. Le Prisonnier (Série)

[HEEM]

Quelques mots sur cette série chère a mon cœur, sans doute THE série, la plus aboutie toutes catégories confondues (hein......mais t'es con ou quoi, elle contient ni police scientifique, ni aliens, ni effets spéciaux a couper le souffle....t'es dingue mec).

Ce chef d’œuvre (oui monsieur) est le bébé d'un auteur visionnaire et accessoirement le rôle titre, Patrick Mcgoohan, qui a su se projeter mieux que quiconque dans ce que serait le futur des sociétés humaines du XXI° siècle, à mon sens elle fait figure d'anticipation la plus forte et la plus évocatrice jamais porter sur petit écran.

Certains l'enferme trop tôt dans le bocal étiqueté "série sociologique", en réalité elle est bien plus que ça car elle télescope une infinité de dimension, allant de la SF "vintage" à l'humour so british, de l'espionnage parano au yéyé sur fond des Beatles, cette série rend complétement déglingué au même titre qu'une petite tranche Nietzsche, comme chaque nourriture cérébrale consistante, il ne faut jamais la bourrer dans le flingue a consommation et tirer dans le tas.



Le prisonnier trace l'histoire d'un agent secret (patronyme inconnu, probablement un agent britannique) qui, après avoir démissionner, fonce chez lui a bord de la fameuse Lotus Seven (grandement popularisée par la série) pour y faire ses valises mais un gaz soporifique est diffusé dans la pièce et l'agent est kidnappé.

A son réveil il se retrouve dans un lieu à la fois mièvre et idyllique, aseptisé et inoffensif en apparence, ses habitants le prénomment Le Village, ici, les gens sont toujours heureux, arborent des habits multicolores, ne font que consommer et se divertir, dans un décor paradisiaque où ne manquent ni les jolies rues folkloriques, ni les clochers, ni les aires de gazon. Ici, les gens ne se posent pas la moindre question, car les haut-parleurs qui encadrent le Village n’ont de cesse de leur rappeler combien il fait bon vivre en ces murs. Ici les gens ont de drôles de coutumes, et se saluent mutuellement en s’échangeant une ésotérique formule : « Bonjour chez vous ». Ici, les gens n’ont plus de nom, mais un badge sur lequel est inscrit un numéro d’identification. Ici, c'est une prison bizarre ou les geôliers se mêlent au prisonniers, impossible de les différencier.

L'ex agent se voit attribué l'identifiant N°6, position honorifique vu que plus l'identifiant est élevé, plus l'importance de l'individu diminue, notre ami n'a qu'une idée en tête, à savoir fausser compagnie a cet univers concentrationnaire pour ne pas laisser fondre son identité, refuser d’être fiché, classé, rangé dans des tiroirs occultes, puis utilisé comme une vulgaire statistique.

« – Où suis-je ? (Where am I?)
– Au Village. (In the Village.)
– Qu'est ce que vous voulez ? (What do you want?)
– Des renseignements. (Information.)
– Dans quel camp êtes-vous ? (Whose side are you on?)
– Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements, des renseignements, des renseignements. (That would be telling. We want Information, Information, Information!)
– Vous n'en aurez pas ! (You won't get it.)
– De gré ou de force, vous parlerez. (By hook or by crook, we will.)
– Qui êtes-vous ? (Who are you?)
– Je suis le nouveau Numéro 2. (The new Number 2.)
– Qui est le Numéro 1 ? (Who is Number 1?)
– Vous êtes le Numéro 6. (You are Number 6.)
– JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN HOMME LIBRE ! (I AM NOT A NUMBER, I AM A FREE MAN!)
– (Rire sardonique) »

Mais les instigateurs de ce cauchemar ont visiblement d'autres projets pour lui, s'instaure alors de fréquents dialogues qui confrontent le N°6 et le N°2 autour de l’avenir du Village, et donc du monde. Le N°2, politicien au service d’une idéologie expansive, tente en vain de persuader le N°6 des propriétés d’apaisement social inclues dans le projet du Village. Selon les épisodes, les N°2 (oui, parce que en plus y'en a plusieurs) expérimente diverses manières de faire plier l’ego de son prisonnier, qui vont d’une approche paternaliste et rassurante à des méthodes nettement plus brutales.

Je pourrais m'égarer à écrire des milliers de lignes, analysant chaque scène de cette magnifique série, ce qu'il faut surtout retenir c'est que, ce bijou a su rester pertinent malgré le sablier, elle appartient au panthéon des créations de l’esprit, et que avec ses récurrences célèbres dans le monde entier, on est pas prêt de s'en séparer.


P.S: désolé pour vos yeux si mon post est bordélique