Asura's Wrath
Type : Action / Aventure
Editeur : Capcom
Développeur : CyberConnect2
Supports : Xbox 360, PS3
Date de sortie : 24 février 2012
Preview d'Asura's Wrath : ceci n'est pas (qu')un beat'em all
A un mois de la sortie du jeu et après une démo polémique, nous avons pu rencontrer les développeurs d'Asura's Wrath et nous essayer aux deux tiers du jeu.
Nous avons eu l'honneur de nous rendre au cœur du studio japonais CyberConnect 2, à Fukuoka au Japon, afin d'en savoir un peu plus sur le déroutant Asura's Wrath. Si son annonce par Capcom avait suscité bien des espoirs du côté des amateurs de beat'em all, la démo jouable disponible depuis quelques semaines les a quelque peu douchés. Une prise en main plus complète du jeu ainsi que notre rencontre avec l'homme qui en est à l'origine, Seiji Shimoda, mais aussi avec le boss de CC2 Hiroshi Matsuyama et le producteur d'Asura's Wrath pour Capcom Kazuhiro Tsuchiya nous ont permis de faire le point sur cette nouvelle licence pas vraiment comme les autres.
Previously, on Asura's Wrath
« Si les gens veulent jouer à Bayonetta ou God of War, ils peuvent déjà jouer à Bayonetta et God of War… ». C'est par cette réponse un peu sèche (qui fait partie d'une interview plus complète à paraitre prochainement, accompagnée de notre compte-rendu complet de notre visite de CyberConnect 2) que Matsuyama San tacle notre tentative de le questionner sur l'accueil plutôt froid réservé à la version d'essai chez nous.
Le titre n'est pas un beat'em all. Enfin, pas que. Martelé par nos convives tout au long de ces deux jours de visite comme parfaitement souligné par nos quelques heures en compagnie du jeu (chapitre 1 à 13, sur une vingtaine au final), le message a fini par passer même si pas mal de zones d'ombres demeurent.
Le souhait des développeurs comme de Capcom est avant tout de proposer une histoire prenante et dramatique, avec la rage d'Asura en toile de fond permanente. Cela se traduit par une
certaine omniprésence des cinématiques, dans lesquelles quelques QTE assez faciles sont régulièrement placés pour vérifier l'état d'éveil du joueur. Avec son découpage en chapitres courts (30 min maximum),
le jeu assume pleinement son orientation « animé interactif » déjà défendu par ses créateurs ces derniers mois. Le bon côté de la chose vient donc de la capacité d'Asura's Wrath a toujours assurer un rythme au millimètre, les temps de jeu étant en permanence entourés par les séquences narratives.
Bien appuyées par
un scénario motivant, qui nous fait dévorer les chapitres sans aucune lassitude, ces cinématiques encadrent donc à tout moment les différentes phases de shoot, de beat'em all et de boss qui s'enchainent de manière globalement équilibrée. Entre Space Harrier et Sin & Punishment, le premier type de gameplay a le mérite de ne jamais proposer deux fois la même situation : que l'on courre pour rattraper un ennemi ou que l'on attaque carrément toute la flotte spatiale adverse,
les sensations sont excellentes et retranscrivent tout à fait efficacement la montée en puissance d'Asura au fur et à mesure de l'aventure.
Le parcours de santé du combattant
Très plaisant à manier, le gameplay beat'em all s'appuie quant à lui sur
une mécanique simple à la portée de tous : coup faible à marteler pour « comboter », coup fort nécessitant un temps de cooldown plus ou moins important suivant le niveau de difficulté, tir à distance, esquive et lock font ainsi partie de la panoplie de n'importe quel jeu du genre. La possibilité de
« launcher » un ennemi pour l'enchainer dans les airs n'est pas non plus des plus originales, mais demandera une certaine pratique pour être maitrisée. Il ne reste au final que les deux jauges de rage d'Asura pour faire la différence : la première est le Trikaya, que l'on déclenche avec L2/LT et qui permet entre autre de pouvoir enchainer les coups forts à volonté, en plus d'infliger des dégâts plus importants. Le nerf de la guerre restera néanmoins le remplissage de
la seconde jauge, celle de rage, qui met instantanément fin au combat contre les petites mains pour passer directement à la séquence de QTE qui viendra à bout du gros boss de milieu/fin de niveau.
Ce dernier type de gameplay met en exergue le principal reproche que l'on peut faire à Asura's Wrath :
l'absence presque totale de challenge. Pas ou peu de sanction en cas d'action contextuelle manquée et barre de vie qui ne se vide jamais, sauf en difficulté Dieu, le seul vraiment intéressant pour les gamers sans non plus être insurmontable… L'absence de complexité de la partie beat'em all n'empêche absolument pas
le fun de s'installer rapidement, la nervosité des séquences et les animations stylées d'Asura faisant toujours mouche, mais il faut bien reconnaitre que l'on aurait aimé être autant secoué par les phases de jeu que par les trouvailles visuelles distillées lors des séquences « narritivo-interactives ». Le rythme général est, comme l'on peut le remarquer dans la démo, assez particulier : il n'est pas habituel dans ce type de jeu d'action d'enchainer rapidement les phases de jeu courtes. Certains joueurs y trouveront cependant largement leur compte, même si d'autres ressentiront un peu de frustration de ne pas bénéficier de plus de liberté dans le gameplay.
On peut également regretter que CyberConnect 2 ait un peu recyclé les ennemis rencontrés : entre les Gohmas impurs combattus depuis toujours et les légions dirigées par les sept divinités honnies par Asura, il y avait pourtant de quoi assurer niveau diversité. La variété visuelle est certes de mise, entre les ennemis organiques, souvent bestiaux (sorte de tortue, de singe, d'éléphant ou de rhinocéros…) et les humanoïdes, d'autant que chacun a évidemment sa propre façon d'attaquer, mais l'on reste un peu sur sa faim à ce niveau. Le talent de CyberConnect 2 s'est toutefois largement exprimé sur la direction artistique, qui
mélange habilement les références à la mythologie asiatique et à la science fiction. Imaginez un instant un bouddha géant écraser d'un coup de pied quelques péons moyenâgeux pendant qu'Asura envoie des kamehameha sur des vaisseaux spatiaux à la Star Wars :
La démesure transpire par tous les pores de la peau d'Asura's Wrath, offrant d'énormes sensations lors des nombreux moments forts dont est pourvue l'intrigue.
Entre DBZ et God of War
CyberConnect 2 rend fort bien la puissance incroyable des personnages principaux, qui se jettent des « Ganesh » géants à la tête ou se castagnent même manchots, avec une épée dans la bouche comme le Raiden de MGS 4. Pas du tout orienté découverte, les environnements n'étant absolument pas là pour être explorés, Asura's Wrath parvient cependant facilement à transporter le joueur dans son univers atypique où les protagonistes n'hésitent pas à partager un bain et des bols de saké en compagnie de charmantes demoiselles avant de se foutre sur la gueule.
Entre DBZ pour l'expression de la puissance et God of War pour le scénario, Asura's Wrath assure vraiment lors de ses séquences narratives. Dommage que cela se fasse un peu au détriment des phases de jeu.