Oula faire un resumé je vais plutot prendre une critique de ciné ^^
Battle Royale (Japon, 2000)
Titre original: Batoru Rowaiaru
Durée: 115 minutes
Réalisation: Kinji Fukasaku
Scénario: Kenta Fukasaku, d'après un roman de Koshun Takami
Casting: Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Taro Yamamoto
"Avez-vous déjà tué votre meilleur ami ?"
Le sujet
Afin de lutter contre le relâchement moral de la jeunesse, le gouvernement japonais lance la loi "Battle Royale" : chaque années, une classe de lycée, tirée au sort, est envoyée sur une île sauvage où les élèves doivent s'entretuer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul survivant, le "gagnant" de "Battle Royale".
La critique (7/10)
Kinji Fukasaku a commencé à travailler en tant que réalisateur au début des années 60, notamment dans le domaine des films de gangsters (Yakusa) alors fort mal distribués hors du Japon. Pourtant, ses oeuvres fantastiques de la fin des années 60 et des années 70 (science-fiction pour Bataille au-delà des étoiles (1968), Les évadés de l'espace (1978)... ; héros à la Fantomas avec Le lézard noir (1968)...) finissent par attirer l'attention sur lui à l'étranger, tandis que le film de Yakusa devient populaire hors du Japon (ainsi, Sidney Pollack rend hommage à ce genre avec son Yakusa (1975) interprété par Robert Mitchum). Il co-réalise avec Richard Fleischer une grosse production internationale : Tora ! Tora ! Tora ! (1970), reconstitution de l'attaque de Pearl Harbor par l'armée japonaise. Au cours des années 80, il ralentit son rythme de travail, mais continue à proposer des oeuvres distribués et remarquées à l'étranger (Virus (1980), La légende des huit samouraïs (1983)...). Puis il se fait rare en occident. Mais, récemment, ses admirateurs célèbres, Quentin Tarantino (Pulp fiction (1994)...) et John Woo (Volte/face (1996)...), ont insisté sur l'influence qu'a eu son oeuvre sur le renouvellement du film noir dans les années 90, et ses films ont été projetés au cours de rétrospectives à Paris.
Pourtant, c'est son dernier film, Battle Royale, écrit, d'après un roman de Koshun Takami, et produit par son fils Kenta, sorti en 2000, qui sera un des plus gros succès de Kinji Fukasaku au Japon, où il fera aussi un scandale. Il est à noter qu'il existe deux versions du film : le montage original, interdit aux moins de 15 ans au Japon (version proposée en France) ; et une version moins violente, visible dans les salles japonaises par les moins de 15 ans, à laquelle quelques scènes ont été ajoutées. La plupart des jeunes acteurs du film n'ont pas tourné au cinéma auparavant, mais certains aient déjà une carrière à la télévision japonaise (Tatsuya Fujiwara, Masanobu Ando...). Le professeur-maître du jeu est interprété par Takeshi Kitano, connu et admiré en France comme réalisateur et comédien (Sonatine (1993) , Hana-bi (1997)...), mais surtout célèbre au Japon comme comique et animateur de shows télévisés.
Comme New York 1997 (1981) de John Carpenter, Battle Royale s'ouvre sur quelques cartons nous résumant, en quelques lignes, la situation dramatique du Japon projeté dans un futur très proche. Ce pays n'a toujours pas surmonté la crise économique qui secoua l'Asie dans les années 90, et le taux de chômage se stabilise à des hauteurs inquiétantes. Par conséquent, la société est en crise : les adultes sans emploi, dévalorisés par rapport aux standards de la réussite sociale, ne parviennent pas à imposer leur autorité aux enfants. D'autre part, le système scolaire, dur et compétitif, n'est plus, pour les jeunes, un moyen efficace de s'insérer dans la société. Par conséquent, l'absentéisme scolaire devient systématique, tandis que la délinquance juvénile augmente. On a donc les données d'un conflit de génération violent, thème aussi cher au cinéma japonais (Le voyage à Tokyo (1953) de Yasujiro Ozu, Contes cruels de jeunesse (1960) de Nagisa Oshima, , Akira (1988) d'Otomo...) qu'au cinéma de science-fiction (les bandes violentes de Orange mécanique (1971) de Stanley Kubrick, Assaut (1976) de John Carpenter, Les guerriers de la nuit (1979) de Walter Hill, Classe 1984 (1982) et Class of 1999 (1990) de Mark L. Lester...).
Pour résoudre cette situation, le gouvernement, placé du côté de l'ordre et des adultes, crée la loi "Battle Royale". Une classe de jeunes élèves, tirée au hasard, va s'entretuer sur une île coupée du reste du monde jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un seul survivant : "le gagnant". Plutôt que de s'attaquer aux problèmes structurels de la société japonaise, de remettre en question les choix de gouvernement adoptés, l'Etat choisit donc cette mesure spectaculaire, inhumaine, terrorisante, censée enseigner par l'exemple l'efficacité d'un système compétitif. Plutôt que de lutter contre la violence, le pouvoir se livre à une surenchère de brutalité en toute impunité, puisque c'est "une loi", voulue par la société dans son ensemble. Cette étude de la brutalité absurde appliquée par un Etat pour tenter de résoudre ses problèmes a déjà souvent été l'enjeu de films de science-fiction à connotation politique : on pense au jeu brutal de Punishment park (1971) de Peter Watkins, au programme de rééducation/lavage de cerveau de Orange mécanique, au pénitencier sauvage de New York 1997, au cyborg policier de Robocop (1987) de Paul Verhoeven, aux robots enseignants et militaires de Class of 1999...
Battle Royale est donc un jeu extrêmement cruel, imposé à des candidats tirés au sort. Le principe rappelle énormément Running man (1987), adaptation d'un roman de Stephen King par Paul-Michael Glaser avec Arnold Schwarzenegger Afin de pouvoir contrôler les infortunés candidats, on leur place un collier muni de capteurs : accessoirement, celui-ci est muni d'un système explosif que les arbitres peuvent déclencher à volonté (ce gadget est là aussi un emprunt à Running man). Être compétitif devient alors une question de vie ou de mort, et les jeunes gens sont forcés de se plier à un règlement sadien, contre-nature, moralement inadmissible, mais voulu par l'Etat et le corps social. Cette chasse à l'homme sur cette île sauvage évoque, évidemment, Les chasses du comte Zarrof (1932) d'Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack : le volontaire, qui participe à Battle Royale par pure sadisme, alors qu'il n'a même pas été tiré au sort, est bien évidemment un clin d'oeil à Zarrof lui-même.
Il est fort tentant de comparer les règles de Battle Royale à celles de jeux télévisés comme l'américain Survivor ou le français Les aventuriers de Koh Lanta, et, par conséquent, à des oeuvres de fiction réfléchissant sur la médiatisation d'une violence divertissante (Rollerball (1975) de Norman Jewison, Gladiator (2000) de Ridley Scott...). Toutefois, dans Battle Royale, les personnages ne sont pas en permanence suivis par des caméras rapportant en direct leurs faits et gestes. Il semble néanmoins qu'une certaine médiatisation entoure cette compétition (les journalistes de télévision accueillent avec empressement la survivante au début du métrage) , et la loi procède d'une volonté exemplaire, cherchant à impressionner le public : les évènements de "Battle Royale" doivent donc être diffusés au public à un certain niveau.
Si, comme on l'a vu, Battle Royale s'inscrit dans une longue tradition de cinéma de science-fiction contestataire, il s'en distingue par des spécificités propres. Il se singularise notamment en introduisant des décalages extrêmement forts. Ainsi, des films comme Les chasses du comte Zaroff ou Running man vont mettre en scène des adversaires redoutables et physiquement très forts, alors que Battle Royale va faire s'affronter des enfants physiquement fragiles, ce qui est graphiquement mis en valeur par la tenue de collégien qu'ils portent tous. Ce décalage va engendrer dans le récit de nombreuses digressions "fleur bleue" : ces enfants, forcés par leurs parents à se comporter comme des animaux, aspirent, pour la plupart, à la tendresse, à l'amitié et à la paix. Cette confrontation de l'enfance et de l'innocence à la violence de la guerre a été inspiré à Kinji Fukasaku par sa propre jeunesse, durant la seconde guerre mondiale. Ici encore, un Etat, une nation, envoie ses propres enfants à la boucherie et à la mort au nom de sa survie. Ainsi, la séquence où une jeune fille se laisse mourir sur l'épaule d'un camarade peut évoquer bien des images en provenance des tranchées du monde entier. Battle Royale est une allégorie, car la guerre que se livre maintenant les Etats est une guerre économique, sans fusil : mais c'est toujours l'agressivité, la méfiance, la violence et l'individualisme qui sont encouragés dans ces sociétés. Kinji Fukasaku demande clairement : quelle sorte d'avenir peut espérer un pays qui élèvent au rang de valeurs des concepts aussi destructeurs ? Il livre alors un constat amer sur l'échec des relations entre deux générations qui ne se réconcilient qu'en rêve (le songe dans lequel Noriko se promène avec Kitano).
Un autre décalage apparaît aussi par l'introduction d'un humour grinçant extrêmement, noire, dont l'emploi, au début et à la fin du film, de la photo de classe, ou la présentation "amusante" des règles du jeu, sont assez symptomatiques. Les apparitions de Kitano sont elles aussi toujours empreintes d'une poésie grinçante et cruelle, celui-ci reprenant, sans trop avoir à se forcer, le personnage du funambule psychopathe et imprévisible de son Jugatsu (1990).
Pourtant... Battle Royale n'est pas sans défaut. Si les bonnes idées sont nombreuses, elles sont assez rapidement révélées, et le récit souffre gravement d'un caractère répétitif. Quarante et une personne à massacrer, cela fait tout de même beaucoup de monde ! La tuerie prend donc, au bout d'une heure de métrage, un aspect assez ennuyeux, et la multiplication des scènes violentes les rend progressivement de moins en moins efficaces. On regrette encore une interprétation parfois inégale, et un dénouement souffrant d'explications bien embrouillées.
Si il aurait gagné à être plus dense et mieux construit, Battle Royale reste néanmoins un film fort intéressant. A travers le portrait de ses deux personnages principaux, Shuya et Noriko, Fukasaku encourage, comme réponses aux dysfonctionnements de la société, la marginalité et la désobéissance. Ainsi, la loi sur l'île de "Battle Royale" était le meurtre, et Shuya et Noriko n'acceptent pas de de tuer ou de considérer le meurtre comme "normal". D'autre part, le personnage de l'informaticien résistant est présenté avec admiration par Fukasaku, bien qu'il soit détruit par la violence qu'il comptait employée. Battle Royale tient donc un discours intelligent et intègre : le ramener à un simple massacre gore "purement jouissif" (comme le dit l'expression purement à la mode ces temps-ci) paraît un argument immature, escamotant la réflexion rigoureuse de son auteur. Battle Royale s'inscrit dans la tradition d'une science-fiction politiquement engagée et exigeante, et sa violence, avant tout traumatisante, n'a d'autre but que de se mettre au service de sa réflexion.
Bon si vous voulez en savoir plus ben lisez le manga ^^ ou pour le film allez sur
http://reve.sans.fin.free.fr/