. Holyland

[Tora]

Holyland
ホーリーランド

Auteur : Mori Kouji
Démographie : Seinen
Genre : Action, drame, arts martiaux, psychologique
Manga : 18 tomes au Japon
Série terminée
Drama : 13 épisodes
Pas de publication française

Holyland est un manga de baston, de combat de rue plus précisément. Mais contrairement aux mangas de bastons classiques, il accorde une grande importance à la psychologie des personnages.
Il n´est pas publié en France actuellement et qui sait s´il le sera un jour. Un manga de baston dépressif… Je ne sais pas s´il existe un public pour ce genre d´histoire. Peut-être si Suicide Island, du même auteur, connaît le succès.
En attendant, on peut bien sûr le lire en anglais sur mangacequevousvoulez.com ou, à partir du chapitre 97, directement chez Illuminati, la team de scantrad.


Synopsis :

Au collège, Yuu, malingre, timide et mal dans sa peau, était régulièrement maltraité à l´école, à tel point qu´il a dû arrêter d´y aller pendant un an. Et il est resté enfermé chez lui jusqu´à ce qu´un jour, il tombe sur un livre dans lequel il va apprendre un mouvement élémentaire de boxe. Et il va le répéter des milliers de fois seul dans sa chambre, comme exutoire à son désespoir. Il va s´entraîner tant et si bien qu´un jour, alors qu´il est attaqué, il explose son agresseur. L´histoire va se répéter et il est bientôt surnommé le Thug Hunter (ou chasseur de voyous, quoique je doute que les traducteurs choisissent cette traduction si le manga est un jour publié). Il va donc se faire de nombreux ennemis et va devoir constamment progresser pour ne pas se faire massacrer quand il traîne dans les rues le soir.
Au départ, il ne cherche pas à se battre mais simplement à survivre, à protéger la place qu´il a trouvée dans la rue, son Holyland, une espèce de terre promise de l´adolescence, ou les adultes ne pénètrent pas. Yuu ne se sent chez lui ni à l´école, ni à la maison et ce n´est que dans la rue qu´il se sent à sa place. Et cela malgré la peur car dans la rue, c´est la loi de la jungle. Au fur et à mesure, non seulement Yuu se révèle un grand combattant mais il prend aussi goût au combat, ce qui va l´inquiéter. Il a en effet été durablement traumatisé par le bullying qu´il a subi et la violence qu´il entrevoit en lui le perturbe.
Holyland raconte le long chemin de Yuu vers la connaissance de soi, entre peur et agression, passivité et violence, entre le rôle de bourreau et celui de victime. Le manga met en évidence l´ambivalence de Yuu à la fois fasciné et terrifié par la violence et le combat. Yuu parviendra-t-il, à la force des poings, à s´accepter lui-même et à accepter les autres ? C´est l´histoire de Holyland.


Les personnages :

Spoil: Kamishiro Yuu Le héro, Yuu, est au départ malingre, gentil, timide et honnête, ce qui en fait une proie facile. Nulle part à sa place, mal dans sa peau et dépressif, il doute constamment de lui-même. Par la suite, il s´avère hyper doué pour se battre, un combattant puissant doublé d´un fin tacticien. Shin-chan Le meilleur ami de Yuu, le seul mec pas obsédé par le combat de l´histoire, qui l´aide et le soutient constamment. Izawa Masaki LE personnage classe du manga. Grand combattant, toujours calme et au dessus de la mêlée, il cache néanmoins un douloureux passé. Midorikawa Shougo Karateka, rival de Yuu Izawa Mai La petite sœur d´Izawa et le seul personnage féminin du manga à avoir un peu d´importance. Dès le début, elle s´intéresse à Yuu et s´inquiète pour lui quand elle le voit couvert de marques de coups. Les grands absents de l´histoire sont les adultes. On est dans un monde dans lequel ils ne pénètrent pas, que ce soit par ignorance ou manque d´intérêt. Ni les parents ni les professeurs ne voient ce qui se passe sous leur nez, la police n´intervient qu´une fois que tout est terminé et la mafia se contente d´observer tout ce petit monde de loin tant que ses intérêts ne courent aucun risque.

Mon avis :

Holyland est une histoire d´apprentissage (coming of age story) a mi-chemin entre le shônen et le seinen. Il raconte la difficulté de certains jeunes Japonais à trouver leur place dans la société. Chez eux ni à la maison ni à l´école, les personnages de Holyland se créent leur place à coups de poing en traînant le soir dans les arcades et dans les rues.
Holyland pourrait presque être un shônen ; tous les ingrédients de base sont là : Les rivaux deviennent amis, les vraiment méchants restent méchants, le héros progresse grâce à des maîtres et des entraînements. Mais à côté de cela, on a la tonalité très sombre de certains des thèmes abordés qui tirent le manga du côté du seinen : le suicide, le bullying, cette interrogation sur le fait d´avoir ou non une place dans la société. Et puis les combats, qui peuvent être très violents.


Le dessin n´est pas parfait. Les corps sont souvent trop maigres, trop étroits par rapport aux visages et les personnages qui sont censés être beaux se ressemblent tous. Du côté des moches, on a heureusement plus de variété. En revanche, les visage sont très expressifs et transmettent parfaitement les émotions. De plus, le dessin est très dynamique, efficace et sert admirablement le propos de l´auteur. Les combats, soigneusement documentés, sont dessinés de façon très lisible.


L´auteur franchit régulièrement le quatrième mur en expliquant les combats et en décrivant les techniques utilisées, leurs avantages et leurs inconvénients. J´apprécie plutôt, cela me permet de mieux comprendre ce qui se passe. Et puis, si on trouve ça gonflant, on n´est pas obligé de le lire.


Le scénario en soi n´est pas extraordinaire, certaines transitions, certaines situations manquent de subtilité, les péripéties sont connues. Mais ce qui compte, c´est ce que fait l´auteur des ingrédients archi-connus des manga de combat. Grâce à ses personnages et à son point de vue particulier, il parvient à faire du nouveau avec de l´ancien.
A un moment, il semble que l´histoire commence à se perdre dans des cycles de défaite-dépression-entraînement-victoire qui se répètent. Mais l´auteur en sort juste quand ça commence à devenir lourd.

Dans Holyland, deux des ingrédients qui font aimer une histoire se mêlent harmonieusement : des combats et un travail approfondi sur la psychologie des personnages, dans une ambiance réaliste. Yuu n´est d´ailleurs pas le seul personnage intéressant. Même si tous ne sont pas aussi approfondis, tous sont attachants et tous évoluent.

On a des passages extrêmement émouvants qui vous amènent au bord des larmes. Yuu incarne très bien la douleur, la rage, l´anéantissement ressenti par une personne ayant été maltraitée fréquemment. Quand il doute, quand il est au 36è dessous, quand il parvient enfin à avancer, quand il accepte l´amitié de ceux qui l´entourent, on est ému. Certains le trouvent trop pleurnicheur, d´ailleurs sur les forums, il est souvent comparé à Ikari Shinji. Je pense que c´est justement ce qui le rend intéressant et le différencie des héros stéréotypés de manga de combat.

Et d´un autre côté, comme dans la plupart des manga de combat, les personnages aiment se battre, passent leur temps à essayer de devenir plus forts et ce faisant, ils forment des amitiés indéfectibles avec leurs semblables. On a des moments carrément épiques, exaltants, des moments de bravoure et de noblesse qui vous donneraient presque le frisson quand au bout d´un combat, c´est le respect qui émerge entre deux rivaux, quand le héros défait se relève pour se battre encore ou qu´un personnage se bat avec une classe qui laisse les spectateurs muets.

Spoil:

Mais parfois, la réalité se rappelle à nous, le héros prend peur, recule et fuit. Parfois au bout d´un combat, c´est la lâcheté qui se fait jour.
Certains trahissent, certains fuient, tous doutent. Dans Holyland il n´y a pas de miracles, le chemin est semé d´embûches et le pire ennemi du héros n´est autre que lui-même.

Yuu au début de l´histoire :

Yuu en mode berserk :

Pour ces différents aspects, Holyland vaut vraiment la peine d´être lu, ou au moins essayé. Tout le monde n´aimera pas mais ceux qui accrocheront y trouveront largement leur compte.


Quelques couvertures :

Spoil:

[Hiei]

Tu t'es enfin décidée à faire cette présentation.

Ce manga est une oeuvre intelligente, possédant des éléments qui poussent à la réflexion. L'aspect psychologique est mis en valeur d'une bien belle façon et pose la question de la place des différents individus dans la société japonaise contemporaine. La série ne se cantonne pas qu'à de simples combats; il est par exemple plus intéressant d'assister à l'évolution du personnage principal, Kamishiro Yuu, que le côté baston de rue.

Je n'en dirai pas plus, étant donné que Tora à déjà dit l'essentiel. En tout cas, Holyland est un très bon manga à côté duquel il serait dommage de passer.

[Licran]

j'ai lu la grande majorité du manga, je me suis arrêté à un moment où le héros s'était imposé dans la rue et voyait son entourage changer car lui même avait changé ou je sais plus, cela doit bien faire deux ans.

J'ai pas trouvé la suite, ça doit surement être la raison pourquoi je ne l'ai pas fini, même syndrome que Tough (pour Tough j'y ai pas mis l'effort non plus), de même que pour kokou no hito.

Les trois sont très bon mais je déteste attendre pour un seinen, cela coupe toute la puissance de l'intrigue.

L'avantage des seinen c'est la complexité des relations et des émotions, alors quand il y a un long temps de pause, tu te retrouves désensibilisé, les personnages redeviennent des personnages de fictions et on ne comprends plus trop les personnages car certains choix qui n'étaient compréhensible que par le pathos et entre autre l'empathie, deviennent totalement illogique, incompréhensible.

Je ne suis pas sûr si je suis le seul à ressentir mais c'est un réel frein pour moi.

(exemple con: un personnage s'engage dans un processus suicidaire, avant cela l'auteur a pris 10 tomes pour justifier cela par le pathos, on pause et on y revient un an plus tard, on a beau connaitre les motivations du héros, mais on le trouve totalement absurde, pourquoi il est si "con", alors que un an plus tôt on partageait totalement ou du moins on compatissait à sa situation)

Ce genre de réaction j'en ai eu pour plus ou moins tout les gros seinen que je suis de loin, Berserk, Vagabonb, Kokou no Hito etc.

[Tora]

Il m´arrive exactement la même chose, Licran
A un moment, j´ai arrêté Holyland pendant plusieurs mois histoire que les scans s´accumulent et quand j´ai repris, je n´y comprenais plus rien. J´ai dû tout relire depuis le début pour que l´histoire reprenne un sens.
Et là, j´ai Zetman en pause et je ne sais plus comment faire pour m´y remettre, j´ai la flemme de le reprendre depuis le début mais si je ne relis pas, je ne vais rien comprendre... Il me faudrait un résumé hyper détaillé.
Et kokou no hito, pareil, j´ai arrêté quand la qualité des scans a baissé et de l´eau a coulé sous les ponts depuis. Mais là, ça devrait être plus facile de m´y remettre. Ni le scénario ni les motivations du héros ne sont trop complexes.
D´ailleurs, maintenant que j´y pense, cela ne m´arrive pas qu´avec les seinen, il m´est même arrivé de reprendre des shôjo depuis le début. En fait dès qu´une histoire est un peu compliquée.

[Tora]

Viens de me rendre compte qu'illuminati a fini de scantrader Holyland !
Pas encore lu mais je m'y mets dès que possible, j'ai hâte de savoir comment ça finit.

[Jergal]

J'ai lu la série en 3 jours sur l'iPhone grâce à une petite appli géniale qui dl les chapitres directement de mangafox ou d'autres sites de lecture en ligne...

Bref.

Si la série n'est pas parfaite par certains côtés un peu banals et si la différence de culture se fait réellement sentir par moment (j'ai personnellement eu du mal à comprendre certaines réactions des persos), notamment en ce qui concerne l'honneur des personnages, j'ai pas mal apprécié.

Surtout l'avant dernier chapitre, avec le couteau. A vrai dire, ce chapitre aurait dû être le dernier, l'apogée, le paroxysme du manga. Et il est quand même dommageable que ceci retombe dans le dernier chapitre.
Ceux qui ont lu comprendront.