Index du Forum
ActualitésNaruto FAQ Rechercher Liste des Membres Groupes d'utilisateurs Arcade Chan IRC
Profil Se connecter pour vérifier ses messages privés Connexion Boîte à flood CarteCarte
S'enregistrer

. 6 x 9 = 42

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet     Index du Forum - Littérature
Voir le sujet précédent - Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Mikazuki
Dramaturge des forums
Dramaturge des forums


Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 10:38 am    Sujet du message: 6 x 9 = 42 Répondre en citant

Bonjour à tous,

En ce vendredi matin, et après quatre mois d'inactivité niveau nouvelles, j'ai terminé un texte dont je suis vraiment très content. Raison pour laquelle je voudrais vous le faire découvrir ; n'hésitez pas à laisser un commentaire, qu'il soit négatif ou positif, vous savez comment cela me fait plaisir ! Very Happy
Bonne lecture !


6 x 9 = 42
_____________________________________________________________


Les derniers étudiants quittent la salle de cours. C'est la fin de la journée et nous sommes vendredi. Mais j'ai considéré ce dernier cours comme terriblement ennuyeux, au point de ne pas avoir pris en note le discours du professeur. En effet, au cours de ces deux dernières heures de sciences humaines, j'ai préféré m'interroger sur un sujet autre que l'évolution contemporaine de la société. Hier, j'ai en effet eu connaissance d'une importante nouvelle. Et depuis je me pose la question : à vrai dire, que sais-je ? Qu'ai-je appris au cours de toutes ces années, du primaire à l'université ?

Je me souviens...

Je me souviens de ce jour-là...

C'était il y a dix ou onze ans. Je ne sais plus exactement. L'injure du temps, ou l'enseignement proposé dont je commence à douter sérieusement depuis hier. Une chose est certaine, c'était l'année au cours de laquelle je fréquentais le Cours Moyen. A la rentrée, notre maître s'appellait monsieur Gutman. Un nom qui lui correspondait tout à fait. C'était un instituteur particulièrement dévoué et patient. Cela ne l'empêchait pas d'être sévère quand il le fallait, mais jamais il n'avait fait preuve d'injustice ; avec lui, tous les élèves se situaient à la même échelle. C'est sous sa surveillance que nous avons entre autres appris les tables de multiplication. Ou plutôt, ce que je croyais qu'elles étaient.

"Reinhart, tableau."

"Quelle table, monsieur ?"

"Table de six."

Alors Reinhart se levait - je me levais. Et je marchais, jusqu'au vieux tableau noir en question, tout usé par la craie de monsieur Gutman. J'entendais le parquet crisser sous mon pas. Et une fois parvenu au plus proche de mon maître, je récitais.

"Six fois un, six. Six fois deux, douze. Six fois trois, dix-huit. Six fois quatre..."

Et ainsi de suite. Je me souviens. Tous les élèves me regardaient avec étonnement. Cela faisait moins d'un quart d'heure que nous avions appris les table de six et de sept. Mais je les connaissais déjà par coeur, et je les débitais à qui voulait les entendre, sans difficulté, sans hésitation. Et cette fois était l'occasion de briller devant le vieux Gutman. J'étais motivé par l'imagination, le désir d'un commentaire élogieux de sa part sur l'élève que j'étais.

"... six fois neuf, cinquante-quatre. Six fois dix, soixante !"

Silence dans la classe. Dans la classe seulement. Car dans la cour, en revanche, il y avait beaucoup de bruit. Il y régnait sans arrêt une clameur, à un tel point que c'était exaspérant. A se demander qui était le responsable, qui devait-on réprimander pour rester sans réaction devant ce spectacle inutile et dérangeant.

Gutman écoutait et regardait à la fenêtre. Les enfants criaient, criaient. Mais on ne savait pas vraiment s'il s'agissait d'un jeu. S'il ne s'agissait que d'un jeu. Dans cette constante cacophonie, on avait parfois l'impression d'écouter une longue plainte. Cette fois, Gutman n'y avait pas particulièrement prêté attention. Il m'avait écouté, moi. Et il allait conclure.

"C'est très bien, Reinhart. Vous pouvez retourner à votre pupitre."

Alors que je m'exécutais, le vieil homme restait songeur. Il méditait sur l'arithmétique, sur les enfants. Une fois que je m'étais assis, il déclara d'un air à la fois inquiet et visionnaire :

"Les enfants. Prenez exemple sur votre camarade. Vous devez absolument connaître, en toutes circonstances, vos tables de multiplication. Ne les oubliez jamais - jamais ! Vous devez absolument savoir que six fois neuf égalent cinquante-quatre et rien d'autre."

Comme si cela ne suffisait pas, Gutman se leva et réinscrivit au tableau cette formule magique. 6 x 9 = 54. Nous étions interloqués. Que voulait-il dire ? Pourquoi était-il si important de retenir ces quatre chiffres, trois nombres et deux signes que le maître présentait comme un sésame ?

6 x 9 = 54 - vous devez le savoir.
6 x 9 = 54.
6 x 9 = 54...

Mais un jour, à la toute fin du mois de janvier, un autre instituteur est arrivé. Parait-il que M. Gutman était malade. On l'aurait placé en hôpital psychiatrique. Quant à son successeur, je crois que nous l'avons tous cordialement haï moins de deux heures après le début de son premier cours. C'était un homme nerveux. Il avait un visage ridé, moustachu mais en même temps plein de hargne et d'énergie. Il s'est présenté comme étant M. Neuman. Lui aussi portait bien son nom. Dès que nous l'avons eu en tant que professeur, nous avons tout de suite su que beaucoup de choses allaient changer.

D'ailleurs, Neuman était à l'opposé de Gutman n'était-ce qu'en termes de pédagogie. Il ne savait pas expliquer calmement. Il ne savait pas discuter. Sous son commandement, l'aboiement remplaçait la parole.

Et son premier cours d'arithmétique, qui eut lieu seulement deux voire trois semaines après son arrivée, débuta sur les mots suivants.

"Enfants ! M. Gutman était un homme malade et manifestement dérangé psychologiquement. A l'insu de tous, oui à l'insu de tous, il vous a honteusement menti sur de nombreux points - voire même à tous les niveaux. Toute votre éducation, à vrai dire, est à reprendre ! Notez dans votre cahier les nouvelles tables que je vais inscrire au tableau."

Alors Neuman commença à écrire des listes de calcul comme il l'avait dit. Certains ne changeaient pas, par exemple trois fois trois faisaient toujours neuf. Mais ces listes étaient dans l'ensemble tout à fait différentes de celles que nous avions précédemment apprises. Si deux fois sept faisaient quatorze avec Gutman, ce jour-là, la Seule et Unique Vérité était que deux fois sept égalaient onze. On pouvait aussi lire que trois fois neuf faisaient vingt-trois. C'était incompréhensible, dénué de logique. Et certains calculs n'avaient même pas de résultat. Quatre fois trois était une opération qui n'était associé à aucun nombre.

Il y avait dans la classe une fille qui s'appelait Sara Capek. Elle avait beau être une immigrée récente tchèque, c'était la première, sinon la seconde, de la classe - avec moi. On sentait que dès le début, Neuman l'avait détestée.

Lors de la semaine précédente, il avait tenu un cours d'anthropologie. Il s'était d'ailleurs mis à comparer les crânes de chacun de ses élèves - et non des ossatures datant de plusieurs millions d'années comme l'aurait fait Gutman qui aurait évoqué l'évolution de la lignée humaine, ou une comparaison avec les squelettes d'autres espèces vivantes. En fait, l'objectif de son cours était de montrer, avec des termes que nous ne comprenions même pas, que Sara Capek était différente biologiquement parlant. Elle n'avait pas la même mâchoire, son nez était trop imposant. Il ne le disait pas explicitement - il l'insinuait. A une occasion, il avait même sous-entendu l'infériorité raciale du peuple tchèque sur le notre. Je me souviens d'avoir vu Sara Capek toute rouge, au bord des larmes.


Dernière édition par Mikazuki le Ven 17 Juil 2009, 10:51 am; édité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Mikazuki
Dramaturge des forums
Dramaturge des forums


Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 10:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

Et ce jour-là, Sara comptait obtenir au moins des explications avec ces étranges tables de multiplication.

"Certains calculs ne comportent pas de résultats car les chiffres ne le permettent pas. Nos mathématiciens travaillent à en inventer des nouveaux" avait déclaré Neuman.

A la suite de quoi, Sara contempla la silhouette du professeur avec des yeux perplexes.

"Mais, monsieur, c'est n'importe quoi."

Neuman arrêta soudainement le mouvement de sa main, alors qu'il venait d'écrire : 6 x 9 = 42. Il se retourna, une expression de mépris sur le visage. Comment cette petite idiote, cette sale immigrée, cette paysane de l'Est pouvait-elle remettre en cause l'Indubitable Savoir, douter de la Seule et Unique Vérité ?

"Pourrais-je savoir ce qui est n'importe quoi, mademoiselle Capek ?"

Le quadragénaire voulait selon toute vraisemblance intimider Sara pour la réduire au silence. Il s'était redressé de toute sa taille, avait cambré sa poitrine comme un véritable militaire, et avait plaqué ses mains contre ses hanches. Il regardait l'élève avec des yeux perçants. Le professeur attendait un argumentaire valable ; or ces tables de multiplication étaient une évidence. Et les évidences sont indémontrables.

Depuis le premier jour, personne n'aimait plus ce Neuman. Il était beaucoup trop radical et impulsif. Toutefois, cela ne l'empêchait pas d'être respecté et surtout craint. Il était le maître, après tout. Mais toute la haine écolière nourrie semblait se concentrer en la personne de Sara, qui se leva derrière son bureau au premier rang, décidée malgré les conséquences possibles à dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

"Je dis que vos tables de multiplications sont ridicules, déclara-t-elle. Quelle est cette histoire de chiffres inexistants ? Pourquoi deux fois sept feraient onze ? C'est absurde. Si je vais chercher dans la cour deux tas de sept marrons ou cailloux dans la cour, alors vous et moi constaterons qu'il y en a quatorze et pas onze !"

Une flamme s'alluma alors dans les yeux de Neuman. C'en était trop. Il avait décidé de la punir.

"Pauvre petite imbécile, commença-t-il en détachant chaque syllabe et surtout en s'approchant à grands pas de Sara. Qu'est-ce que c'est que ces idioties de bohêmienne ? A quel endroit me suis-je trompé, tu peux me le dire ? Deux fois deux font quatre, deux fois trois font six, en continuant, où est l'erreur ? Tu peux me le dire ? Hein ? Tu peux me le dire ?"

Il vomissait verbalement sa rage, sa haine, en secouant Sara dans tous les sens. Il la tenait au cou, et on aurait dit qu'il voulait la frapper. Neuman rêvait de frapper des immigrés tchèques. Ou des immigrés, tout court. Les pieds de sa pauvre victime ne touchait même plus le sol. Quant à nous, le reste de la classe, nous étions tétanisés. Personne n'élevait la voix, et nous regardions silencieux cette démonstration de puissance et de violence. Personne n'avait envie de se faire battre. Car il la battait, à présent, tout en hurlant, ne se gênant plus pour dissimuler sa vision de l'humanité.

"C'est à cause de vous, les maudits étrangers, les Romanichels, les Tziganes, que la société n'avance pas ! Dans votre infériorité vous n'êtes même pas fichus de comprendre que deux fois sept font onze ! Vous êtes des ânes, vous m'entendez, des ânes ! Vous ne valez pas mieux que les animaux qui traînent votre roulotte délabrée aux portes de notre pays ! Des ânes !"

A ce moment-là, une opinion commune s'était établie. Neuman était un cinglé. Un vrai cinglé. Mais un cinglé à respecter. Il distribuait et redistribuait des gifles à tout va. Le visage de Sara était ni plus ni moins que martyrisé. Sara était une martyre que l'on jetait à terre comme un sac de patates, sur laquelle on avait le droit de jeter des manuels scolaires et des cahiers au nom de l'apprentissage. Neuman la détruisait pour l'exemple, juste pour l'exemple. Un avertissement lancé à quiconque oserait encore le contredire. L'humiliation fut totale lorsque le directeur de l'école, attiré par le vacarme de Neuman, passa la porte de la classe en courant.

"Qu'y a-t-il ?"

"Cette élève, la dénommée Sara Capek, a fait preuve d'une impardonnable insolence ! Non seulement elle refuse de reconnaître ni même d'admettre dans sa bêtise que deux fois sept font onze ! Mais en plus elle m'accuse de raconter des idioties ! Cette fille m'insulte ! Voilà ce qu'il y a ! C'est aussi vrai que six fois neuf font quarante-deux !"

Il termina ses cris en adressant une claque monumentale à cette pauvre Sara qui n'avait déjà plus assez de larmes dans le corps pour pleurer sa souffrance et qui se demandait si tout ceci n'était pas un cauchemar. Ses joues étaient tellement rouges qu'on se demandait si elle ne saignait pas.

Cependant, cela n'affecta pas le moins du monde Neuman qui venait enfin d'obéir à ses fantasmes. Il venait de casser de l'immigré. Il était heureux. Il était heureux, ce cinglé. Et en plus, il demandait des excuses de la part des parents Capek pour le comportement de leur fille.

Le directeur non plus ne sourcilla pas. Il se contenta de déclarer que Sara Capek, pour son insolence et ses insultes présumées envers son instituteur, ajoutée à son inaptitude au travail, serait renvoyée définitivement de l'école séance tenante.

Et tout cela, en trois minutes.

Au dehors, les enfants ne criaient plus.

Et depuis, je me demande... Je me questionne sur l'éducation.
Hier, on m'a appris que Gutman était mort. Il s'est fait assassiner.
Quant à Neuman, il a été promu directeur de l'école.
Et quant à Sara la martyre, personne ne sait ce qu'elle est devenue. Probablement rendue à l'état de poussière.

Et depuis, je me questionne sur l'éducation.
Je me suis toujours efforcé d'apprendre selon ces bases. Mais Neuman m'a menti, j'en suis certain.

Seulement, par sa faute, je ne sais plus raisonner mathématiquement. Raison pour laquelle je me suis tourné vers des études littéraires. J'apprenais, mais je ne comprenais pas. J'ai du abandonner. Mais...

Est-il vrai de dire que 6 x 9 = 54 ou de dire que 6 x 9 = 42 ?

Tiens, le professeur de sciences humaines s'amène. Je crois qu'il se demande ce que j'écris.

Mais moi, je crois monsieur, que, six fois neuf ne font pas quarante-deux. Six fois neuf font cinquante-quatre.
Six fois neuf égalent cinquante-quatre.
Six fois neuf égalent cinquante-quatre.
Six fois neuf égalent cinquante-quatre.
Six fois neuf éga-

BANG.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Lilo
Genin


Inscrit le: 05 Avr 2008
Messages: 392
Localisation: With ur dad

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 2:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Very Happy

Eh bien pour commencer je-je-je... j'adore *-*
J'ai jamais lu tes textes à vrai dire (honte à moi !) mais je dois dire que quand j'ai vu "6 x 9 = 42" j'ai trouvé ça étrange, donc j'ai été atirée par le titre en fait, ça m'a semblait curieux x)
Et là *-*
Honnêtement l'histoire est très bien j'trouve, un peu choquante j'avoue avec la pauvre Sara, la façon dont le professeur lui parle me dégoûte ! A vrai dire j'le hais aussi ce monsieur.
Ton texte me fait un peu penser à...hum.. une forme de 'régime politique'.. c'est peut-être débile je sais mais quand Mr Neuman leur fait croire que par exemple il y'a des calculs qui n'ont pas de résultat..ça me fait penser à de la propagande <__<' il y'a aussi le fait qu'il hait les étrangers, et qu'à la fin l'immigrée se fait renvoyée, on peut comparer ça à une étrangère qui se fait exclure d'un pays Confused c'est comment je pense en tout cas.

Et je trouve la fin vraiment wahou... un peu triste aussi car en fin de compte le garçon a un peu fini comme Sara il dit ce qu'il pense clairement mais cela lui retombe dessus de façon très violente.

Le texte est très bien écrit, il n'y a pas de moment où HOP on nous coupe dans notre élan ou autre..
En somme j'ai adoré je l'ai relu plus d'une fois je t'assure Very Happy

Ps: Même si je me demande encore pourquoi le 6x9 est si important dans ton histoire et pas un autre calcul

_________________
« Et si Freud s'était trompé? Et si l'important n'était pas le père et la mère, mais le frère ? »
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Saharienne
Sennin


Inscrit le: 03 Nov 2006
Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 2:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Alors je comprend là les rétissences de JSP sur un type de langage... trop compliqué ?
Dans le cas présent ce serait peut être excessivement polis ? " Hier, j'ai en effet eu connaissance " plus personne dit ça aujourd'hui x D

Wi j'avoue que ce langage me dérange, j'ai l'impression que ça mets une distance avec le lecteur qui se sent "rejetté".

"c'était la première, sinon la seconde, de la classe - avec moi. " J'suis désolé mais ça dans un texte, couplé à d'autre comme : "Tous les élèves me regardaient avec étonnement. Cela faisait moins d'un quart d'heure que nous avions appris les table de six et de sept. Mais je les connaissais déjà par coeur," ça fait tête à claques xDDD


Pareil niveau langage, "Je dis que vos tables de multiplications sont ridicules, " même au XIXème je doute qu'une enfant de cours moyen en primaire s'exprime comme ça xD

Le personnage de Neuman cependant et très interessant, frustration des maths c'est une idée très interessante.

Ah, le retournement final par contre est très interessant, la visite du directeur qui approuve et le dessin d'une société de travers, ça c'est titillant.

L'assassinat final ?
J'adore aussi.


Si tu veux mon avis, il risque de paraitre dur, c'est que tu avais une pépite : Société perversse transmise par l'idée des maths et le côté traumatisant de la violence sur enfant admise.

Mais trop de détail m'ont 'énervé'. Ton personnage principal m'énervait en fait xD Trop de forme on tué ton fond je dirais, au niveau style d'écriture.

Peut être est ce juste le chemin d'écrit que je prend qui me pousse à réfléchir sur le langage justement aussi ne prend pas ça trop au sérieux ^^
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
Mikazuki
Dramaturge des forums
Dramaturge des forums


Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 2:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci beaucoup Lilo, ça me fait vraiment très plaisir ! Smile
Globalement, tu as compris. Je veux dire par là qu'en fait, ce texte traite du nazisme, plus largement de ce qui s'est passé au cours des années 1930 en Allemagne.

Au début, nous sommes encore en démocratie et tout va bien. La démocratie est ici la situation idéale, et on enseigne aux enfants la vérité, à savoir les tables de multiplications avec des résultats corrects. Au passage, les enfants crient dans la cour. C'est la métaphore de la grève. En effet, au début des années 30 avec la crise économique, il y a eu un nombre impressionnant de chômeurs en Allemagne, avec un gouvernement incapable d'y faire face.

Et que s'est-il passé ensuite ? Hitler s'est fait élire. Le 30 janvier 1933 plus précisément, et Neuman arrive justement "à la toute fin du mois de janvier". Neuman, nom calqué sur l'adjectif "neu" et "der Mann", respectivement "nouvel" et "homme". "Neuman" signifie donc en gros "Homme nouveau", c'est une allusion à Staline par contre, en désignant son rêve, c'est-à-dire une nouvelle race d'hommes respectant le régime soviétique. Mais dans l'histoire, Neuman symbolise le dictateur fou, Hitler.

Or dans les dictatures, on a tendance à cacher ou reformuler certaines choses.
L'affaire du "6 x 9 = 54" commué en "6 x 9 = 42" symbolise cet abrutissement des populations, qui peut effectivement être lié à la propagande et à l'éducation erronée. Mais plutôt que de changer l'Histoire, j'ai préféré m'intéresser aux "sciences selon Hitler", en caricaturant certes, mais c'est l'idée. Les "nouveaux chiffres" aussi sont très déroutants.
Tu remarqueras aussi les nouveaux cours de biologie.

Et vient le moment fort de l'histoire : Sara Capek.
Au passage, "Sara", c'est le prénom qu'on imposait aux bébés de familles juives en Allemagne sous Hitler. (C'est la stricte vérité.)
Neuman/Hitler vomit sa haine sur la fille, qui symbolise tout ce qu'il ne veut pas voir dans son école/Etat. Elle est immigrée en provenance du Lebensborn, "l'espace vital" conquis au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle a un prénom de juif. Et avec elle, tous les préjugés, toute la xénophobie envers les Tziganes. La "paysane". La "roulotte" tirée par des animaux.
Au final, elle se fait renvoyer. Et se fait probablement tuer.

Quant à Reinhart, lui aussi se fait tuer.
Parce qu'il a refusé le savoir officiel, il n'a pas voulu croire que six fois neuf font quarante-deux. Parce qu'il connaît la vérité, il se fait tuer. C'est ça...

Voilà ! Very Happy
Et merci !

[Edit]

Ah, Saharienne. Tu critiques donc les phrases. Smile
En fait, le coup du "j'ai eu connaissance de" c'est parce que j'ai préféré ne pas dire "j'ai su". Par contre, je ne sais pas où tu te sens vraiment rejetée... Confused

Reinhart, la tête à claques ? Smile
En fait, Sara, qui se fait psychiquement tuer par Neuman est l'alter ego de Reinhart. Quand je fais parler Sara, qui dit que les tables de Neuman sont erronées, c'est un avertissement. Il a beau être le premier de la classe, il ne doit pas chercher à comprendre. En aucun cas. Son rôle, c'est d'apprendre, il doit se soumettre à l'Etat autoritaire.

Pour continuer sur Sara, que voulais-tu qu'elle dise au sujet des tables de multiplication ? On est dans les années 1930 au passage, pas au XIXème siècle. Mais Neuman est craint et respecté, je l'ai dit. Ce qui fait qu'on doit malgré tout s'exprimer poliment. Même si ça ne fait pas plaisir. Very Happy

Bon, finalement, tu es plus négative que positive. Dommage.
Mais merci quand même !


Dernière édition par Mikazuki le Ven 17 Juil 2009, 2:55 pm; édité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Saharienne
Sennin


Inscrit le: 03 Nov 2006
Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 2:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Le travail en amont est cependant bien documenté on peut qu'apprécier, je me dédis pas des critiques plus haut mais jtenais à le souligner ^^
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
Je sais pas
Criminelle du Verbe
Criminelle du Verbe


Inscrit le: 12 Fév 2006
Messages: 1040
Localisation: T'es où ?

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 3:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je comprends ce que veut dire la Saharienne.
Je ne suis pas d'accord avec elle Very Happy
La Saharienne, je pense que tu te perds en fait.

Le texte, moi j'ai accroché.
J'aime bien le style de Mika'.
Il est différent de ce qu'on peut trouver dans cette section.
Il est classique. Il se distingue de notre style moderne.
Avec lui, j'ai l'impression de retomber dans le langage réaliste du 19ème siècle ou dans ce langage utilisé par certains auteurs comme Fournier ou Pagnol.
Autant c'est classique et "vieux", autant, j'apprécie, je trouve ça "frais" dans cette section.

Je comprends aussi la critique de Saharienne quand elle dit "ça met une distance[...]" mais 'faut aussi comprendre que Mika' a eu un parti pris en écrivant ce texte (du moins, je le ressens comme ça) : il est un narrateur, rien de plus qu'un narrateur. D'où l'apparente distance. 'faut pas oublier des trucs comme ça Saharienne, c'est pour ça que je dis que tu te perds. Ton champ de vision rétrécit parce que t'es axée sur un style et t'as l'air d'oublier qu'un style comme ça existe aussi et qu'il faut l'apprécier.
'y'a des trucs comme ça et des trucs comme ça. Après, c'est une question de sensibilité, certes mais c'est l'impression que tu me donnes. Je sais pas si t'as déjà lu Zola ou Flaubert mais je te conseille - dans le cas échéant - de le faire, ça élargira ta conception des choses ainsi que ta sensibilité.

Le langage de ce texte correspond bien au langage de l'époque.
'faut pas oublier que le langage a évolué, la façon dont nous écrivons/parlons aujourd'hui n'est pas la même qu'hier et sur ce coup, Mika', t'as bien "illustré" le langage de l'époque.

Ton texte est très bon.
Il est riche.
J'aime bien les descriptions.
T'es minutieux.
Attaquer le changement par le biais de l'éducation, c'est bien pensé.
C'que j'apprécie aussi ici, c'est la narration, elle est tranquille, douce et ça donne de l'effet, une certaine force dans cette façon "tranquille" de dire/écrire, le passage avec :
Citation:
que Sara Capek était différente biologiquement parlant.

- est dit/écrit tranquillement et simplement, il n'en devient que plus atroce.
Il y a de la férocité à la fin du premier post qui prépare à la férocité du martyre. Il la prend et la secoue comme une vulgaire poupée de chiffon (le bâtard), ça m'énerve, ce connard qui n'est autre que la figure d'un foutu régime politique ; j'aurais attendu la révolte du peuple ! La révolte des gosses !!! :x

J'aurais bien voulu voir la révolte des gosses en fait.

Enfin bref, merci pour ce moment.

_________________
Fille du 17 octobre./ "Souvent, mes couplets dépriment/"

La morve est glacée d'effroi.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Saharienne
Sennin


Inscrit le: 03 Nov 2006
Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 4:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai adoré Zola, malheureusement tout ses livres finissent tristement jsuis trop sensible pour, mais le Bonheur des Dames par exemple c'était un grand moment, et la célèbre description du marché des Halles !! Pour une gourmande comme moi xD . Je m'explique dès que j'ai finir de lire ton poste

Donc.
Je pense que j'ai été influencé non pas par mes gouts lecturaux, ça ça a toujours été très divers et j'ai toujours défendu un langage assez élevé dans certain genre, jsuis fana de Racine et le théatre moderne me touche pas spécialemet par exemple.

J'ai été influencé par le narrateur dont la personnalité, s'il était réel, m'ulcérérait totalement xD
Je crois que quand on aime pas le narrateur d'un texte on peut pas l'aimer, le dit texte en fait.
Pas aimer de manière physique je veux dire, le pédophile de Nabokov je l'aimais pas mais j'ai lu avec bonheur, là c'était répulsif.

Pour ça que je te disais bien de nuancer mon propos, c'est purement subjectif quand je juges un texte je suis pas assez douée/cultivée pour être sure de moi dans ce domaine délicat.

Disons qu'il m'a pas touché, que j'ai pas adhéré au perso.
Mais c'est sur que l'idée de l'éducation/math est très fine et s'installe bien, ça jle dénigre pas, c'est vraiment le côté :
-Premier de la classe.
Qui me les as brisé ^^
J'avais envie de mettre des claques en lisant :"j'ai envie d'impressioner le prof / elle est première ah non ça doit être moi" tu sais j'ai ça au quotidien au lycée dans ma classe alors le retrouver en vacance c'était trop me demander xD

Comme tu vois et j'arrivais mal à l'exprimer c'est purement subjectif.
Dur apprentissage que celui qui fait qu'on peut pas plaire à tout le monde xD
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
Mikazuki
Dramaturge des forums
Dramaturge des forums


Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 4:18 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ah, la révolte des enfants, tu voulais voir la révolte des enfants ?

Justement, elle n'existe pas, Je sais pas ! Neuman, cette ordure terminée qui incarne exactement Hitler jusqu'aux traits (la "moustach[e]"), se sert de Sara comme d'un exemple.
Et je l'ai dit, ces enfants/ce peuple sont indignés mais à la fois terriblement impressionnés par Neuman/Hitler. Ce qui fait que, devant la violence qui est mise en oeuvre dans un but dissuasif, personne ne bouge.

Quand on réagit face à ce genre d'homme, c'est généralement individuellement. Je veux dire, face à un dictateur aussi sanguinaire qu'Hitler, on descend rarement dans la rue pour protester.
On n'a pas envie de se faire descendre collectivement - de toute façon, historiquement, Hitler s'attirait la sympathie des foules par la propagande mais aussi par le fait qu'il a donné du travail à pas mal d'Allemands. D'accord, c'était facile de les faire construire des chars, mais il a indiscutablement fait baisser le chômage. Ce qui fait qu'il était populaire, diminuant les chances de révolte. Pour ceux à qui il ne plaisait pas malgré tout, les S.A. et S.S. leur suggéraient de se tenir à carreau.

Pourtant, de la résistance, il y en a eu, en Allemagne. On n'en parle pas trop, mais il y a eu quelques mouvements comme "La Rose Blanche". Et ses membres sont morts assassinés en pleine guerre, vers 1942 ou 1943.

Mais trêve de bavardages : j'ai surtout voulu me rapprocher au mieux de l'Histoire, dans les grandes lignes. Ce qui fait que de la révolution massive, il n'y en a pas, car il n'y en a pas eu en Allemagne. Il y a juste un rejet à l'échelle individuelle, parfois, mais toujours secrètement. Et ça se termine rarement bien : ici Reinhart se fait tuer.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Saharienne
Sennin


Inscrit le: 03 Nov 2006
Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 4:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est justement une étape interessante à franchir.
Ton texte, "la ferme des animaux", etc, ça s'arrête toujours à la prise du pouvoir oO Bien défaitiste quoi mais savoureux aussi je critique pas l'utilitée de ce genre de texte c'est indéniable.
Le mec visionnaire saura voir la révolte, la deviner et l'écrire.
Tu peux écrire l'histoire, tu l'fais bien j'avoue, mais tu peux aussi tenter donner ton avis, c'est plus dur et audacieux je dirais sur : quoi faire en cas de situation aussi terrible ? Comment tu te révoltes ? Qu'est ce qui marche, échoue ?
Stun jeu auquel tu pourrais tenter de jouer, une sorte de continuité.
Et si t'es vraiment visionnaire un jours on dira "tiens, ça se passe exactement comme il l'avait écrit et même ça nous aide"...

Faut aimer après, perso jtrouve l'idée bonne mais j'aurais jamais l'idée de l'écrire, spas mon truc.

Ouai, faut que ce soit ton truc... Mais vu ce que tu aimes traiter ça peut être sympa d'y penser...


Dernière édition par Saharienne le Ven 17 Juil 2009, 4:23 pm; édité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
Je sais pas
Criminelle du Verbe
Criminelle du Verbe


Inscrit le: 12 Fév 2006
Messages: 1040
Localisation: T'es où ?

MessagePosté le: Ven 17 Juil 2009, 4:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui Saharienne.
Je vois.
("Au bonheur des dames" est mon préféré de Zola, ce mec est trop puissant.)


C'qui est cool aussi dans ce texte, c'est de voir comment le personnage du Bâtard (je l'appelle comme ça, franchement, c'est le mot qui me vient à l'esprit quand je le vois, oui, je le vois Very Happy) a des allures de marionnette, de pantin : d'automate.
Et comment ce personnage qui transmet l'éducation a des allures de sauvage. Ça renverse (le régime ?) les valeurs qu'il prône sans qu'il s'en rende compte.

Tu pourrais créer une bonne suite si tu le voulais Mika'.

Un seul regret : Révolte !!!!!!!!!

Edit : okay Mika',
bon je parle de révolte parce qu'en général, les perso' de mes pièces se révoltent, j't'invite à te révolter quoi Very Happy ça marquerait un point de vue, une prise de position Very Happy

_________________
Fille du 17 octobre./ "Souvent, mes couplets dépriment/"

La morve est glacée d'effroi.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet     Index du Forum - Littérature Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum