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Mikazuki
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Inscrit le: 17 Oct 2007
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MessagePosté le: Ven 09 Jan 2009, 5:23 pm    Sujet du message: Perdu ! Répondre en citant

Bonjour à tous,

Il n'y a que Saharienne qui la connaît. L'autre jour - formule classique - j'ai commencé la rédaction d'une nouvelle... Je l'ai enfin finie, et elle est longue. Aussi, permettez-moi de prendre deux posts pour la poster - ah ah ! - parce que sur un seul et unique message, cela vous découragerait par avance.
J'espère que vous apprécierez, ce serait une énorme récompense pour moi. Bonne lecture. Smile

Perdu !


Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis descendu dans la rue. Que fais-je ici, alors que tombent soir et mercure ? Suis-je en promenade ? Ce serait fort étonnant. Je rentre du travail ? Possible. Pour une raison qui m’échappe, mon esprit est embrumé… Mais les faits sont là : je suis dehors, et sur le dernier panneau que j’ai croisé était inscrit : rue du bâtonnier.

Nous sommes au mois de janvier, le 6 plus précisément. Ce matin, la radio avait annoncé une grande fraîcheur sur le Nord de la France. Les météorologues ne se sont pas trompés : en ce moment même, il gèle à pierre fendre.

Je marche, droit devant moi, ayant pour seule destination ma maison. J’ai hâte de m’installer sur le divan, au chaud, devant la télévision – il paraît qu’il y a un bon film ce soir.

Je la cherche, dans cet amas d’habitations aux formes plus ou moins variées. Cette rue est parsemée d’arbres dépouillés de toute feuille. Les platanes, les marronniers ont échangé leur parure verte habituelle contre un manteau blanc. En effet, la neige est tombée en abondance hier, et parfois, l’épaisseur de la couche déposée au sol est impressionnante.
Les balcons, ornant quelques façades d’immeubles, portent encore les traces de cet épisode neigeux. Quelques rebords de fenêtres sont également gelés. Au sol, il faut prendre garde aux plaques de verglas… Pour marcher, je m’accroche aux barrières enclavées dans le trottoir…

Quoi de plus normal, un écran indiquait -9°…

A présent, je suis me trouve rue de l’Abbaye. Et je demeure interdit : que fais-je par ici ? Ce n’est pas du tout la route que je devrais emprunter pour rentrer. Engourdi par le froid, je m’arrête un instant et frotte mes mains l’une sur l’autre. Quelle erreur d’avoir laissé mes gants au bureau !

Je contemple un instant la rue. Elle est encore pleine de monde. Les voitures circulent, quoique lentement, sur une route scintillante. Des gens marchent, comme moi. Il y a des collégiens. Des hommes qui descendent du bus. Des enfants qui décrivent inlassablement leur joie d’avoir fait un bonhomme de neige à leur mère, dans le parc de la Hotoie. La lune, quant à elle, est haute dans le ciel. C’est un beau décor. Je me demande quelle heure il est. Ma montre me donne une réponse : dix-huit heures.
Je reprends ma marche pendant un certain temps. Trois quarts d’heures, peut-être. Je tourne à l’angle. Mes mains sont de plus en plus douloureuses… Et soudainement, faute d’attention, je marche un peu trop rapidement sur une plaque de glace que je n’avais pas remarquée. Mes jambes se dérobent, je suis contraint de lâcher la barre sur laquelle je m’agrippais. Moins d’une seconde plus tard, je me retrouve face contre terre. Ainsi je peux me rendre compte, à mes dépens, de la fraîcheur du sol enneigé contre mes joues.

Des passants se retournent. J’en vois deux qui s’approchent de moi et qui me demandent si je ne me suis pas fait de mal. Cependant, ils n’attendent pas de réponse et poursuivent leur chemin. Curieusement, leur expression affiche une sorte de mépris à mon égard. Je ne savais pas qu’un homme qui glisse était si ridicule dans l’esprit des gens.
Je me relève, assez péniblement.

**


C’est alors qu’une question commune me vient à l’esprit. Où suis-je ?

Ce décor m’est parfaitement inconnu. Je n’ai pas le souvenir d’avoir croisé, de toutes mes promenades dans Amiens, ces maisons en brique, ces jardins blanchis d’où émergent des sapins. Je m’arrête un instant, obsédé par l’idée de connaître ma position exacte. J’avais tourné à gauche au coin de la rue Dargent : je devrais donc être rue Chauvelin ? A moins que ce ne soit la rue Rembault, ici ?

Ah ! Ma mémoire me joue décidément des tours : cette défaillance intellectuelle est un véritable handicap, et je me demande ce que j’ai fait pour en arriver là ! J’en viens même à m’agenouiller par terre, plongeant ma tête entre mes mains gercées. Je tente de me rappeler ce que j’ai fait depuis trois quarts d’heure : mais cela me semble si difficile !

Tout à coup, un événement particulier me tire de ma torpeur. Les lampadaires, si brillants auparavant, ne s’allument plus que par intermittence. Cet incident est probablement dû à la consommation des particuliers qui mettent en marche tous leurs chauffages électriques, cela n’aurait rien de surprenant.

Je me retrouve donc périodiquement dans le noir, dans l’obscurité la plus complète. Il y a une maison avec un numéro 15 derrière moi, c’est tout ce que je sais. Une maison chauffée. C’est un rêve, au vu de la situation dans laquelle je me trouve. De toute façon, elle ne peut pas être mienne, je sais que je vis 136, route de Rouen. J’espère que des rares personnes qui empruntent les trottoirs à cette heure-ci, il n’y a personne qui me connaît.

Là où je me trouve, c’est le silence, à peine perturbé par les aboiements réguliers d’un chien à quelques pâtés de maisons d’ici.

J’ai faim, j’ai soif et j’ai froid. Mon apparence est vraiment misérable.
Perdu ! Oui, c’est cela : je me suis tout simplement perdu. J’aimerais tant savoir où je me trouve : mais ces maisons aux portes et volets fermés que ne traverse aucune source de lumière ne m’indiquent pas la présence d’une âme quelconque !

Je m’assieds par terre, la tête entre mes bras. J’entends encore cet animal stupide… Tais-toi, Médor. Tais-toi. A vrai dire, la seule forme de vie encore présente, c’est lui. Mais il ne me sera d’aucune aide.

Le temps s’écoule petit à petit. Le froid devient plus vif que jamais. C’est maintenant que je repense aux sans domicile fixe qui sont confrontés chaque jour à une situation semblable. Comment peut-on survivre des années dans ces conditions ? Et moi, qu’adviendra-t-il de moi ? Serai-je encore en vie demain matin ? Je ne suis guère habitué à ces basses températures. J’essaie de dormir : sans succès.

Tiens… J’entends du bruit, tout à coup. Des rires, des paroles – le plus souvent, des grossièretés. Oui ! C’est cela, il y a des personnes qui s’approchent de moi. Je me relève donc, espérant quelque aide de ces sauveurs dont je ne connais même pas le visage. Juste une adresse. Je veux savoir où je me trouve. Rien que ça. Je n’en veux pas à votre argent. Non. Je vous jure que c’est vrai. S’il vous plaît, mess…

Des skinheads.

Je ne sais plus où me mettre ! J’ai toujours craint ces racailles en foulard, crâne rasé, chez qui décoration est synonyme de ferraillerie ignoble. Un véritable cliché. Pour l’instant, ils sont encore sur le trottoir en face. Mais que faire s’ils s’approchent de moi ? Non ; c’est moi qui vais aller à eux.

Je veux surmonter ma gêne. Je me glisse entre deux voitures, et ma voix s’élève, pleine d’espoir : « Messieurs ! »

Le groupe de cinq s’arrête et me regarde avec mépris. « Qu’est-ce que tu veux ? – Laisse-le, tu n’as pas vu qui c’est, c’est un clodo… - Ne perds pas ton temps avec ça, Jean-Louis…
- Messieurs ! S’il vous plaît, s’il vous plaît ! Je veux juste savoir où je me trouve !
- Tout ce qu’on peut faire, c’est te donner une corde et un tabouret, si tu veux. Ou te faire essayer ceci » dit le plus grand d’entre eux en pointant un instrument de métal. J’ai cru que c’était un couteau. Alors qu’ils s’éloignent sous des rires méchants, je reste debout au milieu de la route, éberlué. Je crois que mes chances de survie viennent de s’envoler.

Résigné à passer la nuit dehors, je retourne à ma place initiale. Sur le perron de la maison du 15 – à moins que cela ne soit le 13 ou le 17 – à garder le maximum de chaleur pour moi. J’ai toujours eu la peau sèche… De ce fait, j’ai l’impression que ma main saigne.

C’est étrange. Le chien, si bruyant quelques minutes auparavant, s’est tu. A la place, j’entends quelques rires. Selon toute vraisemblance, ce sont mes skinheads. Imbéciles.

Le silence. Un lampadaire qui se rallume faiblement. Un autre qui s’éteint. Le vent. Puis un bruit de bouteille qu’on pose par terre. J’entrouvre un œil vers la source de ce bruit : c’est alors qu’un véritable mendiant s’approche de moi. Il est mal rasé et fatigué, ça se sent. J’ai pourtant l’impression d’avoir en face de moi un frère.

« Tu es nouveau dans le coin, toi, constate-t-il en s’asseyant. C’est moi qui suis là, normalement.
- Je me suis perdu dans Amiens. J’ai faim et j’ai froid.
- C’est la vie, que veux-tu, reprend l’autre. Mais tu es jeune, toi. Quand je te regarde, je ne te donne pas plus de quarante ans. Ce n’est pas comme moi, j’en ai cinquante-six. On ne fera plus jamais rien de moi. Et pourtant ! Je n’ai pas l’impression de mériter cette situation. »

Un silence suit ses dires, durant lequel on entend le murmure du vent.

« Je suis rentré chez G… en temps que stagiaire alors que j’avais vingt-trois ans. Plus tard, on m’a embauché, en tant que salarié à part entière. C’était la belle vie, dit-il d’un ton nostalgique. Je me suis marié, j’ai eu deux filles. Mais voilà… J’avais beau être sérieux, faire des heures sup’ dès que c’était nécessaire, l’entreprise a fini par fermer.
- Il y a combien de temps ?
- Quatre ans, répond-il. Je me suis retrouvé au chômage… Ma femme a divorcé… Sans argent, impossible que je paie le loyer… Et me voilà, misérable que je suis, à conserver cette couverture pour tout bien. Je ne connais plus le confort désormais. Ma seule source de plaisir, c’est ça… »

Il désigna sa bouteille. « Pas bavard, hein ? constate-t-il. T’en veux ? »
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Mikazuki
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MessagePosté le: Ven 09 Jan 2009, 5:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je décline l’offre. Ainsi, cela fait quatre ans qu’il est passé de la vie d’appartement à celle du pavé. J’ai peut-être une chance de survivre à ce froid, donc ? C’est malheureux ce que j’ai devant moi, mais je ne tiens définitivement pas à faire partie de ce peuple de la rue. Et puis cette odeur… Cette odeur… Oh, je me souviens maintenant… C’est pour ça que ces gens me regardaient de travers tout à l’heure. J’ai bu, en sortant du travail. C’est pour cette raison que je n’arrivais même pas à retrouver mon chemin. Pauvre de moi ! Pauvre de moi !

Une nouvelle fois, je me contracte de tout mon corps. Tout ce qui peut atténuer ce terrible sentiment de glace est le bienvenu. Je ferme les yeux. Non ! Je ne veux pas croire à ça ! Je me sens indigne. Je voudrais que tout ceci ne soit qu’un rêve ! Un cauchemar ! Je veux mon lit et ma maison chauffée !

Gloup. Le quinquagénaire boit dans un grand bruit. A présent, il s’essuie la bouche. Pareil spectacle me dégoûte. Je ne peux pas rester plus longtemps, et veux découvrir mon emplacement exact. Mais je suis incapable de mettre en mouvement mes membres engourdis ! Ah ! Je suis perdu, je suis perdu ! Je veux rentrer chez moi !

Je veux découvrir par moi-même la vérité. Même si les lampadaires s’éteignent, je pense que la lumière de la lune sera suffisante pour lire les noms de rues inscrits sur les plaques murales bleues.

Si… Je veux découvrir…

Découvrir…



Je ne sais quelle est cette impression…

Mais je crois que je parviens tout compte fait à m’endormir.



**


Une rafale de vent fouette mes joues et me tire de mon sommeil. En conséquence, je relève mes paupières, ce qui me procure l’occasion de constater que malheureusement, je me trouve au même endroit où j’ai rencontré Morphée. Mais je suis heureux, c’était lui et non Thanatos qui s’était caché dans la nuit.

Décidément, rien n’a changé. Profitant d’un instant de conscience, je tâte mon manteau, et je… mon portefeuille ne s’y trouve plus. Instinctivement, je regarde autour de moi dans l’espoir d’y trouver un hypothétique voleur ; et je me rends compte que le clochard de quelques heures auparavant ne s’y trouve plus. Ah, le sagouin ! Ce ne peut-être que lui ! Ah, le fourbe ! Il aura profité de mon inattention pour trouver de quoi s’enivrer de nouveau ! J’avais encore quelques billets sur moi. Il les aura tous bus, hélas ! Décidément, plus personne n’est honnête dans ce monde, pas même le dernier des mendiants, ainsi l’humanité est parvenue à une période de décadence, j’en suis convaincu maintenant !

Fou de rage, je regarde furtivement la rue. C’est toujours la même situation. Le silence, presque pesant, qui règne. Les lampadaires qui se confondent encore avec des guirlandes électriques.

Les volets des maisons sont tous fermés, toutes les lumières sont éteintes. C’est comme si ces citadins n’étaient pas rentrés chez eux non plus. J’aimerais tant voir au moins une personne, savoir que je ne suis pas seul.

Mais très vite, je sais que je ne devrais pas rester là. Je risque de finir mendiant pour de vrai. Si le patron savait où un de ses employés se trouvait, il me renverrait dans les soixante minutes qui suivraient. J’ai honte de moi, je suis vraiment nul. Ah ! C’est un vœu, et si une entité supérieure me regarde en ce moment, si un quelconque Dieu m’écoute, qu’il soit assuré d’une chose, je ne toucherais jamais plus une bouteille d’alcool !

Quitter cette condition misérable commence premièrement par fuir ce perron. Locataires, pardonnez-moi, je ne vous importunerai plus longtemps. Voyez, je me relève, je vais marcher jusqu’à ce que le jour se lève.

Que diront les collègues s’ils se rendent compte – ils se rendront compte d’ailleurs – de mes mains ? Elles sont terriblement rouges et sèches : promis, dès que j’aurai le temps j’arrangerai ça.

Me voilà donc de nouveau debout. Je marche, presque mécaniquement. Mais si quelque gendarme m’invitait à décliner mon identité, je ne pourrais même pas la prouver. Je suis « quelqu’un » : pas plus. Officiellement, je n’existe plus. Le traître de tout à l’heure, qui s’est emparé de mes papiers, n’a d’ailleurs pas répondu à mes interrogations, je ne sais connais toujours pas ma position exacte. Enfin, je vais avoir une réponse : me voici à l’angle. Mais si je distingue une plaque rectangulaire bleue caractéristique, il m’est impossible de lire ses indications. Ces maudits réverbères s’éteignent sans arrêt ! Ma lune, ma lune, que fais-tu, pourquoi te caches-tu ? Parce qu’il n’y a plus de lune non plus… En relevant ma tête au ciel, je ne vois plus qu’un nuage sombre qui a avalé l’astre et les étoiles.

Si, je suis seul. Il n’y a décidément plus personne ici : même pas une source lumineuse, même pas un chien qui aboie. Ce sentiment est horrible. Je pourrais tomber par terre, être la proie d’un malaise ou bien pire, personne ne s’en rendrait compte, personne ne viendrait à mon secours. Je suis seul et je suis perdu.

Pour ne plus penser à ça je marche encore et encore, au hasard. Ca tourne à gauche ? Tiens, je continue tout droit. Oh, et là, je fais demi-tour, oh et puis non, je prends à droite. L’instinct est mon seul guide dans la nu-it glaci-ale.

Je m’arrête périodiquement pour réchauffer mes mains et mes joues, scrutant l’horizon. Je claque des dents. La nuit la plus froide de l’année. Je ne vois toujours aucun panneau, je m’en remets à ma seule mémoire. Il n’y a personne. Ces arbres alignés m’indiquent que je me trouve au parc de la Hotoie. Je crois que c’est ça.

Je ne sais combien de temps s’écoule. J’erre par quinze degrés sous zéro dans des lieux qui me sont à la fois familiers et étrangers. Je veux partir d’ici… Partir… Mais je ne connais pas mon chemin… Je suis seul… Je suis perdu !

Mais soudain, j’atteins un endroit qui tranche nettement avec ce que j’ai parcouru jusqu’à maintenant. Cela ressemble à un square… Un square comme un autre, avec ses arbres et ses plates-bandes : mais celui-ci est entièrement recouvert de neige, de neige intacte.

Jusqu’ici, la poudreuse foulée et refoulée me donnait l’assurance que quelqu’un était passé par là. Mais cette fois, c’est différent. Je suis dans un square dont on dirait que son existence est inconnue de tous. Un espace sans vie. Tout à coup, je prends peur. Oui, de la peur ! J’ai l’impression que je suis quelque part, là où je ne dois pas être, là où je n’ai pas le droit d’être.

Je voudrais revenir en arrière et, fantastiquement, je ne le peux pas. J’emprunte toutes les directions qui s’offrent à moi, mais impossible de revenir en arrière ! Sortir ! Je veux sortir d’ici !

Que quelqu’un se montre ! Même les skinheads, même le clochard qui m'a volé ! J’ai l’impression d’être isolé de tous ! Je suis seul, et je suis perdu, complètement perdu !

Sans que j’en comprenne réellement la cause, mon esprit se prête alors à de multiples interrogations. Tout ceci est-il un rêve ? Cette neige sur laquelle personne n’a marché est-elle pure illusion ? Pourtant, je peux toucher ces éléments ; je prends des flocons dans ma main, mais je n’en sens pas la fraîcheur. Et pour cause, je suis déjà tellement gelé.

Je veux voir une rivière. Je veux voir l’eau couler par moi-même, je veux avoir l’assurance que la vie, même durement, continue son cours ! Affolé, j’aperçois au loin quelque fossé. Je m’agenouille au bord, et fais tomber ma main. Mais il n’y a plus rien, il y a juste de la glace ! Le cours d’eau aussi s’en est allé ! Je suis seul !

Une heure ! Juste une heure : je veux connaître l’heure ! Je veux une preuve que le temps ne s’arrête pas, que ce cauchemar – car ce que je vois est-il réel ? – prendra fin à un moment ou un autre !

Ma montre ! Elle est là, à mon bras : alors je la plaque instinctivement contre mon oreille mais mon cœur fait un bond car je n’entends plus rien – ah mais oui, celle-ci n’a pas de trotteuse ! Pourquoi n’a-t-elle pas de trotteuse ? Acheter une montre dépourvue de l’aiguille des secondes est une véritable erreur – que dis-je, une erreur ? Une connerie, oui ! Qu’à cela ne tienne, je vais donc lire l’heure mais je ne vois rien c'est une nuit d'encre il n’y a pas de lumière impossible de distinguer les deux autres aiguilles –

Que faire, bon sang, que faire ? Je ne vois rapidement plus qu’une seule solution : les toucher. Mais il y a le verre ! Qu’importe, je vais le casser. Une pierre, ah, voilà une pierre à mes pieds, et je commence à taper, taper sur le verre. Je perçois un bruit d’éclatement de celui-ci. Enfin ! Ce n’est qu’une montre après tout. La main tremblante, je l’approche donc du cadran…

Cesse de trembler bon sang…

Quelle heure est-il ? Quelle heure ? Je veux une preuve que le temps, la vie s’écoule…

Il est…



Elle s’est arrêtée…

Je me souviens de m’être senti très mal. Ainsi, j’étais perdu dans un lieu dont apparemment on ignorait l’existence, et d’où personne ne viendrait me chercher. La ville m’était devenue d’une terrible hostilité, sans preuve de vie, elle n’était plus qu’un vaste cimetière silencieux où le temps n’avait vraisemblablement plus cours. Je m’évanouis alors, tombai sur la neige, prêt à mourir seul, de faim, de peur et de froid.
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Dernière édition par Mikazuki le Ven 09 Jan 2009, 8:34 pm; édité 1 fois
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Saharienne
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Messages: 2189
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MessagePosté le: Ven 09 Jan 2009, 7:43 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Les insultes sont rigollotes hihi
Bon, t'as toujours ce ton un peu trop poli, je suis pour la sauvergarde de la langue mais là ça fait plus rire qu'autre chose dans un texte tout sauf comique non?
Pas eu le temps de répondre au second mp, jrépond ici ste dérange pas ? Hihi non je crois


Comme déjà dit j'aime nettement mieux cette nouvelle que tes autres textes. L'ambiance est là, l'histoire est intelligement pensée, l'idée elle "belle".
Elle manque peut être un peu de caractère...
Le côté "oppressant" de la perte, j'aurais aimé le sentir plus, genre lecture étouffante qui te perd tu vois ?
Peut être aussi ma faute d'aimer les émotions fortes...
En tout cas même si je trouve que tu n'oses pas assez, de fais pas assez transparaitre les émotions, c'était très agréable de voir la perte de ce personnage et se dessiner ce monde sans contours, sans heures.
J'ai passé une agréable lecture, j'espère que les textes suivant seront dans la même veines voir meilleurs encore :p
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Mikazuki
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Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Ven 09 Jan 2009, 9:04 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je te remercie ! Moi aussi j'ai bien aimé ce texte, quoique je le trouvais un peu moins bien écrit que les autres.
A noter que j'ai changé quelque chose vers la fin. En fait, je regrettais de ne pas avoir cité les skinheads et le clochard à nouveau, vers la fin, parce que mon personnage est dans un état de peur et de solitude si profond qu'il paraîtrait plutôt normal qu'il veuille voir même ses "ennemis"... En tout cas, à sa place, c'est comme ça que je le verrais.
Merci encore ! Smile
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