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. [School-Fic] Le coeur a ses raisons que la raison ignore
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Tantei-chan
Civil


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Messages: 36
Localisation: Derrière l'écran noir de mes nuits blanches, je me fais du cinéma...

MessagePosté le: Mer 30 Avr 2008, 8:05 pm    Sujet du message: [School-Fic] Le coeur a ses raisons que la raison ignore Répondre en citant

Voilà ma fanfic en cours sur Naruto.

Thème : Relationnel, humoristique... un peu mixé.
Coupling : ShikaTema, GaaHina.
Nombre de chapitres : indéterminé.
Type : School-fic/Humour/Romance.
Lecteurs : 13+ je dirai.
Description :

« Je vis chaque jour comme si je me battais contre moi-même. Chaque matin, je me lève, et j'ai envie de tout claquer. Pour faire quoi ? Pour aller où ? Quelle connerie. J'aimerai emmerder le monde mais c'est le monde qui m'emmerde. Est-ce qu'on a besoin de moi sur cette planète ? Finalement, je ne sais même pas pourquoi j'existe. Est-ce que mon existence est ce que j'en fais ? Vraiment ? »


Au lycée de Konoha, c'est la rentrée. Oh ! la rentrée... Comme c'est pénible. Les élèves, penauds ou motivés, démarrent une nouvelle année qui sera, à priori, monotone, comme toutes les autres années qui l'ont précédée. Après tout, à Konoha, il ne se passe jamais rien de très palpitant. Même les habitants n'ont rien d'extraordinaire. Ils sont normaux, c'est tout.

Et pourtant.

Quatre adolescents vivent leur vie d'une manière singulière.

Shikamaru Nara reste fidèle à lui-même ; il se contente de remballer Naruto ou Kiba quand ces derniers s'amusent de son pragmatisme... Bref, il n'a pas évolué depuis l'âge de six ans. Rien ni personne n'a presque jamais réussi à lui faire donner un goût piquant à la vie ; tout l'indiffère. Il marche vers un avenir sans trop savoir pourquoi, puisque cet avenir sera probablement identique au présent : ennuyeux. Long. Et surtout galère.
Temari No Sabaku est probablement son opposé sur terre. Doté d'un tempérament fort, elle n'est pas femme à se laisser marcher sur les pieds. Cependant, alors que son esprit bout à l'intérieur, elle contient étrangement ses émotions face à ses camarades et les immerge sous un masque d'agressiveté. Pleurer, avoir peur, mais ne rien en laisser paraître en camouflant tout ça sous une apparence de brute, ça, c'est le défi qu'elle s'est lancée et qu'elle s'efforce de respecter.
Hinata Hyûga est considéré comme le souffre-douleur de son bahut. Personne ne veut l'accepter. On l'ignore complètement, ou on passe ses nerfs sur elle. Pourquoi ce calvaire ? Malgré sa timidité insurmontable, elle a toujours été d'une gentillesse exquise, pourtant... Rejetée par tous, y compris les siens, elle subit la vie comme un fardeau trop lourd à porter. Alors pour elle, se retrouver seule dans une tribu d'élèves enragés, c'est la pire chose qui puisse lui arriver.
Gaara No Sabaku n'a rien en commun avec sa soeur d'un point de vue caractériel. Dépourvu d'amis, on ne peut pas dire qu'il ait une expression très avenante. Il intimide même. Instable psychologiquement, ses humeurs changent et sa personnalité ne se détermine jamais vraiment. Il est conscient que les autres pensent qu'il est un peu perturbé mais gare à celui qui viendrait lui chercher des noises. Qui irait croire qu'au fond de lui, il cherche une voie de secours, une échappatoire...

Un flemmard érudit, une racaille silencieuse, un bouc-émissaire angélique, et un psychopathe introverti. Joli tableau.

La chance n'a jamais honnêtement souri à ces quatre-là. Tous des espoirs déçus. Ils sont entourés d'une masse compacte d'adolescents, mais la solitude est leur seule compagne.

L'air de rien, leurs chemins vont progressivement converger dans la même direction, se croiser, s'empêtrer aussi. Et même si les contrastes entre leur milieu de vie sont criants, tous les quatre mènent leur vie de la même façon : comme un combat.


Chapitre I – Une bosse bien méritée… ?

Oh ! Les beaux nuages...

Chôji donna un coup de coude bien placé à son voisin de classe et meilleur ami qui somnolait, les yeux dans la vague, fixés sur les hauts nuages d’un blanc laiteux, tout effilochés qu’ils étaient, voyageant au gré du vent pour aller caresser la voûte céleste et se prélassant éternellement dans le ciel…

Oui, Shikamaru Nara, dix-sept balais, 200 de QI, Terminale S, interne au lycée de Konoha et tire-au-flanc invétéré, aurait bien aimer être un nuage. Juste pour ressentir cette sensation grisante de liberté, d’indépendance, de…

- SHIKAMARU NARA !

…Hélas, il n’était pas un cumulus et n’en serait jamais un. Alors, il concéda à revenir à la réalité.

Leur professeur de mathématiques, Orochimaru, était planté devant sa table. Le descendant Nara leva mollement la tête et la première chose qu’il vit fut la bosse qui bombait le front de leur nouvel enseignant. D’où pouvait-elle provenir ?

Le professeur tendait une craie au jeune homme en pointant d’un doigt tremblant de fureur le tableau sur lequel était écrit un calcul que seul un élève possédant un cerveau égal à celui de l’enseignant avait la capacité de résoudre.

Ca tombait bien : Shikamaru était le seul qui pouvait rivaliser avec Orochimaru en matière d’intelligence et de compréhension rapide.

Le descendant Nara se leva nonchalamment de sa chaise en prenant la craie. L’enseignant, certain qu’il échouerait lamentablement, se délectait de ses petites interrogations. En général, ça aboutissait à un zéro pointé inscrit à l’encre rouge sur son carnet de notes.

Mais pour Shikamaru Nara, il en allait autrement.

Tout le monde retint son souffle. Le calcul, qu’Orochimaru avait bourré de racines carrées et de valeurs approchées, fut résolu avec une facilité déconcertante par le jeune homme. Il reposa la craie sur le bord du tableau et eut un léger sourire en voyant le prof vert de rage, la fumée lui sortant par les oreilles.

La sonnerie retentit enfin, au grand soulagement du reste de la classe. Aucun d’entre eux ne pouvait prétendre être aussi intelligent que le prof, hormis Shikamaru, à qui les problèmes de mathématiques ne posaient aucun problème, justement. Parfait, ça lui permettait de contempler la voûte céleste en toute tranquillité durant cette matière. De toute façon, avec l’humiliation cuisante qu’il venait de faire subir à son nouvel enseignant, celui-ci ne commettrait certainement plus l’erreur de l’envoyer au tableau.

Le descendant Nara fut le dernier à sortir de la classe ; il prenait toujours son temps pour chaque chose. Comme il aimait à le dire : rien ne sert de se presser, dans la vie…

Son meilleur ami, Chôji Akamichi, l’attendait sur le pas de la porte. Chôji avait un visage assez jouflu, des cheveux châtain en pétard et il était plutôt trapu. Quiconque osait lui dire qu’il était gros prenait le risque d’avoir à faire avec un Chôji hors de lui. Il entrait aussi dans une fureur incontrôlable quand on insultait ses amis, en particulier Shikamaru.
Malgré ses nerfs un peu trop fragiles quand on parlait de sa corpulence, l’Akamichi était un compagnon agréable, fidèle, bon vivant… et adorant manger.

Shikamaru, lui, était à l’inverse plutôt mince, grand, aux épaules légèrement voûtées. Ses cheveux noirs étaient constamment attachés en une queue haute sur son crâne. Ses traits creusées, ses petits yeux noirs fatigués et cernés, profondément enfoncés dans leur orbites, ses mains enfoncées dans les poches, lui donnaient un air macho et paresseux. Ce qu’il était et ce qu’il admettait sans s’offusquer.

En effet, le descendant Nara était un flemmard de première, le plus en vogue en ce moment. Son occupation favorite ? Observer les nuages. Il détestait les ennuis et les problèmes (sauf de maths), et évitait volontiers les filles agitées et trop bavardes, trop « galères » pour lui : les femmes rimaient avec source de conflit et surtout source de complications… selon le descendant Nara.

Malgré leurs différences physiques et morales, Shikamaru et Chôji s’entendaient bien, chacun connaissant parfaitement l’autre.

Ils discutèrent du cours que Chôji venait littéralement de subir.

- Trop chiant, ce cours !

- …Mouais… le prof est un peu barje, tu trouves pas ? marmonna le descendant Nara.

- Un peu ? Il est carrément malade, ce type ! répondit son ami en se tapotant explicitement la tempe de l’index. Je comprends pas un mot de ce qu’il baragouine !

- J’t’expliquerai, si tu veux… suggéra Shikamaru en baillant.

- N’empêche, tu lui as mis la pâté, au prof, commenta Chôji avec un grand sourire. Tu commences bien l’année, toi !

- Tu verras, quand je t’aurai expliqué, que ce calcul était pas bien compliqué…, dit le jeune homme en haussant les épaules.

- Si tu le dis… au fait, qu’est-ce que tu penses de la classe ?

Les élèves commençaient à s’engouffrer dans la pièce où devait se dérouler le double-cours d’Histoire-Géographie. Shikamaru aperçut plusieurs têtes qui ne lui étaient pas inconnues.

Il y avait Naruto Uzumaki le blond hyperactif-agité-turbulent, le principal metteur d’ambiance, avec son acolyte Kiba Inuzuka, un type aux yeux perçants et aux cheveux aussi touffus que ceux de Naruto. De vrais jumeaux, aussi bien sur le plan physique que psychologique.

Le descendant Nara reconnut aussi les deux glaçons de service, j’ai nommé Sasuke Uchiwa et Neji Hyûga. Sasuke, un beau ténébreux qui faisait tomber toutes les filles sur son passage, était sans doutes l’élève le moins bavard de tout le lycée. Quant à Neji, ces yeux blancs et ses longs cheveux bruns lui donnaient un air glacial. Lui non plus ne parlait jamais pour rien dire.

Et puis, après, il y avait toute la bande de nanas, dont Shikamaru avait oublié les noms. Aucune importance.

En prenant place une nouvelle fois près de la fenêtre pour leur troisième heure de cours, il vit Naruto chuchoter quelque chose à l’oreille de Kiba d’un air surexcité. Il n’entendit pas clairement de quoi ils parlaient, mais le mot « coussin péteur » parvint à ses oreilles…

- Ce que j’en pense, répondit-il enfin avec un petit sourire, c’est qu’on va pas s’ennuyer cette année…





Alors que les cours de la matinée étaient enfin terminés, Hinata rangeait fébrilement ses affaires pour aller déjeuner, tandis que les élèves quittaient la salle en riant. C’était un grand soulagement pour elle car vu qu’elle ne connaissait personne dans sa nouvelle classe, elle s’était vite sentie très mal à l’aise parmi tous ces gens qui l’intimidaient et qui avaient pourtant le même âge qu’elle.

Elle sortit enfin de la salle à petits pas pressés, l’air un peu inquiète.

Elle ne savait pas encore avec qui elle allait s’installer au réfectoire. Peut-être qu’elle devrait « squatter » à la table d’autres lycéens… essayer de se rapprocher de ceux de sa classe… bien sûr, ça allait les déranger… et perturber les gens par sa présence, c’était justement la spécialité d’Hinata Hyûga.

Hinata était en première L et déjà, l’année s’annonçait affreuse.


Elle passa par son casier y déposer son sac. La dernière fois qu’elle l’avait laissé dans l’agora, avec tous les autres, elle était allée en cours sans ses affaires, après l’avoir cherché sans succès. Quand elle avait expliqué la situation au professeur, la classe entière avait hurlé de rire. Même l’enseignant avait souri en déclarant impitoyablement qu’il ne l’accepterait pas en cours si elle n’avait pas de quoi travailler. Elle était allée se plaindre à la vie scolaire qui l’avait écoutée comme si Hinata était une attardée mentale, puis des recherches avaient été lancées dans l’établissement. Finalement, le sac de la jeune fille avait été retrouvée au fond d’une poubelle, enfoui sous les déchets.

Autrement dit, Hinata Hyûga servait de bouc émissaire à Konoha, et en souffrait en silence.

Et jamais au grand jamais, elle ne s’était défendue, jamais elle n’avait su se révolter et encore moins se faire respecter. Elle était bien trop faible pour ça, et le pire, c’est qu’elle le savait.

La source principale de ses petits embêtements et de son mal-être permanent venait de son bégaiement. En effet, la jeune fille alignait rarement plus de trois mots sans hésiter. Ce léger problème, dû à sa panique et à sa timidité omniprésentes, lui valait bien des railleries de la part de ces camarades. Et ce, depuis le primaire.

Ensuite, le fait qu’elle ne s’habillait jamais qu’avec de gros pulls larges et informes alors qu’elle vivait dans une famille aisée avait toujours attiser les moqueries des filles. Mais qu’y pouvait-elle, elle, si elle avait une poitrine particulièrement opulente ?

Voilà dans quel enfer survivait, littéralement, la jeune fille. Sur son passage, soit on l’insultait, soit on l’ignorait cordialement. Hinata faisait tout pour passer inaperçu (ce qui n’était pas évident avec son allure piteuse) mais au plus profond d’elle-même, cette indifférence l’insupportait, la blessait.

Pourtant, la descendante Hyûga avait toujours essayé d’être gentille, serviable et souriante. Malheureusement, le destin avait voulu que l’on tire profit de ses qualités pour la manipuler, plutôt que pour devenir amie avec elle.


Elle referma solidement le gros cadenas, qu’elle avait dû remplacé au moins huit fois l’année précédente. Puis, d’un pas lent, elle se dirigea vers la file du self.





Tenten Hitora posa son plateau sur une table à quatre places, suivie de Sakura Haruno.

- Tsss…, siffla cette dernière en jetant un regard circulaire dans la salle. ‘Y a plus de tables à deux, faut s’attendre à ce que quelqu’un vienne squatter…

- J’ai l’impression qu’on est beaucoup plus nombreux que l’année dernière, pas toi ? demanda la descendante Hitora en s’asseyant.

- Ouaip… C’est qu’il commence à devenir une référence, ce putain de lycée ! fit la jeune Haruno avec un sourire cynique, en prenant place à son tour.

- Faut croire qu’on est de très bons élèves, renchérit son amie sur le même ton.

Les deux terminales éclatèrent et de rire. Au fond, elles aimaient bien leur établissement, simplement parce que c’était là qu’elles s’étaient rencontrées et qu’elles y avaient passé trois ans ensemble.

Elles commencèrent à manger en discutant de leurs cours – elles n’étaient pas dans la même classe – si bien qu’elles ne remarquèrent pas tout de suite la jeune fille qui tentait vainement de parler le plus distinctement possible. En gros, ça donnait ça :

- … Euh… ‘xcusez-m… moi… pard… don… ’c’que je… pourrais m… me mettre… ici… ?

Au plus grand malheur de l’arrivante, elles ne l’entendirent pas et continuèrent et à discuter comme si elle n’avait pas prononcé un mot. Elle dut répéter sa phrase plusieurs fois, en élevant la voix d’un demi-ton plus haut ; ses efforts portèrent enfin leur fruit : les deux lycéennes consentirent à lever la tête.

Sakura et Tenten observèrent attentivement la jeune fille qui attendait, son plateau dans les mains, en face de leur table.

Des cheveux aux reflets lavande coupés au carré avec une frange et deux longues mèches encadraient son visage pâle. Une douceur indéfinissable émanait de ses yeux blancs, de la même couleur que ses cheveux lisses. Elle était vêtue d’un grand sweet d’une horrible couleur blanchâtre et d’un pantalon ample qui semblait beaucoup trop grand pour elle.

Les deux terminales reconnurent sans trop de mal l’élève souffre-douleur du lycée, cette pauvre fille de première que tout le monde embêtait.

Tenten interrogea Sakura du regard. Non, toutes deux n’étaient pas de ceux qui aimaient lancer des méchancetés gratuitement. Et encore moins à la jeune Hinata Hyûga qui en voyait de toutes les couleurs chaque jour.

Sakura désigna du menton la place à côté de Tenten.

- J’ai pas tout compris, mais je suppose que tu veux t’asseoir ?

- Euh…, bafouilla la Hyûga en blanchissant au fur et à mesure que le vis-à-vis se prolongeait. O… oui… si ça ne… vous dérange… p…

- Pas du tout ! interrompit Tenten en faisant de la place.

- A… Arigatô gozaimasu ! s’écria Hinata en inclinant vivement la tête.

Elle prit place à côté de Tenten avec un sourire de reconnaissance. Pour une fois qu’on ne la rejetait pas en la méprisant !

Elle profita de ce moment pour détailler les deux terminales.

Sakura, de grands yeux bleus-verts et les cheveux rose pâle descendant sur ses épaules, semblait dynamique mais un peu intimidante. Cependant, elle l’avait acceptée à sa table, elle, Hinata, la fille la plus cruche du lycée, et la descendante Hyûga en déduisit qu’elle devait être plutôt sympathique au fond.

Tenten paraissait aussi énergique qu’elle. C’était une brune avec deux macarons soigneusement nouées sur sa tête, bien que des mèches retombaient çà et là sur son front ; ses yeux fauve brillaient d’une lueur sauvage, chaleureuse.

Soulagée de ne pas avoir à faire le tour du réfectoire pour mendier une place, Hinata attaqua son repas un brin plus enthousiaste que d’ordinaire.


Tenten Hitora mastiquait ses nouilles en songeant à cette matinée qui lui avait parut horriblement longue.

D’abord, elle s’était réveillée en retard, le premier jour de la rentrée. Après avoir manqué son bus de peu – elle soupçonnait cet imbécile de chauffeur d’être passé plus tôt – , la pauvre Hitora avait dû partir au pas de course au lycée, mais malgré son sprint, elle était arrivée au moment où le professeur de mathématiques, un certain Orochimaru, fermait la porte. L’enseignant avait reçu cette dernière de plein fouet et la jeune fille aux macarons s’était confondue en excuses sous l’hilarité générale. Elle aurait tout aussi bien pu économiser sa salive : l’impitoyable Orochimaru lui avait infligé deux heures de colle, l’une pour le retard de cinq secondes, et l’autre pour la bosse qui ornait son crâne.

Ensuite, le professeur de mathématiques, qui se trouvait aussi être son professeur principal – au grand désespoir de Tenten – avait envoyée la retardataire au tableau pour résoudre un problème que la jeune Hitora jugea insoluble. Mais il devait bien y avoir une solution, puisque Orochimaru avait soupiré de dépit en prenant un air faussement désespéré, et avait rayé les minables petits calculs de l’élève pour corriger d’une manière digne d’un professeur de maths l’exercice. Il eut cependant une once d’indulgence en ne notant pas Tenten pour son premier cours… mais il lui recommenda fortement de réviser pour la prochaine séance.

Bref, une journée haute en émotions pour Tenten Hitora.


La jeune fille aux macarons jeta un coup d’œil oblique à sa voisine timide qui triturait ses nouilles sur le bout de ses baguettes, avant de les porter à sa bouche gauchement, par petite portion.

- Comment on doit t’appeler ? demanda la descendante Hitora en observant sa camarade d’un air amusé.

Cette dernière leva brusquement la tête, comme si la question lui avait fait peur. Elle cligna plusieurs fois des paupières, la bouche entre-ouverte. Au fond de sa tête, une petite voix, sa conscience sans doute, criait :

Oho, Hinata, secoue-toi les puces ! Elle t’a demandé comment tu t’appelais !

Elle réagit enfin, après un long silence :

- Je… Hinata Hyûga, sempaï…

- Oh ! gémit la jeune fille aux macarons en grimaçant. Ne me donne pas du sempaï, please ! Appelle-moi Tenten.

- Bien… Tenten-san…

- Tenten, j’ai dit !

- … Tenten-san…

Elle eut un regard interrogateur discret avec sa meilleure amie qui suivait l’échange, un sourcil levé.

- Et moi c’est Sakura, dit-elle. On peut t’appeler Hinata, j’espère ?

- Bien… bien sûr… ! Sempaï…

- Hey ! se récria Tenten en faisant tomber un poing agacé sur la table. Pourquoi tu t’obstines à nous appeler comme ça ?

- Dé… désolée, bafouilla Hinata en baissant les yeux. C’est… l’habitude…

Nouveau regard entre les deux terminales. C’était beaucoup plus grave que ce qu’elles pensaient, finalement.

- Tu es en quelle classe ? continua Sakura avec une espèce de compassion dans son intonation.

- Première L, murmura la descendante Hyûga.

- Ch’est bien ch’que ch’penchais, t’as un gnan de moinch que gnous, reprit la jeune Hitora, la bouche pleine de boulettes de viande.

En avalant sa bouchée, elle fit un grand sourire à Hinata, ce qui eut pour effet de la rassurer un peu.

Alors que le repas se prolongeait, la petite brune pesait le pour et le contre afin de savoir si elle allait oser leur adresser la parole de son propre chef.

Tenten attaquait son dessert, une magnifique part de tarte aux pommes, quand sa voisine bredouilla faiblement :

- Je vous remercie… de m’avoir laisser… m’installer avec vous…

- Pas de quoi ! C’est vraiment pas la peine de nous remercier, Hinata-chan !

La descendante Hyûga sursauta quand elle prononça son nom avec une marque d’affection. Cela lui redonna de l’espoir pour la question qu’elle voulait poser mais qu’elle n’arrivait pas à formuler.

- Et… est-ce… par hasard… vous… hn…

- Stooooooop ! coupa Sakura.

L’Haruno mit la main dans une poche, se leva, et, par-dessus la table, attrapa la main frêle de la Hyûga en y plaçant fermement un petit papier plié en quatre.

- Mais tu les avais préparés, en plus ! ria son amie.

- J’en fait toujours deux ou trois à chaque rentrée, au cas où ! répliqua la terminale à la chevelure rose en tirant la langue.

- Que… ?

Mais les terminales avaient visiblement fini de manger et quittèrent la table, en laissant la pauvre Hinata déboussolée, son papier serré au creux de sa main. Elle le déplia pour voir ce qui y était inscrit, et son cœur fit un bond énorme dans sa poitrine lorsqu’elle y lut deux numéros de portable ansi que deux adresses Msn différentes.






La journée s’écoula tout doucement, et heureusement pour la jeune fille aux macarons, il y eut moins d’ennuis que le matin. – elle put rentrer chez elle par le bus, normalement, en prenant soin de ne pas saluer le chauffeur.

Shikamaru dit au revoir à Chôji d’un signe de main et regarda, adossé au portail de l’établissement, la voiture des Akamichi démarrer avant de disparaître dans un tournant. Puis, avec un profond soupir, il se dirigea vers l’internat.

Le descendant Nara habitait assez loin du lycée et c’était la raison pour laquelle ses parents avaient jugé préférable qu’il soit interne à l’établissement de Konoha, qui était vraisemblablement le plus proche de leur petite maison isolée en pleine campagne.

Mais même si sa demeure aussi reculée obligeait le jeune homme à dormir sur place durant toute la semaine en partageant sa chambre avec un Kiba et un Naruto plus qu’agaçants, pour rien au monde il n’aurait changé de maison. Au moins, là-bas, il pouvait décompresser, respirer l’odeur des arbres, et surtout contempler les nuages à sa guise.

Il longea le couloir du rez-de-chaussée et s’arrêta devant la chambre où étaient inscrits le chiffre 17. Là, il fouilla ses poches en quête de la clé, mais elles étaient vides. Ah non. Il y avait son briquet, un mouchoir que sa grand-mère lui avait cousu, un chewing-gum à la framboise… mais pas la moindre trace d’une petite clé en acier.

- Galère… marmonna-t-il. Je vais devoir aller chercher Naruto…

Il fit demi-tour, mais il n’eut pas besoin d’aller bien loin pour trouver celui qu’il cherchait. En effet, un flash blond lui rentra subitement dedans en plein élan, au détour d’un couloir.

- Aouch ! Naruto, t’as de la merde dans les yeux ou quoi ?

- Gomen Shikamaru ! s’excusa l’Uzumaki avec un grand sourire. J’dois aller au toilettes, on prépare un truc avec Kiba !

- Pff… Donne-moi ta clé avant de partir, baka ! s’exclama le Nara en retenant Naruto par le col de sa veste.

Le jeune homme blond sortit prestement l’objet d’une poche extérieure sans chercher à comprendre pourquoi Shikamaru n’avait pas la sienne, et partit en courant vers les toilettes.

- Au fait ! cria-t-il par-dessus son épaule. Jolie répartie ce matin !

- Hn, sourit le jeune homme à la queue d’ananas.

Il enfonça enfin la clé dans la serrure, referma derrière lui, et se jeta sur son lit avec un soupir de lassitude. Pour leur premier jour, il n’avait pas beaucoup de devoirs… excepté en maths, évidemment… mais le descendant Nara était bien trop fatigué pour remuer le petit doigt et de toute manière, il remettrait de nouveau le prof à sa place le lendemain s’il le fallait…

Fort de ces bonnes intentions, Shikamaru s’endormit, la tête dans l’oreiller, et ne se réveilla que lorsque deux mains l’agrippèrent par les épaules pour le sommer de se lever : le dîner était servi depuis dix minutes déjà, et Kiba eut l’extrême délicatesse de faire remarquer au Nara qu’il avait le sommeil affreusement lourd.






Repus des cheeseburgers qu’ils avaient dévorés au cours du dîner, la file des élèves internes se dirigeait vers… eh bien, vers l’internat, pour prendre un repos bien mérité.

Alors que la cohue s’engouffrait dans le bâtiment et se divisait pour partir dans diverses directions, les oreilles de Shikamaru changèrent de pression : une voix aigu qu’il connaissait trop bien se mit à gémir derrière lui :

- Oh, j’en ai déjà marre de ce bahut ! C’est beaucoup trop lourd ce qu’il nous donne le soir, ça va foutre en l’air mon régime.

- T’inquiète pas, Ino, ironisa Kiba, t’es toujours aussi maigre et squelettique qu’avant !

- La ferme, idiot ! Je ne suis pas une anorexique, si c’est que tu sous-entends !

- Je n’oserai pas…

Ino Yamanaka trottina jusqu’à lui.

- Bien sûr, toi, ça ne te change pas beaucoup, ricana-t-elle. Vous vous êtes encore goinfrés avec Naruto, j’imagine !

- Hey ! s’exclama l’intéressé. J’ai entendu mon nom, on parle de moi, ici ?

- Oui, improvisa Kiba. Ino disait justement qu’elle te trouvait super mignon !

- C’est vrai ? reprit naïvement Naruto, très intéressé.

- Bien sûr que non, abruti ! coupa Ino, ulcérée.

- Ah… ? Tant mieux, c’est pas réciproque de toute façon !

Avec un soupir de dédain, la jeune femme à la queue de cheval blonde bouscula les deux garçons pour se diriger vers Shikamaru, qui jusque-là s’était contenté de rire doucement. En revanche, quand il sentit une présence féminine dans son dos, il grimaça légèrement.

- Ils sont insupportables, ces deux-là, commença Ino en désignant Kiba et Naruto derrière elle.

- Mouais, j’dois me les coltiner dans la chambre aussi, marmonna le garçon sans vraiment regarder son interlocutrice.

Pour on ne sait quelle raison, la lycéenne ria nerveusement en s’approchant du Nara.

- Si tu veux, proposa-t-elle en évitant son regard, je te fais une place dans mon lit, ‘y a pas de problèmes !

- C’est ça, t’es pas folle toi ! répondit Shikamaru en rougissant un peu malgré lui.

N’importe quoi, cette fille, vraiment ! Il préférait encore dormir avec Naruto !

Pour qui se prenait-elle ? Ca faisait même pas trente secondes qu’elle lui parlait, et déjà il lui tapait sur le système. Ce n’était pas parce qu’ils avaient souvent joué dans le même bac à sable autrefois qu’elles devaient se permettre ce genre de remarques embarrassantes, devant ses camarades qui plus était.

Heureusement pour lui, la foule des élèves s’était dispersée à présent, mettant ainsi un terme à la conversation. Les descendants Nara, Uzumaki et Inuzuka pressèrent le pas sans dire bonne nuit à une Ino quelque peu découragée par l’attitude de son compagnon de jeu d’antan.





Naruto, la sueur perlant sur son front, était penché sur des cahiers grands ouverts et des livres couverts de calculs incompréhensibles – du moins c’était ce qu’il croyait – et cherchait visiblement un sens à ce charabia sous les yeux d’un Nara narquois, adossé à la charpente de la salle de bains, une brosse à dents en travers de la bouche.

- Qu’est-ch’e que ‘u ‘ais, Gnaru’o ? questionna-t-il.

- J’essaye de résoudre les calculs du père Orochimaru, pardi ! s’exclama le garçon blond sans quitter des yeux son cahier.

Son colocataire se pencha sur le devoir qu’il n’avait même pas fait.

- Lai’ch’e couler, conclut-il au bout de trois secondes. Ch’est c’rop com’iqué pour c’oi.

- Hééé t’as mis du dentifrice sur mon cahier !

Au bout d’une demi-heure, quand Naruto en eut fini avec les mathématiques d’Orochimaru et que les surveillants furent passer dans les chambres vérifier que tout le monde avait fini de se laver les dents, la lumière de la chambre 17 s’éteignit.

Shikamaru fut le dernier à se mettre au lit. Il se glissa sous les draps, prêt à s’endormir comme une pierre sitôt que sa tête se serait posée sur l’oreiller…

PROUUUUUUUUUT…

Le descendant Nara se redressa vivement et avisa un coussin péteur sous son oreiller. Passablement irrité, il entendit les rires étouffés, reconnaissables entre mille autres, de Naruto et Kiba sous leur couette.

- Crétins ! chuchota-t-il furieusement à l’adresse de ses colocataires de chambre.

Sachant qu’ils étaient découverts, les deux farceurs pouffèrent de plus belle, jusqu’à ce que Naruto reçoive le coussin péteur en pleine figure.





Voilà pour ce premier chapitre ^_^ ! Il était assez long, mais c’était essentiel pour présenter la plupart des personnages qui vont entrer en jeu dans ma fic. Et encore, attendez que je mette en place tous les éléments pour que l’histoire puisse réellement débuter xD.
Il manque deux personnages clés… A vous de trouver lesquels (‘tention ! c’est pas forcément ceux que vous croyez n_n).

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Si un jour, tu es encore dans le pétrin, je viendrai te sauver... M. Le Pleurnichard.



Dernière édition par Tantei-chan le Mer 30 Avr 2008, 10:38 pm; édité 2 fois
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Jak'
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MessagePosté le: Mer 30 Avr 2008, 9:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Super fic' !
J'ai pas pu lire jusqu'à la fin faute de temps, mais ça m'a l'air d'un bon niveau.
Par contre du GaaHina, ça me fous les boules, c'est vrai que c'est pas la première chose qu'on a dans la tête. J'essaierais de lire la suite demain =)

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devilsasuke
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MessagePosté le: Mer 30 Avr 2008, 10:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

j'aime beaucoup et comme deux personnage, bin il y aura Sasuke ( m'enfin , j'espère car son côté un peu distant permet de bien rire ).


J'aime le Shikamaru que tu as fait et j'ai vraiment hâte de lire la suite de ta Fic, continu.

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Tantei-chan
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MessagePosté le: Mer 30 Avr 2008, 10:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

@ Jak : merci. Arf désolée, mes chapitres font en moyenne au moins 4000 mots... enfin prends ton temps Wink.
Je sais, le GaaHina n'est pas courant, mais j'aime bien ce couple. Vous verrez comment je présenterai ça, ça n'arrivera pas tout d'un coup et je m'efforcerai d'être fidèle au caractère des personnages !

@ devilsasuke : merci. Je regrette par contre, Sasuke fera hélas partie du décor, à moins qu'une idée géniale ne me traverse la tête avant la fin... lol. Mais j'espère te faire rire quand même avec Shikamaru, Naruto et Kiba...

Autant vous dire que je vais me centrer sur les persos des couples. Les autres seront peu présents.

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Jak'
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MessagePosté le: Ven 02 Mai 2008, 2:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

En tout cas, je la trouve super, je n'ai trouvé aucune fautes, ça fait un peu bizarre de trouver des persos dans une vie réelle, c'est à dire, pas de chakra ni de jutsus, on s'y croit ! J'attends le prochain chap' avec impatience =)

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Tantei-chan
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MessagePosté le: Ven 02 Mai 2008, 5:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Jak' a écrit:
En tout cas, je la trouve super, je n'ai trouvé aucune fautes, ça fait un peu bizarre de trouver des persos dans une vie réelle, c'est à dire, pas de chakra ni de jutsus, on s'y croit ! J'attends le prochain chap' avec impatience =)


LOL c'est marrant parce que j'ai l'habitude d'en lire des School-fic, et je lis relativement peu celle qui garde le monde ninja (quoique les seules que j'ai lues de ce genre étaient magnifiques...).
Merci merci !
Je suis en cours d'écriture du chapitre 4 mais j'ai pas beaucoup de temps pour le finir en ce moment...

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Tantei-chan
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MessagePosté le: Jeu 08 Mai 2008, 12:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre II - Descente en enfer...

La deuxième journée depuis la rentrée des classes débutait par un double cours de philosophie pour les terminales S. Non pas que les élèves détestaient leur professeur, Asuma, mais pour le moment, leur emploi du temps leur déplaisait fortement. En effet, leur placer cette matière pour les deux premières heures de la journée, c’était une très mauvaise idée. Tout le monde s’endormait.

Asuma semblait bien trop occupé à leur parler de Platon dans sa jeunesse, Platon quand il méditait, Platon et ses écrits, Platon et ses réflexions, Platon et ses commentaires aux œuvres d’autres philosophes… pour se rendre compte que Naruto ronflait bruyamment, étendu sur tout le long de sa table, que Kiba était en équilibre sur les pieds de sa chaise dans une posture dangereuse, que Sasuke et Neji, les deux très bons élèves de la classe, essayaient de maintenir leurs yeux grands ouverts sans trop cligner et de contenir leurs bâillements, qu’Ino se faisait une petite manucure des ongles, que Chôji mangeait une barre de céréales et que Tenten envoyait un texto à Sakura (« Viens me chercher !! ») qui elle-même subissait un cours de Physiques-Chimie. Seul Shikamaru semblait ne pas se forcer à écouter attentivement. Le visage impassible, il hochait la tête avec un intervalle de cinq minutes environ. Visiblement, c’était le seul cours où il ne faisait pas la sieste.

Enfin, au bout de deux heures fastidieuses, un « driiiiiiiiiing » strident réveilla les élèves en sursaut. Kiba dégringola de sa chaise en poussant un juron et Ino renversa un peu de son vernis sur son cahier immaculé. Le professeur regarda sa montre en marmonnant un « déjà ? ».

- Qu’est-ce que c’est barbant ! se plaignit Kiba à la sortie. J’aurai jamais imaginé que Plafond était quelqu’un d’aussi ennuyant !

- Platon, pas Plafond, rectifia Shikamaru qui traînait derrière lui. Deux heures qu’il a prononcé le même nom et tu l’as déjà déformé.

- Qu’est-ce que ça change ? interrogea Kiba, franchement étonné.

Shikamaru haussa les épaules en baillant sans retenue à la figure de Kiba. Quand il ne tenait pas à répondre, le descendant Nara baillait. C’était bien connu.

- Platon par-ci, Platon par-là… Ras le chignon de Platon, moi ! gueula Kiba à quiconque voulait l’entendre.

- Moi je trouve ça assez intéressant…

- Ah bon ? Tu pourras me passer tes notes ? J’ai rien écrit…

- Moi non plus, répondit le Nara en haussant les épaules. Tout est là-dedans…

Et il pointa sa tête du doigt. Kiba soupira de dépit avant d’aller harceler à quelqu’un d’autre.





A la pause de midi, Tenten jeta son sac dans l’agora et courut au laboratoire de physiques-chimie. Elle s’arrêta enfin et jeta un œil à l’intérieur de la salle : quelques lycéens rangeaient encore leurs affaires ; des tubes à essais, des béchers, des balances étaient alignés sur les paillasses, tous propres ; des ballons bouillonnaient, emplis d’huiles essentielles de banane. En effet, ça empestait la banane.

Son regard se porta sur le bureau du professeur, très occupé à réprimander une Sakura Haruno qui, pour une raison que la jeune Hitora ignorait, semblait très gênée.

L’enseignant la laissa enfin ranger ses affaires et Sakura aperçut alors son amie aux macarons qui patientait sur le pas de la porte, un peu interloquée. La jeune fille aux cheveux roses lui sourit tout en la rejoignant.

- Ten-chan ! dit-elle joyeusement. On va manger ?

- Qu’est-ce que t’as fait ? questionna son amie, soupçonneuse.

- Hein ? Ah, oh rien de grave, j’ai fait explosé l’ampoule à décanter ! L’était pas content, le Jiraya !

- Tu as… quoi ? répéta Tente en éclatant de rire.

- Oh, j’avais juste oublier de déboucher après avoir agiter… Je lisais ton texto et PAF ! Tout m’est sauté à la figure… arrête de rire, baka !

Elle rougit de honte en voyant son amie qui se tenait les côtes.

- Je dois puer la banane, gémit la rose.

- Pffrt !

- Ouais, bah comme disait l’autre : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » !

- En effet ! conclut Tenten en calmant son fou-rire. Bon allez, direction le self, je crève la dalle !

- Oh, Hinata-chan !

La jeune Hitora suivit le regard de sa meilleure amie et distingua leur nouvelle connaissance. Celle-ci leva la tête quand elle entendit qu’on la hélait et sourit faiblement en reconnaissant les deux terminales de la veille.

- Bonj… jour… Sakura-san… Sakura…-chan… et Tenten…-chan… !

- Bien, tu fais des progrès ! constata la descendante Hitora. Tu viens manger avec nous ?

- Ou… oui av… avec plaisir !

- Alors c’est partiii !

Les deux terminales lui prirent subitement un bras chacune et l’entraînèrent avec entrain dans la cour, en riant comme des folles. Qui aurait cru qu’elles allaient vers le réfectoire ?





Pendant qu’en cours de mathématiques, Orochimaru se déchaînait sur un Naruto beaucoup moins bavard qu’à l’ordinaire, la première L se morfondait en cours de japonais.

Hinata, assise seule au fond de la salle, écoutait vaguement ce que leur professeur racontait. Elle n’était pas une mauvaise élève, mais elle était toujours très mélancolique en ces débuts d’année. Son moral stagnait au plus bas, cependant, elle réussissait tout de même à sourire à la pensée qu’elle avait au moins deux personnes sur qui compter…

A moins que… Tenten et Sakura la manipulaient ?

Non ! songea-t-elle. Pour une fois que des gens ne m’ignorent pas… je ne vais pas tout gâcher avec des préjugés.

Elle en était là dans ses réflexions quand une boule de papier lui atterrit dans la tempe. Surprise, elle ramassa le mot et le déplia.

Un conseil : dépêche-toi de rentrer chez toi à 15 heures, pauvre cruche.

Ses mains froissèrent brusquement le papier, soudain moites et tremblantes, et se cramponnèrent au bord de sa table ; ses pupilles invisibles se rétrécirent sous l’effet de la peur. Et il y avait de quoi.

Elle tourna vivement la tête, pour voir d’où provenait le message. La plupart de ses camarades ne bougeaient pas, l’air morne, ennuyé. Personne ne lui accordait une attention particulière… à part trois élèves.

A sa droite, une jeune fille aux longs cheveux ébènes, du nom de Kin Tsuchin, la lorgnait. C’était vraisemblablement elle qui lui avait lancé le mot de menaces. Elle jouait avec sa règle en la tapant dans sa main comme si il s’agissait d’une batte de base-ball, un sourire mauvais étiré sur ses lèvres.

A sa gauche, une autre fille, affreusement maigre, les joues creuses, les genoux cagneux, la fixait méchamment. La descendante Hyûga déglutit douloureusement en détournant les yeux pour ne pas croiser ce regard cruel.

Et devant elle, un rouquin qu’elle n’avait jamais remarqué jusque-là ne cessait de lui lancer des regards obliques. Hinata feignait de ne pas s’en apercevoir, car chaque regard qu’elle interceptait était comme un choc électrique. Il y avait dans ses yeux quelque chose d’effrayant qu’elle ne s’expliquait pas.

De plus en plus paniqué, elle se mordit la lèvre inférieure pour retenir ses larmes qui commençaient à brouiller sa vue. Oh non… et si elle revivait l’enfer qu’elle avait vécu l’année précédente ?

Tout mais pas ça…, priait-elle.

Comment pouvait-elle oublier…

L’année dernière, chaque fois qu’elle rentrait chez elle les jours où elle finissait plus tôt, elle devait passer par une ruelle peu fréquentée et mal famée. C’était là qu’on l’attendait. Effectivement, un groupe de lycéens venait la harceler, la racketter, la frapper. Et c’était meurtrie et apeurée qu’Hinata regagnait sa demeure, sans jamais en parler à son cousin, et encore moins à son père. Tout ce qu’ils auraient trouver à dire pour la réconforter, ç’aurai été : « Qu’est-ce que tu es faible ! » craché à la figure, et ça aurait fait très mal.

Heureusement, vers la fin de l’année, ces tourmenteurs étaient passés, un à un, au Conseil de Discipline. Hinata avait appris que tous avaient été expédiés dans un établissement différent. Le danger était éloigné, l’espoir de vivre à peu près normalement s’était de nouveau présenté à la descendante Hyûga.

Mais… ce mot qu’on venait de lui envoyé, n’était-ce pas signe que le cercle vicieux allait se reconstituer ?

Ses doigts agrippèrent fermement sa trousse.

Pourquoi toujours lui pourrir l’existence à elle ?

- Hinata ? Qu’avez-vous ?

Toutes les têtes se tournèrent bien évidemment vers la jeune Hyûga qui essuya prestement ses joues avec la manche son vieux sweet crasseux. Quelques larmes avaient commencé à rouler, sans qu’elle ne s’en aperçoive.

- Ce… ce n’est rien, Ka… Kakashi-sensei…, bafouilla-t-elle. Je… j’ai baillé…

- Baillé ? répéta le professeur en haussant un sourcil. Mon cours vous ennuie-t-il à ce point ?

- Pas… pas du tout !

Quel idiot ce prof…, se dit Hinata, de plus en plus frénétique. Il fallait être aveugle pour ne pas comprendre que Kin lui avait lancé un mot lui indiquant clairement qu’elle se ferait tabassée en rentrant chez elle, à l’aide d’une fille squelettique et d’un type pas net du tout !





Quand les cours de l’après-midi prirent fin en ce qui concernait les première L, la descendante Hyûga ne put réprimer des tremblements incontrôlables, si bien que fermer son sac se révéla une tâche ardue. Dingue comme la peur vous complique la vie, parfois.

Enfin, elle sortit. Elle traversait la cour en inspectant les alentours, très anxieuse, et comme il n’y avait plus trace de Kin, de la fille maigre et du garçon effrayant, ses pas se rapprochèrent, elle se mit presque à courir, la tête basse.

Jamais sa maison ne lui avait parue aussi loin.

On avait beau être au milieu de l’après-midi, le temps était ombrageux. Des nuages d’un gris sombre s’accumulaient, près à vider l’eau qu’ils contenaient sur Konoha.

Ce fut quand elle commença à longer le trottoir de la ruelle maudite que la lycéenne brune sentit qu’elle n’était plus seule. On l’observait. Comme un prédateur, tapi dans l’ombre, qui n’attendait qu’une chose : sauter à la gorge de sa proie.

Sauf qu’ici, le prédateur, c’était une fille de son âge, et la proie, c’était elle.

Et sauf qu’ici, les prédateurs étaient au moins trois, et la proie était seule et sans défenses.

- Halte-là !

De toute façon, c’était inévitable…, songea la « proie » en levant courageusement la tête.

Kin, appuyée contre le mur de la maison voisine, était apparu de on ne sait où. Hinata, qui jusque-là avait fixé le bout de ses chaussures, ne l’avait pas vu venir.

Le sourire de la jeune Tsuchin s’élargit soudain, et en même temps, Hinata sentit une pression sur l’épaule. Elle se retourna pour voir l’acolyte de Kin, la fille qui n’avait que la peau sur les os, la dominant de toute sa hauteur, lui faire un grand faux sourire.

- Salut ! Ca te dérange si on te pique un peu de tune ?

Sans attendre la réponse, les deux filles plongèrent sur la jeune fille et commencèrent à lui attraper les cheveux en enfonçant leurs ongles dans ses frusques pour l’immobiliser. Hinata, qui n’était pas assez faible pour se laisser malmener sans réagir, serra les dents et envoya une main au hasard pour saisir la chevelure abondante de Kin ; là, elle tira le plus fort possible, jusqu’à ce qu’elle lâche elle-même prise.

- AÏEEE ! Lâche-moi, sale garce !

Hinata tint bon. Le problème, c’était qu’elles étaient deux, et elle était seule. Sa partenaire lui asséna une claque monumentale qui suffit à lui faire perdre l’équilibre. Sonnée, elle tituba et manqua de s’écraser au sol ; deux bras la soutinrent et se mirent à la traîner sans ménagement à l’écart de la rue où tout le monde pouvait les surprendre.

Hinata fut entraînée tout au fond d’une impasse sombre et humide. Ses deux camarades de classe la plaquèrent avec brutalité contre le mur de briques, qui scia le dos de la pauvre Hyûga. Elle se débattit un peu, mais c’était vain : ses tortionnaires la maintenaient fermement et ne la relâcheraient pas avant d’avoir obtenu ce qu’elles désiraient. Hinata le savait… par expérience, bien sûr.

Mais une question subsistait : où était le troisième ? Pourquoi ne se montrait-il pas ?

Ses pensées furent stoppées net quand Kin dégaina un cutter qu’elle agita ostensiblement sous le nez de sa victime.

- Ton fric, fille prodigue !

Prodigue… ? Elle en connaissait des mots, cette fille… !

- Pourquoi… vous en prendre à moi ? articula la jeune Hyûga.

- Parce que t’es une fille niaise, faible et idiote. Ton fric ?

- On ne… se connaît même pas ! Comment…

- LA FERME ! Ramène ton argent, sans discuter !

- Je… je n’ai rien…

- C’est pas bien de mentir…, chuchota la fille aux joues creusées à son oreille. Le Bon Dieu va te punir…

Hinata leva les yeux vers le ciel.

- Le Bon Dieu… n’existe même pas, pour moi… alors…

C’était vrai, ça… Pourquoi le destin n’avait-il jamais été clément envers elle ? Y avait-il un ange gardien, quelque part, qui veillait sur elle ?

Hélas, l’heure n’était pas aux questions existentielles. La descendante Tsuchin et son acolyte s’impatientaient.

- Dernière fois qu’on te le répète, grinça la fille squelettique. La bourse ou la vie ?

- Je… je vous assure que…

- Bien, je considère que tu as fais ton choix.

Son interlocutrice lança son poing dans le visage de sa victime avec la même force que la gifle qui l’avait déjà étourdie. Celle-ci reçut le coup de plein fouet, un peu de sang gicla de sa bouche, et sa tête heurta le mur dans son dos. Assommée, seules les mains serrées sur ses épaules l’empêchaient de glisser au sol, à demi-consciente.

- …

- Si tu tiens vraiment à la vie, ne fais pas tant d’histoires !

Hinata ferma les yeux, cherchant activement un moyen de s’évader de ses deux tortionnaires. Les ombres du cul de sac dans lequel elle avait été acculée grandissaient… Bientôt, il ferait tellement noir qu’il sera impossible de retrouver son corps inerte au fond de l’impasse. Personne ne l’apercevrait.

Une minute. Son corps inerte ? Est-ce qu’elle allait réellement mourir dans ce trou ?

Je ne m’avouerai pas vaincue…

Elle rouvrit les yeux, les plissa et éructa :

- Allez vous faire foutre.

Au point où elle en était de toute façon, elle pouvait bien leur dire le fond de sa pensée…

- La fille de riche qui répond, railla Kin. Il va pleuvoir !

Et, comme pour confirmer ses dires, il se mit à bruiner.

- Ne sois pas impolie, vieille cruche ! Tu vas te faire gronder par Papa, sinon…

- Quelle insolence ! s’exclama l’amie de Kin. Sais-tu à qui tu t’adresses ?

Tandis que la lycéenne qui l’avait frappée lui envoyait à nouveau son poing osseux sous le menton, Kin entreprit de lacérer les vêtements de la descendante Hyûga en la fouillant. Malheureusement, comme celle-ci l’avait dit, il n’y avait pas d’objet de valeur sur elle. Pas même le moindre petit yen.

- Rien à en tirer ! conclut-elle.

- Tu sais ce qui nous reste à faire…, murmura sa partenaire avec une lueur démentielle brillant dans le regard.

A la grande surprise d’Hinata, Kin eut soudain une drôle de réaction : elle dévisagea la fille maigre comme si elle avait dit quelque chose d’effroyable et finit par baisser les yeux, les traits crispés.

- Je… je sais pas… si…

- Tiens, tu bégayes maintenant ? ironisa son amie. On dirait cette cruche informe !

- C’est pas ça…, reprit la lycéenne aux cheveux bruns en retrouvant son assurance. Mais on est p’t’-être pas obligée d’aller jusque-là, c’est tout.

- Tsss !

Visiblement, la lycéenne maigre n’avait aucune envie de laisser la vie à Hinata. Elle jeta un regard mauvais à la descendante Tsuchin avant de laisser tomber sa proie ; celle-ci glissa le long du mur, à bout de forces. Son joli visage de poupée commençait à ressembler vaguement à un pantin qu’on eût furieusement malmené.

- Foutons le camp, chuchota Kin.

- Ne me donne pas d’ordres, répondit sèchement l’autre.

La descendante Hyûga se vit encore recevoir un coup de pied dans les côtes, ce qui la fit se plier en deux, les mains serrées sur son ventre, gémissante de douleur.

- Toi, crève ici !

Enfin, Hinata sentit qu’elles s’éloignaient. Mais elle n’avait pas la force de se relever. Sa tête, ses joues, ses côtes la faisaient souffrir. Ces filles l’avaient tellement brutalisée… elle s’était attendue à ce qu’elle se débarrasse d’elle, et sans Kin, cette folle l’aurait déjà tuée… Enfin, la jeune Hyûga préféra se dire qu’heureusement, c’était la descendante Tsuchin qui avait eu le cutter en main, afin de ne pas lui donner un bon prétexte de ne pas lui en vouloir.

Les paupières soudain très lourdes, elle perdit connaissance alors que la pluie redoublait d’intensité et que l’obscurité s’épaississait.




- Hng… c’est aussi tordu qu’hier !

Naruto, assis en tailleur sur son lit aux draps défaits, soupira de dépit en regardant la page entière d’exercices que leur aimable professeur de maths lui avait donné pour le surlendemain. Le jeune Uzumaki avait décidé de s’y prendre le plus tôt possible, étant donné ses performances admirables en cette matière. Une sage décision selon lui…

Néanmoins, il ramait toujours autant. Au début, il s’était dit qu’à chaque fois qu’il bloquait sur un exercice, il passerait au suivant. Seulement, avec une méthode aussi simple, il était déjà en bas de la liste et aucun problème n’avait été résolu.

- Gnaru’o, ‘u m’chais pi’ié à ‘ixer ‘on ‘ahier ‘omme cha.

- La ferme ! gueula le blond. J’ai pas besoin de tes commentaires !

Il foudroya du regard Shikamaru, une mousse blanchâtre débordant un peu de sa bouche. Décidément, lui semblait bien s’amuser à narguer Naruto.

- T’es toujours en train de te brosser les dents, toi ! fit-il remarquer au Nara.

- Au moins moi je me les lave ! répliqua le jeune homme après avoir craché dans le lavabo.

Il se rinça la bouche une nouvelle fois, sortit de la salle de bains, et se pencha sur les exercices de son colocataire de chambre. Après une longue minute, il haussa un sourcil.

- Mouais. T’aurai jamais dû faire section S.

- Merci, me voilà rassuré.

- Attends, même moi j’ai du mal à comprendre. Il doit pas t’avoir à la bonne, Orochimaru.

- Tu crois ? ricana Naruto.

Shikamaru jeta un coup d’œil à son camarade. Il avait l’air tellement désespéré…

- Bon, soupira-t-il. Je vais te donner UN seul indice. C’est vraiment parce que je suis de très bonne humeur aujourd’hui.

L’Uzumaki cessa aussitôt de grommeler, prêt à tout pour en finir avec ses devoirs et pouvoir passer à autre chose. Il se mit à sauter sur son lit en poussant des hurlements de victoires et en agitant les bras dans tous les sens.

- OUAIS ! GENIAL ! MERCI MILLE FOIS SHIKAMARU !

Tout excité qu’il était, le blond se précipita sur ses affaires pour les mettre dans les bras du feignant ; le manuel de maths vola dangereusement dans la pièce…

Bien sûr, le Nara s’attendait à tout sauf à recevoir un livre de 358 pages en pleine figure. Naruto, qui avait sans doute sur-estimé les réflexes incomparables de Shikamaru, cessa immédiatement de bondir sur son matelas.

- Bordel Gnarudo ! jura le jeune homme à la queue en forme d’ananas, les deux mains aplaties sur l’arête de son nez. D’es drop gon !

- GOMEN ! plaida l’Uzumaki en se ruant sur son camarade. Je suis désolé, Shikamaru-kun, je l’ai pas fait exprès !

Shikamaru massa encore un peu son nez endolori en jurant pendant que Naruto rassemblait ses affaires éparpillées dans la chambre. Désireux de se faire racheter le plus tôt possible, il empila soigneusement celles-ci et s’approcha de son colocataire, livres, cahiers, calculatrice, trousse, règle, équerre, compas, crayon en équilibre sur ses avant-bras…

- Naruto… NOOON !

Trop tard : le blond se prit les pieds dans les draps de son lit qu’il ne faisait jamais et, avec sa maladresse légendaire, s’écrasa lamentablement aux pieds du Nara qui mit ses bras devant lui pour se protéger de la masse s’affalant droit sur sa tête.

- AÏÏÏÏEUUUUH !

Dix secondes plus tard, il émergeait de sous les stylos et cahiers, et courut presque à la porte du dortoir avant de subir une nouvelle attaque accidentelle de Naruto.

- J’ai changé d’avis, dit-il en sortant de la chambre. Démerde-toi tout seul.





Hinata, adossée contre le mur, reprenait lentement connaissance. La température avait un peu chutée, le froid l’engourdissait, il pleuvait toujours et la nuit tombait…

Tout était flou autour d’elle. Pour le moment, elle ne distinguait pas bien les contours du visage qui la fixait… car quelqu’un était bien devant elle. Les traits se précisaient peu à peu… des yeux froids aux pupilles immobiles, cerclés de noir, sans sourcils… une peau d’une pâleur de craie… des cheveux rouges flamboyants, courts, ébouriffés…

Pas de doute. C’était bien le type à l’air louche de tout à l’heure qui était accroupi devant elle.

La jeune fille brune recula de tout l’espace qu’il lui restait en écarquillant des yeux horrifiés. Sa bouche s’ouvrit pour crier quelque chose comme un appel à l’aide, mais le garçon roux posa calmement une main sur ses lèvres avant qu’un son ne s’échappe.

- Ne crie pas, ordonna-t-il à mi-voix. Je ne te veux aucun mal, alors ne te mets pas à hurler. Compris ?

- ...Hn.

La descendante Hyûga cligna des yeux pour lui faire comprendre qu’elle avait assimilé le message. Il ôta sa main.

- Qui es-tu ? interrogea-t-elle. Comment m’as-tu trouvée ?

Tiens ? pensa-t-elle. Je ne bégaye plus ?

Comment cela se faisait-il ? D’habitude, quand elle était terrorisée – comme c’était le cas -, plus aucune parole ne franchissait ses lèvres. Au mieux, elle bafouillait. Hinata déduisit que la présence de ce type qui l’intriguait y était forcément pour quelque chose. C’était bizarre, et inexplicable.

- J’ai vu Tsuchin et l’autre cinglée partir en courant de ce cul de sac, répondit-il platement, d’une voix glaciale. Je suis venu jeter un coup d’œil… et je t’ai trouvée, évanouie.

Il laissa un silence s’installer, durant lequel son regard perçant détaillait chaque parcelle de peau de la jeune fille brune, se promenant sur sa lèvre fendue, ses joues en sang, ses vêtements déchirés, laissant découvrir des épaules nues sous un débardeur.

- Ca fait un bon moment que je t’observe, Hinata Hyûga, murmura-t-il enfin.

- Un bon moment ? répéta la jeune fille, un peu déstabilisée par le regard qui la sondait. Combien de temps ?

- Dix minutes.

- Quoi ? hoqueta-t-elle. Pourquoi… ne pas m’avoir réveillée ?

Son interlocuteur haussa les épaules, une expression impassible sur le visage.

- Je croyais que tu étais morte.

Un frisson parcourut l’échine de la lycéenne tandis que ses yeux s’agrandissaient. Ce garçon-là était vraiment étrange.

- Comment tu sais que je m’appelle Hinata Hyûga ?

- Nous sommes dans la même classe, et j’ai entendu parler de toi… tu passes difficilement inaperçue au lycée.

- Ah… vraiment ? souffla-t-elle d’une voix triste.

Le rouquin acquiesça par un minuscule hochement de tête. Puis, il cligna des yeux comme pour photographier son image ensanglantée, et murmura une question que n’importe qui aurait posée depuis longtemps :

- Ca va ?

- Je… je crois… ce ne sont que des égratignures…

- Tu n’as plus besoin de moi ?

Hinata fronça un sourcil. Elle ne lui avait rien demandé, à ce type !

Et, qu’elle sache, il n’avait rien fait pour l’aider. Tout ce qu’il s’était contenté de faire, c’était de l’observer pendant dix longues minutes.

- Tu peux partir, assura-t-elle avec une once de défi dans la voix. Je peux me débrouiller toute seule.

Pour lui prouver qu’elle ne nécessitait d’aucune attention, elle prit appui sur le mur de briques et se releva tant bien que mal sur des jambes flageolantes. Elle eut un petit vertige, mais n’en laissa rien paraître.

Curieux, songea-t-elle en se campant sur ses pieds. Pour une raison que j’ignore, je n’ai pas envie de paraître faible devant lui.

Elle passa une main sur ses côtes parsemées d’hématomes, et essuya le sang qui débordait sur son menton.

Le garçon aux cheveux rouges vifs s’était redressé en même temps qu’elle et la contemplait toujours. Une détermination farouche animait les yeux de la jeune fille. Il eut un imperceptible sourire qu’Hinata remarqua malgré sa fatigue.

Puis, sans ajouter un mot, le rouqin tourna le dos à la lycéenne titubante, et déclara, en quittant la ruelle :

- Mon nom est Gaara… Sache que tu n’as pas à me craindre. Peu de gens peuvent s’en vanter !




La jeune fille brune restait plantée devant le portail de sa demeure… enfin, ce palace, ce manoir dans lequel elle se sentait absolument étrangère. A son expression déconfite, à sa tenue piteuse, personne n’eût pu pensé qu’elle était Hinata Hyûga, l’héritière de la puissante famille des Hyûga, et qu’elle habitait cette maison gigantesque.

Elle se décida enfin à bouger et poussa de toutes ses forces restantes le grand portail imposant qui grinça avant de le claquer dans un bruit de ferraille abominable, qui donna suite à un formidable écho. Ouais. De quoi attirer l’attention.

Elle prit une grande inspiration, et se lança en courant sur l’allée menant à la porte d’entrée, ouvrit cette dernière, la claqua, traversa en coup de vent le salon, grimpa les escaliers, et enfin stoppa sa course pour s’accorder dix secondes de pause.

Des pas retentirent à l’autre bout du couloir dans lequel elle se trouvait. Soudain moins essoufflée, elle se dirigea précipitamment vers les escaliers qui la conduiraient à sa chambre… mais trop tard.

Grand, une chevelure brune descendant bas dans son dos, des yeux froids et pénétrants, son cousin Neji venait de déboucher à l’extrémité du couloir, lui faisant automatiquement baisser les yeux. Il arrivait vers elle d’une démarche raide et droite, le visage impassible.

Hinata s’immobilisa complètement, la main posée sur la rambarde, comme prise en flagrant délit, alors qu’elle n’avait rien fait. Tout ce qu’elle avait fait, c’était se diriger vers les escaliers.

Mais son allure et ses multiples égratignures pourrait susciter des questions. Quoique, son cousin n’était pas du genre à se soucier de sa santé, et encore moins à ouvrir la bouche pour poser des questions concernant son état, surtout quand celui-ci se résumait à un pull en lambeaux et une ou deux éraflures sur les joues.

La lycéenne brune leva tristement sa tête abîmée pour regarder son cousin en face lorsqu’il la contourna, sans presque dévier de sa trajectoire, la frôlant sans s’en rendre compte, sa longue crinière noire flottant derrière lui.

Manifestement, Neji s’aperçut que sa cousine l’observait, car il lui rendit un regard empli de dureté et de mépris.

Hinata soupira silencieusement. Etait-ce vraiment si difficile de vivre sous le même toit ?

Quand il n’y eut plus trace du Hyûga, la jeune fille aux yeux blancs monta les dernières marches qui la menèrent à sa chambre, décidément beaucoup trop loin pour elle.

Après s’être débarrassée de son sac, elle se laissa tombée sur son lit.

Etendue sur son matelas, les bras en croix, Hinata fixait le plafond de sa chambre, légèrement tamisée par le soleil qui se couchait. On était en début septembre, l’automne approchait… alors, ça n’était pas étonnant que la nuit arrive plus vite…

Puis ses pensées se tournèrent inévitablement vers Gaara. Qui était-il, au juste ? Pourquoi l’avoir si longuement observé s’il la croyait morte ?

Epuisée, elle se traîna vers la salle de bain prendre une douche chaude, car elle était gelée. Ce ne fut qu’une fois qu’elle eut masqué toutes ses blessures à grand renfort de fond de teint – elle ne se maquillait jamais, mais elle en achetait régulièrement pour pouvoir couvrir les égratignures lorsqu’elle se faisait tabassée – et ses frusques jetées aux ordures qu’Hinata descendit dîner.

Pour ses parents, son petite sœur et même son cousin qui l’avait pourtant vu dans un sale état, il ne s’était rien passé d’extrêmement intéressant aujourd’hui, et le repas se termina dans le silence.





Voilà un chapitre bien plus sombre que le précédent, et avec l’entrée de l’un des fameux actants ! Je ne trouve pas Hinata très IC, et j'espère que ça n'empirera pas =/ j'ai du mal avec ce perso...
Au fait, je me suis trompée dans mes calculs, il ne manque plus un mais encore deux personnages xD même si le troisième a un rôle un peu moins important.

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devilsasuke
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MessagePosté le: Ven 09 Mai 2008, 12:05 am    Sujet du message: Répondre en citant

c'est très bien mais effectivement, c'est un peu long mais sa fait plaisir de le lire. J'aime, surtout que Gaara va défendre Hinata quand ils sortiront ensemble.

Tu as lut ou pas la fanfic d'Hanodain qui a pour titre sur CN " elle est pas belle la vie" ? Si tu ne l'as pas lu, je te la conseil car elle estr vraiment bien mais il ne l'a terminera pas.

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Soso
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MessagePosté le: Ven 09 Mai 2008, 11:04 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai adoré!
Et j'attend un troisième chapitre avec impatience ^^
Bonne continuation
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Tantei-chan
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MessagePosté le: Ven 09 Mai 2008, 12:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

devilsasuke a écrit:
c'est très bien mais effectivement, c'est un peu long mais sa fait plaisir de le lire. J'aime, surtout que Gaara va défendre Hinata quand ils sortiront ensemble.

Tu as lut ou pas la fanfic d'Hanodain qui a pour titre sur CN " elle est pas belle la vie" ? Si tu ne l'as pas lu, je te la conseil car elle estr vraiment bien mais il ne l'a terminera pas.


Arf oui désolée, chuis une adepte des + de 2000 mots xD.
Attends attends attends avant de faire des spéculations, qui te dit que Gaara va sortir avec Hinata ? Bon c'est indiqué "Gaa/Hina" mais quand même xD.

J'ai pas lu de fics encore ici, mais je m'y mettrai dès que j'aurai plus de temps. Déjà que j'en trouve pas assez pour cloître le 4ème chapitre de cette fic...

Merci Soso ^^.

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devilsasuke
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MessagePosté le: Ven 09 Mai 2008, 9:41 pm    Sujet du message: Répondre en citant

T'inquète pas, tu as le temps pour lire sa fic, mais honnêtement, j'ai vraiment adoré sa fic et si tu aime les fic High school, je pense que la sienne va te plaire. Si tu aimes la musique, l'amour et l'humour ( avec un peu de combat) tu vas être servit.


Vraiment hâte de lire la suite de ta fic. ( Tu as raison, c'est quand on veut du temps que l'on en a le moins).

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tfn
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MessagePosté le: Ven 09 Mai 2008, 10:51 pm    Sujet du message: Répondre en citant

bien il est bien ton fic mais temari elle est un peu bizarre lool ,
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Tantei-chan
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MessagePosté le: Sam 10 Mai 2008, 10:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

tfn a écrit:
bien il est bien ton fic mais temari elle est un peu bizarre lool ,


Comment pourrait-elle être bizarre alors qu'elle n'est même pas encore apparue dans l'histoire -_-; ?

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Jak'
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MessagePosté le: Sam 10 Mai 2008, 10:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Laisse tomber Very Happy
Perso, j'adore, continue comme ça =)

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Tantei-chan
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MessagePosté le: Sam 24 Mai 2008, 1:36 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre III - Sauvetage en Chimie, apparition au lac, étude d'un cas particulier et rencontre inattendue

Affalé sur ma table où étaient éparpillés quelques béchers emplis d’acide sulfurique – très dangereux si vous voulez mon avis -, des pipettes usées et des morceaux de pomme un peu moisis, la tête tournée sur le côté, la joue collée à la surface froide de la paillasse. J’étais en train de m’adonner à mon occupation préféré en cas de ciel bleu : piquer un roupillon. Attendez avant de me reprocher quoique ce soit sur mon attitude en classe.

J’ai toutes les bonnes raisons du monde de finir ma nuit le mercredi matin en cours de Physiques-Chimie.

Premièrement, je me lève à sept heures parce que je suis interne. Vous me direz : « Oh mais sept heures, c’est tôôôt, mon pauvre chéri ! ». Je sais qu’il y en a qui se lèvent à six heures. Ceux-là n’ont vraiment pas de bol. N’empêche que moi je me lèverai à au moins quatre heures trente du matin si j’étais resté bien au chaud dans ma maison. Mais bon, là je m’égare…

Ce que je tente de vous expliquer, c’est que, dans un internat, on a pas le loisir de choisir à quelle heure on se couche. Je finis à dix-huit heures le mardi, et comme je suis en Terminale Scientifique, j’ai doublement de devoirs en maths puisque j’ai cette même matière le mardi ET le mercredi. J’ai beau être une tête en maths – et, sans me vanter, une tête en tout -, essayez de résoudre un exercice tranquillement avec Kiba et Naruto qui vous déconcentrent tout le temps – au choix : manuel de trois cent cinquante-huit pages volant ou pile d’objets divers dévastatrice. C’est parfaitement irréalisable. Je l'ai appris… à mes dépens.

Ensuite, à vingt-et-un heures, c’est extinction des feux dans toutes les chambres. Je réussis tant bien que mal à clôturer les devoirs, et après, j’ESSAYE de trouver le sommeil. Mais encore une fois, je partage malheureusement la même chambre que ces deux crétins de Kiba et Naruto. La plus grosse erreur de ma vie a été de choisir le lit à côté des lits superposés ; je suis le plus exposé aux batailles de polochons. Non, attendez, ma plus grosse erreur a été de ne pas protester, dès la seconde, quand j’ai vu que nous étions dans la même chambre pour les trois ans à venir. Non, je crois bien que ma plus grosse erreur a été d’avoir adressé la parole à Naruto quand j’étais au collège, tout court.

Bref ! Ca revient à dire que ces deux bakas ne connaissent pas la définition du mot : « Dormir » ou le sens de la phrase : « Silence, j’aimerai avoir mes neuf heures de sommeil pour la nuit ». Or, avec tout le raffut qu’ils font, j’en ai huit. Huit ! Un adolescent doit dormir neuf heures par jour, si je ne m’abuse. Il me manque donc une heure. C’est pourtant pas bien compliqué.

Secundo, la Physique-Chimie, c’est super fastoche. En moins d’une demi-heure, je l’ai faite, son expérience. Chôji se défend pas mal non plus. Dommage qu’il a la fâcheuse manie de manger les ingrédients quand on en a besoin. C’est assez préoccupant. Je suis sans cesse obligé d’aller rechercher une pomme.

Mais en général, il n’y a pas trop de problèmes. Le prof, Jiraya, je vois bien qu’il nous regarde d’un ?il on ne peut plus suspicieux et qu’il nous soupçonne d’avoir recours à une quelconque astuce. Chaque fois, ça le tue d’inscrire un « Très bien » sur son carnet de notes.

Voilà pourquoi je fais la sieste dans cette matière. Enfin. Pas que dans cette matière, je l’admets. Dès que j’en ai l’occasion en fait. Ou plutôt, dès que je me sens un peu fatigué (vous me direz, je suis tout le temps fatigué). Mais croyez-moi, je prends des risques ! Ca n’a pas été simple d’en arriver là. Il faut adopter une pause pas trop suspecte, essayer de ne pas baver, et surtout ne pas ronfler comme Naruto. C’est tout un art de maîtriser le ronflement. Il m’a fallu quelques mois pour m’y habituer. Canaliser ma respiration. Maintenant, je suis passé maître dans ce domaine.

Qu’est-ce que j’étais bien, là…

Hélas, la vie était peu clémente avec moi depuis quelques jours. Une odeur désagréable vint me chatouiller le nez. Ca sentait le carbonisé. Ou le moisi. Ou le poisson pas frais. Ou tout ça à la fois. En tout cas, ça soulevait le c?ur. J’ouvris paresseusement un oeil et avisait mon voisin un peu enveloppé, un paquet de chips entamé dissimulé sous sa table, une main sur sa bouche. Hola, il avait le teint verdâtre. Si l’air ne devenait pas de nouveau respirable dans une minute, mon copain allait gerber tout son p’tit déj sur sa copie. Et j’en étais pas loin non plus.

Je relevai la tête, les sourcils froncés, cherchant la source de cette odeur pestilentielle. Je ne mis pas longtemps à trouver : non loin de nous, je vis Kiba et Naruto le plus reculé possible du tube à essai sur lequel ils devaient s’être affairés quelques instants plus tôt. Tube à essai qui bouillonnait bizarrement. Une mousse blanchâtre en débordait. C’était assez inquiétant. Mais le plus important, c’était de préserver la propreté de notre paillasse, et donc de limiter les dégâts avant que cette dernière ne soit couverte de vomi. Hmm, très ragoûtant tout ça. Bon. Il fallait agir.

Je me levai nonchalamment, puisque Jiraya était parti chercher d’autres pommes dans son laboratoire, et accélérai le pas en slalomant entre les autres élèves qui allaient et venaient, chargés d’autres verreries, vêtus d’une blouse blanche. Enfin, comme il fallait s’y attendre, Naruto brailla :

- Hep, M’sieur ! Dépêchez-vous de revenir, s’iou plait, on a un p’tit problème avec le truc, là…

Plusieurs élèves avaient commencé à s’agglutiner près de leur paillasse. Pas pour les aider, hein. Juste pour voir, comme ça. Ils observaient, complètement babas, la substance qui écumait de plus en plus du tube à essai, croyant sans doute à une super expérience qui allait bientôt aboutir à… un joli feu d’artifice si vous voulez mon avis.

- Galère…, soufflai-je. ‘Y a pas de quoi être fasciné. Par contre, ça va exploser et vous allez tous être aspergés d’acide si vous vous faites pas la malle maintenant.

Je crois que je me suis montré un peu trop direct. Les voilà qui faisaient un bond de trois mètres et qui se collaient au mur du fond de la classe, Naruto et Kiba en tête. Au point où on en était, ils eurent aussi bien fait de prendre la porte.

Ce fut ce moment-là que choisit l’autre glandeur qui nous sert d’enseignant (et c’est moi qui dit ça, si c’est pas triste) pour faire irruption dans la salle. Il avisa le tube à essai, la totalité des élèves blottis derrière les paillasses du fond, ouvrit de grands yeux, et se rua sur moi comme un maître nageur se serait rué sur un enfant en train de se noyer.

- NARA-KUN, ECARTEZ-VOUS, C’EST DANGEREUX !

Merci, j’avais compris.

Sans dire un mot cependant, je m’emparai d’une grosse pince et attrapai le tube avec ; dans un mouvement circulaire, je l’amenai prudemment vers le lavabo et en vidait consciencieusement le contenu. Et voilà, le danger était écarté : Chôji ne dégueulasserait pas notre table.

- Beuâârghh…

J’avais peut-être parlé un peu trop vite…

Mais je n’eus pas le temps de voir l’étendue des dégâts. Jiraya me contemplait des ses deux mètres de hauteur - faut dire qu’il n’avait rien de débonnaire. Il me fit un sourire crispé. Un peu gêné sans doute de ne pas avoir sauvé toute la classe lui-même. Je lui avais volé la vedette, le pauvre.

Au lieu de me sermonner comme je m’y attendais, ce brave enseignant me donna une claque qui se voulait sans doute amicale avec l’une de ses mains colossales dans mon dos. Je sentis mes genoux flancher sous la pression. Eh, mollo, je suis pas en béton.

- Euh… Très bien, Shikamaru… Mais… La prochaine fois, sois plus prudent, d’accord ?

Je marmonnai un « oui » et jetai un coup d’?il au reste de la classe, qui s’avançait, un peu apeuré, vers l’endroit où on avait frôlé la catastrophe.

- C’est bon, c’est terminé ! leur lança Jiraya. Vous pouvez remercier votre camarade…

Tous les regards se tournèrent vers moi. Mes deux colocataires de chambre se détachèrent de la masse.

- Ouais... Pfiuu… Merci Shikamaru ! fit Kiba. Sans toi, je crois bien que tout aurait sauté…

- Un peu que tout aurait pété… Qu’est-ce ‘z’avez foutu ?

- Attends que je me rappelle… on a mis un peu d’eau dans de l’acide, et…

Je me frappai le front, en même temps que le professeur.

- Malheureux ! s’écria-t-il. Ne vous ai-je pas enseigné qu’il ne faut jamais verser de l’eau dans un acide concentré mais toujours de l’acide dans de l’eau ?!

- Hmmmm…, émit Naruto, qui avait l’air complètement largué.

- Mais enfin, m’sieur, protesta Kiba en fronçant un sourcil, comment voulez-vous qu’on se souvienne d’un truc pareil ? C’est complètement délirant, votre truc…

- T’es vraiment le roi des imbéciles…, marmonnai-je. C’est marqué dans le cours, au tableau, et sur la feuille d’expérience…

Le garçon aux tatouages rouges m’incendia du regard. Evidemment, le blond survolté et lui n’avaient pas dû prendre la peine de lire ne serait-ce que la moitié de la feuille, jugeant que ce serait follement plus amusant de jouer au petit chimiste. Comme le prof nous fixait avec un regard lourds de sous-entendus, je décidai donc de les laisser batailler ensemble avant de m’empêtrer dans une galère dont je n’aurai pas été responsable, et je me dirigeai vers mon voisin de classe afin de voir comment il allait et surtout afin de m’assurer de l’état de la paillasse.

Je n’en eus pas le temps ; il restait tous les autres parasites. Quand je dis parasites, j’entends Ino, Ino, Ino, et… Ino.

- Shika-kuuun, quel courage !

Aussitôt, elle s’agrippa à mon bras. Je râlai un peu pour la forme. Je suis comme ça, je n’aime pas attirer trop l’attention sur moi. Bon, là, j’avais agi parce que c’était impératif et parce que je savais que personne d’autre ne l’aurait fait – hormis le prof, s’il avait été là. Mais quand je sens le regard de trente personnes posé sur moi, avec une nana qui me colle, j’ai tendance à… à rougir.

- Oh, le joli fard ! me taquina Kiba, comme pour me remercier de lui avoir sauvé la vie. C’est pas bon signe, ça, d’être tout rouge en septembre !

- La ferme, grommelai-je en sentant mes joues en feu. T'as trois secondes pour me lâcher.

- A qui tu parles ? demanda Ino en battant des cils.

- Ben à Kiba voyons, c'est lui qui est cramponné à mon bras, là, tu vois...

- Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta-t-elle soudain, comme si elle avait pas compris de quoi je parlais. Tu as mal au bras ?

- Nan, rétorquai-je galamment. Mais j’t’ai dis de me lâcher, c’est amplement suffisant.

Et pan dans les dents.

Sans attendre qu’elle s’exécutât, je me dégageai et m’éloignai le plus vite possible de la Yamanaka avant qu’elle ne criât au scandale, au sexisme ou au machisme ou je ne savais quoi encore, pour regagner ma place. Ca allait bientôt sonner, aussi je rassemblai toutes mes affaires pour les ranger dans mon sac. A côté de moi, Chôji avait repris des couleurs. Je remarquai soudain qu’il n’y avait aucune trace de salissure sur notre table, toujours immaculée. Ouf.

- J’ai vomi dans l’évier, me confia mon ami avec un grand sourire amical. Je savais que ça te mettrai en pétard si j’avais sali notre compte-rendu.

- Galère… T’as encore un peu de gerbe au coin de la bouche…






A la récréation, en général, je ne bouge pas beaucoup. Je ne bouge pas beaucoup dans la vie en général. J’aime qu’on me laisse tranquille. J’aime la solitude. J’aime qu’on me foute la paix.

Malheureusement, certains êtres vivants ici, des spécimens en retard de développement, ne connaissaient pas la signification des mots « tranquille », « solitude » et « paix ». Je parle bien entendu de… (mais vous l’avez déjà compris, hein ?)

- Naruto, dégage.

-Pourquoi ?

- Parce que j’aimerai profiter du peu de soleil qu’il nous reste et tu me fais de l’ombre.

- Ah, tu faisais bronzette ?

- Une vraie fille, renchérit son acolyte aux triangles écarlates sur ses joues. En plus, tes cheveux, on dirait un…

- Laisse mes cheveux en dehors de ça, tu veux ? coupai-je, sachant pertinemment à quoi ceux-ci faisaient automatiquement penser. Entre avoir un ananas sur la tête et une touffe pleine de puces, je préfère largement la première option.

- Hey ! s’offusqua Kiba, un peu vexé. J’ai jamais eu de puces, moi ; tu dois confondre avec Naruto !

- Oui, je crois aussi, confirma l’intéressé en souriant.

- Sans blagues ?!! s’écria son ami en faisant un brusque écart, les yeux ronds. T’as vraiment des puces !!?

Lassé, je me redressai, avachi sur moi-même, prêt à faire semblant de gober toutes les crétineries qu’ils me sortiraient. Au fond, c’était divertissant de les écouter. Divertissant mais agaçant. Un peu comme une chaîne humoristique qu’on aurait trop souvent entendu.

Heureusement, la sonnerie salvatrice (pour moi) retentit ; un sourire de soulagement s’étala sur mes lèvres, une moue de dépit prit place sur les visages de Naruto et Kiba. En effet, nous avions un cours de Sciences Nat avant de terminer notre matinée, et mes deux colocataires étaient à peu près aussi bons en Sciences Nat qu’en Physiques-Chimie : c’est-à-dire tout a fait nuls.

- Allez, les gars, faites pas cette tête ! lançai-je narquoisement, comme ragaillardi à l’idée de me creuser les méninges. En Sciences Nat, vous réduisez votre taux de risques de faire exploser quelque chose, c’est positif, non ?

Je regrettai cinq minutes plus tard mes paroles remplies de moquerie. La prof avait dressé un plan de classe étant donné l’agitation de l’année précédente, et qui avait-elle trouvé adéquat pour calmer l’ardeur de Kiba ? Moi. (Dire que Sasuke et Neji ne peuvent même pas rivaliser avec moi ! Je jubile.)





Je sortis du self avec Chôji, et tous deux nous dirigeâmes tranquillement vers le les bus qui stationnaient devant le bahut. Moi, bien sûr, je ne rentrai pas chez moi, étant interne ; mais le mercredi après-midi, nous avions quartier libre. Pour aller où ? Peu m’importait la destination, j’avais juste envie de faire un tour.

Une fois mon camarade parti, j’eus un sourire involontaire, puis je pris la direction de l’internat pour informer quelqu’un que je partais (il fallait prévenir une personne responsable obligatoirement).

Un quart d’heure plus tard, je déambulais seul dans les rues de Konoha, emplissant mes poumons de senteurs parfumées, des senteurs qui n’avaient rien à voir avec celle de ma petite maison, mais des senteurs quand même. Et cette fois, pas de Kiba enquiquineur pour contester mes activités (en admettant que respirer de l’air est une activité), pas de Naruto geignard pour saccager le beau silence que rien ne venait rompre en ce moment…

Les mains enfouies dans les poches, je levai la tête vers le ciel d’un bleu éclatant, hélas sans nuages pour le parcourir (et pour me divertir). Le vent poussait d’énormes rafales aujourd’hui. Ca n’avait rien d’une brise légère, c’était tout juste si on s’envolait pas. Sans m’en soucier davantage, je pris la direction du lac de Konoha.

Il n’y avait presque personne dans ce coin-là. Enfin, personne... Il y avait bien cette jeune fille aux cheveux bleus nuit que je croisais de temps en temps, mais elle ne venait pas souvent. De toute façon, personne ne pouvait se vanter de venir aussi fréquemment que moi dans cette partie du village.

Pourtant, je trouvais que c’était le seul endroit qui donnait son charme au village, avec ses saules pleureurs, ses buissons, ses arbustes, son herbe verdoyante, ses bancs en bois… En tout cas, j’aimais m’y retrouver pour décompresser, mais vous me direz, je ne menais pas la vie la plus stressée qui fût !

J'entrai tranquillement par le petit portillon qui séparait la zone de la rue. Je ne repérai pas tout de suite la fille dont je vous parlais toute à l'heure... C'est drôle, je la croisais tout le temps l'année dernière, je la croisais encore cette année, et je ne la connaissais toujours pas. Jamais l'idée d'aller lui adresser la parole ne m'était venue, jusqu'à aujourd'hui.

Ca y est, je la voyais. Debout, collée contre un saule pleureur, à moitié cachée derrière, le plus reculée possible du lac, ses deux perles fixant sa surface. On eût dit qu'elle avait peur de s'en approcher. Conclusion : on s'en fout.

Je repérai un grand chêne en train de perdre ses feuilles, idéal pour être tranquille. Je m’approchai sans accélérer le pas. Puis, je me penchais pour vérifier que je ne m’asseirai pas sur un coussin péteur laissé là par Naruto ou sur une colonie de fourmis…


Ce fut à ce moment là que je la vis… (nan je parle pas de la reine des fourmis, nan...)


Elle était accroupie, les genoux ramenés contre elle, ses doigts aux ongles courts effleurant les brins d’herbe à ses pieds. Tout doucement, je remontais les yeux… Son corps semblait parcouru de frissons. Pas étonnant, avec sa jupe qui lui arrivait à hauteur des genoux, là, et sa petite veste étriquée…

Ces cheveux d’un blond terne étaient séparés en quatre couettes touffues, deux en haut, deux en bas. La tourmente du vent fouettait de multiples mèches rebelles sur son front et ses yeux verts foncés, aux cils interminables.

Ses yeux… de loin je ne distinguais pas très bien, mais une lueur triste dansait dans ses pupilles sombres. D’ailleurs, tout son visage, tous ses traits si fins traduisaient une intense mélancolie.

Je restai longtemps à la contempler, à la détailler encore, la bouche entre-ouverte, les bras ballants, le cul en l’air (je devais pas avoir l’air con !), à quelques pas seulement derrière elle. Je revenais sans cesse à ses yeux légèrement plissés, fixés sur la surface miroitante et lisse du lac, à son regard humide, indéfinissable. (J’étais d’humeur lyrique, aujourd’hui.)

Pour me faire sortir de ma rêverie, je secouai la tête, fronçai les sourcils, oubliai mes insectes, m’assis brusquement, comme si j’avais eu peur qu’on me piquât la place. Je fermai les yeux en m’allongeant dans l’herbe, la nuque sur une racine sortant de terre, mais au bout d’une minute, je m’aperçus que je n’avais plus du tout sommeil. Enfin, quand une fourmi rouge galopa sur ma joue, je l’écrasai (me giflant violemment par la même occasion), et me relevai d’un mouvement en râlant.

La fille avait disparu.

Je ne savais même pas à qui m’en prendre.

Je quittai l’endroit en traînant les pieds.






Hinata ferma doucement la porte de sa chambre. Doucement, parce que c'était dans sa nature de ne pas claquer les portes, et parce que de toute façon elle ne tenait pas à ce que l'on remarquât son absence. Si par malheur son père s'apercevait qu'elle n'avait pas terminé sa dissertation, laissée en plan sur son bureau, il... mais elle préférait ne pas y penser.

De toute manière, Hizashi Hyûga ne s'aventurait que rarement au second étage de leur grande demeure. Sans compter qu'il travaillait encore à cette heure-là... Hinata ne devait juste pas trop tarder à rentrer. Il y avait 1% de chances qu'il découvrît aujourd'hui que sa fille s'échappait pour la énième fois sans avoir fini ses devoirs. Ensuite, il fallait qu'elle s'arrange pour ne pas croiser son cousin qui lui, au contraire, rôdait dans les couloirs au moment où elle s'y attendait le moins.

Sur la pointe des pieds, elle descendit l'escalier menant au premier étage et passa, l'air de rien, devant la chambre de Neji. Celui-ci devait être affairé à l'intérieur – sûrement en train de travailler, lui – car Hinata reconnut sa silhouette penchée sur son bureau. Le danger écarté, elle sauta plus allègrement les marches suivantes, mit ses chaussures en faisant ses lacets n'importe comment, et enfin sortit de chez elle.

Oh, Hinata n'était pas du genre à désobéir, d'habitude, elle restait à la maison aussi sage qu'une image... mais voilà, elle avait seize ans depuis peu, et malgré son éducation, elle ne pouvait pas rester pliée à l'autorité familiale toute sa vie. Et d'une certaine manière, elle n'enfreignait pas les règles, puisque son père la retrouverait assise bien gentiment dans sa chambre...

La descendante Hyûga hocha la tête pour elle-même. Oui, un peu de désobéissance était bon pour la santé !

Plus elle s'éloignait de sa prison dorée, plus elle se détendait. D'autant plus que malgré le vent qui s'obstinait à soulever sa frange, il faisait une journée superbe. Elle ne pouvait pas décemment rester cloîtrée dans sa chambre.

Maintenant, les pâtés de maisons qu'elle dépassait lui étaient plus familiers. D'un sourire poli, elle saluait leurs propriétaires qui jardinaient, tondaient le gazon, balayaient leur terrasse... Au bout d'un moment, une toute petite maison, délimitée des autres par deux haies bien rangées, se présenta à elle. On eût dit un dessin d'enfant : un toit, quatre murs, deux fenêtres, une porte. Hinata connaissait bien cette demeure qu'elle trouvait charmante et invraisemblable. Oh ! Que de l'extérieur... et un peu celui à qui elle appartenait, puisqu'il venait lui faire la conversation quand elle passait par-là...

Justement, le jeune homme était en train de réparer un volet de la fenêtre droite. Il était armé d'un marteau et farfouillait dans sa poche pour trouver des clous. Ce qui inquiéta un peu la jeune fille, étant donné qu'il était perché sur une très longue échelle qui vacillait dangereusement sur la droite sous le coup des rafales, sans qu'il ne s'en rende visiblement compte. Elle contempla la scène qu'elle ne pouvait empêcher d'arriver : le bonhomme tenta de donner quelques derniers coups de marteau sur le volet qui ne tenait que sur un seul gond, puis, comme toute chose obéissant à la loi de la gravité, l'échelle bascula lentement sur le côté, le garçon agrippé à elle. Hinata se cacha le visage dans les mains.

- WOUUUUUAAAAAAAAAAAAAHHH !

Et il atterrit la tête la première dans la haie située juste à côté. On entendit un bruit de branches qu'on craque, mais pas, au soulagement de la Hyûga, d'os qui se brisent. Elle écarta les mains pour voir l'étendue des dégâts : l'échelle de bois s'était cassée sous le choc, et celui qui jouait l'équilibriste quelques secondes plus tôt dessus était coincé dans les feuillages dans lesquels il s'était monumentalement planté. Seuls ses pieds dépassaient. La lycéenne courut lui porter une éventuelle aide, mais se dégonfla un peu une fois devant l'endroit où l'impact avait eu lieu.

Quelques voisins, alertés par tout ce tapage, avaient déjà deviné de qui il s'agissait en avisant les jambes qui battaient l'air. Il y eut quelques ricanements, quelques soupirs exaspérés, puis chacun retourna à son occupation.

Finalement, une tête blonde aux cheveux piqués d'épines sortit brusquement de la haie. Hinata fit un bond de deux mètres en arrière.

- Kyaa ! glapit-elle.

- Hinata-chan ! Pardon, je t'ai fait peur ?

- Naruto-kun... ça va ? Tu n'es pas blessé... ?

- Ola ! T'en fais pas pour ça ! la rassura-t-il en souriant. Il faudrait une tornade pour terrasser Naruto Uzumaki !

- Tu as fait... une belle chute..., insista la descendante Hyûga en constatant que son visage était couvert d'égratignures.

Mais déjà, il n'écoutait plus. Toujours la tête à l'envers, il scruta les environs, l'air curieux.

- Tiens, bonjour M'sieur Ebisu ! lança joyeusement le blondinet, alors qu'un voisin le regardait toujours d'un air supérieur. Z'allez bien, aujourd'hui ?

Le Monsieur Ebisu en question l'ignora royalement en se cachant derrière le journal qu'il lisait. Naruto ne s'en formalisa pas outre mesure, et jeta un oeil vers sa maisonnette, avec toujours ce sourire niais aux lèvres, jusqu'à ce que son regard rencontre l'échelle démolie.

- K'soooo ! hurla-t-il. Je l'avais empruntée à Iruka-sama !

- Ce... Ce n'est pas bien gra... grave... Je suis sûre qu'il... comprendra...

- Il va me tuer, pleurnicha le blond.

- De toute façon, elle... n'avait pas l'air... bien solide..., objecta la douce Hinata.

Il y eut un moment de silence. Finalement, Naruto se dégagea tout seul de la haie, aux prix de maintes efforts, et en se cognant la tête par terre.

- Aïe !

- Naruto-kun ! Tu n'as pas trop mal ?

- Meuuh non ! répondit-il en frottant sa bosse, les larmes aux yeux. Euh, bon, je serai bien rester à faire la conversation avec toi, Hinata-chan, mais je dois absolument réparer ce fichu volet !

- Tu... vas encore monter ?

- Bah oui ! Il le faut bien, non ?

- Euh... oui..., murmura-t-elle, pas très convaincue.

- Allez, faut que je me magne ! A plus !

Il repartit, roula sur un des barreaux en bois de l'échelle qui s'était détaché, se cassa la figure, rit pour faire bonne figure, et salua une dernière fois la jeune fille en agitant la main.

En reprenant son chemin, Hinata ne savait pas s'il fallait s'amuser du comportement de Naruto, ou en avoir pitié.

Ses pas la menèrent à l'endroit qu'elle aimait le plus à Konoha : le lac.

Elle ne comprenait pas pourquoi le lieu était presque désert en permanence, mais s'en réjouissait. S'il y avait bien un coin où elle aimait flâner, c'était ici, sous un saule pleureur, ou là, très près de l'eau, ou encore là-bas, sur ce banc.

Ele opta pour sa place préférée, qui était contre le tronc voûté de l'arbre dont les minces branches commençaient à se dégarnir de leurs feuilles. Une fois qu'elle en fut à proximité, elle s'adossa à lui.

Toute cette petite escapade pour ça. Son refuge, son repère secret comme elle se plaisait à le dire quand elle était petite, c'était ici. Parce que peu de gens iraient lui gâcher la vie. Parce qu'elle pouvait penser à toute sorte de choses sans avoir l'impression d'être sondée par un regard hostile. Parce qu'elle pouvait déverser tout son chagrin, ses larmes seraient bues par la terre.

Quand elle n'en pouvait plus de cette façon de vivre, quand elle étouffait, quand tout bouillonnait en elle, la haine, la colère, la douleur, quand elle se demandait si elle avait mérité ce sort... Oh, elle était bien égoïste de penser cela... A qui la faute si elle était empotée ?

Certains mangent du chocolat ou de la glace, d'autres s'abrutissent de télé en grignotant des pop-corn. Elle, elle s'abrutissait de silence et se vidait l'esprit.

Quelqu'un pénétra dans son champ de vision. En détournant le regard, Hinata reconnut le garçon qui venait d'entrer dans la zone paisible, sans en troubler la tranquilité.

La jeune Hyûga, transparente aux yeux de pas mal de personnes au lycée, passait son temps à observer les gens autour d'elle, sans que ceux-ci ne remarquâssent que son regard se promenait sur leur visage, l'expression qu'il adoptait, leur regard, leur attitude, leur comportement, leurs gestes les plus évidents. Par conséquent, elle savait interpréter à sa manière toutes sortes de choses qui s'étaient souvent révélées justes concernant la personnalité de ses « modèles ». Ainsi, elle pouvait dresser le portrait de tous ceux qu'elle côtoyait rien qu'avec un peu d'observation. Cela n'avait rien de passionnant, étant donné qu'elle ne pouvait faire part à personne de ses déductions qui, de toute évidence, ne servaient pas à grand-chose.

Néanmoins, un certain talent pour analyser le monde autour d'elle s'était développé chez elle et Hinata en était bien consciente. Elle ne le prenait pas à la légère, car cette capacité constituait une des très restreintes raisons pour lesquelles elle accordait encore un peu d'estime à elle-même.


C'est donc dans un mouvement naturel que sa tête se tourna vers celui qui venait de franchir le portillon pour l'analyser, car elle n'avait encore jamais posé ses perles blanches sur lui auparavant.

Aucun doute, il s'agissait d'un élève dénommé Shikamaru Nara, avec sa démarche un peu nonchalante et ses deux anneaux d'argent à chaque oreille, qu'elle voyait briller, même de loin, grâce à un reflet du soleil. Elle était sûre et certaine que c'était le même qui venait à chaque fois ici pour faire un somme, semblait-il. C'était un adolescent dont la coiffure rappelait la forme des feuilles d'un ananas, à la mine renfrognée et à l'intelligence hors du commun qui lui conféraient un air plus mature. Ce n'était pas bien sorcier de deviner cela, même sans avoir l'habileté de la descendante Hyûga, puisque des rumeurs couraient sans cesse sur les célèbres 200 de QI qu'on lui attribuait. Voilà tout ce que la jeune fille avait pu entendre à son sujet pendant qu'elle errait dans les couloirs, l'oreille traînant sans vraiment le vouloir.

Ensuite, si elle se penchait un peu plus sur son cas, elle constata que chaque fois qu'elle le croisait, ici ou dans l'établissement, ses mains étaient profondément enfoncées dans ses poches ; il en sortait d'ailleurs souvent une pour bailler bruyamment, ou, mieux, il s'assoupissait sur les bancs de la cour de récréation à une vitesse record. Ce qui pouvait signifier, au choix, que le gars en question manquait affreusement de sommeil, ou qu'il aimait dormir, tout simplement. Dormir, peut-être parce que dans ses rêves sa vie était plus calme, parce qu'il n'aimait pas le contact avec les autres, se réfugiait dans ses songes en rêvant d'un monde meilleur, et... nan, attends, tu t'emballes, là... regarde sa tronche mal réveillée : tu crois vraiment que c'est le genre à faire dodo parce qu'il est pas bien dans sa tête ? Ben quoi... on peut toujours faire des suppositions, non ?

Hola, le bonhomme regardait dans sa direction... avait-il compris à qu'elle était en train de s'adonner sans sa permission ? Impossible. Même avec 200 de QI, on ne pouvait pas lire dans les pensées. Pour se soustraire à ses petits yeux noirs éteints qui continuaient toujours à fixer la jeune Hyûga – ou le saule pleureur –, cette dernière baissa la tête, intimidée, et pivota le plus discrètement possible derrière le tronc de l'arbre.

Elle ne mit pas fin pour autant à sa petite séance d'observation. D'ailleurs, le spectacle devenait intéressant...

En effet, Shikamaru, après s'être approché d'un grand chêne et avoir fixé avec intérêt le sol, détourna lentement la tête vers une jeune fille qu'Hinata remarqua en même temps que lui. Le garçon était bien plus proche d'elle qu'elle et l'inconnue, recroquevillée sous le vent, leur tournait le dos ; par conséquent, elle ne voyait que quatre couettes blondes ébouriffées.

Hinata fut prise d'une envie de rire en remarquant que Shikamaru semblait perdu dans sa contemplation. Il était amusant de voir un gaillard pareil étourdi à la simple vue d'une jeune fille.

Une bonne minute s'écoula sans que Shikamaru ne bougeât, dans une position tout à fait burlesque, les bras tombants, le menton relevé, la bouche tordue dans une expression qui relevait presque de l'incrédulité. C'était assez comique et en même temps, l'instant avait quelque chose de solennel.

Enfin, après un temps qui lui parut interminable, le lycéen à la queue d'ananas sembla reprendre ses esprits parce qu'il s'arracha brusquement à la contemplation de l'inconnue et se laissa tomber sur les fesses. Il s'allongea, les bras croisés derrière la tête, et Hinata patienta encore un peu pour le voir se donner une bonne claque – sans qu'elle en comprît la raison – et se relever en grommelant. Puis, il quitta, l'air très agacé, l'endroit.

A peine Hinata eût le temps de se replacer dans sa position initiale qu'un nouvel arrivant fit irruption dans le parc. La jeune fille se troubla, mais n'alla pas retourner se cacher peureusement derrière le saule pleureur pour se dérober à son regard.

Elle n'eut aucun mal à l'identifier : il s'agissait de Gaara.

L'adolescent aux cheveux rouges semblait déjà l'avoir repéré tandis qu'il marchait droit devant lui d'un air très calme. Plus il s'approchait, plus son coeur battait la chamade, sous l'effet de la peur automatique que lui inspiraient ses yeux froids. Il sembla à la jeune Hyûga qu'en trois pas, il était déjà là, à deux mètres d'elle.

Un très grand silence, seulement perturbé par le froissement des feuilles provoqué par la brise qui redoubla étrangement d'intensité, s'installa entre eux. Ils se dévisagèrent respectivement, l'un avec un certain intérêt derrière son regard impassible, l'autre avec un mélange de crainte et de défi tandis qu'elle ne pouvait s'empêcher de tenir d'une main l'écorce de l'arbre.

Hinata eût apprécié que le lycéen Tête d'ananas et la lycéenne Couette-couette furent restés dans les parages, car à présent, elle demeurait seule avec lui...

Enfin, Gaara ouvrit la bouche :

- Encore toi, hein ? dit-il sans aucune agressiveté dans la voix.

- Pardon ? demanda son interlocutrice en haussant un sourcil.

- Tu es encore toute seule ?

- Oui, et alors ?

- Tu n'as pas compris la leçon ?

- Quelle leçon ? s'impatienta-t-elle.

- Rester seule...

La descendante Hyûga ne voyait pas où il voulait en venir.

- Je ne comprends pas ce que tu veux dire. Sois plus clair.

- La dernière fois que tu t'es retrouvée seule... quel souvenir en gardes-tu ?

Elle comprit et eut un léger ricanement.

- Oui, je ne suis pas prête de l'oublier... Tu veux que je te remercie de m'avoir tirée de...

- Je n'ai pas besoin que tu me remercies, l'interrompit-il. D'autant plus que je n'ai rien fait de très utile pour te venir en aide.

- C'est vrai, admit Hinata qui se souvenait de sa stoïcité face à son piteux état. Il était temps que tu t'en rendes compte.

La tourmente souffla encore dans un sifflement inquiétant. On eût dit que la présence de Gaara donnait à l'endroit un caractère enchanté, comme s'il s'éveillait tout d'un coup. Le garçon se renfrogna soudain et plissa ses yeux en amande presque cruellement.

- Pourquoi restes-tu toute seule ? se borna-t-il à demander.

- Je suis simplement sortie de chez moi pour prendre l'air, répondit la jeune fille, déconcertée. Je viens souvent ici. Ce n'est pas la première fois.

Par contre, ce qui était étrange, c'était que lui apparaisse ici, le lendemain de leur rencontre, en la questionnant sur les raisons de sa solitude.

- Tu n'es pas capable de te défendre toute seule, reprit-il de la même voix posée. Un être faible comme toi devrait...

- Merci, coupa sèchement la jolie brune en parlant plus fort que lui, mais je n'ai pas besoin qu'on me dicte ma conduite. Si tu es venu exprès jusqu'ici pour me dire ça, tu peux repartir.

Pour toute réponse, Gaara ferma les yeux, les traits toujours crispés, comme s'il prenait le temps de bien digérer ses paroles, ou comme si ce qu'elle disait était incensé. Toujours sans le moindre sourire.

Hinata s'étonnait elle-même. Depuis quand remballait-elle les gens au lieu de subir leurs affirmations ? Et surtout, son bégaiement avait encore disparu – ce qui n'était pas pour lui déplaire, au fond.

Au bout d'un certain moment, voyant que son interlocuteur ne tournait pas les talons, elle osa poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis l'arrivée du rouquin.

- Et toi... que fais-tu ici ? Tu n'es jamais venu ici, n'est-ce pas ?

Cette interrogation fut accueillie par un nouveau silence. Gaara rouvrit les yeux, toute trace de dureté volatilisée dans son regard.

- Je suis venu chercher quelqu'un..., murmura-t-il de sa voix harmonieuse. Cela te convient-il comme réponse ?

Hinata ne jugea pas utile de répliquer. Elle hocha discrètement la tête, bien qu'elle se demandât qui pouvait être la mystérieuse personne qu'il s'attendait à rencontrer ici. Pas elle, quand même ?

Sans un mot, l'adolescent prit congé de la brune, en quittant le parc aussi calmement qu'il y était entré, laissant la Hyûga un peu désarçonnée et surtout très interloquée, alors que le vent s'évanouissait comme si on avait fermé une fenêtre.



Voilà le 3ème chapitre !

Chapitre 4 en cours d'écriture, cette fois, l'attente sera peut-être plus longue (au moins jusqu'au vacances, en juin).

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Si un jour, tu es encore dans le pétrin, je viendrai te sauver... M. Le Pleurnichard.

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MessagePosté le: Ven 06 Juin 2008, 9:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Aller Tantei-chan !
On attend tous la suite !
ne nous fait pas trop patienter Wink

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MessagePosté le: Sam 28 Juin 2008, 11:18 am    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre IV - Un cours de mathématiques mouvementé


Suite à l'apparition de la jeune femme aux quatres couettes blondes fixant d'un air profondément perdu et triste le lac de Konoha, Shikamaru la revit encore et encore tout au long des mois de septembre et d'octobre qui filèrent à une vitesse proche de l'indécence. On était déjà à la mi-novembre : le temps s'était considérablement rafraîchi ; le vent qui soufflait avec violence le premier mercredi de la rentrée s'était mué en une brise glaciale, annonciatrice de l'hiver.

Désormais, on ne voyait pas un seul habitant du village qui ne disparaisse pas sous une couche épaisse de vêtements, le visage enfoui dans une écharpe et un bonnet.

Hinata, elle, ne « bénéficiait » pas de la présence de Gaara autant que Shikamaru « bénéficiait » de celle de l'inconnue qu'il avait rencontrée. En fait, le rouquin n'était plus venu à sa rencontre depuis leur dernier échange, plutôt froid. Elle le voyait seulement, parfois, passer, quelques fois s'arrêter, devant le petit portillon, mais jamais il ne l'ouvrait. Peu à peu, la descendante Hyûga avait pris l'habitude de ne pas regarder vers l'entrée du parc. Parfois, elle devinait sa présence à l'aura froide qui émanait de lui, elle savait qu'il l'observait de loin, mais elle faisait comme si elle ne le remarquait pas.

Les vacances de la Toussaint avaient permis aux élèves de souffler un peu, mais déjà, l'atmosphère stressante du lycée s'ancrait à nouveau dans les esprits de chacun. Après l'habituelle ambiance joyeuse qui suivait toutes les rentées scolaires, les élèves étaient submergés par la dose de travail et accumulaient contrôles, interrogations et devoirs.





Frigorifiée, la Terminale S s'engouffra bon gré mal gré dans la salle où devait avoir lieu le cours de mathématiques. Tous voulaient échapper à la morsure du froid et se réchauffer à l'intérieur, mais tous redoutaient particulièrement le cours d'aujourd'hui. En effet, Orochimaru les avait avertis qu'il interrogerait deux ou trois élèves et qu'il déciderait du coefficient de la note en fonction des résultats. En bref, tel qu'ils connaissaient leur enseignant, plus les performances seraient mauvaises, et plus le coefficient augmenterait. Autrement dit, c'était la galère.

Chacun gagna sa place habituelle dans un silence angoissé, en s'efforçant de rester calme, pour ne pas attirer l'attention sur lui. Même Naruto et Kiba, d'ordinaire si excités, se tenaient tranquilles, soucieux de maintenir leur moyenne à un niveau correct. Un sourire machiavélique fendit le visage si blanc d'Orochimaru qu'il semblait scintiller d'une lueur nacrée. Il ouvrit le cahier d'appel et commença à vérifier que tout le monde était bien là, en écorchant délibérément quelques noms au passage.

- Aburame ! Akamimi ! scanda-t-il.

- Akamichi..., marmonna Chôji plus pour lui-même. Présent.

- Hitora ! Hyûga ! Inuzuka ! Nana !

- C'est Nara ! rectifia l'intéressé à voix normale, car lui ne craignait pas que le professeur le prenne pour cible.

Ce dernier lui lança un regard féroce, signifiant clairement qu'il paierait, tôt ou tard, ce qui pouvait passer pour de l'insolence ou de l'effronterie à ses yeux.

- Rock ! Uchiwa ! Uzumaki ! Yamanaka !... Biiiiien, nous pouvons commencer...

- Vous m'avez oubliée ! s'écria une voix irritée dans le fond.

- Peu importe ! trancha Orochimaru en fusillant du regard la personne qui avait osé troublé l'atmosphère pesante.

Il attrapa une craie et la fit horriblement crisser en inscrivant « Interrogation orale » en lettres capitales sur le tableau. Puis, il se retourna très lentement, ses yeux de serpent plissés, comme s'il était traversé par une idée géniale, vers la classe qui déglutit péniblement. La tension était à son comble.

- Oh et puis tiens... Puisque vous avez tellement envie de parler, Sabakuno, venez donc au tableau nous démontrer votre talent démesuré !

Ceci n'était bien évidemment pas une invitation mais un ordre déguisé.

Quelques têtes se tournèrent discrètement pour presser l'élève désignée. Dans ces cas-là, il n'était plus du tout question de solidarité.

Shikamaru bailla ostensiblement. Il ne s'était pas retourné pour voir de qui il s'agissait. Ses oreilles changèrent de pression quand il entendit un brusque raclement de chaise dans lequel il percevait une rage contenue et, de dos, il vit les quatre couettes d'un blond doré, les cheveux touffus et les mèches rebelles qui lui piquaient le front. Il fut frappé, sa vision se troubla légèrement, sa bouche se contracta.

Elle... Elle était dans sa classe !

Sa surprise passée, il se sentit aussitôt idiot de ne pas l'avoir remarquée dès le début, mais d'autre part, cela ne l'étonnait pas vraiment : après tout, il ne prêtait jamais vraiment attention à son entourage, même quand il était devant son nez. Et puis, cette Sabakuno faisait preuve d'une telle discrétion en classe, en ne participant jamais, en filant probablement tout droit dès le retentissement de la sonnerie... A présent, elle était seule sous les yeux de trente personnes dont elle s'était appliquée à fuir le regard. Voilà qui devait un peu la contrarier, songea le descendant Nara.

La jeune fille demeura de dos, les poings serrés. Le professeur avait pris sa place dans le fond et savourait déjà ce moment.

- Les sens de variation, dit Orochimaru après un moment de supplice.

- Quoi ?

- Les sens de variation, Sabakuno, les sens de variation !

La lycéenne ne savait manifestement pas comment répondre à son affirmation qui n'était même pas une question.

Comme il fallait s'y attendre, Orochimaru reprit, de sa voix sifflante :

- Vous êtes censés avoir vu les sens de variation en seconde, si je ne m'abuse... Je ne fais que rappeler le programme d'il y a deux ans, rien qu'un petit échauffement !

On échangea des regards inquiets dans la salle. Certes, le terme de sens de variation ne leur était pas inconnu, mais qui était capable d'en énoncer les propriétés précises ?

D'une main indécise, la jeune Sabakuno saisit la craie, toujours sans faire face à la classe. Elle leva la main, s'apprêtant visiblement à écrire quelque chose, mais elle resta suspendue dans les airs, à quelques millimètres du tableau.

Si Shikamaru n'avait pas été placé à une extrémité de la classe pour voir de biais son visage crispé baigné dans l'ombre de sa frange, les mâchoire serrées, il aurait juré qu'elle était au bord des larmes, cherchant désespérement dans sa mémoire quelque chose sur les sens de variation. En voyant son expression, le descendant Nara fut certain qu'à ce moment-là, elle cherchait plus un moyen de s'évader de la salle qu'une solution à la pseudo-question d'Orochimaru. Elle avait pris la craie pour gagner un peu de temps, et maintenant, tout le monde attendait qu'elle se décide à s'en servir.

Leur professeur à la face de reptile s'impatienta vite de l'immobilité de cette main tremblante, comme si elle était paralysée.

- Dépêchez-vous de vous servir de cette craie, grinça-t-il. Vous tenez vraiment à voir votre moyenne, déjà bien entamée, avec quelques points en moins ?

Pour toute réponse, la lycéenne aux quatre couettes se retourna vivement, jeta furieusement la craie au sol et quitta la pièce à grands pas sans fermer la porte.

- SABAKUNO, REVENEZ IMMEDIATEMENT DANS CETTE SALLE ! vociféra l'enseignant qui s'était levé d'un bond.

Il se rua vers la porte entre-baîllée mais sa proie avait sans doute déjà disparu de son champ de vision car il revint dans la salle en fulminant. Il attrapa violemment un papier sur son bureau et griffonna quelque chose dessus. Puis il vrilla du regard Naruto qui faisait un commentaire de la situation, ce qui le fit immédiatement taire.

La plupart des élèves, pris de courts, râlèrent un peu : l'autre s'était carrément fait la malle pour échapper à l'interrogation orale. Maintenant, ils avaient sur le dos un Orochimaru plus furax que jamais et qui était prêt à en découdre avec le premier qui serait incapable d'affirmer quelque chose de juste.

L'enseignant de mathématiques plissa les yeux vers les élèves, les deux mains cramponnées à son bureau, l'air toujours enragé. Shikamaru savait qu'il était en proie à un cruel dilemme : poursuivre sa petite interrogation orale à laquelle il prenait tant de plaisir, ou laisser sa classe en plan pour aller se plaindre au proviseur de la lycéenne perturbatrice ? Les deux étaient très tentants, le jeune homme à la queue d'ananas n'avait aucun mal à l'imaginer.

Par on ne sait quel miracle, le professeur trouva un moyen de concilier ses deux envies.

- Prenez une feuille ! aboya-t-il. Je vais vous donner un problème sur les sens de variation, et dès que je reviens, je ramasse tout. En espérant que vous ne serez pas aussi déplorables que votre camarade sur ce sujet !

Personne ne savait s'il fallait se réjouir de la tournure que la situation avait pris ou non...





Ses mains moites tremblaient, perdues à force de passer dans ses cheveux ; son corps était secoué par des spasmes, agitant ses membres de manière incontrôlable ; un filet de salive avait coulé de sa bouche dont les mâchoires étaient serrées. Il se tenait là, recroquevillé sur lui-même dans un cabinet, le dos contre la porte, sans pouvoir appeler à l'aide – mais de toute façon, il savait qu'il ne pouvait prononcer aucun mot de façon audible dans son état ; tout ce qui sortait de sa bouche n'était que gémissements de souffrance et cris étranglés.

- Uh... Gy... Arggh...

Dans sa tête, c'était un véritable massacre, un carnage que lui seul pouvait subir : des images, certaines venant du passé, d'autres naissant de sa propre imagination, défilaient sur l'écran sombre de ses paupières closes ; quand il ouvrait celles-ci, une lueur de délire brillait dans ses yeux fous. Des coups de marteaux lui fracassaient la boîte cranienne, explosant sa cervelle, faisant jaillir le sang à flot. Il voyait ce même sang couler le long de sa nuque et de l'arrête de son nez, partant de la racine de ses cheveux dont la teinte devenait légèrement plus sombre, et il sentait le goût poisseux du sang dans sa bouche, il en crachait sur le sol, et d'immenses flaques rouges se formaient sur le carrelage. Et parallèlement à ce sang qu'il perdait, les visions ne cessaient de s'enchaîner, de se succéder avec la rapidité d'une pellicule qu'on passe, comme dans un film basé sur des flash-back.

Les premières images étaient arrivées alors qu'il allait se rendre à son premier cours de la matinée, avec le reste de sa classe. Au moment de pénétrer dans la salle de classe, il y avait eu l'habituelle rupture avec le reste du monde, la coupure nette caractérisée par ces brusques apparitions. C'était la première fois depuis le début de l'année que ça lui arrivait en public. Des sueurs froides le prirent. Par chance, ils étaient encore dans le couloir quand il sentit qu'il ne répondrait bientôt plus de lui-même. Le crâne dans les mains, il avait tant bien que mal tenté de se fondre parmi les autres élèves en allant à contre-sens, sentant des regards curieux se poser sur lui, cherchant à tâtons la direction des toilettes.

Hinata, qui comme d'habitude était à l'arrière de la file, l'avait bien sûr aperçu. A travers ses paupières plissées par l'effort qu'il devait fournir pour résister à l'attraction irrésistible que son passé exerçait sur lui, il distingua la jeune fille aux reflets bleutés. Cette dernière avait tout de suite compris que quelque chose clochait, et il n'y avait rien d'étonnant à cela, car il haletait et semblait sur le point de tourner de l'oeil.

- Gaara ?... Gaara... Tu te sens bien ?
- ...Je... dois a... ller aux... toile...

Grâce au ciel, la descendante Hyûga ne l'avait pas retenu plus longtemps en lui posant un tas de questions ni en tentant de l'emmener à l'infirmerie. Il la dépassa et tituba vers les toilettes masculines, heureusement situées dans le même couloir.

Tout d'abord tout doucement, par éclair, les images le hapaient hors de la réalité au moment où il s'y attendait le moins et se multipliaient, l'absorbant dans un monde d'illusions, lui faisant revivre les pires moments de son existence. Ces séances de torture mentale paraissaient inoffensives d'un point de vue physique, mais c'était bien plus terrible qu'être battu à mort. Ce n'était pas les pores de sa peau qui étaient couvertes de plaies, mais bel et bien son cerveau et son coeur qui saignaient. Pour ce qui était des dommages physiques, il s'en infligeait lui-même souvent sans s'en rendre compte, en s'arrachant les cheveux, en se griffant le crâne, en enfonçant ses ongles dans sa peau si profondément qu'elle en restait marquée, en se cognant la tête contre le mur dans l'espoir démentiel de chasser ces courts-métrages qui le hantaient. Mais rien, absolument rien n'y faisait, parce que cela se déroulait exclusivement dans sa tête et qu'à moins d'extraire son coeur hors de sa poitrine, c'est-à-dire de se donner la mort – ce qu'il aurait volontiers fait –, cela ne cesserait pas.

Il fallait en général une heure pour que cela passe enfin. Tout à coup, la succession de ces diapositives s'espaçait, le contact avec le présent et la réalité se rétablissait, il pouvait enfin ouvrir des yeux rendus vitreux par la douleur. Et là, comme toujours, les mares de sang avaient disparu, le goût du sang dans sa bouche s'était estompé. Et il comprenait alors qu'une fois de plus, il avait été en proie à des hallucinations dont il aurait juré que c'était bien réel. Mais non, le carrelage était comme neuf, et tout ce qui restait de ses coups mentaux, c'était des égratignures sur ses bras, son torse, son visage, et des cheveux roux dans ses mains. C'était comme s'il s'était battu contre lui-même.

Quand son calvaire prit fin, Gaara resta encore un moment pantelant, adossé à la porte du cabinet, tentant de reprendre lentement sa respiration. Comme à chacune de ses crises, une fois qu'elles aboutissaient, après une éternité lui semblait-il, il était comme mort cliniquement. Son cerveau n'envoyait plus que de brefs signaux, traduisant que son énergie était très faible et qu'il avait besoin de récupérer après une si longue lutte. Dans ses oreilles il percevait les pulsations de son coeur qui revenait peu à peu à un rythme normal. Le sang battait à ses tempes. Son regard, auparavant animé par la douleur et les folles hallucinations qui l'avaient possédé, s'éteignait, comme s'il perdait l'étincelle de la vie. Il avait tout l'air d'un enfant ayant subi un choc traumatisant.

Au bout d'un quart d'heure, quand il eut suffisament « récupéré » pour se lever, il sortit du cabinet avec des gestes lents. Dans le miroir fixé au mur carrelé qui lui faisait face, il ne se reconnut pas : on eût dit qu'il venait de courir un cent mètre à toute allure à sa mine échevélée. Il ouvrit maladroitement un robinet pour s'asperger le visage d'eau, espérant lui redonner son impassibilité.

Puis, le jeune homme quitta les toilettes et marcha d'un pas mesuré vers la salle de cours dans laquelle ses camarades s'étaient engouffrés une heure et quart plus tôt. Il venait de manquer la première heure du double-cours de français. Il n'avait aucune explication à fournir, étant donné que plusieurs élèves l'avaient vu partir en direction des toilettes.

Après trois coups frappés à la porte, la voix de leur professeur lui indiqua qu'il pouvait entrer. Ce qu'il fit dans la plus grande discrétion possible, se sachant déjà un phénomène de foire s'il en croyait les rumeurs qui circulaient sur lui. Mais Gaara n'avait que faire des choses que l'on murmurait à son sujet en le montrant du doigt ; ce n'était vraiment pas cela qui l'atteignait. Kakashi le sonda un instant d'un air profondément fatigué, mais il ne paraissait pas excessivement fâché de voir un élève se présenter avec plus d'une heure de retard. Peut-être parce que lui-même ne faisait pas preuve de grande aciduité à ses cours.

- Eh bien, Sabakuno, on ne s'est pas réveillé ou quoi ? Lança-t-il sans conviction. Allez vous assoeir, on parlera après.

Le garçon approuva d'un signe de tête et traversa les rangées pour gagner sa place au fond, devant celle d'Hinata dont les yeux lui lançaient un regard presque inquisiteur. Il se contenta de lui renvoyer un regard inexpressif avant de lui tourner le dos pour s'assoeir. Puis Kakashi reprit le cours et les regards curieux se désintéressèrent de lui. S'ils savaient..., se dit Gaara. S'ils pouvaient imaginer d'où il revenait... là, il passerait réellement pour un grand malade déséquilibré, à envoyer au plus vite dans un hôpital psychiatrique, ou plutôt dans un asile d'aliénés.

A part son frère et sa soeur, qui avaient déjà dû faire face à Gaara dans cet état, personne d'autre n'était au courant de ses crises. Ces dernières constituaient la preuve qu'il souffrait, de solitude, du passé, de son existence, et cette souffrance se manifestait par des réactions brutales qui se passaient en lui. Il y avait pourtant une échappatoire, Gaara en avait le pressentiment dans sa chair, la réponse était là, tout près, mais il ne faisait que l'effleurer, sans jamais réellement la toucher. Son coeur, sa tête lui soufflaient que c'était le seul moyen d'être libre de ses chaînes, et c'était précisément pour cela qu'il ne désespérait pas dans sa quête de liberté. Savoir qu'il y avait un espoir et qu'il avait les moyens de l'atteindre le maintenait en vie tout simplement, sans quoi cela ferait longtemps qu'il se serait tué.






Tout le monde s'exécuta – non sans une certaine répugnance. Quelques minutes plus tard, quand le professeur eût écrit le problème au tableau et que tout le monde avait disposé une feuille blanche devant lui, Orochimaru quitta immédiatement la salle, et les élèves grimacèrent lorsqu'ils l'entendirent happer au passage un surveillant qui traînait dans les couloirs.

- Vous, là ! Au lieu de rester les bras croisés, faites votre travail et allez me surveiller ma classe !

En effet, tous avaient espérer profiter de l'absence de leur professeur aux yeux de serpent pour frauder sur le seul qui se souvenait de quelque chose sur les sens de variation, le seul dont la mémoire dépassait l'imagination, le seul qui soupirait parce qu'il voyait trente paires d'yeux gourmands rivés sur lui. Heureusement, ses camarades n'eurent pas le temps de lui quémander le moindre petit indice, car le surveillant fit irruption dans la pièce.

-Tiens, mais c'est ce cher Naruto... ! s'amusa l'arrivant.

- Tiens, mais c'est ce cher Iruka... ! s'écria l'intéressé.

Toutes les têtes se tournèrent vers le blondinet qui souriait d'un air coincé à Iruka. Bien sûr, il était de notoriété publique qu'ils se connaissaient bien.

- M'sieur, 'savez qu'j'vous adore ? Hé, hé, vous étiez pas une tête en maths avant ?

- Naruto, tu m'aurais rendu mon échelle en bon état, je me serai fait un plaisir de te souffler les réponses. Et quand bien même je saurai quelque chose sur les sens de variation (il jeta un coup d'oeil au tableau), je ne pourrai pas te le dire, sous peine de me faire éjecter par votre professeur – aussi désagréable soit-il et aussi détestables soient ses manières.

- Roooh c'était qu'une vieille échelle en plus ! Je vous ai rendu un immense service en vous débarrassant de cette horreur !

- Tu tiens vraiment à t'enfoncer encore plus ?

- La ferme, Naruto ! lança d'un ton agacé Sasuke à côté de lui, alors que son camarde allait rouvrir la bouche. Il a raison, on a pas besoin de ça !

- Bah voyons ! rétorqua son voisin. J'essaye de nous sortir du pétrin en négociant avec un partisan de l'ennemi, moi, au moins...

- C'est un pion, expliqua le brun ténébreux. S'il savait la cent septième décimale de Pi, il ne serait pas là à l'heure qu'il est.

- En tout cas, on dirait bien que ce problème simplissime te pose un sérieux problème, Sasuke, fit remarquer Iruka avec un sourire narquois. Et tu as raison, je me fiche éperdumment de la cent septième décimale de Pi, c'est le cadet de mes soucis, contrairement à vous.

- Il a pas tort..., renchérit Naruto en jetant un regard en coin à son ami.

- Je t'ai dit de la fermer, grinça ce dernier en lançant un regard haineux au surveillant.

- Uchiwa, aborda Neji d'un ton calme, sans un sourire, alors comme ça tu n'es pas capable de résoudre ce problème ? Tu es tombé bien bas...

- Non mais, écoutez-le se donner de grands airs ! s'emporta Sasuke, piqué par l'attaque de son potentiel rival. Parce que tu as déjà tout résolu, peut-être ?!

- Non, admit le jeune Hyûga en fermant les yeux et en croisant les bras, mais je suis quand même bien meilleur que toi dans la matière.

- Tu as oublié « bien plus modeste que toi », aussi, ajouta Tenten, la tête appuyée sur sa main.

- On ne t'a pas sonné, Hitora, répondit froidement Neji avec un regard glacial projeté dans sa direction.

- Et alors, on n'est pas dans un pays démocratique, ici ? répliqua la jeune fille aux macarons.

- Tout ça ne sert à rien, déclara alors d'une voix perchée Ino. De toute façon, le seul qui est capable de nous aider pour ne pas se toucher, c'est...

Elle laissa sa phrase en suspens, tournant ses iris bleus vers l'adolescent à la queue d'ananas qui s'était replongé distraitement dans la contemplation des nuages. Le lycéen comprit que les chamailleries avaient cessé et sentaient afflué des ondes convoitrices vers lui, alors il daigna détourner les yeux. Voyant qu'il faisait à nouveau l'objet d'attention de tous les élèves qui le scrutaient avidement, comme s'il s'était agi d'une feuille de réponses inespérée, le garçon rouspéta :

- Galère, me regardez pas comme ça, je déteste...

- Allez, quoi, Shikamaru ! encouragea Naruto. Tu les connais les réponses, hein ?

- Peut-être, reconnut le flemmard. Mais ça ne t'a jamais traversé l'esprit que Orochimaru puisse trouvé ça très suspect que tu aies la moyenne en maths ?

- C'est pas la moyenne que j'obtiendrai, ce serait le total des points, rêva le jeune Uzumaki.

- Aha, tu m'en vois flatté, assura Shikamaru, mais c'est non.

Cette décision ramena brutalement son colocataire à terre.

- Espèce d'égoïste !

- Tu me remercieras plus tard, dit négligemment l'égoïste en question.

- BON ! intervint Iruka, momentanément oublié, s'étant tu pendant tout l'échange. Désolé de vous couper, mais il va falloir laisser votre camarade tranquille et vous servir de vos neurones !

- Donnez-nous une bonne raison de le faire, pesta Sasuke.

- Votre prof arrive, répondit le surveillant en haussant les épaules.

- COMMENT ?!

En effet, des pas se rapprochaient de la salle et un vent de panique balaya cette dernière ; cependant, ce ne fut pas Orochimaru qui apparut sur le pas de la porte. Naruto s'arrachait déjà les cheveux quand une jeune femme aux cheveux noirs étrangement coiffés, dont de longues mèches tombaient devant ses yeux étonnament clairs où brillait une lueur farouche pénétra dans la pièce. Un aura d'énergie et de dynamisme semblait émaner de l'arrivante, vêtue d'un long manteau beige, et portant au coup une dent de serpent. Cette jeune personne excentrique n'était pas moins que la Conseillère Principale d'Education du lycée, Anko Mitarashi.

- Umino, qu'est-ce que tu... ? demanda-t-elle en haussant un fin sourcil. Tu surveilles ces gamins ?

- Non, Anko, je fais une partie de baseball avec eux, rétorqua le surveillant avec une légère moue.

- Je vois, mais l'heure n'est pas aux plaisanteries ! s'exclama son interlocutrice avec un grand rire. Enfin ! Ce n'est pas non plus quelque chose de très sérieux, mais...

- Anko, ils sont censés être en interro surprise, coupa Iruka, légèrement gêné par l'irruption de sa collègue. Ca ne peut pas attendre... ?

- Non, ça ne peut pas attendre ! s'écria précipitamment un certain blondinet dans les rangées d'élèves interloqués.

Il était évident qu'il y voyait là une occasion de garder sa moyenne à une hauteur raisonnable. D'ailleurs, il n'était pas le seul. Ses camarades secouaient la tête pour encourager la jeune femme à en dire plus. Iruka soupira profondément, redoutant ce qu'allait dire Orochimaru, mais d'un geste de la main, fit signe à la jeune Mitarashi de continuer. Cette dernière repartit d'un éclat de rire en s'avançant dans la pièce.

- Hahaha ! J'aime cette attitude, mon garçon ! Comment tu t'appelles, déjà ?

- Euh... Naruto Uzumaki, répondit ce dernier d'un ton incertain, pris un peu au dépourvu.

- Ah oui ! Uzumaki ! Très bien, très bien...

Elle devait vaguement se souvenir d'avoir eu ce garçon plus d'une fois en colle, mais après tout, elle n'était là que depuis cette année.

Tandis qu'elle parlait, elle s'assit sur le bureau avec élégance, bousculant son collègue et faisant tomber, sans y prêter grande attention, les cahiers d'Orochimaru.

- Très bien, répéta-t-elle d'une voix forte. Je sens que ce dont je vais vous parler va t'intéresser, mon petit Naruto. Si je viens donc interrompre cette joyeuse interro (plusieurs élèves grimacèrent), c'est pour vous informer de quelques petites choses qui vont se dérouler cette année. Je commence avec l'ouverture d'un club photo. Vous êtes invités à vous y inscrire dès aujourd'hui à la vie scolaire. Ce club sera chargé de faire les photos de classe de fin d'année et de les développer. Nous espérons qu'il y aura des adhérants, mais nous ne pouvons pas non plus accepter trop de monde... Des questions ?

Aucune main ne se leva, mais certains élèves semblaient déjà intéressés par la nouvelle.

- Et deuxième chose, comme vous vous en doutiez probablement, nous organisons un bal, en raison de l'approche de Noël, le dernier jour avant les fêtes.

Des exclamations s'élevèrent parmi les lycéens, et surtout parmi les lycéennes. Ino avait l'air plus que ravie, enchantée de cette nouvelle. Aucun bal n'avait vraisemblablement eu lieu à l'établissement de Konoha.

Anko leva la main pour faire taire la classe. Le silence retomba.

- Bien sûr, j'entends que ça ne tournera pas au chaos, à la fête de babouins enragés – ce n'est pas notre genre (il y eut quelques gloussements dans la salle). Je veux une tenue correcte, vous pouvez même sortir la cravate messieurs, et la robe mesdames. Mais celui ou celle que je prends à faire la danse des canards en bikini pour saccager la soirée...

Elle désigna le problème qui demeurait au tableau.

- ...a intérêt à être meilleur que moi en maths, conclut-elle avec une mine réjouie. Alors tenez-vous à carreaux.

Tout le monde déglutit, en particulier Naruto qui tira sur son col d'un air stressé.

- N'oubliez pas de vous trouver un cavalier ou une cavalière, mais souvenez-vous que si vous n'en avez pas, je suis toujours libre.

La sonnerie retentit et les élèves se levèrent, rangeant rapidement leurs affaires. La Conseillère Principale d'Education tentait de continuer malgré le vacarme des chaises raclant le sol, mais déjà personne ne l'éoutait plus.

- Et s'il y a des volontaires pour... nous aider à faire les préparatifs de... Bon, allez, tout le monde dehors !

Personne ne se fit prier, et tous se ruèrent en quatrième vitesse vers la porte ouverte pour quitter la zone dangereuse que représentait Anko Mitarashi, bien connue pour sa maladresse légendaire.

- Tous, sauf un, intervint alors une voix froide.

Le timbre glacé de la voix d'Orochimaru, de retour de la vie scolaire, résonna presque en écho dans la salle devenue brutalement silencieuse en raison de l'immobilisation de tous ceux qui y étaient présents. Les pupilles verticales de l'enseignant fixaient férocement l'un d'eux.

- Nara, lâcha-t-il. Vous restez ici.

L'intéressé haussa les sourcils mais ne fit pas d'histoire à patienter quelques minutes de plus, tandis que ses congénères semblaient crever de sortir de la zone doublement dangereuse. D'un petit signe de tête, le professeur à la tête de serpent autorisa les autres à sortir. Anko, qui avait quelque peu perdu contenance avec l'atmosphère inquiétante que le bonhomme savait si bien faire tomber, sortit de sa torpeur et fit mine de conduire les élèves en ordre vers la sortie. En passant, elle tapota légèrement l'épaule de Shikamaru, preuve qu'elle le soutenait d'avance en rapport à l'entretien qu'Orochimaru désirait avoir avec le jeune homme.

Quand ils furent seuls face à face, ce dernier eut une brève vision d'Orochimaru se jetant sur lui pour l'étrangler, pour il ne savait quelle raison, mais c'était tout ce que lui inspirait le regard haineux avec lequel il tentait de le transpercer.

- Puisque vous tenez tant à affirmer votre caractère de tête brûlée, en troublant l'appel, puis l'interrogation...

- Je n'ai rien troublé du tout, interrompit le descendant Nara en fronçant les sourcils. Mitarashi-san est arrivée et...

- Taisez-vous ! Je ne supporte plus votre insolence. Vous serez chargés de ramener son sac à Sabakuno et de lui transmettre par la même occasion les devoirs !

- Galère... mais je sais pas où elle habite ! Et je suis interne !

- Vous tâcherez de lui préciser, poursuivit le professeur comme s'il n'avait pas entendu, qu'il vaudrait mieux pour elle qu'elle les fasse avec soin, dans le cas inverse je me verrais dans l'obligation de sévir à son sujet...

Le descendant Nara se demanda brièvement ce que l'enseignant entendait par « sévir » après tout ce qu'il leur avait fait subir, mais renonça à trouver une réponse à cette question.

- Faites-le dans son intérêt, mon garçon. Et dans le vôtre.

N'importe qui aurait décelé dans ces quatre derniers mots une menace, et cette dernière n'échappa pas à Shikamaru qui jeta un regard noir à l'affreux bonhomme.

Après qu'il lui eût griffoné sur un papier l'adresse de la jeune fille et dicté les numéros d'exercice qu'elle devrait faire pour quand elle reviendrait, le lycéen à la queue d'ananas alla chercher son sac au fond de la classe, ce qui lui fit un poids en plus du sien. Par chance, il se rendit compte qu'il était plutôt léger quand il le mit sur son épaule.

Puis il gagna enfin la cour, soulagé d'en avoir enfin terminé avec ces histoires d'interros, de fraudages, de Naruto, d'Orochimaru, de club photo, de bal... Mon Dieu, ce cours semblait avoir durer des heures.

Le garçon leva la tête vers le ciel, dégagé mais d'un gris terne. Le temps se couvrait, il n'allait pas tarder à neiger d'ici quelques semaines. Cela ne dérangeait pas plus que ça le Nara. Le froid était un bon prétexte pour rester tard au lit le matin, et même le reste de la journée.

Il repensa à l'heure qui venait de s'écouler. Elle s'appelait Sabakuno. Son prénom, il l'ignorait encore. Il ne s'expliquait pas le léger intérêt qu'il avait pour cette fille qu'il connaissait à peine, qu'il semblait rencontrer une seconde fois aujourd'hui et qui pour le moment ne lui attirait que des ennuis. Elle l'intriguait. Son comportement n'était pas... normal. Mais est-ce que ça le regardait ?

D'autre part, il ignorait comment il allait trouver le temps de lui apporter tout ça. On était mardi. Il fallait espérer que cette Sabakuno revienne le plus vite possible, mais Shikamaru avait le pressentiment que ça n'était pas dans son intention. En plus, il ne pourrait pas lui amener son sac tous les jours, c'était hors de question. Dans tous les cas, cela voulait dire qu'il était obligé de se rendre jusqu'à chez elle pour le lui restituer en main propre. Et les embêtements commençaient, car cela signifiait qu'il devrait le faire le plus tôt possible, ce week-end, et par conséquent empiéter sur ses heures de sommeil et de repos.

En parlant de repos, il allait peut-être pouvoir en prendre un peu, car la Terminale S avait une heure de permanence après le cours de maths...

Assis sur un banc de la cour, le descendant Nara repéra Naruto et Kiba qui parlaient avec animation des nouvelles que leur avait transmis Anko Mitarashi. Il se doutait bien que l'idée du bal plaisait bien à Kiba, et il voyait d'ici-là ses colocataires préparer une mauvaise surprise pour la soirée dansante, en dépit de l'avertissement de la jeune femme. Il y avait des trucs qui ne changeaient jamais...





Hinata était plantée devant le panneau d'affichage accroché au mur du foyer qui jouxtait le réfectoire où tout le monde se pressait à cette heure. Toutes les secondes, un lycéen la bousculait par mégarde, pressé d'aller satisfaire son estomac qui criait famine, ou la heurtait volontairement, la faisant vaciller sur ses pattes mais pas baisser son regard pur du panneau qu'elle persistait à fixer, la bouche entre-ouverte.

Evidemment, il n'était pas idéal de lire une affiche à midi et quart, mais la jeune Hyûga était tellement concentrée sur la feuille rose accrochée d'une punaise depuis ce matin qu'elle se moquait des coups de coudes dans son dos et de la faim qui la tiraillait.

CLUB PHOTOGRAPHIE
Inscription du 18 au 22 novembre à la vie scolaire.
Nombre de membres limités à 12.


Après un temps de réflexion, la descendante Hyûga tourna les talons et se dirigea vers la vie scolaire...





ENFIN ce chapitre ! Désolée, désolée, désolée de ne pas l'avoir fini plus tôt ! Avec les cours, ça m'a vraiment été impossible de continuer à écrire.

Bon, il n'est pas terrible, il ne se passe pas grand-chose, mais je vous donne quelques informations : Shikamaru est bigleux, Temari est rebelle, Gaara est sujet à des hallus, et Hinata est toujours aussi molle. LOL. [Petit homéotéleute au passage Wink]
Aussi, j'espère que les idées de bal et surtout de club photo vont tenir la route, parce que je vous avoue que je n'avais pas prévu ça ^^'.

Je pense que le chapitre suivant devrait être un peu plus intéressant (en plus eil est plus long). Allez savoir pourquoi, je l'ai terminé avant même d'avoir clos celui-là xD (moi et la logique, ça fait deux). 'Y a peut-être un truc qui me chiffone, mais normalement il ne devrait pas tarder, vous l'aurez très vite.

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Si un jour, tu es encore dans le pétrin, je viendrai te sauver... M. Le Pleurnichard.

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Meuh
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MessagePosté le: Sam 02 Aoû 2008, 12:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup ta fic!
Elle est bien écrite et les caractères des persos sont bien respectés.
J'adore Asuma en prof de philo fan de Platon xD

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Mei-Sazuai
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MessagePosté le: Mer 13 Aoû 2008, 11:43 am    Sujet du message: Répondre en citant

Elle est trop bien ta fic ! j'adore trop
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Tantei-chan
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MessagePosté le: Ven 22 Aoû 2008, 1:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre V – Tensions en tout genre

Vendredi, enfin, enfin, enfin, enfin, enfin...

Le week-end. Comme il aimait ce mot. Ou plutôt, comme il aimait tout ce que le ce mot lui promettait... A savoir des matinées à paresser dans son lit douillet, peut-être un peu à regarder la télévision, à déjeuner tard, à bouquiner, mais surtout, surtout, à humer le parfum sucré de la sève des pins des bois dans lesquels il habitait, contempler les nuages, étendu dans son hamac, à l'écart de l'agitation de la civilisation, à l'écart de l'ambiance stressante du bahut, à l'écart de ce satané prof de maths de mes deux... bref séances de glandage total.

Bien sûr, il y avait un hic à tout cela. La fille aux quatre couettes, cette Sabakuno, n'était pas revenue en cours de la semaine. C'était limite s'il avait guetté son arrivée au lycée, tous les matins à attendre le plus tard possible dans le froid, pour lui dire deux mots. Ce week-end, il devrait se charger d'apporter son foutu sac et ses foutus devoirs à cette foutue nana dans un foutu village où il n'avait jamais foutu les pieds et qu'il n'était pas foutu de trouver !

Bon, il était dix-huit heures à peu près. Que foutait sa chère génitrice ? Est-ce qu’elle avait vraiment envie de voir sa chère progéniture (en l’occurrence lui) ?

- SHIKAMARU !

C’est sa façon de me dire bonjour après une semaine sans m’avoir vu, je suppose…

Sa mère, s'il devait la présenter en quelques mots : Yoshino Nara, une femme, et c’était déjà tout dire. Professeur de kendô, très dangereuse, ne surtout pas la mettre hors d’elle, sous peine de gueulante.

Yoshino Nara arrêta sa voiture d’un coup sec juste devant son fils et sans le quitter des yeux, elle lâcha : « Monte » entre ses dents serrées. Il déglutit péniblement et s'exécuta en essayant de prendre un air décontracté et je-m'-en-foutiste. Mais ce genre de tentative ne prenait pas avec sa mère.

Sitôt qu'il claqua la portière, elle démarra en trombe et il ne put retenir un cri de mauvaise humeur :

- Eh ! Doucement, t’es pas toute seule ! Tu te rappelles, il y a ton fils à côté de toi ?

- Il se mordit les lèvres. Trop tard.

- TU CHANGES DE TON IMMEDIATEMENT OU CA VA MAL ALLER POUR TOI, MON PETIT ! rugit-elle en l'incendiant de son regard perçant. Je ne suis pas ton père, ne sois pas insolent avec moi ! Sais-tu pourquoi je vois rouge ?!

Non, pardi. A tout hasard… à cause de moi ?

- A cause de toi ! Est-ce que je ne t’avais pas ordonné avant de partir de faire la vaisselle, de repasser le linge posé sur la machine à laver, d’étendre les draps, de faire ton lit, de passer l’aspirateur, de faire la poussière dans ta chambre, et de ranger la maison ?!

- C’est tout, maman ? ironisa Shikamaru.

- Ce n’est que la moitié de la liste des choses à faire que j’ai dressée à la maison, claqua Yoshino avec un mauvais rictus. Il est temps que tu te secoues les puces, je ne suis pas votre boniche, à ton père et à toi !

Ô Galère.

Adieu, matinées à paresser dans son lit douillet, adieu la télévision, adieu les petits déjeuners à midi, adieu les bouquins, mais surtout, surtout, adieu le parfum sucré de la sève des pins des bois dans lesquels il habitait, adieu les nuages, adieu le hamac... bref, adieu, séances de glandage total.

Bonjour l'agitation survoltée de sa mère, bonjour l'ambiance stressante des corvées ménagères, bonjour la satanée éponge, le satané fer à repasser, les satanées cordes à linge et les satanées pinces à linge, le satané aspirateur, la satanée époussette, le satané balai et la satanée serpillère de mes deux !






Enfoui dans son oreiller moelleux, Shikamaru se prélassait dans ses draps avec un sourire niais et bienheureux. Oui, son lit était le meilleur endroit au monde pour... eh bien, dormir.

En ce samedi matin, le lycéen avait enfin la paix. Il était de retour chez lui.

Il était bien trop confortablement installé, plongé dans la douce pénombre de sa chambre, pour bouger le petit doigt et ainsi aller éteindre son réveil qu'il avait oublié de couper la veille. Mais maintenant que la sonnerie stridente l'extirpait peu à peu des limbes du sommeil, lui déchirant les tympans, il se rappelait n'avoir jamais activer l'engin maudit, offert par sa mère.

Le garçon souleva à peine une paupière. Les chiffres en cristaux liquides lui indiquèrent sept heures. Comment cet objet du diable pouvait-il sonner à sept heures du matin sans qu'il l'ait jamais enclenché ?

La réponse se manifesta sous la forme d'un grincement de porte accompagné d'une voix sourde de rage contenue, qui semblait sortir tout droit de ses cauchemars les plus redoutés.

- Shikamaru...

- ...

- SHIKAMARU !

Une silhouette s'était rapprochée de son lit avec la discrétion d'un félin particulièrement dangereux. Un poing s'abattit lourdement sur sa table de chevet, ou plutôt sur le réveil en marche, qui cessa aussitôt d'émettre un son aigu.

- JE T'AVAIS PROGRAMME LE REVEIL A UNE HEURE RAISONNABLE POUR DORMIR !

- M'maaan... Il est sept heures...

- C'est bien assez pour un fainéant comme toi qui passe son temps à roupiller en cours !

- Mais M'man, c'est le week-end...

- Oui, et tu as une foule de choses à faire, je te rappelle !

Et tout à coup, la liste des tâches ménagères que sa mère lui avait confiée il y a une semaine lui revint en tête.

- Mmh..., maugréa l'adolescent. Epargne-moi au moins la vaisselle, s't'eu plait...

- Tout dépendra du coeur que tu mettras à faire le reste ! Répliqua sa mère, implacable.

- Merci de cet excès de générosité..., ricana son fils.

Elle s'apprêtait à quitter la chambre, au grand soulagement de Shikamaru.

- Dans cinq minutes, tu es dans la salle de bain.

- J'arrive..., marmotta-t-il en feignant de repousser les draps pour se lever.

Trente secondes plus tard, le flemmard n'avait toujours fait aucun mouvement. Sa mère revint dans la pièce, avec un silence qui ne présageait rien de bon. Elle avisa soudain les stores et ses yeux se mirent à briller d'une lueur sadique. Ni une, ni deux, elle tira sur la ficelle d'un coup sec et la lumière éclatante pénétra brusquement dans la chambre, ce qui arracha un cri à son occupant qui se cacha immédiatement les yeux dans ses paumes, hurlant comme si on lui eût jeté un acide très concentré au visage.

- GYAAAAAAAH !!!!!

- Maintenant, tu te lèves, espèce de larve !

Encore aveuglé du rayon, Shikamaru se leva, tenant ses paupières obstinément fermées et détala en direction de la salle de bain, qui par chance juxtaposait sa chambre, parce qu'il n'aurait pas pu continuer à marcher les yeux clos longtemps.

Une fois dedans, il s'y enferma et prit le temps de réfléchir quelques minutes devant le miroir qui lui renvoyait son reflet, un jeune homme mince, en caleçon, aux anneaux d'argent accrochés à ces oreilles, aux cheveux d'un noir de jais défaits, aux yeux de la même couleur, aux sourcils fins, aux paupières lourdes. Il dormait encore, il ne pourrait jamais fournir le moindre effort sans au moins trois heures de sommeil en plus...

Avec l'intime conviction que cela allait lui prendre un millénaire de tout ranger, tout étendre, tout nettoyer, tout curer, tout faire briller, il lui fallait trouver un moyen de diviser au moins par deux ce temps infiniment long. Pour cela, il devait convaincre son père de partager les tâches.

Il se rua étonnament vivement hors de la salle de bain et se rendit dans la chambre qu'occupaient ses parents. Sa mère l'avait déjà quittée, bien sûr, mais son père ronflait encore dans son oreiller, plongé dans la pénombre.

- Hé ! Lève-toi, espèce de larve ! lui lança son fils avec une note d'ironie qu'il avait du mal à dissimuler.

Son père bougea faiblement dans ses draps. Ses yeux endormis s'entrouvrirent à peine pour apercevoir sa progéniture.

- C'est toi, Shikamaru ? bailla-t-il. Tu es bien matinal...

- Quel flemmard tu fais !

- Bah ! s'écria Shikato à voix presque normal tant son outrance était grande. Ca te va bien de dire ça !

L'homme qui avait les mêmes allures que son fils se redressa lentement en passant une main dans ses cheveux. Les deux compères se ressemblaient vraiment, aussi bien physiquement que mentalement. Sans aucun doute, c'était de lui que le descendant Nara avait hérité sa fainéantise et sa tranquilité.

Le père regarda machinalement son réveil, semblable à celui de Shikamaru, pendant quelques secondes, avant de sortir de sa torpeur.

- Shikamaru ! Il n'est que sept heures cinq ! gronda-t-il d'une voix sévère.

- Je sais bien, soupira le jeune homme, toujours à la porte. Tu demanderas tes explications à maman, parce que moi non plus, vois-tu, ça ne m'arrange pas de me lever quatre heures plus tôt le samedi matin et...

- Non, c'est très bien comme ça, en fait, se ravisa Shikaku, parlant plus fort que Shikamaru (et celui-ci savait que ce brutal changement d'attitude n'avait rien à voir avec la place de la lune dans le ciel).

- Papaaaa, tu vas quand même pas prendre le parti de maman ?!

Pour toute réponse, son géniteur se leva, se gratta le torse en s'avançant vers lui et lui abattit une main sur l'épaule.

- L'avenir appartient à celui qui se lève tôt ! déclara-t-il avec le sourire qu'il réservait quand il sortait ses grandes phrases.

- Qu'il dorme seulement, c'est moins fatigant ! répliqua le descendant Nara.

Il y eut un silence, seulement perturbé par les claquements de portes de la mère du garçon.

- Bon, que me vaut ta visite de si bonne heure ? questionna son père, plus amusé du tout.

- C'est pas une visite mais un appel à l'aide. Maman m'a déjà overbooké pour tout le week-end, et aujourd'hui je dois aller voir une fille pour...

- Une fille ? répéta son interlocuteur, soudain très intéressé. Tu as rencontré un élément féminin ?

- Oui, et c'est l'élément féminin le plus galère que j'ai jamais rencontré pour le moment, soupira Shikamaru.

- « Galère » dans le sens qu'elle t'empêche de te concentrer ? De dormir ?

- Oh, pour ça, il n'y a que maman qui puisse m'empêcher de dormir, mais...

Le lycéen doté de 200 points de QI ne soupçonnait même pas l'idée que son père se faisait déjà de la relation entre son fils et cette mystérieuse fille dont il venait tout juse de lui parler.

- ...en tout cas, elle est galère dans le plus mauvais sens du terme. Je dois aller jusqu'à Pétaouchnok pour aller lui apporter son sac et ses devoirs depuis qu'elle s'est cassée en plein cours de maths !

- Ah, je vois, marmonna Shikaku, un peu déçu. Ce n'est pas une fille à laquelle tu t'intéresses.

- J'ai jamais dit qu'elle m'intéressait. Où tu vas pêcher ça ?

- Je ne sais pas, l'insctinct paternel, je crois...

- ...

Un peu hébété, le jeune Nara se reprit vite.

- Donc, tu pourrais m'aider à tout nettoyer afin que je puisse aller voir cette f... cette nana galère ?

- Mmmmh hmmm, je vais voir je vais voir...

- Donc c'est oui ! Je te remercierai jamais assez !

- Déjà, si tu me remerciais ne serait-ce qu'une seule fois...

Mais son fils avait déjà quitté la chambre.

- Ah, celui-là...


Le reste de la matinée releva de la torture. Les deux compères subirent moultes souffrances, l'un à entasser des petits tas de poussière au ras du sol, à l'aspirer ensuite avec le bruit assourdissant de l'engin – il songeait déjà vaguement à offrir un aspirateur silencieux à sa mère pour son anniversaire, mais il doutait qu'elle apprécierait cette délicate intention – et à se débattre avec les couvertures de son lit, l'autre à étendre les lourds draps, à repasser les piles de linge dans le panier et à faire la vaisselle qui s'empilait dans l'évier. Tout ça sous l'oeil attentif de la maîtresse de maison qui veillait à ce qu'aucun ne chôme et savait se faire comprendre d'un regard aigu.

Une fois le travail fini, vers dix heures, Yoshino partit faire des courses, tout en conisgnant à ses esclaves de mettre la table pour son retour. Les pauvres hommes au martyr profitèrent de son absence pour souffler.

- Pourquoi... tu as épousé... maman, déjà ? demanda Shikamaru, lessivé, en se laissant tomber dans le canapé quand la porte claqua.

- Je... eh bien, pour sa voix mélodieuse, c'est... évident, non ? répondit son père d'un ton distrait, en se laissant choir dans le fauteuil.

Ils étaient à bout de souffle et de force, mais alors Shikaku, avachi sur son siège, se mit à rire, entraînant son fils dans un fou-rire plus nerveux que naturel, mais qu'importait, ils riaient à gorge déployée, sans retenue, et Shikamaru avait l'impression de ne pas avoir ri comme cela depuis des siècles...


Dans l'après-midi qui s'annonçait frisquet – Shikamaru préférait utiliser cet adjectif pour ne pas employer « glacial » -, avec quelques brises qui, il l'espérait, lui rafraîchiraient les idées plutôt que de le geler sur place, le descendant Nara décréta qu'il allait partir dans l'immédiat chez la Sabakuno. Il expliqua à sa mère que son professeur principal avait eu le flair de lui confier les affaires et la transmission des devoirs à lui, Shikamaru Nara, fainéant de première, et que comme il ignorait à peu près totalement où cette adorable fille pouvait crécher, si on exceptait l'adresse peu explicite qu'il avait en sa possession, il vaudrait mieux pour lui qu'il se mette à la recherche de cet endroit avant qu'il ne fasse bientôt trop froid dehors pour sortir sans attraper une grippe carabinée. Yoshino, qui était à présent de meilleure humeur, parut absolument enchantée que son fils se dévoue pour rendre service à une camarade, qui plus était une jeune fille. Le garçon n'insista pas sur le fait qu'il ne s'était pas proposé pour cette corvée, et qu'il ne se serait jamais proposé s'il avait eu le loisir de choisir. Mais d'ailleurs, il n'était pas nécessaire de donner davantage de détails sur ce point-là, sa mère avait enfin cessé de crier...

Ses parents ne pouvaient malheureusement pas l'emmener, car son père avait un rendez-vous important et sa mère devait rendre visite à une amie. Il devait donc se résigner à y aller à pied.

Avant de quitter le foyer chaud, Shikamaru enroula une épaisse écharpe autour de son cou et protégea ses mains de gants. Puis il enfila un manteau un peu boudiné par-dessus ses pulls superposés et jeta un coup d'oeil dans le reflet d'une vitre : il ressemblait plus à un bonhomme de neige qu'autre chose, mais qu'importait, il ne voulait pas sentir de différence entre la température de la maison et celle de l'extérieur. Enfin, il prit le sac de la jeune fille, le papier sur lequel était griffoné l'adresse et les devoirs à faire et sortit.

L'air était si vivifiant qu'il lui coupa le souffle. La température avait drôlement chuté depuis la veille. Le ciel était une panse d'âne au-dessus de sa tête, les allées verdoyantes autour de lui étaient couvertes de gel. Par chance, il ne neigeait pas encore, mais les prévisions météorologiques disaient que ça allait bientôt tomber... C'était pourquoi il fallait qu'il en termine vite avec cette histoire, afin de pouvoir regagner son lit bien douillet le plus vite possible.

Quelques pas dans la terre gelée plus tard, lorsqu'il eût quitté les bois et pénétré dans le coeur de son petit village, il déplia le papier de l'adresse pour voir enfin ce qui y était inscrit. Il nota qu'Orochimaru écrivait affreusement mal.

Sabakuno
16 allée des prunes
Suna


Suna ? Bon, ça n'était pas trop, trop loin. Mais c'était pas la porte à côté non plus. Il savait qu'au moins trois kilomètres séparaient ce village du sien. Et après, il fallait bien sûr qu'il remue ciel et terre pour trouver l'allée des prunes ! Ce qui n'allait pas être du gâteau avec toute cette brume qui lui bouchait la vue...





Assise gauchement sur un banc planté au bord d'une route sur le trottoir de laquelle passaient à intervalles réguliers de jeunes personnes faisant leur jogging, la jeune fille brune regardait ses pointes de pieds. La morsure du froid ne la dérangeait pas, pour dire vrai ; elle ne sentait rien, bien que sa peau soit glacée et que de petits nuages de vapeurs s'élevaient de sa bouche au rythme de sa respiration. Elle n'était pas très couverte et réprimait un frisson quand un souffle d'air glacé lui caressait la nuque.

Un peu de compagnie n'aurait pas été de refus en ce début d'après-midi où le soleil semblait étouffer derrière les lourds nuages qui planaient bas. Les espaces vastes, déserts de Konoha ne faisaient que nourrir son sentiment de solitude. Elle se plaisait à imaginer quelqu'un à ses côtés, n'importe qui. Ce pouvait même être Gaara – mais tout de suite, elle chassa cette idée car les silences prolongés du garçon la mettaient mal à l'aise. Non, elle aurait préféré quelqu'un comme Tenten, Sakura ou Naruto qui savaient si bien faire la conversation. Leur bonne humeur l'égayait, la faisait sourire, oublier ses soucis ; et puis, elle, elle savait écouter.

Ses pensées voguaient à présent vers les informations que leur avait transmis Anko Mitarashi dans la semaine. Tout d'abord, elle avait pris, presque sur un coup de tête, la décision de s'incrire au Club Photo. Quelque chose l'avait poussé à le faire. Ces temps-ci, il était devenu vital qu'elle se trouve quelque chose à elle, une passion. Bon, elle n'était pas amoureuse de la photographie, mais cela pouvait être une expérience enrichissante, que savait-elle ? De toute façon, il fallait qu'elle trouve à s'occuper, à se changer les idées, autrement que par ses visites au lac, qui devenaient perturbées par la présence invisible de Gaara.

Et puis, il y avait le bal... Cette perspective la ravissait d'une part, et la paniquait d'une autre. C'était à la fois une bonne et une mauvaise chose. N'était-ce pas comme dans un conte de fée ? Un de ces rêves de petite fille que de valser sur une musique légère aux bras d'un beau jeune homme ? Mais qui voudrait d'elle comme cavalière ? Avec sa maladresse, sa timidité, son manque d'expérience, comment pouvait-elle espérer qu'un garçon vienne lui demander de l'accompagner ? Tous les garçons de sa conaissance la fuyaient, les autres l'ignoraient, et toutes les filles lui mettaient des bâtons dans les roues dès qu'une occasion se présentait. Il était clair que pour elle, une soirée dansante sans prince charmant équivaudrait à l'acharnement du sort. Et cela lui resterait probablement longtemps en travers de la gorge.

Se forçant à ne plus se tourmenter avec cette histoire de bal, la descendante Hyûga repoussa derrière son oreille une mèche de cheveux, que le vent vint aussitôt déloger. Son regard se leva machinalement droit devant elle, se promenant dans le brouillard épais, tandis qu'un passant s'approchait avec son chien à ses côtés de l'endroit où elle était assise. Elle fixait toujours devant elle, les yeux dans le vague, l'horizon d'un blanc opaque, quand le museau humide de l'animal, qui était arrivé jusqu'ici en trottinant, lui chatouilla la cheville.

Sortant de sa rêverie en sentant le contact du minuscule museau qui la flairait curieusement, son regard s'abaissa vers le chiot au poil blanc comme neige, légèrement ébouriffé sur l'échine. Prise d'un accès de tendresse pour cet adorable petite bête qui émit un couinement quand elle le caressa du bout des doigts, la jeune fille brune n'entendit pas son maître s'approcher et ne se rendit compte de sa présence que lorsque ses pieds s'arrêtèrent à côté du chien.

- Tsk tsk, Akamaru, je t'ai déjà dit de ne pas draguer les filles, surtout quand elles sont jolies !

Aussitôt pétrifiée, Hinata retira prestement sa main, comme si la fourrure de velours de l'animal était soudain devenue brûlante, et leva une tête aux joues rosies par le froid, ou l'embarras, vers son propriétaire.

Ce visage marqué d'un triangle inversé rouge sur chaque joue, ces yeux aux pupilles perçantes, brillant d'une lueur espiègle, ce sourire charmeur toujours accroché aux lèvres, ces cheveux délibérément en bataille, ne lui étaient pas inconnus. La descendante Hyûga aurait juré avoir déjà vu Naruto en compagnie de ce garçon au lycée. Elle croyait savoir que ces deux-là étaient des acolytes inséparables et troubles-fête à toute heure, mais n'aurait pas pu le certifier, n'observant le duo que de loin. Pourtant, le nom de ce garçon avait déjà été prononcé dans la bouche de son cousin, lors d'un dîner... Il lui semblait qu'il était dans la classe de Neji, et elle avait son nom sur le bout de la langue.

Quoiqu'il en fût, le jeune homme ne lui donnait pas une impression d'agressiveté ni de méchanceté. Son sourire confiant inspirait même la sympathie, ou l'irritation, au choix. Mais pour Hinata, on ne pouvait pas être méchant et accompagné d'un petit chien inoffensif et attendrissant. De toute façon, Naruto, l'innocent Naruto ne fréquenterait jamais quelqu'un de désagréable.

- Haha... Je plaisantais, balbutia le lycéen d'un air gêné en voyant que la jeune fille le dévisageait. Mais comme tu es plutôt mignonne, je n'ai pas pu m'empêcher de sortir ça, désolé...

- Euh... Kiba... Inuzuka ? risqua-t-elle d'une petite voix.

- Exact, confirma l'intéressé en retrouvant son assurance. Et toi, tu es le bouc-émissaire du bahut, si je ne m'abuse ? Celle que tout le monde embête ?

- Oui... Non, je veux dire..., souffla Hinata sans pouvoir masquer sa déception. Mon nom est...

- ...Hinata Hyûga, je sais, acheva Kiba en hochant la tête. Nos réputations nous précèdent, on dirait.

Bon, il n'était pas méchant, certes, mais il ne faisait pas non plus preuve de beaucoup de tact à son égard, songea la descendante Hyûga. Au moins, il avait le mérite d'être honnête...

- Tu connais déjà Akamaru, je crois, poursuivit le jeune homme en désignant son animal de compagnie.

- Oui... Il est mignon...

- C'est l'heure de sa promenade, alors même quand il fait -12°C dehors, il faut y aller... Les chiens n'attendent pas !

- Tu n'as... pas froid, comme.. ça ? demanda la lycéenne brune en constatant que son interlocuteur était encore moins chaudement vêtu qu'elle.

- Je ne crains pas le froid, assura l'Inuzuka. Dis-moi, qu'est-ce que tu fais toute seule ici ?

- Euh...

La question la prenait au dépourvu. Elle avait juste eu envie de prendre une bouffée d'air glacé, mais elle se serait senti un peu idiote de donner cette réponse. Le problème était qu'elle paraissait encore plus idiote à se donner l'air de chercher ce qu'elle venait fabriquer ici. Kiba haussa un sourcil et Hinata de sentir ses joues en feu, contrastant avec la température de l'air. Mais avant qu'elle n'ait pu prononcer un mot pour sauver ce qui lui restait de réputation, des pas précipités s'étaient rapprochés d'eux, accompagnés d'un grand cri.

- Kibaaa !

D'un même mouvement, l'interpellé et la jeune fille toujours assise sur le banc tournèrent la tête en direction de la voix, cherchant sa provenance. En face d'eux accourait une personne de leur âge, ses longs cheveux d'ébène rattachés à leur extremité flottant derrière elle, et tous deux la reconnurent au fur et à mesure que ses contours se précisaient dans la brume. Et à la grande horreur d'Hinata, il s'agissait de Kin Tsuchin.

Cette dernière s'arrêta devant eux, essoufflée par sa course, et quand elle aperçut la fille qu'elle avait malmenée à l'aide de son amie squelettique, ses yeux sombres se teintèrent de mépris et de cruauté. Ses sourcils s'arquèrent légèrement quand elle se rendit compte que cela n'avait aucun, ou presque pas d'effet sur la descendante Hyûga qui soutenait ce regard hautain, déterminée à ne pas paraître soumise et faible devant Kiba. La nouvelle arrivante s'adressa à ce dernier avec un dédain non dissimulé dans la voix :

- Tu as de drôles de fréquentations, Kiba ! éructa-t-elle.

Hinata, en détournant une seconde les yeux, avait remarqué l'expression agacée de ce dernier lorsqu'il avait reconnu la descendante Tsuchin. Visiblement, l'intervention de celle-ci ne l'enchantait pas plus qu'à elle-même. Même Akamaru s'était mis à grogner sourdement. Néanmoins, Kin semblait décidée à lui demander une faveur et quelque chose lui disait que le jeune Inuzuka n'aurait pas le courage de refuser.

- Je viens à peine de la rencontrer, mais je trouve aussi que c'est une drôle de personne, répondit-il avec un magnifique sourire envers la Hyûga, et il était évident que dans sa bouche, une « drôle de personne » sonnait plus comme un compliment que comme une insulte.

Kin avait dû percevoir cette nuance, car elle parut un peu contrariée, mais elle ne se démonta pas pour autant.

- Ne reste pas trop avec elle, tout de même, tu pourrais finir par devenir aussi chelou qu'elle ! caqueta-t-elle.

- Tu m'expliques en quoi elle est chelou ? questionna Kiba en fronçant un peu les sourcils.

- Il n'y a rien à expliquer, tout le monde le sait ! répliqua la jeune Tsuchin d'un air profondément étonné.

- Ce ne serait pas par pure méchanceté, plutôt ? repartit le descendant Inuzuka du tac-au-tac.

Son interlocutrice, piquée par la remarque, voulut se défendre, mais ne trouvait apparemment pas les mots, car elle ouvrait et fermait la bouche comme un poisson manquant d'air. Hinata avait à nouveau détourné la tête vers le maître d'Akamaru, désarçonnée par son obstination à la considérer comme une personne tout à fait normale, une drôle de personne même, et éprouva à son égard une bouffée de gratitude, et un peu de cette tendresse qui l'avait poussée à flatter la tête du chien, comme si Kiba était une brave bête cherchant à la défendre contre les malfaiteurs.

- Bon, reprit le garçon aux triangles rouges après que son interlocutrice se soit remise de l'humiliation qu'il venait de lui faire subir, qu'est-ce que tu voulais me demander, Kin ?

- Je voulais te demander de m'accompagner au bal de Noël, tiens ! s'écria cette dernière d'un ton farouche.

Il y eut un silence durant lequel le descendant Inuzuka n'eut aucune réaction. Puis, il finit par le briser lui-même :

- Quoi d'autre ? demanda-t-il sur le ton de la conversation.

- Quoi d'autre ? répéta la jeune fille, hébétée. Mais je prends ça comment ? Pour un oui ?

- Euh, non, prends-le plutôt comme un non, dans le cas inverse ce serait embêtant pour moi, expliqua Kiba sur le même ton négligeant.

- Mais enfin, pourquoi ?! insista la descendante Tsuchin, l'air à la fois suppliant et irrité. Je sais que tu es libre, tu n'as encore demandé à personne et personne ne te l'a encore demandé, je suis la première, alors...

- C'est malheureusement impossible, interrompit le lycéen d'un ton résolu.

- Et pourquoi !? se borna-t-elle à demander.

Le jeune Inuzuka s'accroupit alors à hauteur de la descendante Hyûga, restée muette pendant tout l'échange et, à sa grande surprise, il lui prit la main et la regarda un instant avec des yeux de braise.

- Parce que, vois-tu, je viens de demander à cette ravissante jeune fille si elle me ferait l'honneur d'être ma cavalière au bal, déclara-t-il d'une voix solennelle.

Pendant un bref instant, Kin parut mortifiée par ce qu'elle venait d'entendre. Elle cligna plusieurs fois des yeux, la mine déconfite. Elle aurait eu la même tête si on lui avait jeté un grand seau d'eau glacée à la figure.

Hinata ne put s'empêcher de piquer un fard face à ce qui semblait de la totale improvisation. Et en même temps, elle sentit monter en elle comme une sourde envie d'éclater de rire : la tête que son ancienne tortionnaire faisait était impayable.

Celle-ci se ressaisit tant bien que mal. La jeune Hyûga n'aurait pas été étonnée de la voir succomber.

- Elle ? Tu as demandé à elle ? articula-t-elle en pointant celle-ci du doigt, sans cacher sa stupéfaction.

- Tu vois quelqu'un d'autre d'éblouissant dans les parages ? interrogea Kiba d'un ton un peu cassant en faisant mine de lancer des regards alentour.

- D'éblouissant ? répéta la Tsuchin, atterrée.

- Tu as raison, le mot est trop faible, admit son interlocuteur avec un nouveau regard charmeur pour la brune qui ne savait plus où se mettre.

- Tu plaisantes ?

- Absolument pas, répondit-il. Ma décision est prise, je regrette.

- Moi aussi, tu le crois bien !

Et, avec un dernier regard haineux lancé à la descendante Hyûga et un autre profondément navré pour celui qu'elle espérait concquérir, elle tourna les talons, repartant furieusement d'où elle venait.

Kiba s'était redressé avec un sourire satisfait, l'air très content de lui.

- Pas fâché d'en être enfin débarrassé, soupira-t-il.

- Tu... la connais ?

- C'est ma voisine. Elle s'imagine que comme sa maison est à côté de la mienne, elle a le droit de me demander tout ce qu'elle veut, je ne sais pas pourquoi. Une fois, elle a voulu aller promener Akamaru, ajouta le garçon comme si c'était la plus grande bêtise qu'il eût jamais entendue.

- M... merci... Tu m'as rendue un grand service, articula Hinata, qui choisit de ne pas aller plus loin dans les détails en ce qui concernait sa mésaventure. Après tout, Kiba n'avait pas besoin de savoir.

- Je voyais bien comment elle te regardait, ricana l'Inuzuka. Je ne l'ai jamais vraiment beaucoup aimée.

Pendant quelques secondes, plus aucun des deux ne parla. Hinata se remémorait la conversation qui s'était déroulée sous ses yeux. « Parce que, vois-tu, je viens de demander à cette ravissante jeune fille si elle me ferait l'honneur d'être ma cavalière au bal » Et Kiba avait assuré qu'il ne plaisantait pas et qu'il ne reviendrait pas sur sa décision. Etait-il vraiment sérieux, ou était-ce un simple prétexte pour éloigner Kin ? La jeune fille brûlait d'envie de le savoir, mais elle ne lui demanderait certainement pas, car si cet infime espoir s'effondrait, non seulement elle se sentirait affreusement gênée vis-à-vis du jeune homme, mais en plus elle ne pourrait empêcher la déception de l'envahir. Elle préférait encore demeurer dans le doute.

Ce fut le descendant Inuzuka qui rompit le silence.

- Et... est-ce que par hasard... mon invitation tient toujours ?

La jeune Hyûga releva brusquement la tête, sentant son coeur battre la chamade. Pour la première fois, le garçon avait l'air réellement embarassé. Il passa une main dans ses cheveux déjà en bataille pour reprendre contenance.

- Sauf si, bien sûr, tu as déjà un cavalier... Mais comme tu es vraiment charmante, je me verrai peut-être dans l'obligation d'insister... enfin, peut-être pas autant que Kin, tu risquerais de mal le prendre et...

- C'est non ! s'écria Hinata d'une voix plus aigue.

- Ah ? Bon, tant pis, je vais...

- Je veux dire, non, je n'ai pas de cavalier ! rectifia frénétiquement la lycéenne. J'accepte ta proposition... avec plaisir !

- Vraiment ? Génial !

Ils échangèrent un sourire et un regard pétillant.

- Tu es vraiment plus jolie quand tu souris, dit-il.

La lycéenne aux cheveux bruns était tellement ravie qu'elle en oublia de rougir.

- Que dirais-tu de m'accompagner dans ma promenade ? suggéra Kiba. On devrait marcher, ça nous réchauffera, plutôt que de rester là à geler... et on fera mieux connaissance !

- Oui... Oui, oui ! approuva la Hyûga en se levant enfin, le temps que son coeur rattrape son corps.

- On y va, Akamaru !

Hinata rayonnait de joie. Si elle avait pu deviné, en rencontrant le jeune Inuzuka, qu'il remballerait Kin en prenant sa défense tout en l'invitant galamment à la soirée dansante, sans faillir en compliments et en politesse ! Grâce à lui, elle tenait enfin sa vengeance, la situation s'était renversée, la roue avait tourné. Non seulement elle avait une victoire sur l'une des filles qui la martyrisait, mais en plus elle ne serait désormais pas seule pour le bal de Noël ! D'une pierre deux coups ! Quel euphorie ! Quel soulagement ! Que la vie était belle !





Shikamaru piétinait depuis exactement deux heures, le sac, bien qu'il ne fût pas bien lourd, lui sciant l'épaule, tournant en rond, n'ayant pas la moindre idée de par où il devait passer.

Il avait lentement parcouru les trois kilomètres pour se retrouver dans ce village paumé dont il ne connaissait personne, aucun lieu, rien. Il n'y avait personne pour lui indiquer son chemin, tout le monde semblait s'être enfermé chez soi. Pour ne rien arranger, il ne sortait pas vraiment de chez lui, alors son sens de l'orientation était assez médiocre. Il avait seulement entendu dire qu'il faisait toujours un peu plus chaud à Suna, et c'était le moins que l'on puisse dire, avec à peine -8°C à Suna tandis qu'il faisait -10°C dans son village ! Ca, c'était de la différence !

Ca le dépassait un peu tout de même que la chaleur soit, disait-on, caniculaire en été et aussi froide en hiver ici. Peut-être ce village où tout n'était que sable et poussière était comme les déserts, torrides le jour, glaciaux la nuit. Mais il ne faisait pas encore nuit, il était question de saison, son raisonnement ne valait rien du tout, et puis il était fatigué de s'embêter dans sa recherche à un point qu'il en venait à émettre des hypothèses ridicules sur le climat de ce patelain ! Puisque c'était comme ça, il rentrait chez lui !

Non. Non, il ne pouvait pas décemment rentrer chez lui, même s'il en mourrait d'envie, pas après avoir tant bataillé pour touver un créneau, et de toute façon sa mère serait bien capable de le renvoyer d'où il venait si elle comprenait qu'il n'avait pas accompli sa tâche. Finalement, les problèmes de l'école et de la famille se rejoignaient, c'était désespérant.

Allée des prunes... Allée des prunes... Ca lui tapait le système... Allée des prunes... Ou était-ce, bon sang ?!

Le descendant Nara avait beau zyeuter de tous les côtés, l'allée des pruneaux ou des bananes, peu importait, n'existait pas. Exaspéré, il consulta pour la énième fois le bout de papier tout chiffoné à force d'être froissé et relut l'adresse. 16, allée des prunes.

Il releva la tête, en poussant un long soupir, le centième, quand dans son champ de vision se profila un petit panneau avec l'inscription « Allée des dunes » gravée dessus. Il haussa un sourcil, relut le papier, eut peur de comprendre.

16, allée des prunes.
16, allée des dunes.

L'allée des prunes n'avait jamais existé, pas plus que l'allée des bananes. C'était ce foutu « d » qui ressemblait à un « pr », bref toute cette perte de temps pour un prof qui écrivait mal ! Mais ça ne l'aurait pas étonné qu'il l'ait fait exprès !

D'un pas vif, Shikamaru prit donc l'allée des dunes et chercha le numéro 16. A son grand soulagement, il y avait bien un numéro 16, mais il s'arrêta un instant pour contempler l'habitat.

Une maison plutôt petite, à l'aspect piteux. Quelques tuiles avaient glissé du toit et jonchaient le sol ; un volet pendant sur ses gonds, depuis une éternité semblait-il ; le minuscule jardin, qui était en fait les espaces de verdure que traversait une allée aux dalles couvertes de terre, était envahi de mauvaises herbes et de champignons, et un mur était couvert de lierre. De toute évidence, personne ne s'occupait plus de l'entretien des lieux depuis belle lurette. S'il ne savait pas que quelqu'un résidait dedans, il aurait cru que la demeure était abandonnée.

Plus ou moins rassuré en s'imaginant dans quel état devait être l'intérieur, le flemmard s'avança sur l'allée aux dalles branlantes sous ses pieds puis gravit les marches du perron jusqu'à la porte. Par chance, il n'y avait pas de sonnette : le garçon aurait eu trop peur de la voir lui sauter à la figure au moindre contact, tant le reste de la maison lui inspirait le désoeuvrement. Il toqua donc trois modestes coups à la porte qui semblait tenir encore assez solidement sur ses gonds, car elle ne s'effondra pas sous la pression de son poing.

Personne ne vint lui ouvrir immédiatement et comme il s'en était douté, Sabakuno n'attendait pas de visite particulière. Shikamaru décida de patienter encore un peu, mais il était déjà à bout de patience lui-même et, alors qu'il s'apprêtait à frapper une deuxième fois, la porte s'entrouvrit, très doucement, sans le moindre grincement, sur un garçon aux cheveux d'un rouge foncé, peut-être un peu plus jeune que lui.

Le poing toujours en l'air, le visiteur baissa tout de suite ce dernier. Le jeune homme qui venait de lui ouvrir était partiellement dissimulé derrière la porte, comme s'il hésitait à ouvrir plus grand. Au prime abord, le jeune Nara prit cela pour de la timidité, mais en croisant les yeux clairs et cerclés d'un épais trait noir qui le sondait, exprimant, plus que de la cruauté, de la solitude, il sut que cela se rapprochait plus de la méfiance qu'autre chose. Comme ils se fixaient tous deux sans ciller et sans prononcer une parole, Shikamaru jugea qu'il devait parler le premier.

- Bonjour, dit-il sans conviction. Je suis bien chez les Sabakuno ?

- ...

Je viens rendre son sac à une fille qui s'appelle comme ça ici... Il y a bien une fille qui habite là, hein ? demanda-t-il d'un ton incertain.

- ...

- Hum, très bien, marmonna-t-il, troublé par le silence du rouquin qu'il hésitait à interpréter par du dédain. Tu es muet ou sourd ?

- Ni l'un, ni l'autre, répondit enfin le jeune homme d'un ton calme et lassé.

Sur ce, la porte se referma aussi silencieusement qu'elle s'était entre-baîllée. Le garçon aux cheveux d'ananas allait protester, quand il entendit, derrière la cloison de bois, cette même voix traînante, plutôt grave pour l'âge de son propriétaire, s'élever lentement :

- Nee-chan, t'as de la visite...

Shikamaru se pressa de coller son oreille contre la porte pour mieux percevoir les paroles du rouquin qui était visiblement le frère de celle pour qui il avait fait tout ce déplacement. Ce fut justement cette dernière qui lui répondit, sur le même ton irrité avec lequel elle avait fait remarqué au professeur de mathématiques qu'il avait oubliée de l'appeler, ce qui lui avait valu un aller simple pour le tableau.

- Quoi ? Et pourquoi tu as refermé alors ?!

- Il fait froid dehors, ça faisait un courant d'air.

- Quel crétin tu fais, Gaara !

- Je serai toi, j'irai ouvrir, il a l'air très pressé...

- « Il » ? Mais c'est qui, à la fin ?

- J'en sais fichtrement rien, mais il te demande.

Des pas se rapprochèrent alors et le visiteur enleva son oreille de la porte au moment-même où celle-ci s'ouvrit en grand, beaucoup plus vivement que celui qui l'avait ouverte auparavant.

Pour la première fois depuis que le jeune Nara l'avait rencontré, il ne la regarda pas de dos, à la volée, mais dans les yeux. Enfin, ils étaient face à face.

La ressemblance avec les yeux de sa propre mère le frappa aussitôt. Les mêmes iris d'un noir foncé, les mêmes cils ourlés, les mêmes sourcils froncés, le même regard menaçant, voir agressif. Tout ce qu'il dégageait n'était que dureté, dédain, et insensibilité, c'est-à-dire l'imperméabilité aux émotions. Shikamaru fut un moment pris de l'intuition naturelle de baisser les yeux pour ne plus avoir à soutenir les siens qui lui rappelaient trop ceux de sa génitrice. Mais se souvenant tout de même qu'il était un homme et qu'il ne s'agissait pas de Yoshino Nara, il resta aussi stoïque que possible.

La jeune fille blonde qui venait de lui ouvrir était vêtue de chaussettes, d'une jupe et d'un gros pull de laine bleu foncé dont le col roulé épais et large lui arrivait jusqu'au menton. On pouvait penser qu'elle venait de l'enfiler en raison du vent se faufilant dans la maison, car des filets de cheveux blond sauvage y étaient coincés et les mèches piquant son front étaient en désordre.

La lycéenne du nom de Sabakuno se tenait là, sur le pas de la porte, les sourcils légèrement arqués, les lèvres à peine entrouvertes, sans dire un mot, comme si elle jaugeait du regard celui qu'elle avait en face d'elle. Ses quatre couettes touffues semblaient s'être affaissées quand l'identité du visiteur s'était imposée à elle : quelqu'un qu'elle ne connaissait pas – même si cette tête d'ananas lui disait vaguement quelque chose – et qui par conséquent lui voulait probablement des ennuis, puisqu'à son avis il n'était pas là pour lui proposer d'aller au bal dont lui avait vaguement parlé Gaara.

Après qu'ils se fussent mutuellement dévisagés, la descendante Sabakuno marmonna d'un ton déconcerté :

- ...Oui ?

Le jeune homme n'aimait pas vraiment la voix distante qu'elle avait empruntée car elle avait tout l'air de se moquer de l'éventuelle perdition de son sac et encore plus des cours à rattraper suite à sa petite escapade, un peu trop téméraire à son goût.

- C'est ton sac, non ? interrogea-t-il en levant l'objet devant son nez, bien qu'il connût déjà la réponse.

La lycéenne blonde contempla quelques secondes l'objet, comme si elle prenait le temps de le reconnaître. Puis elle l'attrapa et le mit sur son épaule.

- Oui, c'est à moi, répondit-elle simplement.

- Je me doutais bien, dit son interlocuteur comme s'il pensait à voix haute. Euh, attends !..., lança-t-il précipitamment quand il vit que la porte se refermait à nouveau sans ménagement sur lui.

La jeune Sabakuno arrêta son geste et concéda à rouvrir un tout petit peu. Maintenant, elle avait l'air réellement impatientée et pressée de mettre fin à l'entretien. Le descendant Nara n'apprécia guère cette attitude, bien qu'il fût tout aussi pressé de prendre congé de cette hôte désagréable, vu comment elle avait l'air fine celle-là... à prendre avec des pincettes.

- Quoi ? demanda-t-elle sur un ton qui frisait l'impolitesse.

- Désolé de t'importuner, ricana Shikamaru sans qu'il ait pu s'en empêcher. 'Y a aussi pas mal de devoirs à rattraper, et Orochimaru n'y est pas allé de main morte... J'imagine que les exercices de maths ne sont pas vraiment ta tasse de thé, mais pour avoir le sentiment que j'aurai pas fait ce trajet pour rien, je vais te les donner quand même, que ça te plaise ou non.

- Orochimaru peut aller se faire voir, éructa-t-elle en plissant les yeux.

- Oui oui, mais je ne suis PAS Orochimaru, coupa le garçon d'un air négligeant en sortant la feuille sur laquelle était inscrit tous les exercices, lassé de cet enfantillage, donc tu lui diras par toi-même si tu es suicidaire, mais pour l'instant je te demande juste de prendre ça.

Il tendit le papier à son interlocutrice qui lui arracha littéralement des mains en le froissant tellement qu'il était évident qu'il allait finir à la corbeille, d'une manière ou d'une autre.

- Trop aimable, lâcha le descendant Nara, qui au fond se moquait bien des conséquences que cela pouvait avoir sur le caractère d'Orochimaru.

- Autre chose à me transmettre ? questionna la lycéenne sans se préoccuper de la remarque qu'il venait de faire. Le ton qu'elle employait déplaisait à présent fortement à son interlocuteur.

- Rien d'autre, répliqua sèchement Shikamaru.

La blonde aux quatre couettes commençait donc à refermer la porte au nez du lycéen aux cheveux d'ananas sans parole d'adieu, sans plus d'explications.

- Hé ?

- Quoi encore ? s'écria-t-elle, l'air excédé.

- Que tu te fasses la malle en plein cours en oubliant ton sac et que tu te fasses ensuite passer pour malade en attendant bien tranquillement que quelqu'un te le ramène, je m'en contre-fous, mais compte pas sur moi pour me retaper les trois kilomètres, surtout si c'est pour exprimer autant de gratitude à mon égard, en considération de l'effort phénoménal que je viens d'accomplir.

Tandis que le Nara enchaînait cette longue phrase, la jeune fille avait haussé de plus en plus haut les sourcils, comme s'il ne manquait pas de culot. Bien sûr, elle ne pouvait pas totalement saisir en quoi l'effort d'avoir parcouru ce bout de chemin relevait presque de la motivation, mais il tenait quand même à ce que les choses soient bien claires.

- Pourquoi tu es venu, si ça te pose tant de problèmes ? Je ne t'ai pas forcé à venir...

- Non, mais Orochimaru m'y a obligé, figure-toi, rétorqua le garçon, espérant lui faire éprouver un peu de remords ou de culpabilité. Je l'aurais eu sur le dos toute l'année si j'avais refusé – mais de toute façon, je crois qu'il me porte autant dans son coeur que toi, c'est-à-dire qu'il m'adore.

- Oh, je suis navrée, assura machinalement la descendante Sabakuno. La prochaine fois, ne te donne pas la peine de venir me porter les devoirs.

- Ne t'en fais pas, je ne reviendrai pas. De toute façon, si tu reviens en cours, Orochimaru vérifiera si tu as fait les exos et quand il s'apercevra que ce n'est pas le cas, il ne me confiera plus cette tâche parce qu'il croira que je ne te les ai jamais remis, donc tout un tas d'emmerdes pour moi, donc autant ne plus revenir.

Il bailla ostensiblement, fatigué d'avoir tant parlé.

- Je ne te connais même pas, dit la lycéenne en secouant la tête d'un air déconcerté. Je peux savoir qui tu es au juste pour me parler comme ça ?

- Shikamaru Nara, et je suis dans ta classe, répondit ce dernier en tournant les talons et en descendant les marches du perron. Et je suis pas du genre à sortir de chez moi pour rien, si tu vois ce que je veux dire.

- Je vois très bien...

- Temari, cria derrière elle une voix différente de celle que le garçon aux cheveux d'ananas avait déjà entendue, je sais pas qui c'est exactement mais tu veux pas le chasser ?! J'commence à avoir froid !

- C'est moi qui vous quitte, au contraire, ricana l'intrus en regardant par-dessus son épaule. Je ne voudrais pas trop déranger.

- ...

Et sans un mot de plus, il quitta les lieux, sans se douter que les yeux de la dénommée Temari, devenus bleu océan par le jeu de la lumière, le suivèrent jusqu'à ce qu'il disparaisse de son pas traînant à un détour, dans la brume qui s'était un peu levée. Puis, la jeune Sabakuno claqua silencieusement la porte.






Je vous fais une fleur magnifique là, j'ai pas du tout terminé le chapitre 6 !
J'espère que je vais y arriver, avec la rentrée... J'espère que vous êtes patients !

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Si un jour, tu es encore dans le pétrin, je viendrai te sauver... M. Le Pleurnichard.

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