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. Prélude au chaos parfait

 
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la mite a front plat
Étudiant à l'académie


Inscrit le: 21 Jan 2008
Messages: 95
Localisation: en train de nauséer, bouaaar******k, vomissements gras, pardon?

MessagePosté le: Sam 18 Sep 2010, 3:48 am    Sujet du message: Prélude au chaos parfait Répondre en citant

« Malheureusement, l’évidentialisme est la conceptualisation de l’évidence même de l’être : il Est, il ne peut donc pas ne pas être » (SARTRE, L’Être et le néant, 1943). Par évidentialisme, il faut entendre : s’accorder sur le fait que deux fois deux font bien quatre et non pas cinq ou quarante deux. Au degré zéro de la réflexion, cela va de soi. Cela assoit d’ailleurs un certain nombre de certitudes et de croyances à partir desquelles se fondent les liens sociaux, s’élaborent les savoirs multiples, s’échangent les informations. En bref, l’évidentialisme n’est rien d’autre que la garantie du cycle éternel de la vie qui sera un jour transmuée en son contraire. Cependant, parce qu’il nait d’une convention tacite, l’évidentialisme peut être qualifié de fataliste. Comment peut-on cautionner de nos jours l’évidence des choses? Comment peut-on sombrer dans une léthargie spirituelle en se laissant engloutir par les acquiescements des brebis environnantes?

D’aucun disent qu’il existe une machine méphistophélique qui engendre ce genre de comportement, une machine présentée comme la pointe du progrès, destinée à créer l’élite de demain mais qui entraine sournoisement dans ses engrenages des générations de cerveaux humides et vibrants, tel le flan victorieux qui trône au milieu de sa coupelle, pour les réduire au servage le plus abject : celui de la pensée unique. Vous l’aurez sans doute deviné, la prépa est ce mal franco-français qui glorifie l’évidentialisme jusqu’à son plus haut degré d’exaspération et de douleur.

Il est du devoir de chacun de dénoncer ce cancer sociétal qui frustre tous ceux qui n’ont d’autre soucis que de proclamer, en termes délirants la liberté totale, le droit à l’irrationnel. Il est grand temps de s’élever contre tous ceux qui voudraient nous faire abandonner certaines idées sous prétexte que la logique les condamne comme fausses. « Mon Dieu, (…) que m'importent les lois de la nature et de l'arithmétique, lorsque, pour une raison quelconque, ces lois et ce " deux fois deux font quatre" me déplaisent? » (DOSTOÏEVSKI, Mémoires écrits dans un souterrain, 1864). Peu importent les racontars des pleutres médusés, il faut proclamer ce « non » qui est un joli mot, à la condition d’être le premier à le dire.


Insipide et pourtant tristement célèbre est voie du chiffre. Elle trace dans nos encéphales malléables les sillons du dogme véritable qui, tels les socs de la charruent qui violent la Terre en la retournant toujours plus profondément, considèrent nos têtes pensantes comme un bordel où ne règne que stupre, lucre et soumission aveugle. Voie de l’évidence, de la foi aveugle, des chantres bêlant du prêt-à-penser, s’il n’y a qu’une seule chose à retenir de la prépa c’est qu’elle est le terreau le plus fertile qui soit pour faire germer les mauvaises herbes, les subversifs, les hors la loi de la pensée évidentialiste. Mieux, son aura sinistre suffit à repousser les êtres les plus innocents qui soient et qui en contrepartie développent des facultés inimaginables.

Considérons par exemple les mollusques, ou les lamantins, très proches l’un de l’autre par leur façon de construire des schémas conceptuels lumineux et qui se sont engouffrés, au sortir du lycée dans le grand folklore universitaire. Ces êtres vivants sont connus pour être dotés d’un intellect capable des abstractions les plus poussées telles que la composition symphonique pour cornemuse et guimbarde ou la logique pure (GANTOINE et Al., Anthologie du Tout et de son contraire – Etude de cas d’un mollusque bachelier, 2008). Ils sont l’exemple typique des pionniers de la pensée constructive par négativisme absolu. Au prix de longues heures d’étude avancée sur les terres arides et désertiques du renoncement à l’aveuglement grégaire, ils ont transcendé le concept même de vérité et d’exactitude pour faire surgir du néant une réalité bien plus riche, fertile, active et accéder ainsi au panthéon des esprits libertaires. Ils sont semblables à ceux qui ont erré sans but, à tous ceux qui ont recherché le savoir sensoriel brut de façon déraisonnée car tel est le chemin de celui qui s’applique à devenir voyant. En pleine déréliction, loin des chemins battus ils n’hésitent pas à clamer haut et fort leur improbable liberté de croyance numérique, à taguer au fromage blanc leurs désirs les plus intimes sur les murs vierges centenaires des lieux les plus pieux ou à fendre d’un seul coup d’un seul une mer de nuages par la seule puissance de leur pensée. La légende voudrait que leurs esprits bouillonnants aient inspiré ceux de Thor, Odin et des autres locataires du Walhalla. Pourquoi ? Nous l’ignorons. Abordons le sujet sous un autre angle.

« Cette poche à gnole est toujours fidèle à elle-même » (DUGLANDU, Intégrale des Dialogues et sentences de PMU, 1973). Lorsqu’il transcrit ce verbe subtil, DUGLANDU ne se doute probablement pas qu’il cautionne lui aussi la perpétuation du cycle infini de l’évidentialisme, la routine angoissante du deux et deux font quatre. Il annihile le simple fait que l’être évolue, qu’il passe d’un état à un autre et que le « quatre » d’un jour puisse évoluer en « cinq » un autre jour. Les mollusques et autres lamantins ont outrepassé ces chaines invisibles pour construire leur être qui n’est plus même fidèles à soi-même, si ce n’est au soi-même qui est déjà dépassé au temps même où il est prononcé, remplacé par un nouveau soi-même qui a évolué de façon infinitésimale.


Triste époque où seuls les mollusques et les lamantins peuvent se déclarer sans vergogne aucune comme les véritable savants de la surface de la terre, comme ceux qui peuvent proclamer, sans sourciller, ni même parcourir l’univers à des vitesses vertigineuses, que deux fois deux puisse aussi bien valoir quatre que cinq. Ne craignant point ces discontinuités aux conséquences apocalyptiques ils errent allègrement dans leurs rêves dorés en se félicitant de n’avoir pas usé leurs années les plus précieuses dans ces classes où la lobotomie est règle d’or et où de mollusque et lamantins qu’ils étaient, ils auraient régressé à l’état le plus bas du règne animal, celui de taupe endolorie.

« The fish is mute. Expressionless. The fish doesn't think, because the fish knows Everything. » (E KUSTURIKA, Arizona Dream, 1992). Un parallèle assez évident peut être fait avec le mollusque et son comparse aquatique, le bien nommé lamantin. En s’étant sevré du système élitiste préparatoire et par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » (A. RAMBO, Lettre du voyant, 1871), ces derniers ont acquis le savoir absolu et accédé honorablement au titre d’Élu.


En ces temps marqués par les regards de biais, finalement, par les non-dits absurdes, les obscénités publiques léchouillantes, par les hypocrisies éhontées, les fausses culeries sans vergogne et les simulacres de réactions démesurées afin de combler un vide consistantiel, l’individu lambda se contente de se fondre dans la masse, dans le bain, Ô Marie, de suivre son instinct grégaire ancestral, de faire le jeu des décideurs de la pensée commune. Seule une véritable pensée individuelle peut sortir de la torpeur générale cette génération toute entière de bienfaits uniques parce que tu es l'Unique, parce qu’on nous a donné l'Unique, et ce Temps qui s'est arrêté au bord de la seule invention de l'homme : la douleur.

_________________
"Tu vas te manger un coup de poing dans ta sale tronche de merde, tu vas rien comprendre à ta sale vie de merde" (JSP)


"et sa truffe raclait le sol, dessinant un pentagone régulier de manière admirable" (Yun)
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