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Mikazuki
Dramaturge des forums
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Inscrit le: 17 Oct 2007
Messages: 1245

MessagePosté le: Jeu 13 Oct 2011, 1:01 am    Sujet du message: Pour la vie Répondre en citant



Croisant un couple de septuagénaires marchant main dans la main sur le trottoir, mon père me dit un jour : "Il m'arrive de penser que les vieux couples sont encore plus beaux que des jeunes mariés". Parce que, contrairement aux seconds, ils ont eu une vie commune, riche de bonheurs, mais aussi de souffrances, et malgré cela, c'est leur union, plus forte que tout, qui l'a emporté.

"Pour la vie", dessiné par l'Italien Claudio Stassi sur un scénario du Belge Jacky Goupil, nous présente un de ces couples d'amants extraordinaires. Fernand et Édith, quatre-vingts ans sonnés, désormais retirés dans la maison de retraites des "Coquelicots", dans le département de l'Ain, dont la majorité du récit relate la fête donnée à l'occasion de leurs noces d'or. Cinquante ans d'une vie plus que commune, cinquante ans pendant lesquels ils ne se sont jamais quittés, ne serait-ce qu'une seule journée. Désormais à l'automne de leur vie, Fernand et Édith sont rongés par une terrible idée, inconcevable. A savoir qu'un jour qui n'est pas si lointain, l'un des deux devra se séparer de l'autre.

Que l'amateur de cases pleines d'action ou de gags passe ici son chemin. Cette œuvre platonique est davantage destinée aux amoureux d'une certaine conception de la bande dessinée, et du neuvième art en général, à un public intéressé par ce que l'on pourrait aisément qualifier de roman graphique, statique de surcroît. Une question se pose en effet devant "Pour la vie" : comment peut-on manifester un intérêt constant à une histoire où il ne se passe quasiment rien, sur deux vies a priori banales, avec un suspense inexistant, puisqu'il suffit d'avoir lu les toutes premières des 136 pages, ou la quatrième de couverture pour en connaître le funeste dénouement ?

Stassi et Goupil, pourtant, relèvent le défi, pour un résultat franchement réussi. Malgré un titre que certains pourront trouver mièvre, en dépit de sa justesse, les deux auteurs parviennent à narrer l'amour indéfectible de Fernand et Édith, en maniant à la perfection l'art de l'analepse - flashback, pour les non-initiés - en ponctuant leur récit d'anecdotes délicates de la vie du couple : d'un concert de Piaf à l'éclipse solaire du 11 août 1999, en passant par l'élection de Mitterrand... Basé sur une histoire vraie, "Pour la vie" revisite l'Histoire, la grande, en se plaçant du point de vue de deux personnes ordinaires. Toujours juste, jamais dans la mièvrerie et la surenchère, la lecture de "Pour la vie" est un intense moment d'émotion à l'égard de Fernand et d’Édith.

Et si l'on a les yeux humides à la fin de l'histoire, c'est moins par son dénouement que par l'incroyable union de deux êtres aussi ordinaires qu'exceptionnels... qu'on ne retrouve malheureusement pas aussi souvent qu'on pourrait le croire. Parce que "Pour la vie" n'est, paradoxalement, pas une histoire triste. C'est aussi, et surtout, une leçon de vie poignante, pour une œuvre d'une rare beauté. Je vous la recommande absolument.
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Hiei
Bijuu


Inscrit le: 12 Juil 2009
Messages: 4044

MessagePosté le: Mer 26 Oct 2011, 11:44 am    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ma part, je n'ai pas été aussi enthousiasmé par cette oeuvre, que Mikazuki. Je m'explique.

Ici, l'auteur, utilise un fait divers dramatique, qu'il construit comme étant une sorte de récit nostalgique, autour d’un vieux couple amoureux. De nombreuses années de vie commune, tout ce qu'il y a de plus ordinaire, nous sont ainsi montrées, et cela en jouant avec une technique de flashback particulière, le tout accompagné de situations marquantes de notre société.

L'essentiel est là. Le rôle du lecteur. Notre rôle à nous ; se tient évidement au niveau de l'observation. Puisque notre fonction, si je puis dire, sera celui d'observateur. Cet ouvrage, habillé d'un "suspens" tout le long, n'est au final pas aussi creusé qu'on pouvait l'espérer. De la rencontre au mariage ; des projets divers et simples, à l’aboutissement du travail ; de la retraite aux voyages, jusqu’à la vie à la maison de retraite. Tout ce cheminement est offert de façon timide et manquant même d'assurance, ce qui ne laisse place à aucune exploration plus recherchée de la chose. Et donc, nous avons du mal à comprendre la raison de cet amour si fort et indélébile.

C'est un peu regrettable, surtout que la plupart des personnages ont beaucoup de potentiel, que ça soit les protagonistes principaux ou secondaires. L'oeuvre avait beau être exceptionnel dans sa profondeur humaine, j'ai eu du mal à être touché. Pourtant, le sujet porte à s'interroger et nous interpelle fortement, mais je n'ai pas réussi à me glisser dans ce récit.

Tout avis étant un tant soit peu subjectif, je vous conseille tout de même de lire cette BD, qui peut accrocher ou non. A chacun sa façon de voir et de sentir les choses.

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