eux avant de se réunir en des institutions plus solides : quel shinobi maîtrisait l'attaque la plus efficace, la plus dévastatrice ? Entre le fameux Poing Souple des Hyuuga, entre les illusions des Yamanaka, entre les invocations de bêtes des Inuzuka, et entre les techniques de clans moins réputés mais tout aussi combatifs, qui serait le meilleur ?

Kaminari se battait comme un beau diable. Il tranchait sans aucune pitié ses adversaires à l'aide de sa lame circulaire. Il pensait à Yasha, ce pauvre Yasha qui était son ami. Et à tous ces amis, anciens camarades qui avaient perdu la vie en duel avec des combattants d'Iwa. Cela n'avait que trop duré. Le géant blond avait raison, il fallait en finir ! C'est pour cette même raison qu'il démontrait une fois de plus son agilité. Les coups de pied fusaient. Ils étaient si violents et si précis qu'ils suffisaient à projeter des ennemis plusieurs mètres en arrière, et il fallait un temps avant qu'ils puissent se remettre debout.

Toutefois, construire la renommée des Uchiha fatiguait considérablement Kaminari. Après trois minutes d'intenses efforts, il se sentait défaillir, bien que cela fut encore léger. Cela n'était pas remarqué par ses adversaires, mais lui le sentait, ses muscles lui tiraient, ses coups étaient moins puissants, et il n'espérait qu'une chose, qu'Hakuhana et surtout Itachi, une des pièces maîtresses de la bataille, allait revenir bientôt, afin qu'à deux, ils exterminent, oui, qu'ils exterminent, comme les deux machines à tuer qu'ils étaient au plus profond d'eux-mêmes, les combattants adverses. Toute pitié, toute émotion était bannie en de pareils moments. Le ciel lui-même semblait céder à l'énervement. Il devenait gris, gris foncé à l'horizon, il allait faire de l'orage. Alors que vienne l'orage ! Que vienne l'orage ! La bataille n'en serait que plus dantesque, plus impressionnante, plus spectaculaire !

Kaminari jetait quand même de temps à autre des regards brefs sur le géant blond. Il ne semblait pas si intimidant pour rien... Lui aussi était doué de prodigieuses facultés de combat. Ses poings, pour ne citer que ceux-là, renvoyaient quiconque voulait s'attaquer à lui face contre terre. Tout comme Kaminari, il n'avait pas encore subi la moindre blessure depuis le début de la bataille. Etait-ce un combattant hors pair ? S'en méfier. Reviens vite, Itachi !

Itachi, justement, en terminait avec les soins prodigués par Hakuhana. Elle n'avait pu se contenter que de soigner superficiellement si Itachi comptait rejoindre la bataille avant que celle-ci ne s'achève. Elle avait indiqué au garçon qu'elle en avait fini avec lui, et retirait avec attention les feuilles qu'elles avaient posées en différents endroits du corps d'Itachi. Selon toute vraisemblance, il s'agissait de plantes ayant des vertus médecinales reconnues.

"Merci à toi. Repartons maintenant" indiqua Itachi.

Alors tous les deux se redressèrent et débutèrent une course rapide pour ce qui était le théâtre d'un violent affrontement. De loin, on entendait des détonations, des cris. Itachi, tout en se pressant, s'examinait. Ses douleurs s'étaient atténuées, sinon, avaient disparu. Toutefois, lui restait-il suffisamment d'énergie pour se battre ? C'était toute la question. Mais Itachi était assez confiant, même s'il savait qu'il ne devait pas trop se démener, sous peine de finir à la merci de l'adversaire...

[Mikazuki]

Kaminari, de son côté, avait de plus en plus de mal à retenir les coups de l'adversaire. Bien entendu, il y avait toujours des guerriers non loin de lui pour le protéger le cas échéant. Mais une fois, il avait manqué d'être touché par l'adversaire. Et une autre fois, il avait perdu l'équilibre. Cela avait été repéré par l'ennemi... De ce fait, la fréquence des attaques s'intensifiait ; mais l'arrivée d'Itachi lui avait à nouveau procuré une force nouvelle. Et à présent, c'état lui qui reprenait l'avantage, jusqu'à ce que le géant blond se présente finalement en face de lui. A cet instant, les deux hommes se reconnurent avec une surprise plus ou moins affichée, Kaminari réalisant à quel point cet homme était gigantesque, mais cet étonnement laissa place à l'affront, et Kaminari constata avec frayeur quelle force était susceptible de dégager son poing par les dimensions jusque là insoupçonnées de celui-ci.

Itachi le sauva d'un crochet probablement dévastateur au dernier moment. Cet homme impassible à toute situation semblait être un expert du taijutsu, l'art de manier le corps. L'adolescent ne put que dévier son objectif. N'ayant pas d'autre plan devant l'imminence du danger, il se saisit des jambes du grand blond et le précipita à la renverse. A ce moment, le sol trembla sous le poids du shinobi de Tsuchi. Brusquement, celui-ci changea d'expression, ou plutôt, afficha enfin une expression. Il était en colère. Comment avait-il pu être tenu en échec par ce freluquet trois fois moins âgé que lui ? Mais il sourit tout aussi soudainement pour un motif qu'Itachi comprit trop tard.

"Derrière toi !" cria Kaminari. En effet, un soldat du village des Roches avait saisi l'occasion pour neutraliser, pensait-il, un guerrier de plus dans les rangs de l'armée de l'Hokage. Il s'approchait avec un sabre déjà souillé par le sang de plusieurs victimes, et comptait bien embrocher comme un vulgaire gibier Itachi à l'aide de sa lame. Dans un retour de protection, Kaminari se jeta sur son bras et le bloqua solidement, son adversaire lâchant pour l'occasion un juron.

Cependant, cette situation de quasi-immobilité était propice aux attaques de toutes sortes. Pendant ce temps, Itachi peinait pour maintenir le géant blond au sol. Il avait bloqué ses mains, mais à chaque instant l'autre menaçait de retrouver leur usage en l'exécution d'une technique d'une puissance mortelle. Il ne jetait à Kaminari que des regards furtifs, trop concentré sur la tentative d'élimination du géant blond, de plus en plus remuant.

Soudain, l'irréparable se produit.

Kaminari comme Itachi, comme tout le monde sur ce front connaissait le danger d'une situation statique. Kaminari était immobilisé, son adjudant l'était tout autant. Un shinobi de Tsuchi, un brun assez jeune mais au visage marqué par d'épaisses cicatrices s'en aperçut et regarda deux ou trois secondes l'évolution de la situation. Il ferma les yeux et composa rapidement les signes incantatoires nécessaires à l'exécution d'une technique encore une fois du genre doton. Puis le combattant murmura des mots sur lesquels il disparut.

Un instant plus tard, alors que Kaminari luttait toujours pour amener son adversaire au sol, il réapparut dans un silence relatif comparativement à la clameur constante régnant sur le champ de bataille. Avec un long sabre en main. Inaperçu, il s'approcha à pas rapprochés de Kaminari, armant le bras pour commettre un geste décisif. Alors que ce guerrier n'était plus qu'à un mètre de sa cible, Itachi tourna la tête, et, dans un éclair, s'écria : "Kaminari ! Atten..."

Mais il était trop tard. Lorsque son interlocuteur perçut le signal d'alerte lancé par Itachi, il eut alors une sensation désagréable. Il eut également l'impression que toute sa force, en une fraction de seconde, s'était évaporée. Kaminari éprouva également un besoin de déglutir, et, relâchant son emprise sur son ennemi, il se rendit compte de la gravité de sa propre situation lorsqu'il retrouva sa main couverte de sang. Un frisson lui passa dans le dos. Il regarda alors son ventre, ce qu'il n'avait pas fait jusqu'alors, bien que ce fut à cet endroit qu'il eut mal. Avec effroi et horreur, il découvrit le sabre noir et rouge de son agresseur transperçant son ventre, plus précisément son foie. Il était perdu.

"Kaminari !" hurla Itachi. Son centre d'intérêt avait brusquement basculé pour son propre partenaire, son compatriote, un membre de sa famille qui plus est. Il lâcha le géant blond, animé d'une violente rage. Il rassembla ses forces dans son poing, et, juste avant d'accueillir Kaminari dans ses bras, il l'arma et le lança brutalement dans la machoîre de son agresseur, aussi fort qu'il le pouvait, si bien qu'il la fractura, faisant du même coup tomber au sol l'épéiste brun. Son désir de vengence momentanément assouvi, il transporta Kaminari en une zone plus éloignée du champ de bataille, appellant frénétiquement Hakuhana, aux prises avec un shinobi qu'elle terrassa enfin. La fille les rejoint du plus vite qu'elle le put, et, découvrant le teint inquiétant du plus âgé des deux Uchiha, elle prodigua les soins d'urgence, la mort dans l'âme, car elle pressentait qu'il était déjà trop tard.

"Ne vous inquiétez pas Kaminari, vous allez vous en sortir, encouragea Itachi, ne dissimulant toutefois pas sa profonde inquiétude.

- C'est inutile, Itachi... Inutile... Je sais que c'est fini... Je te devais la vie... Mon grand... Je te la rends... répondit faiblement l'autre. Il s'efforçait néanmoins d'avoir bonne figure devant son jeune compagnon.

- Non, Kaminari, tu ne dois pas dire ça, glapit Itachi, passant du vouvoiement au tutoiement. On va t'emmener à Konoha immédiatement ! Le village tombera s'il le faut, mais tu t'en sortiras !"

Kaminari regardait passivement Itachi. Mais à l'écoute de ces mots, son coeur chavira. Comment était-ce possible ? Un shinobi aussi talentueux qu'Itachi Uchiha, dévoué à son village, un exemple de bon sens, de sagesse et de patriotisme, se proposait de tout laisser, d'abandonner toutes ses responsabilités, pour lui ! Alors qu'ils ne s'étaient presque jamais vus auparavant ! Les larmes lui vinrent alors à ses yeux, alors qu'il ne savait pas pour quelle raison. Etait-ce cette aveuglante souffrance physique ? Ou était-ce la tristesse de devoir laisser la vie dans un conflit aussi stupide, loin des siens ? Ou était-ce au contraire la joie, la joie d'entendre des paroles aussi réconfortantes à l'heure de sa mort ?

Brusquement, il ouvrit les yeux, et pas seulement pour mieux voir ce qui se passait autour de lui, son champ de vision étant obstrué par les larmes. Il réalisa l'inutilité de ses actes, toute sa vie durant. Il comprit. Les querelles au sujet du prestige du clan Uchiha, les discours au sujet de sa place dans la vie politique du village, tout cela était stérile. Seul comptait le village de Konoha. Itachi vivant, le clan avait encore un avenir. Fugaku devait comprendre qui avait raison. Avant qu'il ne soit trop tard.

Au dernier moment, l'esprit de Kaminari se concentra sur le sauveur de son fils. Il pensait en même temps à son épouse, et à ses deux filles. La douleur l'arracha à ses rêveries. Et Kaminari, les joues humidifiées par les pleurs, rassembla ses dernières forces pour une dernière parole à Itachi.

"Itachi... Prends soin de Shisui... De mes filles... De mon épouse...

- Je le promets, Kaminari, qui s'aperçut en s'écoutant lui-même qu'il pleurait.

- Itachi... Je te fais confiance... Surtout... Dis à Fugaku... Tu es l'espoir... De ce... De ce clan... Il en va de... Du vil... La machi..."

Kaminari ne put achever sa phrase. Il ferma les yeux. Ses pleurs séchèrent alors, tandis que ceux d'Itachi continuaient de plus belle.

Jamais il n'avait connu une mort aussi tragique d'un soldat sur le terrain. Et à présent, la pluie commençait, effaçant les traces de sang sur le visage de Kaminari. Hakuhana elle-même était restée impuissante devant l'état de son patient d'une minute, et baissait à présent tristement la tête. Tout était fini pour ce père de famille, disparu trop tôt. Comme tous les autres. Il n'y avait que les ordures qui disparaissaient trop tard. A croire qu'il y avait un dieu pour les criminels et les traîtres.

Itachi était déchiré. Il imaginait déjà comment allaient réagir Shisui et Hanako à en souffrir lui-même. Pourtant, ce n'était pas de sa faute. Et si, c'était de sa faute. C'était de leur faute. Ils avaient manqué de discréation. Et non, ce n'était pas de leur faute. C'était de celle de ces assassins.

Le visage d'Itachi changea alors. Une ride contracta son visage. La peine céda la place à une colère indescriptible. Il n'avait plus qu'une seule envie, celle de détruire. Il voulait tuer. La machine à tuer qu'il était allait reprendre le dessus sur lui. Et il n'allait pas lutter. Il n'allait pas renoncer à cet instinct sauvage et animal de vengeance. Tous, pensa Itachi en regardant le géant blond les chercher à quelques dizaines de mètres. Tous. Tous allaient payer pour la mort du père d'Hanako, le dénommé Kaminari Uchiha.

Itachi se redressa alors. La douleur, le désir de mort agissaient-ils comme un puissant anesthésiant ? Il se sentait merveilleusement bien. Il pouvait faire tout ce qu'on demandait de lui. Il avait une mission. La machine à tuer avait une fonction. Elle avait été réglée pour exterminer tous ces shinobis ennemis. Sans distinction, sans aucune pitié, à un tel point que cela en devenait effrayant. Hakuhana trembla devant le regard sombre et décidé qu'affichait désormais le garçon.

Tout à coup, et sans un mot à l'intention de Hakuhana, il courut. Il ne cherchait pas à se protéger. Il avait sa lame à la main, et le souvenir de Kaminari encore tout frais dans sa mémoire. La première cible se présenta à lui. Itachi, froid et glacial, se saisit de son fidèle katana. Et il la transperça comme Kaminari avait été transpercé, alors que le premier coup de tonnerre retentit au même moment. L'orage venait. Et la pluie s'intensifiait, tombait dru, comme pour laver le terrain de toute cette saleté, de tout ce sang. Il n'avait pas changé d'expression.

C'était normal.

C'était affreusement normal.

Ignoblement normal. Un deuxième homme fut transpercé, à la vitesse du son. Puis un troisième. Itachi se sentit alors funambule. Un funambule qui n'a pour pensée que son équilibre sur une corde tendue. Itachi, lui, n'avait pour pensée que l'assassinat de ces hommes.

Voilà pourquoi il était un funambule, funambule, funambule. Tu es sur ma corde et je te tue. Je suis un funambule. L'éclair illumine le visage de ma victime. Kaminari illumine le visage de ma victime. Et shlak. Shlak. Mon expression est effrayante, n'est-ce pas ? Viens à moi. Tombe de ma corde. Elle est trop fine pour nous deux. Shlak. Shlak. Viens... Viens à moi. Je suis un funambule. Entends ce bruit : shlak. C'est celui de ma lame traversant ton corps maudit. C'est mécanique. Je suis un funambule. Suis-je - Shlak - effrayant ? Vous êtes effrayants. Shlak. Tu menaces de me faire tomber de ma corde. Et je te fais tomber. Shlak.
Itachi, par la suite, ne pensa plus.

Il commettait un carnage ; mais il ne pensait plus. Son esprit y était indisposé. Seul comptait pour lui le bruissement désagréable des corps transpercés, des membres coupés, des têtes tranchées. Il se nourrissait de ça. Vingt ! Trente ! Quarante morts ! C'était son énergie. C'était un robot, un terrifiant robot. Fallait-il l'arrêter ? Qui avait suffisamment de courage pour l'arrêter ?

Cinquante. Soixante. Soixante-dix morts. C'était prodigieusement horrible.

Quatre-vingts. Quantre-vingt-dix. Cent morts. Etait-ce bien lui ? Etait-ce Itachi ? Cette lueur rouge, rouge sang dans les yeux, était-ce lui ?

Cent dix. Cent vingt. Cent trente morts.

Les shinobis de Konoha avaient tous cessé leur combat. Ils étaient impressionnés, tétanisés par cette aura meurtrière accablante qui émanait du corps de ce jeune homme, en cette soirée d'orage violent. Un jeune homme ? Ou un damné ? Un démon ? L'Uchiha était-il un démon ? Oui...

Et ceux d'Iwa voyaient, en quelques minutes, se réduire à une vitesse affolante le nombre de combattants se réduire comme une peau de chagrin. Bientôt il n'en resta plus que dix. Plus que cinq. Plus que trois. Les trois qui étaient impliqués de près ou de loin dans la mort de Kaminari. Ils ne cherchèrent pas à s'enfuir devant le massacre. Ils ne pouvaient plus faire un seul mouvement. Même pas le géant blond. Qui était... cette abjection ? Soudainement, la bouche du tueur s'ouvrit, et hurla. Ces hurlements firent office de feu. "Au nom de Kaminari !" Un instant plus tard, il n'y avait plus rien. Il n'y avait plus que trois corps, étalés sur le sol.

C'est alors qu'Itachi s'agenouilla si rapidement qu'on aurait cru qu'il s'évanouissait. Il prit sa tête entre les mains. Il semblait reprendre ses esprits. Il se souvint. Il se souvint de Kaminari. Et pleura. Il pleura. Le démon d'il y a un instant pleurait, le visage déformé par la tristesse. L'Uchiha était-il un démon ? Non... Définitivement non... Il s'était battu... De manière surhumaine... C'était tout... Et maintenant, il pleurait...
Kaminari... pensait-il.

Shisui...
Hanako...
Kaminari...

"Pardonne-moi, Kaminari" disait Itachi entre deux sanglots. Cela ne lui ressemblait pas. Pourtant, qu'il était malheureux d'avoir vu le père d'une de ses plus chères amies, sinon sa plus chère, mourir devant ses yeux ! Il se mettait à sa place et versait de chaudes larmes. Qu'allait-il pouvoir lui dire ? D'ailleurs, Itachi avait-il encore le droit de lui parler ?

Il ne s'agissait pas de s'expliquer. Il ne s'agissait pas de s'excuser. Mais qu'allait-elle penser, Hanako ? Et Shisui ? Ce pauvre ami encore à l'hôpital, qui avait menacé de donner sa vie pour Konoha lui aussi ? Tous ces pauvres hommes et femmes injustement frappés par le malheur ! Il se mettait à leur place, et pleurait Kaminari ainsi qu'il eut pleuré son frère ou ses parents. Soudainement, en se passant la main dans son cou, caressant le collier à trois anneaux des jours précédents, une pensée lui vint à l'esprit, provoquant au même moment un violent mal de poitrine.
Il s'agissait du bracelet remis par Hanako, à l'intention de son père.

Et Itachi n'avait même pas pu le remettre...

Alors il devait le faire. Maintenant.

Dans un silence général, à peine troublé par les gouttes de pluie, Itachi se leva et s'approcha du cadavre de Kaminari, que Hakuhana gardait toujours. Il se força d'arrêter de pleurer, s'agenouillant à présent près de la dépouille, et prenant sa main. Itachi s'éclaircit la gorge.

"Kaminari, sache que si ton fils était un valeureux combattant, ta fille était une médecin dévouée, et que ton autre fille avait tenu dans ta gentillesse et son attention à te remettre un porte-bonheur. Je n'ai pas pu le faire avant, hélas. Pardonne-moi. Je vais donc te le passer au bras maintenant. Qu'il te serve de bénédiction dans l'au-delà" acheva Itachi la tête baissée. Son désarroi était perceptible de toutes parts, rendant la scène très saisissante.

"Sache, Kaminari, que ta mort n'a pas non plus été vaine. Tu es un shinobi de Konoha. Tu fais partie de ceux grâce à qui notre village est aujourd'hui victorieux. La guerre est terminée à présent."

Un silence suivit ces dernières paroles au ninja décédé. Le tonnerre n'osa même pas le troubler, et la pluie s'affaiblissait. Alors Itachi passa une main dans une des poches de sa tenue de combattant de Konoha. Il en ressortit un bracelet de tissu et de perles, de couleurs blanches et rouges. L'ensemble était magnifique, et le garçon le contempla longuement, ignorant le regard songeur des autres guerriers dans un moment aussi intime.

Alors, doucement, il souleva la main gauche, c'est-à-dire celle qui n'était pas ensanglantée, pour y passer délicatement le précieux bijou, s'acquittant ainsi de la tâche confiée par celle à qui il n'osait même pas penser devant le drame, et dont le désarroi pour le moment imaginaire lui faisait douloureusement chavirer le coeur désormais.



A noter que, dans ce chapitre, Itachi n'est pas spécialement choqué par le massacre qu'il a commis. Cela va venir.
En fait, toute cette première partie va mettre en lumière, à partir du chapitre 8, la lente transformation d'Itachi sur de nombreux points.
Merci de votre lecture, et encore une fois, comme une critique ne peut être que profitable, je vous serais extrêmement reconnaissant si vous laissiez un message sur ce topic sur vos impressions à la lecture de ce chapitre. Merci d'avance !

[Itachi U]

Bon alors que dire d'original et qui se démarque...
Je cherche mais bon, je trouve pas donc je vais faire façon "commune"

Tu écris vachement bien, s'en est étonnant, stupéfiant...époustouflant.
Tu analyse drôlement bien le caractère des personnages et surtout tu les décris vraiment bien.
Après les action sont elles aussi bien décrites, d'ailleurs tes descriptions en général sont vraiment bien faites.
Concernant l'histoire, ben j'adore personnellement, elle suit bien l'histoire du manga et est assez prenante.

Apres on sent bien le coté tragique dans ta fic, ce qui correspond parfaitement a la Vie d'Itachi du manga donc parfait, puis sa nous change des autres fic qui sont rarement tragique...Mais moi, c'est ce que je préfère, j'aime quand on a envie de pleurer, sa montre que l'histoire est belle, bien faite et surtout qu'on s'y attache. Et toi, tu y arrives tres bien, et je crois bien que tu est le roi dans ce domaine !

Sinon pour le dernier chapitre, il est bon, et triste comme je les aime ^^. Petit Bémol (il en faut toujours un d'après ce que l'on dit), Itachi d'épuiser au chapitre précédent passe au démon qui tue 130 ninja adverses et plus.
Moi sa me gène pas trop car la vengeance rend souvent plus fort et Itachi est un génie mais 130, c'est beaucoup non ?

Sinon c'est tout, je poste pas souvent sa, mais continue ta fic car elle est vraiment extra.

[Mikazuki]

Merci à toi pour tes compliments, Itachi U.
Et ta critique.

Je comprends.
Je comprends même tout à fait.

Un Itachi épuisé qui se débarrasse d'une armée à lui tout seul ou presque, voilà qui paraît bien étrange.
Mais pour le nombre de victimes, souviens-toi que Sasuke en fait de même dans le tome 38 ; Orochimaru lui offre une petite armée à décimer vite fait bien fait, et il le fait sans mal...

Toutefois, pour la puissance d'Itachi, il était nécessaire d'aboutir à une métamorphose, et ce dans le bien du récit. Le fait de l'avoir auparavant décrit comme épuisé déboussole un peu, certes, mais je tenais vraiment à créer une sensation de choc mental sur Itachi, le plongeant dans un état second, celui-ci étant une sorte d'instinct de survie. Et c'est là que je me rapproche un peu de la réalité, dans le sens où peut-être n'avons-nous jamais connu cette sensation, mais en face d'un danger de mort imminent, les forces d'un individu sont soudainement décuplées. D'où la force soudaine d'Itachi face à ses 130 adversaires.

Comprends-tu ?

Merci encore de ton commentaire.

[Arlia]

Oo

J'ai oublié de commenter le chapitre tiens.

Ben comme d'habitude, c'est superbe, même si j'avais moi aussi noté que 130 ninjas étaient un chiffre un peu abusé mais bon, tu as l'argument Sasuke qui fait de même sans se salir alors on va dire que ca passe.

Allez, la suite ! Le meilleur reste à venir !

[Mikazuki]

Merci Kaengel.

Au passage, je suis vraiment désolé, je n'ai pas pensé à dire publiquement que tu m'avais un peu aidé pour la rédaction de ce chapitre. Honte à moi ! Accepte mes excuses.


Sinon, au sujet de la publication des prochains chapitres, je ne pense pas poster le chapitre n°8 avant le 17 août (c'est un peu compliqué jusque là pour écrire) mais j'essaierai de vous donner jusqu'au n°10 avant la rentrée qui survient dans un mois, malheureusement.
En tout cas, jusqu'au n°9, c'est tout à fait possible que je vous le montre.

[Mikazuki]

Bonjour à tous.


Voilà. L'exposé est très simple : j'ai un problème.
En effet, j'avais depuis longtemps réglé le scénario de la seconde partie de ma fic', c'est-à-dire des chapitres 8 à 14, le dernier de l'histoire, soit dit en passant, mais voici que des révélations toutes fraîches du manga remettent en cause son déroulement.

Spoil: Cela concerne Danzou et Shisui, personnages clés de l'histoire.

C'est d'autant plus ennuyeux que j'ai écrit les chapitres 8 et 9 sur papier.
Il me faudrait donc tout refaire : mais d'une, ça me fait bien mal de m'être autant embêté, de deux, je n'arrive pas à trouver d'enchaînement possible (du moins pour l'instant).

La question est : selon vous, dois-je vraiment m'en tenir au manga, ou pardonneriez-vous un écart à ce sujet ?

Merci de répondre rapidement.

[Itachi U]

Personne a encore répondu ?
Bon ben je vais le faire, j'était en vacances et j'ai pas trop suivi les naruto comme les fics mais puisque je suis de retour.

Oui en effet les révélations sur Danzo et Shisui genent assez pour ton histoire.
Apres regler ton histoire pour, sa fouterai en l'air ce que t'avais prévue, ca c'est sur.
D'un autre coté, ne pas regler l'histoire pourrait géner du monde qui suivent trop a la lettre le mange.

Moi quand je lis les fics, je me base sur le manga mais pas trop comme meme car je sais que c'est "imaginaire".

Apres c'est a toi de voir, ce que tu préfere, suivre ce que tavais prévu, ou suivre les idées de Kishi, en tout cas, moi je suivrais l'histoire jusqu'a la fin .

[Arlia]

Faudra vraiment que j'utilise l'option pour suivre les sujets un de ces jours.

Pour moi, comme l'info en question est vraiment toute fraiche et qu'on manque d'info, ça ne me dérangerais pas que tu fasses un écart par rapport au manga.

[Resident-Evil]

Un très beau fanfic, je suis impressionné ^^.
Mais sinon, tout pitit défaut : Il y a trop de "mais" dans ton premier chapitre. Regarde bien xD.
Mais sinon c'est fantastique !!
Mais sinon 130 ninjas c'est abusé :S, MAIS bon ...Chacun son fanfic.

"Mais" bonne chance pour la suite de tes FanFic...

[Yuu-chan]

Voilà voilà voilà !!!!
Après un retard (gros gros gros retard d'ailleurs j'en ai plus qu'honte...) je poste enfin !


Je risque de m'enfoncer dans la banalité pour ce post (j'en suis d'ailleurs désolée.. ).

C'est tout simplement e.x.c.e.l.l.e.n.t. Tu as un véritable talent pour l'écriture. Tu arrives à rendre vivant les personnages, à cerner et a expliquer leur personnalité, et malgré que ce soit long, crois moi on ne s'ennuie pas, loin de là ! Au contraire, je dirais même, on est complètement plongé dedans. Dis-toi que j'ai touuuuuuuuuut (re)lu, et crois moi, j'ai véritablement dégusté ! C'est un vrai plaisir de lire cette fic'. J'ai envy de savoir la suite (le 'envy' est fait exprès hein ) !! Et puis mettre en personnage principal Itachi....


Moi en cours, j'ai toujours aimé écrire, des nouvelles, histoires, lettres etc..les profs de français m'apprécient en général. Mais je ne t'arrive même pas à la cheville quoi !! *_* (remarque je passe mon brevet cette année alors j'ai le temps me diras-tu mais bon..). D'un côté ça me démoralise de savoir qu'il y a des gens qui écrivent si bien...

En ce moment par contre, je n'ai plus aucune envy d'écrire..je ne sais pas pourquoi. Plus d'inspiration, plus rien..et puis généralement je garde mes écrits pour moi ..(trop peur de les mettre sur CN >.<). Mais bon on va pas passer 36 ans sur ma vie pas intéressante parce que c'est avant tout le topic sur TA fic'. J'ai rien à redire. Mais je continuerai à déguster les chapitres avec grand plaisir. J'aime le côté tragique de l'histoire..Mais euuh...130 ? Woaaaaah *_* *admirative*

Bon voilà, depuis le temps que je devais poster..il fallait que je le fasse quoi ! Encore désolée pour le GRAND retard... J'espère que tu me pardonnera..En tout cas bravo Mika '!