Index du Forum
ActualitésNaruto FAQ Rechercher Liste des Membres Groupes d'utilisateurs Arcade Chan IRC
Profil Se connecter pour vérifier ses messages privés Connexion Boîte à flood CarteCarte
S'enregistrer

. 2109
Aller à la page Précédente  1, 2
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet     Index du Forum - Littérature
Voir le sujet précédent - Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Mikazuki
Dramaturge des forums
Dramaturge des forums


Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Lun 06 Avr 2009, 9:10 am    Sujet du message: Répondre en citant

Dans ce tunnel dont on ne pouvait pas savoir s’il avait une fin, Yui crut également que les parois se rapprochaient au fur et à mesure qu’il avançait dans une portion donnée. Il fut alors soumis à toutes les peurs. Et s’il ne pouvait plus progresser ? Et s’il devait mourir là, lentement, coincé entre quatre murs sans que personne ne puisse venir le libérer ? La perception qu’il avait du monde qui l’entourait se faussait. La largeur, mais aussi sa hauteur par rapport au sol. Cela faisait au moins un quart d’heure qu’il était couché, quinze longues minutes pendant lesquelles il s’était senti descendre lentement. Se trouvait-il au premier étage, toujours au second ou à un autre niveau ? Le noir… Le noir devenait toujours plus oppressant.

Mais à un moment, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit qu’il était suivi. Un léger bruit, une sorte de cri avait rompu le silence. Et, à moins que cela ne fut qu’une illusion parmi tant d’autres, il lui semblait que sa source se trouvait derrière lui. A quelques mètres, sans doute… Qui était-ce ? Certainement pas un garde. Yui restait persuadé qu’aucun d’entre eux ne serait entré dans cette bouche d’aération. Et même si c’était le cas, on n’aurait pas attendu pour l’appeler et le convaincre de l’inutilité, de l’impossibilité de toute tentative de fuite… On aurait peut-être tout simplement tiré… Alors, qui était-ce ? Il voulut crier à son tour mais il se retint. Il fallait être le plus discret possible. La meilleure manière pour connaître l’identité de son poursuivant était sûrement l’immobilité. Oui, c’était ça… Il allait attendre.

Attendre que cette autre personne se rapproche pour communiquer plus aisément. Il perçut par ailleurs d’autres bruits. Il y avait quelqu’un qui rampait, comme lui. C’était certain maintenant. Etait-ce tout simplement son éphémère voisin de chambre ? Il espérait que cela en soit ainsi, et en même temps, suppliait pour que cela ne fut pas le cas. Bien entendu, il valait mieux ce garçon qu’un de ces dangereux gardiens, dont la rencontre aurait été synonyme de mort, mais d’un autre côté, ce même jeune homme pouvait entraîner l’échec de l’évasion. Yui l’avait dit, il préféré s’évader seul. C’était moins risqué… Il suffisait que lui seul soit repris, et toute la police aurait été en alerte rapidement, beaucoup trop rapidement, c’aurait été le début d’une chasse à l’homme.

Les bruits se faisaient, chaque fois, plus importants. Yui estima à trois mètres la distance qui le séparait de ce poursuivant dont il ignorait jusqu’au nom. Le corps toujours en sueur et immobile, il pensa que tous deux pouvaient désormais murmurer sans courir de risques.

« Bon, mon garçon, voici ce que nous allons faire… » commença-t-il, devinant l’identité de son interlocuteur.

Mais il n’enchaîna pas. Quelque chose n’était pas normal. Il entendait son poursuivant geindre et respirer de manière saccadée. Qu’est-ce que cela signifiait ? L’inquiétude était-elle si grande chez lui ?

En réalité, Yui laissait derrière lui, sur les parois comme sur ce semblant de plancher de la sueur. Beaucoup de sueur. Celle-ci, mêlée à l’oppressante obscurité et à l’étroitesse du conduit, réveillait de mauvais souvenirs, enfouis sous les décombres de la mémoire de MK17. A présent, ils remontaient, alors qu’il aurait préféré les oublier à jamais.

Tout ceci lui rappelait trop son passage dans la Boîte, deux semaines auparavant. De plus, il interprétait l’immobilité de Yui comme une arrivée au fond d’une voie sans issue, de laquelle il était impossible de faire demi-tour. Il confondait ce liquide avec le sang de ses plaies qu’il avait lui-même occasionnées en se cognant violemment contre les murs. Il ne manquait plus que la stridente sonnerie à partir de laquelle une force insoupçonnée s’était déchaînée, mais celle-ci était en partie reproduite avec le léger courant d’air qui circulait dans la galerie. Yui, évidemment, ignorait tout de ces mésaventures. « Hé, calme-toi donc, on va s’en sortir… » disait-il.

Mais il n’y avait rien à faire. De plus, Yui pressentait que son compagnon en arriverait bientôt aux cris, aux hurlements, lesquels trahiraient leur présence. D’ailleurs, MK17 commençait à émettre d’autres petits cris. Pour l’instant, leur intensité était encore comparable à des paroles issues d’une discussion normale, mais bientôt ce serait terrible.

Il ne savait pas en quoi MK17 allait se transformer.

Le peu qu’il connaissait de lui se résumait à un jeune homme calme et poli. Mais qu’avait-il derrière lui ? Allait-il s’agripper à ses chevilles, comme une planche de salut ? Ou allait-il les griffer, blesser autant qu’il le pouvait, comme si celles-ci étaient responsables de la douleur morale qui l’emplissait ? Cet adorable chaton allait-il devenir un dangereux tigre ? Yui le sentait gigoter, cogner les parois. La claustrophobie de MK17 ne tarderait pas à s’en prendre à lui.

Et d’un coup, un cri perçant déchira les tympans de Yui. Réagir, tout de suite, il fallait réagir ! On allait les repérer ! Et puis il n’avait pas le droit ! Après tout ce qu’il avait connu, après tout ce qu’il avait fait pour retrouver la liberté – sa liberté ! – il n’avait pas le droit ! Aussi, par sécurité personnelle mais aussi par haine, il contracta sa jambe droite, et la détendit brusquement afin d’envoyer son talon sur le visage du poursuivant, espérant retrouver le silence. Et voilà ! Il lui semblait avoir atteint le nez. Immédiatement, ses cris, ses plaintes, ses gigotements stoppèrent.

« On va y arriver, je te le promets. Mais de grâce, tais-toi ! »

Perturbé, Yui reprit sa pénible progression. Il suppliait pour que personne ne les ait entendus. Peu rassuré, il ordonnait régulièrement à son compagnon de conserver le silence, quoiqu’il ne savait pas très bien si ces recommandations étaient utiles. Ramper, ramper…

Mais à un moment, il s’anima d’un espoir fou. Celle-ci était très faible, mais de ses yeux tellement habitués à l’obscurité, il distingua une lueur au fond du couloir dans lequel ils se trouvaient. Il fit encore quelques tractions vers l’avant pour s’assurer du bien-fondé de ses hypothèses. Oui… C’était cela… Il y avait à quelques mètres d’eux un bureau éclairé. Combien de personnes s’y trouvaient-elles ? Mais Yui n’accorda pas beaucoup d’importance à ce paramètre. Lui et MK17 étaient si longtemps demeurées dans l’obscurité, il voulait maintenant tenter le tout pour le tout. Par chance, il distingua dans la pénombre une bifurcation du couloir.
Il s’en approcha et s’y engouffra. La manœuvre était certes difficile, mais il était désormais habitué à la réduction de l’espace. D’un geste, il passa sur le dos. A présent, ses pieds étaient passés devant son corps. Avant de s’approcher de la grille du bureau, il jeta un coup d’œil à celui qui se trouvait derrière lui depuis le début de l’évasion : il s’agissait comme prévu de son voisin de chambre. Ses cheveux bruns comme sa peau étaient poussiéreux, et sa lèvre supérieure était couverte de sang séché.

« Fais comme-moi » glissa à son intention Yui.

« Je crois que notre ami Vodkine devrait songer à un meilleur scellage des grilles des bouches d’aération… » avait-il dit tout à l’heure. Il espérait ne pas avoir parlé trop vite. La grille était juste devant ses pieds. Sachant qu’il n’avait pas droit à une seconde tentative, il fléchit les genoux. Aussi fort qu’il put, il donna un grand coup sur la planche de métal, laquelle tomba immédiatement sur le sol carrelé du bureau dans un grand bruit. La voie était à présent libre. Yui, soulagé, se dégagea au plus vite du conduit et chuta sur le sol.

Il prit alors connaissance de ce lieu inconnu, appréciant l’espace qui lui avait tant fait défaut précédemment. Il y avait là deux longues tables de travail, toutes deux occupées par des hommes à l’expression abasourdie. Très vite, ils voulurent empoigner le téléphone qui se trouvait dans un coin de la salle, appeler la garde. Qui était cet homme, et que faisait-il dans ce peignoir ? C’était un des patients, un patient en fuite ! Mais Yui ne tarda pas à les en empêcher. Il n’aimait pas devoir agir de cette manière, mais c’était le prix à payer pour espérer la liberté quelques minutes plus tard. De ses bras, de ses mains et de sa force, et à l’aide des objets comme du mobilier présents dans cette salle, il rendit les employés hors d’état de nuire. Assommés. Il espéra avoir agi dans une certaine forme de discrétion.

MK17 se laissa à son tour tomber dans le bureau chamboulé. « Il y a une fenêtre, constata-t-il. Yui s’en approcha.

- Nous sommes au premier étage. Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous blesser en chutant… Une chose, poursuivit-il. Il faudra que tu m’expliques ce qui t’est passé par la tête dans le conduit. Tu ne doutais pas que la discrétion était de mise !
- C’est une longue et pénible histoire... Hé, regarde… ajouta-t-il, fuyant le sujet de conversation. Une personne sort d’ici. S’agirait-il de Lao ? »

En effet, dehors, une personne à la démarche familière s’en allait rejoindre son véhicule, l’air fatigué. C’était une sorte de camionnette fonctionnant à l’hydrogène. De toute évidence, le psychiatre allait quitter les lieux. C’était peut-être la seule chance de fuite qui s’offrait à eux. S’ils restaient dans ce bureau, que feraient-ils ? Un membre du personnel pouvait tout à fait passer la porte, les découvrir et donner l’alerte.

Peut-être était-elle d’ailleurs déjà donnée… Il n’était pas impossible qu’un soldat fouille régulièrement les pièces de l’hôpital.

Le visage de cet homme baignait dans la lumière d’un réverbère. Aucun doute n’était possible, c’était Lao. MK17, en se retournant, comprit que Yui n’était pas déterminé à l’approcher. C’est pourquoi il poussa les rideaux et ouvrit la fenêtre. L’autre n’eut pas le temps de protester : MK17 venait de sauter. Yui, resté, le vit se relever et courir, alors que seuls quelques mètres séparaient Lao de la camionnette. Il ne semblait pas blessé. Après un court instant de réflexion, Yui se décida à enjamber le rebord à son tour.

Une fois debout, Yui courut, de manière à rattraper son compagnon de fuite. Lao continuait à marcher. Il était si près qu’il sortit les clés de la camionnette. C’est alors que MK17 surgit derrière lui et, au terme d’un violent effort, lui arracha le trousseau des mains. Le psychiatre resta muet de surprise.

« Que faites-vous ici ? Comment êtes-vous sortis ? risqua-t-il.
- Désolé, Lao. Mais vous allez nous laisser votre camionnette et rester le plus tranquille possible. Nous nous évadons, tout simplement. Merci pour vos bons soins, mais je ne vous regretterai pas ! Songez que mon camarade détient une arme chargée dans sa poche de peignoir, inventa MK17. Il saura en faire usage si vous troublez notre mécanique. »

Lao se laissait faire. A vrai dire, cette évasion ne le dérangeait pas. Il était même heureux, dans une certaine mesure, que ces deux jeunes hommes s’en prennent à lui et l’obligent à lui remettre les clés de son véhicule. Moins d’une heure auparavant, il venait d’apprendre que sa fille avait été incarcérée au redouté Centre Sang-Neuf… Elle avait, selon les dires du directeur, confessé un délit d’espionnage avec les Américains.

C’était largement suffisant pour lui faire valoir la peine capitale.

Evidemment, Lao était plongé dans une grande peine. Il s’était retenu de pleurer devant Jintao, pour faire bonne figure. Mais il ne se faisait plus d’illusions, à présent, sur la situation de son pays et sur les chances de survie de sa fille. D’ailleurs, Lao était persuadé que ces aveux avaient été obtenus par la force. Il y avait de ce fait matière à douter de leur véracité. Quand la tête d’un Etat est corrompu, son système judiciaire ne peut pas demeurer indemne, c’était un fait avéré et vérifié.

Son cœur appelait maintenant à la vengeance. Une vengeance qu’il ne pourrait certainement jamais accomplir de lui-même. Mais tout en regardant ses deux patients s’installer au volant de la camionnette, il pensait à deux choses. La première se résumait à une certaine honte vis-à-vis de lui-même. On avait sûrement fait avouer à sa fille des crimes qu’elle n’avait pas commis. Et que cherchait-il à faire de ce MK17 ? Que ferait-il de ce Yui ? Sa pensée était claire. Il était un criminel. Il était même convaincu qu’il ne valait pas mieux que les tortionnaires de la maison d’arrêt où sa progéniture s’était soit-disant confessé. Hélas ! Ne pouvait-il pas ouvrir les yeux avant ? Pourquoi avait-il du attendre que le malheur le touche pour se rendre compte de ses faits et gestes ?

Pourquoi n’avait-il déjà pas posé sa démission, coûte que coûte ? Tu es un faible, tu es un faible, son esprit répétait sans arrêt la même phrase. Tu es un faible. La camionnette démarra. Pardon, mon garçon, pensa-t-il en croisant une dernière fois le visage de MK17.

La deuxième chose à laquelle il pensait, c’était sa réflexion matinale, au cours de laquelle il avait éprouvé pour la première fois de la haine envers le régime, mêlé à un désir de révolte. Jeter une pierre dans un fleuve, oublier volontairement de ranger un document dans un dossier : il voulait concrétiser sa colère, de la manière la plus discrète fut-elle, pourvu que l’objectif soit atteint. En fait, il n’aurait plus à prendre un pavé ou retourner une journée encore dans son cabinet feuilleter les dossiers de ses patients.

Sa vengeance s’accomplissait là, sous ces yeux. La camionnette démarrait, à présent. Il avait laissé faire. Certes, c’était sous la pression qu’il avait remis les clés. Mais il n’avait pas éprouvé le devoir de résistance. Il n’avait pas eu l’intention de bloquer leur fuite. Il avait laissé faire. Il avait participé à l’évasion de deux fuyards. Il était satisfait. Il ne se plaindrait pas.

Le véhicule s’éloignait, à présent, dans le silence que permettait l’utilisation d’un tel moteur. Lao le regarda discrètement s’approcher des tours de guet à l’entrée de la cour. Il vit un des gardiens s’approcher, demandant vraisemblablement le passe de l’établissement. Sans prévenir, la voiture fit une embardée et força la barrière de métal.

Aussitôt, les mitraillettes firent entendre leur rugissement métallique. Puis plus rien. Si. Le mécontentement était perceptible dans les beuglements des hommes de guet. La camionnette s’en était allée. C’était fini. L’évasion était réussie.

Lao, debout dans la nuit noire, s’en retourna alors dans le hall de l’hôpital. Ah ! pensait-il à propos des deux détenus, puissiez-vous être de ceux qui feront tomber le régime, et instaurer une véritable politique d’égalité et de justice !

_____________________________________________________________

Voilà pour cette fois !
Dix pages Word tout de même, cela m'aurait dérangé d'avoir tout perdu !
Pour la suite, j'aviserai. Ca commence à devenir chaud avec mon emploi du temps.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Tsoing
Aspirant genin


Inscrit le: 08 Fév 2008
Messages: 204
Localisation: Entre le ciel et la mer

MessagePosté le: Ven 10 Avr 2009, 9:48 pm    Sujet du message: Répondre en citant

"Il n’y avait personne qui lui était semblable."
Très jolie cette idée soulevée. Enfin dans le sens où elle colle très bien aux questions du personnage et à un problème : comment s'intéresser à ceux qui ne vous ressemble pas, soit cette recherche de personnes semblables.

La psychologie de tes personnages est très intéressante. Particulièrement celle de Lao. Bravo pour celle-ci.
Moins peut-être pour MK17, il ne me semble pas suffisamment dérouté ... comment dire ... je le trouve trop conscient après tout ce qu'il a vécut. 'Fin bon pourquoi pas, berner les médecins et se faire passer pour un débile.

J'ai bien aimé. Smile
2-3 tournures bizarres et lourdes mais c'est tout (genre : "Jusque quand" => "Jusqu'à quand")
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mikazuki
Dramaturge des forums
Dramaturge des forums


Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Dim 12 Avr 2009, 7:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Effectivement, c'est aussi ce que je me dis, j'aurais du insister sur le cataclysme mental éprouvé par MK17... Il n'y a qu'à relire sa détresse, je le fais presque mourir, à la fin de l'épisode précédent.
Ceci dit, j'en parle au début, mais vous avez raison, j'aurais du souligner cette idée. En revanche, je ne suis pas mécontent du personnage de Lao, ça oui Smile

Merci pour ton commentaire, Tsoing. Smile
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet     Index du Forum - Littérature Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Aller à la page Précédente  1, 2
Page 2 sur 2

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum