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Mikazuki
Dramaturge des forums
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Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Mar 26 Juin 2012, 6:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup. Contrairement à toi je ne trouve pas que ce texte soit emprunt de fantasy, au contraire, il porte clairement ta griffe. J'ai apprécié la répétition du vers initial à la toute fin, une de mes figures de style préférées...
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Yuu-chan
Chuunin


Inscrit le: 22 Nov 2008
Messages: 588
Localisation: Trouve.

MessagePosté le: Ven 29 Juin 2012, 8:55 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai lu tes derniers textes avec attention. Très agréables à lire. Dis-toi que tu m'as redonné envie d'écrire et que je regrette d'avoir, comme à mon horrible habitude, jeté la plupart de mes brouillons. Je n'ai jamais posté un texte de moi ici, sur C.n. Peut-être que ça viendra. Merci pour ce bon moment en tout cas !

_________________
Daichi a écrit:
Oh, ma vietnamienne préférée.


Daichi a écrit:
Yuu la plus jolie de toutes


Hauru a écrit:
Yuu c'est une fille bien.


«Soyez insatiables, soyez fous.»
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Chakal D. Bibi
~ Chakal Touffu ~


Inscrit le: 02 Nov 2004
Messages: 1937
Localisation: La Tanière du Chakal

MessagePosté le: Ven 29 Juin 2012, 9:02 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai bien aimé la répétition de la fin et ne trouve pas que le côté fantasy soit trop marqué, il coule tout seul, ça passe bien =)

Citation:
Je ne souhaites pas la mort.
Mais je souhaites le silence.
L'absence.
La nuance.
Les quiproquos.


Ca ca bute *___*


Après, j'ai l'impression que t'as mis quelque chose entre les lignes mais j'arrive pas à voir quoi Oo

_________________
[quote="Speed Hunter"]Chakal lui c'est un héros de musicien ![/quote]
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Saharienne
Sennin


Inscrit le: 03 Nov 2006
Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 29 Juin 2012, 11:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Mika : TU M AS MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANQUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUE TT Nos échanges de dissertations me manquent TT Reviiiiiiiiiiens mika reviiiiiiiens TT (Merci :p)

yuu : C'est un très très joli compliment que tu me fais là !! Je t encourage vraiment à poster ici tes compositions, en plusieurs années je n'ai jamais lu chez personne aucun commentaire désagréable, le but c'est vraiment de s'entre aider, à force on se connait un peu tous avec nos styles etc et donc on peut voir l'évolution des gens au long terme c'est vraiment très agréable alors rejoiiiiiins la commmuuuuunauuuuuté @@


Meuf : Merci ma douce ! Entre les lignes hum... Et bien en gros ce poème parle de la peur de mourir, du temps qui passe, tente d'imaginer une solution à tout ça, ce qui se passerait si.... Le pic de glace c'est pour montrer la façon dont le gel pourrait prendre le corps pour le figer etc... Mais je pense que tu l'avais compris et il n'y a rien de plus à comprendre :p

Merci à tous !!!
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Saharienne
Sennin


Inscrit le: 03 Nov 2006
Messages: 2189
Localisation: comme vous y allez vite :3

MessagePosté le: Ven 29 Juin 2012, 8:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Voilà alors je me suis beaucoup demandé si je devais ou non mettre ce texte ici. S'il choque quelqu'un qui me le dise et je le supprimerais aussitôt, jfais pas dans la provoc à deux balles mwa ^^
Jvoulais le montrer au cas par cas et puis au final j'ai des couilles : j'expose.
Je trouve que le personnage du peintre est pas assez mis en valeur et j'aurais aimé le rendre plus "consistant" mais j'ai aussi peur d'abimer ses nuances en forçant trop le trait, vous me direz ce que vous en pensez ^^"""




Le peintre et son modèle.

Dimanche. Je croise et décroise maladroitement mes jambes, je tangue sur place et pour me donner de la contenance j'allume une cigarette. Ca fait des mois que je n'ai pas fumé. C'est dégueulasse les trois premières taffes. Et puis le rythme revient. Et enfin le calme dans ma tête. Mes pieds se fixent au sol. Une voiture passe et ses fars explosent la nuit : « Hey m'zelle t'as d'jolies jambes !!! ». Ce n'est pas vrai. Mais je suis dans une position dominante (celle des gens qui ne sont pas pathétiques face aux gens pathétiques) alors je lui adresse un sourire méprisant. « Elles ouvrent à quelles heures ?! » . Merde. Il est drôle. Je contracte mes lèvres aussi fort que possible mais rien à faire, je souris. Du coup mon sourire est hideux. Et lui rigole. Je me sens soudainement pathétique. Fais froid. Fais faim. Fais seule. Fais bientôt pluie. Fais chier. J'attend un rendez vous. Enfin je sais pas. Une histoire de peintre parigot qui cherche un modèle. Je ne sais pas pourquoi j'ai dis oui. Mais je ne vois pas pourquoi j'aurais dis non. Alors je suis là, station Monceau pour l'amener à mon appart histoire qu'on en discute. J'ai l'impression d'être un agneau qui ramène le loup à la bergerie. J'aime bien cette douce sensation d'adrénaline. Et en même temps elle me dérange. C'est comme si toute ma mécanique en avait besoin pour s'agiter. Mais alors le reste du temps ? Aucune idée de quoi foutre de ma fichue carcasse... Un homme passe. Il est grand, gigantesque. Ca me plait. Son visage est hideux, avec un menton proéminent et des joues flasques. Mais il est gigantesque, peut être dans les deux mètres. Ca me plait assez. Quand je lui souris d'un air avenant il rougit et baisse les yeux. Putain...
Le peintre qui arrive est un quarantenaire faible. Tremblant de timidité. Taille dans la moyenne haute. Il me propose une seconde cigarette qu'il allume après plusieurs essais. Son pouce porte la marque rouge de la roulette de fer du briquet quelques instants... Il le suçote avec maladresse. Il s'est vraiment donné du mal pour allumer nos cigarettes. Il pluviote alors je lui propose de rentrer directement chez moi, dans l'immeuble d'en face. Il prend tout son matériel avec lui, je lui propose mon aide, il refuse mais sa pochette de pinceau tombe alors je la saisis d'autorité et on part comme ça, moi l'agneau devant et lui le loup derrière. Je ne sais pas encore si je guide ou si je suis traquée. Quand on entre chez moi je lui propose un thé. En le buvant assis sur mon canapé il se cache derrière sa tasse, les mains fixées fermement dessus, le visage et le regard plongé presque autant dans l'eau que le sachet d'Earl Grey que je viens d'y mettre. Normalement on devrait bosser toute la nuit. Il m'explique le principe en bredouillant : du body painting. Peindre sur mon corps. Il précise rapidement que je peux choisir l'endroit : le corps entier, juste le torse, le dos... Il n'ose pas me regarder. Il attend ma réponse. Ce peintre c'est une amie à moi qui m'en a parlé. Il a sa petite réputation. Je n'aime pas réellement ce qu'il fait. Mais il a l'air honnête. Oh non en fait. Pas honnête. Il a l'air faible. C'est surtout ça qui me rassure. Le fait qu'il ait l'air franchement faiblard. A son attitude, sa posture, son regard fuyant en dessous, ses tremblement, ses tics verbaux, ses lèvres un peu déformées à force d'être bouffées par les morsures je reconnais les symptômes d'un drogué. Il y a deux types de drogués, (désolé mes fumeurs d'herbes mais vous êtes HS) : ceux qui seraient près à tuer leurs parents pour l'argent d'une dose et ceux qui de toute façon n'en sont plus physiquement capables. Il est de la deuxième catégorie bien sûr.
J'ai toujours eu peur du grand méchant loup. Quand j'étais petite mes cauchemars étaient remplis de chiens aux mâchoires énormes devant lesquels je courrais, courrais, courrais... Je fuyais l'histoire du petit chaperon rouge comme la peste. J'ai toujours hais les grands méchants loups. Même les petits chiens domestiques teigneux. Mais celui là, cette bête là, elle était si ridiculement faible, le poil détruit, les yeux vagues, et sa façon de me regarder avec la soumission des chiens pour le chef de meute, ce regard en dessous plein d'appréhension. « Nu intégral, ça me va. Pas de soucis. ». Sa respiration se modifie, il sort ses tubes «T'inquiètes pas, c'est hypoallergenique ». Un mots compliqué. Marrant. Mignon. J'aime bien l'effet que je produis sur cette homme. Ce n'est pas de la séduction, ce n'est pas du charme ou quelconque chose de ce registre romantique à la con. C'est plus primaire. Comme dans une meute, un rapport de domination tout simplement basé sur la capacité de l'autre à lui butter la gueule si nécessaire. Ca ne s'explique pas, ça s'est installé comme ça dès qu'il a commencé à me montrer qu'il avait peur. J'aurais pu être la première, j'avais très peur moi aussi, j'étais très intimidée, ça faisait vraiment longtemps que j'avais pas fumé... Mais pour masquer ma timidité j'avais choisis d'être hautaine et il était tombé dans le panneau. Et après tout pourquoi ne pas en profiter ?
Il me montre ce qu'il a fais avant, sur d'autres femmes, à chaque fois je le sens qui attend mon avis. Dans le lot il y a des grosses, des trop maigres, des moches, quelques beautés, pour beaucoup je parierais qu'elles sont lesbos, une blonde aux cheveux courts absolument sublime, je l'arrête sur elle : « Elle, elle est magnifique ». Il hoche la tête en rougissant, plusieurs fois, ses doigts laissent des marques de sueur sur la photo : «  Hélène. Très très belle. Mais elle a demandé à ce que je retire sa photo du projet. Elle a peur que son patron voit ça ». J'hoche la tête. Les détails je m'en fou un peu à vrai dire. Mais j'aimerais être aussi belle que cette femme là. Son charme me fascine. Elle a l'air si sûre d'elle... Peut être que si je suis peinte par le même homme j'aurais un peu de sa beauté ou de son assurance. Et puis cet homme semble me voir comme une femme, je n'ai pas encore l'habitude, en général je sais que je suis plutôt vue comme une gentille fille. Fille. Alors je me décide, me retourne et comme à me dézapper. Je fais ça de dos. C'est stupide je devrais me retourner de toute façon tôt ou tard. Mais j'essaie de ne rien faire qui puisse être mal interprétée. J'aime bien sa gêne mais je n'ai aucune envie de jouer les petites allumeuses. Ces garces m'ont toujours exaspérée, pas envie d'en devenir une ce soir. Histoire de bien désexualiser l'ambiance je donne le tout pour le tout, respire un grand coup et vais me servir un thé dans la cuisine. J'assume. Aucun problème. Tout les jours si tu veux mon vieux. Moi, gênée ? Tu m'as prise pour qui. Mon grand kiff en été c'est les camps naturistes j'ai même envie de dire. Allez hop, regarde comme je bois à l'aise. Aucun problème je te dis. Limite j'irais bien marcher un peu dehors comme ça pendant qu'on y est. Je croise et décroise les jambes.
Il me demande de m'asseoir sur mon canapé et il installe son projecteur, le dessin, une composition d'image un peu bordélique : lèvre à la rolling stones, l'image d'une fleur bleue très stylisée, des arabesques noires.... se projettent sur mon torse. Je m'amuse à faire des ombres chinoises sur mon ventre. La lumière du projo est chaude, c'est agréable et ça me détend. Immobile pendant une heure, dans le plus grand silence : il trace les contours de son dessin au pinceau à maquillage noir, le même que ceux dont on se sert pour les yeux. Je ferme les yeux à cause de la lumière qui m'aveugle. C'est très agréable, d'être immobile et dessinée dans la chaleur d'une lumière artificielle-pop couleurs... J'oublie complètement ce qu'il se passe autour de moi, le fait d'être nue devant quelqu'un tout ça... Et si j'avais accepté juste pour trouver une raison de ne rien faire pendant quelques heures ? Peinte au milieu d'une lumière colorée, je deviens une couleur parmi d'autre, une particule et j'aime ça...
J'ouvre les yeux et le peintre lui aussi semble absorbé, comme ailleurs, il n'a pas l'air de remarquer qu'il dessine sur mes hanches ou mes épaules, il suit juste les contours de la projection, concentré. Je me vexerais presque. En fait je suis vexée. Un coup d'oeil à son entre jambe pendant qu'il se concentre sur un détail et je suis définitivement vexée : quel est cet homme qui ne bande pas quand il me voit à poil sérieux ? J'ai envie de tout annuler, de l'envoyer se faire foutre, cet eunuque. Il croise mon regard et rougit : « Ca va, t'as pas froid ? » « Non non nickel, les contours sont bientôt finis ? »  « Oui, on pourra faire une pause ». Ce petit bout de conversation me ramène à la réalité, à la stupidité de mon orgueil. Mais je n'en ai pas honte, au contraire j'ai même très envie d'en rire et de tout lui avouer comme on avoue une bonne blague « Hey mec, t'aurais été un pervers jt'aurais latté la face et j'étais presque prête à le faire parce que t'en es pas un ahahah ». Et lui en riant aurait répondu un truc du genre : « ahah sacré gonzesse jamais contente ». Mais j'ai rien dis et j'ai commencé à lire un roman le temps qu'il finisse les contours sur mes jambes. « Tu lis quoi ? » « Fante » « Je connais pas.... » « C'est lui qui a inspiré Buckowski » « Ah, Buck, un pote auteur à moi m'en a dis du bien de lui». Je lui pose des questions sur le milieu artistique parisien en vogue. Je donne l'air d'être impressionnée, je force mon air de gamine et j'écarquille les yeux quand il lâche quelque chose sensé faire de l'effet. Il a l'air tout content, finit rapidement son travail et décrète que c'est l'heure de la pause. Il roule un pétard, un deuxième. Même pas besoin de faire tourner, le paradis. Il doit être minuit alors je lui dis que j'ai peur de m'endormir. Il me dit en souriant qu'il en profitera pour peindre le dos. Il aimerait peindre aussi sur des hommes. Et des enfants. Mais pour les enfants c'est compliqué en ce moment. Alors il a abandonné l'idée. Il fume à la fenêtre, je ne m'approche pas trop histoire de ne pas trop apparaître comme ça à tout le quartier. Encore que dans ce quartier de riche ça mettrait peut être un peu de vie... Je l'envie d'être comme ça à fumer son pétard avec Paris la nuit face à lui. J'ai bien envie de sortir et d'avaler tout l'air de Paris. Tout tout tout. Il restera plus rien à personne pour respirer. Mais l'air frais de Paris après une journée de canicule c'est juste magique. Je lui dis à quel point j'aime paris la nuit, son silence, son air frais. Il fait la moue. Je crois qu'il s'en fiche de tout ça. Lui son trip c'est de peindre sur des corps à poil. Et après tout chacun son kiff. Je fixe l'extrémité de mon joint, ma petite luciole chérie, elle me fascine. Jolie tâche rouge. Ce petit lien charmant entre l'homme et le feu. J'ai soudainement très froid, il le remarque et ferme la fenêtre avec précipitation, dans un geste maladroit. « On reprend ? ». On éteint nos joints qui attendront la prochaine pause. Son herbe était pas terrible, j'ai à peine décollé...

Il me fait un signe gêné et je comprend que je dois reprendre ma pause, je me replace le plus naturellement possible. Je tente de conserver cet avantage stratégique, celui de l'impudeur face à la timidité. « Je vais peindre les couleurs maintenant ». « Ca prendra longtemps ? » « Plusieurs heures ». Il étale de la peinture rouge sur le dos de sa main et y plonge le pinceau.
Le pinceau qui prend feu.
Je jure tout ce que j'ai que ce pinceau a pris feu. Ce putain de pinceau a pris feu, une putain de belle flamme bien rouge. Ce n'était pourtant pas grand chose, une tâche rouge... Et ça a pris feu comme ça, devant nous. Son herbe est peut être pas si dégeu que ça en fait... Il a regardé son pinceau avec un air con. Ca devait être la première fois que ça lui arrivait. Il a soufflé dessus, c'était ridicule. On éteint pas un aussi joli feu en soufflant comme on souffle de pathétique bougie d'anniversaire. Je suis fasciné par ce feu follet qui doit faire dix centimètre de haut... J'ai bien envie de l'avaler tout cru. Ca me réchaufferait l'estomac. Il me rappelle étrangement quelque chose, un vieux truc dans ma tête, ça a fait tilt et surtout ça me rassure. Un pinceau en feu. Ok d'accord. Tout les jours si tu veux mec. J'suis une meuf comme ça moi, j'me pose pas de question. Un pinceau en feu. No problem j'ai envie d'te dire. Et puis parce qu'il faut bien faire quelque chose, parce qu'on ne vit qu'une fois, et qu'on voit assez rarement ce genre de trip même dans nos chemins enfumés, il plonge le pinceau sur ma peau, à l'endroit où s'étale le contour de la paire de lèvre des Rolling Stones. J'ai froncé les sourcils prête à crier et pourtant rien, aucune sensation de brulure. Je cherche son regard pour partager ma déception mais il est déjà parti sur sa planète, le regard ailleurs, je comprends même pas comment... comment il ne dépasse pas ahah. Il étale sa « peinture » qui laisse une marge rouge sur ma peau. C'est rouge mais ce n'est pas de la peinture. Plutôt comme la marque laissée par une claque. J'aurais aimé partir avec lui. Quelques millions de kilomètre au loin... Je sais pas ce qu'il se passe dans sa tête mais on dirait qu'il a tout déconnecté et qu'il se concentre juste sur cette tâche, cette fichue tâche rouge sur mon épaule. Et moi je suis là connement assise sur mon canapé, j'ai froid et ce pinceau qui ne me réchauffe même pas. Je m'emmerde. Je ferme les yeux, fatiguée, lasse... Dans mes yeux la persistance de la seule lumière du salon forme une tâche rouge sur ma rétine.... J'appuie très fort sur mes yeux. De nombreux points verts forment un tunnel qui tourne sur lui même.... Pourquoi est ce que ce n'est qu'une image... Pourquoi est ce que je ne peux pas rester les yeux fermés toute ma vie... Je sens quelque chose de drôle. Ca me caresse. Ca me chatouille. C'est ce fichu pinceau qui danse sur mon épaule comme la queue d'un gros chat. Je ne sais pas si ça m'agace ou si ça m'amuse. J'ai oublié qui tenait ce pinceau et pourquoi il était là. Je sens juste cette caresse sur le rond de mon épaule. Je n'ouvre pas les yeux, me concentre sur cette sensation... Peu à peu je remarque d'autres détails, détails infimes. Le souffle du peintre sur ma peau m'occupe un long moment. C'est celui qui sort de ses narines. C'est chaud, doux, ce n'est pas menaçant. C'est juste un contact humain. Je me rend compte que je suis avide de ce genre de chaleur humaine. J'ai envie d'un calin. D'un gros calin. D'un gros calin tout doux... J'ai envie d'être une toute petite chose au fin fond d'une malle à doudou. J'entre ouvre les yeux et à travers mes cils je vois la tâche rouge qui s'est étendue et a bouffée tout l'avant de mon corps. Ce n'est vraiment pas grand chose. Une tâche rouge, presque rose. Je sors un autre roman. Il ne me demande pas ce que c'est. Il n'est vraiment plus là et nos bouts de conversations me manquent. Bien sûr ce silence est texturé. Il est épais. Ce n'est pas un vide. C'est plutôt une présence qui fonctionne comme ça... J'aimerais gifler cet homme. Mais il n'est plus là pour voir mon air énervé. Et s'il le voyait il s'en ficherait surement. Je n'ai pas envie de le réveiller de sa transe, au fond je l'envie surtout... Je profite qu'il ne fasse attention à rien pour reprendre mon spliff et le rallumer, je le fume doucement et je le regarde faire avec hauteur, lui à genoux à présent devant mes hanches. Il étale de la couleur bleu sur sa main et y plonge un nouveau pinceau. Quand il l'applique sur ma peau il m'arrache un cris de surprise : un grand hématome tache ma hanche. Je regarde mon peintre avec stupeur mais lui ne me regarde pas, saisit fermement mes fesses pour m'empêcher de bouger et pose encore quatre coups de pinceau qui m'arrachent quatre autres cris. Une énorme tache bleu sanguine : un énorme bleu. Un bleu en forme de fleur. Un coup pour chaque pétale. Une magnifique fleur que je regarde, stupéfaite. Je sais soudainement ce que c'est. J'ai en tête le nom précis. Cette fleur s'appelle l'« Iris bleu de Hollande ». Je pouffe en masquant ma peur derrière une ironie de façade. Il finit par relever la tête, penaud. Furieuse contre lui, contre moi surtout, je fais quelques pas pour me détendre, détendre mes crampes aux jambes et reprendre mes idées. J'ai peur. J'ai peur de perdre le contrôle. J'ai peur d'avoir cédé du terrain. Je dois montrer que rien ne peut me déstabiliser : « C'est très beau. ». « Merci ». « J'insiste, c'est vraiment très très beau ». Montrer que je domine toujours. « Je... ». « Tu as bien fais d'insister. ». « Ah.. ». Voilà. J'ai repris ma place. Je prend une gorgée de téquila, un fond de bouteille laissé là sur la cheminée condamnée par une soirée il y a quelques semaines et j'en rajoute, peut être un peu trop : « Tu voudrais pas en faire une deuxième ? » « Je... J'ai déjà dessiné les autres contours ». « Ah c'est vrai. Dommage. ». Dans tes dents petits fils de pute... Je croise et je décroise les jambes.
Je m'installe debout, au milieu de mon salon, il semble rechercher un compliment supplémentaire en bon artiste drogué à l'attention qu'il est, sadiquement je me tais obstinément et pousse le vice jusqu'à choisir un nouveau roman que je lis face à lui. Après quelques secondes d'hésitation il reprend son « oeuvre ». Il passe au vert de la tige de la plante, et son feuillage. Quand il étale la couleur je me crispe, m'attends à tout et n'importe quoi tout en gardant les yeux bien vissés sur mon livre, mais rien ne se passe : une bête tâche de couleur verte salit à présent ma cuisse droite. C'est tout. C'est tout mon bassin que va recouvrir la végétation. Un long moment de répit pour moi donc. Alors je me plonge dans cette lecture parce que c'est encore le meilleur moyen que j'ai pour être sure qu'il ne me fera pas la conversation. « C'était un chaud après midi de juillet dans les Hautes Plaines. Je n'aurais jamais pu dormir sans.... ». J'ai terriblement envie de dormir... Je lis plusieurs fois la même phrase. Avec acharnement. Comme si à force j'allais y percer un truc secret. Comme si c'était une phrase très compliquée... Mais en fait je n'ai juste pas le courage de tourner la page. J'aime bien cette page. Elle est bien écrite au final. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas la lire et la relire toute la nuit si j'en ai envie. Les caractères d'imprimeries se mettent à danser devant mes yeux. Pour tout dire je les trouve assez aguicheur. Ce « u » de « chaud » est limite obscène. Il se tortille et enroule les deux barres verticales du « u » sur elles mêmes. Les barres du 'u' se croisent et se décroisent... Cette ligne imprimée floue devant mes yeux... On dirait une vague. Une vague d'encre. Une vague d'encre qui me donne le mal de mer et me fait tanguer : le peintre est obligé de me remettre bien droite debout plusieurs fois sinon je me laisse aller à taguer avec ma phrase... Ma toute petite phrase perdue dans un océan de paragraphes... Une vague. Qui te prend, te submerge et te noie. Ca fait tilt dans ma tête. Cette impression d'être soulevé par quelque chose de plus fort que moi... Que le seul moyen de s'en sortir c'est de se laisser porter... Ca me rappelle un truc.... Et étrangement cette sensation familière quoique désagréable me détend. Ce n'est jamais que du Body Painting après tout. Moi aussi comme ce « u » je peux aguicher. Je sais faire je crois... Je l'ai déjà fais une fois où j'avais trop bu, quelque part en Europe de l'Est... Loin des regards du quotidien. Loin de... Ou proche de... Je ne sais pas quelle distance on entretient avec soi même en voyage... Le voyage. Comme une vague qui te prend. Te rejette au loin. Et tôt ou tard te ramène. Reste à savoir dans quel état. Parfois le vernis bourgeois s'écaille et la jeune fille s'encanaille, elle voudrait juste qu'on la baise. Sans romantisme ou ménagement. Sans qu'on fasse attention à ce qu'elle est ou pourrait être... Sans en attendre quelque chose en échange. N'être plus qu'un corps parce que parfois être une personne c'est trop difficile. Parce que tout ça bien sûr c'est une histoire de sexe. Deux personnes seules dans un appartement, dont une nue, c'est une personne habillée de trop. Take it easy baby... Oui mais il y a quelque chose. Quelque chose qui fait tilt. Ce n'est pourtant pas grand chose... Bon sang ce n'est pas toujours si facile... J'ai peur de manquer d'air alors j'inspire longuement. Je gonfle à fond mon thorax. Avec un peu de chance ça abimera sa peinture héhé.... Sa peinture.
Oui c'est ça. En croisant du regard un miroir au mur j'ai compris. Peu à peu sa peinture s'est transformée en vêtement... Je ne suis plus nue. Je suis verte, rouge, bleu, mais je ne suis plus nue. Ma chaire a disparue. Il manque encore une foule de détail. Mais globalement, je ne suis plus nue. C'est finis. Je respire un peu mieux. Je croise le regard du peintre et je vois que lui aussi est soulagé d'avoir passé cette étape. Plus rien n'est possible. Ou alors il faudrait tout détruire. Je me regarde dans la glace et je constate avec fascination qu'ainsi peinte plus rien de mon corps n'est suggestif. Les coups, les claques et tout le reste, ça prend le pas sur ma peau une fois recouverte de mauvaise peinture hypoallergénique et d'ecchymose. Il est quatre heures du matin, il fait encore nuit, les fêtards sont rentrés, les travailleurs pour la plus part dorment encore. J'ai l'impression d'être au courant d'un grand secret, d'un truc dingue, d'un truc interdit. Alors que ce n'est jamais qu'un peu de peinture. Je regarde au sol sur mon plancher blanc : une tâche rouge. Presque rose. Gênée je croise et décroise les jambes et sans rien dire vais dans la salle de bain.

Ouaip...

« But I won't heed the battle call, It puts my back up, puts my back up against the wall... Sunday bloody sunday... ». Ca fait tilt dans ma tête. C'est de qui déjà ? C'est quoi le titre ? Plus de tampax avec applicateur. Fait chier. J'ouvre la ration de secours et place l'étrange suppositoire de tissus bien droit sur mon doigt avant de me l'enfiler en tremblant le moins possible pour qu'il trouve le chemin sans se barrer dans les coins. Je crois que c'est assez profond. Une fois tout en place je regarde ma main et résiste de toutes mes forces à la tentation de jouer moi aussi les artistes en ajoutant un peu de couleur à l'ensemble... Ahah, je me sens très « art contemporain », presque « avant gardiste » ce matin... Ce matin... Un regard à la fenêtre de ma salle de bain. Il fait toujours nuit bien sûr mais une sorte d'aura bleue clair recouvre les toits parisiens. Je déteste ça. J'ai l'impression que l'on me vole quelque chose. Je retourne dans le salon où le peintre fume une cigarette à la fenêtre. Lui aussi l'a remarqué. Il ne nous reste plus beaucoup de temps...
Pourquoi est ce que j'ai accepté ? Est ce que c'est parce que j'en avais envie ou... parce que je n'ai pas su dire non ? Si j'avais été narcissique, si j'avais voulu m'admirer, j'aurais demandé à ce que l'on me peigne moi, et pas à ce que l'on peigne sur moi. Au lieu de m'exhiber je disparais sous les couches de peintures. Comme un caméléon je serais une ombre colorée parmi d'autres lors d'une exposition où je ne connaîtrais personne. Ce n'est pas seulement mon corps qui a disparu, c'est moi aussi, un peu. J'étouffe sous cette peinture dont l'odeur me prend les narines et le me donne la nausée. Un bleu presque noir à la fenêtre. Un bleu pétrole. Je n'ai jamais été très douée en dessin. « Mais je fais de supers belles têtes de cheval ». « C'est déjà ça. ». « On tourne vite en rond ». « Tu pourrais aussi faire des têtes d'ânes ». « Je pense pas. Je suis spécialisée dans le cheval, vraiment ». « Quand ça veut pas, faut pas forcer ». Ca fait tilt dans ma tête. J'ai la nausée à cause de cette connasse de peinture. Ou plutôt de l'espèce de détergent qu'il utilise pour effacer les endroits où la peinture a bavée : à l'éponge il rectifie tout ce que mes mouvements ont abimé au cours de la nuit. « On va passer à la photo ». Ca tourne. Le salon autour de moi tourne. Ca m'emporte. J'ai des étoiles noires dans les yeux, je me retiens pour ne pas vomir devant lui et au final rien ne vient. J'ai chaud. J'ai terriblement chaud. Je sue tellement que la peinture en brille, comprends rien à ce qui se passe, m'assois et colore au passage mon clic clac et je m'en fou des tâches, ne vois plus rien : ma vision est totalement bouffée par des étoiles jaunes et noires, ça tangue, tangue, me sens vraiment pas bien du tout « me sens pas bien » « tu veux que je t'amène un gant frais ? » « Oui. Y'a un torchon sur le lavabo. ». Il passe le torchon frais sur mon front et essuie mon visage en tapotant. Pendant trois secondes je me demande si le torchon était propre ou non. Et puis on s'en fou. Le peintre a l'air sincèrement inquiet mais m'en fou, complètement larguée... Noir. Noir à la fenêtre, noir dans mes yeux, noir partout. Noir partout. Noir partout dans la pièce. Noir dans ma chambre. Je ne vois plus rien. Je sens juste qu'on me touche. Qu'on m'allonge sur le dos. Qu'on me parle d'une voix rassurante. Une grand ombre s'agite je crois devant moi. Je ne sais pas ce qu'elle fait. J'ai chaud. J'ai putain de chaud. Pourquoi est ce que j'ai accepté ça déjà ? Je ne me souviens plus... Y'a un truc... Un truc que j'ai oublié... Ca m'obsède... C'était il y a quatre ans... J'ai oublié... C'était il y a longtemps. C'est du passé. Il fait chaud, noir, humide. Je n'ai pas le droit de bouger. Si je bouge je détruis tout. Si je bouges on va m'engueuler. Si je bouges... Mais je ne peux pas bouger. C'est comme une vague. Je dois me laisser porter sans ouvrir la bouche pour ne pas boire la tasse. Je n'ai pas le choix. La vague est plus forte que moi. Me sens pas bien. Pas bien du tout... Noir. Au fond de ma rétine une petite tâche lumineuse. Vraiment pas grand chose. Je la suis des yeux... Je la suis tout court. Elle m'emporte tellement loin... Il est là. Guettant dans le noir. Tapis dans mon esprit. Lui. Aussi loin que je me souviennes j'ai toujours eu peur du Grand Méchant Loup... Et quand je l'ai enfin rencontré, à seize ans je me souviens, je me souviens de ses grandes dents, et de son air coupable, de son odeur... Scorpio je crois. T'es cap ou pas cap ? C'est ça, la question qu'il faut se poser. Mais je me souviens. Je me souviens de tout. C'était peut être à la télévision. C'était peut être moi. Mais c'était dans un monde où les « non » sont entendus comme des « peut être » et où les « peut être » n'ont aucune espèce de valeur. Un monde silencieux et horizontal. Je me souviens. D'une tâche rouge, presque rose. Sur l'océan d'un drap blanc, sortit tout juste de la machine à laver familiale. Et le passé redevient passé. Mon corps est parcourus de spasme, mon sourire se tord, mes bras s'agitent, mes jambes se croisent et se décroisent. T'es cap ou pas cap ??! Non. Noir.

Hum...

Quand je me réveille je suis dans mon lit, il est six heures du matin, le soleil se lève. Le peintre me tend un thé. Je le bois en me cachant derrière la tasse. « T'as fais un sacré malaise. » « Un malaise vagal, j'en fais souvent. » « T'as fais un bad trip ? Elle était pas forte pourtant. » « Non, j'ai juste fais un cauchemars. » « Oh. Ca parlait de quoi ? » « M'en souviens plus. ». Je regarde la peinture : sauf quelques détails l'essentiel est intact. « J'avais posé un verni dessus. » « Tu m'as verni ? » « C'est hypoallergénique ». « Oh. Cool. ».
Je regarde avec consternation mon corps pathétique et malade en repensant aux photos magnifiques d'Hélène. Pendant mon sommeil il a pu tracer ses arabesques, il a choisit de les faire rouges. Elles filent le long de mes bras. Vu d'ensemble on dirait que les lèvres des Rolling Stone veulent manger une fleur bleue sur fond tribal. Ca fait tilt dans ma tête. Et à présent je sais pourquoi. Le peintre, ça se voit, ne peut pas supporter à la fois une situation gênante et un silence pesant, il lance donc : « Tu ferais pas de l'épilepsie ? ». « Non pourquoi ? » « Jeune j'en faisais, ça ressemblait à ça... »  « Ah. Non.. Non c'était juste un malaise. » « ...A cause de ça j'urinais partout en public, même encore maintenant en fait. Dès que j'ai une émotion un peu forte. ». « Pas de bol... ». Je suis trop jeune pour savoir quelle réaction polie avoir face à un homme incontinent. Il continue : « Dis... Je peux te demander un truc ? Ca me servirait à présenter les photos dans le livre. ». J'hoche la tête et lui lance un sourire avenant. « Pourquoi t'as accepté de poser ? » « Hum... Je sais pas. Pour voir si j'en étais cap je suppose. Et puis aussi pour... Pour me prouver que c'est à moi tu comprends? Que cette carcasse c'est ma carcasse et que j'en fais ce que j'en veux. Si je veux je la recouvre de peinture, un point c'est tout. Si je veux je me tatoue, je me recouvre de beurre, je me mets du vernis, je me ballade à poil sur la plage à knot le zout si je veux. J'avais envie... D'affirmer ça... Et y'a pas de plage à Paris. ».
Il ne répond rien et fais semblant de réfléchir à tout ça même si je pense qu'au fond il s'en cogne. Puis : « Je peux faire quelques photos, si ça va mieux ? ». Je le rassure et retourne au salon, ouvre en grand les fenêtres et me pose sur la barrière du balcon sans aucun respect pour la pudeur de mes voisins du 17ème. Le peintre rigole franchement pour la première fois depuis notre rencontre et commence à mitrailler. Incapable de pauser je me contente de bouger à chaque fois de quelques millimètres un sourire ou une hanche, de mettre en valeur son dessin. L'histoire d'une paire de lèvre vorace. Il faut beau et déjà chaud dehors. Un vent printanier donne envie de partir courir à poil dans les champs. Ou en jupe. La nudité c'est juste un moyen pratique. Mais c'est pas le fond du truc. Une jupe c'est bien aussi. Courir en jupe. Faire tourner une jupe en tournant tournant tournant jusqu'à l'ivresse. Je lui souris et le regarde dans les yeux pour la première fois. Il a de beaux yeux. Bleus. De grands yeux tristes, façon cocker. Mais aussi de grands yeux capables d'être amoureux, c'est sûr, et ce n'est pas si fréquent. Le genre de truc qu'on doit respecter. Et qui n'est certainement pas une forme de faiblesse. J'apprivoise les miroirs du reflex et la tâche rouge inquisitrice qui m'indique que l'appareil me surveille, c'est à mon tour d'être timide et malhabile, peu à l'aise à l'idée d'être ainsi enfermée dans une boite à image. Il est patient, ne critique rien et laisse faire, petit à petit je me détend et au bout d'un moment il s'arrête, visiblement avec quelques photos correctes sous le pied.
La nuit a été épuisante et un bâillement indique aux peintres qu'il est temps pour lui de s'éclipser et de me laisser finir ma nuit, de toute façon lui aussi semble exténué. Je pense à Hélène et je me dis qu'on aura fait ce qu'on a pu.

En partant, après avoir signé quelques papiers comme quoi je m'engage a ne pas tenter de procès potentiellement juteux un jour, et alors que je vais pour fermer la porte derrière lui il me lâche :
« J'aimerais bien que tu fasses un texte, pour illustrer cette photo, pour le bouquin de l'expo».
« Ok. ».
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Ven 06 Juil 2012, 8:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai bien aimé. J'arrive pas du tout à décrire correctement ce que j'en pense, mais je dirais que j'ai l'impression d'un chat noir fin et calme parcourant dans la pénombre un appartement, un air inquiétant mais très familier. Voilà.
Pour être plus précise, j'aime la façon dont c'est écrit, et j'aime le personnage. Il parait simple mais au fil du texte, on la ressent fragile et perdue, très complexe en fait. Elle parait également sur d'elle ... très perturbante (c'est surement le but). Voilà c'est le mot, perturbant. Mais ni vulgaire, ni déplacé, ni impoli. Ton texte est perturbant, et accrocheur. Il transpire une ambiance parisienne, du moins ça touche à un certain imaginaire de la ville, une immense plaine ou se déroule toutes les intimités, personne n'en saura rien. Une petite scène d'une petite personne, au mieux d'un poumon, d'une formière qui se moque de ce qui se passe dans cet appartement. Mais on démasque le peintre et son modèle, ils ne sont plus anonymes du moins pas pour cette histoire, et on n'ose pas imaginer leur journée de la veille ni celle qui arrivera demain. On a prit un instant qui était leur, pour le montrer aux yeux de tous, et ils repartent presque aussi timidement dans le tourbillon d'la vie.

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Saharienne
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MessagePosté le: Dim 08 Juil 2012, 10:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais très envie que ça se ressente comme "un instant T", j'ai été très gênée quand j'ai commencé à écrire les scènes de jours parce que je ne voulais pas entrer dans une temporalité plus vaste d'ailleurs, tant mieux si cette impression a été ressentie :p
J'avais envie d'écrire de la familiarité, de la nuance, et je suis vraiment ravie que tu l'ais ressentie comme tel ^^"
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Livio
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MessagePosté le: Lun 09 Juil 2012, 11:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Tu vois ça mon pti Livio, c'est ça le talent, c'est ça le vrai pouvoir des mots, t'plonger dans une ambiance à l'aide de quelques lignes et autant de virgules et de points. Cesse d'écrire mon pti Livio, ta plume est trop lourde, trop BCBG. Nos yeux n'en irons que mieux

Bonjour,

Je dois dire que je ne m'attendais sûrement pas à ça. Fin de la lecture. Apnée qui dure. Puis, soupir.

Pu*ain la baffe que tu m'as collé. Style adéquat. Phrases percutantes, comme une gifle. L’émotion à l’état brut. Et la poésie, en toile de fond. Ca secoue et ça pique les yeux.

Juste un petit point noir qui se voit a peine sur le nez de l'oeuvre. La psychologie du peintre n'est pas assez brossée a mon goût. Et pendant que j'y suis, j'aurai aimé une fin plus ambiguë. (je dis ça sans une once de condescendance)

Dans l'ensemble, ça fait du bien par où ça passe, un grand bravo et merci.
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Saharienne
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MessagePosté le: Lun 09 Juil 2012, 11:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et bah tu vois je suis totalement d'accord avec toi !! ( pas pour les compliments même s'ils me touchent mais pour la psycho du peintre !).
J'aurais aimé réussir à le rendre plus vivant, plus en chair, mais j'ai eu quelques problèmes :
Le modèle dont je me suis servie pour ce peintre (hihi) était un personnage très discret et très nuancé, j'ai eu peur de gacher ses nuances en tentant de le décrire et en tombant dans le cliché
Je me sens toujours mal de plus pour créer des personnages masculins notamment dans une telle ambiance, j'aurais sans doute été peu réaliste et j'y aurais mis ce qu'une femme aimerait voir plutôt que la réalité je pense.

Mais comme toi je suis restée sur ma faim et j'espère un jour donner corps à un vrai personnage masculin :p

De même la fin j'ai eu du mal, parce qu'elle se passait de jours et que dans ce texte ce n'était pas le jour qui m'interessait ^^"

Merci pour cette patiente et sensible lecture, on est sur la même longueur d'onde visiblement aussi j'espère pouvoir lire tes textes car bien sûr il est hors de question que tu te démotives, j'exige d'avoir moi aussi quelque chose à commenter :p
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Saharienne
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MessagePosté le: Sam 11 Aoû 2012, 9:35 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est un homme en costume. Un beau costume en tissus onéreux. Son tombé est élégant, ses plis lui donnent de la tenue. C'est un homme plutôt beau. Pas magnifique mais plutôt beau, assez grand. Un homme qui regarde droit devant lui, comme dans une pub pour un parfum, avec un air inspiré. Et comme dans les pubs pour parfum cet homme a l'air stupide. Il a l'air stupide car devant son regard ne s'étale qu'un gigantesque désert. Et sous son costume de marque il sue à grandes gouttes, des auréoles s’étalent sous ses bras. Le chemise blanche en est devenue transparente et laisse voir les poils de son torse collés au tissus. Il tente de conserver un air digne mais ses lèvres entre-ouvertes se torturent pour ne pas s'ouvrir bêtement bien largement comme un chien à la fenêtre d'une voiture. C'est un homme trop bien habillé qui contemple le désert. C'est beau et stupide à la fois.

-Parfois il faut gratter. Pour retrouver la peau en dessous. Sous la peau du crocodile. Il faut gratter. Arracher les peaux mortes. Un jour ça ne marchera plus bien sûr. Un jour ta peau ne pourra plus recréer de la peau. Ce sera toujours le même cuir. Mais ce jour là la question ne se posera plus.
Notre homme présente tout les signes de la fatigue. Il a l'air à bout. Jouer le business man en plein désert l'a épuisé. Il s'assoit.

-Courir et dormir en même temps
C'est peut être la définition du rêve
J'ai de la mélancolie
Pour ce qui n'a jamais été
Je ne sais pas après quoi je cours
Mais ce n'est jamais assez.

Toujours le même air, résultat du frottement sur vent sur le sable. Peu à peu le vent enveloppe notre homme comme un châle. Entrainant avec lui une pellicule de sable qui se colle sur sa peau. L'homme prête la joue à la caresse du vent. Sa barbe de trois jours, seul signe de relâchement dans sa tenue, est bientôt empestée de grain de sable venu s'y réfugier. Il ne tente rien. Ne bouge pas. Le sable le lèche et bientôt notre homme s'allonge, alanguit. Il s'endort. Le soleil frappe et réchauffe sa peau. Mais si la morsure du soleil se sent, elle n'en est pas douloureuse. Dans ce désert qui s'amuse avec la réalité, faute d'homme pour lui donner corps, le soleil n'est pas un ennemis. C'est une femme trop pressante, une amante éconduite qui tente de séduire une dernière fois avec le ridicule de celles qui jettent tout leurs charmes en désordre dans la bataille. Mais elle ne représente aucun danger. Notre homme s'allonge donc, en toute quiétude, sur l'épais matelas de sable. Il s'endort.

Pourquoi sue t il autant ? Cette question devient obsédante. Dans ce désert tiède pourquoi sue t il autant... C'est une sueur bien particulière. La sueur de la culpabilité. La sueur de celui qui sait qu'il ne doit pas oublier. Car ses victimes n'oublieront jamais, elles. Et tôt ou tard le retrouverons. Même en plein désert. Même au cœur de ses rêves. C'est cette voix dans sa tête qui lui répète :

-Il n'existe aucun refuge
Je le sais car quand je rêve
C'est encore eux que je vois
Qui me regardent et me jugent
Et dans les miroirs ce n'est plus mon reflet
Mais les leurs qui m'observent.

-Tu dois gratter ta peau. Jusqu'au sang, jusqu'aux os. En cicatrisant tu auras un nouveau visage. Une nouvelle peau. Tu sera libre. Mais en attendant gratte. Au début ce sera difficile. Ton corps a du mal à se blesser lui même. Une sorte de barrière invisible t'en empêchera. Mais si tu le fais bien, si tu es fort, si tu surmontes cet obstacle, alors tu devrais pouvoir y arriver... Et je ne vois pas ce qui ensuite pourra t'atteindre.

Dans le sable notre homme s'enfonce peu à peu. Au début c'était imperceptible. Au début ce n'était que de quelques millimètres... Et puis peu à peu... Tôt ou tard c'est sûr il sera totalement enterré par le sable de ce désert immense. Le sable s'infiltrera dans ses narines. Puis dans sa gorge, il s'introduira entre ses lèvres. Entre ses yeux et leurs globes. Entre les ongles et la chaire. Partout, le sable s'infiltrera partout. Entre ses vêtements et sa peau. Ca déchirera ses vêtements. Ca déchirera ses narines. Ca déchirera ses organes. D'année en année. Et bientôt, grâce à l'action du vent, tout son corps deviendra un simple amas de grain de sable.

-Je ne sais pas après quoi je cours
Mais ce n'est jamais assez
Le désert avance toujours plus
Et me rejoins
Quand on ne sait pas après quoi on cours
C'est un rêve
Ou bien une fuite.
Et je crois bien que j'ai perdu.

-C'est dommage. Il ne te manquait que d'un peu de courage, de sens du sacrifice. Mais tu as préféré jusqu'au bout sauver les apparences. Le désert ne pardonne pas ce genre de caprice de l'Homme. Il l'avale, tout cru. Parce que c'est ce que le désert fait de mieux : avancer et recouvrir tout sur son passage pour régner comme le seul vrai roi d'Egypte.
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Chakal D. Bibi
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MessagePosté le: Sam 18 Aoû 2012, 2:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ah si, ah si c'est bon ça !

Citation:
J'ai de la mélancolie
Pour ce qui n'a jamais été
Je ne sais pas après quoi je cours
Mais ce n'est jamais assez.


Citation:
Il n'existe aucun refuge
Je le sais car quand je rêve
C'est encore eux que je vois
Qui me regardent et me jugent
Et dans les miroirs ce n'est plus mon reflet
Mais les leurs qui m'observent.


Citation:
Tu dois gratter ta peau. Jusqu'au sang, jusqu'aux os. En cicatrisant tu auras un nouveau visage. Une nouvelle peau. Tu sera libre. Mais en attendant gratte


Ouaip, c'est tout à fait ça, enfin j'crois, p'tet bien que j'me plante totalement mais j'trouve ça très juste, l'espoir d'avoir une réelle liberté qui ne viendra jamais.

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Saharienne
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MessagePosté le: Mar 21 Aoû 2012, 6:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'avais tout simplement posé mon téléphone tactile sur la cuisse. Quelques bruits dérangeants d'électronique qui s'agite, épilepsie cellulaire. Quand je le retourne pour faire cesser la cacophonie je me rend compte que le contact de ma cuisse a imprimé un numéro sur les touches de mon téléphone. Il y a avait pour ça une chance sur des millions mais il se trouve que ce numéro était tout à fait valable. A dix chiffres. Commençant par 01, un numéro parisien, de fixe. Ce n'était pas un numéro de mon répertoire ou près programmé, non c'était le hasard qui voulait que je lui téléphone alors j'ai pressé sur la touche verte et j'ai attendu. Trois sonneries. Ma maman m'avait appris à toujours raccrocher après trois sonneries vaines. Je n'ai su que très tard ce qui se passait après trois sonneries. Une quatrième sonnerie. Et puis ça décroche. Combien de correspondant raté à cause de cette vieille tradition... La voix au téléphone est féminine mais paniqué, les femmes inquiète me font toujours peur, elles ont toujours ce secret du désespoir qui passe à l'acte.... « Ne faites pas ça ». «Pardon ? » « Ne faites surtout pas ça » « Pardoooon ? Désolé je … je me suis trompé de numéro ». « Non restez, il n'y a pas de honte, restez, vous ne devez juste pas passer à l'acte, parlez moi, parlez moi s'il vous plait... » « J'ai appelé par hasard en fait, le numéro s'est fait tout seul et... » « Oui oui je sais j'imagine, mais vous savez vous n'avez pas à avoir honte, il y a des solutions... Ne faites pas ça. ». J'ai raccroché. Elle était... anxiogène. Ne pas faire quoi ? C'était sans doute un de ces numéros, comme dans le Père Noël est une ordure, pour les gens qui veulent se suicider. Mais je ne voulais pas me suicider. Enfin je ne crois pas. C'était pas prévu en tout cas. La journée avait été ennuyeuse mais normal, pas de raison de rire, pas de raison de pleurer, il faisait même beau alors non décidément, pas de suicide à l'horizon. Alors pourquoi elle ce qu'elle m'avait dit de ne pas faire ça ? Après tout j'imagine qu'à notre époque il n'y a pas besoin de raison pour se foutre en l'air. La crise, le climat tout ça tout ça... Peut être que tout le monde veut se suicider au fond. Que c'est pour ça qu'on bouzille tout. Mais dans ce cas pourquoi ne pas directement ouvrir une chaine télé pour que tout le monde.... Enfin, j'avais fais ce numéro au hasard c'est vrai. J'avais oublié.
Non vraiment plus j'y réfléchissais et moins je voyais de raison de me suicider. J'avais un travail, un peu ennuyant mais un travail. Un début de relation amoureuse. Avec un type un peu distant, un peu crâneur, un peu séducteur mais hé, c'est ça qui me plaisait chez lui non ? J'avais un appartement, petit mais bien placé. Tout était normal chez moi. Mais de normal à médiocre j'ai toujours eu du mal à mettre la barrière... Peut être au fond que ma vie était pourrie et que je ne le savais pas... En primaire déjà on se moquait de moi, même les intellos m'aimaient bien parce que j'étais plus moqué qu'eux... Mais depuis ça avait changé. J'avais fais de bonnes études. J'avais eu des relations, pas beaucoup mais longues. J'avais évité tout les pièges, la drogue, l'alcool, les mst, même les ruptures trop douloureuses, j'avais tout piloté et plus personne ne s'était jamais moqué de moi, j'avais même eu quelques années une bande de pote que l'âge à déconstruit sans aigreur ni regret. A la télé les reality show, les reportages en campagne profonde, toutes ces émissions qui se moquaient des travers des pas parisiens, des pas riches, des pas beaux, me renvoyaient l'image de moi telle que je la voulais : le haut du panier. La classe moyenne. Une licence et même un master. Alors non, vraiment, le suicide ? Très drôle ! Je rappelerais bien pour faire un de ces canulars téléphoniques qu'on faisait en colonnie de vacance tiens ça me rappellera le bon temps ! Le bon temps...
C'était y'a longtemps, le bon temps... Celui où ton principal soucis c'est la couleur de ton agenda à la rentrée. Celui où la nourriture arrive toute seule sur la table, les cadeaux de Noël sont offert gratuitement par un grand être magique et bienveillant puisque la magie, bien sur, la magie ça existe... Le premier amour, tu donnes tout, tout, tes rêves, tes ambitions, tes projets, ton innocence, tout en vrac... Ensuite tu deviens prudent... Ensuite tu veux prendre ton temps... Ensuite tu veux aimer petit à petit, et pas trop passionnément, chat échaudé... Le bon temps où la mort n'existe pas, ou alors seulement parfois pour les grands parents et les insectes... Le bon temps...
Maintenant... C'est plus compliqué... Quand j'ai finis les impots la sécu le loyer les courriers recommandés les charges les comptes rendus.... Je ne sais plus aimer un dessin animé le samedi matin. D'ailleurs le samedi matin je ne regarde plus la télé, je ne fais pas de grasse mat' non plus comme quand j'étais ado...  Je me réveil et je m'ennuis jusqu'au repas de midi et puis je corrige des copies jusqu'au soir, le dimanche je vais voir mes parents et je prépare les cours de la semaine... Parfois je rentre tôt Eric vient et on baise avec « Vivement dimanche » en fond sonore. Il repart après le repas. Il m'apporte toujours des fleurs, des roses trop rouge, presque brune, ternes. Mais je suis une femme qui baise, qui reçois des fleurs, qui s'assume avec un travail et une famille derrière elle. J'ai la vie que j'ai toujours rêvé d'avoir si on exclus les rêves stupides que l'on a gamin... Mais je comprends que des gens qui n'aient pas tout ça se suicide. Déjà que quand l'on a tout ça...
Quand on a tout ça parfois je me pose des questions quand même. De curiosité « qu'est ce qu'il y a derrière ? ». De sens « A quoi bon attendre ? ». Et les jours un peu triste je me dis qu'un suicide c'est encore une façon plus distrayante de finir la journée que de bouffer un yahourt nature premier prix devant Plus Belle la Vie comme tout les soirs depuis des années. Mais ce ne sont jamais que des idées passagères. Des fantasmes comme on en a tous. On imagine son enterrement. Qui viendra ? Qui pleurera ? Est ce qu'ils reviendront, les anciens amants pleurer sur le sort de la plus formidable femme qu'ils aient rencontré ? Les anciens amants... Ca m'étonnerait. J'en ai revu un y'a peu, dans la rue, j'ai fais en sorte qu'il ne me voit pas, il était avec sa nouvelle copine, ils avaient l'air heureux. Je ne les envie pas. On sait comme ça se finit. Une fois sur deux par un divorce et on se partage les enfants comme avant les restes de la pièce montée. Profitez profitez... Moi je sais comment ça va se terminer. On sait tous comment ça va se terminer. Elle souriait dans cet oublis stupide qu'on se force à avoir en début de relation, cette amnésie de la réalité humaine où l'on pense que tout finira bien comme dans un conte à l'ancienne.
Je ne vois même pas pourquoi je m'acharne avec cet Eric. Je devrais peut être m'en débarrasser, ça fait trois jours qu'il n'a pas appelé de toute façon... Au final une vie de célibataire me conviendrait assez... La folie des rencontres de la nuit... L'imprévus... Le possible... Mais bon, au final les bons coups et les jolies queues se font rare et l'homme bourré te bourre rarement c'est bien connu... Et tout ces imbéciles qui rechignent à mettre le préservatif alors que si ça se trouve c'est moi, moi la contaminée hein, qu'est ce qu'ils en savent, pour trois secondes de plaisir la bouche béante en poussant des barrissements rauques les yeux exorbités comme s'ils voyaient la Vierge en baisant la catin...
Parfois je suis lassée de tout ça... J'aimerais que ça change. Que ce soit plus frais, plus facile. Que les choses soient... heureuses. Pas simplement « pas triste » mais heureuse. Que la vie soit comme un grand éclat de rire qui résonnerait dans tout ce que je fais et tout ce que je dis. Les tables se rempliraient comme par magie. Car la magie existerait. Je serais belle et j'aurais un petit copain comme en primaire, ce genre de petit copain dont on ne rompt jamais vraiment, dont on est pas vraiment amoureuse, mais qu'on épouse quand même dans un coin de notre tête... J'aurais une robe qui tourne... Tourne... tourne.... Je n'aurais à me soucier de rien. Je pourrais être heureuse tout les jours car aucun soucis ne viendra entâcher ce quotidien doux et sucré... La mort n'existerait pas...
Comme quand j'étais enfant... J'aimerais être à nouveau une enfant oui.. Et le rester toute ma vie... Il faudrait que je recommence tout... Depuis le début... Oui. Depuis le... Le début. « allo ? Allooooo ? Je ne vous entends paaas vous êtes encore lààà ? Ne raccrochez pas s'il vous plaiiit, il y a des soluuuutioooooons vous saveeez.... ALLO ?! VOUS M ENTENDEZ ?»
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Chakal D. Bibi
~ Chakal Touffu ~


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MessagePosté le: Mer 22 Aoû 2012, 2:14 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'sais pas si c'est parce que j'viens juste de r'fermer Pulp mais pour le coup j'ai envie de t'appeler Bukette :p

Toute cette réflexion sur l'intérêt et/ou l'ineptie de la vie, de la mort, la façon de relativiser les choses et puis finalement la démystification du tout, j'trouve que c'est exactement le thème de Pulp et ça ressort super bien dans ton texte.

Citation:
Ma maman m'avait appris à toujours raccrocher après trois sonneries vaines. Je n'ai su que très tard ce qui se passait après trois sonneries. Une quatrième sonnerie.


Citation:
le dimanche je vais voir mes parents et je prépare les cours de la semaine... Parfois je rentre tôt Eric vient et on baise avec « Vivement dimanche » en fond sonore
.

Citation:
Et tout ces imbéciles qui rechignent à mettre le préservatif alors que si ça se trouve c'est moi, moi la contaminée hein, qu'est ce qu'ils en savent, pour trois secondes de plaisir la bouche béante en poussant des barrissements rauques les yeux exorbités comme s'ils voyaient la Vierge en baisant la catin...


Cool

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[quote="Speed Hunter"]Chakal lui c'est un héros de musicien ![/quote]
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Saharienne
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MessagePosté le: Jeu 06 Sep 2012, 9:01 am    Sujet du message: Répondre en citant

Poème écrit sur cette musique :
http://www.dailymotion.com/video/xrltx8_sigur-ros-fjogur-piano_shortfilms


Deux grosses bulles grasses d'oxygènes remontent à la surface de l'eau,
Et s'entrechoquent lentement :
Ta respiration lente
Dans ton sommeil
Je vois ton grand dos qui se gonfle, et se relâche...
Au fond d'une piscine, sous l'eau,
Le soleil semblait heureux
Et riait à la surface
Semblait se tordre de bonheur
Et moi, et bien... J'étais heureuse avec lui.
Mes lunettes de piscine laissait rentrer un peu l'eau
Me niquant les pupilles.
A la surface de l'eau,
Il y avait le Bruit.
Tout ce bruit.
Mais sous l'eau,
Si l'on excepte les pupilles...
Alors tout va bien, tout va bien...
Tout va bien, ma chérie...
Ta respiration lente,
Ce grain de beauté à l’omoplate,
Ta peau est encore plus douce dans ton sommeil
Il ne faut pas faire de bruit non...
Il ne faut pas faire de bruit...
Ce monde du silence
Où je survis
En apnée...
Ce n'est plus mon corps ou en tout cas
Ce n'est plus moi qui le dirigeais :
Il voulait remonter à la surface
Avec arrogance
Je soufflais encore et encore
Pour le vider de tout cet air inutile.
A la surface de l'eau
Le soleil caressait ma peau.
Je le voyais danser à la surface,
Comme on regarde un souvenir...


Dernière édition par Saharienne le Sam 08 Sep 2012, 1:00 am; édité 2 fois
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Mikazuki
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MessagePosté le: Ven 07 Sep 2012, 11:06 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je trouve ça magnifique. Sincèrement, ça me touche et m'inspire beaucoup.
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Saharienne
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MessagePosté le: Ven 21 Sep 2012, 7:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci mon Mika ! Tu me manques tu sais Very Happy tes commentaires mais aussi tes textes !

Appel

Un ciel bleu nuit a pris feu,
Dans un océan de flamme verte :
Il n'y avait plus sur terre aucun être magique,
Tout était réalisme et réalité :
On ne priait plus,
On n'espérait plus,
On attendait la mort.
Au milieu de tout ces gens sérieux,
Ces adultes qui tentent d'échapper à leur vie par leurs vices ;
Je me mets à prier le petit prince,
Et tout ces gens qui savent voler,
De planète en planète,
Juste grâce à la légèreté de leur être.
Dans cet océan de flammes vertes, j'ai-
Mal à la tête.
Le monde crie et hurle.
Mais moi je ne les entends plus,
Je suis partie de ce monde là,
Moi qui était une partie de ce monde çi...
Et déjà je marque la distance.
Il y a tout là haut une voix qui chante !
Pour tout ceux qui prient tout ceux qui croient,
Qui n'ont pas derrière eux la force de la réalité,
Qui doivent,
A chaque seconde,
Réinventer.
Tout ceux qui prient, tout ceux qui croient :
Les vrais révolutionnaires de notre époque.
Tout ceux qui prient tout ceux qui croient,
Qui n'ont pas peur de ce qui les dépasse...
Qui n'ont pas peur de souffrir...
Espera ! Espera !
De l'espagnol « esperar »,
Qui signifie à la fois :
Attendre...
Et espérer !
Espera ! Espera !
Comme tout ceux qui prient tout ceux qui croient !
Qui ne cèdent pas à la tentation du cynisme !
Mais qui restent debout à regarder le ciel comme leurs vices !
Sans attendre de réponse !
Sans espérer avoir raison !
Juste parce que le ciel est beau !
Espera ! Espera !
Comme tout ceux qui prient tout ceux qui croient,
Et qui se sacrifient,
Dans les bras traitres des hommes et de leurs filles,
Pour qu'on puisse, encore, écrire de la poésie !
Qui pensent qu'après la mort, il y a encore une vie !
Au moins celle de tout les autres...
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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Mar 25 Sep 2012, 6:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime monstrueusement.
C'est de la douceur, des émotions qui ronronnent (si si je les entends). Ta plume est fine, et précise tout en étant douce et compréhensible. C'est de la Beauté littéraire comme j'aime.
J'adore le jeu de couleur, comme je t'ai dejà dit, mais en relisant ça ressort encore plus. J'adore la première phrase, on a tous l'impression de voir le ciel apparaitre, ou l'impression de l'avoir vu un jour. ça appelle direct au souvenir, t'as envie de fermer les yeux juste pour vivre le petit frisson que cette unique phrase procure. Comme je t'ai déjà dit aussi, ça fait une belle référence à Brel "pour qu'un ciel flambloie" sauf que ta phrase n'apporte pas une condition, l'image existe. C'est du vécu, du réel, alors que dans Brel on pourrait presque croire à un espoir, un rêve?
J'aime aussi ton "jeu" avec le petit prince, ça me rappelle la petite discussion qu'on avait eu au sujet du livre, et comme tu me l'avais expliqué ici aussi il apparait comme une solution pour le narrateur.
Ensuite, "espera" on l'entend ce cri, et ça donne envie d'attendre pour esperer, ça ressemble au cri des marins "terre en vue" une réalité enfin là au milieu d'un océan de quelque chose.

L'univers de Ta poésie est vraiment intéressant, et surtout il est remplit d'émotions et j'avoue te préférer ainsi: tu touches à beaucoup de belles choses simplement en utilisant des mots. Chapeau ma chère!

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Livio
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MessagePosté le: Mer 03 Oct 2012, 1:53 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Un contenu qui... entre philosophie, monde fantaisiste, un petit-je-ne-sais quoi qui t'offre un aller simple pour l'enfer.

C'est quelque chose qui force le respect, touffu mais sans excès.....Bravo, ça fait toujours autant de bien par où ça passe !

Bonne continuation.
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Saharienne
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MessagePosté le: Mer 03 Oct 2012, 2:20 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Vos commentaires sont vraiment touchants, je suis très heureuse de vous voir revenir lors des nouveaux textes, ça me fait vraiment plaisir, j'écris à présent sans me mettre la pression ou me prendre la tête comme avant, ce qui veut dire beaucoup moins d'ambition, et pourtant ce que je veux mettre, la simplicité, fantasque... Alors ça me touche beaucoup si ça vous touche parce que c'est vraiment moi derrière tout ça et pas un travail plastifié ^^
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Saharienne
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MessagePosté le: Sam 13 Oct 2012, 11:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne sais pas encore où ça va me mener, j'aimerais vraiment finir cette nouvelle en disons écrivant 10 pages supplémentaire pour en faire un titi texte (vous avez dû remarquer que je déteste les textes longs :p).
Nous avons donc la première partie ici :

Etape 1 : Irlande et Espagne.

C'est parti d'un désaccord.
Et depuis j'ai toujours marché tout droit.
C'est peut être la définition du rêve :
Marcher et dormir à la fois.


J'ai jeté mon sac à l'arrière du bus de nuit E23. Direction l'Irlande. Ma valise avait été avalée goulument par le ventre chaud du bus. J'ai poussé un soupir fatigué et donné mon passeport au conducteur. « Marchal, Eric ». Il a vite fait regardé ma photo pour voir si ça correspondait. Il a pu voir, dans les deux cas, un type châtain et banal, avec encore un peu d'acné, des traits irréguliers mais sans scandale, des lèvres quelconques qui ne donnent pas envie d'être embrassées mais un regard inoffensif auquel on fait confiance faute de mieux. Je me suis dirigé vers le fond du bus, vieux réflexe de colonie et autre sorties scolaires. Pour une fois je serais au fond du bus, là où sont normalement les gens « cool ». Mais il n'y avait personne pour le voir, le bus était vide. A l'arrière une rangée de cinq place où je pouvais m'allonger complètement, je ne suis pas très grand. J'ai rapidement remarqué l'odeur nauséabonde qui s'échappait des chiottes juste à côté de moi, une odeur rance de détergeant et de pisse. Trois rangs plus loin un vieux gros s'ouvrait une canette sous le regard morne du conducteur qui regardait sans rien faire ses sièges en mauvais velours se faire inonder de bière à 8 degrès bon marché. Je suis resté à ma place. J'ai remis mon fut droit et j'ai tenté de m'endormir, impossible à cause de l'odeur. J'ai voulu respirer dans mon tee shirt mais après une journée de marche il puait presque autant et d'une odeur plus acide. Ai fais semblant de dormir pour me tromper moi même et me suis rappelé les trajets dans la voiture familial quand j'étais gosse. Quand le bercement de la voiture suffisait à m'endormir. Quand tout allait bien et que je n'avais qu'à respirer pour vivre et à ouvrir la bouche pour qu'on me nourrisse, comme une oie ou un piaf du genre. Le car s'enfonce dans les ténèbres et la climatisation est branchée au maximum. Un souffle glacial vient torturer mes bras nus. Je cache mes mains sous mes aisselles humides pour les réchauffer ou encore les plaque sous mes fesses mais rien ne marche, je claque des dents et meurt littéralement de froid sans rien pour me couvrir. A ce stade se rouler en boule ne suffit plus. Je me sers de mon souffle, celui chaud du nez, que je dirige sur mes bras repliés en oreiller pour les réchauffer. L'odeur, le froid, et 10 heures de voyage qui s’étalent devant moi. Tout ça me donne envie de chialer. Après trois mois de voyage je suis littéralement au bout de mes forces, je n'en peux plus de crever de faim, de froid ou de solitude. Je n'ai plus la force de faire des rencontres, de parler aux autres, de tenter d'améliorer mon quotidien. Dans ces bus de nuit bon marché d’Angleterre, surtout pour les destinations les plus pourries, on se reconnaît tous entre passager comme étant des gros nazes. Et on ne tente même pas de faire la conversation aux autres par charité chrétienne. On a tous le regard morne flottant dans le décors noir pour tenter d'avaler nous aussi un peu de tout ces kilomètres histoire de se caler l'estomac. On s'hypnotise. Je tente d'avoir de la poésie. D'avoir de belles idées avec de jolis mots. Rien à faire, je me les gèle trop. Tout mon cerveau est obsédé par ça et par comment réchauffer mes parties. Un moment j'envisage de foutre le feu à quelque chose dans ce bus pour en faire un feu de camps. Mais ce n'est pas trop trop possible. Un arrêt de quelques secondes et une famille entière nous rejoins dans l'autocar. Des enfants. Super. En bas âge, vraiment pas fait pour voyager comme ça les mômes. On voit bien qu'ils ne comprennent pas ce qu'ils foutent dans cet endroit froid et puant. Ils n'ont rien à faire là putain... Je m'endors.
Je dors une heure ou deux.
Puis je me réveille, une heure. Tout est flou, tout est sombre, je ne remarque rien, le bus est silencieux, j'ai l'impression d'être dans une sorte de coma et tout me paraît affaiblis, terne, trop doux... Mon nez menace de se réveiller à son tour. Je parviens à me rendormir avant de ressentir à nouveau l'odeur des chiottes. J'ai beaucoup voyagé et pour la première fois j'ai l'impression de ne pas être maître de mon voyage. Que ce bus me force et m'emporte quelque par contre mon grès, comme si on m'y avait mis de force. Pourtant non. J'ai choisis la destination et le moyen de transport. J'arrive à dormir sur cette dernière pensée.
Je suis réveillé par une puanteur infâme. La reine des puanteurs. Il fait plein jour et la lumière tape sur les vitres et crée une serre. Une serre où se développe un arôme particulier, celui du vomis de gosse. Cette odeur a gonflée pour se rependre dans tout le bus. Je menace de vomir à mon tour, les fenêtres sont bloquées, impossibles à ouvrir. « Cassez en cas d'urgence ». J'hésite et enfuit mon visage tout entier à l'intérieur de mon sac qui sent l'humidité, humidité qui à l'instant même me paraît comme la plus belle de toute les odeurs, chaude et accueillante.
Je me suis endormis à nouveau. J'ai fais un rêve.
Une fille sexy. Je voyais que son dos. Elle portait un boxer en dentelle noire. Et elle avançait en marchant tranquillement devant moi, pied nu. Elle était juste à quelques mètres et je savais que je ne pouvais pas la rejoindre ou la toucher. Pas un instant je n'ai vu sa face ou son profil. Juste son dos. Je ne pouvais que suivre son cul magnifique qui se dandinait devant moi avec fermeté. Ses hanches, ses reins, ses épaules, j'arrivais pas à voir au dessus..., tout ça c'était génialement sexuel. Mais je ne pouvais pas y toucher. Il fallait que je la suive. Et je me suis réveillé avant de l'avoir rattrapé.

Je ne sais pas après quoi je cours
Mais ce n'est jamais assez.
Je ne sais pas si c'est un souvenir, un cauchemar ou un rêve...
Mais tu sais... Toi... Tu n'étais pas là.

On a tous été débarqué sur le quai du ferry, quelque part en Ecosse. On était plus que dix cons, moi compris, dans les dix et dans les cons. On s'est regardé. Négatif. Cette nuit de chierie n'avait crée aucun sentiment spécial de communauté. Aucune entente magique que les bobos recherchent dans leurs voyages. On en avait juste tous pleins le culs. On regardait avec un œil mauvais le gosse coupable. Avec des envies de meurtre à la javel. Lui fixait ses pieds le regard vide. Je n'ai ressentis aucune peine pour lui. Après quelques secondes d'hésitations on est partis au guichet : 4 heures d'attentes avant le prochain ferry. Il ne nous a fallut que quelques minutes pour tous se disperser sans un regard pour le groupe qu'on avait eu l'air de former le temps d'une nuit. Je crois que j'ai été le dernier a amorcer le mouvement de départ, j'avais toujours ce fichus instinct grégaire, le même d'ailleurs qui m'a poussé à aller vers la mer directement, comme tout les imbéciles qu'on mets face à elle, aussi imbéciles que des papillons de nuit s'explosant les antennes sur une lampe. Je hais les papillons de nuit. Ils sont une insulte aux papillons, aux insectes, et à tout ce qu'il y a de beau sur terre.
Je ne sais pas si vous connaissez ce type d'homme crâneur et beau qui ont cette particularité d'être intelligent. Une sorte de Jim Morrisson, de Neal Cassady... Une sorte d'assurance tranquille. Savoir que tout ira bien dans la vie parce que c'est le cadeau qui va avec une aussi jolie gueule bien utilisée. Ce genre de connard quoi... J'arrivais pas à les détester. J'arrivais pas à les admirer, j'avais juste envie qu'ils continuent à vivre histoire de prouver que tout ça avait au moins servit à quelqu'un. Que c'était possible de profiter de tout ça.
Le type le plus représentatif du genre je l'ai rencontré sur le quai de ce ferry. Une cape bleu, doublée de satin rouge, des hautes cuissardes et un pantalon blanc. Des cheveux blonds bouclés sur un visage enfantin. Un homme qui puait le style et l'assurance à mille mètre. Il ne regardait pas la mer, il regardait le ciel avec obstination. « Ca te brule pas les yeux, le soleil ? » « Question d'habitude ». Pas faux. Ce genre de type est en concurrence directe avec le Soleil. D'ailleurs il m'a dit ensuite « J'attend que la nuit tombe en fait ». « Pour savoir quand viendra le ferry ? » « Quel ferry ? » «Celui pour l'Irlande ? » « Tiens, jamais été en Irlande... Je vous suivrais p't'êt' si cette nuit ça vient pas... ». Il s'est assis au sol en tailleurs et son pantalon est resté blanc, il a allumé un stick sortit de nul part et j'ai décidé que j'aimais bien ce gars. J'avais l'impression d'être un papillon de nuit face à une lampe torche mais tant pis. « Si ça vient pas quoi ? » « Wha, on se connait à peine et direct les questions perso quoi... » « C'est juste tu fais des phrases intrigantes faut assumer après pas juste teaser en l'air.... »  « Ok ok pas con pas con.... -Il m'a évalué du regard un moment puis a souris avec un air confiant, un peu moqueur- Heu baaaaah j'attends de retourner sur ma planète en fait...J'crois qu'on peut dire ça comme ça... » Ce spliff était clairement pas le premier de sa journée. « Je sais bien que ça fait con comme ça mais je crois qu'elle me manque cette conne... J'en ai marre de jouer les ados attardés, y'a un moment faut passer la crise d'ado et rentrer à la maison mec.... J'ai bu j'ai baisé j'ai voyagé, back to home maintenant... A moi la baise régulière et l'impression d'être un vrai mec bien au chaud dans ses pantoufles tu vois... » J'aime bien profiter des délires des illuminés alors j'ai pas contredis, ça fait de jolies histoires à raconter après « Cette conne ? » « Ouai, fin t'as surement du lire ça quelque part, la rose tout ça blabla... » Cinq bonnes minutes de réflexion plus tard : «. Oh !... T'es... T'es Le Petit Prince en fait c'est ça ? » « Tout juste Auguste ». J'étais sûr de peu de chose en ce fucking monde, mais j'étais sur d'au moins une chose, putain de sûr que le Petit Prince, s'il existait, ne dirait jamais « Tout juste Auguste ». Impossible. Mathématiquement impossible. « Faut dire j'en ai chié avec les confidences de l'autre tantouze d'aviateur, tu veux pas te faire tripoter alors faut donner du change histoire de l'occuper, en même temps jle comprend trois mois dans le désert ça te flingue un gus... ». Gus non plus. Le Petit Prince ne dit pas « Gus ». « Au final on en fait beaucoup sur cette conne de Shéhérazade mais j'ai été vachement plus futé sur ce coup là. Le coup du serpent tiens par exemple, j'comprends pas comment il a peut être assez teubé pour gober cette histoire de gosse qui se fait mordre et qui disparaît, m'enfin bon, jte dis jcomprends,, passé trois mois dans le désert il tournait carré le pauvre...». « Hum... » « Oh je sais bien que tu me crois pas hein, pour tout dire je m'en fou un peu, dans trois heures t'auras décollé et moi sauf les renards je sympathise avec peu de monde mais jme doute que t'es en train d'écrire et un guest ça fait de l'effet, s'pas pour me vanter, en fait si carrément, mais jsuis plutôt un guest en fait. Et puis j'me fais chier ces derniers temps, l'écrivaillon s'fait rare j'ai plus personne pour s’intéresser à moi comme il faut...». « Comment tu sais que.... » Il me coupe, visiblement il aime s'entendre parler : «J'ai un feeling de merde avec les écrivallions. Et les gays aussi. T'es pas gay dis ?» Je repense au rêve de ce matin « Jpense pas non... » « Cool ça change. ».J'hésite puis je prends mon air le plus diplomate : « Les gens me croiront pas si j'leur dis que j'ai rencontré le Petit Prince tu sais... » « Pour les trois pecnos qui te liront et qui penseront que tu te la raconte... Au moins t'auras gratté du papier ».
Pendant un moment j'attends la suite et je comprends qu'il préfère se sentir interrogé : « Et donc la rose ? » « J'ai l'air d'un végétophile ? » Il part dans un grand éclat de rire parfait. Ce type a le rire le plus parfait que j'ai jamais entendu. Le truc complètement surréaliste, la bonne hauteur, la bonne force, la chaleur tout quoi, la total du rire, à la fois rital et féminin juste comme il faut. Il me brule le front avec son pétard qu'il éteint en l'écrasant entre mes deux yeux « La rose elle est là gars, te complique pas trop la vie, et j'peux même te dire que ma rose à moi elle a un sacré bon p'tit cul ! Bon s'pas que j'me fais chier mais j'te laisse j'dois passer aux chiottes, see ya dans le ferry l'écrivaillon !!».

Il s'est mis à pleuvoir. J'avais deux heures à attendre. Après une nuit aussi crade la pluie, en plus elle était douce, me faisait du bien. Je suis resté plus ou moins seul pendant que les gens qui ont peur de l'eau rentraient se cacher. L'eau de cette mer là est spéciale. Comment dire... Le genre d'eau que vous savez avec CERTITUDE que ceux qui y plongent meurent dans la seconde. Ce n'est pas de la glace mais tu sens qu'elle hésite à le devenir tellement elle est gelée. A te couper tout envie de te laver dedans. Et c'était bien dommage parce que j'avais franchement besoin d'une douche... J'avais rien à faire alors je me suis mis à faire ceux que font tout les gens qui s'ennuient face à la mer : j'ai pensé à l'Amour. Au quatre jours où je m'étais autorisé à tomber amoureux en fait. Ce qui n'est déjà pas si mal à 17 ans je pense. Une chieuse de 28 ans qui voulait construire sa vie, avoir des projets, se définiiiiir comme persooonne, et autre blabla de guide de développement personnel. Mais elle en était incapable, elle était d'une stupidité rarement atteinte même parmi les gens de 28 ans. Alors elle sortait avec des ados qui l'admiraient pour sa capacité à tirer les pipes les plus mémorables de toute une adolescence et même longtemps après. Marché honnête. J'ai été amoureux quatre jours de cette meuf là, juste avant d'attraper une mycose, ça a été la première, de meuf et puis de mycose. Je crois que ça fait de moi un chic type. Et puis à 17 ans c'est pas si mal vraiment. Je sais pas pourquoi mais un jour j'ai été amoureux d'elle tout d'un coup et c'était comme si tout était beaucoup plus simple. J'avais une raison d'être heureux, une raison de manger, une raison de m'endormir le soir, et surtout le plus important : une tête et un prénom pour remplir mes rêves/fantasmes. Je ne dirais pas qu'elle avait donné un sens à ma vie, j'étais jeune mais pas totalement attardé, mais que l'état dans lequel j'étais lui en donnait un. Curieux j'ai laissé trainer ça quelques jours comme on laisse trainer une petite grippe pour ne pas aller au bahut et après lui avoir acheté des fleurs « pour faire comme les grands » et jouer le jeu jusqu'au bout j'ai choppé cette mycose et j'me suis résigné face aux dangers des relations hommes/femmes. Elle s'appelait Caroline, était un peu grosse mais elle était vieille et c'était un grand moment de classe lycéenne quand elle venait me trouver au lycée et qu'on ne ne la prenait pas pour ma mère.
J'ai regardé la mer gelée se faire lécher par la pluie tiède : Est ce qu'il n'y a vraiment rien de possible ? Est ce que ce sera encore et toujours la même merde ? Est ce qu'il y a quelque part une surprise, une explosion, un truc dingue qui justifie tout cet ennuis ? C'était aussi un peu pour ça que j'étais parti. Aider la chance, lui donner des occasions d'agir. Y'en a qui provoque leur chance moi je voulais juste aller à sa rencontre, bien gentiment. Caroline m'avait dit un truc à ce sujet. «Tu sais, jte le dis à toi parce que t'es pas comme tout ces autres salaud, jpeux te faire confiance, tu sais la vie ce que c'est ? La vie c'est aimer, baiser, accoucher, et tout ces trucs où faut être deux. Le reste c'est l'emballage, ça doit juste servir à rendre ça joli, s'tout. ». La pauvre avait sans doute même pas conscience d'avoir dit un truc intelligent. Aujourd'hui je crois qu'elle est fonctionnaire dans le Lot et qu'elle a trois enfants. Après tout...
J'ai finalement dû rentrer dans ce ferry. Un bâtiment énorme, un vrai paquebot de croisière ; sans que je m'en sois rendu compte dans la salle d'attente une vraie foule s'était amassée ; plusieurs centaines de personnes. Le choc entre la solitude de la nuit et cette foule m'a fichu en l'air un peu plus le moral. Et évidement pas moyen de capter dans la foule mon « petit prince » malgré sa grande taille. Comme un zombie je me suis laissée porter par le flot jusqu'à l'intérieur du navire pour m'y prendre une claque énorme : la plus grosse claque que l'argent me mettra jamais : ce ferry était un pur objet de luxe une fois à l'intérieur. Tout était de velours rouge et boiserie vernies depuis l'entrée, le salon principal était occupée par de larges sièges en cours qui courrait sur tout le tour du bâtiment, des panneaux indiquaient la présence d'un spa, d'un cinéma, d'une salle de jeux vidéo.... Le spa était luxueux avec un jacuzzi, le cinéma projetais le tout dernier film à la mode, la salle de jeux vidéo était occupée par ces consoles derniers cris sans manette. En tout quatre salon, quatre ambiances différentes et même une boutique de dutty free. J'étais complètement largué. Explosé. Mes yeux bouffaient tout ce luxe comme un sirop de fruit, mon corps posé sur un fauteuil en cuir aurait voulu lui faire l'amour pour le remercier d'être aussi moelleux, j'étais au paradis et ça avait un goût dégueulasse. On ne peut pas torturer quelqu'un une nuit, un mois, trois mois en fait, et lui proposer soudainement deux heures de bonheur, c'est juste une autre forme de torture.
Celui qui n'avait pas l'air de s'en faire c'était le Petit Prince, allongé sur un fauteuil de tout son long comme un énorme chat de canapé : les grands mères en voyage pour leur retraite, les adolescentes des nombreux groupes scolaires, les mères de famille respectable, toutes, et même parfois tous, le fixaient médusées pendant qu'il y prenait un pied évident. Il m'a fait un grand sourire en me voyant avec un petit air de « jte l'avais bien dis », comme si ce charme était une preuve évidente de sa nature d'extra terrestre. Je vois à la fenêtre une immense mouette traverser le ciel, frôler la face brillante de la Lune qui se levait déjà, crever l'horizon et aller se perdre dans l'espace, je suppose. J'ai finis par m'endormir sous le regard amusé du Petit Prince....
La même femme, de dos. Le même cul magnifique dans son boxer noir. La même démarche tranquille. Et toujours mon incapacité à la rejoindre. J'ai un drôle de sentiment. Cette personne me rappelle quelque chose ou quelqu'un... Tout d'un coup le décors noir se tord et nous sommes dans une rue bondée de Paris comme les magasines chics nous les présentent. Des voitures foncent dans tout les sens, à pleine vitesse. Et la femme continue pourtant à avancer presque nue et tranquille, tout droit, par miracle elle évite les voitures et ne semble pas avoir froid, personne ne fait attention à elle, elle n'a absolument pas peur en traversant les passages cloutées et les routes, elle se contente d'avancer, en ligne droite. J'hésite, je panique, je perds pied et j'entends le rire du Petit Prince en fond sonore qui se moque de moi... Alors je me décide et suis la même trajectoire sans qu'il ne m'arrive rien...

J'ai de la mélancolie
Pour ce qui n'a jamais été :
Je me dirige vers le point de fuite
D'un tableau que personne ne regarde...

J'avance dans la rue presque nue et pourtant personne ne me remarque. Personne n'a l'air choqué de voir une femme à poil dans les rues de Paris. Il faut dire qu'il n'y a presque personne. J'ai l'impression que le monde entier est mort et de trainer parmi des cadavres. C'est au final une pensée assez égocentrique. Je pense aussi au fait que je dois être canon dans cette tenue et par ce froid d'hiver. Mon esprit est remplis de pensée égocentrique, ça pue à mille mètre l'encrassement des esprits nécrosés nombrilistes. A chaque pas je me demande pourquoi je continue à marcher, pourquoi je ne prends pas un taxi, j'ai pas un rond mais je crois que vu la situation je pourrais négocier... Et pourtant à chaque pas je suis curieuse de voir si enfin les gens auront enfin une réaction. Il faut que quelque chose explose quelque part pour que ça continue à être vivant. La vérité aussi c'est que je suis complètement perdue et que je ne sais pas du tout où je suis sensée aller. J'ai même du mal à me souvenir d'où je viens. Le mal de tête propre aux gueules de bois commence enfin à monter. Je finis par vomir dans un coin d'une rue chic et donc vide du 16ème arrondissement, il est 5 heures du matin il fait encore nuit. Paris ne s'éveille pas. On est Dimanche. Paris tout entier a la gueule de bois et digère son Samedi soir pathétique de fausses joies et de photos destinée aux murs facebook. Je crois que ma soirée avait d'ailleurs commencée comme ça, sur les quais de Seine. Un type est tombé à la flotte, les flics et les pompiers sont arrivés et on a tous dû partir. A ce moment là j'avais encore mes fringues, le reste me souviens plus... Est ce que ce sera toujours la même merde ? Est ce qu'il n'y a pas quelque part quelque chose qui m'attend ? L'obscurité de la nuit forme sur ma peau un manteau protecteur mais je sais bien que ça ne durera pas éternellement, qu'il va me falloir trouver un abris ou quelque part où me cacher. Encore et toujours cette même merde.... Un clochard me reluque et je passe plus lentement devant lui. Mon narcissisme sait se montrer généreux. Je finis par repérer une impasse étroite qui mène aux arrières cuisines de deux restaurants asiatiques et je file m'y accroupir, la dentelle de mon boxer noir s'imbibe de l'eau de la flaque dans laquelle j'ai distraitement posé mon cul... C'est une journée de merde bien sûr. Mais elle n'est pas tellement si différente des autres. Je me laisse aller un instant, je ferme les yeux et j'oublie presque que j'ai froid. J'en ai tellement marre de tout ça. J'aimerais tellement que le monde entier souffre autant que moi pour ne plus me sentir seule dans cet océan de merde. J'aimerais que le monde entier crève et être la seule sur terre. Là peut être j'aurais le sentiment d'exister vraiment. Sur cette belle pensée je m'endors.
Il mâche un sandwich. Autour de lui l'air est... divinement vivant. C'est un air marin, un air révolutionnaire, un air qui rentre par les poumons et qui casse tout sur son passage. Un air d'une mer froide et inhospitalière. C'est l'explosion dont j'ai toujours rêvé. C'est la mer du nord sans aucun doute. Et lui il mâche un sandwich sur le pont d'un ferry énorme et laid en contemplant pensif l'entendu grise de l'eau et du ciel sinistrement raccord dans leur dépression, enfin je le devine, je ne vois en réalité que son dos. Le bateau avance. Il avale son sandwich par petite bouchée. Son dos... Oui... Un dos large et fin à la fois, un dos dont on a peur qu'il se brise emporté par un coup de vent trop violent. Dieu que cet homme paraît faible et la mer violente. Il va lui arriver quelque chose c'est sur...

Il n'existe aucun refuge
Je le sais car quand je rêve
C'est encore eux que je vois
Qui me regardent et me jugent
Et dans les miroirs ce n'est plus mon reflet
Mais les leurs qui m'observent.

J'ai toujours été une femme excessivement forte. Parfois j'ai l'impression d'avoir l'âme en béton et que moi même je suis à l'extérieur de cette forteresse. J'ai toujours su rebondir après un échec, limiter mes crises de larme à quelques instants privé, j'ai toujours su gérer la tristesse pour en faire un simple accessoire au sein d'une journée pas terrible. Je pense à ça en me réveillant quelques instants avant de me rendormir. Ces moments dégueulasses d'éveil en plein sommeil sont toujours propices aux réflexions les plus dépressives. Mais je connais bien le phénomène et reprend le contrôle pour me calmer aussitôt. Pourquoi les gens sont ils si faibles ? Si lâche avec eux même ? Si prompt à se trouver des excuses ? Je devine chez moi ces mêmes défauts et je me dégoute.
Je suis réveillée trop tôt après par la sensation désagréable d'être observée. En face de moi accroupi dans un grand pantalon blanc un beau mec blond aux cheveux bouclés. Ses grandes bottes rouges sont ridicules. Il regarde entre mes jambes avec un air pervers totalement avoué. Je ne rougis pas et me contente de fermer les cuisses que la nuit avait ouvertes. Il me tend son grand manteau bleu et je m'enroule dedans sans méfiance. Ou peut être que s'il m'arrive quelque chose, ce n'est pas vraiment grave, je sais pas... J'avais choisis d'étudier les lettres par goût pour la littérature et puis j'ai compris comment le système allait me baiser après le lycée. J'ai voulu faire des études de commerce pour m'en foutre plein les poches et j'ai vu que j'étais encore baisée, moins payée, moins considérée que si j'avais une queue. J'ai voulu me voir en mère de famille et des féministes m'ont dit que j'étais qu'une sale mal baisée. J'ai voulu dire non en quatrième à Antoine et j'ai été baisée, j'ai dis trop oui en première à Pierre et j'ai été baisée. Alors au final... Maintenant je suis étudiante et franchement je sens que l'ANPE va carrément passer à l'anal... Au moins celui là me fera peut être jouir même tiens. L'inconnus se pourlèche les babines sans aucune gène.
Pour casser un silence qui frôle l'obésité tant il est lourd et parce que je veux garder son manteau sur moi le plus longtemps possible je me hasarde à lui demander son nom « Petit Prince » « c'est un nom de scène ? » « On peut dire ça comme ça ouai... Et toi ? C'est quoi ton petit nom ? » « Rosie... » « T'as un sacré cul ma Rosie ». Le « ma » coule dans ma colonne vertébrale comme une boite de clou rouillée mais je laisse couler, je suis vacciné contre le tetanos, « Merci pour le manteau » « Tant que ça cache pas l'essentiel ça m'embête pas que t'ai chaud tu sais ». Effectivement le manteau coupé étrangement laisse apparaître tout le haut de mes cuisses. « Alors t'as fais de beau rêve ma Rosie ? » « Hum... » Flash de la soirée d'hier mélangé au rêve maritime dont je me souviens à peine « Mouai... Je crois... Un peu spé en fait... » Le petit prince me regarde avec un air passionné, comme si cette discussion avait vraiment un quelconque intérêt. « Caresse toi. » « Pardon ? » « J'ai dis : caresse toi » « Heu... C'est qu'on se connait pas... » « Comme si t'en avais quelque chose à foutre... » Pas bête. Je m'exécute et le froid joue le rôle d'un anesthésiant assez excitant, je ferme les yeux pour oublier un peu la présence du malade craquant en face de moi et au moment de jouir je fiche mes yeux dans les sien., Je crois qu'il n'y a rien de plus excitant au monde que le fond des yeux de quelqu'un, c'est vraiment le contact le plus intrusif et intimiste qui sois. Comme si quelque chose explosait quelque part. Il ne fuit pas mon regard mais au contraire l'assume jusqu'au bout ne prêtant plus aucune attention au reste de mon corps et quand je jouis c'est toujours mes yeux qu'il fixe comme si l'on était au beau milieu d'une conversation très très sérieuse et très très inspirante. A ce moment là comme toujours un éclair de vulnérabilité me traverse et je fuis son regard pour masquer ma gène mais imperturbable il nous sors deux cigarettes « Beau travail » « Ques... Question d'habitude » « Cinq minutes quand même, j'insiste, bravo ». Je suis à cours de répondant ironique, je me contente d'hocher la tête en souriant un peu et d'accepter sa cigarette roulée parfaitement, presque mieux qu'une indus' « Le problème c'est que j'ai pas le droit de te laisser le manteau, ça fait parti de l'uniforme en fait... » « Bah tiens, attend... » « Nana garde le, je veux que tu le gardes, écoute t'as qu'à me suivre si y'a un soucis on improvisera ok ? » « Ok... ». Je ne comprend pas trop ce qu'il se passe, tout Paris tourne et tangue autour de moi, et quand je ferme les yeux ça tourne encore, le noir tourne, il n'y a aucun mouvement et pourtant tout tourne, j'ai la nausée mais alors que je crois vomir je m'évanouis...

-Je ne sais pas après quoi je cours
Mais ce n'est jamais assez
Le désert avance toujours plus
Et me rejoins
Quand on ne sait pas après quoi on cours
C'est un rêve
Ou bien une fuite.
En tout cas je crois bien que j'ai perdu.

L'homme est sur un bateau, il avance démesurément vite. A cette vitesse la mer est probablement sans limite. Il mange toujours son sandwich avec un soin infinis, bouchée par bouchée qu'il mastique lentement, miette par miette qu'il ramasse avec la pulpe du doigt. J'ai envie détruire son monde et tout ce qui semble le rendre si calme, d'être cette tempête au loin, mais je sens que je ne pourrais jamais l'atteindre. Son dos est fin, élégant, une petite idée de noblesse d'ancien régime. J'aimerais tellement exploser ce dos avec une barre de fer...

Quand je me réveille j'ai un goût dégueulasse de nourriture rance en bouche. Je recrache des bouts de mon repas... D'il y a trois jours. J'ai bel et bien vomis. Impressionnant tout ce que l'estomac garde en réserve. Un bout de maÏs. Intéressant, je digère mal le maÏs. A cet instant précis j'ai les yeux fermés. Peut être que rien n'est arrivé. Peut être que tout est arrivé. Tant que je n'ai pas ouvert les yeux personne ne peut me dire qui a tort ou qui a raison. Et j'aimerais passer toute ma vie aveugle sans avoir à me soucier de ce que le mots « raison » veut dire. J'aimerais parler mais j'hésite encore à me rendre réelle. Pour l'instant aucun son ne vient réveiller mes oreilles. Pour l'instant je suis sourde et aveugle. S'il n'y avait ce goût de pourris dans ma bouche je pourrais presque être heureuse. Pour l'instant le monde est à l'arrêt. Il m'attend pour commencer. Pour recommencer. Sitôt que j'aurais ouvert le regard, fait entendre ma voix, j'aurais relancé la machine. Et tout recommencera à ce rythme de dingue... Humf... La flemme... « MUJER ! Despertate !!! Mujer ! Eres muerta ??? Habla mujer ! Cual es tu nombre ?? » « Humf... Quoi ? » « Cual es tu nombre ? What'zzz youRe néme? » « …Rosie» « RoZa ?! » «Rosie... » « Roziiiii ok ok vale vale quieres mi telefono paRa llamar a un amigo ? » « No... Yo no... Hablo... Spainish.... » « Do you wanT's my phone to col' a fRiend's ? » « No... No it's ok... Where I'm ? » « BarrrcelOna nina ! »  « Ok... So thank you, now I can go back to home...  I was only... Tired... ». J'ouvre les yeux. Un bellâtre bronzé me regarde. J'ai terriblement envie de vomir, de vomir devant chaque représentant du genre humain. Devant leur bouche puante, leur peau moite et leur médiocrité générale. Même les gens beaux puent l'échec et le désespoir d'une condition de mortelle qui fait de nous d'énorme jambon pourrissant sur pied. Barcelone donc... Grâce à l'air marin il ne fait pas trop chaud, pour avoir beaucoup été à Barcelone je reconnais une des rues perpendiculaires aux fameuses Ramblas. Les gens s'agitent et se meuvent dans tout les sens mais sans stress particulier, effet vacance d'été oblige. Quasiment que des touristes. Sauf bronzé-boy. Il me regarde l'air avenant, dragueur. Il faut dire que je ne porte qu'un manteau sur moi. Mais comme le manteau est chic j'ai plus l'air d'une originale sortie de boite de nuit que d'une putain. Il me sourit de toutes ses dents qui ressortent encore plus blanche sur sa peau bronzée. Dans ma tête on baise le soir même, une nuit torride, puis les trois jours qui suivent, chaque jours un peu moins bien, on tombe amoureux à la fin de la semaine et quelques jours plus tard il m'explique qu'il ne veut pas s'engager et qu'il préfère que ça reste une simple aventure d'été. Pour toutes ces raisons et aussi parce que j'ai mes règles je m'en débarrasse d'un classique « I'm waiting for my boyfrrriend » « Oh... vale vale ok.... ». Du sang durant mon sommeil a coulé entre mes cuisses, mais on ne peut rien voir grâce au manteau et le sang a séché bien gentiment en dessinant un étrange test de Rorschach... D'un pan intérieur du dit manteau j’essuie ma chatte et je me remet péniblement debout.... En parlant de bellâtre où est ce connard de Petit Prince... Et surtout... Qu'est ce que je fais à Barcelone putain... Il m'a quand même pas drogué.... En fait c'est possible, normalement mes règles devaient arriver dans une semaine, alors peut être bien que ça fait une semaine qu'il me drogue et....
Au lieu d'être catastrophé, énervée, affaiblie, je pense juste une chose : « j'aimerais bien voir la mer.... » alors à l'instinct et à l'odeur je me dirige vers les côtes méditerranéenne de Barcelone...
Une vieille chanson me revient à l'esprit, c'était une des cassettes audio de la voiture de mon grand père :
« La mer... qu'on voit danser.... Le long... Des golfes clairs... A des reflets si pur... La mer..... Bergère d'azur.... ». J'ai oublié le nom du chanteur...

...
Charles Trenet. A force de regarder la mer d'Ecosse me glacer le sang et me réanimer les poumons avec son air assassin et sans pitié, franc et honnête, je repasse dans ma tête tout ce que j'ai de mélancolique et de poétique. Pour faire genre avec moi même. Pour rendre mes pensées moins ennuyante, ma vie plus charmante. Et en général c'est à Charles Trenet que je pense dans ces moments là. Je l'ai découvert sur Youtube l'année dernière et tout ce temps où je ne l'ai pas connu j'ai l'impression que l'on m'a volé quelque chose. Les paroles de « La mer » sont d'une tristesse infinie mais derrière le piano monte et monte encore et encore et porte notre regard et notre mémoire vers l'horizon. Elle rend religieux, cette chanson. Elle donne envie de prier. Pas pour avoir une réponse, une certitude. Juste parce que les oiseaux qui volent dans le ciel ne se rentrent jamais dedans et volent volent volent encore et encore... Ils s'appuient sur la montée du piano, l'embrassent, ils volent ensemble, le piano et les oiseaux pendant que nos esprits, en accord avec la voix de Trenet, regardent au sol et pleurent. « La mer a des reflets d'argents.... La mer des reflets changeant... Sous la pluie... … La mer... bergère d'azur... Infinis... Voyez... Ces oiseaux blancs... … ». Les paroles se baladent en désordres dans mon esprit, tout se mélange joyeusement car soudain la voix de Trenet s'emballe et rigole, sourit et s'emporte rejoindre son piano visionnaire... « La mer a bercé mon cœur..... pour la viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiieuuuuuuuuuuuuh ! ». Paraît que Trenet était un connard en vrai. Après tout pourquoi pas... Je déballe avec attention mon club sandwich au poulet et chutney d'oignon rouge... Je ne sais pas pourquoi ils foutent cette confiture d'oignon partout les britons... C'est bon au début mais à la fin ça écrase tout en bouche et ça donne la nausée. J'en profite pour constater avec soulagement que je n'ai pas le mal de mer. Le ferry tangue pourtant fort sur les vagues qui s'énervent de le voir si résistant. Ce club sandwich c'est mon premier repas depuis deux jours. J'avais oublié la faim, finis par m'en faire une sorte d'ami qui permet de se sentir plus... Consistant. Ce poids dans le ventre, qui était la faim, j'ai réussis à me faire croire que c'était la sensation d'un ventre trop plein. Mais là cette trainée de sandwich m'a clairement aguiché derrière la vitrine. Il a que ce qu'il mérite. Quand on écoute Trenet on comprend que quelque chose qui peut nous sembler profondément triste peut soudainement, tout en restant exactement la même chose, nous combler de joie. Il suffit de saisir ce que ce spectacle a de... vivant, et de se réjouir de ce mouvement, qu'importe ce qu'il est réellement... C'est un acte gratuit qui demande une grande force de caractère et dont je ne suis pas capable. Je pense à tout ça en mangeant mon sandwich tout en tentant de ne pas en perdre une miette. Chaque miette a des saveurs absolument sublimes, complexes, rassasiantes. C'est le meilleur sandwich de toute ma vie et pourtant je suis profondément triste. Cette femme qui dans mes rêves marche devant moi, je crois bien qu'elle me snob. Sans doute ma présence même dans mes propres rêves est trop pathétique pour attirer son attention. Je ne l'attraperais jamais, cette femme, ni en vrai ni dans mes rêves. Je ne me sens vraiment pas bien... Pour la première fois depuis le début de mon voyage je me sens seul.

-Je ferais vraiment n'importe quoi
Pour ressentir ce sentiment précis un jour ;
Cette impression que quelqu'un m'attend quelque part.
Et si jamais c'est moi qui part
A force de tourner en rond tout les deux sur Terre
Il est possible que l'on ne se rencontre jamais.


Pendant que je descend les Ramblas je tente de rassembler les quelques informations en ma possession. Je m'appelle Rosie. J'ai 21 ans et pas mal de certitude. Je pense que j'arrive à un âge où c'est important d'avoir des certitudes. Ses propres certitudes. La peine de mort ? Contre, sauf pour les criminels très dangereux. Israel et Palestine ? La guerre a trop duré, il faut trouver un compromis et il y a trop de juif à la télévision. La hausse des prix de l'immobilier ? C'est mal mais tout le monde ne peut pas vivre en centre ville. Je m'appelle Rosie et je pense pouvoir dire que je n'ai besoin de personne. J'ai toujours eu des besoins sociaux très faible, je n'ai jamais ressenti la morsure de la solitude, ma famille est un accessoire indispensable et pratique mais sans charge émotionnelle particulière, mes amis sont des « adjuvants » comme les souris dans les contes de fée. Je cumule un job de serveuse et du babysitting et ça me suffit à payer ma chambre universitaire, avec les aides, APL tout ça, et les livres universitaires, j'achète systématiquement toute la bibliographie de mes profs en sociologie, comme je ne sors jamais je peux me le permettre. J'adore les sciences humaines. Ca détruit tout les mythes romantiques sur l'homme et ça le remet à sa place de paramètre ajustable. Après une adolescence détestable je pense pouvoir dire que je suis devenue belle. Ma mère qui a toujours été franche et m'a toujours traité de « fleur en bouton » lors de mes crises d'acné qui me bouffaient tout le visage a finalement finis par m’appeler Rosie. Non vraiment, tout va bien.
Les Ramblas sont remplies de vendeur de petits écureuils et oiseaux, de statue humaine, d'un sexe shop où les vendeuses sont de fausses infirmières montée sur rollers mais je passe enfin le Musée de la Marine et finalement j'arrive à l'accès sur la mer. Je réajuste le manteau que j'ai finis par savoir disposé de façon à me couvrir totalement et mon regard tombe sur la droite sur un immense ferry. Celui de mon rêve me reviens en pleine face, mais la Méditerranée n'est pas la mer du nord et la comparaison s'arrête rapidement... Le Petit Prince ne m'a pas dis quoi faire, où aller, et je me dis que s'il est capable de me faire traverser l'Europe durant mon sommeil, je peux bien m'amuser un peu moi aussi... Je monte alors dans ce ferry à destination de l'Italie. Au moment où je prends conscience qu'il va falloir payer ce billet aussi économique soit il je fouille pour la première fois dans les poches du Petit Prince où je trouve 400 euro en liquide. Tout va vraiment très bien.
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