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. Les Carnets de Bord de Jergal - Dernier texte : Souffrance
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Jergal
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MessagePosté le: Ven 09 Sep 2011, 10:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai refait ce truc d'écriture automatique. Et j'avais mal à la tête.
Voilà ce que ça donne.

***

Ça commence comme un mal de tête. Une impression que quelque chose cloche. Un début de pressentiment. Puis ça enfle un petit peu. Et l’on se prend à espérer. « Non, pas maintenant » ou « Pas encore ». On se dépêche de prendre quelques mesures qu’on pense être efficaces. On boit de l’eau, on prend un cachet avant même d’avoir mal, on se masse le cuir chevelu, voire même, on s’enferme dans le noir. Et puis ça continue à enfler, on localise la douleur, elle vient de tel endroit. Une fois localisée, on ne pense plus qu’à elle, la vitesse à laquelle elle se répand augmente exponentiellement. Lame chauffée à blanc qui nous transperce, vide sidéral, torture primaire, chacun y va de sa métaphore, mais une chose est sûre, nous ne sommes plus que douleur.

Oui, c’est à peu près ça.

La perte de l’amour de notre vie.

Oh attention ! Je ne parle pas au sens poétique du terme. Non, bien au sens littéral. La personne que vous avez aimée pendant la majeure partie de votre vie, soit, 60 ans pour les plus chanceux.

Pfiou ! Un claquement de doigt.

Juste avant, vous aviez encore des projets.
Juste après, ces projets envolés.

Bien sûr, vous n’aviez pas l’intention de faire construire une maison et de prendre un crédit sur 30 ans. Ni de faire une nouvelle brochette d’enfants. Non, pas ce genre de projet. Mais juste, vous rendre tous les deux sur le lieu de votre enfance, de votre rencontre, un endroit particulier que chacun d’entre vous aimait. A votre âge, le proverbe « La vie est faite de petits plaisirs qu’il faut savoir saisir » prend tout son sens. Si on ne sait pas le faire, on ne vaut pas mieux que ce qui reste des copains qui sont partis trop tôt. Il n’y a plus d’intérêt à rester dans ce monde. Alors vous les chérissez autant que faire ce peut, ces petits instants de plaisir.

"Tiens, le petit fils a réussi à faire quelques pas, aujourd’hui, avant de se laisser tomber sur les fesses et de trottiner à toute vitesse autour de la table de la salle à manger."
Voici un moment à garder en mémoire. Parce qu’y repenser vous assure un sourire. C’est déjà pas mal un sourire. Ça se propage vite un sourire.

Mais aujourd’hui, vous avez mal. A la poitrine. Au ventre. A la tête. Les yeux sont inondés. Les bras serrés autour de soi dans une étreinte solitaire, le plus souvent à genoux ou allongé sur le sol froid de la cuisine, de la salle à manger, de la chambre.

Oui, voilà à quoi ressemble la perte de l’amour de sa vie.
Voilà à quoi chacun d’entre nous doit s’attendre un jour où l’autre.
Et si vous avez de la chance, vous partirez bien avant les autres.

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Uchiha-sasuke-da
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MessagePosté le: Ven 07 Oct 2011, 7:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Jergal. Je trouve ton texte d'une telle beauté. Il est juste, pas de grandes paroles... il est puissant aussi. Tu arrives à prendre de place dans une situation inconnue mais surtout bouleversante de douleur...
Merci pour ce moment de magie, moi qui ait vu quelqu'un vivre ça ... je vois exactement ce que tu dis.
Félicitations; je suis conquise!

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Jergal
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MessagePosté le: Lun 10 Oct 2011, 10:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour ces compliments, c'est gentil.

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Jergal
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MessagePosté le: Sam 07 Jan 2012, 12:58 am    Sujet du message: Répondre en citant

Aujourd'hui, un texte qui n'a pas de sens. Je n'ai même pas cherché à suivre une ligne directrice. Du coup, c'est tout petit :p

Boom!


"- Je suis un homme simple, avec des goûts simples.
Je ne cherche pas la richesse, encore moins le pouvoir. Mais vois-tu, petit, j'ai un feu intérieur qui me ronge les os.
Alors, dis-moi, toi, quand quelque chose brûle, qu'est-ce que tu fais ?

- Je l'arrose !

- Gagné ! Et donc, quoi de mieux, pour quelqu'un comme moi, que d'aller au bord de la rivière, hein ? Je te le demande ?

- Je sais pas, papi.

- Moi non plus, je ne sais pas, petit. Mais ce n'est pas en restant écouter ta grand-mère toute la journée que je trouverai la réponse. Alors quand ça commence à monter, que le feu crépite, je prends ma canne, ma caisse de pêche, et je viens là. ça m'apaise."

Ce souvenir, ces images floues, cette voix rocailleuse, peu de choses et tout un symbole.

Maintenant, j'ai repris le flambeau, si je puis dire : je suis devenu quelqu'un de simple, avec des goûts simples.
Mais ce n'est pas un feu qui crépite en mon sein, c'est tout un brasier, un haut-fourneau, un feu d'artifice.
J'y fonds la roche et le fer, l'or et le diamant.
Les réactions en chaîne se déchaînent et s'enchaînent à une vitesse folle.

J'explose.

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Chakal D. Bibi
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MessagePosté le: Sam 07 Jan 2012, 12:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Putain ma gueule !!!

Je n'avais jamais lu tes textes et c'est un putain de tord !!! L'idée est génial !! Je n'ai jamais lu Vian (ouais j'sais, c'est une lacune à rattraper), moi ça m'a fait penser à du Gogol (que j'adore) et t'as des phrases qui sont justes géniales, genre

"J'ai toujours été meilleurs pour la pratique que pour la théorie", dans son contexte, je l'a trouvé énorme ^^ Le coup des vieux morts à 25 ans, j'ai bien aimé aussi :p L'air de rien, sans donner "d'explication", tu arrives à poser le décor d'une société légérement futuriste façon 1984 et j'ai beaucoup aimé aussi =)

Je vais imprimer tes autres textes un peu longuet histoire de ne pas me flinguer les yeux et je reviendrai t'en dire des nouvelles Wink

Bon boulot en tout cas, faudrait que tu viennes jouer un peu avec nous dans les exercices pour le cerveau Wink

edit : 'tain j'suis dég', la Grande Muette, j'croyais que c'était la Mort, ça aurait trop collé aussi xD xD mec t'es bon, très bon, tu devrais prendre plus de temps pour gratter le papier !!

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Jergal
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MessagePosté le: Mer 25 Jan 2012, 9:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Hm...
Wow!

Merci ! (C'est le moins que je puisse dire Razz)

Je viens jouer de temps en temps avec vous, même si ce "temps en temps" a tendance à s'allonger.

Mais vraiment, merci Surprised

----------
edit
----------

Le Prix de la Liberté.


Les gens me demandent, toujours, ce qu’il s’est passé, ce que j’ai, ce qui ne va pas. Il est beaucoup plus facile de poser la question que d’en écouter la réponse.

S’il ne fallait dire qu’une chose : c’est à cause de deux ou trois mots. A travers lesquels j’ai cru me décharger d’un fardeau. Deux-trois mots, pensais-je, pour me relever et regarder vers le haut. Deux-trois mots pour ôter le goût de poussière de ma bouche. Deux-trois mots sur lesquels me reconstruire, me retrouver.

Deux-trois mots à jamais gravés.

Je te les soufflais au creux de l’oreille. Je te les hurlais au visage. Je te les chuchotais au lit. Je te les envoyais au petit déjeuner.
Sans cesse me répéter.
Dans un seul but, à la fin, gagner ma liberté.

Le prix de la liberté se paie du sang, des chairs, du sacrifice, de celui qui la souhaite. Le cœur arraché, l’âme brûlée, le corps meurtri.

Je n’ai jamais été aussi libre que depuis que j’ai prononcé ces mots.

Je m’abreuve à la source de ma propre âme. Je compisse mes vêtements de mes sentiments évacués.
Je me taille les veines de mes dents jaunâtres. Je souille mes chausses de ma vie terrestre échappée.
Je dévore mes chairs sanguinolentes arrachées de mes griffes. Je conchie mes atours de mes souvenirs envolés.

Certains mythes racontent que lorsqu’une âme est amenée en ce monde, elle est séparée en deux. L’une des parties devient mâle, l’autre femelle, et qu’elles n’auront de cesse de se retrouver, dans cette vie ou dans les autres.

Deux-trois mots pour gagner ma liberté.

« Va-t-en ! »

Les mots ont un pouvoir caché. A trop souhaiter, il arrive qu’on soit exaucé.

J’ai payé le Prix de la Liberté.

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Chakal D. Bibi
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MessagePosté le: Mer 25 Jan 2012, 10:25 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon p'tit texte, j'ai bien aimé Wink

Citation:
Je m’abreuve à la source de ma propre âme. Je compisse mes vêtements de mes sentiments évacués.
Je me taille les veines de mes dents jaunâtres. Je souille mes chausses de ma vie terrestre échappée.
Je dévore mes chairs sanguinolentes arrachées de mes griffes. Je conchie mes atours de mes souvenirs envolés.


ce passage là est super lyrique, ça déboite !!

J'aime bien, tu traites un thème classique (ça parle bien d'une rupture hein ?) mais tu tombes pas dans le mélo qui pourrait très facilement s'inviter à la partie sans y être convié avec ce genre de sujet ^^

Bref, encore du bon Wink

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Kaori
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MessagePosté le: Ven 27 Jan 2012, 12:30 am    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime beaucoup "Le Prix de la Liberté".

Je trouve ce texte juste. Ni trop ni pas assez. Seulement juste. Bien dosé.
Les mots sont simples. Les phrases sont simples. L'enchaînement est fluide. À tel point que ce passage*, bien que très imagé voire exagéré, n'apparaît pas pompeux.

Tu traites d'une séparation sans tomber dans une caricature hasardeuse. C'est plaisant. Tu fais référence au mythe des âmes soeurs sans que cela ne fasse bateau.
D'ailleurs, à ce moment précis, le personnage cherche à se rassurer ? A désenfler la bulle ?

Le protagoniste se confie avec simplicité et lucidité. Une certaine retenue, peut-être. Ce qui n'empêche pas sa tristesse et ses regrets de transparaître. Cet espèce de non-dit ajoute de l'intensité. Tout en évitant le théâtral.

Bref. J'aime bien.


*« Je m’abreuve à la source de ma propre âme. Je compisse mes vêtements de mes sentiments évacués. Je me taille les veines de mes dents jaunâtres. Je souille mes chausses de ma vie terrestre échappée. Je dévore mes chairs sanguinolentes arrachées de mes griffes. Je conchie mes atours de mes souvenirs envolés. »
(-> Aha. C'était donc ça...)

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«Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux».
ROUSSEAU, Jean-Jacques, La Nouvelle Héloïse.
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Jergal
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MessagePosté le: Sam 28 Jan 2012, 5:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci.

"Je m’abreuve à la source de ma propre âme. Je compisse mes vêtements de mes sentiments évacués."
J'ai posté cette phrase l'autre soir sur la bàf pour la première fois. Je l'ai trouvée intéressante et en fait, j'ai construit mon texte autour. En essayant d'imprimer un rythme de 3. Mais je me rends compte là que je n'ai pas toujours respecté ça :p

Et par contre, je suis content que ce soit ce passage qui ressorte de vos lecture, qui vous a marqué, vu que c'est mon passage principal. J'ai au moins réussi ça Very Happy


Citation:
D'ailleurs, à ce moment précis, le personnage cherche à se rassurer ? A désenfler la bulle ?

Je ne l'avais pas vu comme ça, mais ça peut-être une interprétation en effet.
C'est d'ailleurs l'une des raisons au fait que j'utilise un style assez simple, plutôt minimaliste. Je n'aime pas imposer ma vision des choses et laisse le lecteur libre d’interpréter les choses à sa façon.

C'est aussi pourquoi je n'aime pas les auteurs du style de Balzac, qui passent tellement de temps à faire leurs descriptions que le lecteur se retrouve prisonnier de la vision de l'auteur.

Bref, merci à vous deux de votre lecture. :3

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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 3:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Une histoire qu'on devrait raconter aux enfants à la manière d'un conte juste avant d'éteindre la lumière et de les laisser aux songes.


Cette histoire, la voici.





Quenotte







Un formidable rot. Non. Attendez. Un rot formidable. Oui. Voilà.
Un rot formidable venait de retentir dans la petite chambre mansardée de Théo, jeune étudiant d’histoire de l’art, au sommet d’un petit immeuble de trois étages du 20e.

Mais Théo n’en était pas l’auteur. Et cela, il le savait. Et cela, le terrifiait.
Oh ! Certes, à 19 ans, on est grand. On est parfois indépendant, parfois non. On achève l’adolescence. En grandes pompes, avec les études supérieures, ou avec ses premiers salaires. Le monde merveilleux des rêves qui peuplait notre enfance s’éloigne, nous quitte, au moins pour un temps.
« J’ai besoin d’être un peu seul, de me retrouver, de faire le point, clame votre inconscient. On n’a qu’à faire un break, et on voit dans 2 semaines, 1 mois maxi. »

Alors le monde merveilleux des rêves accepte notre décision et part, le dos droit, le menton relevé, fier comme Harpagon. Puis les deux semaines passent. Le mois. Les années. Et cinquante ans plus tard, sur la pointe des pieds, sans même l’avoir recontacté, le monde merveilleux des rêves revient et nous chuchote au creux de l’oreille à quel point vous lui avez manqué.

Mais Théo, lui, n’avait pas encore congédié sa magie. Il voyait toujours –et cela passerait pour de la folie à quiconque s’en rendrait compte, des monstres tendant leur bras décharnés pour l’attraper, dans les branches nues des arbres, lors de ses sorties nocturnes.

Et lorsqu’il se couchait, il vérifiait toujours sous son lit. Toujours ?
Et bien non, pas cette fois-ci. Il était rentré passablement ivre d’une soirée agitée dans le Marais et, après quelques insultes aux étoiles à travers son velux sali d’une légère couche de suie noire, s’était déshabillé, titubant et jeté sur son matelas. Il n’avait donc pas vérifié sous le lit.

Voilà pourquoi il s’était figé lorsque le rot avait retenti. Voilà pourquoi, sans geste brusque, il avait ramené sa jambe gauche qui était auparavant suspendue au dessus du vide, dans son lit. Voilà pourquoi, lentement, pour ne pas que le froissement des draps ne s’entende, il les avait remonté de façon à ne laisser dépasser que ses yeux verts et le haut hirsute de sa tête. Et voilà pourquoi il respirait doucement, presque en apnée.

Un juron éclata. L’intensité qu’il dégagea fit vibrer le velux et la petite cloison de plâtre qui séparait la chambre de bonne de Théo de la chambre de bonne de Juliette, étudiante en psychologie, chevelure noire aile de corbeau, peau cuivrée, un mètre soixante-dix, 93-61-89, environ. Absente pour la fin de semaine et le weekend, rentrée chez sa mère (Théo savait tout ça grâce, justement, à l’étroitesse de la-dite cloison).

Quelques secondes après ce tonnerre, un dé à coudre roula de sous le lit. Au bruit, Théo avait tourné la tête de façon à guetter ce qui sortirait. Le dé à coudre était banal, en acier ou fer blanc, peu importe, légèrement cabossé. Puis une mignonette de whisky roula elle aussi de l’obscurité noire à l’obscurité tamisée, éclairée par la lune à travers le velux. Elle s’arrêta à quelques centimètres du dé à coudre sans toutefois le toucher. Et puis des pas…

Des pas d’une puissance infernale, chacun, à l’image du juron, faisant vibrer cloison, sol et velux. La chose qui sortirait de sous le lit, pensait Théo, ne logerait pas dans sa petite chambre. Elle serait trop imposante, trop immense pour ne serait-ce qu’y insérer la tête.

Ce fut une souris blanche de quelques centimètres, voutée sur une petite canne, ou plutôt, sur un cure-dent (car il s’agissait bien d’un cure-dent, qu’on se le dise), et donc marchant sur ses pattes arrières qui sortit à pas lents et hésitants, presque trébuchant. Et à chacun d’eux, toujours le tonnerre, toujours le séisme.

« Putain mais qu’est-ce que c’est que ce bordel… »

La phrase avait échappé à Théo. Ce n’était rien qu’un murmure, à peine un chuchotement, mais cela suffit à stopper l’animal (car il s’agissait bien d’un animal, qu’on se le dise) dont les moustaches frémirent. Il se retourna d’un coup d’un seul, et d’un geste brusque, pointa son cure-dent en direction du garçon.

« C’bordel, mon gars, c’est qu’j’crois ben qu’y a pus d’quoi boire un dé à coud’ dans c’tte baraque ! »

La voix était rauque, gutturale, presque inaudible et quasiment incompréhensible. En revanche, le geste brusque avait déséquilibré l’acteur, qui s’affala à proximité de la mignonette dans un tonnerre assourdissant.

« Bordel ! » hurla-t-il. Et à nouveau, le bruit et les vibrations. Un bout de plâtre provenant du plafond s’écrasa sur le parquet. Puis la petite voix rauque, « Aide moi, gamin, à m’remet’ sur pieds ».

Théo, lui, ne l’entendait pas de cette oreille. Lentement, doucement, sa main s’approchait du livre qu’il tentait de lire depuis quelques mois maintenant, et qui trônait sur sa table de chevet. Guerre et Paix ne porterait jamais aussi bien son nom, s’il pouvait lui permettre de régler le sort de la chose et de ramener la paix dans sa chambre. Et si c’était une hallucination due à l’ingestion d’alcool et au manque de sommeil (ça ne pouvait être que ça, qu’on se le dise), il espérait que le livre serait tout aussi efficace.

La souris se mit difficilement sur son séant.

« Mon gars, chuchota-t-elle, touche seul’ment à c’livre ici bas, et j’te raccourcis l’bras jusqu’à c’qu’y deviennent aussi large qu’ma canne que j’tiens présent’ment dans mes mains. »

« Mais putain, t’es quoi, toi ? » Théo, encore éméché, n’en pouvait plus. Une souris armée d’un cure-dent le menaçait, lui, dans sa chambre. Il commençait à perdre patience, à perdre pied, à perdre la raison.

« Moi, mon gars, j’suis une souris. J’croyais qu’ça s’voyait. Dis, c’est-y pas une quille de rhum à moitié pleine que j’vois là-bas ? »

Ce faisant, il pointait effectivement une bouteille de Trois rivières posée sur la petite table de camping à proximité de l’évier. Théo l’avait ramenée de la soirée, il ne savait plus pour quelle raison.

« Ouais, du Trois Rivières. » répondit-il. Il ne savait pas quoi dire de plus à une souris.

« Ça vaut pas un whisky irlandais, mais j’suppose qu’ça fera l’affaire. Les Caraïb’ sont pas tant restés respétueux du P’tit Peuple qu’les Irlandais, mais ça reste de bons gars. Envoie ton rhum, morbleu, qu’j’y fasse un sort. »

Mais Théo ne bougea pas. La chose-souris soupira, attendit et soupira encore.

Puis elle tendit son cure-dent en direction de la bouteille et marmonna des « couics », des « couacs » et des « gniarks ». Alors un tintement sourd se produisit et un rai de lumière bleue s’élança de l’extrémité du cure-dent pour aller, par tâtonnements successifs, s’enrouler autour du récipient. De sa patte libre, celle qui ne tenait pas le cure-dent, la chose-souris attrapa son dé à coudre et l’orienta sous la deuxième extrémité de la canne. Un liquide clair s’écoula à travers cette dernière qu’il s’empressa d’avaler dès que l’improvisé verre fut plein.
Théo mit un certain temps avant de comprendre ce qu’il se passait. En fait, il ne comprit qu’au moment où il vit la hauteur du liquide dans la bouteille de rhum diminuer sous le bord inférieur de l’étiquette. Par une prouesse inacceptable pour son esprit humain, une souris buvait du rhum à distance au milieu de sa chambre, émettant des rots tonitruants de temps à autres.

« Qu’est-ce que vous faites ici ? » demanda alors Théo.

« J’suis là à caus’ du barouf qu’t’as foutu t’à l’heure. N’a-t-on pas idée asteure, d’insulter aux étoiles ? »

« Je ne comprends pas… » Théo se disait que la folie le guettait.

« M’aurait étonné du contraire, mon gars. Faut pas insulter aux étoiles. Ou alors, arrive c’qui est arrivé. » La chose-souris continuait, à mesure qu’il parlait, à enfiler les dés à coudre.

« Et qu’est-il arrivé, alors ? » Théo, bizarrement, n’appréciait pas la tournure que prenait l’histoire.

« Alors, mon gars, mes frères et sœurs ont décidé d’m’envoyer t’donner un’leçon. Mais comme j’t’ai d’jà à moitié saoul quand y m’ont trouvé, j’me suis dit qu’tant qu’à faire, autant s’occuper d’l’aut’ moitié avant d’m’occuper d’toi. »

Le niveau de rhum flirtait maintenant avec le fond de la bouteille.

« Mais en fait, tu es qui ? »

« Voilà l’question qui compt’ v’aiment, mon gars. »
La bouteille était maintenant aussi sèche que possible. Plus une goutte ne s’attardait sur ses parois.

Une étincelle malveillante s’alluma dans les yeux de la chose-souris.

« Qui je suis ? Avant qu’vous aut’, les humains, vous ayez oublié les anciennes coutumes et traditions, j’bossais ici bas dans la fange. C’tait avant qu’vous jetiez bas nos tertres et qu’vous nous reniez. »

Maintenant, la chose-souris s’était relevée et marchait en direction de Théo.

L’étincelle malveillante se faisait incandescente.
« J’ai l’alcool mauvais, aussi. Très mauvais. » marmonna-t-elle. « Très, très, mauvais. »

Le garçon pensa bel et bien avoir perdu la raison lorsque cette fois, la chose-souris pointa son cure-dent vers lui.

« Qui j’suis, donc ?
Mais je suis Quenotte, la dernière fée des dents ! » hurla-t-elle en se jetant à la gorge de l’adolescent.

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Dernière édition par Jergal le Mer 30 Mai 2012, 2:39 pm; édité 1 fois
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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 2:31 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mec, mec, mec, c'est canon !! J'me suis bien poilé, un bon texte, une bonne histoire, une excellente chute =)

D'bonnes trouvailles aussi, la répétion du (Qu'on s'le dise) bien dosée et bien amenée, le nom de "Chose-Souris", tout simple mais pas si évident :p

Bref, un joli conte =)

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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 2:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci M. Bibi. Very Happy

J'arrêtais pas de vouloir l'appeler la Chose quand j'écrivais, alors que c'était une souris (qu'on se le dise...). Du coup, la Chose-Souris s'est imposée. J'ai bien aimé la ressemblance avec chauve-souris. J'aurais pu pousser plus loin en la rendant chauve. ça aurait donné la Chose-Souris chauve. :p

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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 2:46 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai envie de dire, il n'est pas trop tard :p D'autant que la chose souris chauve, ça sonne super bien ^^

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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 2:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Du coup, je me pose la question.
Est-ce que le personnage de mon avatar et de ma signature accepterait ce genre de modification ? Et surtout, est-ce que cette modification sert l'histoire ?
Parce que c'est ce qu'il n'aurait pas manqué de me demander...

J'vais réfléchir à la Chose-Souris chauve. :p

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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 2:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'sais pas ce que ton avat' en aurait dit (et franchement, m'en tamponne pas mal), j'crois que ce qui importe vraiment c'est ce que toi t'en penses. Non ?

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MessagePosté le: Mer 30 Mai 2012, 3:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Nan, c'est pas ce que j'en pense qui compte, c'est si l'histoire en sort grandie. Very Happy

Mais je pense que ça peut le faire. J'vais voir la manière.

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Jergal
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MessagePosté le: Lun 18 Juin 2012, 1:56 am    Sujet du message: Répondre en citant

Finalement, j'ai gardé comme c'était. Par flemme. :p



Sinon, nouveau texte en attendant un conte de Noël revisité à ma sauce.






Route 66




- Les flics, les schmitts, la bleusaille, les condés, les poulets, les keufs, les poulagas, les cow-boys, putain, mais tu m'écoutes, oui !

L'homme, assis sur le siège passager, criait à l'oreille du conducteur, les yeux écarquillés tournés vers la vitre arrière de la Shelby Cobra GT500 modèle 68 qui filait à travers les plaines du Nouveau Mexique, un nuage de poussière rouge en traînée, Janis Japlin en arrière son. Un vrai condensé des seventies.

-Ouais j't'écoute, mec, pas besoin de crier, mais de quoi tu m'parles ?

-Putain, Mô, tu déconnes. J'te dis qu't'as trois wagons de flics qui te collent au cul, ça fait 10 min au bas mot.

En tendant l'oreille, on entendait effectivement les sirènes des policiers en léger bruit de fond, couverts non par le bruit du moteur de la voiture dans laquelle les deux hommes se trouvaient qui faisait à peine plus de bruit qu'un ronronnement, mais par le vent hurlant s'engouffrant à travers les fenêtres grandes ouvertes.

-Ah ouais ? Putain, t'sais que j'ai pas de rétro dans la voiture. J'les ai pas vu. Je t'ai raconté pourquoi j'ai pas de rétro ?

-Ouais, 10 000 fois au moins... T'as pas de rétro parce que tu roules tellement vite que y'a jamais rien qui arrive de l'arrière. Faut croire que tu t'voyais trop beau. Putain, on va minimum passer la nuit au frais avec tes conneries. Encore heureux qu'ils aient pas sorti les flingues.

-T'as raison, j'étais à l'ouest, là. J'vais arranger les choses.

- Enfin ! J'te retrouve mec. 10 min qu'on les traîne à 160 à l'heure. Ils vont nous pourrir la gueule là. Mais si tu dis que tu peux t'arranger avec eux.

-Ouais, j'm'en occupe, j'te dis.

Et il fit quelque chose que son voisin, Paul, ne croyait pas possible, il appuya sur l'accélérateur et roula plus vite. Beaucoup plus vite. Vraiment plus vite. Paul arrêta de surveiller le compteur pour se tenir à tout ce qu'il pouvait trouver lorsque les 250 à l'heure furent passés en un souffle. Et le moteur commençait à peine à crier...

En quelques minutes, les gyrophares furent relégués à l'horizon.

Mô prit alors la parole.

- J't'ai d'jà raconté que je savais que toi et moi, on finirait par s'rencontrer et qu'on d'viendrait potes ?

Paul qui avait l'habitude des histoires racontées des centaines de fois par son ami, acquiesça.

- Ouais, 10 000 fois au moins...

Il ne pouvait prononcer plus de quelques mots, se cramponnant à son siège. Il avait tenté bien que mal de remonter sa vitre, mais n'avait pu le faire totalement, ce qui faisait qu'un paysage indistinct bicolore défilait.

- La vitesse, mon pote, la vitesse. Si tu roules assez vite, tout devient flou, et si t'as les bons yeux, tu peux voir des choses. La vitesse, c'est la vie. Tu vas voir mon pote, j'vais t'faire entrer dans le monde de la vitesse pure. Tu vas voir ce que j'ai vu, et bien plus encore. Tu vas voir ton passé, ton présent et ton futur. Tout en même temps, tout mélangé. Accroche toi.

Paul voulu répondre une remarque bien sentie. Il ne put rien articuler de compréhensible car au même moment, il fut scotché à son siège baquet par l'accélération soudaine du véhicule.

Janis Joplin était rendue muette.
Le moteur, maintenant, rugissait.
Et ce rugissement devint une chanson.
Et alors, il vit.

Ce son et lumière accompagna longtemps Paul et Mô.

Il taillèrent la route, brûlèrent la gomme, agrippèrent le bitume genre première fois, reniflèrent les effluves de pot d'échappement à pleins poumons, et toujours, toujours, aller plus loin, plus vite, voir ce qu'il y a derrière l'horizon, la prochaine image, chercher la surprise, se surprendre continuellement, avoir des yeux d'enfant, l'émerveillement à chaque croisement, à chaque tournant, à chaque instant.

Vite, très vite.

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MessagePosté le: Lun 18 Juin 2012, 7:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Trop court. Ca a du potentiel mais c'est pas assez développer. La scène a de quoi être top mais au final elle passe vite, je ne sais pas comment tu écris mais tu as des idées qui donnent de la matière, et tu en utilises peu. Après pour ce qui est de la route 66 j'ai un peu l'habitude des délires de Chakal du coup j'trouve cette petite histoire trop gentille ^^
Donc voilà c'est sympa, d'autant plus que j'voyais bien la scène ... même si j'imagine des petits détails que tu ne décris pas (de la poussière qui va dans tout les sens au passage des voitures ...) mais trop court.

edit: et même si la vitesse est bien présent dans le texte, et que ça s'accorde bien avec la longueur du texte: comme un évenement passant à vive allure ... mais tellement de potentiel pas utiliser quant à la scène.

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Chakal D. Bibi
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MessagePosté le: Lun 18 Juin 2012, 9:15 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Bon p'tit texte ma gueule, ça va vite, très vite, c'est des hommes pressés et on s'en va vite avec eux ! J'aime beaucoup =)

J'vais juste être chiant sur un truc =>

Citation:
Janis Joplin en arrière son. Un vrai condensé des seventies.


Joplin, c'est les 60's, elle est morte début 1970 =)

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Dernière édition par Chakal D. Bibi le Ven 18 Jan 2013, 3:32 pm; édité 1 fois
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MessagePosté le: Mar 19 Juin 2012, 12:06 am    Sujet du message: Répondre en citant

Uchi, comme tu l'as remarqué dans ton édit, c'est dans un but de vitesse, d'effet de vitesse, contrastant avec la nonchalance et le calme du conducteur.
Ce n'est qu'un coup de pinceau, un speed painting, à un moment "t", un instantané.

Bon après, je t'avoue que je ne suis pas forcément très content du résultat, à part le dernier paragraphe.

Bibi, t'as saisi la vitesse. C'est ce que je voulais faire passer en premier.
Et je suis désolé de te donner "tort" pour Joplin... Razz
(Entre guillemets, le tort, parce que c'est pas vraiment faux. Juste qu'elle est aussi passée à la radio dans les 70's, obligé. Razz)

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