Bon-Bon.
Un petit retour aux sources quand Ennui vient vers toi et qu'il veut te bouffer tout cru dans la rue en compagnie de Robert Hue.
Ça fait longtemps que j'avais pas posté ici.
Donc j'me lance, je sais pas du tout ce que je vais faire là.
Clair, c't'une fanfic mais je sais pas de quoi elle traitera, va savoir au bord des mots.
Bien sûr, comme dit dans le règlement, il va de soit que le ou les personnages - je sais pas encore - ne m'appartiennent pas... j'ai pas assez de tune pour les ach'ter...
Une One Shot ?
Bah j'en sais que dalle, je te le dis que "je sais pas du tout ce que je vais faire là".
Je commence.
Maintenant.
Là. Enfin, juste après quoi.
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Automne, été. Eté, automne.
Tonnes de temps qui s'empilent. Temps lourd et grossier, ciel lourd et grossier.
Temps de chien, de chien, de chien. De chien de plomb, de chien de souffre, de feu aussi. (De feu surtout).
Explosion. Je n'entends rien, plus rien. Explosion. Je vois, je vois tout. Corps de feu gonflé, corps en feu éparpillés. Le feu, le feu, le feu ; le feu partout. Toujours le feu. Toujours cette pluie filante de corps brûlés qui s'en va tomber, tomber, tomber pour rouler, rouler, rouler. Rien, je n'entends rien ; tout, je vois tout.
Un temple d'abord : Il agite ses membres de pierres, des membres de pierres qui ne se tordent pas sous ces flammes qui ne les dévorent pas. Sa tête tordue sous ces flammes qui la dévorent. Dévoratrices, des flammes dévoratrices, mes flammes.
Je sens mon corps, mon corps trembler. Je sens ma bouche, ma bouche parler. Je sens mes yeux, mes yeux tourner. Je sens. Je sens mais je ne ressens rien. J'ai soif. Le temple brûle.
Les gens ensuite : des corps désarticulés qui s'avancent vers moi, l'air de dire que c'est moi - à cause de moi - ; que c'est ma faute, ma faute à moi, ma faute peut-être ; je vois, je vois tout ; ce doigt qui m'accuse, cette main qui se tend, ce doigt noir, cette main noire ; ces vies rouges qui s'éteignent, des vies moisies, ton cramoisi ; ces vies rouges qui me parlent, qui me parlent, me parlent et moi qui n'entends, n'entends pas, n'entends rien ; d'autres corps encore qui volent, des corps mangés, des corps rongés, des corps en feu. Mon feu.
Automne, été ; saison rousse, saison rouge ; saison d'enfer, saison de feu - j'ai soif.
Soudainement j'entends.
J'entends.
Des cris, beaucoup de cris. Des cris, des cris, des CRIS, TELLEMENT DE CRIS.
Je ne veux, ne veux, ne veux pas entendre. Des cris qui éventrent l'air, des cris de corps de feu. L'effroi crie. La peur crie. La douleur crie. Les larmes crient. Tellement de cris. Un bataillon de cris. Alors je crie, je crie aussi ; parce que je ne veux pas entendre mais j'entends pourtant tous ces cris. Mon cri ? Je ne l'entends pas, j'entends leurs cris. Où est mon cri ? Je crie plus fort, encore plus fort, encore et encore plus fort ; je crie. Je ne m'entends pas. Pourquoi ? Je ; ne m'entends pas, eux ; je les entends ; pourquoi ? Mon feu.
J'ai détruit ce temple. J'ai détruit le temple et sa vie de pierre. Son nom de peinture rouge dégoulinante qui s'affaisse sous le crépitement du feu dévorateur. Le feu torture ce nom, mon nom ; ce nom s'efface. Comme tout. Ou presque. Mon nom s'efface. Il disparaît. J'ai perdu, perdu mon nom. J'ai effacé, effacé mon nom. Mon nom a effacé ce nom, mon nom. Mon nom.
J'ai détruit ces vies. J'ai détruit ces vies et leur vie s'éteint sous la lueur de mon nom. J'ai semé le feu. J'ai semé la mort. J'ai effacé, effacé des vies. De mon nom. Ce nom qui s'efface encore.
Je hurle.
Je ne ressens rien.
Je hurle.
Et je ris.
Je ne ressens rien.
Je ris très fort.
Je ris quand je hurle, je hurle de rire, je ris dans mes cris ; je ris.
Je ne ressens rien.
Les dernières feuilles tombent. Des feuilles noires. Noires et sèches. Des feuilles du village caché de la feuille. Les feuilles d'une saison de feu. C'est le village du feu. Je ne suis plus debout. Je regarde les feuilles tomber. En silence. Dans les cris. Mes cris de silence. C'est fini.
J'ai détruit le temple, j'ai détruit mon nom. Les ombres s'empressent. Je vois ces ombres.
Je ne ressens rien. C'est fini. Je crois que je suis mort.
Je suis mort.