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Uchiha-sasuke-da
Retro girl
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Inscrit le: 04 Mai 2007
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Localisation: Dans les villes en folie

MessagePosté le: Dim 17 Jan 2010, 9:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Voici Sensation de Rimbaud parce qu'il me fait penser à Ma bohème
mais aussi à un poème d'Hugo demain dès l'aube or il me semble que mon
prof de 1ere avait allusion au fait que Rimbaud avait pas mal d'influence d'Hugo
au début ... enfin il me semble . D'ailleurs si quelqu'un sait je suis preneuse Smile


Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.


Arthur Rimbaud

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Je sais pas
Criminelle du Verbe
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MessagePosté le: Dim 17 Jan 2010, 10:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai une possible réponse.

Si me trompe pas, si je me souviens bien, le poème de Victor Hugo est un apax. C'est-à-dire (ici) un poème qui ne suit pas la linéarité du style d'un auteur, qui constitue une tâche (pas au sens péjoratif) dans l'Oeuvre globale d'un auteur. Par exemple, ici, Hugo adopte un style très-très dépouillé à l'inverse de ses habitudes et de ce dont son public a l'habitude.
Ensuite, quand on fait une étude comparative et superficielle de ses deux poèmes, "Sensations" et "Demain dès l'aube...", on établit des passerelles entre l'un et l'autre. C'est logique. Mais ils sont très-très différents. A savoir que Hugo évoque le deuil et la mort alors que Rimbaud évoque la vie, la liberté, le voyage, les sens etc. Bref. Je vais pas débiter, je suis superficielle, je fais un simple cheminement.
Arrivons au point qui t'intéresses. J'ai parlé de passerelles. Et j'ai mis en relief une opposition.

Hugo a tant fait vivre la littérature qu'il l'a étouffé par le même coup.
Il représentait la figure du père. Du maître.
Il a complètement plié la littérature à son rythme.
Il a étouffé les poussins. Les enfants poètes.
Sans le vouloir bien évidemment.
La plupart des poètes suivaient sa lignée et devenaient purement inexistants parce qu'ils n'arrivaient pas à trouver une singularité qui les distingueraient. C'était une sorte de fatalité qu'ils subissaient.
A la mort du père, la littérature s'est libérée. C'est triste à dire mais c'est comme ça. Les conventions ont éclaté brusquement en faisant enfin jour. L'éclat des conventions se passait en "underground" ( Very Happy ) avant la mort d'Hugo. Elles ont rayonné à sa mort. Elles ont vécu.

Des poètes comme Aloysius Bertrand, Lautréamont, Rimbaud ont fait surface.
Rimbaud se rebellait contre l'autorité du père. Contre cet académisme imposé.
D'où la puissante opposition que j'ai relevé superficiellement précédemment.

Bien sûr (et c'est un des aspects de certains "poètes maudits"), le fantôme du père hante toujours la scène, toujours l'esprit de tous et surtout des enfants poètes. D'où les influences remarquées. Mais l'opposition remarquée renvoie à un rejet de la figure du père, à l'émancipation du fils et à une singularité revendiquée.

_________________
Fille du 17 octobre./ "Souvent, mes couplets dépriment/"

La morve est glacée d'effroi.
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-David-
Civil


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Messages: 45

MessagePosté le: Mer 27 Jan 2010, 3:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un poème D'Apollinaire, certes super connu mais qui me touche énormément, sans que je puisse dire vraiment pourquoi... Mais après tout, c'est le propre de l'homme face à l'art, non?

Le Pont Mirabeau


Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
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Tite-Yume
Aspirant genin


Inscrit le: 27 Fév 2010
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MessagePosté le: Dim 28 Fév 2010, 5:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

OUaaaah, tous ces poèmes sont magnifiques je trouve. Je n'en ai qu'un sous la main à partager c'est un de J.Prévert, Paris at Night
Court mais très beau je trouve :

Trois allumettes, une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
et l'obscurité toute entière pour me rappeler tout cela
en te serrant dans mes bras.

_________________
**Il y a des folies beaucoup plus sensées que la raison**

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Uchiha-sasuke-da
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Messages: 682
Localisation: Dans les villes en folie

MessagePosté le: Lun 01 Mar 2010, 10:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'ai lu tout à l'heure à 16h30 au CDI . Je l'ai bien aimé .

Jacques Prévert : Presque

Spoil:
A Fontainebleau
Devant l'hôtel de l'Aigle Noir
Il y a un taureau scuplté par Rosa Bonheur
Un peu plus loin tout autour
Il y a la forêt
Et un peu plus loin encore
Joli corps
Il y a encore la forêt
Et le malheur
Et tout à côté le bonheur
Le bonheur avec les yeux cernés
Le bonheur avec des aiguilles de pin dans le dos
Le bonheur qui ne pense à rien
Le bonheur comme le taureau
Sculpté par Rosa bonheur
Et puis le malheur
Le malheur avec une montre en or
Avec un train à prendre
Le malheur qui pense à tout...
A tout
A tout... à tout... à tout...
Et à tout
Et qui gagne " presque " à tous les coups
Presque.

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Tite-Yume
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MessagePosté le: Lun 01 Mar 2010, 11:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le mien est du même livre !! Paroles de Prévert ^^ non ?

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marociano
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MessagePosté le: Mer 03 Mar 2010, 12:47 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mon poeme prefere est celui ci :

When I was alone and had nothing,
I asked 4 a friend 2 help me bear the,
Pain no one came except...GOD.

When I needed a breathe 2 rise,
From my sleep no one could,
Help me except...GOD.

When all I saw was sadness,
And I needed answers no one,
Heard me except...GOD.

So when I am asked who I,
Give my unconditional love 2,
Look for no other name,
Except ... GOD.


Traduction :

Quand j'étais seul et que je n'avais rien,
J'ai demandé un ami pour m'aider à supporter ma douleur.
Personne ne vint sauf … Dieu.

Quand j'avais besoin d'un souffle pour me lever,
De mon sommeil, personne ne peut,
M'aider sauf … Dieu.

Quand tout ce que je voyais était la tristesse,
Et que j'avais besoin de réponses, personne,
Ne m'entendit sauf … Dieu.

Donc lorsqu'on me demande à qui je
Donne mon amour inconditionnel,
Ne cherche aucun autre nom,
Que ... Dieu !


Evidement l'auteur de ce superbe poeme c'est 2pac.

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Yoana
Genin


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Messages: 440

MessagePosté le: Mer 03 Mar 2010, 2:37 am    Sujet du message: Répondre en citant

Voilà un poème de Joachim BLANCHON, qu’on a étudié pour l’bac d’français d’l’année dernière que j’ai particulièrement apprecié. Dans ce poème, Blanchon fait référence à deux mythes : le mythe d’Icare ainsi que celui de Léandre et Hero.

Pour ceux qui veulent connaitre vite fait de quoi parlent les deux mythes :

Spoil:
Le mythe d'Icare

Emprisonné dans le labyrinthe avec son père qui avait aidé Ariane et Thésée à tuer le Minotaure, il réussit à s'évader de sa prison avec l'aide de Pasiphaé et grâce aux ailes que Dédale lui a faites et qu'il a fixées avec de la cire sur ses épaules : il s'envole au-dessus de la mer. Mais, malgré tous les conseils de prudence, il s'élève de plus en plus haut, de plus en plus près du soleil : la cire fond et Icare tombe dans la mer (La chute d'Icare).

Spoil:
Le myhe de Leandre et Hero

C'est l'histoire de Héro, une prêtresse d'Aphrodite, déesse de l'amour, qui vit dans une tour, à Sestos, sur la rive européenne de l'Hellespont, et de Léandre, un jeune homme d'Abydos, qui vit sur la rive asiatique. Léandre tombe amoureux de Héro et nage chaque nuit à travers l'Hellespont pour la retrouver. Héro allume un feu en haut de sa tour pour lui permettre de s'orienter. Mais lors d'un orage, la lampe s'éteint et Léandre s'égare dans les ténèbres. Lorsque la mer rejette son corps le lendemain, Héro se suicide en se jetant du haut de sa tour.

Sinon passe direct au poème ^^

Spoil:
Ce jeune audacieux

Ce jeune audacieux qui voulut entreprendre
De voler dans le ciel, eut la mer pour tombeau,
Et après de son nom fut donné nom à l'eau
Où en baissant son vol fut contraint de descendre.

Pour être trop hardi l'infortuné Léandre,
N'ayant pas su choisir le temps serein et beau,
Fut repoussé des vents, et par un sort nouveau,
Vit les flots, et la Mort, en nageant le surprendre.

Hélas ! j'en suis ainsi pour avoir entrepris
D'aimer la déité de ma belle Cyprès,
J'ai fondu au soleil la cire de mes ailes,

Et perdu le flambeau qui me fait abîmer
Poussé des Aquilons au milieu de la mer,
Où je meurs sans merci dans les ondes cruelles


Bref, y'en a beaucoup d'autre que j'apprecie, j'réediterais plus tard pour les ajouter.

PS : Madrigal Triste de Beaudelaire que Sei a posté est vraiment beau.
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noorvensen
Aspirant genin


Inscrit le: 07 Avr 2007
Messages: 204

MessagePosté le: Jeu 04 Mar 2010, 6:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Alors moi et la poésie, ca fait vraiment deux.
Mais j'avais retenu une poésie qu'il m'avait bien plus, de Walt Whitman (1819-1982) (poète américain).


When I heard the Learn’d Astronomer

WHEN I heard the learn’d astronomer;
When the proofs, the figures, were ranged in columns before me;
When I was shown the charts and the diagrams, to add, divide, and measure them;
When I, sitting, heard the astronomer, where he lectured with much applause in the lecture-room,
How soon, unaccountable, I became tired and sick;
Till rising and gliding out, I wander’d off by myself,
In the mystical moist night-air, and from time to time,
Look’d up in perfect silence at the stars.

Version française:

J’écoutais le savant astronome
J’observais les formules, les calculs, en colonnes devant moi,
J’observais les graphiques et les schémas,
Pour additionner, diviser, tout mesurer,
J’écoutais, de mon siège, le savant astronome
Finir sa conférence sous les applaudissements
Et soudain j’ai ressenti un étrange vertige, une lassitude infinie ;
Alors je me suis éclipsé sans bruit ; je suis sorti
Seul dans la nuit fraîche et mystérieuse,
Et de temps à autre,
Dans le plus parfait silence, je levais les yeux vers les étoiles.


Personnellement, j'aime beaucoup ce poème.
Bon c'est vrai, c'était un bonus d'un DVD de Hubert Reeves ("conteur d'étoiles", si je me souviens bien) que j'avais beaucoup apprécié. Et j'avais également bien apprécié ce poème....

_________________
Juger c'est interpréter, mais interpréter n'est pas comprendre. Aussi vaudrait-il mieux commencer par ne pas juger si l'on veut commencer à comprendre...
Spoil:
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Uchiha-sasuke-da
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Messages: 682
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MessagePosté le: Lun 17 Mai 2010, 9:58 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis comme je suis , Jacques Prévert .

je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j’ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J’aime celui qui m'aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n’est pas le même
Que j’aime chaque fois
je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Que voulez-vous de plus
Que voulez-vous de moi

Je suis faite pour plaire
Et n’y puis rien changer
Mes talons sont trop hauts
Ma taille trop cambrée
Mes seins beaucoup trop durs
Et mes yeux trop cernés
Et puis après
Qu’est-ce que ça peut vous faire
je suis comme je suis
Je plais à qui je plais
Qu’est-ce que ça peut vous faire

Ce qui m’est arrivé
Oui j’ai aimé quelqu’un
Oui quelqu’un m’a aimé
Comme les enfants qui s’aiment
Simplement savent aimer
Aimer aimer...
Pourquoi me questionner
Je suis là pour vous plaire
Et n’y puis rien changer.

_________________
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Lilo
Genin


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MessagePosté le: Lun 26 Juil 2010, 4:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon il y en a énormément que j'aime beaucoup mais en ce moment mon préféré est Ulalume - Edgar Allan Poe (1847)

Version originale, la meilleure.
Spoil:
The skies they were ashen and sober;
The leaves they were crisped and sere -
The leaves they were withering and sere;
It was night in the lonesome October
Of my most immemorial year:
It was hard by the dim lake of Auber,
In the misty mid region of Weir -
It was down by the dank tarn of Auber,
In the ghoul-haunted woodland of Weir.

Here once, through and alley Titanic,
Of cypress, I roamed with my Soul -
Of cypress, with Psyche, my Soul.
These were days when my heart was volcanic
As the scoriac rivers that roll -
As the lavas that restlessly roll
Their sulphurous currents down Yaanek
In the ultimate climes of the pole -
That groan as they roll down Mount Yaanek
In the realms of the boreal pole.

Our talk had been serious and sober,
But our thoughts they were palsied and sere -
Our memories were treacherous and sere, -
For we knew not the month was October,
And we marked not the night of the year
(Ah, night of all nights in the year!) -
We noted not the dim lake of Auber
(Though once we had journeyed down here) -
Remembered not the dank tarn of Auber,
Nor the ghoul-haunted woodland of Weir.

And now, as the night was senescent
And star-dials pointed to morn -
As the star-dials hinted of morn -
At the end of our path a liquescent
And nebulous lustre was born,
Out of which a miraculous crescent
Arose with a duplicate horn -
Astarte's bediamonded crescent
Distinct with its duplicate horn.

And I said: "She is warmer than Dian;
She rolls through an ether of sighs -
She revels in a region of sighs:
She has seen that the tears are not dry on
These cheeks, where the worm never dies,
And has come past the stars of the Lion
To point us the path to the skies -
To the Lethean peace of the skies -
Come up, in despite of the Lion,
To shine on us with her bright eyes -
Come up through the lair of the Lion,
With love in her luminous eyes."

But Psyche, uplifting her finger,
Said: "Sadly this star I mistrust -
Her pallor I strangely mistrust:
Ah, hasten! -ah, let us not linger!
Ah, fly! -let us fly! -for we must."
In terror she spoke, letting sink her
Wings until they trailed in the dust -
In agony sobbed, letting sink her
Plumes till they trailed in the dust -
Till they sorrowfully trailed in the dust.

I replied: "This is nothing but dreaming:
Let us on by this tremulous light!
Let us bathe in this crystalline light!
Its Sybilic splendour is beaming
With Hope and in Beauty tonight! -
See! -it flickers up the sky through the night!
Ah, we safely may trust to its gleaming,
And be sure it will lead us aright -
We safely may trust to a gleaming,
That cannot but guide us aright,
Since it flickers up to Heaven through the night."

Thus I pacified Psyche and kissed her,
And tempted her out of her gloom -
And conquered her scruples and gloom;
And we passed to the end of the vista,
But were stopped by the door of a tomb -
By the door of a legended tomb;
And I said: "What is written, sweet sister,
On the door of this legended tomb?"
She replied: "Ulalume -Ulalume -
'Tis the vault of thy lost Ulalume!"

Then my heart it grew ashen and sober
As the leaves that were crisped and sere -
As the leaves that were withering and sere;
And I cried: "It was surely October
On this very night of last year
That I journeyed -I journeyed down here! -
That I brought a dread burden down here -
On this night of all nights in the year,
Ah, what demon hath tempted me here?
Well I know, now, this dim lake of Auber -
This misty mid region of Weir -
Well I know, now, this dank tarn of Auber,
This ghoul-haunted woodland of Weir."


La traduction
Spoil:
Les cieux, ils étaient de cendre et graves ; les feuilles, elles étaient crispées et mornes — les feuilles, elles étaient périssables et mornes. C’était nuit en le solitaire Octobre de ma plus immémoriale année. C’était fort près de l’obscur lac d’Auber, dans la brumeuse moyenne région de Weir, — c’était là, près de l’humide marais d’Auber, dans le bois hanté par les goules de Weir.

Ici, une fois, à travers une allée titanique de cyprès, j’errais avec mon âme ; — une allée de cyprès avec Psyché, mon âme. C’était aux jours où mon cœur était volcanique comme les rivières scoriaques qui roulent — comme les laves qui roulent instablement leurs sulfureux courants en bas de l’Yanek, dans les climats extrêmes du pôle, — qui gémissent tandis qu’elles roulent en bas du mont Yanek dans les régions du pôle boréal.

Notre entretien avait été sérieux et grave ; mais, nos pensées, elles étaient paralysées et mornes, nos souvenirs étaient traîtres et mornes — car nous ne savions pas que le mois était Octobre et nous ne remarquions pas la nuit de l’année (Ah ! nuit de toutes les nuits de l’année !) ; nous n’observions pas l’obscur lac d’Auber, — bien qu’une fois nous ayons voyagé par là, — nous ne nous rappelions pas l’humide marais d’Auber, ni le pays de bois hanté par les goules de Weir.

Et maintenant, comme la nuit vieillissait et que le cadran des étoiles indiquait le matin, — à la fin de notre sentier — un liquide et nébuleux éclat vint à naître, hors duquel un miraculeux croissant se leva avec une double corne — le croissant diamanté d’Astarté distinct avec sa double corne.

Et je dis : « Elle est plus tiède que Diane ; elle roule à travers un éther de soupirs : elle jubile dans une région de soupirs ; — elle a vu que les larmes ne sont pas sèches sur ces joues où le ver ne meurt jamais, et elle est venue passé les étoiles du Lion, pour nous désigner le sentier vers les cieux, — vers la léthéenne paix des cieux ; — jusque-là venue en dépit du Lion, pour resplendir sur nous de ses yeux brillants, — jusque- là venue à travers l’antre du Lion, avec l’amour dans ses yeux lumineux. »

Mais Psyché, élevant son doigt, dit : « Tristement, de cette étoile je me défie, — de sa pâleur, étrangement, je me défie. Oh ! hâte-toi ! Oh ! ne nous attardons pas ! Oh ! fuis — et fuyons, il le faut. » Elle parla dans la terreur, laissant s’abattre ses plumes jusqu’à ce que ses ailes traînassent en la poussière — jusqu’à ce qu’elles traînèrent tristement dans la poussière.

Je répliquai : « Ce n’est rien que songe : continuons par cette vacillante lumière ! baignons-nous dans cette cristalline lumière ! Sa splendeur sibylline rayonne d’espoir et de beauté, cette nuit : — vois ! elle va, vibrante, au haut du ciel à travers la nuit ! Ah ! nous pouvons, saufs, nous fier à sa lueur et être sûrs qu’elle nous conduira bien, — nous pouvons, saufs, nous fier à une lueur qui ne sait que nous guider à bien, puisqu’elle va, vibrante, au haut des cieux à travers la nuit. »

Ainsi je pacifiai Psyché et la baisai, et tentai de la ravir à cet assombrissement, et vainquis ses scrupules et son assombrissement ; et nous allâmes à la fin de l’allée, mais fûmes arrêtés par la porte d’une tombe ; par la porte, avec sa légende, d’une tombe, et je dis : « Qu’y a-t-il d’écrit, douce sœur, sur la porte avec une légende de cette tombe ? » Elle répliqua : « Ulalume ! Ulalume ! C’est le caveau de ta morte Ulalume ! »

Alors mon cœur devint de cendre et grave, comme les feuilles qui étaient crispées et mornes, — comme les feuilles qui étaient périssables et mornes, et je m’écriai : « Ce fut sûrement en Octobre, dans cette même nuit de l’année dernière, que je voyageai — je voyageai par ici, — que j’apportai un fardeau redoutable jusqu’ici : — dans cette nuit entre toutes les nuits de l’année, ah ! quel démon m’a tenté vers ces lieux ? Je connais bien, maintenant, cet obscur lac d’Auber, — cette brumeuse moyenne région de Weir : je connais bien, maintenant, cet obscur lac d’Auber, — cette brumeuse moyenne région de Weir : je connais bien, maintenant, cet humide marais d’Auber, et ces pays de bois hantés par les goules de Weir ! »


+ Jeff Buckley le récitant..d'habitude j'aime pas trop quand on reprend des poemes, mais là c'est juste magnifique, enivrant, sa voix est superbe elle nous hante, c'est magique Smile

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« Et si Freud s'était trompé? Et si l'important n'était pas le père et la mère, mais le frère ? »
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MessagePosté le: Jeu 04 Nov 2010, 3:03 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Adieu !

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon coeur la nuit est très douce et très blonde
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

4 fév. 1915


"Adieu" - Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

_____

Jacques Prévert: Paris At Night

Trois allumettes, une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
et l'obscurité toute entière pour me rappeler tout cela
en te serrant dans mes bras.

_______

Baudelaire: Alchimie de la Douleur

L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature!
Ce qui dit à l'un: Sépulture!
Dit à l'autre: Vie et splendeur!

Hermès inconnu qui m'assistes
Et qui toujours m'intimidas,
Tu me rends l'égal des Midas,
Le plus triste des alchimistes;

Par toi je change l'or en fer
Et le paradis en enfer;
Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.

_____________________

Nevermore Verlaine

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
"Quel fut ton plus beau jour ?" fit sa voix d'or vivant,

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier "oui" qui sort de lèvres bien-aimées !

_________________
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Poirepi
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Messages: 238

MessagePosté le: Lun 06 Déc 2010, 8:12 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah la poésie. Vraiment la plus belle chose qui soit.

Bien sûr, mon préféré, c'est Rimbaud. J'ai tout lu, tout adoré, et.. *o*

Mon préféré reste " Matinée d'ivresse "

Spoil:
O mon Bien ! O mon Beau ! Fanfare atroce où je ne trébuche point ! Chevalet féerique ! Hourra pour l'oeuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois ! Cela commença sous les rires des enfants, cela finira par eux. Ce poison va rester dans toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendus à l'ancienne inharmonie. O maintenant, nous si digne de ces tortures ! rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à notre corps et à notre âme créés: cette promesse, cette démence ! L'élégance, la science, la violence ! On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, - ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité, - cela finit par une débandade de parfums.

Rire des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille. Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

Petite veille d'ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque dont tu as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.

Voici le temps des Assassins.


Après y'a " Being Beauteous ", splendide.

Spoil:
Devant une neige un Etre de Beauté de haute taille. Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s'élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré ; des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes. Les couleurs propres de la vie se foncent, dansent, et se dégagent autour de la Vision, sur le chantier. Et les frissons s'élèvent et grondent et la saveur forcenée de ces effets se chargeant avec les sifflements mortels et les rauques musiques que le monde, loin derrière nous, lance sur notre mère de beauté, - elle recule, elle se dresse. Oh ! nos os sont revêtus d'un nouveau corps amoureux.

x x x .

O la face cendrée, l'écusson de crin, les bras de cristal ! le canon sur lequel je dois m'abattre à travers la mêlée des arbres et de l'air léger !


Et enfin, pour varier un petit peu, Apollinaire fait également parti de mes favoris, notamment avec " Les colchiques ".

Spoil:
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne


Y'a aussi " Mai " qui est très beau.

Spoil:
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains

Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières

Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment

Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes


Et pour finir, " Chantre ".

" Et l'unique cordeau des trompettes marines "

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MessagePosté le: Sam 11 Déc 2010, 1:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

L'indifférence (Sully Prudhomme)

"Que n'ai-je à te soumettre ou bien à t'obéir ?

Je te vouerais ma force ou te la ferais craindre ;
Esclave ou maître, au moins je te pourrais contraindre
A me sentir ta chose ou bien à me haïr.


J'aurais un jour connu l'insolite plaisir

D'allumer dans ton coeur des soifs, ou d'en éteindre,

De t'être nécessaire ou terrible, et d'atteindre,
Bon gré, mal gré, ce coeur jusque-là sans désir.


Esclave ou maître, au moins j'entrerais dans ta vie ;

Par mes soins captivée, à mon joug asservie,
Tu ne pourrais me fuir ni me laisser partir ;



Mais je meurs sous tes yeux, loin de ton être intime,

Sans même oser crier, car ce droit du martyr,

Ta douceur impeccable en frustre ta victime."


J'aime bien les pistes de réflexion qu'il ouvre sur le rapport amoureux.
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MessagePosté le: Mer 15 Déc 2010, 6:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Pour moi ce sera ce poème je pense :

Si... - Ruyard Kipling

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !




Ce poème est un peu un poème familliale pour moi. Mon grand-père l'avait toujours dans son porte-feuille, mon père l'a depuis, et moi je l'apprécie beaucoup. Ce texte...me parle, représente bien certaine valeurs qui sont les miennes. Wink

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MessagePosté le: Dim 27 Mar 2011, 11:45 am    Sujet du message: Répondre en citant

Juste, deux vers qui vous feront tomber raide dingue de Garcia Llorca, poête espagnol :

« Pero el 2 no ha sido nunca un número
es una angustia y su sombra… »
Pequeño poema infinito, 10/1/1930. Nueva York

"Mais le 2 n'a jamais été un nombre
C'est une angoisse et son ombre....."
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MessagePosté le: Dim 27 Mar 2011, 4:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup les deux premiers tiers de ce poème de Baudelaire.


Spoil:



Bénédiction


Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le Poëte apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié:

- «Ah! que n'ai-je mis bas tout un nœud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision!
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation!

Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés!»

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix;
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques:
«Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer;

Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un cœur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins!

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son cœur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce cœur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite,
Je le lui jetterai par terre avec dédain!»


Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide,
Le Poëte serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux:

- «Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés!

Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair;

Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs!»
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MessagePosté le: Lun 28 Mar 2011, 10:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

Wouahou, j'aime beaucoup ce que tu as cité Saha.

Pour moi, hop un nouveau poème enfin pas nouveau mais à ajouter ici.
Parce qu'en fait je l'ai étudié au collège et déjà à l'époque j'avais bien aimé
(On ne devient pas littéraire, on nait ainsi huhu) donc voilààààààà

Mon rêve familier, Paul Verlaine.

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine (Poèmes saturniens)

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MessagePosté le: Lun 11 Avr 2011, 11:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Nicolas Guillen est ce qu'on apelle un mulâtre cubain, il faut savoir que la société cubaine sans être "raciste" n'en fonctionne pas moins ainsi : plus t'es blanc, plus haut t'es placé. Nicolas Guillen je l'aime parce que sa poêsie est vraiment métissée, il a mélangé l'octosyllabe espagnole, l'équivalent de notre alexandrin, aux rythmes des chants africains. Quand on lit du Guillen il faut faire attention à l'ironie, au rythme, à la tristesse :

TENGO


Cuando me veo y toco
yo, Juan sin Nada no más ayer,
y hoy Juan con Todo,
y hoy con todo,
vuelvo los ojos, miro,
me veo y toco
y me pregunto cómo ha podido ser.

Tengo, vamos a ver,
tengo el gusto de andar por mi país,
dueño de cuanto hay en él,
mirando bien de cerca lo que antes
no tuve ni podía tener.

Zafra puedo decir,
monte puedo decir,
ciudad puedo decir,
ejército decir,
ya míos para siempre y tuyos, nuestros,
y un ancho resplandor
de rayo, estrella, flor.

Tengo, vamos a ver,
tengo el gusto de ir
yo, campesino, obrero, gente simple,
tengo el gusto de ir
¡es un ejemplo¿
a un banco y hablar con el administrador,
no en inglés,
no en señor,
sino decirle compañero como se dice en español.

Tengo, vamos a ver,
que siendo un negro
nadie me puede detener
a la puerta de un dancing o de un bar.
O bien en la carpeta de un hotel
gritarme que no hay pieza,
una mínima pieza y no una pieza colosal,
una pequeña pieza donde yo pueda descansar.

Tengo, vamos a ver,
que no hay guardia rural
que me agarre y me encierre en un cuartel,
ni me arranque y me arroje de mi tierra
al medio del camino real.

Tengo que como tengo la tierra tengo el mar,
no country,
no jailáif,
no tennis y no yatch,
sino de playa en playa y ola en ola,
gigante azul abierto democrático:
en fin, el mar.

Tengo, vamos a ver,
que ya aprendí a leer,
a contar,
tengo que ya aprendí a escribir
y a pensar
y a reír.

Tengo que ya tengo
donde trabajar
y ganar
lo que me tengo que comer.

Tengo, vamos a ver,
tengo lo que tenía que tener.


Trado de quelques vers :

TENGO

Quand je me vois et me touche,
Moi, Juan, sans rien de plus qu'hier
Et aujourd'hui, Juan, avec tout,
Et aujourd'hui avec tout,
Je me vois et me touche
Et je me demande comme cela a pu arriver

J'ai, nous allons voir,
J'ai le gout de la marche à travers mon pay
...
...
Je n'ai eu ni pu avoir.

Le safran je peux dire,
La montagne je peux dire;
La ville je peux dire,
L'armée je peux dire,
Déjà miens pour toujours, et tiens, et notre,
...
Un rayon, une étoile, une fleur.

J'ai, nous allons vir,
J'ai le gout de m'en aller,
Moi, paysans, ouvrier, gens simple,
J'ai le gout de m'en aller,
C'est un exemple,
Sur un banc, et de parler avec l'administrateur,
Pas en anglais
Pas avec des "monsieurs",
Mais de lui dire "compagnon" comme l'on dit en espagnol.

J'ai, nous allons voir,
Que bien que noir
Personne ne peut me retenir
A la porte d'un dancing ou d'un bar
Ou bien à la porte d'un hotel
Me crier qu'il n'y a pas de pièce
Une petite pièce, pas une gigantesque pièce,
Une petite pièce ou je peux me reposer

J'ai, nous allons le voir,
Qu'il n'y ait pas un garde rural
Qui me cris dessus et m'enferme dans un cartel,
...
...

J'ai que comme j'ai la terre, j'ai la mer,
...
...
Pas un tennis ou un yatch,
Mais de plage en plage, de vague en vague,
Un gigantesque ciel bleu démocratique:
Enfin, la mer.

J'ai, nous allons le voir,
Que j'ai déjà appris à lire,
A compter,
J'ai que j'ai déjà appris à écrire
A penser
A rire.

J'ai que j'ai déjà
Un lieu ou travailler,
Pour gagner
De quoi manger.

J'ai, nous allons le voir,
J'ai ce que je dois avoir.
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MessagePosté le: Jeu 28 Avr 2011, 9:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

BON. Je sais pas si je l'ai déjà mis, mais si j'avais un seul et unique poème à choisir ce serait sans l'once d'un doute Ophélie de Rimbaud.
C'est le premier poème de Rimbaud que j'ai découvert, et j'en suis follement amoureuse.
______________

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir


Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or

O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !

C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits,
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :

Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !


Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud

En gras ce sont les vers que je préfère (même si j'aurais du tout mettre en gras)
Ce que j'apprécie particulièrement dans ce poème, c'est qu'en lisant, on ressent une telle tristesse. C'est très imagé, d'une magnifique justesse.
Parfait.



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