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Uchiha-sasuke-da
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Inscrit le: 04 Mai 2007
Messages: 682
Localisation: Dans les villes en folie

MessagePosté le: Mar 04 Juin 2013, 10:51 am    Sujet du message: Répondre en citant

(Posté originellement le 17 mai)

Merci Jergal Wink pour la comparaison flatteuse, et pour m'éviter un énième double post! C'est quand, que tu nous refais des textes ?

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Voici pour commencer un texte sur la mer, la semaine dernière j'ai fait des petites vacances vers la Mediterranée, et j'avais pas vu cette p'tite coquine depuis un bon moment ...



Revoir la mer.

On marchait calmement vers la mer, j’avais beau réfléchir, il m’était impossible de savoir de quand datait la dernière fois que je l’avais vu. Oh bien sûr, j’ai vu les rives du nord, ou même les côtes italiennes, mais celle-ci… ces plages baignées dans la chaleur du soleil, sous laquelle l’eau brille et transpire les rayons de l’astre du jour. Elle avait l’air si calme, on entendait à peine les assauts des vagues sur le sable chaud, le vent lui-même transportait simplement les quelques cris des mouettes en vol. Elle était si proche, mais si loin dans mes souvenirs. La mer, je l’ai si souvent rêvé, ou entendu chanter dans les lignes dramatiques des poètes maudits, des chanteurs effarés, dans les rêves inavoués de l’Homme, mais je l’avais perdu depuis bien longtemps. Il restait une seule marche, un simple pas à faire pour admirer l’infinité de bleu peint sur la grande toile du monde. Le sable doux était parcouru par les pas excités des enfants, certains rêvaient aux oiseaux en tendant les bras pour sentir le vent frotter leurs petites mines joyeuses, d’autres construisaient d’imposants châteaux de sable face à la violente guerrière d’eau. Les enfants et la plage, une bien belle histoire d’amour. Ou peut-être une histoire de souvenir, des journées de vacances à courir et rigoler en mangeant une glace aux chocolats qui recouvrent tout le tour de la bouche. Le sable réchauffait les pieds nus qui passaient de nouveaux par ici, il racontait l’histoire de tous ces coquillages et bois naufragés, qui au gré de la danse des vagues, avaient atterris sur les bords de mer. Lorsqu’on la fixait, lui tenant tête en face à face, on croyait entendre démarrer, au rythme du vent, un air familier « La mer qu’on voit danser …» comme le souvenir inconnu des voyages d’antan, mélangé aux souvenirs personnels des vacances enfantines. Quoi qu’il en soit, la mer méditerranée était bien belle dans cette lumière de mai, elle laissait fleurir les reflets dans nos yeux, l’air marin transportait la fraicheur jusqu’à nos visages, et dans le bruit des rires et des paroles, on entendait le clapotis de l’eau et le chant des oiseaux. La mer prenait sa couleur à la source, dans un ciel bleu et vide, et seul un voilier blanc rappelait à nos mémoires, que la voute céleste pouvait transporter des nuages de candeur. Il passait au loin fendant l’eau et l’air, dans un silence de liberté. Personne ne semblait voir passer l’île mouvante, seul quelques « Oh un bateau », rares cris émerveillés d’enfants démasquaient le corsaire, ou était-ce un pirate ? Avait-on crié sur son pont « terre en vue » à l’approche des côtes… Ou tout simplement se dire, que tout ça était beau. Comme à son habitude la mer avait le goût de la fascination lorsqu’on ne la voit que de la terre. Et pourtant, elle semblait si dangereuse, le remue des vagues ne cachait qu’un immense vide d’eau dans lequel s’étouffe les marins fous, et où règne les poissons et la pénombre. Belle et dangereuse, sombre et délicate dans ma bulle de solitude. Mais lorsqu’elle fut de nouveau percée, j’entendis dans le souffle de l’air, les rires et la chaleur de la journée. Et pour l’heure, la seule chose que m’évoquait ce navire minuscule au milieu de cette immensité, était l’opportunité de faire une belle photo de mer, de bateau, et de ciel azuré.

A oui, au cas où: les photos sont de moi, et pour mieux les apprécier elles sont sur tumblr (http://il-faisait-beau-ailleurs.tumblr.com/)
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Et comme toujours, je réagis rapidement à l’événement. Hier nouveau concert (16 mai 2013)de Damien Saez, je l'ai écrit en rentrant.

MIAMI, 16 mai 2013

1h. C’est long, c’est très long quand on a attendu 5 mois et qu’on touche du bout des doigts le feu aux poudres. 1h. Et puis le retour en chemise et jean, la guitare à la main, les accords défilent et l’acoustique prend toute sa dimension dans la cathédrale de spectacle. Seul face à la marée humaine, venue dans l’espoir, les yeux écarquillés et la bouche chantante. C’est l’humble conteur qui ramène à la raison ses brebis égarées, perdues sur le chemin depuis la nuit du 8 décembre dernier. La voix puissante tient en haleine la foule qui danse à ses pieds, elle agite des bras rêveurs aux rythmes des battements de tambour, de l’accordéon déchiré et des riffs qui chahutent la guitare. L’étincelle a réanimée la flamme, c’est la grande renaissance des palpitations, de la joie qui submerge l’être et des cris arrachés pour soutenir le colosse de vers. Entre le silence qui initie les chansons et l’apothéose des applaudissements de fin, le mélodiste s’écorche sur les cordes serrées de la guitare, il pousse la voix à démolir les bornes bienséantes du calme de la vie quotidienne. Le vent de l’insurrection, l’espoir de la révolte dans les éclats de voix, pour faire bouger ce peuple qui se fige trop. Et puis la foule prend feu, elle bouillonne, elle explose dans les rayons solaire de Miami, la salle se retourne … elle fusionne, crie, hurle, danse, et précipite l’atmosphère dans l’euphorie. Vient alors l’heure de gloire de la guitare, dont le son réveille les corps et déchaine les esprits assoiffés de révolte, et de coup de sang. Comme le son métallisé du rock sert bien les mots de l’enfant révolté. Et si j’en crois tes dire, je ferais l’impossible pour que l’éphémère devienne éternité, debout solitaire ensemble au cœur de cette salle, avec pour seul raison de vivre, l’espoir chanté que tout est possible là-bas hors des murs, dans la ville et sa vie. L’onde des émotions vient ensuite frapper la peau, la marquée au fer rouge de ses frissons et de sa danse apaisante comme une complainte rassurante, d’une vérité universelle contre nos peines et dans le feu de nos joies. Ailleurs, dans le souffle extérieur, rien ne ressemble à tes airs de fête, à ton gout d’écorchure, à ton visage croyant en ces frères qui devraient lever un poing rageur sous les pavés plutôt que dans les embouteillages. A ces frères qui laissent le monde se mourir peu à peu, quand à d’autres époques ils enflammaient les rues pour leurs rêves et espérance. Pourtant on y croit tous, et on aime être le peuple des libertés et de la Révolution, mais l’esprit humain à oublier qu’il en était capable, il a oublié d’oublier le confort matériel. Il a oublié qu’être ici, ce soir dans cette fosse, c’était comme redonner de l’éclat à l’émeraude en soi. Et tu le dis si bien, que ce n’est pas les mots qui changeront le monde, ni même la musique, et probablement plus les hommes. Et doucement retombe le ciel en lumière de scène, et en astre de poussière, le petit prince loin de son univers chante d’une voix apaisée les sentiments. Et son chant comme une sirène d’Ulysse, envoute la marée en tempête, pour lui redonner son calme originel, et lui rendre la pudeur de son enfance. Je repartirais volontiers pour un autre rappel, et encore un autre, et toujours un autre, mais hélas il faut savoir apprécier le bonheur que l’on goute par bribes et le laisser repartir comme il est arrivé. Et me voilà à cent lieux, dans un ailleurs aux merveilles, la voix perdues et le corps abandonnés dans le tourbillon de cette folie enivrante. Il y aura probablement un jour, où tout ça finira, ou l’un des deux perdra l’envie, et le silence reprendra ses droits. Un jour il est vrai, un seul jour pourrait tout changer. Mais cette nuit, on a encore changé le monde, et on le changera encore parce qu’il y a Damien, parce qu’il y a les mots qui nous guident, parce qu’il y a encore des nuits où le peuple rêve à la gloire de son destin.

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Édit 23 mai 2013: "petit" texte en plus !

Le voyage immobile

Sur les planches de mon plancher en pleine nuit je dessine des bateaux, la mer lèche doucement leur coque grise sans navigateur. Je les dessine un à un, comme une caravane passant dans un désert de sable bleu, j’imagine des vagues surgissant de la pluie qui bat à flot d’averse contre les carreaux de la maison. Le premier que j’ai fait naître porte un drapeau rouge, sur lequel danse une jeune espagnole dans sa robe de flamenco, elle tourne sans cesse, les pieds nus comme une prisonnière antique. Ses yeux se déversent sur mon plancher, quelques gouttes touchent, dans un silence d’immensité, le sol sans trouver jamais, quelqu’un pour sécher ses pupilles inondées. Chaque nuit elle porte à ses poignets quelques bijoux d’Andalousie, et le son des clochettes couvre le froid et le grondement des tempêtes du ciel, l’orage lorsqu’il s’approche ne trouve que porte close. Ce premier bateau coule chaque soir, lorsque l’obscurité de la nuit se disperse dans la flamme apaisée de ma bougie, et à chaque levé de lune les marins espagnols sautent du pont pour mourir sur mon plancher. Les zébrures des éclairs terrorisent la belle danseuse, mais elle danse quand même d’un pas lent et arraché, elle couvre les lueurs du tintement de sa complainte suicidaire. Elle réveille subitement le chant discordant d’une blonde boudeuse, de son bateau slave, elle observe la mer une longue vue bravant eaux et vents déchainés. Comme s’en vont en guerre les luisants chevaliers, la belle sauvage court à l’aventure sur son destrier de bois, chevauchant la mer dans la guerre du ciel. En d’autres temps, elles auraient joués à la guerre, les canons au rythme du ciel, auraient chanté un dernier cantique pour rependre le sang. Ce navire fou venant d’un nord si loin, si perdu, naviguait le long de la côte à la recherche du phare, son capitaine à la chevelure blonde chantait dans les brumes le retour des héros. Peut-être qu’Ulysse. Ou peut-être le cœur d’un martyr de l’océan. Dans cette nuit de campagne sans lueur, où filent les heures dans la lanterne du mineur, la mer s’apaise sur le bois verni du plancher. Allongée, tête posée sur mon bras lourd, j’observe mes aventurières à la dérive dans leur bateau. Elles ont le regard enfantin dans un corps marqué des douleurs de la vie, l’une brune chaleureuse, l’autre blonde givrante. Elles ne partagent ni le langage, ni ne peuvent se voir, mais dans leur chemin de croix, elles ont l’âme identique, aspirant aux mêmes rêves, la liberté en souveraine dans un empire de terre fertile. Chaque soir quand je les vois, qu’elles reviennent frapper ma mémoire, je leur dessine une nouvelle compagne. J’ajoute d’un trait fin, un énorme navire brumeux qui avance en rompant les vagues sans un bruit. Je relis ces navires, comme une constellation d’étoiles tapisse le ciel, et avec la froideur de ma peau je fais glisser ce petit train sur les lames du plancher. Les aventures se suivent, mais jamais ne reviennent. L’andaluza en arme sur le pont, frappe des mains sa musique dantesque, sa rivale polonaise tremble dans sa robe trempée, mais elle s’en va en guerre comme ses frères aînés. Dans le dernier navire, un homme sans visage joue du violon, il appuie de son archet les cris déchirants de son instrument de torture. Il annonce comme sonne le tocsin, la violence de son passage. Son navire en acier brise la force invincible de la mer, et il rit. Toutes trois filles frêles, nous le craignons, car les nuits d’orage il s’impose à nos rêves comme un bourreau brise le cou des dangereux criminels. Il torture de sa musique, les pauvres rêveuses qui naviguent comme un vagabond désireux de tout ne vivant de rien. Pendant de longues heures, il fait danser les vagues, qui dans leur violente danse, dévorent les navires creux puis les recrachent sur l’onde déchainé. Le ciel tapissé de nuance de gris, tourbillonne sans cesse, et la mer qui reflète sa couleur ressemble à une prairie brulée. Cette ambiance de fin du monde, exerce sur l’état d’esprit de mes navigateurs, le manque des divins paradis, comme une chape de plomb qui leur brule la peau. L’obscur chevalier d’acier pleure lui aussi sa triste condition, car c’est l’humanité entière qui sous ses traits abstraits crie l’impossible des rêves à tous ces fous voyageurs. A l’infini de l’horizon s’élève une lumière pâle et rouge, elle enflamme la mer grise et laisse apparaitre le magma au milieu des cendres. Lorsque les yeux s’habituèrent à la lumière, le ciel reprit son innocence bleue, le maître danseur disparaissait peu à peu dans un nuage de tempête. L’andaluza et la polonaise anéanties par la lutte de la nuit, dorment d’un œil tranquille sur le pont encore inondé de leur monture marine. Elles reprennent leur souffle sous leur peau réchauffée par le soleil levant de cette matinée calme. Toutes deux épuisées, mais victorieuses d’avoir passé le seuil, retournent dans le silence à leur fardeau gravé dans le plancher. Le drapeau rouge flotte aux vents en haut de son mat, et la belle espagnole y danse selon son rythme. L’autre navire suit de loin le sillon du premier, sur le pont la combattante slave surveille sa dangereuse rivale, figée comme le plâtre, elle sourit de n’avoir été seule à passer la nuit. J’ouvre calmement les yeux sur ce spectacle fou, deux sœurs ennemies n’auraient pu paraître si fusionnelles, à la fenêtre nait le jour dans son éclat le plus futile. Les bateaux et la mer s’effacent peu à peu, et le voyage retourne à sa rêverie fantastique. Sur le sol apparaissent comme tracés sur le sable, deux mots universels côte à côte malgré les guerres « libertad » « wolność ». Et derrière le battant des paupières s’étend l’infinité de l’imagination, et dans l’immobilité du corps c’est à l’esprit qu’on offre l’ailleurs et le voyage.

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Nouveau texte, il n'a pas vocation à définir une idée précise de l'art, c'est plutôt un ressenti sur l'instant, tout en étant un peu ma vision de la chose c'est sur vu que c'est moi qui l'ai écrit. (2 juin)

La culture du Tout.

J’ai soif de l’ensemble, de la connaissance, de croquer les livres. De les ouvrir, les retourner, les corner, les déchirer, les sentir et les vivre de l’incipit jusqu’à l’épilogue. Il est nécessaire de vouloir le tout pour comprendre le seul. Aller relire les lignes des auteurs pour interpréter la musique, regarder les tableaux pour comprendre les langages, écouter les conteurs pour apprécier le monde. Car si le monde semble plus facile à vivre, c’est parce qu’il existe des échappatoires, quelques notes de musique que l’on fredonne à la lueur du soir, quelques vers lus en voix de tête pour rependre la tranquillité de la beauté, et parfois le tracé du pinceau sur la toile pour laisser éclore les étincelles de l’imagination. Il existe un tout qui guéri, une infinité de particules bousculant l’onde insaisissable des molécules et atomes du corps. Tout est question de vibration, il n’y a guère d’âme mais plutôt une satisfaction du cerveau, comme une bonne drogue. L’évasion vers l’abstrait, vers l’aspiration à d’autres vies, d’autres visions, d’autres virtuosités. Comme si l’Homme voulait toujours reculer au plus loin les frontières, qu’elles soient matérielles, ou immatérielles, repousser les limites des espérances, car si on subit le monde, on veut tout de même le meilleur, pour son bien et pour le nôtre. L’art au pluriel est comme les veines, et les artères, il nous ramène à l’essentiel. Il irrigue l’esprit pour le faire fonctionner, il nourrit les neurones pour les faire fusionner. Puisque l’art, son devoir, c’est de nous ramener au terre à terre, en étant l’expression de l’extraordinaire. D’être en un seul tout et son contraire, comme une personne lunatique, comme un trouble bipolaire. Mais l’art n’est pas l’art sans souffrance, sans violence, sans passion et sans colère. L’art au miroir, porte le visage de l’Homme dans son caractère et ses caractéristiques, il en est le double et l’éternel inconnu. Le reflet indiscernable du vouloir là où n’existe pas le pouvoir. Il est des deux le visage le plus courageux, le plus idéaliste qui pense avec quelques extravagances avoir changé le monde, et avoir doté l’espèce humaine d’un peu plus de clarté. L’art est mort avant d’être né, car il porte l’impossible pour le créateur, il raconte l’utopie de la vie dont on ne réalise jamais le projet. L’art est mort, vive l’art. Car s’il y a des artistes, il y a au-dessus d’eux l’Art en majesté, qui inspire, arrache à la vie le commun des mortels, offre l’espoir de toucher à la grâce ou à la beauté, et qui fane au crépuscule de la disparition. Crépuscule qui laisse naitre l’aurore d’un autre créateur, inspiré, arraché, fané. Et chaque enfant de l’art, porte sur son œuvre les stigmates des ivresses de la vie, de sa pâle gaité à son triste deuil. S’il existe une croyance en immatériel et l’abstrait, l’art en serait le dieu, il donne la vie, la soumet à son délire dévorant et se retire peu à peu malgré les supplications des fidèles. Mais l’art en religion, ne fait croire qu’à l’égoïsme, au talent et à l’espoir de coller de soi sur les misères du monde. On s’y brûle comme au contact des passions, car si être artiste relève de cette soumission, en être le spectateur relève de la folie. Celle de voir à travers les dérives des autres, la chance de ne pas se détruire dans ce combat impossible, pour comprendre ce que l’espèce humaine traverse en souffrance de la conscience. Dès lors il n’existe plus de langage, il n’existe plus de distinction, car l’art touche à la flamme intérieure, et qu’on le traduise d’un pays à l’autre n’altère en rien son devoir d’être le voyage vers nous-même. En triste frère ennemi, si semblable et familier, quand parfois il se fait combattant et guerrier, visage déformé ou clairvoyant, regard insoutenable et inévitable. L’art est un incendie des émotions, qu’il les magnifie ou les détruise, il exalte l’Homme dans son désir de souffrir autant qu’il implose de joie. C’est la mise en lumière des angoisses intérieures le long d’une ligne, d’un tracé ou d’une corde de musique. C’est pourquoi on aspire à ce Tout pour se comprendre soi-même, religion reliant les rages de la vie des uns à celles des autres, création criant les colères et les prouesses humaines de l’existence.

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Uchiha-sasuke-da
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Localisation: Dans les villes en folie

MessagePosté le: Ven 07 Juin 2013, 2:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon après quelques temps sans parler de ça, je suis revenue à mes récits italiens. Ce texte ne reprend pas ce que j'avais vaguement posté il y a quelques temps, c'est un autre récit. Je vous laisse le découvrir!
Là trois photos pour illustrer mon propos:
http://il-faisait-beau-ailleurs.tumblr.com/post/52374184535/voyage-en-italie-aout-2012-pompei


Regione Campania , Napule.

Les petits villages défilent le long de la route, ils sont là accrochés aux montages. Ce matin, la voiture est calme et froide, malgré les chaleurs étouffantes de la journée, les nuits sont comme celles du désert. L’autoroute est vide, seule notre voiture d’endormis roule en direction du soleil, pour un peu plus de sud. Les yeux à peine réveillés, on surveille du regard le paysage, des forêts sur des montages comme une grande frise, qui défile. La route vide, tente les animaux sur notre passage, là une biche traverse sans prendre gare à la présence de l’humanité, elle va dans sa liberté, ici un paon traverse lui aussi le rondpoint plus animé d’un centre-ville tout de même calme en cette petite matinée. Peu à peu, alors que le ronronnement de la voiture se fait fond sonore omniprésent, le soleil encore orangé s’élève de derrière les collines, après avoir plongé dans l’océan de la nuit, il reprend son souffle. Ce soleil du matin, ces paysages, et même le sol de la route avaient l’image du pays, on aurait dit que chaque espace avait son lot de caprices, comme si les choses de la vie n’étaient pas les mêmes selon l’accent que vous preniez. Et puis, penser à la beauté du monde, la nature et les hommes, le surréalisme des maisons prêtes à tomber de la falaise, les herbes folles dans les prés, et les jeux de lumières à travers les nuages ou sur le reflet de l’eau. Et soudainement, le grand danger qui se dessine entre le ciel et la ligne d’horizon. Le Vésuve, démon et cracheur de feu, dressé là depuis des siècles, maître incontesté de la région. Comme la mort au-dessus des hommes, il est là dans un silence à l’italienne, entre les cris sur les marchés et les klaxons des voitures, on l’oublie facilement quand on a pour horizon les rues et la mer. Naples, apparait dans son flot de voiture, dans son flot d’être humain. Naples la terre de feu, et ses dangers.
A peine les rues défilaient sous nos yeux, que les premiers touristes munis de leur short et sandales, montraient la direction à suivre pour atteindre Pompéi. A cette distance de la cité romaine, nous ne savions que les bases de cette incroyable histoire, un volcan des cendres, des morts figés et un site proprement dit archéologique. Je n’étais jamais descendu aussi bas dans la botte italienne, je n’en connais vaguement que le dessin sicilien, qui lui non plus ne ressemble pas à Naples. C’est comme si plus on descendait au plus près de l’équateur vers les chaleurs suffocantes, plus le temps ralentissait sa course, pour ne devenir qu’un pas lent et difficile. L’air sentait le goudron, et autour de nous des milliers de langues se mélangeaient dans un bruit de murmure crié. Peu d’ombre, peu de vent mais du soleil à en étouffer. Il y a rien de bien glorieux à jouer les touristes, peut-être qu’il aurait été préférable, de se perdre volontairement dans des ruelles napolitaines pour tomber au hasard sur une mamma parlant du bon vieux temps, ou de ses chagrins, ou pour croiser des enfants jouant au foot sous le linge pendant entre deux maisons. Comprendre par plus de réalité ce que c’était d’être un mort en devenir à Naples, que ce soit par la vieillesse, les dangers ou par la poudrière volcanique qui nous toise au-dessus des toits. Mais je n’étais que dans une file d’étrangers, à attendre de rentrer dans Pompéi. On était loin des entrées triomphales jadis mises en scène par les empereurs, seule une simple barrière où il fallait payer nous attendait en guise d’accueil. Une femme plutôt blasée distribuait les tickets pour le paradis, l’ultime coin d’ombre, je respire à fond. Par où commencer ? Quelle ruine mérite qu’on commence par elle ? On avance comme le reste de la foule, sur un sol pavé au milieu de murs entre la vie et la mort, couvert de poussières. La chaleur étouffe, mélangée à la poussière, l’air semble insupportable et le soleil nous cogne la tête sans cesse. Pendant quelques minutes, je me dis que c’est une folie de visiter le sud en plein mois d’aout, on n’a pas idée de venir souffrir pour quelques bouts de cailloux. Passe une à une les maisons, les pavés et les passages piétons, défile aussi le lot des touristes, là un allemand pâle puis une mexicaine au sourire chantant. Mais si je devais retenir un sentiment, c’est le chemin jusqu’à l’amphithéâtre. Quelques arbres fins dessinaient une fine ombre au-dessus de nous, ne laissant passer que quelques flammes solaires, et sous nos yeux apparaissaient l’œuvre romaine. Je ne sais pas si c’est de bon ton de dire que Pompéi n’a rien à envier à Rome, Rome la belle et son Colisée ne nous permettent que d’être spectateur. Mais à Pompéi, à Pompéi on entre dans l’arène comme un gladiateur armé pour lutter pour sa vie, comme le lion qui devra le combattre, ou comme le combattant sur son char. Les gradins vident qui nous observent font résonner les cris fantômes d’une foule en délire, j’y vois le passé enroulé dans ses toges et l’âge d’or du latin qui anime le stade. L’instant n’est pas remarquable, ce n’est qu’une visite pendant une journée d’été, mais la sensation est plus grande, d’être un être petit sur le sable de l’arène entouré de pierres ayant vibré il y a des siècles. Mais il faut continuer son chemin, voir ces martyrs de la nature figés dans leur dernier souffle, voir leur corps apeurés recroquevillés sur eux-mêmes ou couchés sur le sol. Le symbole d’une humanité qui a peur, portant les traits de ce que nous sommes également, ces statues de cendres vivent à jamais dans la douleur de leur angoisse, l’incompréhension de l’évènement et la peur de voir venir la mort dans un épais nuage de cendre, comme se pose un rideau gris sur le passage clair d’une lumière naturelle. La mort dans son plus simple appareil, celui des corps morts mais vivant d’être ainsi à jamais là entre les murs de leur tombeau, cette immense cité fantôme endormie par les lois du monde, sommeillant sous le regard de son triste bourreau. Le Vésuve reste tout de même beau à regarder, il est si paisible et calme sous son ciel italien. Il dessine sa forme sur la toile bleu éclatante, entre le ciel et la mer, il semble si froid comme peut l’être une montagne, un simple rocher. Et comme tous les dangers, sa menace qui pèse le rend fascinant, dans son silence il est toujours là, qu’importe où le regard de pose on finit par le voir apparaitre, rappelant à chacun qu’il ne faut pas oublier ce qui peut arriver. Il ressemble à la punition divine des cités perdues, comme si à tout moment, la société napolitaine finirait par payer sa terrible dette, d’avoir osée s’installer sans prendre gare. 10 minutes, voilà le temps disponible pour évacuer Naples si l’incroyable montre rouvrait sa gueule, toutes ces âmes qui chantent en italien dans les rues ou dans le port, qui vivent sans se soucier, qui vont à leurs occupations.
Peu à peu, dans la journée qui s’éteint, on reprend place dans la voiture pour rentrer, le corps est épuisé. Epuisé du soleil, de la chaleur, de la marche, le regard voit passer la même route qu’au matin sans y prêter attention. Repasse alors le Monte Cassino, les villages perchés comme des orphelins se serrant les uns contre les autres à l’abri des plaines, le tunnel et enfin la belle tranquillité du petit coin perdu dans les montagnes d’où nous étions partis au matin. La beauté n’a pas vraiment de prix lorsqu’elle s’offre si simplement aux yeux, quelques paysages marqués par l’Histoire, que ce soit celle de la souffrance, de l’exaltation des joies ou simplement celle des hommes qui peuplent depuis des siècles les montagnes de la péninsule. Voir Pompéi qui s’enflamme sous le pas des visiteurs, le soleil accentuant la douleur du passé en couvrant les murs sable d’un bain de lumière, sentir un autre air encore parcourir les cheveux et le visage. L’Italie sous ses milles couleurs, toujours différente en étant tout à fait elle, complexe et douce à l’image d’une personnalité, et dont le visage est celui de ses Romains. Pompéi déjà loin, on reprenait le rythme habituel du village, marché le long des rues pour monter et descendre entre les prés et l’église. Et puis atterrir à la table d’un bar, où déjà se trouvent d’autres compères familiers, joindre nos rires aux leurs, en partageant un verre qui célèbre fièrement les fêtes de la vie.

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