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Mat
Jûbi


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MessagePosté le: Jeu 05 Sep 2013, 6:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 61 : Une nounou d’enfer


- Je crois que j’envie Naruto soupira Shikamaru, la main gauche soutenant sa tête. T’en penses quoi ?

Son interlocuteur ne répondit pas. Le jeune Nara continua à le regarder mais la seule réponse qu’il obtint fut un sourire et un « gah ? ». Garder le fils de Kurenaï et de feu Asuma était une tâche qui entousiasmait moyennement Shikamaru. Vivement qu’il grandisse, que je puisse lui apprendre quelques trucs parce que là… Il faut être une femme pour aimer les gosses en bas âge !

En pensant cette dernière phrase l’image de sa mère lui vint à l’esprit et Shikamaru frisonna. Elle me passerait un sacré savon si elle savait que j’ai de telles idées. Il passa sa main sur son front, en souvenir de la bosse qu’il avait reçue suite à la première intrusion des Ailes à Konoha. Ce serait plus qu’un réveil qu’elle m’enverrait à la tête cette fois-ci.

Il préféra ne pas s’attarder sur le sujet et surveiller, de nouveau, le bébé d’une dizaine de mois qui lui faisait face. Le tic tac de la pendule fut le seul bruit qui remplissait l’appartement en ce moment. Shikamaru regarda l’heure. Seulement 40 minutes ?! se désespéra-t-il. Cet après-midi va être long.

- Tu veux faire quelque chose de particulier ? Un signe de tête ou un regard sur ce que tu veux et on verra si c’est possible.
- Agah ? Areuh.
- Je crois que je vais décider pour toi si tu n’y vois pas d’objection Asuma.

Il y avait toujours une certaine hésitation dans la voix de Shikamaru lorsqu’il devait l’appeler. Qu’un enfant porte le nom de son père n’était pas une pratique aberrante. Kurenaï lui avait expliqué que ce prénom lui était venu naturellement, qu’elle le trouvait parfaitement adapté à ce « petit homme qui deviendr[ait] grand et fort, comme son père. » Le regard de Kurenaï s’était alors humidifié, mêlant la joie de voir son fils évoluer à quelques pas d’elle et la tristesse qu’il grandisse sans connaître son père. Nommer son enfant du nom de l’homme que l’on a aimé et qui n’est plus. Mêler ainsi l’amour, la vie et la mort est étrange avait pensé Shikamaru. Mais il n’avait pas fait de questions.

Concentré dans sa réflexion, Shikamaru remarqua trop tard qu’Asuma avait empoigné un morceau de la nappe qui avait fini dans sa bouche.

- Il ne faut pas faire ça ! C’est pas bien.

Shikamaru s’approcha de la table et retira le tissu de la bouche de l’enfant. Et voilà de la bave sur la nappe. Ce n’est pas la première trace mais quand même… Il entreprit de lui expliquer que ce n’était pas bon pour lui de mettre tout ce qui lui passait sous la main dans la bouche. Asuma décrocha lorsque Shikamaru voulut lui apprendre à distinguer ce que l’on pouvait mettre dans sa bouche et ce qui était interdit, pour mieux envahir le salon et apercevoir un vase, sur une petite table, qui ne demandait qu’à tomber. Il marcha en s’appuyant sur les murs et les meubles présents sur sa route pour arriver à proximité du vase brillant grâce à la lumière du soleil qui le frappait généreusement de sa lumière.

Les deux mains de Shikamaru le rattrapèrent à temps. Il allait le disputer mais le regard d’Asuma bloqua sur les photos présentes sur un meuble. Il y en avait deux. La première était une photo de Kurenaï et de son enfant, alors qu’elle venait tout juste de rentrer de l’hôpital. La seconde donnait à voir Kurenaï et Asuma. L’enfant semblait attirer par cette dernière. Comme s’il comprenait que cette personne, à côté de sa mère, n’était pas n’importe qui.

- Ce barbu t’intrigue ?

Asuma ne répondit pas. Son regard était absorbé par la photo.

- C’est parce qu’il a une cigarette en main ? Il n’avait pas essayé d’arrêter de fumer pour la 25ème fois à l’époque de cette photo.
- Gaaah répondit l’enfant en gazouillant.
- Ne vas pas t’imaginer que fumer c’est bien ! La cigarette pique les yeux et…

Shikamaru repensa à celles qu’il avait allumées suite à la mort d’Asuma. Il n’avait plus jamais refumé depuis. La perte de son sensei n’était pas un manque à combler avec de la nicotine mais une perte qu’avec ses coéquipiers il avait surmonté, notamment lorsqu’Asuma était revenu d’entre les morts par la faute de Kabuto. Celui-là, si Chôji le retrouve, je pense qu’il passera un mauvais moment sourit Shikamaru.

L’enfant le regardait comme s’il voulait savoir à quoi il pensait en ce moment. Puis son regard se dirigea de nouveau vers la photo.

- C’est ton papa. Et il s’appelle comme toi : Asuma.
- Pa… commença Asuma.
- Papa, oui c’est ça. Vas-y tu y es presque.
- Pa….

Ce n’est donc pas pour aujourd’hui. Tant mieux. Être le seul témoin de ton premier mot serait dommage. Surtout pour Kurenaï.

- Et là c’est ta maman indiqua Shikamaru à l’enfant en désignant Kurenaï.
- Ma ?
- C’est plus dur à prononcer que papa n’est-ce pas ?

Asuma ne poursuivit pas ses efforts langagiers. A la place il commença à se débattre. Il voulait retourner sur le sol, pour poursuivre son expédition du jour. Shikamaru le relâcha, tout en mettant le vase hors de portée de l’enfant en le plaçant au sommet d’une étagère.

- Si tu veux l’attraper tu devras te creuser les méninges !
- Geuh ?

Le défi ne serait sans doute pas relevé aujourd’hui, ce qui faisait retomber l’exitation de Shikamaru. Dans ces moments-là, lorsqu’Asuma n’était rien de plus que l’enfait qu’il était Shikamaru en venait presque à regretter sa déclaration de vouloir s’occuper de lui. J’aurais dû préciser à partir de quel âge. Il se blâmait ensuite de penser ainsi. Kurenaï a confiance en moi, je n’ai pas le droit de la décevoir.

La maman était sortie et avait confié l’enfant à Shikamaru. « Tu me sauves la vie ! Pouvoir sortir en sachant qu’il ne court aucun danger grâce à ta surveillance… C’est très gentil de ta part. Merci Shikamaru. » Devant une telle expression de gratitude, il n’avait pu que minimiser l’effort de passer l’après-midi suivante à veiller sur Asuma. Kurenaï mérite aussi de souffler un peu. Sortir en étant rassurée que son enfant ne craint rien lui permettra de passer un bon moment j’espère.

Elle avait un emploi du temps bien chargé et rares étaient ces instants libres, où elle pouvait se consacrer à elle. S’occuper de son enfant était une tâche permanente et l’aide qu’elle pouvait recevoir ponctuellement de ses voisines ne suffisait pas toujours. Surtout, depuis sa grossesse elle avait été mise sur la touche pour tout ce qui touchait de près ou de loin aux affaires ninjas. Par ce biais, elle avait été peu à peu coupée des Kakashi, Shibi et autre Hiashi. Certes elle avait donné une petite réception pour fêter l’arrivée d’Asuma mais c’était insuffisant pour retisser d’un coup les liens qu’elle avait avant de se mettre en retrait pour mener à bien sa maternité.

Le village lui versait une indemnité lui permettant de subvenir sans difficulté à ses besoins et à ceux de son enfant. Néanmoins, elle se sentait inactive. Cela la perturbait, non seulement à cause des menaces présentes où elle pouvait aider Konoha mais aussi, et surtout, parce qu’elle ne pouvait plus s’occuper d’Hinata, de Kiba et de Shino.

Ce dernier lui avait envoyé une lettre de sept mots (« Je suis entré dans l’Anbu sensei. ») pour lui apprendre son entrée récente dans cette élite des ninjas. Elle en avait été très heureuse et fière avant de se demander quelle part elle pouvait avoir là-dedans. Je ne lui ai pas appris grand-chose. Il a dû se débrouiller sans moi dans des moments difficiles, comme Hinata et Kiba. J’espère qu’ils ne m’en veulent pas. L’équipe 8 n’était pas morte, elle l’espérait de tout son cœur.

Ces tracas n’étaient pas quotidiens mais Shikamaru n’avait pu s’empêcher de noter que Kurenaï était parfois gênée quand il évoquait des noms de ninjas, comme s’il s’agissait d’un appel auquel elle devait résister. Il avait encore repensé à ce sujet en se rendant chez Kurenaï pour garder Asuma.

Il n’avait toutefois pas fait part de ce sujet à Chôji et Ino, qu’il avait croisés en chemin. A la place, il leur avait demandé s’ils voulaient l’accompagner dans sa mission de garde d’enfant. Chôji bredouilla qu’ils avaient des choses à faire et lorsque Shikamaru demanda « quelque chose à faire ensemble ? » Chôji rougit, se mit à bégayer tandis qu’Ino fusilla l’Akimichi du regard avant de demander à Shikamaru ce qu’il savait au juste. « Qu’est-ce qu’il t’a raconté cet idiot ? » Devant l’incompréhension de son coéquipier, Ino empoigna Chôji et s’éloigna en le tirant, tout en saluant Shikamaru.

- Se pourrait-il que vous…
- Un mot de plus et je fais rappliquer Temari à Konoha ! le menaça Ino.

En les voyant disparaître au coin de la rue Shikamaru ne put s’empêcher de sourire. Cela expliquerait pourquoi Chôji surveille un peu ce qu’il mange ces derniers temps. Il ne put s’empêcher d’être heureux pour lui, tout en se demandant si Ino n’allait pas être trop tyrannique avec lui. Si elle appartient à la même catégorie que ma mère, je devrais mettre Chôji en garde s’amusa Shikamaru avant de reprendre sa route et d’accélérer le rythme pour ne pas arriver en retard au domicile de Kurenaï.

- En tout cas, j’espère qu’ils ne compteront pas sur moi pour garder leurs enfants s’ils en ont !

Dire cela interpella Shikamaru, qui repensa au propos de ses parents, losqu’il leur avait annoncé, la première fois, qu’il allait garder l’enfant de Kurenaï. « Cela te fera un bon entraînement Shikamaru » avait déclaré son père en souriant. Sa mère avait ajouté : « Pour sûr. Et puis Temari devrait apprécier… » Shikamaru était parti car il ne voulait pas entendre davantage de « bêtises ». Toutefois, en repensant à elle, Shikamaru arrêta son regard sur Asuma. Si on en avait un ce serait la même chose ?

Il secoua vigoureusement la tête. Rester sans rien faire me fait penser à des inepties. Travailler me remettra les idées en ordre.

Shikamaru n’était pas arrivé chez Kurenaï les mains vides. Une jolie pile de dossiers l’avait suivi. En vue du prochain examen de sélection des chûnins les nations participants, dont Konoha, devaient fournir au Pays des Neiges un dossier pour chaque candidat et personne présente le jour de la dernière épreuve. La toute jeune sixième grande nation était exigeante en la matière. Les informations à fournir étaient nombreuses et précises, pour repérer immédiatement d’éventuels intrus. Aussi, pour éviter de passer des nuits blanches à répétition dans les prochaines semaines, Shikamaru voulait prendre de l’avance et remplir déjà les dossiers concernant les personnes sûres d’être présentes : les Hokages, certains jônins, etc.

- Toute cette paperasse, c’est encore pire que ce qu’il faut remplir pour un sommet des Kages ! J’espère qu’une fois sur place il ne faudra plus remplir un seul document maugréa Shikamaru.
- Gah ? Reuh !
- Je vais te donner un conseil : n’accepte jamais de t’occuper de cet examen si on te le propose. C’est un piège redoutable !

En repensant à l’examen qu’il avait passé, Shikamaru se demanda où en étaient ses camarades de promotion, surtout ceux qui étaient partis aujourd’hui pour le Pays des Tourbillons.

Quand je pense à Neji et Shino qui sont passés dans les rangs de l’Anbu. Ils accompagnent Naruto alors que je suis bloqué ici. J’aurais peut-être dû me montrer plus motivé quand Tsunade et mon père m’ont demandé ce que j’en pensais. Mais bon il faut une tenue spéciale et un masque. C’est de l’entretien et des lessives en plus.

- Non ne touche pas à ça !

Le jeune garçon essayait d’attraper de la vaisselle présente à côté de l’évier. Si elle finissait par terre, elle allait se briser et les éclats pourraient le blesser. Asuma s’arrêta et regarda Shikamaru. Les gros yeux de ce dernier ne semblaient pas impressionner l’enfant.

- On ne joue plus menaça Shikamaru. C’est le dernier avertissement.

Asuma tendit la main en direction de la vaisselle.

- Tu ne me laisses pas le choix.

Une heure plus tard Shikamaru attaquait son troisième dossier et tout était en ordre dans le logement de Kurenaï. Le calme régnait et Asuma ne courait plus aucun risque.

- J’aurais peut-être dû faire ça depuis le début. Quoique, ce n’est pas une manière de garder les enfants qui soit très conventionnelle.

Shikamaru avait fini par utiliser la manipulation des ombres pour contrôler les mouvements de l’enfant et avoir un peu la paix. Il n’était pas allé jusqu’à couvrir sa bouche avec une ombre, bien qu’Asuma cria de toutes ses forces en réalisant qu’il était entravé. Il avait fini par se calmer, en échange de quoi Shikamaru avait relâché quelque peu son étreinte, pour qu’il puisse se mouvoir quelque peu.

Tout en remplissant ses dossiers le fils de Shikaku jetait régulièrement un coup d’œil à Asuma, pour voir si tout allait bien pour lui. J’espère que cela ne se saura pas sinon les Nara risquent d’être embauchés comme baby-sitter dans tout Konoha.

Il se replongea dans ses dossiers et oublia Asuma quelques minutes. Quand il regarda de nouveau, l’enfant n’était plus là.

- C’est pas possible !

Shikamaru bondit sur ses jambes et renforça immédiatement l’étreinte de la manipulation des ombres. Les cris qui lui parvinrent le rassurèrent. Asuma n’avait pas quitté l’appartement. Shikamaru le retrouva à l’entrée de la chambre de Kurenaï.

- Tu t’es trompé de chambre petit bonhomme. Allez, viens avec moi. Si tu en as marre on va aller prendre l’air.

Il prit l’enfant dans ses bras. Celui-ci regardait encore en direction de la chambre de sa mère. Cette attitude intrigua Shikamaru qui fit quelques pas pour pénétrer dans cette pièce.

Son attention fut attirée par un document, présent sur la table de chevet de Kurenaï. Il savait parfaitement que cela ne se faisait pas de fouiner chez les autres, surtout lorsque la personne concernée vous confiait en toute sérénité la garde de son enfant dans son logement. Mais les mots qu’il crut apercevoir sur ce morceau de papier le conduisirent à passer outre. Il s’avança dans la chambre déserte et saisit le document de sa main droite, tandis qu’il tenait Asuma avec son bras gauche.

C’était un document de réintégration au sein des forces ninjas de Konoha. Il n’était qu’à moitié remplie et semblait avoir été rédigé par petits bouts car l’encre utilisée n’affichait pas le même degré de séchage.

Shikamaru regarda Asuma qui avait les yeux fixés sur lui. « Tu es venu là pour que je t’aide à aborder le sujet avec ta maman ? »
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Mat
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MessagePosté le: Jeu 12 Sep 2013, 8:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 62 : Indigestion


Shinsuke ne manqua pas de faire part de ses doutes lorsqu’ils arrivèrent aux portes des « Nectars du Palais ». Pourquoi se rendre ici ? Goro devait sûrement savoir quelque chose. Même s’il ne savait rien, Shiori devait être auprès des Ailes donc ils auraient pu mettre la main sur la fille d’Eiichirô Habaki. Cela aurait sûrement permis d’en apprendre davantage sur les dessous de ce qui était arrivé à Akari. Ce rade apparaissait donc comme un mauvais détour pour le jeune épéiste.

- Sôri-sama a peut-être indiqué cet endroit uniquement pour vous tester.
- Peut-être, Shin’. Qu’importe : en pénétrant dans cette taverne nous en saurons plus qu’en nous rendant chez Goro.
- Vous en êtes sûrs ?
- Les certitudes n’aident pas à avancer, particulièrement dans un cas comme celui-ci. Reste dehors si tu préfères.

Le fils du Guerrier Noir porta la main droite au niveau de la poignée de son épée. « J’ai toujours voulu m’essayer à trancher une bouteille ou un verre sans renverser une goutte. Voici que l’occasion se présente. » La seule chose qui me fasse peur de toute façon ce n’est pas cet endroit. C’est vous…

Le visage de Masato afficha un sourire. Un signe inhabituel tant il s’assombrissait de jour en jour. Aussi le moindre petit indice de détente était bon à prendre tant il confortait Shinsuke dans son idée que tout irait bien. Au moins pour une journée de plus.

Il pénétra en premier dans l’établissement. Le tenancier était en pleine discussion, de l’autre côté du comptoir, avec une autre personne qui lui ressemblait quelque peu. L’atmosphère était plutôt lourde, chargée de relents d’alcool et de nourriture grasse. Même les murs semblaient porter la trace de cet environnement, qui suintaient en de nombreux endroits.

- S’ils font la vaisselle comme ils entretiennent le lieu je crois que je ne vais rien boire glissa Shinsuke à Masato.
- Dommage, je t’aurais bien payé ta consommation pour te voir engloutir une de leurs mixtures lui répondit-il, amusé.
- Une épéiste ne boit pas d’alcool !

Aran, le responsable des Nectars du Palais, arrêta son échange avec son interlocuteur. L’exclamation du jeune épéiste lui était parvenue jusqu’aux oreilles. Il n’est pas d’ici. Celui qui l’accompagne pas davantage jugea-t-il, d’un regard. Sans attendre il s’adressa aux deux individus. Ceux qui n’étaient pas clients réguliers n’étaient pas les bienvenus :

- C’est une journée réservée aux habitués. Vous devrez aller vous rincer le gosier ailleurs.
- Peuh, j’boirai jamais rien ici…
- Alors dégage le mioche. Retourne dans les jupes de ta mère et…

Masato n’eut pas le temps de retenir Shinsuke. Ce dernier avait déjà bondi en direction de celui qui l’avait interpellé. L’épée s’abaissa sur le malheureux avant qu’il n’ait le temps de préparer la moindre parade ou de saisir le moindre objet pour se protéger.

Le fils ne valait pas encore le père. Ryuchi aurait tranché le mal élevé d’une main et sans forcer. Là, en dépit des deux mains sur la poignée, Shinsuke avait sérieusement entaillé l’individu au niveau de la clavicule gauche. Mais il n’était pas mort : le pauvre diable hurlait et vu le sang qui s’écoulait il allait rapidement mourir. Cela constituait néanmoins un échec pour Shinsuke. Si tu n’es pas capable de tuer ton adversaire d’un coup, alors tu n’auras jamais le bénéfice de l’effet de surprise se répéta Shinsuke. Une parole que son père lui avait rabâchée un nombre incalculable de fois.

Il retira son épée et une vague de sang déferla de la plaie béante. Il l’avait bien eu, mais pas de la manière dont il l’aurait souhaité.

Masato n’eut pas un regard pour le décédé. Il se contenta d’articuler, d’une voix suffisamment claire pour être entendu dans tous les recoins de ce bouge : « Si vous savez la moindre chose concernant Akari Anotsu c’est maintenant qu’il faut parler. » Les flammes bleues recouvrant ses pupilles ressemblaient à une invitation à parler. Le plus rapidement possible.

Un rire parti dans le fond de la salle. Masato et Shinsuke se tournèrent immédiatement dans sa direction.

- Vous parlez de la petite à la chevelure blonde ? demanda un homme à la dentition affreuse.

Il cracha un molard dans son verre vide en attendant la réponse.

- C’est bien d’elle qu’il s’agit répliqua Shinsuke en grimaçant. Vous savez quelque chose ?
- Faut voir.

Une chaise s’écrasa à quelques centimètres de sa tête. Masato était au lancer.

- Nous sommes assez pressés. Parlez si vous voulez vivre.
- Comme si on pouvait tuer Kotaro le redoutable.

L’individu se leva et se rapprocha à pas lents. Bien qu’encore à bonne distance il empestait l’alcool et une odeur de vomi lui collait aux basques. Il n’y avait pas que ça. Une odeur de sang était également présente.

Un ninja déserteur ? se demanda Shinsuke en analysant quelque peu l’allure de cet homme. Apparamment guère impressionné il se posta face à Masato, lui posant la main sur l’épaule.

- T’as une bonne tête alors je vais te dire ce que je sais.
- Trop aimable répondit, glacial, Masato.
- Il paraît qu’il n’y a que son père qui ne lui soit pas passé dessus vu ce qui lui est arrivé !

Shinsuke fut le seul dans la taverne à voir le poing gauche de Masato partir vu la vitesse de réaction de ce dernier. Il toucha la mâchoire inférieure de l’individu qui vola en éclats, réduites en cendres par le contact avec la main greffée. L’individu se tint le bas de la bouche : la langue pendait en plein air et un cri mal articulé jaillit de sa gorge. Kotaro gesticulait en même temps que son sang dégoulinait le long de son cou. Cette vision ne plut pas à Shinsuke, qui préféra détourner le regard.

« Je ne suis pas vraiment d’humeur à rire » annonça Masato. Personne n’aurait soutenu le contraire en cet instant.

Kotaro s’effondra sur le sol. Le premier geste des hommes présents fut de courir vers la sortie. Une couche de glace recouvrait l’ensemble des ouvertures de la taverne. Ils étaient enfermés.

- Shin’, nous allons débarrasser ces hommes de ce qu’ils ont en trop.
- Bien.

Sans plus de consignes Shinsuke faucha son premier adversaire et le priva de son pied gauche ; celui de Masato perdit la moitié du visage et la vie. Les autres, qui avaient tenté de fuir, se trouvèrent ainsi mutilés, amputés, réduits à un état d’impuissance, de souffrance et de terreur qui n’avait rien à envier aux pratiques les plus sanglantes des jashinistes. La religion en moins.

- Attendez vous aviez dit que si nous…
- Vous n’avez pas parlé.Et je n’ai jamais dit que vous sortiriez d’ici entier. Voyez cela comme une prise de garantie.

Aran, le responsable de l’établissement regardait la scène se dérouler, interdit. C’est pire que lors de l’affrontement entre les jashinistes et les hommes des Ailes.

A ses côtés, son cousin Kozue, qui avait laissé le Repos du Guerrier et le Pays du Son pour quelques jours, afin de voir de plus près le havre de paix que lui vantait son cousin. En regardant un peu plus attentivement Masato il n’eut plus de doutes :

- Je vous reconnais vous êtes…
- Comme le monde est petit.

Kozue se tourna vers Aran : « Ah elle est belle ta tranquillité ! »

- Vous m’avez déjà vu à l’œuvre. Cette fois-ci je n’ai pas envie d’être gentil.

Les flammes bleues continuaient à danser dans les yeux de Masato. Elles ne dégageaient aucune impression de chaleur, bien au contraire. C’était un regard glacial qui clouait Mozue sur place, lui coupant toute envie de tenter quoi que ce soit.

- On ne peut vraiment plus boire en paix dans cet établissement. C’est… regrettable.

La voix venait d’une table située dans un recoin de l’établissement. Faiblement éclairée elle engloutissait en grande partie les deux personnes qui y étaient installées. Depuis l’entrée de Masato et Shinsuke elles n’avaient pas bougé.

Les corps d’Aran et de Kozue tombèrent sur le sol, inertes. Sur un signe de Masato, Shinsuke alla vérifier. Deux serpents blancs s’éloignaient. Aran et Kozue respiraient encore. Endormis. Et ces serpents indiquent que celui qui a fait le coup est…

- Orochimaru.
- Surpris de me voir ?
- Que faites-vous ici ?
- Vous me manquiez.
- Je n’en crois pas un mot.
- Vous faites bien sourit le Sannin.

Shinsuke s’approcha. Pas de doute c’était bien le serpent que Masato avait amené au Pays des Neiges et avec lequel ils étaient repartis. Je devrais peut-être essayer de le tuer.

Il serra faiblement la poignée de son épée mais la main de Masato lui barra la route. Comme pour mieux lui signifier ouvertement de ne rien tenter.

- Vous êtes là sur ordre de Goro ? demanda abruptement Shinsuke.
- Non. Quand on est en bons termes avec Goro on peut aller librement où on le souhaite et avec qui on le souhaite.

Orochimaru désigna la deuxième personne assise en face de lui. Elle retira sa capuche. Ses marques sur le visage, son teint légèrement blanchâtre et ses sharingans ne laissaient pas planer longtemps le mystère sur son identité.

- Shisui... prononça, surpris, Masato.
- Votre regard a bien changé depuis la dernière fois.
- Il paraît que le bleu me donne un côté aquatique qui plaît beaucoup. De quoi avoir toutes mes chances pour être bien accueilli à Kiri si je dois m’exiler.
- Je vois.

L’ancien meilleur ami d’Itachi se leva pour sortir.

- Vous nous quittez déjà ? s’inquiéta Shinsuke. Il part pour donner l’alerte peut-être.
- Je ne pars pas pour prévenir Goro, sois tranquille jeune bretteur. Je voulais voir celui qui t’accompagne. C’est chose faite, je peux partir.

Il se déplaça avec légèreté, sans que les lattes du parquet ne grincent. Un véritable ninja d’élite, silencieux comme les morts. Masato retira, à distance, la glace qui bouchait l’entrée et Shisui sortit, tout en déclarant : « Méfiez-vous des paroles d’Orochimaru. »

Ce propos renforça Shinsuke dans sa méfiance tandis que Masato salua l’Uchiha.

- Votre langue pourrait donc nous jouer de mauvais tours ?
- Shisui a toujours eu le sens de l’humour répliqua le Sannin.
- Que nous voulez-vous ? intervint Shinsuke.
- Dans ma grande bonté je souhaite vous fournir quelques informations. Mais en privé. Aussi je suis content que vous ayez nettoyé cette taverne. J’ai endormi les deux autres pour que nous soyons tranquilles.

Les laisser en vie est étrange nota Shinsuke. Mieux vaudrait partir d’ici et laisser sa langue cracher son venin sur d’autres.

Orochimaru désigna deux sièges en face de lui. D’abord réticent, Shinsuke finit par s’asseoir après que Masato ait occupé le premier siège.

- Qu’avez-vous à m’apprendre ?
- Que ce qui est arrivé à votre sœur a impliqué pas mal de monde.
- Les Ailes ? Les Habaki ? Les jashinistes ?
- Pas seulement.

Aucun geste d’étonnement ne parut sur le visage de Masato. D’autres personnes impliquées ? Akari le savait-elle ? Donc elle aurait pu ne rien dire pour ne pas risquer d’envenimer les relations entre le Pays des Neiges et d’autres nations ou clans ? Les flammes redoublèrent dans ses yeux.

- Qu’est-ce qui est confirmé ? Shisui nous a mis en garde donc vous mentez au moins sur certains points ! s’exclama Shinsuke.
- J’imiterais donc la manière de procéder des Anotsu ? Voilà qui est cruel.

Le sourire d’Orochimaru et sa langue qui passait sur ses lèvres indiquait ouvertement qu’il n’était pas dérangé par ces accusations, ce qui déplaisait à ses deux interlocuteurs.

- Vous avez pris part à ce qui est arrivé à ma sœur ?
- Si je réponds oui vous…

Le bras droit de Masato s’étendit, de sorte que sa main saisisse la tête d’Orochimaru et l’écrase sur la table. Pas de quoi faire disparaître le sourire du Sannin.

Avec son poing gauche, Masato frappa au niveau de l’œil droit et emporta celui-ci ainsi que toute la cavité orbitale. Le pouvoir destructeur de ce bras et sa précision chirurgicale progressaient au fil des jours. Je me demande si c’est une bonne chose se demanda Shinsuke en observant la scène, sans intervenir.

Un autre Orochimaru jaillit de la dépouille qui gisait sur la chaise.

- Je vous ai connu plus calme commença l’ancien coéquipier de Jiraya.
- Ma sœur devait être en vie.
- A ce rythme vous mourrez avant de la venger.

Un pic de glace transperça Orochimaru au niveau de l’estomac. Il cracha du sang et grimaça. Son sourire allait en diminuant. Quatre autres pics apparurent, qui traversèrent les paumes des mains du Sannin ainsi que ses pieds.

« A qui crois-tu parler ? » La voix provenait de Masato mais ce n’était pas la sienne. Elle était beaucoup plus rauque, froide. On aurait dit une voix d’outre-tombe.

Shinsuke agrippa la poignée de son épée en l’écoutant. Le pire est en train de se produire.

- Serait-il possible que… débuta Orochimaru, un filet de sang lui coulant de la bouche.

Sa tête s’écrasa au sol avant qu’il ne soit envoyé contre un mur de la taverne.

- Vous n’avez toujours pas répondu.

Un rire fou émana du Sannin.

- Excellent. La colère diminue les défenses. Tel le sceau maudit qui prend le contrôle des esprits faibles voilà que…

Le reste de la phrase s’étouffa dans un râle. Masato venait de lui écraser la pomme d’Adam. Les coups pleuvaient et Orochimaru pouvaient sentir ses os se briser, les hémorragies naître en lui. Une souffrance qui ne lui déplaisaient pas vu tout ce que ces corps successifs avaient enduré comme expériences. Sentir la mort approcher et y échapper, quelle sensation délicieuse.

Quelques instants après il ne restait plus du corps d’Orochimaru qu’un tas de chair sanguinolant. Un nouveau corps émana pourtant de ce cadavre repoussant.

- Mon petit, commença Orochimaru à l’adresse de Shinsuke, tu ferais mieux de faire équipe avec moi si tu veux t’en sortir.

Il tendit la main en direction de Shinsuke. Ce dernier ne savait pas vraiment quoi faire. Il ne dit rien et vit Masato se positionner devant lui.

- Il n’en fera rien. Je suis toujours maître de la situation.

La voix de Masato était revenue et les flammes dans ses yeux allaient en diminuant.

Le soulagement de Shinsuke était manifeste et contrastait avec une légère déception chez Orochimaru. Après le Sage des Six Chemins, j’aurais bien voulu en apprendre plus sur le propriétaire originel de cette main et le voir en action. Ce sera visiblement pour une autre fois. Dommage.

S’être fait tabasser avait visiblement mis Orochimaru dans de meilleures dispositions. Il avait assisté à quelque chose d’intéressant. Sans que Masato ou Shinsuke ne lui reposent la question il déclara :

- D’après ce que j’ai entendu, certains des hommes qui ont fait le coup se seraient réfugiés au Pays des Tourbillons.
- Pourquoi ce lieu ?

Un sourire énigmatique apparut sur la bouche du Sannin.

- Allez savoir. C’est un endroit désert, il n’y a que des ruines. Personne n’y va à part des archéologues… L’endroit rêvé pour se cacher.
- Se cacher ou tendre un piège ?
- C’est vrai que les deux options sont possibles admit Orochimaru, malicieusement.

La lame de Shinsuke fusa en direction de sa gorge.

- Mentez et vous le paierez de notre vie.
- Je voudrais bien voir ça gamin.

Le regard d’Orochimaru était désormais celui d’un ninja prêt à tuer celui qui lui faisait face. Shinsuke ne se démonta pas et se mit en garde. Advienne que pourra.

L’échange fut rapide et Shinsuke trancha sans trop de difficultés les serpents émanant de la poigne du serpent spectral qu’Orochimaru utilisa. Il n’eut pas d’autres attaques. Masato saisit Orochimaru par l’épaule et l’encastra dans un mur. Le Sannin ouvrit sa gueule et goba Masato. Il n’avait pas fini de l’avaler qu’il fut victime d’une brûlure d’estomac : les flammes bleues étaient en train de le dévorer et il eut juste le temps d’utiliser Hebi Bunshin no jutsu pour s’en sortir une nouvelle fois.

- Je crois que nous allons en rester là Masato.

Ce dernier retint Shinsuke qui n’était pas rassasié.

- Cela vaut mieux, en effet. Mon père pourrait prendre ombrage que j’anticipe sur ce qu’il vous réserve.
- Je ne l’ai pas trahi.
- Pour l’instant. Peut-être pense-t-il différemment.
- Vous n’aurez pas son oreille. Et ici je ne crains personne.

L’aura qui émanait d’Orochimaru était chargée de pulsions meurtrières. De quoi faire légèrement trembler Shinsuke. C’est vraiment quelqu’un cet enfoiré. Quelle présence.

- Vous craindrez, je vous le garantis.
- Si vous n’aviez pas été aussi impoli je vous aurais accompagné dans vos recherches.
- Nous ne méritons pas tant d’égards. Et c’est non.
- Tôt ou tard vous aurez besoin de moi.

Masato posa la main sur l’épaule de Shinsuke et lui indiqua la sortie. Ils n’avaient plus rien à faire ici. Autant reprendre la route.

Shinsuke sortit en premier. Masato s’arrêta sur le pas de la porte. Le regard d’Orochimaru croisa le sien :

- Vous m’intriguez jeune Anotsu. J’ai hâte de vous revoir.
- Goro et les Habaki seront avec vous à ce moment-là ?
- Qui sait…

Les flammes bleues jaillirent dans les yeux de Masato et une violente décharge de chakra émana de lui, qui frappa Orochimaru à la poitrine et le repoussa en arrière.

- Cela vaut mieux qu’un long discours je crois.
- En effet Masato, en effet sourit Orochimaru sérieusement amoché mais toujours plus intéressé par ce phénomène.

Ils n’avaient pas fait cent pas dans les environs que la silouhette de Sôri se dessina dans un arbre. Les bras derrière la tête et appuyés contre le tronc, ils les attendaient en regardant le ciel. Il leur jeta à peine un regard avant de commencer à parler :

- Le Pays des Tourbillons est une direction bien étrange.
- Un pays en ruines et abandonné. Si on souhaite se cacher c’est une aussi bonne planque que la légion Nord de Mikasa. Cette dernière en moins et le climat en plus.
- Pourquoi se cacher ? interrogea Sôri. Commettre un tel acte et se cacher ensuite n’est pas logique. Il faut que cela se sache car c’est un affront fait au Pays des Neiges.
- Je ne manquerai pas de leur poser la question.

Sôri secoua la tête. La réponse ne le satisfaisait pas.

- Tu ne les croiseras pas au Pays des Tourbillons.
- Nous serons attaqués avant ?

Sôri ne répondit pas mais son visage suggérait que oui. Une réponse qui n’était pas de nature à rassurer Shinsuke. Se battre avec Masato alors qu’il risque de perdre le contrôle. Et s’il me blessait ? Sa main gauche peut me tuer en un instant.

- Se battre alors que tu ne te contrôles pas. Ta vie est menacée. Tout comme celle de Shinsuke.
- Vous veillerez bien à ce qu’il ne lui arrive rien sensei. Je me trompe ?

Son maître sourit. « Il n’y a pas que lui qu’il faut que je surveille… » commença-t-il.

- Prévenez-nous lorsque vous êtes à proximité. Il me semble que les tavernes et auberges font des prix à partir de trois personnes.

La remarque amusa Shinsuke. Le visage de Sôri redevint sérieux :

- Tu risques de faire de mauvaises rencontres. De très mauvaises rencontres.
- Les Habaki ou les Ailes me tendront un piège ? Voire tous les deux en même temps ? Rien de nouveau pour moi. Pourquoi croyez-vous que nous ne soyons pas allés voire Goro ? Ils cogiteront un peu avant de me retrouver.
- Tu mourras.
- Je le sais déjà.

Ils laissèrent là Sôri. Le Pays des Tourbillons n’était pas la porte à côté. Une jolie marche les attendait. Et elle ne serait pas de tout repos vu ce qu’ils avaient entendu aujourd’hui et ce qu’eux-mêmes anticipaient.

- As-tu peur Shinsuke ? finit par demander Masato alors qu’il marchait depuis plusieurs heures.

Shinsuke ne répondit pas tout de suite. Il hésitait. Mentir n’était pas une bonne chose mais Masato n’avait pas pu ne pas remarquer les gestes de Shinsuke, les craintes qu’il laissait voir, même involontairement. Cela ne sert à rien de lui raconter des histoires. Autant y aller franchement.

- Oui débuta-t-il. Vos yeux, cette voix… Laisser la mort d’Akari impunie n’est pas une bonne chose mais vous risquez de vous perdre. Elle n’aurait pas souhaité cela.
- Je comprends.
- Que se passera-t-il si ?

Masato regarda le fils de Ryuichi droit dans les yeux. « Je ne te ferai aucun mal Shinsuke. Je te le promets. »

« Et moi aussi » murmura une voix à l’intérieur de Masato.
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MessagePosté le: Ven 20 Sep 2013, 12:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 63 : Un panier de crabes ?


- Alors ? demanda Goro dès qu’Orochimaru pénétra dans la salle du conseil.
- Il se dirige vers le Pays des Tourbillons. Avec le jeune épéiste.
- Pardon ?

Shiori s’étrangla en entendant la destination, Haruya se gratta la tête en grimaçant. Goro n’en croyait pas ses oreilles et pensa d’abord à une mauvaise plaisanterie. Ses yeux se portèrent sur Orochimaru : la mine du Sannin n’affichait aucun sourire. Il était sérieux. Kaoru tapotait nerveusement sur la table tandis que Joïchiro partit d’un rire franc :

- On dirait que tout ne se passe pas comme vous l’aviez prévu.

Goro, d’un geste, obtint le silence. Une veine apparaissait sur sa tempe droite. Il était furieux :

- Vous deviez le ramener ici. Vous vous y êtes rendu pour ça. Si besoin, Shisui devait le mater. Pour quel résultat ? Shisui n’est pas intervenu et voici que Masato part pour le Pays des Tourbillons.
- Il avait déjà arrêté son choix. Il craignait un piège et…
- Vous n’aviez qu’à lui forcer la main intervint Shiori.

Ses prunelles rougeoyantes ne lâchaient pas Orochimaru du regard. Il était si proche. Et maintenant, à cause de ce maudit serpent il nous échappe. J’avais déjà mis en garde Goro : il fait trop confiance à Orochimaru. Puisse-t-il réaliser son erreur et rectifier le tir avant que je ne m’impatiente, et le clan Habaki avec moi.

- Comme vos hommes ont dû vous l’apprendre l’entretien a été plutôt houleux. J’ai connu quelques difficultés et…
- Je sais cela siffla Shiori.

Les hommes du clan Habaki avaient fouillé les Nectars du Palais peu après le départ d’Orochimaru. Ils avaient immédiatement informé Shiori et Haneki de leurs trouvailles : des cadavres de ninjas de seconde zone affreusement mutilés, deux individus inconscients, comme anesthésiés par un somnifère, et des tas de chair dont les vêtements laissaient à penser qu’il s’agissait de corps d’Orochimaru. Il y avait eu du sport dans cette taverne. A moins que ce ne soit une mise en scène.

- Je ne pensais pas qu’il vous corrigerait deux fois de suite. A l’avenir je devrais peut-être vous accompagner pour assurer votre sécurité.

La pique n’amusa pas Orochimaru. Masato Anotsu, Shôkishi Anotsu, ces deux-là ont piqué ma curiosité mais ils n’auront droit à aucune clémence de ma part. Les pouvoirs de leurs mains seront tôt ou tard miens et alors ils paieront chèrement ce qu’ils m’ont fait. On verra s’ils apprécient mes expériences.

Le Sannin pensait déjà à reproduire le coup qu’il avait fait à Suna. Se débarrasser de Shôkishi, prendre sa place et diriger le Pays des Neiges le temps qu’il le jugerait nécessaire. La brève expérience à Suna lui avait plu, lui qui n’avait pas été désigné 4ème Hokage. Cet échec continuait à le hanter, bien qu’il voulût penser le contraire.

Et cet intérêt pour les mains greffées des Anotsu lui rappelait son obession, jamais vraiment éteinte, pour le sharingan. Et sa défaite contre Itachi. Cette fois-ci j’en prendrai possession et ils ne pourront rien faire. Les flammes bleues constituent un excellent Kekkei Totâ en attendant de mettre la main, pour de bon, sur le sharingan.

Son regard se porta sur Shisui, muet depuis le début de l’entretien. Ce dernier l’impressionnait aussi le Sannin n’avait tenté aucune approche. Il pourrait bien être du niveau d’Itachi, voire au-delà. Son corps ne m’intéresse pas mais j’ai comme l’impression qu’il est plus libre de ses mouvements que ce que Goro veut bien nous faire croire.

- Et toi Shisui, de quel droit es-tu parti ?
- C’était la mission d’Orochimaru, un Sannin. Je n’ai pas jugé utile de l’assister.
- Humph, c’est vrai admit Goro mais…
- Je n’ai pas eu besoin de rester longtemps pour voir que Masato n’était plus le même. Son niveau est différent.
- La faute à cette foutue main ! pesta Goro. Si j’avais su je lui aurais dit non…
- Vous aurait-il écouté ? intervint Shiori. Un traître ne suit pas les ordres de son maître.

Le ton qu’elle employa indiquait clairement que le terme traître ne s’appliquait pas seulement à Masato. Et lorsque son regard croisa celui d’Orochimaru il n’eut plus de doutes sur le fait qu’il était également visé.

- Laissez-moi faire. Je le ramènerai pendu au bout d’un de mes os et alors…
- Un infirme aux trousses d’un déserteur ! s’exclama Suigetsu.
- Une belle affiche sans doute nota Haruya.
- Ouais, mais je suis toutefois moins convaincu par sa probabilité de réussite estima Kaoru.

Joïchiro broncha timidement. Il n’était pas encore pleinement remis des blessures reçues contre les jashinistes. Il se déplaçait en grimaçant et ses entraînements s’en trouvaient fortement allégés. Il avait même demandé à Tetsuo de ne plus venir s’entraîner avec lui. Seul face à ses blessures, voilà la situation que souhaitait Joïchiro, en espérant être rapidement capable de reprendre la route des combats.

- Ne parlez pas comme ça à Joïchiro-sama.
- Sinon quoi ?

Une main constituée de poussière de métal gifla Kaoru et Suigetsu.

- La prochaine fois c’est dans la tête que vous la recevrez.
- Oh oh mais il mordrait presque le gosse. Hey c’est parce que t’as plus Masato que tu t’es choisi Joïchiro pour nouveau papa ? T’as le chic pour miser sur le mauvais cheval.

La paumette gauche de Kaoru se fractura moins de cinq secondes après la fin de sa phrase. Tetsuo avait tenu parole. La scène calma les envies de bavarder de Suigetsu, qui préféra le silence.

Tetsuo avait changé. Il s’était considérablement renfermé depuis le départ de Masato et certains voyaient un rapprochement inévitable entre Shiori et lui. Il avait les nerfs à fleur de peau et ne devait pas lâcher plus de vingt mots par jour. Il m’a abandonné. Il a trahi. Il paiera.

Comme à son habitude, Gin profita de ce moment de tension naissante pour intervenir, son éternel sourire énigmatique au visage et ses yeux mi-clos :

- Je pourrais peut-être lui demander de venir jusqu’à vous Goro-sama.
- Vous n’avez pas été foutu de le retenir avant. Vous aurez plus de chances maintenant ?

Gin prit une mine faussement effarée suite à la remarque de Shiori.

- Pourquoi tant de colère ? Ce n’est pas moi le meurtrier des enfants de…
- Je sais coupa Shiori. Mais un incapable ne doit espérer aucune clémence de ma part.
- Incapable, moi ?

Gin déplia lentement ses bras. Haneki se plaça immédiatement devant Shiori, prêt à agir au moindre geste. Le garde du corps de Goro s’étira mollement en baîllant légèrement.

- Qu’alliez-vous donc imaginer ? Que vous êtes méfiants tous, cela en devient presque… amusant.

Le sourire carnassier de Gin donna une légère sueur froide à Goro. Pour sa part, Orochimaru était amusé par ce personnage bien mystérieux. Difficile à saisir, dangereux : ce garçon a tout pour plaire. Il faut vraiment que j’évalue rapidement ses motivations. Il pourrait devenir un excellent bras droit. Bien meilleur que Kabuto.

A cette pensée, le visage d’Orochimaru se tordit en une légère grimace. Lui aussi paiera pour ce qu’il m’a fait subir au Pays des Neiges.

- Donc le Pays des Tourbillons est sa destination reprit Goro. L’intercepter est peut-être risqué si loin de…
- Je m’occupe de partir à sa recherche déclara abruptement Shiori.
- Ce ne serait pas…
- Avez-vous oublié que…

Goro l’interrompit sur le champ. Il fit sortir son conseil de sorte qu’il ne resta plus que Gin, Haneki, Shiori et lui.

- Esssayez encore une fois de mentionner l’accord passé avec le clan Habaki et je vous jure que votre tête roulera par terre.
- Navré, à force d’attendre j’en viens à ne plus être polie.
- Votre père vous a dit de ne pas trop vous exposer. Alors arrêtez de me demander de partir à la recherche de Masato. Je vous le livrerai, selon notre accord.
- Bien.

Shiori n’insista pas davantage. Elle avait déjà un autre plan en tête. Mon père est le sauveur d’Ame. Il trouvera facilement un prétexte pour lancer des hommes aux trousses de Masato. Un geste qui fera bien voir le Pays de la Pluie aux yeux des autres nations. Et parmi ses hommes, je trouverai sans problème ma place.

Goro fit rappeler les personnes sorties et le conseil put reprendre. Kaoru portait un joli bandage au niveau de la paumette gauche.

- Le traître risque d’être méfiant sur son parcours. Il faudra être prudent débuta Goro.
- Qui plus est, les grandes nations risquent de le repérer. Il faut donc agir rapidement analysa Haruya.
- Hikawa ? demanda le chef des Ailes en connaissant déjà la réponse.
- Je pense qu’il augmentera significativement les chances de succès de la mission. Avec son pouvoir l’équipe pourra se déplacer sur différentes zones et ainsi repérer les traces de Masato.

Orochimaru sourit. Une vraie réussite que l’implantation de cellules d’Hachibi sur l’enfant de Goro. Il ne maîtrisait pas encore parfaitement toutes les possibilités qui s’offraient à lui mais le meilleur était à venir. Avec Gin c’est un deuxième cas intéressant. Et il semble plus facile à cerner. Je vais pouvoir faire de jolies prises dans cette organisation.

Le Sannin dut remettre à plus tard ses idées de faire son marché car Goro venait de s’adresser à lui :

- Vous êtes le dernier à l’avoir vu. Donc ce que vous savez pourrait être utile mais vous avez été…
- Laissons ce dernier élément de côté Goro-sama, si vous me le permettez bien sûr. Par le passé j’ai connu une personne assoiffée de vengeance. Donc je comprends un peu ce qu’il souhaite faire. Il risque de faire pas mal de rencontres sur la route.
- Donc ?
- Laissons-le y aller et contentons-nous d’observer si une opportunité se présente. Il ne trouvera rien et sera obligé de se rendre à l’évidence : l’endroit où nous nous trouvons est le seul où il pourra trouver des réponses.

Kaoru ne comprenait pas où Orochimaru voulait en venir et Shiori, voyant qu’un tel procédé risquait de retarder encore plus la livraison de Masato aux Habaki se persuada qu’elle devait parler à son père et mêler Ame à ce sujet.

- Observer et donc retarder la capture de Masato ? Les Ailes prennent ce qu’elles veulent déclara Goro.
- La route est longue pour aller au Pays des Tourbillons et revenir vers nous. Il ne traînera pas. Ses forces le quitteront peu à peu. Une proie d’autant plus facile à saisir.

Le sourire prédateur d’Orochimaru dégouta Tetsuo, peu convaincu par cette manière de procéder. Le prendre affaibli est pathétique. Je suis sans doute capable de le battre avec mon niveau actuel.

- Voilà qui me plaît admit Goro. Le surveiller et si besoin se signaler pour l’orienter dans notre direction… Le piège se refermera sans qu’il ne s’en rende compte.
- Il faut qu’il soit vivant ! Sinon…
- Je le sais coupa Goro peu satisfait d’entendre Shiori utiliser ce ton.
- Faut-il prévenir les jashinistes ? demanda Haruya. S’ils rencontraient Masato ils pourraient…

Ce rappel attira tous les regards sur Goro. Masato avait pu échapper aux Ailes et aux jashinistes et ces derniers n’allaient sûrement pas le saluer poliment s’ils le croisaient de nouveau. Goro réfléchit quelques instants avant de répondre :

- L’accord passé ne porte pas sur ce sujet. Inutile de les avertir.
- Et s’ils tombent sur Masato et que… commença Haruya.
- Que Jashin les protège ironisa Goro.

La suite du conseil consista à définir l’équipe chargée de surveiller Masato. A la sortie du conseil, Shiori aborda Tetsuo, afin de prendre contact de manière plus approfondie que les quelques paroles échangées depuis la fuite de Masato :

- Tu as l’air bien en colère Tetsuo.
- Cela vous importe ? Vous compter m’utiliser pour avoir Masato ?

Oh oh, il réagit au quart de tour. Je devrais donc moduler quelque peu mon discours.

- Utiliser non, te fournir une opportunité pour…
- Parce que vous croyez que j’ai besoin de votre aide pour cela ? Tu ne vaux pas mieux que Masato Shiori Habaki. Lui au moins n’a pas essayé de me manipuler.

De la poussière de métal commençait à s’apercevoir dans l’air. Shiori ne réagit pas. Autant le laisser croire qu’il a l’ascendant. Sur ce plan-là du moins.

- Tetsuo tu es assez isolé. Joïchiro est toujours blessé et les autres ne semblent pas te porter dans leur cœur.
- Je ne suis pas là pour me faire des amis.
- Les ennemis sont toujours un problème.
- Quand ils sont en vie.
- Tu comptes les éliminer ?
- Pourquoi cette question ? Vous craignez qu’il ne vous arrive quelque chose ?

La femme rouge ne put s’empêcher de sourire en voyant Tetsuo parler de la sorte. Il ne se démontait pas et n’avait plus grand-chose à voir avec le garçon timide des débuts. Par la force des choses il s’était endurci. Je dois pouvoir faire quelque chose de lui.

- Pas de réponse ? Alors nous en avons fini et…
- Je ne te dois aucune réponse Tetsuo. Et tu ne devrais pas oublier à qui tu as affaire.

La température s’éleva brutalement en même temps que le chakra de Shiori s’élevait. Le sol commençait à porter des marques visibles de fissures. La lave remontait. Tetsuo se mit en garde et d’un geste lança des piques de métal sur Shiori en même temps qu’il en fit apparaître au sol. Il ne leur fallut pas longtemps pour fondre au contact de la lave.

- Tu ferais mieux de faire attention quand tu t’adresses à quelqu’un comme moi.
- …

Je n’ai pas le choix, je vais devoir utiliser cette technique. Je signe sans doute mon arrêt de mort mais si je ne fais rien elle va me tuer. Tetsuo concentrait du chakra pour réussir son attaque lorsque Shiori combla la distance qui les séparait et posa sa main gauche sur sa joue. Elle n’avait aucune intention meurtrière.

- Tu es doué mais ton Kinton est encore bien perfectible. Tu peux t’améliorer.
- Je le sais.
- Ne plus avoir de partenaires d’entraînement dignes de ce nom doit être pénible.
- Joïchiro-sama reviendra bientôt et…
- D’ici là, pourquoi ne pas venir t’entraîner avec Haneki, moi-même ou nos hommes ?

Tetsuo ne savait pas quoi répondre. Il ne s’attendait pas du tout à une offre de ce genre. Elle veut me mettre la main dessus j’en étais sûr ! pensa-t-il tout en étant séduit par l’idée de s’entraîner avec des personnes de ce niveau.

- Il ne s’agit pas de t’embrigader Tetsuo. Je t’ai déjà confié ce que j’avais à te dire à propos de Masato. Là je m’adresse au ninja qui a besoin de progresser sinon il va gâcher ses talents.
- Je sais bien mais…
- Si tu penses pouvoir tenir une seconde contre Masato avec ce niveau-là tu te fais beaucoup d’illusion.

A la lueur qui brilla dans les yeux de Tetsuo Shiori sut qu'il serait présent au terrain d’entraînement demain à la première heure.
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MessagePosté le: Sam 28 Sep 2013, 11:59 am    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 64 : Le discours d’un roi


Au moins le Pays des Tourbillons était-il conforme aux informations données avant le départ. Des maisons détruites, des routes défoncées, une nature qui avait repris ses droits et quelques sentiers qui semblaient fréquentés... majoritairement par des animaux à en croire les traces visibles. Cette non-surprise affecta pourtant la trentaine d’Uzumaki qui revenait sur les terres de leurs ancêtres. Comme prévu, Naruto les accompagnait, ainsi que Sasuke – qui avait surpris son monde en se présentant le jour du départ aux portes de Konoha –, Kakashi, Sakura, Gaï et son équipe ainsi qu’une troupe d’Anbu.

Shikaku n’était pas du voyage, trop occupé à conseiller Shikamaru sur la meilleure manière de procéder avec le Pays des Neiges en vue du prochain examen de sélection des chûnins. Il gardait aussi un œil sur Abayama. Une discussion musclée avait eu lieu : Mayu Shimura s’était empressé d’approcher le jeune garçon alors qu’il rentrait chez lui après une journée de cours à l’académie.

Prévenu par Saï, Naruto était apparu dans la seconde et la Racine avait dû faire marche arrière. « Vous ne poserez pas une seule de vos mains sur lui. » Surpris par toutes ces personnes, Abayama avait terminé la soirée en compagnie de Naruto et Kakashi – son futur sensei –, autour d’un bol de ramens. A cette occasion, Naruto avait appris au jeune garçon comment partir en laissant Kakashi payer l’addition. Les finances de l’homme au sharingan allaient s’en souvenir pour quelques temps.

Mais ce n’est pas grand-chose par rapport à Yamato… pensa le fils de Sakumo en regardant le paysage qui défilait devant lui. Le clone d’Hashirama était dans tous ses états lorsque Shikaku, Inoichi et Kakashi l’avaient trouvé. D’abord abasourdi, il avait rapidement fait le rapprochement avec Tsunade et souhaitait s’entretenir avec elle.

Devant les ordres communiqués par Shikaku il avait fait volte-face, refusant de ne pas approcher son enfant : « Comment pourrais-je le laisser seul ? Savez-vous seulement ce que c’est que de grandir en ne sachant pas ce que l’on est ? Pourquoi on possède le Mokuton ? » Ce propos, qui évoquait celui de Naruto à Tsunade toucha les trois ninjas. Yamato n’avait pas tort mais les ordres de Tsunade étaient clairs. Kakashi utilisa son sharingan pour immobiliser Yamato avant qu’il n’ait le temps de tenter quoi que ce soit. Shikaku prit le relais avec la manipulation des ombres, laissant à Inoichi le soin de réarranger la mémoire du père d’Abayama.

- Il risque de retrouver des souvenirs sur ces épisodes de son passé annonça Inoichi en sortant de la chambre. Jouer avec la mémoire n’est pas une science exacte.
- Je sais Inoichi mais ce sont les ordres du Hokage.
- Il n’aura même pas pu voir son fils… Tu te rends compte Shikaku si on te…
- Ne pense pas en ces termes Inoichi. C’est le meilleur moyen pour t’attirer des ennuis.
- Kakashi a raison. L’affaire est réglée, allons faire notre rapport à Tsunade avait conclu Shikaku.

J’espère que tu ne nous en voudras pas Naruto, quand tu apprendras que nous avons dû faire cela à Yamato. Kakashi regarda son ancien élève. Ses yeux se portaient un peu partout, à la recherche d’un lieu qui aurait été épargné par la destruction. Il n’y en avait pas. Cela ne va pas améliorer l’ambiance.

En effet, si le voyage s’était, globalement, bien passé, au fur et à mesure que l’arrivée se précisait, les visages des Uzumaki s’étaient peu à peu fermés, affichant un sérieux et une gravité qui n’avait rien à envier aux visages de pierre des Hokages ou aux statues des Kazekages à Suna.

Cette attitude avait fini par contaminer Naruto, silencieux pendant la dernière partie du trajet, de même que Sasuke, en dépit des sollicitations incessantes de Karin. Gaï et Lee étaient loin devant afin de mesurer s’ils pouvaient être aussi rapides à l’aller qu’au retour. Les Anbu accompagnant ce cortège communiquaient par signes et ne venaient nullement troubler le silence, bien que Naruto essaya de les solliciter. Heureusement, Kurama était là :

- Je crois que l’enterrement de Konohamaru était plus gai.
- … Il faut les comprendre ils…
- Avec des têtes comme les leurs je me pose des questions. J’espère qu’ils n’ont pas menti et ne viennent pas ici pour commettre un suicide collectif !
- Kurama ! Il ne faut pas dire des choses comme ça.
- Je ne crois pas qu’ils puissent nous entendre.


Neji et Shino avaient balayé la zone dès leur arrivée. L’un avec ses pupilles, l’autre avec ses insectes. Rien à signaler. Aucun ninja dans les parages. Aucune menace. Rien que le fantôme d’un pays qui, par le passé, abritait un des clans les plus puissants et allié des Senju. De cette glorieuse époque ne demeurait rien.

Les Uzumaki se dispersèrent en petits groupes tandis que le couple de vieillards essaya de retrouver la maison qu’ils avaient occupée dans leur jeunesse, tout en se disputant sur la question de savoir ce qu’il y avait en lieu et place de telle ou telle ruine.

Le spectacle de ces hommes et femmes revenant sur les terres de leurs ancêtres interpella un peu plus Naruto. Tandis que Karin attirait Sasuke pour lui montrer monts et merveilles, bien évidemment dissimulés à bonne distance du reste du groupe, Gaiya Uzumaki s’approcha du Hokage. Shino et Neji gardaient un œil sur elle mais Naruto leur indiqua, d’un regard, qu’il ne courait aucun risque.

Le voyage n’avait pas décoiffé la chef du clan Uzumaki, le chignon toujours impeccable et les yeux verts brillants. Elle ouvrit d’elle-même le dialogue :

- Navré pour le peu d’empressement et de reconnaissance manifesté par le clan. Ce retour qui est une première pour nombre d’entre nous nous rend à la fois très heureux et nous affecte. Voir son pays dans un tel état…
- Je ne suis pas né ici mais c’était le pays de ma mère. Il ne m’est pas difficile d’imaginer votre douleur.
- Les Hokages ont donc un cœur ? plaisanta Gaiya.
- Je ne pourrais pas vous le montrer car je risquerai de ne pas survivre.
- Ne vous inquiétez pas, je n’en demande pas tant.
- Savez-vous qui a fait cela ?

Gaiya répondit négativement d’un signe de tête. « Mais nous espérons le découvrir et savoir ce qui s’est passé. »

A son regard quelque peu perdu dans le vague, mais qui indiquait une profonde détermination, Naruto se demanda si les Uzumaki n’allaient pas entrer dans un cycle de vengeance. Pourvu que non. La quête de Sasuke fut une épreuve pour nombre d’entre nous. J’espère qu’ils ne suivront pas la même voie. Déjà que les Uchiha ont causé quelques problèmes dernièrement…

- Ne vous inquiétez pas, nous ne ferons rien qui puisse mettre en péril l’équilibre entre les nations.
- Ah ! vous me rassurez alors. Elle lit dans mes pensées ? Ou alors je laisse passer trop d’émotions sur mon visage ?

Kurama indiqua à Naruto que c’était la deuxième solution qui prévalait.

Tout en gardant un œil sur son supérieur, Neji remarqua que certains ninjas du clan Uzumaki fouillaient certains décombres. Leur manière de procéder, en silence, de poster un des leurs pour surveiller les environs proches attira immédiatement l’attention du jeune Hyûga. Que cherchent-ils ? Pourquoi agir de la sorte ? Mieux vaudrait se rapprocher.

Shino remarqua aussi ce curieux manège. Par-delà leurs masques d’Anbu ils échangèrent un regard. Shino resta en place tandis que Neji se rapprocha. Il les observa quelques instants. Malgré son Byakugan il ne parvenait pas à voir ce qu’ils étaient en train de chercher sous les décombres. Je n’arriverai pas à m’approcher davantage sans être repéré. Autant avancer à découvert. Leur réaction sera riche d’enseignements.

L’Anbu apparut donc le plus naturellement du monde devant ce petit groupe d’Uzumaki. Il demanda, poliment, ce qu’ils cherchaient et s’il pouvait les aider. Sa proposition lui valut quelques mauvais regards et il fut repoussé sans trop de ménagements.

- Ne venez pas fourrer vos nez dans nos affaires ! Nous sommes chez nous ici !
- Loin de moi l’idée de…
- Va voir ailleurs plutôt que de nous espionner.

Les cinq Uzumaki ne voulaient visiblement pas être dérangés. Et pourquoi ? Ils veulent faire une surprise à Konoha ? ironisa Neji intérieurement.

Devant le refus de l’Anbu de bouger d’un pouce sans avoir d’explications le ton monta. Ce n’étaient pas encore des cris mais le bruit fut suffisant pour attirer les trois membres de l’équipe Gaï. Lee notait encore des indications fournies par Gaï pour améliorer leur temps au retour.

- Y a-t-il un problème messieurs ? intervint Gaï. Je ne pense pas que…
- On ne t’a pas sonné l’homme en vert.
- Comment osez-vous parler à Gaï-sensei de la sorte ! protesta Lee en rangeant son carnet.

Les Uzumaki arguèrent qu’ils étaient chez eux et n’avaient pas à être étouffés par la méfiance des ninjas de Konoha. Neji garda son calme mais lorsque des insultes fusèrent à son encontre et vers son ancienne équipe il ne put s’empêcher de parler et de poser une question dérangeante : « Vous dites que vous êtes chez vous mais n’êtes-vous pas parti ? A part les deux personnes âgées aucun d’entre vous ne connaît ce pays si ce n’est indirectement. Vous êtes les descendants de personnes qui ont abandonné ce territoire. Vous devriez donc avoir un peu plus de respect pour ces terres et les morts présents donc vous recueillir plutôt que d’avoir une attitude proche de pillards. »

Il regretta ses paroles avant de les avoir terminées. Non qu’il eut tort mais cela n’aiderait pas à faire retomber la pression. Un Uzumaki tenta de le frapper ; Neji se contenta de parer le coup. Un deuxième tenta également de s’en prendre à Neji et il fut lui aussi maîtrisé.

Voyant cela, Lee souhaita intervenir malgré Tenten qui tentait de le retenir et Gaï qui s’employait à apaiser les esprits en proposant de régler cela avec un défi. Peine perdue : Lee balaya un Uzumaki tandis que Gaï essayait désormais, en compagnie de Tenten, de séparer tout ce petit monde. D’autres Uzumaki arrivèrent et le pugila n’était pas loin. Neji se mit alors en position de défense. Si besoin le tourbillon divin du Hakke va éclaircir les rangs de ces individus.

Les sentiments négatifs parvinrent jusqu’à Naruto, juste avant que Shino ne le prévienne. Cela risque de mal finir. Pas question d’une expédition sanglante. Il s’excusa auprès de Gaiya pour la fin quelque peu prématurée de leur conversation et en un clin d’œil il était au milieu de la mêlée. Tout le monde s’arrêta.

- Qu’est-ce qui se passe ici ? Neji est là, tout comme les deux gros sourcils et Tenten. Ils ont sûrement repéré quelque chose d’anormal.
- Votre ninja masqué nous espionnait ! Il nous a menacés si nous ne répondions pas à ses questions.

Neji fit un signe de dénégation.

- Il ose nous traiter de menteurs !
- Une telle attitude ne doit pas rester impunie ! Laissez-nous le corriger Hokage.

Ce serait plutôt lui qui vous corrigerait pensa Naruto. Mais l’heure n’était pas au règlement de comptes. Il fallait éteindre cet incendie avant qu’il ne dégénère. Bon, ben qu’est-ce que je vais faire ?

Devant les regards Naruto comprit rapidement qu’il devait dire quelque chose. Quoi au juste ? Il commença à parler, de manière hachée. Son malaise était évident :

- Je… je crois que…

Les hésitations de Naruto interpellaient et déjà certains commentaires circulaient à voix basse s’interrogeant sur ce qu’il voulait dire, pourquoi ces hésitations. « Il va protéger cet Anbu. » « Normal, Konoha ne fait jamais de mal à un de ses ninjas. Nous ne sommes que des étrangers. » « Peut-être veut-il nous menacer : si nous ne nous comportons pas selon leurs désirs… »

Naruto, tu n’as pas changé. Comme tu me l’avais dit à l’époque, tu es plus à l’aise pour parler avec les poings qu’avec de longs discours se dit Sasuke en observant la scène et en ignorant les questions que lui faisait Karin sur ce qui pouvait bien se passer.

Plutôt que de parler, Naruto se déplaça de quelques pas pour prendre position sur un petit monticule de ruines. De sorte qu’il puisse voir tout le monde. Cela passa – un peu – pour un geste maladroit voire prétentieux. « Regardez, il veut nous montrer qu’il nous domine ! » « Comme si on ne le sentait pas assez… » Le brouhaha diminua néanmoins lorsque, d’une voix claire et perçante, le Hokage déclara :

- Les tourbillons de la révolte continueront d'ébranler les fondations de notre monde jusqu'au jour où naîtra l'aube brillante de la justice. Ceux qui ont fait du mal au clan Uzumaki devront répondre de leurs actes, lorsque le temps sera venu.

Quelques murmures parcoururent l’assistance Uzumaki. Que voulait-il dire au juste ? Etait-ce un moyen de faire diversion ? C’était raté si tel était son objectif. Naruto tu t’aventures sur un terrain glissant pensa Kakashi en voyant la scène. Il s’interdit néanmoins d’intervenir. Couper Naruto était le meilleur moyen pour que les Uzumaki exploitent la situation. Tu vas bien trouver un moyen pour t’en sortir.

- Je rêve que, un jour, sur cette ruine où je me trouve sera érigé un restaurant de ramens où les fils du Pays du Feu et du Pays des Tourbillons pourront manger ensemble à la table de la fraternité.

Partagés entre la naïveté du propos et la sincérité qui émanait du Hokage les Uzumaki qui étaient quasiment tous rassemblés ne commentaient plus le propos de Naruto. Gaiya était parmi eux et ses yeux ne quittaient pas le fils de Kushina. Qu’as-tu en tête jeune Uzumaki ? Cherches-tu à nous exiler de Konoha en jouant sur notre fierté ?

- Mais cela ne peut se faire qu’avec des mots. Il faut des actes !

Naruto remarqua que son auditoire avait radicalement changé d’attitude. Il semblait attendre la suite.

- Nous reconstruirons le Pays des Tourbillons, tous ensemble ! Je vous le promets : Konoha vous aidera sans vous écraser. C’est votre pays et nous serons vos amis et alliés, comme du temps du premier Hokage. Une alliance que rien ne pourra briser.

L’effet de surprise fut total. Ceux qui s’attendaient à une déclaration molle ou bien à une manœuvre pour les éloigner de Konoha en furent pour leur frais. Des acclamations montèrent rapidement et ce fut un torrent d’applaudissements et de cris qui déferla sur Naruto.

Naruto sourit, en se passant la main derrière la tête. Si Kakashi avait failli tomber son masque en entendant la fin du propos de son ancien élève il le regardait avec son regard admiratif et amusé. Tu n’as pas choisi la voie la plus facile Naruto. Cet engagement n’était pas prévu et je ne sais pas si tu tires toutes les conséquences de ta déclaration. Le retour à Konoha promet.

Sasuke était également amusé par la situation. Il a retourné leur position en quelques phrases. Ou leur cerveau si on veut être plus taquin. C’est assez fort même si je suis sûr qu’il n’a pas pesé le poids de ses paroles et leurs implications.

Les regards de Sasuke et Kakashi se croisèrent. Ils pensaient la même chose et le comprirent immédiatement.

- Tu pourrais quand même me dire merci pour t’avoir soufflé la quasi-totalité de ton discours ! gronda intérieurement Kurama. Sans moi tu serais encore en train de bégayer ou alors en train d’en étaler un ou deux pour rétablir le calme.
- Tu sais, partenaire, c’est dans des moments comme celui-là que je me dis que tu n’as pas pu être foncièrement mauvais par le passé.

Le démon renard à neuf queues ne répondit pas. Naruto lui avait fait confiance en reprenant pratiquement mot pour mot ce qu’il lui avait dit.

- Fais quand même attention : je risque de venir te concurrencer pour ce qui est de faire changer les gens !
- C’est qu’on verra !


Le Bijû et le réceptacle sortaient encore un peu plus complices de cet événement.

Tandis que le Hokage était acclamé, deux hommes s’approchèrent de Gaiya. Sans la regarder, car tous étaient tournés vers la scène se déroulant sous leurs yeux ils lui glissèrent un mot :

- Mission accomplie. Toutefois, nous ne pensions pas que la diversion prendrait de telles proportions, veuillez nous…
- Inutile d’en dire plus. Moins on en dit, moins nos paroles peuvent être interceptées.

Sur le sol, un insecte se déplaçait. Il se fit écraser par le pied de Gaiya Uzumaki.
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MessagePosté le: Sam 05 Oct 2013, 12:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 65 : Les Experts : Konoha


Le trio avait de nouveau frappé. A dix ans tout juste, les trois gamins possédaient un joli palmarès et quelques jolis faits d’armes. S’ils n’égalaient pas Naruto au niveau des pitreries et des sceaux de peintures sur les visages de pierre des Hokage, Koizumi, Renji et Shotaro se distinguaient de la plupart de leurs camarades à l’académie par leur activité incessante. Dès que les cours étaient terminés, le trio partait explorer Konoha.

Leur objectif ? Satisfaire une curiosité débordante. Les trois se connaissaient depuis leur plus jeune âge. Tout savoir sur ce qui se passait, mener des enquêtes plus ou moins invraisemblables afin de tester leurs capacités en matière de dissimulation, de récolte d’informations et de coordination était leur nindô officieux. Leurs motivations n’étaient pas identiques pour autant.

Koizumi était une fille, les cheveux bruns et mi-longs. Son sourire et l’air innocent qu’elle prenait avec une facilité déconcertante les avait sortis de pas mal de situations compliquées. Enquêter avec ses deux amis était un passe-temps qu’elle adorait : il permettait de mettre directement en application ce que l’académie enseignait, d’innover au besoin et de rire avec ses deux amis. Shotaro avait une vision quelque peu différente. Il pensait que cela aiderait à le rendre populaire auprès des filles et de compenser ainsi le fait qu’il n’était pas un brun ténébreux mais un auburn, ce qui lui valait le sobriquet de « demi-Uzumaki ». Renji était un peu le chef d’équipe : à ses yeux le savoir était un gage de sécurité et le signe qu’il occupait une certaine place dans le village. Il se voyait déjà à la tête de la police de Konoha avant, qui sait, d’occuper de plus hautes fonctions. A cet effet il avait enquêté sur le père de Shino, espérant trouver quelques informations compromettantes pour le faire destituer le moment venu. Ses recherches n’avaient rien donné et les insectes qu’il interrogea ne lui apprirent rien.

Aujourd’hui, l’enjeu était quelque peu différent de d’habitude. Les événements survenus à la taverne et impliquant l’équipe de Gaï avaient attiré leur attention. Ils connaissaient déjà les ravages de l’alcool chez Lee aussi leurs réflexions s’étaient portées sur un autre élément. Ils avaient aperçu les troncs qui, en soutenant la charpente, avaient évité à l’établissement de s’écrouler. Pourtant, nulle part le nom de Yamato n’apparaissait. Pire, le bâtiment avait été rapidement rasé pour être reconstruit. Deux questions étaient alors apparues dans leurs têtes : agir si vite cachait quelque chose mais quoi ? Si ce n’était pas Yamato, qui était intervenu ?

« C’est une affaire pour nous ! » s’était immédiatement réjoui Shotaro. « Le mystère doit cacher un gros événement. On va parler de nous c’est sûr ! » Son enthousiasme était contagieux et entraîna, comme souvent, celui de ses camarades. Koizumi, toutefois, avait été quelque peu circonspecte, craignant qu’ils ne mettent les pieds sur un sol glissant. Renji lui répliqua qu’ils mettaient les pieds où ils voulaient ! Koizumi en sourit et les trois apprentis ninjas étaient partis pour en savoir plus sur le sujet.

Ils prirent le temps de réfléchir à un plan d’action. La première étape eut lieu quelques jours après le départ des Uzumaki et du Hokage vers le Pays des Tourbillons. Leur première tâche fut de pister Abayama – un de leur camarade de classe – qui, d’après certaines rumeurs, avait été vu à proximité de l’établissement. Il devait sûrement savoir quelque chose. Shotaro, Koizumi et Renji se lancèrent donc sur ses traces. Lui poser directement la question n'avait aucun intérêt car cela n'impliquait pas de se dissimuler, d'enquêter. Pire, en cas de refus Abayama serait méfiant et pourrait modifier ses habitudes.

Après les cours, Abayama se rendit à son domicile avant d’en sortir une dizaine de minutes plus tard. Il se déplaçait d’un pas tranquille. Renji en conclut qu’il avait rendez-vous.

- Voir qui il va rencontrer nous aidera à en savoir plus.
- Peut-être même que ces personnes étaient aussi présentes ! s’emballa Shotaro.
- Attention, le voilà qui s’arrête.

Sur cette phrase de Renji, les trois apprentis ninjas s’arrêtèrent. Visiblement Abayama était arrivé à destination. Il fallait trouver un poste d’observation. Quelques buissons firent l’affaire pour dissimuler les trois ninjas.

- Vous pensez qu’il va faire quoi ?
- Sans doute rencontrer quelqu’un répondit Koizumi.
- Ou bien déposer un rouleau qu’une autre personne passera récupérer proposa Renji en se frottant les mains.

Un garçon et une fille de l’âge d’Abayama et du trio rejoignirent le jeune garçon sur le pont, où ils les attendaient. Ces visages n’étaient pas inconnus à nos jeunes enquêteurs :

- Teru et Kyoko déclara immédiatement Koizumi. Il a rendez-vous avec les membres de son équipe.
- Curieux, alors que son sensei n’est pas là.
- Peut-être qu’ils veulent mieux se connaître, pour être plus au point quand Kakashi-sensei reviendra.
- Possible Shotaro admit Renji.

Kakashi absent ce fut Shikaku qui apparut devant Abayama et ses deux équipiers. Jouer les intermédiaires lui permettait de garder un œil sur le fils de Tsunade et de bien vérifier que la Racine restait éloignée. Aujourd’hui, l’entrevue fut assez rapide : Shikaku distribua des documents aux trois ninjas avant de leur parler quelques instants et de repartir vers la montagne de travail qui l’attendait. Je vais encore rentrer tard à la maison soupira-t-il. Ma femme ne sera pas contente. Il eut un frisson et se promit de redoubler d’efforts pour finir le plus tôt possible.

- Les documents sont sans doute en rapport avec le prochain examen de sélection analysa Koizumi.
- Tu penses qu’on y participera ?
- Faudra voir ce qu’en pense notre sensei. On doit le rencontrer bientôt. Je me demande sur qui on va tomber.
- Vous avez entendu que Kurenaï allait peut-être reprendre du service ? demanda Renji. Je ne sais pas trop ce qu’elle vaut. J’espère qu’on ne tombera pas sur elle.
- Machiste ! s’exclama Koizumi.
- Arrête d’employer des mots que je ne connais pas !

Abayama raccompagna Teru et Kyoko chez eux puis partit s’entraîner quelque peu à l’écart du village. Les trois jeunes ne furent pas repérés et ils virent ainsi Abayama utiliser le Mokuton. Une surprise de taille pour Shotaro :

- Co… Comment peut-il… Le seul à utiliser le Mokuton ici c’est Yamato.
- Ils ont peut-être un lien. Son fils ou… commença Koizumi.
- Si c’est le cas alors on aurait de bonnes informations à faire valoir.

Le sourire diabolique de Renji rassura presque ses deux camarades. Il n’était pas perturbé le moins du monde, bien au contraire. L’envie d’en savoir plus le dévorait. Une brève analyse de la situation le fit conclure qu’ils devraient aller voir Yamato.

- Il paraît qu’il est flippant. Naruto-sama nous a raconté que lors de leur première mission il…
- T’inquiète Shotaro on va procéder en douceur. S’il est mal luné on se barre. S’il est bien disposé on lui posera des questions sur le Mokuton, savoir comment on peut l’acquérir, etc.
- Et s’il nous demande pourquoi on lui pose ces questions ? s’inquiéta Shotaro.
- On dira que c’est pour un devoir à l’académie intervint Koizumi.
- Bien vu. Allez en route les amis !

Ils n’étaient pas les seuls à vouloir rencontrer Yamato aujourd’hui. Quand ils le virent, le ninja était à l’extérieur, parlant dans une petite rue déserte avec un homme.

Shotaro, Renji et Koizumi se jetèrent immédiatement sur le côté. Ils ne pouvaient plus avancer dans la rue sans être repérés. Pourtant ils étaient trop loin pour entendre quoi que ce soit. Renji eut alors une idée : passer par les toits pour se retrouver dans la ruelle la plus proche possible des deux hommes. Avec une extrême prudence les trois jeunes atterrirent dans la ruelle visée. Ils s’approchèrent le plus près possible du croisement avec la rue, tout en restant dissimulé dans l’ombre. A cette distance et grâce à un rapide coup d’œil, l’identité de l’interlocuteur ne fit plus aucun doute pour les trois enfants :

- Oh punaise mais c’est du lourd là ! Ce type c’est pas le fils de…
- Si répondit immédiatement Renji. Le fils de Danzô.
- Essayons de rester discrets avança prudemment Koizumi. Si on se fait prendre je crois que ce type ne fera pas que nous taper sur les doigts.

Les deux garçons approuvèrent. Shotaro commençait même à penser qu’il valait peut-être mieux se retirer et retourner voir Yamato une autre fois. Au contraire, Renji était tout ouïe. Voilà une enquête qui prend une tournure intéressante.

La conversation qu’ils prirent en cours de route était passablement tendue :

- Vous n’avez pas bonne mine Yamato.
- Elle ne va pas s’améliorer à votre vue.

Mayu Shimura ne s’arrêta pas à cette remarque. Il n’était pas venu pour entendre des louanges et, de manière générale il n’en recevait pas souvent. Voire jamais. Mon père a dû me féliciter trois fois et encore, je ne sais même pas si on peut appeler félicitations une phrase un peu moins sèche que d’habitude et qui vous dit que vous avez plutôt bien rempli la mission confiée.

- Que me voulez-vous ? Je n’ai pas que ça à faire.

Yamato était pressé. Il était un peu perdu et avait des maux de tête. Il était sorti acheter des comprimés pour soigner cela et songeait à rentrer pour les prendre et s’allonger.

- Les migraines ne vous quittent pas ?
- Comment savez-vous ?
- C’est un effet secondaire classique quand sa mémoire a été manipulée.
- Pardon ?

Le regard de Yamato mêlait la surprise et la méfiance. Il fit un pas de recul. Les pensées affluaient. S’il dit vrai et que ma mémoire a été affectée alors il est derrière cela ? La Racine est bien capable d’une telle manœuvre. Il faut que j’aille prévenir le Hokage sans tarder pour faire la lumière.

- Je vous arrête dans vos réflexions : la Racine n’a rien à voir avec ce qui vous est arrivé.
- Vraiment ?
- C’est Inoichi Yamanaka qui est intervenu.

D’abord incrédule, Yamato laissa échapper un petit rire. Les trois jeunes étaient passablement surpris par ce qu’ils entendaient et n’échangeaient que de brefs regards pour ne pas qu’un de leurs mouvements ne risque de les faire repérer.

- Vous mentez bien mal Shimura.
- Cela vous arrangerait de le croire.
- Comment pouvez-vous…
- Est-ce que vous vous rappelez qui a empêché la taverne de s’effondrer ?
- Je… Quel rapport avec ce qui m’est arrivé ?

Mayu sourit, comme un maître sourit à un élève qui, visiblement, a besoin d’apprendre.

- De qui s’agissait-il ?
- Je ne sais pas.
- Abayama, un garçon d’environ dix ans. Il a empêché que le bâtiment ne s’écroule en utilisant le Mokuton.
- Le Mokuton ? Comment peut-il ?
- Son père manipule le Mokuton.

Le regard de Yamato était interdit. Sa migraine et les informations éventuellement fausses de Mayu désarçonnaient son esprit. Son père mais alors…

- Je vous confirme qu’il n’est pas le fils d’Hashirama mais le vôtre. Celui que vous avez eu avec Tsunade.

Yamato se tétanisa. Que dit-il ? Je n’ai jamais eu de rapport avec Tsunade. Comment pourrait-il être mon fils ? Une insémination ? Mais pourquoi moi ?

Ses pensées furent interrompues : un homme de la Racine apparut dans son dos et lui plaqua sa main droite sur le front. Yamato essaya de se dégager mais Mayu lui tint fermement les mains.

- Cela risque d’être quelque peu douloureux mais vous y verrez plus clair dans quelques instants.
- Espèce de…

Le trio était tétanisé, comme Yamato quelques instants auparavant. Se faire repérer ne leur vaudrait pas une simple réprimande cette fois-ci. Ils pouvaient courir des risques bien plus importants. Mais fuir risquait d’attirer les ennuis sur eux. Sans se concerter ils décidèrent de conserver leur position jusqu’à ce que tout ce petit monde soit parti. Ils aviseraient plus tard sur ce qu’il faudrait faire

Mayu et le ninja de la Racine relâchèrent Yamato. Il porta la main sur son front et respira bruyamment. Les souvenirs lui revenaient peu à peu.

Abayama… Il serait le résultat de cette nuit il y a une dizaine d’années ? Je… j’ai un fils ? Moi le résultat d’une expérience d’Orochimaru ?

Il se ressaisit. Et s’il s’agissait de faux souvenirs ? Que Mayu m’ait fait implanter des éléments erronés pour pouvoir me manipuler ne serait pas…

La vraisemblance de la situation, ce souvenir sur son corps du contact avec celui de Tsunade. Tout était trop vrai pour avoir été inventé.

- Mais comment… Pourquoi…
- C’est simple : vous n’êtes pas forcément très stable depuis la mort d’Uzuki Yugaô. Alors vous confronter à cet épisode de votre passé n’était pas forcément une bonne chose, surtout vu vos doutes pour continuer ou non à être ninja.
- Comment savez-vous cela ? s’énerva mollement Yamato. Ce ne sont que…
- Vous croyez que je peux diriger la Racine sans être au courant de ce qui se passe à Konoha et au-delà ?

L’ancien élève de Kakashi aurait bien aprouvé la réponse s’il n’était à bout. Il ne supportait pas la Racine mais ce que lui avait fait Inoichi, probablement sur ordre de Tsunade était… la pire chose qui puisse lui arriver. Je n’ai aucune famille, juste des souvenirs. Et même cela on cherche à m’en priver. Parce que j’ai un fils cela pourrait mettre en danger le village ? Mais Tsunade n’a sûrement pas demandé à ce que ses souvenirs soient effacés. Elle a sûrement fait venir Abayama ici sans rien me dire.

« Je pense que vous devez digérer tout cela » commenta Mayu. « Nous pourrons sans doute mieux parler une prochaine fois. »

Yamato était agenouillé au sol. Prêt à tomber face contre terre si ses poings n’étaient pas enfoncés, le soutenant et l’empêchant de sombrer. Mayu aperçut dans son regard une lueur. Etait-ce la volonté du Feu ou de la colère ? Il n’arriva pas à se décider.

Je n’ai pas eu le fils mais le père constitue un joli lot de consolation s’il évolue favorablement.

Le chef de la Racine salua Yamato d’un signe de tête et disparut avec l’autre ninja, dans un nuage de fumée tout en murmurant : « Tiens, le vent a changé de direction ». Yamato ne s’était pas encore relevé. Il lui fallut quelques longues minutes pour rassembler assez de force pour se remettre sur pied. Le sachet contenant les médicaments resta sur le sol.

- Dis Renji, tu crois que c’est bien net ce qui se passe ici ?
- Je crois bien que non, on devrait aller prévenir le Hokage.

Ils s’étaient à peine relevés pour sortir de la ruelle qu’une main saisit Shotaro par le col tandis qu’un autre individu leur barrait la sortie. Les deux portaient un masque et étaient apparus comme par enchantement devant les trois apprentis ninjas. Ils sont très discrets. Du haut niveau. Deux hommes de la Racine sûrement pronostiqua Renji.

- Ecouter aux portes est un vilain défaut les enfants. Surtout quand on n’est pas assez discret pour ne pas être repéré.
- Et mer…

Koizumi comprit à cet instant la phrase mystérieuse de Mayu. Il avait dû les repérer depuis le début mais il avait attendu de partir avant de donner le signal à ses hommes. Un individu tel que lui ne se déplaçait jamais seul, ils auraient dû y penser immédiatement. Notre enquête risque de nous coûter très chère pensa-t-elle.

Shotaro reçut un coup de genou dans le ventre ainsi qu’un coup de poing au niveau du sternum. Il eut le souffle coupé et mit plusieurs secondes à se relever.

- T’as vu ça ? Le gosse se relève.
- Il y a peut-être moyen qu’on s’amuse un peu.

Bien sûr ils communiquent sans donner leurs noms. De sorte qu’on ne pourra pas les identifier analysa Renji. Avec Koizumi ils se portèrent auprès de Shotaro pour s’assurer qu’il allait bien. « Ne vous en faites pas, c’est pour qu’il prenne confiance et relâche sa garde » déclara le jeune garçon en grimaçant un sourire.

- Si on vous corrige c’est pour votre bien vous savez.
- Je peux voir votre sourire à travers votre masque ! clama Koizumi.
- Vous n’auriez pas dû écouter certaines paroles. Nous sommes simplement là pour nous assurer que vous ne parlerez pas de ce que vous avez entendu.
- Et si on refuse ?

La question de Renji lui valut de recevoir un coup de pied au niveau de la tête. Il parvint à amoindrir le coup en dressant son bras gauche entre sa tête et le pied de son adversaire.

- Joli réflexe.
- Merci pour le compliment.

Les échanges de coups se poursuivirent et les trois enquêteurs en herbe réalisèrent qu’ils ne faisaient pas vraiment le poids. Les coups pleuvaient et s’ils parvenaient à en parer quelques-uns, ils étaient incapables de contre-attaquer. C’est… une vraie correction. Ils sont vraiment très forts parvint à penser Shotaro entre deux coups de poings reçus.

Avec ses camarades, il était désormais allongé sur le sol, le visage relevé, pour voir ce que les deux hommes de la Racine prévoyaient. Koizumi regarda Renji, l’œil droit bien arrangé et la lèvre inférieure éclatée. Il lui sourit en passant sa main droite sur la bouche, pour enlever le sang. « Les amis, je crois que notre enquête s’arrête là pour aujourd’hui. »
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MessagePosté le: Sam 12 Oct 2013, 12:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 66 : Réveil en douceur


Renji se réveilla en hurlant. Dans son rêve il était écartelé sous le regard de ses deux camarades. Koizumi pleurait tout en lui hurlant qu’elle allait trouver une solution. Shotaro bondissait à droite et à gauche sans savoir quoi faire. Ils étaient impuissants et Renji entendait ses os craquer et sa peau se tendre avant de rompre.

Il se redressa sur son lit, le front légèrement trempé de sueur. Où était-il ? Ce n’était pas sa chambre ou alors on avait retiré tous les posters et notes qu’il rédigeait et affichait sur les murs pour les lire avant de s’endormir. La pièce était blanche et il portait un habit ridicule. Bon sang mais c’est un habit de l’hôpital. Alors je suis...

- Ah, vous voilà réveillé déclara l’infirmière en pénétrant dans la chambre. Quand même faites plus attention à votre âge : c’est bien de faire les polissons mais il ne faut pas se faire mal ainsi.
- Pardon ? Vous n’y êtes pas du tout je…

L’infirmière le regarda. Une certaine interrogation pouvait se lire dans ses yeux marron. Renji pensa immédiatement qu’il valait mieux parler de ce qui s’était vraiment passé avec le Hokage plutôt qu’avec une infirmière. Elle ne pourra rien faire. Et de toute façon je ne suis même pas sûr qu’elle comprenne toute l’histoire.

Il prit alors un air un peu niais et sourit à cette dernière en lui promettant de ne plus faire de bêtises.

- Si encore vous étiez seul. Mais entraîner vos petits camarades dans vos jeux de bagarre est dangereux.
- Mes camarades ? Shotaro et Koisumi sont… ici ?
- Oui. Vous souhaitez les voir ?
- Ce serait possible ?
- Bien sûr. Ils sont dans un meilleur état que vous et ont ouvert les yeux depuis quelques heures. Je vais voir ce que je peux faire.

L’infirmière sortit. Renji n’en revenait pas. Elle allait lui amener ou bien l’emmener vers ses deux camarades. Être Hokage cela doit être un peu pareil : demander et obtenir. Je suis sûr qu’elle a été sympa’ car elle connaît ma réputation et n’a pas envie que j’enquête sur elle ! D’ailleurs il y a peut-être des trucs louches dans cet hôpital. On pourrait profiter de notre petit séjour ici pour fouiner un peu.

Il réfléchissait encore sur les bâtiments à explorer et son pouvoir d’influence dans le village lorsque l’infirmière réapparut. Elle introduisit Shotara et Koizumi. Chacun était dans son lit. Une grande satisfaction se lisait sur leur regard.

- Renji ! comment te sens-tu ? lui demanda immédiatement Shotaro.
- A peu près comme vous : un peu sonné et cabossé mais toujours là.

Leur échange fut interrompu par l’attitude Koizumi. Elle fixait l’infirmière qui ne disait rien et restait là, comme bloquée sur place.
- Il y a un problème ? lui demanda-t-elle. Vous ne deviez pas nous rassembler donc vous craignez de vous faire disputer ? Nous ne dirons rien.
- Oui nous serons muets comme des tombes abondèrent Shotaro et Renji.

Ils ne reçurent aucune réponse. L’infirmière baissa les yeux, ouvrit la porte et sortit. Visiblement il y avait une personne à l’extérieur, adossé au mur car elle tourna légèrement son visage vers la droite et les trois genins l’entendirent murmurer « Je les ai rassemblés comme convenu. Relâchez mon fils et ma fille maintenant. »

Ce qui ressemblait à un oui fut prononcé et la porte se referma. Mayu Shimura était derrière.

- J’ai trouvé qu’il était plus convivial de vous parler à tous les trois en même temps plutôt qu’individuellement.

Le premier geste de Renji fut de bondir de son lit pour aller le frapper mais il ne put que lancer son bras. Un ninja de la Racine le saisit par les épaules et bloqua tout mouvement. Il en allait de même pour Shotaro et Koizumi.

- Je vous prierai de vous exprimer sans crier. Sinon mes hommes vous briseront un membre.

La poigne de fer avec laquelle les trois ninjas étaient tenus ne les fit pas douter de la vraisemblance du propos de Mayu.

- Essayez voir et je vous promets que mon frère vous démolira ! articula Renji en le défiant du regard.
- Loin de moi l’idée de vouloir me frotter à lui répondit Mayu. Je veux simplement vous parler.
- De ce que nous avons vu ? demanda Shotaro, hésitant et se protégeant à l’avance d’un mauvais coup.
- Vous n’y étiez pas c’est clair ?

Le regard de Mayu ne souffrait pas la moindre contestation. Il parcourut les visages des trois genins. Aucun n’osa lui répondre ni soutenir son regard. Mais cela ne les empêchent pas de penser qu’ils iront le dire au Hokage dès que possible.

- Je peux donc compter sur votre silence ?
- Oui répondirent les trois genins.
- Vous n’en parlerez à personne une fois que nous serons partis. Ni après.
- Bien sûr, nous ne revenons pas sur notre parole.

Mayu sourit. Une certaine influence semble déjà gangréner leurs esprits. Sur ce coup-là elle pourrait se révéler positive. « Je vous laisse le bénéfice du doute. Vous êtes jeunes et cela m’ennuierait d’avoir à vous supprimer. »

Les trois genins se regardèrent. Il était sérieux ? La Racine avait la réputation de ne pas faire dans le détail et d’user du kunaï plus que de raison. Mais là… Les supprimer éveillerait des soupçons non ? Mayu poursuivit :

- La Racine gardera un œil sur vous. Déviez une fois, osez parler et ce seront, au choix, vos proches, vos amis ou des inconnus qui en subiront les conséquences.
- Espèce de… commença Renji.
- De tels actes attireront l’attention commença Koizumi. Vous ne pouvez pas faire ce que vous souhaitez. A Konoha comme dans les autres villages il y a des règles à respecter.
- Oh pour ça… débuta Mayu. Vous ne seriez pas les premiers enfants ou shinobis à disparaître dans des circonstances disons étranges.

A son regard et à celui qui pouvait se deviner sous le masque des trois autres individus de la Racine les trois jeunes enquêteurs comprirent qu’ils étaient face à des personnes accoutumées à de telles pratiques. Shotaro avait peur ; Renji et Koizumi la dissimulait.

Ils sont à point se persuada le chef de la Racine. Leur volonté de se rebeller à été tuée dans l’œuf. A cet instant ils pensent à sauver leur vie, rien de plus. Peut-être même qu’ils seraient prêts à sacrifier l’un d’entre eux. Quoique… ce n’est pas le sujet du jour.

- C’est un marché acceptable que je vous propose, reprit Mayu après ce silence effrayant. De quoi mettre à l’épreuve vos capacités. Un bon shinobi doit savoir tenir sa langue. Mais si vous préférez que votre mémoire soit effacée ou qu’un sceau vous soit appliqué…

Une telle perspective fit frisonner Koizumi. Ce type n’a donc aucune limite ? Pourquoi les Hokages ont-ils accepté qu’ils dirigent la Racine ? pensa la petite fille. Elle brava malgré tout sa crainte :

- Vu vos moyens d’actions, pourquoi vous montrer si généreux envers nous ? demanda-t-elle.
- Ironie ?

Mayu la regarda. Ce n’était pas le cas. Elle ne se moquait pas de lui mais posait une simple question. Une réaction spontanée à son propos. Je ne suis pas habitué à cela. C’est presque agréable d’avoir des interlocuteurs qui parlent sans calculer à l’avance.

- Ce que vous faites est une bonne chose. Enquêter sur votre village est une démarche qui permet de veiller à ce qu’il ne s’assoupisse pas, qu’il suive toujours la meilleure voie possible. D’une certaine manière nous avons des objectifs assez proches.

Un mince sourire se dessina sur les lèvres du fils de Danzô. Il continua :

- J’ai même une autre enquête à vous proposer. Ce que vous trouverez fera plus que vous dédommager pour l’arrêt de votre investigation précédente. Bien sûr personne ne saura que je vous ai mis sur cette piste.

Son regard se durçit et les trois genins comprirent qu’un sort peu enviable les attendait s’ils parlaient de leur source potentielle. En clair avec lui il ne faut rien dire comprit Renji. C’est ce qu’on nous apprend à l’académie à propos des missions. On risque donc de finir comme lui ?

Voir la mine de Renji amusa presque Mayu. En voilà un qui réfléchit déjà aux implications de mes paroles sans doute. Il termina :

- Cela vous intéresse ?
- Je ne sais pas si… débuta Shotaro.
- A la première difficulté vous abandonnez ? Je pensais que vous valiez mieux que ça.

La pique n’amusa pas Renji :

- Dis toujours vieil homme. Si tu es aussi doué pour trouver des dossiers que pour menacer des enfants alors on devrait avoir une grosse affaire.

Sa paumette gauche faillit éclater sous le coup de poing qu’il reçut. Le ninja de la Racine avait su doser sa force pour ne pas en arriver là. La douleur irradia toute la partie gauche du visage de Renji. Shotaro et Koizumi essayèrent de bouger mais la poigne qui les maintenait ne faiblissait pas.

Le chef de la Racine ne commenta même pas cette petite correction. Il préféra entrer dans le vif du sujet :

- Enquêtez sur le clan Hyûga. Plus précisément, du côté de Tadase Hyûga. Vous découvrirez des choses… hum… intéressantes ?

Avec ce ton énigmatique les questions fusèrent dans l’esprit des trois genins. Même dans l’esprit de Renji, encore un peu sonné par le coup reçu.

- Le clan Hyûga ? Qu’est-ce que nous…
- Et comment voulez-vous que nous…
- Je m’attendais à quelque chose de plus…
- C’est à vous de jouer désormais les interrompit Mayu. Je peux simplement vous dire que vous risquez d’être surpris par ce que vous découvrirez.

Les trois genins se regardèrent. Le clan Hyûga faisait partie des plus puissants de Konoha. Dotés du Byakugan ses membres pourraient les repérer facilement. S’infiltrer chez eux ne serait pas une partie de plaisir. Shotaro était plus qu’indécis, Koizumi se disait que cette enquête risquait de ne pas les amuser mais de les mettre en danger et Renji était inerte. Au moins trente secondes. Passé ce délai, ses yeux se mirent à briller d’ambition.

En voilà un qui a mordu pensa Mayu. Et il entraînera les deux autres avec lui. Sans aucun doute. C’est ce même mécanisme qui conduit les hommes à se regrouper et à se faire la guerre.

- En fonction de ce que vous trouverez vous aurez peut-être une autre occasion de faire vos preuves. Si vous participez à l’examen de sélection des chûnins…

Il n’en dit pas plus. Voilà une carotte supplémentaire qui les attirera peut-être. Du moins s’ils réussissent.

- Vous voyez, en échange d’un petit service je vous fournis de belles enquêtes. Elles ne feront qu’accroître votre réputation en plus de vous procurer de bons moments.
- Mais elles sont risquées répliqua Koizumi.

La sagacité de la jeune fille plut à Mayu.

- Vivre une vie de tout repos n’est pas pour les shinobis. Si je me suis trompé…
- Non ! s’exclama Renji. Avec ces informations nous allons être encore plus reconnus et respectés.
- De toute façon nous n’avons pas vraiment le choix glissa Shotaro.

Il ne fut pas démenti par le Chef de la Racine. Ses hommes et lui-même allaient disparaître quand Koizumi posa une dernière question :

- Nous serons libres de parler à qui nous le souhaitons de ce que nous découvrirons ? Ou bien nous devons vous en parler d’abord ?

La sagacité de cette gamine est remarquable. Ces trois-là sont vraiment à surveiller.

- Pour cette enquête sur le clan Hyûga vous êtes libres de faire ce que vous voulez des informations que vous obtiendrez. Mais n’oubliez jamais : toute information a des conséquences qui peuvent rapidement nous échapper. Dire la vérité ne fait pas toujours de vous un saint mais parfois un incompris ou un homme à abattre. Idem si vous êtes une femme.

Il les planta là et disparut dans un nuage de fumée, immédiatement suivi par les trois ninjas de la Racine.

Les genins soufflèrent un bon coup, tout en essayant de voir s’ils étaient encore écoutés ou non et ils échangèrent :

- Qu’est-ce qu’on va faire ? Rien ne nous dit qu’il va… débuta Shotaro.
- Nous sommes sûrs de ce qu’il nous fera si on parle alors…
- On va utiliser ce type. On en apprendra sur lui, on l’endormira et paf on lui fera payer ! déclara Renji.
- Tu crois que nous pourrons…
- Ne t’inquiète pas Koizumi, si besoin on en parlera à mon frère et à ta sœur et alors on verra bien si Mayu fait toujours le malin !

Shotaro était fils unique mais le propos de Renji ne le mettait pas à l’écart, bien au contraire. C’est comme s’ils étaient membres de la même famille. D’ailleurs ils échaffaudaient déjà des plans en vue d’une future infiltration et filature de Tadase quand il leur demanda : « Et au fait pour l’infirmière on fait quoi ? »

Ils conclurent que l’enquête sur le clan Hyûga était prioritaire.

- Pardonnez ma question Mayu-sama mais… pourquoi les avoir épargnés ? Si jamais ils parlent…
- Tu penses que c’est un signe de faiblesse Amane ?

La jeune femme ne répondit pas immédiatement. Elle sembla regretter sa question et essaya de formuler des excuses tout en avançant en direction du QG de la Racine :

- Ce n’est pas à moi de juger vos…
- On pourra toujours leur effacer la mémoire en cas de problème. Sinon, comme j’ai pu le leur dire, ce ne seront pas les premiers ninjas à disparaître dans des circonstances mystérieuses.
- Vous pensez qu’ils seront assez impressionnés ?

Un regard entendu valut réponse.

Les deux autres ninjas de la Racine les laissèrent pour préparer l’arrivée de Mayu au QG.

- Je sais que ma réponse ne te satisfait pas Amane.
- Non ce n’est pas ça Mayu-sama mais…
- Tu ne sais pas dissimulé tes doutes quand cela concerne la Racine. Parle, c’est un ordre.

Elle obéit :

- La Racine est en phase de reconstruction. Il est donc risqué de compromettre cela en ménageant ces enfants.
- Certes, mais cela n’exclut pas une vision à plus long terme.
- Que voulez-vous dire Mayu-sama ?
- Connais-tu le proverbe « quand le chat n’est pas là les souris dansent » ?
- Oui.
- Je ne suis pas immortel. La Racine non plus même si elle peut me survivre. Il faut donc trouver d’autres moyens pour protéger Konoha.
- Devenir Hokage et…

Mayu l’arrêta. Le poste de Hokage, le rêve de son père qu’il avait gâché dans les grandes largeurs au sommet du Pays du Fer. Il avait été si patient jusqu’à présent. Et voilà qu’il essaye de manipuler Mifune, en plein conseil ! Quelle erreur. De quoi jeter encore plus l’opprobre sur le clan Shimura et la Racine. Il sera dur de prétendre au poste de Hokage en étant un Shimura désormais.

- Un titre ne fait pas tout. Il ne donne pas le pouvoir ni l’influence.
- Alors que voulez-vous…
- Pense au proverbe. « Quand le chat n’est pas là les souris dansent. »
- Il faut éviter qu’elles ne dansent donc… Leur briser les jambes ?

Le chef de la Racine ne put s’empêcher de sourir. Amane était une personne très intelligente mais qui allait parfois trop à l’essentiel.

- On ne peut pas refaire le coup des Uchiha chaque semaine sinon Konoha sera bientôt un village fantôme Amane.
- Alors il faudrait jouer sur d’autres leviers ?
- Oui. Si le chat part mais que les souris n’ont pas de musique, alors elles ne dansent pas.
- Qu’est-ce qui tient le rôle de la musique Mayu-sama ?

Le chef de la Racine n’eut pas le temps de répondre. Son fils venait d’apparaître.

- Qu’y a-t-il ?
- Les deux conseillers souhaitent vous parler.

Homura et Koharu suivait le fils de Mayu à quelques pas de distance.

- Chers conseillers prononça Mayu en les saluant. Vous êtes si impatients que vous n’avez pas souhaité patienter au QG ? Auriez-vous été mal reçus ?
- Il faut qu’on parle de certains dossiers Mayu déclara Koharu.
- Certains éléments sont préoccupants abonda Homura. Nous espérons que tu auras des réponses à nous fournir.

La présence de ninjas de l’Anbu n’échappa nullement à Mayu. Me mettre la pression de la sorte, comme si j’allais tenter quoi que ce soit contre eux ou me défiler commenta Mayu. Ils sont moins accomodants qu’avec mon père. C’est dans ces moments-là que je regrette de ne pas avoir son œil droit…

- Alors Mayu ?
- Si vous voulez bien me suivre jusqu’à mon bureau, nous serons plus tranquilles pour parler. Bien sûr, vos Anbus sont les bienvenus.
- Nous l’entendions bien ainsi répondit Koharu.

Ces enfants-là ne seront pas aussi faciles à convaincre que les trois précédents pensa le chef de la Racine en conduisant en personne ses interlocuteurs à son bureau.
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MessagePosté le: Ven 18 Oct 2013, 4:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 67 : Wrath of the Ice King


- Leur destination ?
- Le Pays des Tourbillons.

Le regard de Shôkishi Anotsu parlait pour lui. Une mauvaise nouvelle de plus dans ce conseil à l’ambiance glaciale. Personne n’avait envie de discuter les ordres du jour ou les réponses apportées par le Seigneur du Pays des Neiges. L’intronision de Sôri et le compte-rendu qu’il fournissait des derniers déplacements de Masato et Shinsuke finissait d’alimenter la colère du leader des Anotsu.

- L’imbécile finit par lâcher Shôkishi. Un détachement de Konoha fait route vers le Pays des Tourbillons.
- J’ai essayé de lui suggérer une autre voie mais…
- Laisser le choix à son élève, je sais. Un beau principe de plus.
- Restreindre n’est pas dans mes habitudes.
- On voit où cela conduit.

Sôri ne répondit pas. Les années aidant, il savait qu’il n’y avait jamais rien à gagner à avoir le dernier mot avec Shôkishi Anotsu. Bien au contraire. Aussi, il préféra orienter la discussion sur une autre voie :

- Mes élèves, qui participeront à l’examen de sélection des chûnins, se feront un plaisir de montrer les apports de mon enseignement.
- Je vous le souhaite. L’examen sera relevé cette année.
- Je n’en attendais pas moins de votre part.

Le sensei de Masato s’inclina et sortit d’un pas tranquille. Une telle attitude était presque enviée par les autres personnes présentes à la table. Il en a terminé avec Shôkishi alors que, pour nous, cela ne fait que commencer regretta presque Magatsu en relisant brièvement certaines notes qu’il avait préparées.

- C’est vrai que le trio de Sôri a des évaluations remarquables nota Kozue. Du coup seigneur Anotsu peut-être que…
- Il n’y aura pas de dérogation ni de report.
- Mais si d’aventure les informations de Magatsu sont confirmées et qu’il y a bien un assaut lors de l’examen…

Un doigt de Shôkishi l’interrompit. Kozue, en bon responsable des relations extérieures, pensait à son pays et aux rapports de force avec les autres nations. Un tel événement pourrait affaiblir le Pays des Neiges et envoyer un mauvais signal aux autres nations. Aussi, il était sans doute préférable de reporter l’examen. Tel était son point de vue. Il n’était malheureusement pas en phase avec celui de son seigneur :

- Le Pays des Neiges organise l’examen de sélection. Que les Ailes, appuyés ou non des jashinistes interviennent et ils trouveront à qui parler. Si ce n’est pas le cas nous interviendrons et ce sera la preuve que cette promotion d’aspirants ne valait pas grand-chose.
- Je ne suis pas sûr que les autres grandes nations goûtent une telle méthode d’évaluation seigneur.

Les visages du conseil se tournèrent vers la porte d’entrée. Adossée à cette dernière, Haïtani éprouvait un certain plaisir à lire la surprise et le mécontentement sur les visages présents. A part celui de Shôkishi, imperturbable, comme toujours.

- On ne pénètre pas en plein conseil sans y avoir été invité le tança Hizamaru.
- Mes excuses, je n’ai pas encore intégré toutes les coutumes de votre pays.

Le ministre de la justice se tourna vers Shôkishi, attendant une réponse de ce dernier. Il se contenta d’articuler :

- Déjà de retour ?
- Oh vous savez, je vais je viens. Et m’absenter plus longtemps m’aurait privé des manœuvres qui se dessinent par ici.

Les oreilles du Faucon prirent place sur un siège. Haïtani salua rapidement les présents et tout particulièrement Hizamaru. En voilà un à qui je n’ai pas dû manquer.

- Par rapport à cette épreuve les informations sur les candidats et invités arrivent peu à peu. Des éléments à signaler ? interrogea Yuji.
- Mes services traitent les dossiers répondit Magatsu. Je vous ferai un point plus complet quand ils auront terminé. Pour le moment les dossiers sont conformes.
- Et pour l’épreuve à risques ? insista Haïtani.

Rien que pour la mine d’Hizamaru il ne regrettait pas d’avoir posé la question.

- Rien ne change trancha Shôkishi agacé par cette question. Si besoin, Magatsu, vous détacherez quelques hommes des services spéciaux pour assurer une converture. Rien de plus.
- Bien Shôkishi-dono.
- C’est vraiment risqué Seigneur persista Haïtani, au grand dam des autres personnes présentes. Cela donnera un motif supplémentaire aux grandes nations pour accélérer leurs demandes à propos de certaines réformes...

Le propos fit l’effet d’une bombe. Un malaise grandissant gagna la pièce. Tous le savaient : les cinq grandes nations avaient fait savoir, quelques temps avant le départ d’Haïtani, qu’il serait bon que le Pays des Neiges modifie son organisation, de manière à converger vers le système en vigueur dans les autres nations. Etait notamment visé le cumul des fonctions de Daimyô et de Kage par Shôkishi.

« Une répartition plus équilibrée des fonctions enverrait un signal positif aux autres pays et traduirait la volonté du Pays des Neiges de converger en direction de ses alliés. » La formule avait fait s’étrangler Hizamaru tandis que Shôkishi avait parcouru deux fois le document.

Sa réponse ne s’était pas fait attendre : il avait remercié ses interlocuteurs par message interposé pour cette suggestion et, dans le même temps, demandé à son ministre des finances, Aran, de faire grimper les taux d’intérêt sur les dettes émises par les grandes nations.

- Le surcoût qu’elles doivent acquitter pour financer leurs déficits et dettes a calmé leurs ardeurs répondit Yuji.
- C’est une manière de résister. A terme, ce type de stratégie non-coopérative n’est pas bonne pour une alliance. Le Pays des Neiges risque de s’isoler, ce qui n’était pas l’objectif initial il me semble.

La réponse d’Haïtani imposa le silence à Yuji. Aran, un des principaux concernés, ne répondit pas car il était déjà en train de calculer le supplément de devises que pourrait rapporter une nouvelle hausse des taux d’intérêt. Hizamaru fulminait de plus belle devant l’insolence d’Haïtani.

- Il n’a pas tort avança Kozue. Tôt ou tard nous devrons leur dire oui ou non. Mais…
- L’heure est à la guerre coupa Shôkishi. Leurs réformes sont de beaux projets dans leurs têtes. Gagne-t-on en divisant ce qui fonctionne ?
- Je pense que Shikaku Nara pourrait vous démontrer qu’il est de votre intérêt de…

La plaisanterie d’Haïtani lui valut un regard noir de Shôkishi. Oups, je crois que je suis allé trop loin. Il faut vraiment que je me réadapte sinon ma tête va être raccourcie avant la fin de la séance.

- Shikaku peut démontrer ce qu’il veut il n’a aucune influence ici. Ni lui ni personne.

Le propos fut prononcé sur un ton si catégorique que personne ne s’aventura plus sur le sujet. Mais à terme il reviendrait, ils en étaient tous intimement persuadés.

- Et pour Akari, des informations ? demanda Yuji afin de lancer les échanges sur une nouvelle piste.

Magatsu fit alors un rapide résumé de l’état des connaissances à l’heure actuelle. Les interrogatoires – menés avec l’aide de Kabuto – avait permis d’aboutir à plusieurs pistes. Il conclua en suggérant deux éléments : i) les jashinistes n’étaient sans doute pas de la partie mais on avait essayé de les imiter ; ii) plusieurs groupes devaient être impliqués : les Ailes, les Habaki et il n’était pas exclu que cela aille au-delà.

Ces nouvelles furent accueillies poliment, sans aucune effusion. Cette confirmation allait constituer le point de départ d’une traque systématique et impitoyable des moindres personnes mentionnées dans les interrogatoires. Ce qui n’allait pas sans poser quelques problèmes.

- On peut toujours laisser penser que ce sont les jashinistes qui ont agi et ainsi leur faire la chasse. Les autres nations n’y verraient pas d’objection je pense.
- C’est une idée intéressante Magatsu approuva Yuji. Il ne faut pas braquer nos partenaires, leur faire penser que nos manœuvres peuvent les menacer sinon le travail de mon frère risque d’être réduit à néant.

Haïtani écoutait en se retenant de baîller. Certes la manœuvre était astucieuse mais il espérait mieux, quelque chose de plus osé.

- Est-ce que la disparition d’Akari a été officialisée ? demanda-t-il.
- L’information est diffusée peu à peu. Un certain contrôle est nécessaire fit remarquer Hizamaru.
- Si des soudards sont au courant alors il est peu probable que les dirigeants des nations ne le soient pas.
- Vous avez écouté l’intervention de Sôri ?
- L’inconvénient d’une bonne audition.
- Audition ou espionnage ?
- Nous pourrions en discuter au cours d’un procès, qu’en dites-vous ?
- Un petit séjour dans une prison de glace vous ferait le plus grand bien, en effet.
- Avec ou sans pull ?
- Nous nous écartons du sujet intervint Aran. Même si les autres nations sont au courant, peu importe. Cette perte tragique provoquera une certaine tolérance chez nos partenaires. A nous de savoir l’exploiter.

Les oreilles du Faucon savaient désormais pourquoi il fallait se méfier d’Aran. Il parlait peu mais ses phrases étaient à son image : rigoureuses, ne tolérant pas la moindre incertitude. Difficiles à attaquer en somme.

- D’ailleurs, plutôt que de vous mêler des affaires du Pays des Neiges, pourquoi ne dites-vous rien sur celles du Faucon ?

Pour un peu Haïtani aurait embrassé Hizamaru. Sa question lui permettait d’aborder, moyennant quelques contorsions, un sujet qui l’amusait vraiment.

- Merci pour cette question Hizamaru. Cet éloignement temporaire a eu une grande vertu : me permettre de prendre conscience de certaines rumeurs. Je suis sûr que vous allez être surpris par celle que j’ai entendue.
- Venant de vous on peut s’attendre à tout avança Hizamaru avec mépris.
- Elle est assez savoureuse : le Seigneur du pays des Neiges ne serait plus l’homme qu’il a été. Il serait sur la pente descendante et un bon coup de balai ferait le plus grand bien. Un vieillard pour diriger une toute jeune grande nation, l’image est assez cruelle et révélatrice selon certains.

Tous les regards fondirent sur Haïtani. L’espace d’une fraction de seconde il eut envie de sourire en se sentant sous le feu des projecteurs. Le feu fit toutefois rapidement place à un froid grandissant. La mine de Shôkishi était la plus sombre qu’Haïtani ait pu observer jusque-là. On dirait que j’ai mis dans le mille.

- Pourriez-vous préciser le contenu de cette rumeur ? demanda Shôkishi d’un ton froidement poli.
- Par où commencer ? Eh bien, pour le dire vite, on vous dit vieilli, trop occupé à gérer votre pays (et peut-être incapable de le faire), votre légende et vos coups d’éclats en imposent bien moins aujourd’hui. En somme, passez-moi l’expression, vous êtes un vieux croulant : il serait temps de passer la main et de prendre votre retraite. L’idée du quart d’heure de lucidité par jour point à l’horizon.

Haïtani poursuivit sur sa lancée pendant quelques instants. Yuji s’empourprait à chaque nouvelle pique adressée à son frère tandis que ce dernier restait presque de marbre : chaque élément supplémentaire apporté par Haïtani allumait une nouvelle flamme dans le regard de feu de Shôkishi.

Quand il eut terminé Haïtani regarda la mine des autres personnes présentes. Alors, personne pour rebondir dessus ou faire un bon mot ? Je vous avais bien dit qu’elle allait vous surprendre. A moins que vous ne soyez déjà au courant… Elles attendaient toutes la réaction de Shôkishi.

Ce dernier laissa passer un long moment où il sembla analyser la situation. Les mains croisées au niveau de la bouche, le regard plongé sur la table, mieux valait ne pas l’interrompre et patienter.

Il releva la tête, le regard dirigé vers Magatsu :

- Pouvez-vous ajouter foi à ces informations ?
- Oui Seigneur. J’avais préparé un rapport mais votre frère m’a dit que…
- Yuji ?
- Depuis quand devons-nous nous préoccuper des on dit ? Les Anotsu n’ont que faire de ces balivernes.

En un regard Yuji comprit qu’il avait mal agi et perdu le peu d’influence qu’il avait gagné au fil des années.

- Messieurs, merci pour vos conseils. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres questions d’importance à régler en ce jour. Magatsu et Haïtani vous restez.

Les autres personnes sortirent. Yuji jeta un regard en direction de son frère qui ne rencontra aucun écho. La porte se referma.

- Magatsu, vous allez contacter Sôri et lui dire de se charger d’Isaku. Faites le nécessaire pour qu’il rejoigne le plus rapidement possible Mikasa. Elle s’occupera du reste.
- Bien seigneur.
- Faites-lui aussi comprendre qu’Isaku n’a pas besoin d’avoir la tête farcie de principes. Son aide se limitera à parfaire la maîtrise du démon à queues.

Et accessoirement, en agissant de la sorte vous coupez la liaison entre Sôri et votre fils analysa Magatsu. Il s’agit vraiment de la meilleure solution à vos yeux ?

- Oh Isaku… comment va-t-il ? questionna Haïtani.
- Plutôt bien.
- La maîtrise est terminée ?

Le chef des services de renseignement ne répondit pas. Il craignait déjà d’avoir gaffé en répondant à la première question d’Haïtani. Ce dernier n’insista pas, se tournant vers Shôkishi. Aucune réponse n’émana de ce dernier.

- Quel dommage, si vous n’êtes pas bavard, je ne vais pas avoir envie de vous raconter mon petit séjour.
- Vous avez parlé de la situation à ma fille ? lui demanda abruptement Shôkishi.
- Elle s’est montrée particulièrement insistante vous savez.

Le poing de Shôkishi s’écrasa sur la table. Visiblement ce n’était pas la réponse qu’il attendait.

- Dois-je vous féliciter ?
- Vous savez bien que j’ai toujours eu un petit faible pour votre aînée depuis que je l’ai conduite sur le territoire du Faucon. La voir quand je le peux est mon péché mignon.
- Il pourrait vous coûter cher.
- Peut-être éviterai-je la punition si je vous demandais sa main ? Ainsi liés nous n’aurions plus de motifs de méfiance l’un envers l’autre n’est-ce pas ?

La plaisanterie ne fit rire personne. Magatsu savait qu’il serait congédié sur le champ et Shôkishi ne riait jamais. Encore raté se plaignit intérieurement Haïtani.

- Elle m’a chargé d’un message pour vous. Et d’un autre pour le reste de votre famille.
- Où sont-ils ?
- J’ai remis le second à votre femme, voici la partie qui vous concerne.

A la mine de Shôkishi, Haïtani comprit mieux pourquoi Hanako lui avait demandé de ne pas remettre les deux lettres à son père. Il aurait fait disparaître la seconde sans remord. Elle le connaît bien. Il faudrait peut-être que je lui demande quelques conseils pour savoir comment procéder avec lui la prochaine fois que je la croiserai… enfin si elle ne souhaite pas ma mort.

La lettre fut lue. Elle se composait de quelques paragraphes dont la lecture contrariait plus ou moins Shôkishi. Il s’arrêta sur les toutes dernières phrases, qu’il lut d’une voix à peine plus élevée que celle d’un murmure : « Le Faucon a fait le nécessaire pour en avoir un. Le plus jeune. A l’heure où vous lirez ces lignes il sera sans doute déjà ramené. »

Il se tourna vers Haïtani :

- Dit-elle la vérité ? Le Faucon aurait ramené l’un des deux ?
- Vous savez je n’ai pas trop…

Les petites flammes bleues qui commencèrent à tourner autour d’Haïtani lui suggéraient de parler, et le plus vite possible. Tel père telle fille. Ils ont vraiment le chic pour faire parler les autres sans rien révéler de leur côté. Mais ne fait pas parler Haïtani qui veut.

- Les projets de mon maître ne regardent que lui. Je n’ai rien à vous apprendre sur le sujet. Croyez votre fille ou non mais je ne vous dirai rien.

A la grande surprise d’Haïtani les flammes bleues disparurent. Ne me dites pas que c’est la réponse qu’il attendait ?

- Vous avez un certain cran pour me tenir tête sous mon toit.

Le flux de chakra qui émana de Shôkishi provoqua quelques craintes chez Haïtani. Son sourire s’effaçait et de la crainte apparut brièvement sur son visage. Très brièvement. Il ne reviendrait pas sur son propos :

- Plier n’est pas dans mes habitudes. Sinon le Faucon ne m’aurait jamais pris parmi ses hommes. Et je ne vous serais d’aucun intérêt.

Cette fois, Haïtani parlait sérieusement. Aucun sourire à l’horizon. Son visage était fermé et le chakra qui émanait de lui contenait une bonne dose de colère. Pas assez, néanmoins, pour qu’on puisse déceler des pulsions de meurtre.

Alors voilà son vrai visage ? se demanda Magatsu. Cette quantité de chakra est loin d’être négligeable. S’agit-il d’une simple démonstration ou bien est-il persuadé que nous allons l’éliminer maintenant ?

- Savoir quand il faut parler et se taire, dévoiler certaines informations mais garder les plus précieuses pour soi voilà ce qui fait un bon chef des renseignements. Vous êtes presque aussi bon que le mien.

Tout est dans le presque nota Haïtani en se décontractant quelque peu. Il regarda Magatsu qui, en dépit du compliment fort inhabituel de Shôkishi, n’affichait aucun triomphalisme mais un air des plus sérieux.

- Vous souvenez-vous de notre discussion sur les remparts ?
- Comment l’oublier. Vous m’aviez annoncé qu’à un moment bien précis vous auriez besoin de moi. Et malheur si je ne répondais pas présent. Vous souhaitez m’annoncer qu’il ne m’arrivera rien si je dis non ?

Le sourire malicieux d’Haïtani se heurta de nouveau à un mur. Seigneur des Congères serait peut-être un meilleur surnom que Seigneur des Glaces finalement.

- Ce que vous avez dit aujourd’hui et d’autres événéments me conduisent à accélérer certaines manœuvres. Parmi celles-ci il en est une où j’ai besoin de vous.
- C’est trop d’honneur. Toutefois, allez plus vite ne vous ressemble guère.
- Peu importe le tança Shôkishi. Je ne vous poserai qu’une question. Elle est très simple et ne réclame de votre part qu’un oui ou un non.
- Dites-moi tout Shôkishi-dono.

Les quelques phrases qui furent alors prononcées stupéfièrent Magatsu et Haïtani. Ce dernier aurait bien voulu que Shôkishi répète une deuxième fois ce qu’il venait de dire pour être bien sûr de ce qu’il avait entendu :

- Vous vous rendez compte de l’impact qu’aurait ce… cette… ? Cela pourrait changer le cours de la guerre à venir. Et…
- Je ne vous ai pas demandé de me faire des phrases trancha Shôkishi plus glacial que jamais. Juste un mot : oui ou non ?

Haïtani prit le temps de la réflexion. Il le sentait : ce n’était pas une réponse comme les autres qu’il allait donner. Le Seigneur du Pays des Neiges avait parfaitement préparé son coup il le sentait. Avait-il prévu que nous en arriverions là avec le conseil ? Donc il m’a balladé tout du long ?

Il n’avait pas le temps de faire la lumière sur ces questions. Il devait répondre dans les quelques secondes à venir. Et être sûr de son fait au risque de perdre gros. Ce qu’il me demande est insensé. Je ne sais même pas si je peux y arriver. J’ai certains talents et occupe une certaine position mais quand même…

- Alors Haïtani ? Auriez-vous perdu votre langue ? Ou bien est-ce au-delà de vos talents ?
- Oui lâcha Haïtani.
- Bien. Messieurs, vous pouvez disposer.

Shôkishi se dirigea vers une fenêtre, pour contempler l’extérieur tandis que ses ex-interlocuteurs sortaient. Pleinement remis de sa surprise, Magatsu s’éclipsa rapidement pour exécuter la mission confiée par Shôkishi. Cette stratégie est osée. Je n’arrive pas encore à voir comment elle s’articule avec toutes les manœuvres entreprises. Nous devons faire de notre mieux pour réussir dans la voie tracée par Shôkishi. Il était convaincu que son seigneur allait dans la bonne direction. Du moins pour le moment.

Soit il est fou soit c’est un stratège hors pair qui envisage de faire avancer tous ses pions en une fois pensa Haïtani en sortant. Il se dirigea, presque inconsciemment, sur les remparts, où un vent glacial l’attendaient. Je mettrais ma main à couper que le souffle de Shôkishi est plus froid plaisanta-t-il intérieurement. En regardant l’endroit et le paysage qui lui faisaient face il repensa aux dernières paroles de Shôkishi.

- Tout cela risque de me conduire à choisir définitivement un camp. C’est assez contrariant.

Il se parlait à lui-même, sans prendre la peine de vérifier s’il était surveillé. Peu importait en vérité, dans la seconde suivante, il était au beau milieu des monts enneigés, pas très loin du QG de l’armée du nord. Ici personne ne viendrait le déranger.

- Shôkishi ou le Faucon ? On dirait bien que je suis dans une position de faiseur de rois. A moins que ce ne soit une illusion pour mieux m’utiliser ? Si j’en parlais au Faucon… de telles informations valent leur pesant d’or si elles sont avérées. Il y aurait de quoi défriser la moustache de Kagimura.

Il sourit à cette évocation. Décidément les personnes sourient trop peu par ici. Peut-être est-ce un effet du froid qui fige les visages ? Encore que ceux de la reine et d'Ichirô ne sont pas restés de marbre quand je leur ai donné la lettre d’Hanako.

Ses pas s’enfonçaient dans la neige. Elle montait jusqu’à mi-cuisse. Je démêlerai le vrai du faux dans le propos de Shôkishi plus tard. Allons plutôt vérifier la légendaire hospitalité de la légion du Nord. Et tout en avançant il pensait déjà à l’accueil que lui réserverait Mikasa.


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MessagePosté le: Ven 25 Oct 2013, 1:00 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 68 : Partout ailleurs


- Allez, encore une fois !
- Bien Darui-sama.

L’entraînement touchait à sa fin : la nuit approchait et les entraînements en nocture étant prohibés ce serait la dernière tentative de Jinta pour la journée. Cette règle n’avait pas été comprise par les deux jeunes ninjas de Kumo qui pensaient faire des heures supplémentaires le soir. Dès le premier jour ils comprirent pourquoi la nuit n’était pas faite pour s’entraîner : leurs entraînements respectifs les épuisaient tellement qu’il ne leur restait que la force de manger. Ils s’effondraient ensuite sur leurs lits, après avoir échangé deux ou trois phrases.

Cette fatigue est le prix à payer pour que nous devenions plus forts alors il faut tout donner à chaque instant ! A cette pensée, Jinta rassembla ses mains et concentra ses dernières forces. Il était au bord de la rupture. Les séances proposées par Darui étaient corsées : le matin était consacré à différents types d’épreuves physiques (courses, sauts d’obstacles, grimper dans les arbres sans utiliser les mains, éviter les coups des animaux sans les toucher…) ; l’après-midi au ninjutsu, notamment aux techniques de foudre noire.

Allez, ce sera la dernière attaque pour aujourd’hui. Le jeune ninja de Kumo avait concentré tout le chakra qui lui restait. Il prit une posture offensive.

- Prêt Darui-sama ?
- Quand tu veux.

Le bras droit du Raikage se concentra et adopta une allure défensive. Voyons voir ce qu’il a dans le ventre en cette fin d’entraînement.

- Et alors, que s’est-il passé ? demanda Isao en avalant une gorgée d’eau.
- La foudre noire a-t-elle frappé ? Jinta t’a-t-il déchiré ?

Darui sourit à la rime de Bee.

- Disons que son attaque relevait plus du chaton que de la panthère.

Jinta rougit et fixa le sol. Il repensait à cette attaque ratée. Le peu de chakra qu’il avait réussi à malaxer n’avait produit qu’une technique de faible ampleur. Il n’oublia toutefois pas les leçons de Darui : « Je te pousse dans tes derniers retranchements pour que tu puisses savoir exactement quel est le niveau limite de chakra pour que tu puisses lancer cette technique ou les autres que je t’enseigne. »

Jinta était honteux mais Darui ne lui avait pas laissé le temps de s’apitoyer sur son sort : « Relève la tête Jinta. Si tu baisses les bras tu ne seras jamais Raikage. Or il me semble que c’est quelque chose qui te tient à cœur, pour protéger une certaine personne… » Le regard de Jinta avait alors retrouvé une certaine vigueur.

- J’aime mieux ça. Alors qu’est-ce que tu as appris avec cette dernière attaque ?
- Vouloir dépasser mes limites n’aboutit qu’à des attaques ridicules.
- Et ?
- La taille réduite de cette dernière attaque a quand même un avantage : elle est légèrement plus rapide que les premières.
- Exactement Jinta. Doser la quantité de chakra est important non seulement pour ne pas t’épuiser trop vite mais aussi pour varier la vitesse des attaques.

Cette leçon du jour restait néanmoins insatisfaisante à ses yeux. Maîtriser les techniques enseignées par Darui se révélait ardu. Plus que ce à quoi il s’attendait. Ils étaient sur l’île depuis moins de dix jours et, pourtant, Jinta avait l’impression de stagner, de ne pas progresser aussi vite que d’habitude. Sûrement parce que là c’est du sérieux. Donc je ne suis qu’un ninja banal quand vient la difficulté ?

- Ce soir nous vous laissons ! Avec Darui nous allons consommer plein de boisson !
- Ne croyez pas la dernière phrase de Bee-sama. Passez une bonne soirée. Les laisser si rapidement leur permettra de parler un peu et d’échanger leurs impressions. Il faut que l’émulation se recrée entre eux, même s’ils ne suivent plus le même entraînement.

Darui et Bee les laissèrent. Motoï apporta aux jeunes de quoi se restaurer et se retira lui aussi.

- T’as une p’tite mine Isao. Ne me dis pas que tu en baves ?
- Maîtriser un Bijû n’est pas si simple. Certes Nibi se montre coopératif mais nous devons apprendre à travailler ensemble. Et ce n’est pas si simple.

Isao évoqua les différents exercices qu’elle réalisait. La démarche de Bee était très progressive et Hachibi promulguait nombre de conseils très utiles à Isao. Elle n’osait pas l’admettre mais Hachibi était un meilleur professeur que Bee dont les rimes incessantes pénalisaient parfois la bonne compréhension de ce qu’il fallait faire.

- Je vois déclara Jinta en s’allongeant sur son lit, les bras derrière la tête et fixant le plafond. On est dans une belle galère !
- Tout ne marche pas comme sur des roulettes pour toi ?
- Pas tout à fait grimaça-t-il en la regardant.

Jinta détailla alors ses entraînements et les difficultés qu’il rencontrait. Isao en profita pour le taquiner à propos de sa dernière utilisation des éclairs noirs :

- Tu ne devrais pas t’en faire. Être un utilisateur médiocre de foudre noire peut être source de fierté lui suggéra-t-elle dans un sourire.
- Il faut au moins cela pour accompagner le plus mauvais réceptacle de l’histoire !
- Même pas vrai !
- Si si, je ne pense pas que l’on puisse faire pire.

Il se trompait.

- Quelle calamité celle-là ! Oh Fuu tu crois que tu vas arriver à réussir quelque chose aujourd’hui ? Je suis sûr que ton Bijû a honte d’avoir un réceptacle comme toi ! Je devrais peut-être demander au vieux si je ne peux pas avoir deux Bijû en moi…

En guise de réponse, Fuu laissa apparaître deux queues. Elle prit alors son envol et fonça en direction de Mugen. Le pied en avant, elle souhaitait lui donner un bon coup. Mortel si possible.

- Tu vas voir si je ne sais rien faire ! Goûte à ça !

Mugen encaissa l’attaque grâce à l’absorption de vapeur. Cela lui permit de renforcer sa résistance physique pour ne pas être affecté par le coup de Fuu. Le pied de cette dernière vint s’écraser sur le torse de Mugen.

- Toujours aussi faible gamine !
- Ah oui ? Rinpungakure no Jutsu !

Un brouillard lumineux aveugla Mugen et Fuu partit de nouveau à l’assaut de son camarade. Au grand dam de Kitsuchi qui ne savait plus quoi faire. C’était la troisième fois, aujourd’hui, que Fuu et Mugen se disputaient.

Certes leurs provocations et combats sont une forme d’entraînement mais leur maîtrise du Bijû reste bien aléatoire. Et leur coordination est… inexistante ? Il est impossible de les utiliser tous les deux en même temps. Qu’est-ce que je vais faire avec des deux-là ?

En les voyant se taper dessus Kitsuchi pensait à sa fille. Il était persuadé que Kurotsuchi était la plus gentille enfant du monde comparé à ces deux zigotos. Le fils d'Ônoki avait beau séparer Mugen et Fuu, tôt ou tard ils finissaient par s’invectiver de nouveau. Comme si se châmailler était une nécessité pour eux. Fallait-il baisser les bras ? Kitsuchi se ressaisit et pensa aux paroles de son père : « Tu auras la charge de la formation de Mugen et Fuu. Je suis trop vieux pour m’occuper de ces deux excités. Hachirô me prend pas mal de temps et d’énergie. Je n’ai plus autant de vigueur aussi c’est à toi de jouer. »

Surpris, Kitsuchi avait quelque peu hésité. Ônoki avait alors quitté le siège de son bureau pour léviter et placer son fils face à ses responsabilités : « Tu es le 4ème Tsuchikage. Si tu doutes d’arriver à maîtriser et former Mugen et Fuu comment arriveras-tu à gérer le Pays de la Terre ? A tenir tête aux ennemis de l’alliance ? Voire au Pays des Neiges si besoin ? »

Le fils du 3ème Tsuchikage prit alors une profonde inspiration. Mon père a raison. Je ne peux pas les laisser faire ce qu’ils veulent. C’est à moi de les prendre en main. Il en va de mon autorité et de ma crédibilité.

Un immense golem émergea alors de terre et saisit Fuu et Mugen. La poigne du géant de terre les empêchait de bouger. Ce qui ne manqua pas de les faire réagir :

- Hey ! il se passe quoi là ?
- Mugen si c’est encore un de tes coups je vais te…
- Non mais tu l’entends celle-là Gobi ?
- VOUS AVEZ FINI ?!

Le cri de Kitsuchi résonna à travers les montagnes d’Iwa. Mugen et Fuu le regardèrent, comme s’ils se rappelaient subitement qu’il était là.

- Vous me cassez les oreilles.
- Bah t’as qu’à retourner au village. Le vieux n’a pas voulu nous entraîner alors on va faire comme on le sent si tu n’y vois pas…

Le golem jeta Mugen au sol et plaqua sa main sur son corps. Bloqué entre l’index et le majeur, le réceptacle de Gobi apparaissait en mauvaise posture.

- Le vieux comme tu l’appelles est mon père. Parle de lui avec plus de respect. Quand à moi je suis le 4ème Tsuchikage. Merci de me vouvoyer espèce de minable.
- Pardon ? Tu te sens plus là ou quoi ?

La prise du golem se resserra. Mugen se mit à gémir :

- Oh tu fais quoi là ! Ca fait mal !
- Eh bien essaye de te libérer. Fait appel à ton Bijû. Ou alors à tes talents.

Mugen se débattit. Relâcha du chakra de Gobi mais rien n’y fit. Il entailla légèrement les doigts du golem. Insuffisant pour s’en sortir.

Kitsuchi les relâcha tous les deux. Son regard était tellement foudroyant que Fuu et Mugen auraient juré avoir un utilisateur de Raiton face à eux.

- Médiocre. Je pensais que vous valiez mieux que ça. Où sont passés les deux vantards promettant une maîtrise des Bijûs en deux temps trois mouvements ?
- C’est la faute de Fuu elle…
- Tais-toi Mugen. En quoi Fuu a-t-elle pu te gêner pour te dégager de la prise du golem ?

Le bavard ne répondit pas. Il renifla sans oser regarder Kitsuchi dans les yeux.

- Vous rejetez la faute sur l’autre plutôt que de vous aider pour progresser simultanément. Si vous n’avez pas grandi alors…
- Nous avons quand même…
- Ne m’interromps pas quand je parle ! coupa Kitsuchi.

Fuu prit un air indigné mais se tut.

- Vous devez assurer la protection du village. Nous avons des ennemis. Il faut aussi veiller à ce que nos relations avec le Pays des Neiges restent… bonnes. Avoir deux réceptacles inutiles est un handicap. Vous pénalisez votre pays, vous ne l’aidez pas.

Le chakra de Kitsuchi devint alors extrèmement froid tandis qu’il serrait les poings, la mâchoire bloquée.

- Et si vous menacez l’équilibre de notre pays, je vous tue.

Il ne plaisantait pas. Son regard et les pulsions meurtrières qui émanaient de son chakra convainquirent Mugen et Fuu qu’il valait mieux faire profil bas désormais et suivre ces indications.

- Kitsuchi-sama que voulez-vous que nous fassions ? demanda Fuu après un long silence.
- Ouais commença Mugen, que peut-on faire pour devenir meilleurs ?

Hachirô assista à la fin de la scène et la rapporta à Ônoki. « Voilà qui est bon » se contenta d’analyser le 3ème Tsuchikage avec un sourire.

Un sourire s’affichait également sur le visage de la Mizukage. Non pas parce qu’elle s’était mariée – le sujet restait hautement sensible à Kiri et la question avait fini par ne plus être posée pour éviter les jets de lave à répétition – mais parce que Sôji et Rika progressaient remarquablement dans la maîtrise de leurs Bijû respectifs : Sanbi et Rokubi.

A 16 ans Sôji affichait un physique solide, des cheveux bruns coupés courts avec une petite mèche qui lui tombait sur le front. Rika, d’un an plus âgée, avait pour manie de ramener assez souvent ses mèches de cheveux derrière ses oreilles, sans que cela n’affecte ses capacités en combat.

Ils combattaient l’un contre l’autre dans une arène, sous la supervision d’un jônin de Kiri en charge de leur formation. Meï regardait la scène depuis une terrasse.

- Ces jeunes sont impressionnants Mizukage-sama.

La Mizukage se retourna. Chôjuuro n’ayant pas fait le moindre geste elle savait qu’elle n’avait rien à craindre de la personne qui venait de la rejoindre. Sa garde attendait à l’extérieur. Je ne m’attendais pas à le voir ici.

- Il est rare de vous voir dans un tel lieu déclara-t-elle à l’adresse de son Daimyô.
- J’ai voulu voir de mes propres yeux ce que l’on a pu me rapporter. Sôji et Rika… avec eux notre pays retrouve une certaine stature.

Le Daimyô posa ses yeux sur Meï.

- Mais de tels atouts peuvent faire tourner bien des têtes. Donner des idées pour modifier certaines hiérarchies… Je m’inquiète pour rien n’est-ce pas ?
- Votre méfiance ne disparaîtra donc jamais ?
- L’expérience de Yagura est encore fraîche dans ma tête.
- Il était manipulé et…
- Je le sais coupa le Daimyô.
- Vous ne vous êtes pas opposé à ma nomination que je sache.

Le Seigneur du Pays de l’Eau regarda Meï. Elle était passablement énervée mais le dissimulait tant bien que mal derrière un sourire forcé.

- Excusez-moi, je voulais juste m’assurer que nous étions bien sur la même longueur d’ondes.
- Vous vous en assurez assez souvent…
- Effectivement. Le village de Kiri retrouve des couleurs avec ces deux réceptacles. Qui plus est, bientôt, nous pourrons compter sur des épéistes supplémentaires pour seconder Chôjuuro.
- Vous pensez encore à cette idée de Shôkishi Anotsu ?
- Une promesse corrigea le Daimyô. Tôt ou tard nous aurons cinq épées de plus. En attendant de récupérer, un jour, Samehada.

La main du Daimyô se crispa sur la rembarde de la terrasse.

- Pourquoi ne pas en parler à Kumo ? Le Daimyô voire le Raikage pourrait…
- Depuis quand Kiri doit-il demander ? Nous faisons partie des grandes nations !

Sa voix ne s’était pas élevée mais on pouvait lire dans son regard une colère manifeste. Il vivait la perte de Samehada comme un affront. Meï le regarda partir avant de poser ses yeux sur Sôji et Rika, qui en finissaient avec leur entraînement. Puissiez-vous ne pas être utilisés à de mauvaises fins par notre Daimyô. Je vous protègerai pensa-t-elle.

Bien que Sôji et Rika fussent très avancés au niveau de la maîtrise des Bijû, la palme revenait à Suna où la formation du réceptacle était pratiquement terminée. Toutefois, ce succès ne se voyait nullement dans le village. Même si les dégâts occasionnés par Shiori et les siens étaient en grande partie effacés, une atmosphère de deuil entourait Suna.

Le candidat à la maîtrise de Shukaku, Koga, n’avait pas survécu à l’opération de scellement. Décédé seulement quelques heures après avoir accueilli le Bijû en lui, Ebizou avait réussi à extraire ce dernier juste avant que Koga ne rende son dernier souffle. Un grand émoi avait parcouru le village du Sable, réduisant considérablement le nombre de candidats pour succéder au jeune garçon. L’heure n’étant pas à la tergiversion les autorités avaient rapidement décidé de faire une croix sur leur rêve de voir deux utilisateurs du sable veiller sur le village. « Autant ne compter que sur un seul. »

Gaara était donc redevenu le réceptacle d’Ichibi. Depuis leur contact lors de la dernière grande guerre leurs relations étaient excellentes. Il ne leur fallut que quelques jours pour atteindre un degré de coopération particulièrement élevé. Il leur restait néanmoins un peu de travail à accomplir pour arriver au même degré de maîtrise que Naruto ou Killer Bee mais ils en étaient proches.

Ce nouveau réceptacle était toutefois insuffisant aux yeux des autorités du village :

- Gaara, Kankurô et Temari. A part ces trois-là Suna ne possède pas de ninjas de haute valeur. Il nous faut trouver de nouveaux utilisateurs de techniques comme celles de feu Pakura, le Kinton, etc. Ebizou vous avez carte blanche.
- Bien messieurs. Et pour Gaara ?
- Nous le préviendrons en temps utiles.

Haïtani reçut la même réponse lorsqu’il demanda à voir Mikasa. N’aimant pas attendre, au bout de trois minutes il avait échappé à ses gardes pour s’aventurer en dehors du fort. Il marcha quelques instants avant de tomber sur Isaku qui utilisait une technique Yoton.

- Faire fondre la neige de la sorte… Mikasa a dû vous embaucher comme chasse-neige non ?

Nullement surpris par sa présence, Isaku sourit à la plaisanterie avant de répondre :

- Je parie que vous ne lui avez pas demandé avant de venir me voir.
- On ne peut rien vous cacher. Elle était si occupée…
- Vous étiez impatient de m’observer ?
- Si l’on veut. Pour un peu je vous appelerais bien Isaku Habaki mais j’ai peur que cette pointe d’humour ne vous convienne guère.
- En effet.

Ce n’était pas la voix d’Isaku. A voir la mine amusée de ce dernier Haïtani comprit rapidement que Mikasa était là et venait de s’exprimer. Tandis qu’Isaku rassemblait ses affaires pour les ranger dans son sac Mikasa les rejoignit.

- Vous n’aimez pas attendre ?
- Je sais que votre emploi du temps est passablement chargé. Aussi j’ai pensé que voir Isaku directement ne…
- Erreur.

Mikasa balaya Haïtani qui se retrouva les fesses dans la neige. La seconde d’après il était complètement allongé, Mikasa pointant sa lame au niveau sa pomme d’Adam. Elle entailla légèrement Haïtani à ce niveau-là.

- Vous préférez donc être dessus ?

Il reçut un coup de pied dans le ventre. Visiblement elle a le même sens de l’humour que Shôkishi.

- Recommencez une fois et je vous élimine. Ici vous êtes sous mon autorité compris ?
- Parfaitement.

Elle le laissa se relever. Isaku les salua et partit en direction du fort pour se réchauffer et pour attendre Sôri dont la venue avait été annoncée peu de temps après l’arrivée d’Haïtani.

- Isaku a vraiment un bon niveau.
- Cela vous fait peur ? Vous craignez pour le Faucon ?
- Vous ne me faites pas confiance Mikasa ?
- Mikasa-sama corrigea celle-ci. Vous êtes sous ses ordres donc ce que vous voyez et entendez ici lui bénéficie. Je me trompe ?
- Allez savoir.

La réponse évasive d’Haïtani ne lui plut pas. Elle s’immobilisa dans la neige, prête à dégainer de nouveau sa lame.

- Je crois que je vais vous laisser rentrer seule jusqu’au fort. Nous parlerons plus longement une autre fois très chère.

La lame jaillit du fourreau et Mikasa visa Haïtani au niveau du coude gauche. Il disparut. Quel lâche pensa Mikasa en rengainant son épée. Avant de rentrer au fort son regard fut toutefois attiré par un élément présent sur le sol. En le voyant, elle sourit. Les oreilles du Faucon ont eu chaud cette fois-ci. Quelques gouttes de sang étaient présentes à l’endroit où se trouvait son interlocuteur. Elle l’avait touchée.

« La garce ! » pesta Haïtani une fois arrivé dans ses appartements du Pays des Neiges. « Je ne la pensais pas si rapide. Elle m’a entaillé le coude gauche ! » Il s'assit sur son lit et rajouta, avec son petit sourire habituel : « Plus grave encore, elle a abîmé mon manteau ainsi que la chemise que je portais en dessous. »
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Jûbi


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MessagePosté le: Dim 03 Nov 2013, 1:05 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 69 : Chacun son tour


Ces quelques jours au Pays des Tourbillons avaient permis aux Uzumaki de cartographier le territoire, de repérer les points d’eau, les terres qui pouvaient être cultivées à nouveau, où construire. En somme ils avaient établi un véritable plan d’aménagement de leur futur territoire. Certains Uzumaki avaient même poussé le zèle jusqu’à établir une estimation des coûts de la reconstruction. Kakashi avait pâli en voyant le chiffre et Neji avait regretté de posséder le Byakugan, qui lui avait permis de prendre connaissance du chiffre même à bonne distance.

Naruto trouva que la somme représentait beaucoup de zéros mais il n’en avait pas dit plus, grâce à l’action de Kakashi qui l'avait orienté sur un autre sujet.

Sur le chemin du retour, le fils de Sakumo échangeait d'ailleurs avec Neji à ce propos :

- Kakashi, comment espèrent-ils financer ces travaux ? Les revenus qu’ils obtiennent à Konoha sont faibles, insuffisants pour couvrir les coûts. Le village va devoir…
- Je ne sais pas Neji. J’ai au moins réussi à empêcher Naruto de promettre que Konoha allait supporter toute la charge mais…
- Il faudra de l’aide… Peut-être faire appel aux autres nations ?
- C’est possible mais la générosité en cette période ne sera pas forcément au rendez-vous, sans compter que les nations sont endettées.
- Peut-être est-ce un piège. Endetter Konoha pour que le village dépende encore davantage du Pays des Neiges.

L’intervention de Shino stupéfia Neji et Kakashi. Ils ne l’avaient pas entendu les rejoindre.

- C’est assez osé comme hypothèse déclara Nejii. A ne pas ébruiter, au risque de froisser nos hôtes.
- Elle a pour elle les liens entre les Uzumaki et Shôkishi Anotsu analysa Kakashi. D’un autre côté… cela pourrait aussi favoriser les Uzumaki pour qu’ils obtiennent directement un prêt de la part du Pays des Neiges.
- Possible concéda Shino. Mais n’oubliez pas qu’avec la dette on parle d’effet boule de neige. Ce n’est peut-être pas un hasard…

Il n’en rajouta pas davantage. Il planta là Kakashi et Neji – qui ne savaient pas si Shino était sérieux ou avait fait un jeu de mots – pour partir à l’avant et lancer des insectes afin de repérer la suite du parcours.

Une fois cela fait, il revint au niveau de Kakashi et Neji, pour préciser sa pensée et expliquer la différence entre taux d’intérêt simple et composé, la soutenabilité de la dette et bien d’autres éléments sur le sujet. Neji et Kakashi se regardèrent et pensèrent tous les deux qu’il ne faudrait pas envoyer Shino auprès de Naruto pour lui expliquer tous les dangers que courrait Konoha. Il fera sans doute forte impression auprès de Tsunade mais il risquerait de traumatiser Naruto pensa le ninja au sharingan.

- Au fait, où est Gaï ? s’interrogea subitement Kakashi.
- Avec Lee et Tenten ils empruntent une autre voie pour rentrer. Plus difficile, meilleure pour l’entraînement. Vous connaissez le tempérament de Gaï…

Malgré son masque d’Anbu Kakashi n’avait aucun mal à deviner la mine de Neji quand il parlait ainsi. Gaï, c’est peut-être risqué d’agir ainsi. Si jamais vous tombez dans un piège est-ce que les émetteurs seront assez puissants pour que vous nous contactiez ? Pourrons-nous vous rejoindre à temps ?

Rapidement, Kakashi se rendit compte qu’il s’inquiétait pour Gaï. Etait-ce un mauvais pressentiment ? Il n’eut pas le loisir d’approfondir cette pensée. Il s’arrêta brutalement, comme le reste des personnes du groupe. Neji venait de faire signe de s’immobiliser. Sakura monta à son niveau et redescendit prévenir tout le monde : il avait repéré une silhouette. Shino envoya immédiatement des insectes mais ils furent tous supprimés avant de lui communiquer la moindre information. Et les insectes que j’ai envoyés auparavant ne sont pas revenus. Ont-ils été supprimés eux aussi ?

Kakashi et Naruto montèrent au niveau des deux Anbu :

- Qu’as-tu vu Neji ? s’empressa de demander Naruto.
- Une personne à environ 500 mètres. A en juger par sa taille c’est un adolescent. Il porte une arme. Mais je n’ai pas pu repérer les environs et savoir s’il était seul ou...

Naruto était déjà parti à la rencontre de l’individu.

Naruto… pensa Kakashi. Il faut toujours que tu fonces tête baissée. J’espère que ce n’est pas un piège sinon tu risques de nous mettre en difficulté.

Le 6ème Hokage tomba sur un jeune garçon. Neji avait vu juste. Il avait dans les 14 ans et, vu sa manière de gigoter, ne devait pas être habitué à rester immobile plus de quelques minutes. Une épée lui barrait le dos. Il regarda Naruto dans les yeux et, nullement impressionné, entama le dialogue :

- T’es le Hokage ?
- Et toi ?
- Shinsuke. Epéiste en devenir.

Il ne manque pas de cran ce gamin souffla Kyûbi à Naruto. Ce dernier ne put même pas répondre à son partenaire : Sasuke, Neji, Shino ainsi que Gaïa Uzumaki venaient de le rejoindre. Les autres s’étaient rapprochés mais demeuraient à une petite centaine de mètres.

- C’est qui ce gosse ? demanda Sasuke sans même regarder Shinsuke. On n’a pas que ça à faire. Il veut quoi ?
- Ah oui c’est vrai ça : tu veux quoi ? demanda Naruto.

Shinsuke le regarda d’un air moins mauvais que celui qu’il avait adressé à Sasuke quelques secondes auparavant. Il répondit :

- On perd notre temps Masato-sama, je ne pense pas que ces types-là aient quelque chose à voir avec notre affaire.
- C’est regrettable.

Masato apparut juste à côté de Shinsuke. L’espace d’un instant son manteau sombre sembla engloutir le jeune garçon. Mais ce n’était qu’un effet du vent.

Il avait dissimulé sa présence le temps de repérer si d’autres ninjas traînaient dans les parages. Il n’y avait que ceux-là. Shinsuke avait donc bien fait de les retenir le temps que Masato le rejoigne.

Naruto ne mit pas longtemps à le reconnaître. Tout comme les autres ninjas de Konoha. Gaïa Uzumaki aussi, ce qui déclencha nombre d’interrogations en elle. Le doute n’est pas permis. Masato Anotsu, le fils de Shôkishi. Que fait-il par ici ? A en juger par son allure et la réaction de Naruto ce n’est pas un allié. Il joue les agents doubles ? C’est un déserteur ? Son allure suggère qu’il se déplace rapidement et dort peu. Que peut-il donc bien chercher ?

- L’homme glaçon ! s’exclama Naruto en pointant le doigt dans sa direction. Qu’est-ce que tu fais là ?

En finissant sa question, le Hokage remarqua qu’il n’était plus manchot.

- T’as une nouvelle main ?

Neji analysa cette dernière avec son Byakugan. Une main peu ordinaire. Qu’est-ce que c’est que ce chakra ? Il n’a rien à voir avec le sien. On dirait qu’il se mêle au sien comme celui de Kyûbi avec Naruto.

- Fais attention à toi Naruto le prévint Kurama. Il n’est pas comme la dernière fois. Son chakra est…
- Beaucoup plus froid qu’avant oui. Ses sentiments aussi sont bien plus noirs.


- Vous connaissez Akari Anotsu Hokage ? se contenta de demander Masato.

Naruto tiqua. Ce nom lui rappelait quelque chose. Il s’agit de la fille que j’ai croisée au Pays des Neiges. La fille du seigneur de ce pays je crois. Il rougit quelque peu en pensant à leur première rencontre.

Visiblement la réponse est oui comprit Masato.

- Pourquoi ? Vous la cherchez ? demanda le Hokage. Que lui voulez-vous ?

Masato regarda Naruto. Il n’est pas au courant ? Ou alors c’est une provocation ? Les autres ninjas qui l’entourent n’ont pas réagi à ma question. Donc ils ne savent peut-être rien.

- Elle est morte répondit froidement Masato. Je suis à la recherche de ses assassins.

Tout le monde fut surpris par sa réponse. Gaïa la première. Akari morte, la colère de Shôkishi ne se fera pas attendre. Masato serait son bras vengeur ?

- M… morte ? Mais comment ?
- Violée, mutilée puis… une triste fin.

Le visage de Masato affichait une profonde douleur en même temps qu’une colère sourde. Tout cela, Naruto le ressentait. Pourquoi est-il dans un tel état ? Etait-il amoureux d’elle ?

- Et pourquoi voulez-vous la venger ? demanda le Hokage.
- Peu importe. Vous ne savez rien sur ce qui lui est arrivé et qui lui a fait ça ? Vraiment rien ?

Le chakra de Masato s’intensifia. Ses yeux prirent une couleur bleutée. Il est sérieux pensa Naruto. Je sens clairement des pulsions meurtrières. C’est mauvais.

- Après tout, poursuivit Masato, vous avez rougi donc ma so… Akari… Konoha aurait quelque chose à voir avec sa disparition ?
- De quoi ?
- Êtes-vous promis ou fiancé à quelqu’un ?
- Hein ? Fian quoi ?

Shinsuke se mit la main sur le visage. Oh punaise ça a l’air d’être un bon celui-là ! Comment il a fait pour devenir Hokage ?

Masato perdait patience. Il remarqua les Uzumaki au loin et Gaïa toute proche.

- Et vous ?
- Rien de rien répondit Gaïa sur un signe tête.

Que faire ? se demanda Masato. Je suis en train de me mélanger les pinceaux. Ce n'est pas bon. Récapitulons : Gaïa n’a pas donné d’indices dans sa réponse, le Hokage semble sincère. Aucune réaction ne semble montrer qu’une personne sait quelque chose. Nous n’avions donc rien à faire ici. Orochimaru nous a bien mis sur une fausse piste.

Il serra le poing droit. Autant aller rendre une petite visite aux Habaki, au Pays de la Pluie. Ce détour par le Pays des Tourbillons n’aura pas été inutile, j’ai pu revoir ce drôle d’Hokage.

- Je n’ai plus rien à faire avec vous lâcha Masato.
- A la revoyure ! lança Shinsuke qui était prêt à s’éloigner.

Mais le duo n’avait pas fait trois pas que Naruto les interpella :

- Une minute ! Tu es membre des Ailes et…
- Je n’ai plus rien à voir avec cette organisation.
- Tu as des informations qui pourraient nous être utiles intervint Neji.
- Donc tu vas nous suivre compléta Shino qui venait d’apparaître à la droite de Masato.
- Je n’aurais pas dit mieux conclut Naruto qui se plaçait à sa gauche. Suis-nous et il ne t’arrivera rien.
- Et si je refuse ?

En un éclair les coups furent échangés. Le kunaï de Shino fut évité par Masato, Naruto ne parvint pas à le toucher et se fit repousser par un coup de pied dans le ventre. Un bras de chakra l’empêcha de perdre l’équilibre et le rétablit dans l’instant.

- Shin’ tu restes en dehors de ça compris ?
- Mais euh… protesta Shinsuke qui avait déjà dégainé son épée.

Sur un regard de Masato il finit par accepter. Il planta sa lame dans le sol et s’adossa à elle, les bras croisés.

Le fils de Shôkishi s’adressa à ses adversaires :

- Il n’interviendra pas. Aussi le premier ninja qui s’approchera de lui sera mort avant de l’avoir effleuré. Compris ?
- Soit accepta Naruto.

Neji venait de rejoindre Shino et son Hokage. A trois contre un ils avaient l’avantage du nombre. Pourtant ils sentaient que ce ne serait pas une partie de plaisir.

Shino fut le premier à combattre Masato. Il dégaina un kunaï sur lequel ses insectes s’étaient agglomérés. L’objectif était simple : blesser l’adversaire pour que les insectes s’infiltrent dans la plaie et diffusent un poison paralysant.

Il essaya d’entailler son adversaire au niveau de la jambe, du bras ou de la gorge mais Masato évita soigneusement tout contact. Il finit par faire lâcher le kunaï à Shino d’un coup de pied sur sa main. Le kunaï tomba au sol et Masato envoya un direct du droit dans l’estomac de son adversaire.

- Efficace ces insectes.

Les locataires de Shino s’étaient positionnés juste devant lui et avaient encaissé le choc.

- Ils semblent plus résistants que la dernière fois. J’ai peur que ce soit néanmoins insuffisant.

Le Hyôton de Masato commença à geler les insectes. Shino se recula tandis que des flammes bleues émanaient de Masato et se dirigeaient sur lui.

C’est dangereux pensa Shino tandis que les flammes s’approchaient non seulement de lui mais aussi de Neji et Naruto. Il cherche à nous piéger tous les trois en même temps.

- Mushikame no jutsu !

Un mur d’insectes apparut et protégea les trois ninjas de Konoha. Naruto et Neji regardaient Shino, sans trop savoir quoi faire, tandis que celui-ci contre-attaquait dans le même mouvement : sur un geste, des insectes se mirent à tomber du ciel à l’endroit où se trouvait Masato.

Je vois. Avec ce mur il focalise mon attention, me rendant moins attentif à l’environnement qui m’entoure et à ce qui peut survenir par en-haut.

Le fils de Shôkishi évita tant bien que mal les insectes. Certains l’entaillèrent au niveau de l’épaule gauche mais ce n’étaient que des éraflures aux yeux de Masato. Shino apparut à travers le mur. Par réflexe, la main de Masato fusa à sa rencontre, tel un aimant en direction du métal. Entourée de chakra blanc, elle transperça Shino qui se décomposa en insectes.

Un clone. Veut-il essayer de me voler mon chakra, comme la dernière fois ?

Non, les insectes de Shino ne lui volaient pas son chakra. Ils s’aggloméraient les uns aux autres, ralentissant ainsi les mouvements de leur adversaire.

Shino n’avait même pas eu besoin de faire un signe que Neji était déjà devant Masato ainsi handicapé, prêt à le frapper. Shinsuke commençait à se ronger les lèvres. Il n’aimait pas ça.

Jolie coordination. Les insectes me font me concentrer sur l’Aburame ; ils parviennent à me ralentir et voici que le Hyûga en profite.

Grâce aux enseignements de Sôri Masato connaissait le Jûken et savait aussi pour l’angle mort du Byakugan. Le problème est d’arriver à le trouver. Et vu la configuration de ce combat cela risque de ne pas être possible.

La paume de la main droite de Neji partit en direction de la poitrine de Masato. Des flammes bleues se mirent à dévorer les insectes et Neji eut juste le temps d’arrêter son mouvement pour ne pas être touché. Ce faisant, il laissa une ouverture au niveau du rein droit, qui n’échappa pas à Masato.

Neji comptait là-dessus. Son opposant réduisit quelque peu la distance entre eux pour pouvoir le toucher.

- Le tourbillon divin du Hakke !

Le cousin d’Hinata se mit à tournoyer et à relâcher son chakra par les différentes cavités de son corps. La densité du bouclier ainsi formé était impressionnante. Le contact va être rude. Je devrais bien arriver à lui infliger quelques dommages.

Masato concentra son chakra dans ses pieds afin de ne pas être projeté par le tourbillon. Il recula de plusieurs mètres mais parvint à encaisser tant bien que mal le choc. Il cracha du sang.

- Tu es dans ma zone !

Neji avait tout prévu. S’il amortit le choc alors il sera dans ma zone de frappe. Ce n’était pas le meilleur choix mon ami !

- Les 2 poings du Hakke !

Les deux mains de Neji partirent en direction de Masato. En bloquant ses tenketsus il sera neutralisé et sa capture nous sera grandement facilitée.

Il n’y eut pas les 4 poings. Ni les huit poings. Ni même les seize. Les deux mains de Neji furent saisies par Masato avant qu’elles ne le touchent.

- Mais que ?
- Désolé mais je n’ai pas envie que tu affectes mes tenketsus.

Il a anticipé mes actes ? Il avait pensé que je pourrais faire cela s’il encaissait mon tourbillon divin ? C’est lui qui me piège finalement ?

Masato entraîna Neji à lui et lui envoya son genou dans le ventre. Pour se défendre Neji relâcha du chakra mais ce fut insuffisant et la violence du coup manqua lui faire perdre connaissance. Les coups s’enchaînèrent mais Neji tint bon. Il était un Anbu désormais et la défense était sa grande spécialité. Sur un coup au niveau du plexus, Neji s’écarta, et parvint à toucher Masato avec la paume de sa main gauche. De quoi administrer un coup à son adversaire, ce qui le déstabilisa.

- Maintenant Naruto !

Ils ont tout prévu depuis le départ réalisa Masato en voyant Naruto, un orbe Shuriken à la main. Voilà pourquoi les autres ninjas sont restés à bonne distance avec Kakashi. Il pouvait absorber les éventuels débris d’une telle technique.

- Neji pousse-toi !

En mode Kyûbi, Naruto combla en un éclair la distance qui le séparait de Neji et de Masato. Il éloigna Neji grâce à un bras de chakra tout en envoyant de toutes ses forces l’Orbe Shuriken au niveau de Masato.

- Naruto tu ne disais pas que tu voulais le capturer ? Là tu risques de le tuer…
- C’est maintenant que tu me le dis Kurama !? La tuile…


L’orbe shuriken fut lancée à si vive allure que Naruto n’eut même pas le temps de la dévier. Je vais me faire disputer pour avoir éliminer une telle source d’informations…

- Hyôton – Le mur des glaces !

La déflagration produite fut impressionnante et tous se protégèrent le visage pour ne pas recevoir de débris de pierre ou d’arbre.

Tandis que la poussière se dissipait, ils ressentirent que la température s’était rafraîchie.

- Ne me dites pas que… commença Kakashi.

Masato était toujours en vie, ce qui ne satisfaisait que deux personnes : Shinsuke et Naruto qui, ainsi, ne se ferait pas disputer. J’ai bien fait de ne pas le sous-estimer !

- Bien joué ! le complimenta Naruto. Mon Orbe Shuriken a fait un joli trou dans ton mur mais il a tenu bon.

Son adversaire ne répondit pas. Il avait besoin de répondre sa respiration. Cette technique de protection était parmi les plus coûteuses en chakra, particulièrement sur un terrain comme celui-ci, dépourvu de toute neige et de glace. A ce rythme je ne vais pas tenir. Ce voyage m’a plus affaibli que je ne le pensais.

« Alors laissez-moi vous aider. Nous pouvons les battre. »

- Masato-sama…

Shinsuke n’aimait pas voir ce regard. Les flammes bleues se mirent à danser dans les yeux de Masato et lorsque Naruto arriva à sa rencontre, avec un simple Rasengan dans les mains et en mode ermite, il fut balayé contre un amas rocheux. L’action fut si rapide et violente que Kakashi fut le seul à pouvoir la suivre, grâce à son sharingan.

- Ouille gémit Naruto. Heureusement que j’avais le mode Ermite pour encaisser.

Fais attention Naruto !

L’avertissement de Kyûbi le sauva d’une vague de flammes bleues qui se jetait sur lui. En un instant il put passer en mode Kyûbi et se déplacer rapidement, de sorte qu’un éclair jaune échappa aux flammes.

- Vous êtes plus rapide que mes flammes, enfin pour le moment.
- Un homme glaçon et flambeur, ce n’est pas commun.

Masato en sourit presque. « Bien, assez plaisanté Hokage. »

Les deux adversaires foncèrent à la rencontre l’un de l’autre. Le poing de Naruto rencontra une protection de glace érigée par Masato et le pied de celui-ci fut arrêté par une main de chakra. Elle le projeta en l’air. Pour ne pas laisser le temps à Naruto de préparer une attaque, Masato composa des mudras et des pics de glace s’abattirent sur la zone de combat.

Grâce à sa vitesse et à quelques contorsions Naruto en sortit indemne. C’était juste ! Il se mit à concentrer son chakra tandis que Masato tombait à sa rencontre.

- Wakusei Rasengan !
- Hyôton – La bombe à froid !

Le contact entre les deux attaques généra un impressionnant éclair de lumière. Naruto avait du mal à voir où était passé son adversaire.

- Bon sang, mon Rasengan a été gelé par son attaque ! C’est qui ce type ?!
- Naruto derrière !


Le gel du Rasengan et la lumière produite par l’explosion de la bombe avaient permis à Masato de se déplacer sans pouvoir être repéré par Naruto. Il était derrière lui, la main droite chargée de chakra. Elle s’abattit sur son adversaire.

- Hyôton – Les pointes de diamant !

Il y a du chakra dans ce coup-là gamin attention !

Le coup de Masato s’écrasa contre une masse de chakra violette. Il l’entailla mais n’atteint nullement Naruto qui s’était, en partie, retourné. Cette masse ressemblait à une main géante qui avait entouré le Hokage, pour le protéger.

Ce n’est pas son chakra comprit Masato en se reculant de quelques pas. Il regarda autour de lui et sut ce qui s’était passé. Son chakra prit alors une couleur bleutée, à l’instar de ses yeux. Cela va devenir plus compliqué de partir d’ici.

« Le Hokage ne devrait pas se charger d’un tel minable » commença Sasuke en rejoignant Naruto. La main de son Susanô disparut. « Je m’occupe de ce type sinon, avec toi, on y est jusqu’à demain. »

Naruto sourit tout en se redressant. « Parce que tu crois que tu le battras plus rapidement que moi ? Je voudrais bien voir ça ! »

Les deux anciens partenaires de l’équipe 7 furent rejoints par Sakura, qui comptait bien aider ses deux coéquipiers et faire enrager Karin par la même occasion. « Ne m’oubliez pas s’il-vous plaît ! A nous trois on a toutes nos chances ! Comme lors de la dernière guerre. »

Neji et Shino reçurent l’appui de Kakashi : ils allaient rester en retrait tout en se tenant prêts à intervenir si une opportunité se présentait.

- De nouveaux adversaires ?
- Et pas des moindres commença Naruto. Tu vas te frotter à la célèbre équipe 7 de Konoha !

C’est un ninja médecin analysa Masato en regardant Sakura. Elle préfèrera sûrement le corps-à-corps. Quant à lui… Les yeux de Masato croisèrent ceux de Sasuke.

« Un Uchiha » débuta Masato dont la voix devenait bien plus froide et sombre. Son chakra bleu prit une allure nettement plus menaçante, comme s’il s’animait. « Tu n’auras pas ton grand-frère pour te protéger cette fois-ci. »
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MessagePosté le: Ven 08 Nov 2013, 1:27 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 70 : Un de chute


- Allez Sas’ke démolis ce type ! Sasuke wou-ouh...

Karin s’époumonait et gesticulait dans tous les sens pour encourager son champion. C’était le meilleur moyen qu’elle avait trouvé pour rappeler à qui l’aurait oublié que le frère d’Itachi était pour elle.

- Je m’occuperai de soigner tes petits bobos à la fin du combat.

La remarque lui valut un regard passablement agacé de Sakura qui regretta de perdre sa concentration à cause de cette Uzumaki. Je connais Sasuke, il n’est pas intéressé par une fille de ce genre. Concentre-toi Sakura, ton véritable adversaire est devant toi.

Naruto s’apprêtait à chambrer Sasuke sur son fan-club local mais en voyant la mine de ce dernier il préféra ne rien dire. Le fils de Mikoto ne goûtait que modérément les propos de Karin. C’est dans des moments comme ça que j’en viens presque à regretter de ne pas l’avoir transpercée plusieurs fois lorsque Danzô l’avait prise en otage pensa-t-il avant de dissiper cette idée et de braquer son sharingan simple sur Masato.

- Punaise elle va pas la fermer ? A parler comme ça et à gigoter comme elle le fait, j’en ferais bien une cible pour un Bijûdama…
- Ah non Kurama, pas de ça ici. Les Uzumaki n’apprécieraient pas !
- Si on ne peut plus plaisanter…


- Bon on y va ? demanda Sasuke.
- Tu ne veux pas attendre que ta supportrice en ait fini ? demanda Naruto.
- Elle ne s’arrêtera pas soupira-t-il. Occupons-nous de ce type.
- Allons-y les gars ! clama Sakura.

Les trois ninjas se mirent en position de combat. Une profonde concentration se lisait sur leur visage. Le droit à l’erreur n’était pas permis.

Ils n’ont pas besoin de se parler avant de passer à l’offensive ? s’interrogea Masato. A moins qu’ils ne communiquent par signes ?

- Sasuke, n’oublie pas qu’on doit le prendre vivant. Sakura ne pourra rien faire si tu le tues.
- Oui oui…

Le jeune Uchiha repensait au combat qui l’avait opposé à Kabuto. Son frère était alors à ses côtés. Il lui avait fait le même genre de remarques que Naruto. Est-ce que ce sera la même chose que cette fois-là ? Itachi…

Sakura fut la première à passer à l’action. « Shannaro ! » cria-t-elle en assénant un coup de poing monstrueux sur le sol, qui redessina l’environnement proche. Un effondrement de terrain eut lieu et plusieurs morceaux de roches s’élevèrent dans tous les sens.

Pour un peu Masato avait l’impression d’apercevoir la Mer de glace, au Nord du Pays des Neiges, où les icebergs visibles dessinaient sur la mer un paysage de ce genre. Avec ça mon champ de vision est brouillé. Ils risquent d’en profiter pour attaquer et je ne pourrai les voir qu’au dernier moment.

Des mains de chakra surgirent aussitôt et tentèrent de le saisir. Un pas sur la gauche, un sur la droite, un rapide demi-tour et un salto arrière lui permirent de les éviter. Il posait à peine le pied par terre qu’il sentit le bruit d’une roche en train de se fendre. Une flèche de Susanô était à l’origine de ce son. Elle s’encastra dans le sol, après être passé à un cheveu de Masato.

- Sasuke, fais gaffe ! s’exclama Naruto. Tu y vas trop fort, tu vas le tuer !
- Parce qu’avec ton orbe shuriken de tout à l’heure tu le ménageais peut-être ?

Naruto ne répondit pas. Il avait gaffé et n’en était pas fier. Surtout, leur adversaire était encore en vie. Et en un seul morceau.

Un rapide mouvement de tête sur la droite avait évité à Masato de perdre son œil et une partie de son visage. Un filet de sang coulait, au niveau de sa joue. Ce n’est pas passé loin. Ils se connaissent bien aussi leurs attaques sont encore mieux coordonnées que celles du trio de tout à l’heure.

« Avec moi à vos côtés vous ne craignez rien. » entendit Masato intérieurement. J’aurais plutôt tendance à penser l’inverse…

Le temps d’évaluer la position de ses adversaires et Masato constata que Sakura s’était rapprochée. Suffisamment pour se retrouver au corps-à-corps avec son adversaire. Elle était agile et suffisamment vive pour éviter d’être touchée par Masato. Une vraie ninja médecin. Elle anticipe mes mouvements et protège ses points vitaux. Il ne faudrait pas que le corps-à-corps avec elle s’éternise car elle risque de prendre l’ascendant.

L’élève de Tsunade se rappelait de son combat contre Sasori. Et elle pensait à Chiyo, par la même occasion. J’espère que vous pouvez me voir là où vous êtes. Et que vous pouvez apprécier les progrès que j’ai accomplis.

Elle se recula de trois pas, saisit un gros bloc de pierre qu’elle lanca sans élan sur Masato. Tout le monde ouvrit les yeux devant cette force herculéenne. Karin commença presque à regretter de l’avoir agacée tandis que Neji se demandait quelle tête ferait Lee s’il voyait Sakura se battre ainsi. Il va être vert de rage d’avoir manqué ça…

Le rocher se désintégra au contact de Masato. Tout le monde était stupéfait – sauf Shinsuke, toujours adossé à son épée. Ça y est, il devient sérieux.

L’objet n’avait pas été englouti comme Obito ou Kakashi auraient pu faire avec leur sharingan. Non, le rocher avait bien été projeté sur Masato. Ce dernier ne l’avait pas arrêté. Il l’avait réduit en poussière, une espèce de cendres traînant à ses pieds. Quelques fragments de roches sur le sol témoignaient du choc qui, autrement, n’avait donc guère laissé de traces.

« Parce que tout est poussière et retourne à la poussière. Tel est le pouvoir dont vous disposez avec cette main Masato Anotsu, le pouvoir de votre ancêtre. Détruire ou créer à vous de choisir. »

J’aurais pu sauver ma sœur avec ces capacités ? demanda Masato intérieurement. La voix ne répondit pas. Et mon père aurait-il pu le faire ? Aucune réponse ne fut donnée.

Masato était encore perdu dans ses réflexions quand une volée de kunaïs fut lancée dans sa direction. Comme une défense automatique, un rideau de flammes bleues les détruisit.

- On préfère rester à distance désormais jeune kunoïchi ?

Sakura était quelque peu désorientée. Naruto intervint et essaya de saisir Masato mais ce dernier, avec une vivacité peu commune, échappa aux différentes mains de chakra pour fondre sur Sakura. Sa main fusa en direction du cœur de la kunoïchi.

- L’enfoiré ! hurla Naruto qui filait déjà dans leur direction.

La main de Masato ne fit qu’effleurer la poitrine de Sakura. Une épée venait de manquer de peu de lui couper le bras. Chargée de Raiton elle était passée à quelques millimètres de la chair de Masato. Le frère d’Akari regarda dans la direction d’où provenait l’épée. Il trouva Sasuke, le Mangekyou Sharingan activé.

Le Hokage arrivant sur lui, Masato bifurqua sur sa droite et bondit sur le côté pour éviter une nouvelle flèche de Susanô. La fille devrait rester en retrait un petit peu. Il faut que je mette hors-combat un des deux autres maintenant.

Le sol se fissura et une main de chakra fit trébucher Masato, qui se réceptionna sur le sol. Le temps de relever la tête et Sasuke était devant lui. Entouré de Susanô, le jeune Uchiha le regardait de haut.

- Voilà quelle est ta vraie place le railla-t-il.
- Permets-moi d’en douter gamin.

Une lame apparut dans la main droite de Susanô. Elle tomba sur Masato à une vitesse telle que Naruto crut que Sasuke avait coupé en deux leur adversaire.

Je l’ai eu ! pensa Sasuke avec un léger sourire.

Non. Il ne l’avait pas eu. La lame de Susanô butait sur quelque chose, Sasuke le remarqua rapidement. La main gauche de Masato empoignait la lame et l’empêchait d’avancer.

Le bras droit de Masato se leva. « Voyons voir ce que vaut ton Susanô sur le plan défensif. »

Toutes les personnes observant le combat sentirent une vague de chakra terrifiante se concentrer sur le membre droit de Masato.

Sasuke, ton Susanô risque de ne pas pouvoir encaisser un tel choc pronostiqua Kakashi. Comment peut-il avoir de telles techniques en réserve ? Qui est ce ninja ? Gaïa Uzumaki a l’air de le connaître, il faudra l’interroger.

- L’épée des sept hivers !

Le coup porté fut d’une violence inouïe. Susanô fut sur le point de se briser et de violentes rafales balayèrent la zone de combat. Mais l'armure tint bon. L’attaque n’avait rien à voir avec le coup qui avait visé Naruto. Elle était bien plus puissante et infligea de profondes meurtrissures dans le sol.

- On dirait que Susanô en redemande.

Masato releva son bras droit pour une deuxième salve. Et il disparut du champ de vision de Sasuke, remplacé par Naruto, le pied droit en avant.

- Je n’avais pas besoin de ton aide ! pesta faussement Sasuke.
- Ouais je sais mais je me suis dit que c’était le bon moment pour te voler la vedette.

Les deux ninjas se regardèrent et échangèrent un sourire. « Allons terminer le travail ! » s’exclama Naruto. Sasuke lui emboîta le pas.

Le choc avait projeté Masato à plusieurs mètres. Mais pas n’importe où. Sakura l’attendait et sauta en l’air afin de lui porter un coup au niveau du ventre.

- Ôkashô !

Masato amortit le choc avec une protection de glace mais l’impact au sol lui infligea plusieurs contusions. Il pensait même avoir une côte fêlée. Quelle force. Et surtout elle ne faiblit pas au cours du combat. Elle n'a plus grand-chose à envier à Tsunade à ce niveau-là.

Sakura était prête à recommencer mais Sasuke se plaça devant elle, alors que Masato se relevait. Echaudé par l’attaque de Masato, le jeune Uchiha voulait sa revanche. Il ferma les yeux. Son chakra se concentra, son adversaire le remarqua instantanément. Une technique du sharingan se prépare.

Un peu de sang coula de l’œil gauche de Sasuke avant qu’il ne l’ouvre :

- Amaterasu !

Les flammes noires se développèrent rapidement au niveau de Masato.

Je vais le laisser brûler un peu, Sakura pourra toujours soigner son épiderme pensa Sasuke.

Mais une nouvelle fois son adversaire résistait. Les flammes noires semblaient bloquées dans leur avancée par quelque chose. D’autres flammes, bleues, les contenaient. Sasuke, Naruto et Sakura virent que leur adversaire était enveloppé d’une intense quantité de chakra bleu.

- Naruto il faut en finir rapidement avec lui. Je n’aime vraiment pas ça souffla Kurama à son partenaire.

Les trois ninjas de Konoha échangèrent un regard. Le plan était arrêté. Sakura frappa le sol avec son poing droit, faisant ainsi s’effondrer la zone où était Masato. Sasuke activa Susanô et bombarda la zone avec des flèches tandis que Naruto filait en direction de son adversaire, tout en espérant que Sasuke ne le viserait pas.

Une violente décharge de chakra repoussa le Hokage. Des boules de feu bleu jaillirent en direction de Susanô et Sasuke les évita. Elles avaient englouti sans problème les flèches qu’il lançait.

Je ne sais pas si j’arriverai à reprendre le contrôle… pensa Masato alors qu’il sentait son esprit partir.

Il avançait en direction de ses adversaires. La crainte montait en eux.

Mais où est la fille ? pensa Masato.

« Attention, sur votre droite ! »

Il était trop tard, renversant un rocher, Sakura tenta d’applatir Masato au sol avec un coup de poing. Il l’évita et dût se reculer suite à l’onde de choc que le coup occasionna. Son équilibre était perturbé et Masato sentit, dans son dos, que quelqu’un arrivait, profitant de cette ouverture. Il se retourna et vit Naruto, un Rasengan à la main. Il se préparait à contre-attaquer mais le Rasengan fut soudain poussé par une main de chakra si rapidement que Masato ne put qu’esquiver maladroitement.

Une autre main de chakra le saisit à la jambe et le projeta sur la gauche. Il se fracassa contre l’armure de Susanô de Sasuke. C’était un Susanô bien plus impressionnant que précédemment. Masato le remarqua en crachant du sang.

Il mit un genou à terre. Je vais bientôt atteindre ma limite sauf si je laisse cette voix m’aider davantage... Le temps de se relever et Sakura lui adressa un uppercut qui manqua de lui faire perdre connaissance.

Je vais y passer.

Le visage d’Akari lui revint en mémoire. Non, je ne peux pas m’arrêter maintenant. A demi-conscient il composa des mudras et ses yeux prirent une couleur bleutée encore inédite, même pour Shinsuke.

- Hyôton – Tempête de glace !

Une tempête et un blizzard de grande ampleur s’abattirent sur le champ de bataille. Le vent soufflait si fort qu’il aurait pu faire tomber les visages de pierre des Hokage.

Mais avec son sharingan, rien n’échappait à Sasuke. Quel idiot. On n'échappe pas au sharingan. Il dégaina son épée de Kusanagi, la chargea de Raiton. Son adversaire était toujours de dos. Il la lança. La tempête s’arrêta.

Masato s’effondra sur le sol. Sasuke l’avait frappé en pleine poitrine.

Naruto se tourna en direction de Sakura, un sourire sur le visage. Bon on ne pourra peut-être pas le faire parler mais il était trop dangereux pour qu’on puisse le capturer.

- On l’a eu !

Il ne comprit pas pourquoi le visage de Sakura n’était pas joyeux, pourquoi une crainte grandissante apparaissait. Sa bouche se déformait en une grimace étrange. Quels étaient les mots qu'elle articulait ? Ce fut Kurama qui le poussa à se retourner.

Naruto s’exécuta et il comprit la réaction de Sakura. Ce n’était pas fini.

Sasuke crachait du sang. Aussi hallucinant que cela puisse paraître Masato était derrière lui. Un clone s’était fait avoir par l’épée de Kusanagi. Le vrai avait percé Susanô et une épée de glace traversait Sasuke au niveau du sternum.

- La bourrasque qu’il a créée était si puissante que Susanô a été affaibli. Il s'était cloné juste avant et il en a profité pour frapper !
- Ce type est redoutable Naruto. Je ne sais pas si nous aurons de nouveau l’avantage.


Susanô se dissipa. Sasuke tomba, un genou à terre. Puis deux. « Même dans ta chute tu es lent » entendit-il.

Le sang coulait sur le sol. Son sang. Il se rappelait quand il avait transpercé Itachi, dans une illusion. La douleur était-elle aussi forte ? Il avait le sentiment que son adversaire avait évité ses points vitaux mais il avait mal, si mal. Et il sentait le regard froid, impitoyable de Masato sur lui.

- Les Uchiha ont-ils une prédisposition à être transpercé dans le dos ? lui demanda Masato d’une voix glaciale.

Sasuke ne répondit pas. Ses yeux se fermaient et il sentait qu’il ne les rouvrirait peut-être jamais.
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MessagePosté le: Sam 16 Nov 2013, 10:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 71 : Entre de bonnes mains


Masato regardait Sasuke. La vie quittait ce corps qui gisait au sol. Les Uchiha sont moins arrogants quand ils sont dans cette posture pensa-t-il, malicieusement. Autant en finir et abréger ses souffrances.

Une pique de glace apparut du sol. L’adversaire de Sasuke l’empoigna et la pointa au niveau de la gorge du jeune Uchiha. « Ça n’a rien de personnel. »

Sasuke n’esquissa pas le moindre geste, pour se protéger ou se déplacer sur le sol. Le bras de Masato s’abaissa. Le pique de glace s’encastra dans le sol. A quelques centimètres du torse de Sasuke.

Naruto était intervenu. Rapide comme l’éclair, il avait plaqué Masato dans un élan de colère peu commun. Il l’attira à plusieurs mètres de son camarade et l’encastra dans des rochers, permettant ainsi à Sakura d’intervenir.

- Et que se passe-t-il si le terrain où se trouvent vos camarades est piégé ?
- Quoi ?

Le Hokage se retourna : il vit le sol se couvrir de glace et des piques jaillir. Sakura arriverait-elle à sauver Sasuke ? Allaient-ils tous les deux y passer ?

Quelque chose se cassa alors en Naruto. La crainte de perdre ses deux camarades fit monter un sentiment de colère et l’envie grandissante de tuer la source de ces maux.

Fort heureusement, Neji détruisit certaines piques avec son Jûken, tandis que des Uzumaki recourraient à une technique Doton pour bloquer l’apparition des piques de glace. Kakashi attrapa Sasuke et le tira à l’écart, tandis que Shino faisait de même avec Sakura.

- On dirait que j’ai raté mon coup.
- ENFOIRE ! explosa Naruto.

Le cri déchira la zone de combat. Son poing droit s’écrasa contre la joue de Masato. Il ne bougea pas. Le Hokage le jeta au sol, le frappa. Il se clona, quatre clones bloquèrent les bras et les jambes de Masato tandis que le vrai continuait à frapper encore et encore.

- Ça c’est pour Konohamaru, celle-là pour Tsunade…

Des images remontaient à la surface tandis qu’il usait ses poings sur son opposant. Il avait déjà vécu cette scène : lorsque Gaara était mort et qu’il s’était défoulé sur Deidara. Il avait alors plus ou moins perdu le contrôle. Aujourd’hui la même chose se reproduisit, mais dans une logique bien différente. Kurama intervint et bloqua le coup de Naruto.

- Tu fais quoi là ?! pesta intérieurement le jeune homme.
- Je t’empêche de le massacrer. Tes amis vont bien Naruto. Calme-toi. Si tu continues tu risques de le tuer et…
- Peu importe ! Il a..
- Où est passé celui qui voulait sauver Obito ? Il faisait bien pire que ce type et pourtant tu n’as pas cherché à le tuer. Tu aurais changé ? Maintenant tu tues avant de parler ?


Naruto dut se rendre à l’évidence : Kurama avait raison. Il s’était emporté, comme s’il avait besoin de décharger certaines choses qui s’étaient accumulées ces derniers temps.

- Bon sang, heureusement que tu es là Kurama, j’aurais fait une…
- Un partenaire est là pour dire quand ça ne va pas gamin. Reconcentre-toi plutôt sur ton adversaire. Calmement cette fois-ci.


Naruto regarda Masato, toujours au sol. En dépit des coups reçus pas un son, pas une plainte n’avait été émise. Le Hokage se releva, recula de quelques pas et fit disparaître les clones. Son adversaire se redressa : du sang coulait de sa bouche, de sa joue, de son arcade droite. Pourtant il était debout et toujours disposé à se battre.

- Pratique ces clones murmura-t-il. Très utile pour combattre et aussi pour s’occuper lorsqu’on est seul. Je vous envie presque de pouvoir en faire tant.
- Ils ne remplacent pas les amis répondit Naruto en se rappelant de ces parties de cartes avec ses clones et de la bagarre qui en résultait invariablement pour savoir qui avait triché et qui était le vainqueur.
- Je comprends sourit Masato. Il est plus calme désormais. Les autres ninjas semblent vouloir le laisser régler cette affaire seule. Du moins pour le moment. Je dois agir et vite.

Masato fit un pas et Naruto un geste pour lui dire de s’arrêter :

- Tu es dans un sale état. Tu ferais mieux de te rendre. Je ne veux pas d’un combat inégal.
- Vous craignez de me tuer ?
- Je voudrais éviter.

Son adversaire le regarda droit dans les yeux. Son regard était si froid que les flammes bleues qui dansaient dans les pupilles de Masato mettaient Naruto mal à l’aise.

- Je suis déjà mort Hokage.

« C’est sûr que si vous ne me laissez pas vous aider davantage vous rejoindrez votre sœur sous peu… »

L’échange de coups fut rapide. Naruto asséna un violent coup de pied dans les côtes de Masato alors que celui-ci, avec sa main gauche, décomposa une partie du manteau de chakra de Naruto. Ce dernier ressentit une violente douleur à l’épaule gauche, erraflée par la main de Masato.

Il m’a laissé le frapper exprès, pour que je lui laisse une ouverture. J’ai intérêt à faire attention sinon il va me découper en morceau.

Tandis que le manteau de chakra recouvrait de nouveau Naruto et que le chakra de Kurama le soignait, plusieurs mains de chakra apparurent. Elles se mirent à viser Masato, pour le saisir ou lui lancer un Rasengan. Celui-ci évita les assauts sans trop de difficultés même s’il commençait à ressentir les coups reçus. Peu à peu il ne pourrait plus suivre la cadence. Ce n’était qu’une question de temps. Et encore, il n’affrontait à présent que le Hokage. Si d’autres ninjas le rejoignaient…

« Je pourrais vous soigner Masato… Je ne fais qu’inhiber la douleur pour le moment mais c’est insuffisant. Laissez… »
Merci mais j’ai encore besoin de ma tête.
« Vous avez plus de chance de la conserver en acceptant mon offre qu’en poursuivant ainsi. Vous êtes proche de votre limite »

Elle avait raison. Masato ne pouvait le nier. Mais il comptait bien tout donner avant de céder.

- Les flammes infernales !

Un tourbillon de flammes bleues se jeta sur Naruto.

De là où elle était, Sakura voyait son camarade bondir de tous les côtés pour éviter d’être touché par cette attaque. Elle se demandait quoi faire. Aller aider Naruto ? Rester auprès de Sasuke pour le soigner ? Ce choix la déchirait. Naruto est-ce que je dois te laisser régler cela seul ? Nous sommes une équipe et je… Mais Sasuke il est…

En apercevant Karin s’approcher du jeune Uchiha Sakura décida pourtant de la laisser s’occuper de lui, pour porter secours à Naruto.

- Je lui ai administré les soins d’urgence. A toi de terminer le travail.
- Je sais ce que j’ai à faire. Je connais très bien le corps de Sasuke avança Karin en ajustant ses lunettes pour mieux voir la mine de Sakura.

Cette dernière sourit en entendant la fin du propos de Karin. Un faux sourire. Une veine apparaissait sur sa tempe droite. Vas-y Sakura défonce cette peste ! lui criait son for intérieur.

Elle n’en fit rien. Naruto a besoin de moi. Je n’ai pas de temps à perdre avec cette tarée.

- Je vais avec toi Sakura intervint Kakashi. Nous ne serons pas trop de deux pour épauler Naruto.
- Bien Kakashi-sensei.

Que la lèvre inférieure de Shinsuke soit encore en un seul morceau relevait du miracle. A force de la mordre au fur et à mesure que son inquiétude grandissait il devait prendre une décision. Si je reste là Masato-sama risque d’être pris. Hors de question que je parte sans lui.

Il jeta un rapide coup d’œil au champ de bataille. Si on se déplace rapidement on pourra prendre par cette forêt. Là il y aura moyen de les perdre. Enfin si Masato-sama n’est pas dans un trop mauvais état.

Toujours alerte, il vit Kakashi et Sakura se diriger vers les deux combattants. Cela ne sent pas bon. Encore que.. Un sourire malicieux parcourut le visage du jeune épéiste.

- Eh bien Hokage, on fatigue ?

Naruto leva le poing, Masato l’évita et lui en envoya un dans le ventre. Naruto mit un genou à terre. Les coups de Masato se faisaient plus durs.

Il doit jeter ses dernières forces. Donc il va essayer de m’infliger le plus de dégâts possible.

Masato ferma les yeux un bref instant. C’était à quitte ou double à partir de maintenant. Le chakra dont je dispose me permettra une ou deux techniques d’un niveau acceptable. Il faut que je le touche au prochain coup.

Il concentra du chakra dans sa main droite. Il la posa au sol : ce dernier se recouvrit immédiatement de glace. Naruto bondit en l’air pour ne pas être touché. Il était tombé dans le piège : Masato était déjà à son niveau.

- Bon sang Naruto, il a utilisé la surface gelée pour se projeter à ton niveau !
- Une variante redoutable de la technique d’Haku. Prépare-toi Kurama, le choc va être rude.


La main de Masato se dirigeait vers le bas-ventre de Naruto. Je vais l’avoir. Avec une telle blessure il se tiendra tranquille.

Le fils de Shôkishi vit alors son bras droit tomber le long de son corps. Et une profonde douleur parcourir tout son être.

- On dirait que j’arrive à temps, Naruto.
- Kakashi-sensei !
- Ne m’oublie pas Naruto !

D’une droite, Sakura abattit Masato sur le sol. Kakashi avait blessé sérieusement Masato à l’épaule droite avec un Raïkiri. Le bras droit de Masato ne bougeait plus qu’avec difficulté.

Masato eut à peine le temps de faire un petit bilan de son état que les trois ninjas de Konoha l’entouraient.

- Je crois qu’il a son compte.

« Vous allez les laisser vous capturer ? Est-ce là la fin de votre quête ? »

Masato leva les yeux tout en appliquant sa main gauche sur la plaie de son épaule droite. Le ciel était bleu. La légère brise qui soufflait agréable. S’il n’était pas aussi abîmé et fatigué par ce combat, les kilomètres avalés sans trop dormir et manger, il aurait presque trouvé cette situation agréable. C’est à se demander si j’ai pris la bonne décision en voulant te venger, Akari...

« Vous renoncez donc ? Voilà qui est bien dommage. »

Il regarda ses adversaires. Et il sourit. Pas encore. Un Shinsuke et ça repart.

Le sourire de Masato surprit ses trois opposants. Qu’a-t-il en tête ? s’interrogea Kakashi. Une question similaire parcourait l’esprit de Naruto et de Sakura. Naruto et Kakashi se rapprochèrent de Masato, laissant Sakura à quelques pas derrière eux. Allait-il déclencher une explosion ? Anticipant cela, le sharingan de Kakashi se transforma en kaléidoscope hypnotique. Qu’il tente quelque chose de dangereux et je le priverai d’un membre. Ou plus si besoin.

- Sakura, peux-tu le soigner pour qu’il puisse tenir le temps que nous retournions à Konoha ? demanda Naruto sans se retourner, le regard fixé sur Masato. Les services d’Ibiki se feront une joie de l’interroger.
- Je crains de ne pas pouvoir honorer votre invitation.
- Tu n’es pas en état de négocier quoi que ce soit répliqua Kakashi, pour éviter que Naruto ne tombe dans une joute verbale.
- Pourtant vous allez le laisser partir.

Naruto et Kakashi se retournèrent tel un seul homme. Shinsuke était derrière eux. Il tenait Sakura fermement. Il lui avait ligoté les mains et bâillonné la bouche. Sa rapidité d’exécution surprenait Masato

Les deux ninjas de Konoha ne se demandaient même pas comment Shinsuke avait pu procéder pour s’approcher sans qu’ils le remarquent et sans que les autres ninjas ne les préviennent. La seule chose qui les préoccupait à cet instant était la lame de l’épée de Shinsuke, plaquée contre la gorge de Sakura.

- Bon sang ! s’écria Naruto en frappant le sol avec son poing. Sakura, je vais te…
- Je vous conseille de ne pas faire le moindre geste Hokage. Il est jeune mais il sait manier son épée et connaît parfaitement les points vitaux de l’être humain. Une coéquipière morte ou sérieusement handicapée ne vous plairait sans doute pas.

Le Hokage se retourna. Bon sang à chaque fois que je le rencontre il faut qu’il trouve un moyen de s’échapper. Et cette fois je ne pense pas que la Sakura prise en otage soit un clone.

- Si vous vous en prenez à Sakura Konoha et l’alliance vous poursuivront menaça Kakashi, glacial. Vous serez traqués et éliminés sans aucune pitié. Pire que des déserteurs.
- C’est déjà notre quotidien Kakashi Hatake répliqua Masato.

Shinsuke profita de l’échange pour se placer aux côtés de son compagnon de galère, Sakura étant toujours fermement maintenue. Ce gamin, il ne plaisante pas. Sa manière de me ligoter et de me maintenir ne me laisse pas le moindre espace pour me libérer seule.

Elle regarda Naruto, Kakashi et au loin, les autres ninjas présents. Je sais que vous viendrez me libérer.

La scène n’avait échappé à personne mais nul n’osa s’avancer. Tous craignaient que Shinsuke ne blesse Sakura pour montrer qu’il ne plaisantait pas. Tous ? Non ! Karin savourait la situation. Mordue par Sasuke qui récupérait lentement quelques forces elle succombait à cette délicieuse sensation tout en observant, avec un certain plaisir, la situation de Sakura. Quel dommage que mon Sasuke ne soit pas suffisamment remis pour voir cette pimbêche capturée. Là elle fait moins sa fière ! Le temps où Sakura lui avait sauvé la vie semblait loin.

Voyant que ses deux adversaires ne semblaient pas décidés à les laisser passer, Shinsuke entailla la gorge de Sakura avec sa lame. Du sang coula et tâcha le vêtement de la kunoïchi. « Elle a beau être une médecin douée, je ne pense pas qu’elle soit capable de se recoller la tête si je la décapite » déclara le fils de Ryuichi. « Alors messieurs, on fait quoi ? »
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MessagePosté le: Dim 24 Nov 2013, 5:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 72 : La main dans le sac


Ils avaient quitté l’hôpital le lendemain de leur entrevue avec Mayu. Dès lors ils avaient cherché par quels moyens ils pourraient pénétrer dans les quartiers du clan Hyûga sans être repérés. Avant tout, il fallait se faire une idée plus précise concernant l’apparence de Tadase : inutile de prendre des risques si, finalement, la personne recherchée était absente.

Après avoir interrogé Iruka et quelques autres ninjas, les trois enquêteurs en herbe s’étaient fait une vague idée de l’apparence de Tadase Hyûga : un jônin avec une cicatrice au niveau du menton. Rien de décisif mais Renji était persuadé que cela suffisait. Koizumi en doutait mais n’avait rien dit. Depuis qu’ils étaient sortis de l’hôpital elle avait un mauvais pressentiment. Le silence lui avait néanmoins paru préférable. Autant ne pas les inquiéter. Et puis Renji est tellement excité qu’il ne voit pas les risques. Et Shotaro n’osera pas s’opposer car il a très envie de faire un coup. Je dois veiller à ce qu’il ne leur arrive rien de mal.

Certes, tout n’avait pas été rose pour eux à leur sortie de l’hôpital. Jin, le frère de Renji, les attendait et ils avaient dû répondre à ses questions. Devant leur peu de coopération, Jin avait opté pour une méthode assez radicale : Renji s’était retrouvé suspendu au-dessus de la rivière, son frère le tenant par la jambe gauche et promettant de le noyer s’ils ne disaient pas la vérité. La sœur de Koizumi était alors intervenue et Renji en avait été quitte pour une bonne frayeur – son frère lui promettant toutefois l’enfer dès qu’ils seraient seuls.

- Et au fait tu lui as dit quoi à ton frère ?
- Bah je l’ai baladé Shotaro. Je lui ai dit que des petites frappes nous avaient cherchés et que nous avions répondu. Du coup c’était une affaire entre eux et nous, il n’avait pas à intervenir sinon ce serait pas sympa’ pour notre honneur, bla-bla-bla.

Un petit sourire démoniaque apparut sur le visage de Renji. Il savait comment manœuvrer avec son frère. Enfin, en général. Koizumi et Shotaro n’avaient pas oublié la fois où Renji voulait en savoir plus sur le père de Shino. Le chef de la police de Konoha n’avait rien dit en voyant certains de ses insectes disparaître mais lorsque Jin surprit l’interrogatoire des insectes par Renji ce dernier avait filé si vite pour échapper à son frère que le record de la traversée de Konoha avait tremblé. Le voyant passer, Gaï et Lee en avaient conclu qu’il fallait durcir leur entraînement car ce jeune-là avait « la fougue de la jeunesse ». Ils comptaient d’ailleurs proposer à Renji de se joindre à eux, à l’occasion.

- Alors on y va ? demanda Koizumi. Il n’est pas trop tard pour retourner sur nos pas.
- Je ne recule jamais proclama Renji. Sinon ce serait renier mon nindô !
- Bon, ben en route ajouta Shotaro.

Devant eux se dressaient les quartiers du clan Hyûga. Plusieurs jours avaient été nécessaires aux trois genins de Konoha pour avoir une vague idée des lieux. Ils avaient d’abord fait une halte à la bibliothèque de Konoha, pour travailler sur les plans disponibles afin de connaître l’agencement du lieu où ils se rendaient. Koizumi avait fait les plans en voyant les piètres performances de Renji et Shotaro. Puis, au détour d’une conversation entre Hyûga, les trois ninjas avaient appris des détails sur la présence de Tadase. Ils avaient terminé leurs préparatifs en posant tout un tas de questions à Hanabi Hyûga, la sœur d’Hinata.

En ce jour, Tadase devait être présent et s’entretenir avec Hiashi. Cette opportunité ne se représenterait peut-être pas d’aussi tôt alors il ne fallait plus tergiverser. Déjà Renji levait le poing pour partir à l’assaut de cette mission. Ils se dispersèrent du mieux qu’ils purent.

- Et pour le Byakugan on fait comment ?

La question de Koizumi fit hésiter Shotaro tandis qu’ils pénétraient dans les lieux par une trappe d’aération située sur le toit. Renji répondit qu’il avait entendu que les Hyûga avaient un angle mort. Avec un peu de chance ils pourraient se faufiler sans être repérés. Koizumi douta de la pertinence de ce plan qu’elle qualifia de « très audacieux » quand Shotaro dit qu’il ne savait pas trop si c’était une bonne idée.

« Faites-moi confiance ! » sourit Renji. « Ce coup-ci nous sommes préparés, on a du matos. Ce sera vite fait bien fait et dans quelques heures c’est ramens à volonté chez Ichiraku. » Les deux autres approuvèrent, Shotaro étant très attiré par l’idée de déguster des ramens et Koizumi était à peu près sûre qu’ils pourraient partir à temps, comme si leur impréparation et inexpérience à ce niveau ne poseraient pas de problème, comme s’il suffisait de vouloir pour pouvoir réussir une mission de ce type.

Ils se faufilèrent dans les couloirs sans être repérés. Progressant lentement, à pas de loup, les trois jeunes ninjas arrivèrent à proximité d’une ouverture qui donnait sur des jardins parfaitement entretenus. Koizumi apprécia la propreté tandis que Shotaro était absorbé par l’harmonie des couleurs. Renji, lui, regardait ailleurs : dans le jardin, il y avait un individu, d’une trentaine d’années avec une cicatrice au menton.

- Voilà notre homme.
- T’en es sûr ?
- Certain Shotaro. On ne le lâche plus.
- On dirait qu’il se dirige en face indiqua Koizumi.

En effet, Tadase se dirigeait avec d’autres Hyûga dans une pièce. Ou peut-être n’y en avait-il qu’un autre qui accompagnait Tadase. Les trois ninjas n’en virent pas plus : des panneaux furent placés et la salle échappa à leur vision. Des Hyûga restaient présents dans le jardin. Se faufiler et leur échapper semblait ardu, surtout qu’ensuite il fallait être proche des panneaux pour entendre la teneur de la discussion.

- Si on reste là on n’apprendra rien. Il faut se rapprocher.
- Ouais Shotaro mais là on ne peut pas. Et je ne vois pas d’ouverture pour nous faufiler sous le plancher.
- Alors passons par le haut !

L’idée de Koizumi était la bonne. La moins risquée et la plus sûre pour être au plus près de Tadase. Elle indiqua le plafond à ses deux équipiers. Shotaro comprit et grimaça ; Renji sourit et chercha immédiatement une trappe pour s’y glisser. Une fois trouvée, Renji fit la courte échelle à Koizumi avant d’aider Shotaro à grimper. Pour sa part, le frère de Jin fixa du chakra sur ses pieds et, même si la technique n’était pas très bien maîtrisée il parvint à rejoindre ses deux camarades.

Commença alors une espèce de course à plat ventre, l’objectif étant d’avancer rapidement pour ne pas arriver trop tard tout en faisant le moins de bruit possible. La réunion avait déjà débuté. Le plafond était composé de différentes planches dont certaines n’étaient pas parfaitement collées l’une à l’autre. Par ces ouvertures ils pouvaient ainsi avoir un petit aperçu des personnes présentes. Il semblait bien n’y avoir que Tadase et Hiashi et l’échange était animé :

- Hiashi-sama vous savez que j’ai…
- Rien du tout. J’ai évoqué le sujet de manière détournée avec les conseillers.
- Ces deux espèces de…
- Tôt ou tard l’affaire sortira. Le Pays des Neiges demandera des comptes. Shôkishi Anotsu paie toujours ses dettes.
- Il n’y a qu’à charger un Hyûga déserteur ou…
- Tu crois qu’il se contentera d’une tête ? Avoir été en compagnie de membres du clan Habaki et d’autres personnes de ce genre implique tout le clan. Moi en premier.
- Shôkishi est vieux. A son âge un accident est…
- Un assassinat ? Mesures-tu le poids de tes paroles ?
- Alors disons qu’il va s’adoucir.
- Demande aux jashinistes emprisonnés par la glace ce qu’ils en pensent.

Tadase était ennuyé. Qu’Hiashi soit mécontent il s’en doutait. Mais quand même, il avait fait cela pour le clan, pour être sûr qu’Hianata n’ait aucune concurrente concernant Naruto en même temps que cela permettait d’affaiblir quelque peu le pays des Neiges, ce qui était toujours bon à prendre.

- Konoha et l’alliance nous protègeront Hiashi-sam. Le clan Hyûga est un clan important, respecté et puissant...
- Il y a le précédent Uchiha coupa Hiashi. De telles manœuvres pourraient nous faire passer pour des séditieux. Et vu que des Uchiha sont présents au village, si les autorités se montrent trop clémentes à leurs yeux cela pourrait aviver bien des tensions.
- Alors virons-les ! Ils ne sont pas chez eux ici mais des invités. La Racine nous aiderait sûrement dans cette affaire.
- Je me méfie de Mayu Shimura. Tel père, tel fils. Et peut-être même que c’est lui qui t’as mis ces idées en tête.

L’échange se poursuivit et les trois espions ne comprenaient pas tout. Tadase avait pris part à une opération louche, le genre à ne pas plaire au Pays des Neiges, Habaki était un nom inconnu pour eux et qu’il soit question de Mayu n’était pas pour les rassurer. Dans ces moments-là ils regrettaient d’être si jeunes et pas encore assez intelligents pour tout comprendre. Le pourraient-ils un jour ? Ils en étaient convaincus.

- Vous n’entendez pas quelque chose craquer ? demanda à voix basse Shotaro.

Renji lui fit signe que non, trop occupé à coller son œil à travers les lattes pour en voir plus. Koizumi regarda les evirons et ne remarqua rien.

Un léger craquement se fit entendre de nouveau et l’échange entre Tadase et Hiashi s’interrompit. Ils regardèrent aux alentours sans activer leur Byakugan ce qui soulagea Renji, Shotaro et Koizumi qui avaient bloqué leur respiration, comme par réflexe.

L’échange reprit un bref instant puis un des deux sembla sortir. Seul Tadase demeura. « L’affaire se complique. Mais si c’était si simple cette affaire n’aurait aucun intérêt. »

Un autre craquement se fit entendre. Plus fort que les précédents. Koizumi comprit alors ce qui se passait : leur masse était trop importante pour les lattes du plafond. Ils devaient s’écarter les uns des autres pour mieux répartir leur poids sinon le plafond allait s’effondrer.

Elle essaya de leur faire signe mais Renji ne comprit pas. Il se redressa pour se rapprocher. Un nouveau craquement retentit et le plafond céda. Shotaro et Koizumi virent Renji disparaître, comme absorbé par le plafond.

Je n’aurais pas dû autant manger ce matin pensa-t-il avant de se réceptionner tant bien que mal sur le sol.

Ses camarades le rejoignirent dans l’instant. Ils réalisèrent ce qui venait de se passer au milieu de la poussière, tandis que Tadase les regardait.

« Tiens donc, les rats sont bien gros en cette période » commenta le jônin.

Le premier geste des trois genins fut de chercher à fuir. Il était déjà trop tard. Le bruit avait amené cinq membres du clan Hyûga dans la pièce. Les issues de secours étaient bloquées.

« Je comprends mieux pourquoi vous avez posé tant de questions à Hanabi. Dire qu’elle pensait que vous vouliez lui faire une surprise… »

Merde il est au courant. Il nous a espionnés ou alors Hanabi lui en a parlé ? Ce n’est plus un mauvais pressentiment que j’ai à ce stade pensa Koizumi.

- On fait quoi Renji ? s’inquiéta Shotaro qui commençait à trembler.
- On invente un mensonge et dans cinq minutes on est dehors.

Deux heures plus tard ils étaient toujours dans la pièce.

- Je reprends, que faisiez-vous ici ?
- On faisait une recherche sur le renouvellement de l’air dans les pièces intérieures.

Mauvaise réponse. Renji reçut un coup de poing au niveau du plexus. Le Jûken était très efficace. Il cracha du sang, sentant une légère hémorragie là où il venait d’être frappé. Contrairement à la Racine les Hyûga frappaient sans marquer les corps, tout juste pouvait-on apercevoir de légères marques.

Mais ils n’étaient pas dans un meilleur état pour autant : Shotaro était à demi-conscient, gisant sur le sol quand Koizumi avait été interrogée la première. Elle n’avait rien dit et en payait le prix, son corps comportant une dizaine de marques infligée par des Hyûga.

- Vous ne réalisez pas dans quelle galère vous vous êtes fourrés les jeunes. Intrusion dans un lieu non-autorisé, espionnage, refus de coopérer. Même si vous êtes des gosses vous êtes passibles de la peine de mort.

Tadase était-il sérieux ? Koizumi en doutait mais ne dit rien, pour profiter quelques instants encore d’un moment où elle ne recevrait pas de coups. Elle regarda les Hyûga présents. Une légère compassion pouvait se lire mais ils étaient des ninjas dévoués à leur clan. Nous passons pour des traîtres et vu que notre monde a connu nombre d’enfants espions, ils n’auront aucun scrupule à nous supprimer vu que rien ne plaide en notre faveur.

Je me demande si cet enfoiré de Mayu ne nous a pas jeté dans un piège se demanda Renji avant de balayer cette idée. Il va être déçu en voyant que nous nous en sommes sortis.

- La peine de mort ? Et puis quoi encore ? Tu te prends pour qui ?! Je vais te faire redescendre de ton petit nuage moi ! Tabasser des gosses t’a fait prendre la grosse tête.

L’insolence de Renji lui valut des coups plus durs. Ce n’était plus du Jûken cette fois-ci. Un coup dans le bas ventre, un autre derrière la nuque, puis un coup de genou au niveau de la tête et Renji tomba sur le sol, inerte.

- Vous n’êtes pas des gosses mais des espions et, en conséquence, traités comme tels. Parlez et je vous promets d’arrêter.
- Ta promesse tu peux te la foutre au cul.

Renji tu es vraiment borné constata une nouvelle fois Koizumi en le voyant recevoir des coups, encore. Shotaro voyait vaguement ce qui arrivait à son coéquipier. Il aurait voulu l’aider mais il se sentait si faible qu’il n’arrivait même pas à se relever. Renji je suis désolé d’être si inutile et de ne pas pouvoir vous aider…

- Je ne sais pas trop ce que vous avez entendu ni pourquoi vous êtes venus ici. Avez-vous un contact ? Vous savez que l’on pourrait aussi s’en prendre à vos familles. Elles sont peut-être complices.

Cette perspective fit frémir les trois genins. Il bluffait peut-être mais pour la première fois Renji, Koizumi et Shotaro réalisèrent que leurs actions pouvaient impliquer d’autres personnes. Des personnes qui leur étaient chères.

La Racine ou ce Tadase, finalement c’est la même chose pour nous : on se fait toujours tabasser. ‘Faudrait peut-être qu’on en revienne à des choses de notre âge se dit Renji en souriant. Il n’en était pas question.

Tadase n’aima pas ce sourire et d’une volée, il expédia Renji de l’autre côté de la pièce. Koizumi se jeta dans les pieds de Tadase, pour l’empêcher d’avancer. Elle en fut délogée par un Hyûga qui la frappa au niveau du ventre. Elle appliqua ses deux mains là où l’impact avait eu lieu et tomba à genoux. La douleur irradiait tout son corps. Personne ne nous aidera donc ?! Konoha va nous laisser mourir ici ? pensa Koizumi. La peur l’avait gagnée.

Renji se releva et ferma les yeux, comme s’il faisait un vœu. Grand-frère s’il-te-plaît viens !

- Allez gamin parle. Tu ne m’amuses plus. Tu vas mourir.
- Je ne recule jamais ! C’est mon nindô.
- On dirait que les idées d’un certain Hokage sont contagieuses.

Tadase envoya Renji au sol, d’une balayette. « Malheureusement pour toi, tu es loin de son niveau. Si tu n’es pas à la hauteur de ton nindô tu ferais mieux d’en changer. »

Renji le regarda. Aucune résignation ne se lisait dans son regard.

Bien, alors on va passer à l’étape suivante. « Amenez les deux auprès de la table. Tenez fermement celui-là. »

Dans l’instant deux Hyûga empoignèrent Renji tandis que Koizumi et Shotaro étaient amenés vers une table. Tadase sortit un kunaï.

- On va jouer à un jeu : je te pose une question. Tu réponds tu sauves tes amis. Tu ne dis rien c’est un doigt en moins pour eux. Vingt doigts… cela te donne le droit à vingt non. Après on passera à leurs doigts de pieds, ou alors aux tiens.
- SALAUD ! cria Renji.

Il bouillait de colère mais son état était tel qu’il ne tenait que par la poigne des Hyûga. Sas cela il serait au sol. Je suis si faible. Incapable de les aider. Bon sang !

- Alors qu’êtes-vous venus faire ici ?
- GRAND-FRERE VIENS !

Renji mit tout son cœur dans ce cri qui surpit les Hyûga.

- Mais c’est qu’il a du volume sonore à revendre le gosse constata un des Hyûga qui le tenait.
- Oui, mais c’est assez pénible. Fais-le taire intima Tadase.

Un coup de poing sur la bouche et un au visage calmèrent quelque peu Renji. Sa paumette droite allait bientôt éclater et il estimait qu’il devait avoir deux ou trois côtes cassées. Avec ça je risque de manquer l’école quelques temps…

- Alors tu ne réponds pas ? Bon qui va perdre un doigt en premier ? La fille ou le jeune ?

Koizumi était terrorisée. Non, pas ça. Je ne veux pas. Elle se débattit.

- On dirait qu’elle ne veut pas. L’autre ne répond pas. Qui ne dit mot consent…

Tadase approcha la lame des phalanges de Shotaro.

- Ne le touchez pas salopard !
- Si t’as encore la force de crier alors tu as la force de nous parler !

Renji reçut un méchant coup de genou dans le ventre. Il vomit de la bile et resta sur le sol.

- Allez encore une fois : que cherchiez-vous ? Qui vous a envoyé ?
- C’était pour un travail de l’académie…
- Nous ne faisions rien de mal abonda Koizumi.

L’agacement montait chez Tadase. Si j’en ampute un cela va me poser problème. Ils résistent bien. Trop pour des genins. Ils pourraient bien être des espions mais les Hokages n’aimeront pas vraiment. Et vu ce qui risque d’arriver si ma petite expédition est connue mieux vaut les avoir de notre côté.

Il s’approcha de Renji. Il le saisit et lui éclata la tête contre un mur.

- Grand-frère murmura Renji…
- C’est lui ton contact ?
- Non, mais il va venir. Je le sais. C’est mon frère.

Ce fut comme une apparition : une silouhette se dessina dans la pièce. La seconde d’après, deux Hyûga furent éjectés dans le jardin où ils endommagèrent l’harmonie qui régnait. Un troisième finit encastré dans le plafond.

Koizumi comprit et sourit. Il ne manque plus que ma sœur. Elle regarda Shotaro qui essayait de saisir ce qui pouvait bien se passer en dépit de son état.

- Tu t’es encore fourré dans une belle galère, imbécile de petit frère. Et en plus t’as emmené tes deux potes là-dedans.
- Jin… murmura Tadase. Que fait un membre de l’Anbu dans une demeure du clan Hyûga ? Tu n’as pas été invité que je sache.

En dépit de son appartenance à l’Anbu Jin ne portait pas son masque. Pas en ce moment du moins. Il portait toutefois les vêtements caractéristiques de cette organisation. Les cheveux noirs en bataille, un physique agréable et des yeux marron qui pouvaient faire fondre les cœurs ou figer sur place : le frère de Renji était un Anbu respecté et reconnu pour ses capacités.

Son regard se posa alors de manière plus précise sur les trois jeunes. Leur état était affreux. On dirait qu’ils ont été torturés. C’est pire que lorsqu’ils ont été admis à l’hôpital. Qu’est-ce qui s’est passé ici ?

Il se retourna en direction de Tadase et des autres Hyûga.

- Putain les gars vous avez fait quoi ?
- Tous les moyens sont bons pour faire avouer des espions.
- T’es sérieux Tadase ?

Jin commença à se raidir. Il comprenait que ce n’était pas une petite correction pour des garnements qui s’étaient introduits dans un lieu sans y être invités. On parlait d’espionnage. Et Tadase n’était pas du genre à plaisanter sur le sujet.

- Comme tu n’as pas été invité je te prie de partir Jin. Ou alors tu seras arrêté. Être membre de l’Anbu ne donne pas tous les droits. Sois sans crainte : nous allons les conduire auprès de la police de Konoha pour régler l’affaire.
- Et ils décèderont en chemin ?

Il était furieux. S’en prendre à des enfants était quelque chose d’inacceptable à ses yeux. Même s’il risquait des ennuis quelque chose le poussait à ne pas céder : la volonté de protéger plus faible que lui.

- Je ne te permets pas de mettre en doute les déclarations d’un membre du clan Hyûga. S’en prendre à l’un d’entre nous c’est nous accuser tous.
- Je vois.

Sur un signe de tête de Tadase deux Hyûga s’approchèrent de Jin.

- Koizumi, ce sont ces types qui t’ont mis dans cet état ?
- Oui articula-t-elle d’une voix éteinte.

Ta sœur ne va pas aimer. Je me demande même si ce n’est pas mieux qu’elle ne soit pas là. Elle aurait bien été capable de faire sauter les quartiers du clan Hyûga… Ce fut la seule pensée légère qui traversa la tête de Jin à cet instant.

- Suis-nous sans faire d’histoire.

Les deux Hyûga s’approchèrent de Jin pour le saisir. Quand faut y aller, faut y aller…

La réaction de l’Anbu fut ultra-rapide. Il échappa à la prise des deux Hyûga, évita le poing souple du premier pour le saisir et le jeter sur le second. Le temps qu’ils se relèvent et Jin étaient déjà sur eux. Il saisit le bras de celui qui essaya de le toucher au visage et le projeta au sol. Si violemment qu’un tremblement parcourut toute la maison. Le second reçut un enchaînement de coups de poings si rapide qu’il n’arriva pas à en parer un seul.

Un troisième Hyûga s’approcha et reçut le pied de Jin en plein visage. Une dynamic entry qui aurait de quoi donner des complexes à Gaï.

- Je croyais que les Hyûga se débrouillaient plutôt pas mal niveau défense lança Jin prêt à continuer.
- Grand-frère, je savais que tu viendrais...

Renji émergeait. Son visage était couvert de coups et son corps ne devait pas être dans un meilleur état. Son sourire sanguinolent alors qu’il était dans cet état finit de convaincre Jin que Tadase et les siens n’allaient pas s’en sortir comme ça. Comment ont-ils pu vous faire ça ? Vous n’êtes que des gosses !

Jin fit craquer ses poings, les yeux injectés de rage. Il balaya la pièce du regard pour repérer la position de toutes les personnes présentes. Il n’en manquerait pas une. « Je vais tous vous faire la peau. »
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MessagePosté le: Jeu 05 Déc 2013, 7:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 73 : Le pari


- Pourquoi les avoir laissé partir ?
- Bon sang, Naruto, ils ont Sakura !
- Naruto, là je ne te suis pas déclara Kakashi.

Les réactions étaient nombreuses et marquées du sceau de l’incompréhension. Pourquoi Naruto avait-il ordonné de laisser partir Masato et Shinsuke ? Pourquoi ne pas se lancer à leur poursuite ? Pourquoi ne pas avoir demandé de laisser Sakura ?

Seule Karin semblait satisfaite de la décision du Hokage. Elle s’efforçait de ne pas sourire tout en aidant Sasuke à se remettre sur pied. Voilà où cela mène de vouloir jouer les grandes filles. J’espère que t’apprécies le contact avec tes ravisseurs ma petite Sakura, moi j’ai tout ce dont j’ai besoin sous les yeux…

Elle se rapprocha immédiatement de Sasuke, qui se remettait sur pied, après avoir mordu Karin pour récupérer. La première réaction du frère d’Itachi fut de remercier Karin. La seconde de se dégager de son étreinte quelque peu envahissante. Il rejoignit Naruto et les autres ninjas de Konoha, laissant Karin à bonne distance.

- Je parviens à les suivre avec mon Byakugan mais vu la vitesse à laquelle ils avancent je ne vais pas pouvoir les surveiller bien longtemps. Ou alors il faudrait que je me lance à leur poursuite…
- Les insectes que j’avais placés sur les trois ont été supprimés par le type qui maîtrise le Hyôton. Je pourrais en lancer d’autres mais…

Naruto ne disait rien.

- Tu crois pouvoir les suivre ? demanda Sasuke.

Naruto sourit.

- J’ai une autre idée en tête.
- Nous aimerions bien la connaître Naruto répondit Kakashi. A quoi penses-tu au juste ? Ce n’est pas un jeu et c’est curieux que tu laisses une camarade dans cette situation sans rien faire. Cela ne te ressemble pas.
- Si je vous le dis cela gâcherait l’effet de surprise. Je vous promets que nous allons la récupérer. Rentrons à Konoha maintenant, il ne faut pas faire attendre les Uzumaki plus longtemps.

- Naruto tu devrais leur en dire plus sinon ils ne vont pas te suivre…
- Ne t’en fais pas Kurama.


Le Bijû avait raison. Les mines des ninjas étaient franchement contrariées et personne ne semblait presser de bouger. Du moins pas avant que Naruto n’ait précisé sa pensée et expliqué d’où lui venait cette certitude que Sakura allait leur revenir, vivante qui plus est.

Voyant la situation Naruto se sentit obligé d’ajouter :

- Vous m’avez toujours fait confiance jusque-là non ? L’envie de me suivre, de marcher à mes côtés, de parier sur moi n’a pas disparu si ?

Des hochements de tête plus ou moins gênés lui répondirent. Naruto n’était pas remis en question et personne ne voulait désobéir au Hokage. Neji avait laissé tomber l’idée de les poursuivre car il devait veiller sur Naruto, tout comme Shino. Kakashi était le plus chaud partisan d’une poursuite mais il se ravisa. C’est une opération bien risquée Naruto. Si tu te trompes tu en subiras les conséquences… et je ne pourrai rien pour toi.

- Bien, poursuivit Naruto. Alors croyez encore en moi cette fois-ci. Sakura nous reviendra. En route maintenant.

Gaïa Uzumaki vint à sa rescousse et enfonça le clou :

- S’opposer au Hokage n’apportera rien à personne. Je pense qu’il faut suivre son conseil. Ainsi nous aurons une belle surprise en arrivant à Konoha n’est-ce pas ?
- Tout à fait !

Il y aurait effectivement une surprise à leur arrivée. Mais ce n’était pas celle qu’ils anticipaient.

- Plus vite Masato-sama ! Ils vont nous rejoindre !
- Je fais aussi vite que je peux Shin’. Mais avec des côtes cassées et mon niveau de chakra j’ai du mal à te suivre… En plus la jeune fille n’est pas forcément bien légère.

T’as qu’à dire que je suis grosse ! brûla de dire Sakura. Mais baîllonée comme elle l’était elle ne pouvait prononcer aucun mot qui ne soit audible. Son for intérieur l’incitait pourtant à ne pas se laisser insulter et à mettre un bon coup de pied ou poing à ses ravisseurs à la moindre occasion. Les corrections reçues par Naruto seraient des câlins par rapport à ce qu’elle voulait administrer à Masato et Shinsuke.

- On dirait qu’ils ne nous suivent pas nota Masato. Faisons une pause.
- Mais Masato-sama nous venons de partir depuis moins de trente minutes et…
- Je n’ai plus ton âge Shinsuke, je me fatigue rapidement…

Le jeune épéiste sourit. Mais ce sourire n’était pas naturel. Il sentait que celui qu’il accompagnait était à la limite. Je ne sais pas ce qu’il aurait pu faire si je n’étais pas intervenu. Son allure est effrayante… Et tout ça pour rien ! Nous ne sommes pas plus avancés qu’avant notre arrivée ici.

Ils s’arrêtèrent. Masato respirait avec difficulté aussi ce fut Shinsuke qui partit reconnaître les alentours. Il revint quelques instants plus tard avec une bonne nouvelle : une grotte se trouvait à proximité. Ils pourraient s’y reposer tout en évitant d’être repérés.

S’asseoir fut une délivrance. Sauf que Sakura profita de ce moment de soulagement et d’inattention de leur part pour tenter de sortir de la grotte. Avec les liens qui la maintenaient, elle était ralentie dans sa progression. Aussi Shinsuke n’eut aucun mal à la rejoindre pour lui faire un croche-pied. Elle tomba sur le ventre. L’instant d’après, Shinsuke l’avait retournée et il était sur elle.

Il ne savait pas trop quoi faire. Je ne vais quand même pas lui casser le bras ou une jambe, ce serait un peu rude. En plus, elle n’est pas si mal que ça…

Sakura sentit qu’elle ne le laissait pas indifférent. Elle en fut gênée mais moins que Shinsuke qui devint plus rouge qu’une tomate et la ramena à Masato sans dire un mot avant de filer se mettre à l’écart.

Un sourire intérieur animait le fils de Shôkishi. Ah Shinsuke, il fallait bien que cela t’arrive un jour. N’en sois pas honteux, c’est une réaction naturelle.

- J’espère qu’il ne t’a pas fait trop de mal.

Sakura sembla articuler un non. Masato se rapprocha d’elle.

Que me veut-il ? Est-ce qu’il envisage de me livrer à ce garçon ou bien il voudrait lui-même me…

Devant son regard et sa posture de défense Masato s’empressa de clarifier ses intentions :

- Si je te retire ton baîllon tu promets de ne pas crier ?
- Masato-sama non ! Ne… commença Shinsuke qui revenait à toute allure.

Sakura opina de la tête. Masato s’exécuta.

- Nous ne te ferons aucun mal.
- Ils disent tous ça mais…
- Je sais ce que tu penses : tes amis vont se mettre à ta recherche et nous finirons emprisonnés à Konoha.
- Et encore ce serait une fin heureuse…

Ses réponses et le ton qu’elle employait dans l’échange agaçaient prodigieusement Shinsuke.

- Nous te relâcherons, je t’en fais la promesse.
- Que vaut la parole d’un type comme vous ? Vous blessez des enfants et…
- Il faut parfois savoir mettre ses bons sentiments de côté pour réussir une mission.

La remarque rappela à Sakura la fois où elle n’avait pu se résoudre à blesser Sasuke et son sauvetage par Naruto. Cela ne la rendit pas plus coopérative pour autant :

- C’est avec ce genre d’arguments qu’on justifie tout et n’importe quoi.
- Tu penses à la fin des Uchiha ?
- Que savez-vous de Konoha pour parler de la sorte ?

C’en était trop pour Shinsuke dont la gifle roussit la joue de Sakura.

- Parle avec un peu plus de respect à Masato-sama tu ne sais pas à qui tu t’adresses !
- Et à qui au juste ?
- Au prin…

Sur un regard de Masato le jeune épéiste se tut. Il craignait maintenant d’en avoir trop dit.

- Peu importe qui je suis. De toute manière tu ne changerais pas ton discours même si j’étais un Kage je me trompe ?

Elle ne répondit pas. Elle restait méfiante et cherchait un moyen de fuir. Mais ralentie par ses liens c’était une mission délicate. Si elle était de nouveau prise ils risquaient de la blesser pour la ralentir. Ou pire encore.

« Ces échanges m’ont ouvert l’appétit. Et si nous mangions quelque peu ? » Masato tira du sac qu’il avait confié à Shinsuke quelques provisions. Sakura refusa d’y toucher aussi seuls ses deux ravisseurs se restaurèrent.

- Tu fais un régime ? lui demanda Shinsuke.
- En quoi cela te regarde ?
- Bah vu que celui que tu aimes ne doit pas trop s’intéresser à toi tu penses peut-être que perdre du poids te rendra plus désirable à ses yeux.

Il ricana. Cela ne plut pas à Sakura. Voyant sa mine, Masato essaya de calmer les esprits :

- Ce que j’ai dit tout à l’heure n’était pas méchant. Je ne voulais pas sous-entendre que…
- Je le sais bien ! s’exclama Sakura avec humeur.

Les yeux de la kunoïchi flambaient de colère.

Je sens que cela va déraper pressentit Masato. La tension entre eux est palpable. Je devrais peut-être la détacher pour qu’ils se tapent dessus. Ils seraient plus calmes après.

- Dites à ce gamin que traîner avec vous et jouer les durs pour ne lui apportera aucune gloire mais la mort.
- Merci du conseil grand front. Et toi, tu devrais savoir que ce n’est pas en traînant avec des ninjas que tu obtiendras la reconnaissance parternelle qui te fuit.
- Shin…

Sakura fut estomaquée par la violence de la réplique.

- Je m’excuse concéda Shinsuke. Vu que ton père doit être un ringard tu ne dois pas avoir grand-chose à faire de son avis.
- Arrête Shin’, cela ne sert à rien intervint Masato.
- C’est elle qui a commencé !

Un ringard ? Sakura pensa à son paternel. Il ne s’était jamais signalé par de hauts faits d’armes certes. Il avait une réputation convenable, sans plus. Cela ne l’avait pas empêché d’être touchée quand il l’avait félicité – et sa mère s’était joint à lui –, pour sa promotion en tant que chûnin. Elle en vint alors à se demander à quoi aurait ressemblé sa vie si son père avait été un grand ninja. Aurait-il vécu moins longtemps ? A quoi aurait ressemblé ma famille ? Est-ce que mon enfance aurait ressemblé à celle de Naruto ?

Pendant qu’elle réfléchissait, elle ne pensait plus aux remarques de Shinsuke ce qui, contre toute attente, ne déplut pas à ce dernier, trop content de ne pas se faire sermonner davantage par Masato.

C’était une bonne idée de la prendre en gage de sécurité mais si cela continue on devrait la relâcher sans trop tarder. D’ailleurs c’est curieux que le Hokage ait accepté. Avait-il quelque chose en tête ? Me faisait-il confiance ?

Masato sourit à cette dernière idée. Il en profita également pour procéder à une rapide évaluation de sa condition. Peu brillant. Du mal à respirer, ce qui m’handicapera en cas de combat ou de courses ; avec le chakra dont je dispose j’arriverai peut-être à créer un pique de glace et encore…

La conclusion s’imposait d’elle-même : Récupérer des forces va me prendre du temps. Trop. Rester immobiliser plus d’une journée n’est pas bon. Il faut que nous nous remettions en mouvement rapidement.

Son regard se porta sur Sakura. Je vais avoir besoin d’elle.

« Et pas de moi jeune prince ? » murmura une voix en lui.

Il ne l’écouta pas.

- Accepterais-tu de me soigner ?
- Mais Masato-sama vous n’y pensez pas…
- Shin’, laisse-nous s’il-te-plaît.

Il marmonna quelques mots avant d’aller râler quelques pas plus loin tout en ne quittant pas des yeux Sakura.

- Pourquoi ferais-je cela ? Vous avez…
- Blessé celui que tu aimes oui.

La kunoïchi rougit et baissa les yeux. Elle était gênée qu’un inconnu l’ait vu. Je suis peut-être trop démonstrative, ce qui ne plaît pas à Sasuke…

- Mais il vit poursuivit Masato.
- Ce n’est pas grâce à vous !
- Si ce que j’ai entendu est vrai, tu souhaitais le suivre quand il a quitté Konoha. Prête à l’aider pour sa vengeance.

L’élève de Tsunade était stupéfaite. Comment pouvait-il en savoir autant sur elle ? Son for intérieur lui suggérait que c’était sûrement un admirateur secret mais elle ne croyait pas en la crédibilité de cette piste.

- Je suis bien renseigné c’est tout. Ne soyez pas effrayée. Je mentionnais seulement cela pour dire que vous semblez disposée à aider des personnes qui peuvent avoir des projets pour le moins… peu propices à la paix.
- Si je vous soigne vous tuerez des ninjas de Konoha ? De l’alliance ?
- S’ils ont quelque chose à voir avec le meurtre d’Akari oui, sinon je me contenterai de les mettre hors combat… si je le peux.
- C’était votre amoureuse ? Pourquoi faites-vous cela ?

Masato se raidit. « Je n’ai pas envie de répondre à cette question. »

Il ment sur ses vraies motivations se persuada Sakura. Je pourrais le tuer en acceptant de le soigner et ainsi aider mon village face à cette menace. S’il faut me sacrifier alors autant que ce soit pour une cause de ce genre.

- Je crois que je comprends les liens qui vous unissaient à cette personne sourit Sakura. J’accepte de vous soigner.

Ce faux sourire ne trompe personne jeune fille pensa Masato. Mais peut-être es-tu quand même sincère. Nous allons voir ça.

Shinsuke détacha à contre-cœur Sakura à la demande de Masato. Cette dernière brûlait d’envie de lui envoyer un uppercut dans la mâchoire et d’enchaîner avec un coup de pied dans le ventre mais elle n’en fit rien. Elle se redressa et se dirigea vers Masato. Le jeune épéiste analysait scrupuleusement le moindre de ses mouvements.

- Juste les premiers soins, cela suffira.
- Je ne compte pas en faire davantage de toute façon !

La kunoïchi approcha ses mains du corps de Masato. La lame de Shinsuke s’arrêta à quelques centimètres de sa carotide.

- A la moindre embrouille ou grimace de Masato tu perdras tes bras ou ta tête. Compris ?

Une veine apparut sur la tempe de Sakura. Un autre faux sourire plus tard elle lui répondit qu’elle avait bien saisi.

L’autorité ‘y’a que ça de vrai ! s’illusionna Shinsuke avant de se demander si Sakura ne s’était pas moquée de lui. Il était trop tard.

Du chakra vert émana des mains de Sakura et elle les appliqua sur Masato. La pression de la lame de Shinsuke s’intensifia et se relâcha : le fils de Shôkishi ne souffrait pas davantage. Elle jouait le jeu. Pour l’instant du moins.

Ce premier contact lui permit de dresser un premier diagnostic. Il n’était pas bon. Contre toute attente, cela ne réjouit pas Sakura. Il est dans un piteux état. C’est incroyable qu’il ait pu tenir aussi longtemps. Pourquoi vouloir dépasser ses limites ? Il est comme Naruto et Sasuke à leur époque, c’est le même genre d’idiot.

Il fallut plusieurs heures à Sakura pour soigner Masato de tous les ématomes et blessures externes et internes qu’il avait reçus. Elle envoya même Shinsuke chercher de l’eau pour nettoyer certaines blessures.

Elle n’en revenait pas elle-même : pourquoi aller aussi loin ? S’appliquer autant pour un homme qui avait failli tuer Sasuke ? Tsunade ne m’a jamais enseigné qu’il fallait soigner tout le monde. Pourtant… j’ai envie de le soigner. Je ne sais pas pourquoi mais je crois que sa vengeance est sincère et qu’il ne menacera pas Konoha. Suis-je en train de faire une grosse erreur ?

Elle leva les yeux vers Masato. Celui-ci la regarda. Elle baissa son regard et marmonna :

- Vous avez encore mal quelque part ?
- Je crois que non. Tu as fait des miracles.
- Peuh…

La pleine lune baignait dans le ciel. Sa lumière avait bien aidé Sakura à terminer les soins administrés à Masato. Fatiguée, comme ses deux ravisseurs, elle sombra rapidement dans un profond sommeil. Eux aussi bien que Shinsuke s’engagea à monter la garde toute la nuit.

Aux premières lueurs de l’aube, Masato les réveilla : « Nous partons. »

Moins d’une heure après avoir quitté la grotte, Masato fit signe à Shinsuke de ne plus faire un bruit et de s’accroupir, tout en surveillant Sakura. Devant le visage interrogatif de Shinsuke, Masato lui souffla : « Quelqu’un approche. Non, ils sont plusieurs. »

Ils sont poursuivis ? pensa Sakura. Sûrement des ninjas de Konoha. Peut-être Naruto. Voire Sasuke…

Des éclats de voix se rapprochèrent.

« Tiens-toi prêt Shinsuke. »

Ils étaient bien plusieurs.

- Puisque je vous dis que c’était à droite qu’il fallait prendre !
- Mais non Tenten c’est la bonne voie !
- Vous dites ça depuis des heures Gaï-sensei.
- Tenten, ne remets pas en question le choix de maître Gaï.
- Sauf que je n’ai pas envie de rentrer à Konoha l’année prochaine !

Lee et Tenten se disputaient tandis que Gaï restait dubitatif. Allonger la distance est une bonne chose pour l’entraînement mais si nous nous perdons Kakashi arrivera au village avant moi… Je ne peux accepter cela ! Il serait capable de s’ajouter un point dans notre duel !

Les yeux flamboyants Gaï interrompirent Tenten et Lee :

- Ah la la vous êtes jeunes et plein de vie mais parfois il faut savoir demander son chemin. C’est l’occasion de faire des rencontres.
- Vous avez raison Gaï !

Lee prit immédiatement quelques notes sur son petit cahier, au grand dam de Tenten qui se demandait pourquoi il notait toujours des choses sans importance.

Ils tombèrent nez-à-nez avec Masato, Shinsuke et Sakura.

Cela plut à Gaï :

- Nous voulions demander notre route… et voici que nous tombons sur un groupe !

Le trio de Konoha s’arrêta.

- Désolé si nos voix vous ont fait peur. Les jeunes débordent tellement d’énergie.
- Je comprends répondit Masato qui ne savait pas trop quelle position adopter.
- Donc, jeunes gens sauriez-vous où…

Tandis que Gaï parlait, Shinsuke se demandait d’où les deux types bizarres tiraient leur tenue ; Sakura ne disait rien et Masato hésitait sur la marche à suivre.

- Mais vous chassez l’homme ? se demanda Gaï en voyant Sakura attachée. Pourquoi…

Tenten glissa sa main dans sa poche ninja pour en sortir un kunaï qu’elle lança immédiatement sur Masato. Un mouvement de la tête et celui-ci l’évita.

La kunoïchi était sur ses gardes. Ils ont kidnappé Sakura ! Et ce type c’est celui qui a attaqué Konoha ! Un membre du Jiyûhane !

- Sakura que fais-tu là ? se demanda Lee qui venait de réaliser la présence de cette dernière.
- Mmmh…
- Oh tu ne veux pas me parler…

Lee était tellement dépité qu’il n’avait pas vu le bâillon qui barrait la bouche de Sakura. Elle aura trouvé de nouveaux jeux avec ces types et moi…

Tenten lui envoya une gifle derrière la tête :

- Lee mais réveille-toi bon sang ! Sakura a été enlevée !
- Quoi ?

La position de Lee changea. Si je la sauve alors peut-être que… Il serra le poing, la perspective d’un combat devant celle qu’il voulait conquérir décuplant sa motivation.

- Sakura je te sauverai.
- Il a l’air marrant celui-là.

Shinsuke dégaina son épée.

- Viens la prendre si tu oses. Je te préviens que je risque d’entailler quelque peu ta belle combinaison verte.
- Ne les sous-estime pas Shin’. Ils sont redoutables. Surtout en taijutsu.

Tenten sortit un parchemin sa poche et invoqua plusieurs armes blanches.

- Je sens que nous n’allons pas pouvoir partir d’ici rapidement.
- Ne vous en faites pas Masato-sama, on va se les faire !
- Shin’ tu t’occupes des deux jeunes ; je me charge de l’autre.

Masato se tourna vers Sakura. « Désolé mais je ne peux pas te relâcher tout de suite. »

Il appliqua sa main au sol et de la glace apparut autour de Sakura.

- Comment oses-tu faire cela à Sakura ! s’emporta Lee. Tu vas le payer cher.
- Relâcher une otage dès le début n’est pas un choix très raisonnable.
- Gaï-sensei vous faites quoi au juste ? lui demanda Tenten.

Il n’était pas intervenu. Son silence devenait presque gênant. Il parcourut les visages de Lee et de Tenten, avant de passer à celui des autres personnes présentes. Sa décision était arrêtée

Le rival n°1 de Kakashi se déplaça pour se positionner face à Masato. Il mit son bras gauche dans le dos tandis qu’il avançait le droit, la main ouverte en direction de son adversaire.

« Je te reconnais… »
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Jûbi


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MessagePosté le: Dim 15 Déc 2013, 5:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 74 : Le changement c’est maintenant


- Il a donc échappé aux ninjas de Konoha ?
- Oui confirma Hikawa.

Un murmure parcourut le conseil, sans qu’il soit possible de savoir s’il s’agissait d’un soulagement ou d’une déception. Capturé par les ninjas de Konoha Masato pouvait parler et porter atteinte au Jiyûhane. Qu’il n’ait pas été capturé était finalement une bonne nouvelle. Enfin presque.

- Pourquoi ne pas avoir continué à les suivre ? questionna Kaoru, plus soupçonneux que jamais.
- Vu son état je ne sais pas si cela en valait la peine.

Le sourire d’Orochimaru lorsqu’il termina sa phrase aurait pu faire crier de joie Shiori. Elle n’en fit rien.

La situation tourne à notre avantage. Si ça se trouve à cette heure il est mort pensa la femme rouge en pointant son regard sur Orochimaru.

Cette perspective lui déplut. Que des ninjas de Konoha, et non des Habaki, tuent Masato était un affront, certes bien indirect, fait à son clan. J’espère qu’il aura survécu se surprit-elle à penser.

- Pouvez-vous garantir qu’il va mourir ?

Goro préférait poser la question avant Shiori. Une manière comme une autre de montrer qu’il comptait bien respecter l’accord passé avec son père. Du moins pour le moment.

- Tout homme doit mourir, tôt ou tard.
- Merci pour cette réponse inutile pesta Kaoru.
- Il est plutôt résistant se reprit Orochimaru. Avec un peu de chance il survivra.
- Il en a déjà eu bien assez ! fulmina Shiori.
- Pourtant cette chance pourrait bien vous profiter…

Shiori regarda Orochimaru et elle comprit.

- Il se dirigerait alors vers le Pays de la Pluie estima Haruya, comme pour mieux expliciter le sous-entendu.
- Quel autre endroit pourrait lui offrir les réponses à ses questions ? demanda Orochimaru avec une naïveté feinte.
- Se jeter dans la gueule du loup. C’est presque trop facile sourit Shiori.

Il pourrait bien casser quelques dents au loup en question pensa Orochimaru. Et s’il parvenait à s’en sortir il serait terriblement affaibli. Une occasion en or pour lui mettre la main dessus…

Le Sannin passa sa langue sur ses lèvres. Cette perspective lui plaisait.

- Vous pourrez l’examiner s’il est bien pris par nos hommes au Pays de la Pluie.
- Je suis votre obligé s’inclina Orochimaru. Je n’en attendais pas tant de sa part. Donc je ferai bien d’être méfiant. Les Habaki ne valent pas forcément mieux que les Anotsu.

Tout cela ne sent pas bon pour toi Masato pensa Joïchiro. Il poussa un léger soupir : il regrettait presque le bon vieux temps où il adressait de bonnes bourrades dans le dos à celui qui désormais était un homme de plus à abattre. J’espère avoir l’occasion de t’affronter songea-t-il.

Le Seigneur des Os avait repris du poil de la bête ces derniers temps. S’il n’avait pas encore retrouvé son poids de forme, son physique ressemblait bien davantage à celui qu’il avait été peu de temps avant sa blessure. Il allait mieux même s’il ne se sentait pas encore à 100%. La faute à ses trop nombreux séjours chez les dames, à en croire certaines langues : se dépenser de la sorte n’était pas recommandé pour guérir plus vite. Mais chasser le naturel…

Il regarda Tetsuo qui n’avait pas dit un mot. La parole était rare chez lui. S’il avait accepté sans difficulté de reprendre les entraînements avec Joïchiro, il continuait à s’entraîner avec les Habaki. Il n’était pas particulièrement proche de Shiori mais le survivant du clan Kaguya ne savait pas comment interpréter cela. Etait-il acquis à sa cause ? Doutait-il encore ?

Il faudra que l’on se parle entre quatre yeux pour que j’éclaircisse le sujet. Un larbin des Habaki n’est pas bon pour moi. Et si tu tentes quoi que ce soit contre moi…

Un os sortit de la paume de Joïchiro. Il le rentra aussitôt.

Ce n’est pas le moment de sortir une telle chose.

- Et vous avez pu opérer sans être repérés ?
- Tout à fait Haruya-sama répondit Hikawa. Orochimaru m’indiquait les lieux où nous ne risquions pas d’être repérés aussi il était facile de les suivre.
- Être prêt tout en restant invisible à leurs yeux résuma Orochimaru. Tout ninja doit savoir procéder de la sorte.

Personne ne souhaitait remettre en question son propos. Le duo Orochimaru-Hikawa avait paru bien singulier pour suivre Masato et Shinsuke mais le fils de Goro avait su s’imposer et faire taire les doutes. Surtout, il avait assuré son père qu’il ne craignait pas le Sannin. « S’il tente quoi que ce soit, le chakra d’Hachibi le ramènera bien vite à la raison. »

Goro l’avait donc laissé partir et n’avait même pas inclus Gin dans l’équipe. Il serait capable de s’en prendre à Orochimaru s’il s’ennuie trop pendant la mission. Autant éviter pareil désagrément.

Aussi l’arrivée d’Orochimaru et Hikawa quelques instants auparavant l’avait surpris, pensant qu’ils avaient échoué avant d’être rassuré par ce qu’il entendait. Il ne comprenait toutefois pas pourquoi ils étaient revenus. L’argument d’Orochimaru ne lui semblait pas tenir. La magie de ce dernier semblait s’estomper ces derniers temps et Goro était moins conciliant.

- Il est regrettable que vous ayez interrompu la surveillance.
- Comme je le disais auparavant… commença le Sannin.
- Je sais ce que vous avez dit coupa Goro.
- Alors vous…

Un éclair entailla la joue et l’épaule d’Orochimaru. La mine de Goro s’assombrissait.

- N’essayez pas d’avoir le dernier mot avec moi.
- Ce n’était pas mon intention.
- Vraiment ? intervint Kaoru qui souhaitait ajouter son petit grain de sel.

Sur un regard de Goro il baissa les yeux et contempla la table.

- Comment allez-vous les retrouver ? Quelle certitude avez-vous pour le Pays de la Pluie ?
- La présence des Habaki est un bon indicateur…
- Et si les jashinistes lui tombent dessus avant ?
- Notre accord…
- L’accord que j’ai avec eux, corrigea Goro, ne porte pas sur Masato.
- Alors prions pour qu’il ne lui arrive rien. Quoique, ce sont plutôt les jashinistes qui prient en général.

Haruya sourit à la réflexion, tout comme Hikawa. Goro se retint. Il a sans doute raison.

- Soit. Mais la prochaine fois ne prenez pas de telles initiatives sans me prévenir.
- Bien Goro-sama répondit poliment le Sannin. Sa méfiance pourrait devenir problématique. A l’occasion je devrai peut-être m’occuper de ce Kaoru si jamais il a davantage l’oreille de Goro.

Kaoru sentit le regard du serpent sur lui. Il soutint son regard, toujours animé par la volonté de venger Tomao.

Ou alors j’ai un autre projet pour lui… pensa Orochimaru. Et le cas échéant, je ranimerai peut-être d’anciens contacts pour m’assurer un point de chute. Mieux vaut commencer à envisager quelques portes de sortie si jamais je ne suis plus en odeur de sainteté ici.

Ils étaient en train d’estimer combien de temps il faudrait à Masato et Shinsuke pour atteindre le pays de la Pluie lorsque Goro fit cesser les échanges.

Gin venait de se glisser dans la salle et de le prévenir : Il souhaitait intervenir. Goro dissimula du mieux possible sa surprise et sa colère de devoir ainsi interrompre son conseil. Ce n’était pas le moment d’entrer en dissidence. Il était néanmoins étonné que tout son conseil doive le suivre. J’aurais très bien pu leur transmettre les informations.

- Le Faucon souhaite vous parler lâcha Goro. Une grande nouvelle, pour nous tous, ses fidèles serviteurs. Aussi nous allons nous déplacer.

Sans un bruit ils se rendirent dans la salle dédiée aux communications. En arrivant Goro constata que tout le monde était là. Une bien mauvaise surprise.

- Pourquoi tout ce…
- C’est un ordre du Faucon Goro-sama répondit Gin. Si l’ordre vous déplaît je peux les renvoyer.
- Non, ne fais rien.

Le chef des Ailes ne remarqua pas le sourire teinté d’ironie de Gin.

Le Faucon était bien là. La réception avait beau n’être pas fameuse il apparaissait assez nettement et les personnes présentes pouvaient ainsi admirer son allure et sentir la confiance qu’il inspirait.

Voici donc ce fameux personnage pensa Orochimaru. Pour nous convoquer tous il doit avoir une nouvelle d’importance à nous annoncer. Laquelle ?

Malgré la distance la voix du Faucon était parfaitement audible, claire comme du cristal :

- Mes chers amis commença le Faucon, je me permets de vous convoquer pour vous faire part d’une information de première importance.
- Haïtani serait mort ? interrogea Gin. Je vois Kagimura gesticuler derrière vous.

Le Faucon esquissa un léger sourire.

- Non, ce n’est pas ça.

Tous purent entendre un râle de dépit de la part de Kagimura et des menaces proférées à l’encontre de Gin.

- Pardonnez-moi de vous avoir interrompu.
- Cela fait partie de votre tempérament concéda le Faucon. Maintenant j’aimerais ne plus être interrompu.

Le sourire du Faucon se fit plus dur.

- Si j’ai voulu vous avertir tous ici et aujourd’hui c’est pour vous annoncer une grande nouvelle. Mais avant, je voudrais vous remercier.

Le Faucon félicita alors chaque personne nomément pour le travail accompli. Goro réalisa alors qu’il connaissait tout le monde. Sans doute par l’intermédiaire de Gin…

Ces remerciements sont-ils le prélude à notre liquidation prochaine ? se demanda Joïchiro. Il avait trop d’expérience pour ne pas être méfiant lorsqu’on le félicitait. Et il n’était pas le seul à se demander ce que ces remerciements dissumulaient.

Ils n’allaient pas être déçus. Tout juste le Faucon eut-il terminé qu’il enchaîna, toujours sur le même ton :

- En ce jour, je voudrais vous présenter un nouveau membre de la troupe du Faucon. Avec lui nous allons faire de grandes choses.

En le voyant le visage d’Orochimaru se déforma. Etait-ce de la démence ? Du plaisir ? Lui-même n’aurait pas su le dire. Impossible ! Il a réussi à le ramener… lui ! Le Sannin avait du mal à tenir en place. Je vais peut-être rester ici un peu plus longtemps finalement.

Shisui resta de marbre. Voilà qui va compliquer beaucoup de choses. Il va falloir que je trouve un moyen de prévenir Konoha. Ce qui est en train de se jouer maintenant devient trop dangereux.

Goro ne savait pas quoi ajouter, comment réagir à cette surprise de taille :

- Vous, vous avez réussi à… bégaya-t-il.
- Tout à fait répondit avec douceur le Faucon. Rien n’est impossible lorsque nous sommes unis et travaillons pour atteindre le même objectif.

Le chef des Ailes se tut. Etait-ce un avertissement ? Le Faucon savait-il que Goro prévoyait de le renverser ? Dans le doute mieux valait en dire le moins possible.

- Une nouvelle preuve de votre puissance ! Longue vie au Faucon !
- Longue vie au Faucon ! crièrent la plupart des autres personnes présentes.

Shiori n’était toutefois pas convaincue. Il y avait bien quelqu’un à côté du Faucon mais il était plutôt en retrait, donc difficilement visible. Il pourrait bien ne s’agir que d’un subterfuge pour s’assurer que Goro va continuer à rouler pour lui.

Cette pensée reçut immédiatement une réponse du Faucon :

- J’ai trop parlé. Je pense que le mieux est que notre nouvel allié parle de lui-même.

Coïncidence ou bien il m’observait pendant que je pensais ? Shiori n’eut pas de réponse, juste le sourire du Faucon.

Un hochement de tête répondit à la dernière phrase prononcée. Il s’avança et plus personne n’eut de doutes. Malgré ses marques sur le visage, et son teint pâle – symboles de son retour parmi les vivants –, ses cheveux plutôt courts et son air d’Hashirama le rendait reconnaissable entre tous.

Plus de doute possible se convainquit la femme rouge. C’est une modification majeure dans les rapports de force actuels. Il faudra rapidement prévenir père et adapter notre stratégie en conséquence.

- Je partage la position du Faucon. Et je viendrai parmi vous, bientôt, pour reprendre contact avec cette terre et cet environnement que j’ai si bien connus. Le monde s’est écarté de la voie que je lui destinais. Une opportunité m’est offerte pour essayer de réparer mes erreurs. Je compte bien l’utiliser.
- Comment viendrez-vous ? demanda Goro.

Le Faucon expliqua alors qu’un petit groupe pourrait être envoyé en éclaireurs. Tout n’était pas encore réglé et la Veuve Noire faisait encore des siennes pour ne pas parler de l’autre menace… Aussi le grand débarquement n’était-il pas pour tout de suite, ce qui ne satisfaisait pas Goro pour autant.

Il s’agira surtout de contrôler les Ailes avant que la guerre n’éclate réellement se persuada le chef du Jiyûhane. Mettre un tour de vis pour s’assurer que tout fonctionnera selon votre plan. Et face à un tel adversaire… Le Faucon est vraiment incroyable pour s’être adjoint ses services.

Le chef des Ailes tourna son regard vers Shisui. Peut-être que lui pourrait faire quelque chose… Sinon il me faudra violer de nouveaux interdits et ramener quelqu’un de plus puissant à la vie. Et à ce moment-là pourquoi se limiter à une seule personne.

Avec cette perspective en tête son esprit s’apaisa.

Le Faucon prit alors un ton prophétique : « L’heure est à une grande transformation. Aidez-nous dans cette tâche. Nous avons déjà un nouvel allié. Très bientôt nous pourrons enfin disposer d’un monde en paix. »

Il écarta les bras, comme pour mieux tenir le monde entre ses mains. « Cette terre sur laquel nous sommes va connaître de grands changements » conclut-il.

Toutes les personnes présentes dans cette salle à cet instant eurent le sentiment qu’il disait vrai.
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MessagePosté le: Mer 01 Jan 2014, 12:42 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 75 : Tous gagnants ?


Le Pays de la Pluie faisait honneur à sa réputation en ce jour. Le ciel était couvert de nuages et la pluie battait la terre depuis des heures. Si fort qu’elle donnait l’impression de recouvrir le sol d’une couche liquide qui trempait les pieds des personnes qui s’aventuraient dehors par ce temps. Parmi elles, des jashinistes, qui se rendaient à Ame no Kuni.

Ils étaient quatre : Mozen, Otoki, Oren et Hajime. Marcher dans de telles conditions était épuisant pour l’organisme : les vêtements détrempés pénalisaient une progression singulièrement compliquée par un état des voies de communication peu reluisant. Toutefois, aucune marque de fatigue ou de plainte n’apparaissait sur ces visages. Jashin n’aimait pas les faibles aussi tout signe de relâchement, de fatigue était à proscrire en dehors des combats visant à propager sa grandeur… et à châtier les hérétiques (il fallait toute la science d’Otoki pour distinguer entre les deux).

Les autres jashinistes qui couvrent nos arrières doivent être dans le même état que nous pensa Oren. Comme s’il était impossible de le rencontrer dans un endroit plus discret… et moins arrosé.

- La pluie te dérange ? demanda Otoki.
- Nullement mère. Elle ne pourrait pas arrêter de deviner la moindre de mes pensées ?
- Tant mieux. C’est un bon moyen pour fortifier le corps et l’esprit.
- Remercions Eiichirô Habaki alors.
- Ce serait faire trop d’honneur à ce mécréant.
- Pourtant, d’après votre description, qu’il vous rencontre ici nous permet de nous endurcir. Le bien-être des jashinistes lui importerait donc ?
- Cela ne lui ressemblerait pas intervint Mozen. Cependant, une révélation peut se faire jour à n’importe quel instant.
- Pourtant, je ne comprends toujours pas pourquoi vous…

Oren n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Un kunaï venait d’atterir à quelques centimètres du pied de Mozen. Ils étaient arrivés aux portes d’Ame. D’épais murs protégeaient l’entrée de la capitale et l’entrée se trouvait fermée. Tout autour, des blocs de pierre ce qui donnait à cette zone l’aspect d’un ancien champ de bataille, ce qui n’était que la vérité.

Il faudrait néanmoins d’autres arguments pour expliquer qu’un kunaï soit lancé en guise d’accueil. Les jashinistes détestaient avoir l’impression qu’on se jouait d’eux :

- Est-ce ainsi que l’on reçoit des invités ? gronda Mozen.
- Des ennemis lui répondit une voix.
- Il semblerait que l’Habaki se soit moqué de nous fulmina Oren.
- Laissons-lui une chance déclara, diplomate, Otoki. Il a pu être mal obéi…

En guise de réponse, deux ninjas tombèrent du ciel en direction du groupe des quatre. Un mauvais choix : Hajime n’eut aucun mal à les blesser mortellement grâce à deux tourbillons aqueux qui les envoyèrent s’écraser sur des rochers.

Trois autres ninjas d’Ame se présentèrent, apparaissant par les côtés. Oren en fit exploser deux après avoir évité leur premier assaut. Le dernier jugea plus prudent de se replier.

Quatre morts en quelques instants, les jashinistes sont redoutables. Ayaka n’était guère rassurée. Ses craintes, comme celles de Naoichi et Konta se confirmaient. Prévenus de l’avancée des jashinistes, ils avaient décidé de les laisser venir, pour savoir où ils voulaient se rendre. Comme le gros de leurs troupes était à Ame, que les jashinistes se rapprochent était un avantage.

Leur ennemi était désormais aux portes d’Ame et venait de tuer quatre ninjas. Il ne fallait pas en rester là et, surtout, éviter à tout prix qu’ils ne pénètrent dans la ville. Protéger la population était la priorité des trois dirigeants.

D’autres ninjas étaient partis à l’assaut et ils allaient ordonner d’envoyer de troupes supplémentaires lorsque le leader du clan Habaki intervint en posant sa main sur le bras de Konta :

- Faites cessez l’assaut s’il-vous-plaît.
- Depuis quand devons-nous laisser des ennemis qui…
- Justement Konta-san, ce ne sont pas des ennemis mais des invités. C’est moi qui leur ai demandé de venir.

Estomaqués, les trois jeunes élèves de feu Konan regardèrent le père de Shiori. Etait-il sérieux ? Avait-il vraiment décidé une telle chose ?

- Vous prenez des décisions sans nous consulter ? s’étrangla Konta.
- Nous ne sommes pas à vos ordres pesta Naoichi. Vous n’êtes pas sur votre territoire mais chez nous.

Ayaka n’eut pas le temps d’intervenir que le chef du clan Habaki répliqua :

- Votre territoire… c’est curieux mais lorsque mon clan est intervenu pour libérer votre pays du Jiyûhane, personne n’est venu me dire que je n’étais pas à la bonne place. Personne ne s’est plaint et ne m’a demandé de repartir chez moi. Personne parmi vous n’a déclaré que vous pouviez régler ce problème seul.
- Je…

Konta ne savait quoi répondre. Naoichi se mit à triturer ses cheveux alors qu’Ayaka se retenait de ne pas se ronger les ongles. Ce rappel leur était insupportable.

Nous n’étions pas assez forts. Et peut-être qu’aujourd’hui encore nous aurions besoin d’une aide extérieure pour faire face à une menace de ce genre admit Naoichi.

Konan-sama vous auriez sûrement honte de nous, nous qui avons survécu plutôt que de donner notre vie… pensa Ayaka.

Le visage d’Eiichirô Habaki cachait mal son agacement. Il poursuivit, sans qu’aucun des trois ne l’interrompe : « N’oubliez pas ceci : si vous êtes en vie c’est parce que ma fille vous a épargnés. Si je ne lui en avais pas donné l’ordre vous seriez trois statues de plus à garnir son impressionnante collection… »

Eiichirô laissa passer quelques secondes avant d’ajouter : « Quoique, vous pourriez peut-être vous ajouter à la mienne… »

Les trois shinobis d’Ame se reculèrent. La menace était trop évidente pour les laisser indifférents. Il allait falloir affronter Eiichirô et ses hommes en même temps que les jashinistes ?

Le chef des Habaki éclata de rire. « Ne soyez pas si nerveux. Je plaisantais voyons. Maintenant que le petit rappel a été fait je pense que vous m’excuserez d’avoir agi de la sorte. Pouvez donc laissez entrer ces quatre personnes ? Elles ne feront aucun grabuge, je vous l’assure. »

Ils obtempérèrent et les ninjas d’Ame se retirèrent tout en se redéployant à l’intérieur d’Ame. Les portes s’ouvrirent. Un membre du clan Habaki se trouvait sur le seuil : « Veuillez accepter nos excuses pour cette… incompréhension. Si vous voulez bien me suivre. »

Il leur tourna le dos et commença à marcher en direction du centre de la ville.

- Cet accueil est digne des pires mécréants lâcha Hajime à voix basse.
- Sois magnanime. L’erreur accompagne souvent celui qui s’écarte du chemin tracé par Jashin.

Peut-être qu’Eiichirô n’est pas aussi bien ici qu’il veut bien le laisser croire analysa Otoki. Nous pourrions peut-être en profiter.

- Nous devons donc le suivre ? demanda Oren. Et si jamais…
- Tous les hommes doivent servir intima Mozen.

Plus aucun mot ne fut prononcé chez les jashinistes jusqu’à ce qu’ils atteignent le bâtiment où l’entrevue avait lieu.

Eiichirô les attendait dans une salle abondamment éclairée par des flambeaux mais qui ne contenait aucune ouverture. A ses côtés, les trois dirigeants d’Ame à qui il avait expressément demandé de ne pas le contredire devant les jashinistes. Il leur expliquerait tout dès la fin de l’entretien.

Mozen et Otoki prirent place à la table des négociations, Oren et Hajime demeurèrent debout.

- J’espère que vous excusez ce regrettable incident commença Eiichirô.
- A qui le devons-nous ? questionna Otoki.
- Je crois être fautif et ne pas avoir informé mes amis de votre venue.

Les trois dirigeants d’Ame confirmèrent à demi-mots son propos.

Ce n’était pas là l’essentiel pour les jashinistes.

- J’avais cru comprendre que les accords ne plaisaient pas vraiment aux apôtres de Jashin débuta Eiichirô. Dernièrement il semble toutefois que le vent tourne. Aussi il serait dommage que je n’en profite pas.

Il est donc au courant comprit Mozen. Un accord était déjà en vigueur entre le Jiyûhane et les jashinistes, concernant un assaut prochain contre le Pays des Neiges. L’entrevue entre Goro et Mozen, tandis que Masato avait fui depuis peu, avait débouché sur cette alliance temporaire.

- Ainsi vous auriez donc…
- J’ai un accord à vous proposer.
- Vous n’êtes pas le premier répliqua Otoki qui n’appréciait guère les manières d’Eiichirô.
- Certes admit ce dernier, mais celui-ci ne réclame rien de votre part.
- Vraiment ?

Les deux chefs jashinistes étaient intrigués par la dernière phrase du leader des Habaki. Qu’avait-il en tête au juste ? Jouait-il sur les mots ? Il ne leur laissa pas le temps de trop tergiverser :

- Je vous demande de laisser Masato tranquille si vous le croisez.
- Il n’entre pas dans nos attributions de décider qui nous rencontrons. Qui plus est, ce Masato a fait du mal à certains jashinistes. Et les ennemis de Jashin…
- Sont aussi les miens. Du moins dans ce cas-là.

Les regards d’Eiichirô et de Mozen se croisèrent : ils se jaugeaient. Leurs yeux se défiaient, comme pour mieux provoquer l’autre et apprécier son niveau.

- Partagez les mêmes ennemis que Jashin est une chose. Mais si vous ne le servez pas, cela ne vous avance pas à grand-chose. Vous restez hors de sa protection…

Mozen leva la main en direction de son interlocuteur et ajouta, d’un air menaçant : « Donc vous serez victime de sa malédiction. »

Les yeux du chef des Habaki se mirent à rougir en guise de réponse. Et sa main gauche à prendre une couleur incandescente.

- Jashin vous octroie-t-il une protection solaire ?
- Et votre kekkei genkai vous protège-t-il de la mort ?

Hajime était prêt à frapper au moindre signe de Mozen.

- Ne parlez pas de Jashin si légèrement sinon je vais vraiment m’énerver Eiichirô-sama.

Le sourire de Mozen s’effaçait au fur et à mesure que sa phrase progressait. Ses doigts se mirent à tapoter la table. « Avez-vous la moindre idée des pouvoirs que confère Jashin ? »

Eiichirô était seul remarqua Oren. Aucun garde n’était présent à ses côtés. Vu l’ambiance, cela inquiétait Konta et des deux amis qui se demandaient dans quoi ils avaient mis les pieds : accompagner l’Habaki n’était pas une si bonne idée que ça.

Un jet de lave partit d’Eiichirô en direction de Mozen. Ce dernier ne fit pas un geste. Aucun des trois autres jashinistes ne bougea. Avant qu’il ne l’atteigne Mozen fit un bref geste de la main droite et la lave se retrouva déviée : elle finit sa course sur le mur. Dans sa main droite se trouvait une sorte d’éventail. Peu banal à première vue car il avait détourné une technique Yôton sans être endommagé.

Oren n’attendait plus qu’un geste pour lancer une explosion.

- Restons-en là proposa Eiichirô. Vous êtes à la hauteur de votre poste Mozen-sama.
- S’il vous faut en passer par là pour l’admettre alors vous êtes encore plus stupide que l’autre cinglé du froid.

Eiichirô fusilla Otoki du regard. La pique avait produit son effet.

- Le clan Habaki ne passe pas des accords avec des organisations de second ordre. Et comme certains de vos hommes se sont fait capturer, comprenez que je tenais à m’assurer de votre valeur. Surtout qu’il y a quelques temps un des vôtres avait fini en petits morceaux et…
- Chaque groupe contient des forts et des faibles répondit Mozen d’une voix calme. Votre clan n’échappe pas à la règle.

Ils discutent comme si Eiichirô n’avait pas tenté de les tuer quelques secondes auparavant. Mais qui sont ces types ? s’interrogea Konta.

Comme si de rien n’était. Ils ne sont vraiment pas nets se persuada Anoichi.

Ce n’est pas demain la veille que je deviendrai jashiniste admit Ayaka.

- Si nous laissons Masato, que gagnons-nous en échange ? demanda Otoki.

Il était temps de revenir au sujet principal après l’écart d’Eiichirô.

- La tranquillité.
- Pardon ?
- Vous semblez avoir du mal avec Masato. Ne pas vous soucier de lui vous permettra d’économiser vos forces en vue d’autres projets.

Otoki sourit ironiquement.

- Vous ne manquez pas d’air. Vous savez que…
- Oui, Shôkishi Anotsu vous a enfermés. Vous êtes peu à en avoir réchappé. Donc vous représentez une certaine menace…. mais vos forces sont loin d’être reconstituées.
- Un tel affront à Jashin ne restera pas impuni débuta Mozen.
- Aussi avoir Masato pourrait être un moyen de vous venger coupa Eiichirô.
- En effet.
- Mais je le veux et s’il faut vous tuer pour cela…
- Sauf votre respect défier un Dieu est plus important que porter préjudice à un clan et…
- Certes Otoki-sama, mais Masato n’était pas impliqué. Tandis qu’avec moi…

Eiichirô Habaki serra le poing. « Il a tué la descendance d’une de mes filles, en plus de leur mère et de son mari. » Il prit une brève respiration avant de poursuivre, le regard plus noir que jamais. « Il est à moi. Il paiera pour ses actes. Masato va venir au Pays de la Pluie, pour trouver certaines réponses. C’est une opportunité en or. »

Il regarda ses interlocuteurs. « Et personne ne viendra la gâcher. »

Otoki était amusée. Si cette haine était mise au service de Jashin cela pourrait donner un résultat intéressant.

Mozen se chargea de répondre :

- S’en prendre à un Anotsu peut porter malheur. En tuer un autre en prime…

Eiichirô feignit de ne pas comprendre la remarque :

- Je ne suis pas au courant de ce que vous voulez dire.
- Bien sûr. On dit que ce sont les jashinistes qui ont fait le coup.
- Cette pauvre Akari… Un accident regrettable.

Mozen évaluait Eiichirô. Il savait qu’il était derrière ce coup-là mais avait-il volontairement décidé de mettre Shôkishi Anotsu sur les traces des jashinistes ? Il n’était pas sûr d’avoir la réponse aujourd’hui.

- La rivalité entre les Anotsu et vous est presque aussi célèbre que celle entre les Uchiha et les Senju. Jashin respecte les rivalités. Mais il nous faut…
- Le clan Habaki vous sera redevable. Mieux vaut cela que l’inverse.

Les jashinistes durent concéder cela. Être redevable était une honte car cela revenait à soumettre Jashin, même indirectement. Et, d’un autre côté, ils n’étaient pas encore suffisamment puissants pour se mettre le clan Habaki à dos, en plus de l’alliance. Un accord pouvait donc servir leurs intérêts.

- Vous êtes donc prêt à subir la colère de… commença Mozen.
- Tout comme vous il me semble. L’ennemi de mon ennemi pourrait devenir mon ami le temps d’une lutte commune.

La carotte après le bâton. C’est un négociateur plutôt malin apprécia Otoki.

Les échanges se poursuivirent encore pendant une heure avant que les jashinistes ne partent, sans avoir rien consommés. Ils s’évanouirent rapidement dans le paysage après être sorti d’Ame.

Eiichirô Habaki n’en avait pas terminé pour autant : les trois dirigeants d’Ame n’appréciaient pas de ne pas avoir été consultés pendant cet entretien. Ils bouillaient de colère tout en ayant respecté le silence demandé par Eiichirô.

- Merci d’avoir conservé le silence les remercia ce dernier. Ce n’était…
- Vous avez tout fait dans notre dos ! Laisser ces…
- Ne vous inquiétez pas. Il s’agit d’un accord non contraignant. Le Pays de la Pluie ne protège pas les jashinistes ni ne cautionne leurs folies. Cela concerne le clan Habaki.
- Mais avec votre présence… commença Ayaka.
- Les retombées ne peuvent être que positives pour vous.
- Et comment ?

Eiichirô Habaki les regarda. Il essayait de savoir si c’était une vraie question ou un piège. Il opta pour la première solution :

- Masato est un criminel recherché, membre du Jiyûhane. Le prendre est un signal important. L’alliance y sera sensible… Surtout, ce sera une formidable occasion pour vous tester.

Ayaka regarda Eiichirô. Elle comprenait où il voulait en venir. Konta également. Pas Anoichi :

- Vous nous laisseriez l’attaquer ? Mais vous avez dit aux jashinistes que…
- Je suis votre hôte. Il est normal que vous défendiez votre pays si un envahisseur y pénètre. Je ne vous demande qu’une chose : ne le tuez pas.
- Une mission risquée avança Konta. Si…
- On ne connaît sa valeur que lors de combats réels. Le champ de bataille est la meilleure des écoles. Voici justement une opportunité qui s’offre à vous.
- Par votre présence ici ajouta Konta qui devançait la réponse d’Ayaka.

Eiichirô sourit. Ils sont plus malins qu’ils n’en ont l’air.

- C’est vrai. Je vous promets que si vous rencontrez la moindre difficulté nous interviendrons.
- Mais ….
- Et le clan Habaki dédommagera Ame no Kuni pour les dégâts occasionnés. Nouis pourrions même aller plus loin : développer votre pays réclame des fonds pour mettre sur pied des cultures, des infrastructures. Nous pourrions vous prêter à des taux très intéressants.

Le poisson était ferré.

- Pourquoi avoir accepté cette offre ? demanda Oren. Cela m’a tout l’air d’un jeu de dupes.
- Shôkishi Anotsu ne se déplacera jamais ni ne pliera pour sauver un de ses proches. S’occuper de Masato ne nous servira à rien. C’est Shôkishi et son Pays que nous punirons.
- Mais quand même nous…

Mozen l’arrêta d’un signe de la main.

- Oren tu es jeune. Forte mais jeune. On ne peut pas courir plusieurs lièvres à la fois. Sinon Jashin nous aurait donnés plus d’yeux et de membres.
- Je comprends mais il nous a…
- Servir Jashin c’est aussi accepter des déconvenues personnelles. Elles ne sauraient prévaloir sur la poursuite de ses ordres.
- Oui.

Otoki intervint, comme pour confirmer la position de son mari :

- Les Habaki ont la mémoire courte… Les ruines du Pays des Neiges enseignent que s’opposer aux Anotsu n’apporte rien de bon. A moins d’être sous la protection d’une instance supérieure.
- Ils pourraient donc tomber prochainement ?
- C’est une possibilité Oren. Cela créerait de grands troubles et en période de troubles, la religion peut sauver bien des âmes.

Otoki ne perdait jamais le nord lorsqu’il était question de grossir les rangs des fidèles de Jashin.

- Shôkishi n’a pas réagi à la mort de sa fille nota Hajime. Peut-être est-il en train de faiblir.

Cette perspective avait de quoi ravir les jashinistes.

- Pourquoi pas concéda Otoki, les années passent et le pouvoir use.
- Tant que sa main droite demeure, mieux vaut ne pas tirer de conclusions hâtives les avertit Mozen. Il est toujours en fonction et pourrait bien préparer un mauvais tour.
- Contre les Habaki. Pas contre nous répliqua Otoki.
- Si c’est le cas, Jashin aurait judicieusement guidé nos pas ces derniers temps.

Les jashinistes avaient appris à se méfier de ce genre de situation où tout semblait trop beau. Leur Dieu aimait le mouvement, les conflits. Il enseignait que les événements prenaient la tournure voulue en combattant et en versant le sang pour lui. Néanmoins, en ce jour, Habaki comme jashinistes avaient l’impression d’être gagnants et les Anotsu perdants. En auraient-ils la confirmation par la suite ?
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MessagePosté le: Dim 19 Jan 2014, 8:32 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 76 : L’hôpital ne fait pas la charité


Le combat était des plus équilibrés. Chaque coup porté par Masato était paré par Gaï. Les coups de ce dernier étaient également arrêtés par son adversaire.

Voilà un ennemi redoutable pensa Gaï tout en déclenchant la Tornade de Konoha. C’est pour ça que je m’entraîne si dur tous les jours ! Le jônin en souriait presque tant il prenait plaisir à se battre de la sorte.

Masato était moins heureux. Impossible de le toucher sans laisser une ouverture. Vu sa maîtrise du taijutsu une telle opération serait risquée. Surtout qu’il est loin d’être à son maximum.

Il lui fallait donc choisir entre prendre des risques pour finir rapidement ce combat ou le laisser durer et profiter d’une erreur de fatigue de son adversaire. Quoique ce type de créature est increvable se dit Masato tandis que les coups de Gaï redoublaient d’intensité.

Le coup de pied de Gaï détruisit une roche, qui éclata en une multitude de petites pierres. Ceci eut le dont de surprendre le jônin de Konoha, une fraction de seconde. Masato voulu en profiter pour contre-attaquer. Peine perdue : son échaînement de coups de poings ne toucha pas la panthère de jade. Pas plus que le piège qu’il tendit en sectionnant une branche, ce qui eut pour effet de lancer une pluie de kunaïs sur Gaï.

Il en sortit sans une égratignure et en profita pour avancer sur son adversaire et augmenter la vitesse de ses attaques. Il ne laissait aucun répit à Masato : un arbre éclata sous les coups de Gaï et il profita de ce que son adversaire se couvrait le visage pour ne pas être touché pour l’attaquer de face. Masato dressa un mur de glace pour amortir le coup de Gaï et pouvoir éviter l’assaut.

Le temps de se déplacer de côté et Gaï était déjà sur lui. Masato sortit alors une lame de glace et l’avança en direction de Gaï. Lancé comme il était, le sensei de Lee ne pouvait l’éviter. Aussi, d’un geste rapide dans son sac, il sortit un nunchaku. Les coups qu’il porta avec suffire pour réduire la lame en morceaux et ne pas finir embroché.

J’espère que Shinsuke s’en sort mieux que moi pensa Masato. Il regarda un bref instant en direction de son partenaire : il était également en difficulté.

Le jeune épéiste se trouvait sur la défensive depuis un bon moment, ce qui avait le don de l’agacer. Au départ il avait l’avantage et il avait cru rapidement gagner le combat tant ses coups d’épée avaient failli amputer Tenten à deux reprises. Lee était alors intervenu.

Assez rapidement, toutefois, l’excellente coordination entre Lee et Tenten avait pris le dessus : le premier affrontait Shinsuke au corps-à-corps ; la seconde le couvrait. Dès que Shinsuke tentait de rassembler ses forces pour porter un coup puissant à Lee Tenten l’obligeait à parer des kunaïs, des shurikens ou d’autres armes qu’elle avait en stock.

Elle ne sera jamais à court d’armes cette folle ? s’énerva le jeune épéiste. La colère lui faisait perdre sa concentration, aussi Lee parvint à le faire chuter grâce à une balayette. Shinsuke planta sa lame dans le sol afin de conserver l’équilibre mais Tenten lui jeta deux kunaïs qu’il évita en se projetant en l’air, la main droite agrippée à son épée. Lee n’attendait que ça : Shinsuke était à peine à la verticale qu’il fut frappé à la poitrine par les deux paumes de Gros Sourcils.

Le fils de Ryuichi vint buter sur la prison de glace où se trouvait Sakura. Il se releva en grommelant quelques mots et saisit son épée, qu’il avait lâchée au moment de l’impact. Juste avant de repartir au combat il jeta un bref regard à la prisonnière, comme pour s’assurer qu’elle n’avait pas bougé.

Son immobilité masquait un esprit dévoré de questions depuis le début du combat entre ses ravisseurs et camarades de Konoha.

Que dois-je faire ? s’interrogea à nouveau Sakura. Rentrer dans le combat ? L’équipe de Gaï semblait bien se débrouiller aussi elle risquait de perturber leur organisation tant ils avaient d’automatismes. D’un autre côté, rester prisonnière lui déplaisait.

Je ne peux pas les laisser se battre seuls, pour moi pensa-t-elle. Il risque leur vie et même si je suis ninja médecin, il m’est impossible de me désintéresser de leur sort, de ne pas faire tout mon possible pour les épauler.

Elle avait un plan. Et des hésitations.

Si je fais cela, je risque de trahir l’éthique des ninjas médecins. Mais les circonstances sont telles que je ne peux pas faire autrement. C’est la meilleure solution pour les aider sans perturber leur fonctionnement.

Elle se passa les mains sur le visage. Sa décision était arrêtée. Tsunade-sama ferait la même chose que moi, j’en suis persuadée.

Sakura ferma les yeux et se mit à concentrer du chakra. Il lui fallait un contrôle exact de ce dernier pour réussir le jutsu qu’elle envisageait. C’est la première fois que je vais l’utiliser en situation de combat. Si je réussis c’est la victoire assurée.

Elle prit une brève respiration, frisonna quelque peu tant la température était baisse dans cette prison de glace puis elle effectua des mudras : « Le réveil des blessures endormies ! »

Masato eut l’impression d’être frappé par la foudre. Il mit un genou à terre et grimaça. Une douleur intense parcourait son organisme. Les coups de Gaï auraient un effet à retardement ?

Il eut juste le temps de se relever pour s’écarter et laisser ainsi passer une irruption fracassante qui déracina trois arbres. Qu’on se le dise : Gaï était en grande forme.

« Ah ah tu as su éviter mon attaque mais ses effets se font mlagré tout sentir ! » Tout en parlant, Gaï pointait Masato du doigt, comme à son habitude. Il était persuadé que si son adversaire faiblissait c’était grâce à ses attaques répétées.

Masato ne répondit pas. Ses blessures allaient en s’aggravant. D’un pas mal assuré, il se remit en position de combat. Il avait du sang dans la bouche.

Gaï arrivait déjà sur lui. Masato évita son coup de pied, bloqua le second avec son bras droit avant de se reculer de quelques pas pour ne pas être touché par le nunchaku de son adversaire.

La douleur s’intensifiait.

« La porte de la blessure ! »

Le rival de Kakashi venait d’ouvrir la 4ème porte et arriva sur Masato en un clin d’oeil. Grâce à deux saltos arrière et une dernière impulsion sur le sol, il évita d’extrême justesse la grande Tornade de Konoha qui fit le vide aux alentours. Gaï s’amusait vraiment et ce n’était pas de bon augure pour Masato.

Il va vouloir en finir vite maintenant qu’il a senti une faiblesse chez moi.

« La porte de la contemplation ! »

Six portes ouvertes… à croire que nous sommes en période de soldes plaisanta Masato avant de se resaissir immédiatement. Il avait compris le danger de mort qui le guettait.

« Le Paon Matinal ! »

Les poings de Gaï se mirent à frapper à une vitesse hallucinante. Des flammes émergeaient des coups portés. Masato n’avait pas le choix. Face à une telle technique, il devait sortir le grand jeu.

Il se plaça à bonne distance, pour éviter d’être mortellement touché. Une nouvelle douleur lui fit serrer les dents. Hors de question que je me fasse avoir maintenant.

La vue de cette technique et les flammes qui apparaissaient lui rappelaient le clan Habaki. Il aurait même de quoi rendre jaloux bon nombre de ninjas de ce clan.

Du chakra bleu émana de son corps. Il était d’une densité importante, bien plus élevée que lors des utilisations précédentes mais il fallait au moins ce niveau-là pour résister à une telle attaque de taijutsu. Il composa immédiatement des mudras pour contrebalancer l’attaque de Gaï : « L’avalanche des mythes ! »

Une ombre s’éleva, qui engloutit bientôt Gaï. Un impressionnant mur de neige avança sur lui. Nullement impressionné, il accéléra encore la vitesse d’exécution de ses coups de poings et de pieds, afin de créer une ouverture dans la coulée de neige qui avançait sur lui.

C’est insuffisant pour l’arrêter.

Masato leva alors son bras droit. Le chakra afflua. En dépit du déferlement de la neige, Gaï repéra cette concentration de chakra, grâce à la lumière bleutée qu’elle émettait. L’espace d’une fraction de seconde, le regard des deux adversaires se croisa et Masato vit un doute dans l’esprit de son adversaire.

A son niveau actuel, il ne peut pas bloquer ça.

« L’épée des sept hivers ! »

Il abaissa son bras. Tout s’embrasa tandis que la neige s’évaporait, comme consumée par le coup porté. En un instant, l’environnement placé devant Masato se transforma en un tas de cendres gelées.

Gaï avait évité l’attaque en se décalant sur sa droite.

- Vous n’étiez pas sûr de résister à cette attaque ? demanda Masato, quelque peu essoufflé, et dissimulant tant bien que mal ses douleurs.
- Oui, et c’est bon signe ! répondit Gaï. Cela veut dire que nous avons encore de belles heures devant nous pour voir quelle jeunesse va l’emporter !

Il n’est vraiment pas comme les autres.

Une nouvelle pointe de douleur lança Masato. Quelque chose n’allait vraiment pas. Les coups de Gaï ne l’avaient pas suffisamment touché pour qu’il soit dans cet état. Surtout, les douleurs, même amplifiées, lui étaient familières.

Comme si j’avais été blessé au même endroit que lors de mon combat contre les ninjas de Konoha.

Comme Gaï se remettait – pour quelques secondes – de son attaque précédente, et ne l’attaquait pas, Masato eut le temps de faire une rapide analyse. Une coïncidence était impossible. Puis, une étincelle se fit dans son esprit : une seule personne m’a touché et elle a…

Il regarda en direction de Sakura et comprit, vu le regard de cette dernière et ses mains jointes, qu’elle lui avait joué un tour.

Sans attendre, il ouvrit sa veste : un sceau se formait sur son ventre. La source de ses maux. Elle a dû le diviser et le répandre dans mon corps pendant qu’elle me soignait. En l’activant, il se reformait, réveillant et amplifiant mes douleurs.

Il cracha du sang sur le sol. Le signe de plusieurs hémorragies internes.

Elle a choisi les ninjas de son pays… pensa Masato. C’est compréhensible et bien joué de sa part. Je ne pensais pas que l’on pouvait annuler les soins. Redoutable technique.

Il esquissa un sourire dépité. On ne peut même plus se fier aux médecins de nos jours…

Sur les quinze coups que lui porta Gaï, il n’en para que deux, par pur hasard. Ses côtes cassées le faisait décidemment trop souffrir : il essayait donc de les protéger en plaquant son bras droit sur elles tandis qu’il se défendait avec le gauche. Un spectacle bien pitoyable.

Mon père aurait honte de moi s’il me voyait dans cet état, me débattant comme un genin face à un ninja de niveau supérieur.

Mais il ne pouvait pas faire mieux tant la technique employée par Sakura le paralysait peu à peu.

Même me planter un kunaï dans le corps ne suffirait pas à détourner la douleur cette fois-ci.

Gaï avança encore sur Masato. Le fils de Shôkishi essaya de l’atteindre avec son bras gauche. Son adversaire évita sans difficulté. Masato laissait une ouverture béante et Gaï lança alors son nunchaku. Placé comme il était, Masato allait le recevoir en pleine figure. Les forces lui manquaient pour se déplacer.

Un bruit métallique retentit. Shinsuke était intervenu, bloquant l’attaque de Gaï avec son épée.

- Shin’, ce n’est pas bien d’intervenir dans un combat murmura Masato.
- Ne vous en faites pas, je vais nous sortir de là répondit son interlocuteur.
- Je n’en attendais pas moins de toi… Mais tu n’es pas optimiste. Tu dissimules tes craintes Shin’. Tu sens que nous sommes en très mauvaise posture.

Masato ferma les yeux. Il avait envie de dormir. C’est à peine s’il entendit quelques mots parmi ceux que lui adressait Shinsuke.

Tout devint noir.

Juste quelques instants de repos et après je reprends le combat, promis.

La glace qui emprisonnait Sakura disparut.

Dans l’obscurité qui était la sienne, il ne voyait rien. Ses jambes fonctionnaient d’elles-mêmes et le faisaient avancer. Pour aller où ? Il ne le savait pas. Au moins, il ne souffrait plus.

Tout était silencieux. Pas un bruit ne venait troubler sa marche. Le silence et le noir comme seuls compagnons. Enfin presque : dans cet environnement difficilement descriptible, une faible lueur apparut, comme si une luciole s’était aventurée par ici.

La lueur devint une lumière, de plus en plus vive au fur et à mesure que les jambes de Masato le rapprochaient de cette curiosité. Peu à peu, c’était comme si un feu dévorait l’obscurité. La chaleur montait rapidement. Dans cette fournaise naissante, Masato eut l’impression de distinguer une forme. Il n’en était pas sûr. En revanche une voix parvint très distinctement à ses oreilles et il vit une main se tendre vers lui.

« Viens avec moi si tu veux vivre. » Sans trop réfléchir il saisit la main tendue.

Tout se déroula très rapidement. Masato se redressa, tel un mort revenu à la vie. Il saisit Shinsuke, qu’il prit dans ses bras.

« Oh oh ! Déjà prêt à reprendre le combat ? » se félicita Gaï.

Il n’eut pas de réponse. Masato filait sur sa droite aussi Gaï lui barra la route. Et là, pour la première fois depuis le début du combat, la panthère fut prise de vitesse. Son coup de poing s’écrasa sur le sol. Le temps de relever la tête et Masato était en équilibre sur son bras. Il décocha un coup de pied en pleine figure à son adversaire qui s’encastra dans un arbre. Il n’avait pas pu arrêter ce coup-là.

Lee et Tenten étaient estomaqués. Etait-ce vraiment le même homme que tout à l’heure qui venait d’asséner un coup à leur sensei ?

Tandis qu’ils réfléchissaient à la question, Masato apparut devant Sakura. Surprise, cette dernière n’esquissa pas le moindre geste, elle ne comprenait pas ce qui se passait. Sa technique avait-elle un défaut ? Inverserait-elle la condition de celui qui la subissait ? C’était impossible et, d’ailleurs, il semblait à Sakura que l’individu qui lui faisait face avait changé. De fines particules l’entouraient, mais elles n’étaient pas bleues mais jaunes. Des flammes réalisa-t-elle. Il était entouré d’un chakra jaune.

Masato la saisit à la gorge tout en posant Shinsuke. Une lueur jaune brillait dans ses yeux tandis qu’il regardait Sakura.

Il n’y a aucune compassion dans ce regard pensa-t-elle. Que va-t-il m’arriver ?

- Reprendre les soins donnés… astucieux mais contraire à l’éthique médicale.
- …
- Rien à dire pour ta défense ?
- Je l’ai fait pour protéger mes amis et…
- Protéger quitte à bafouer. Ta punition sera à la mesure de ton acte.

Sakura ressentit une violente décharge avant que Masato ne la jette à terre. De sa gorge, la chaleur semblait se diffuser dans tout son corps avant de se cibler au niveau de son ventre. Il veut me rendre la pareille pensa Sakura qui, en dépit de la douleur, esssayait de concentrer du chakra sur la zone atteinte pour minimiser les dégâts.

« Qu’as-tu fait à Sakura ? » cria Lee. Il apparut devant Masato et, sans laisser le temps à ce dernier de répondre ou d’esquisser le moindre geste il se mit à le rouer de coups. Son genou finit dans l’estomac de Masato qui porta sa main sur la zone blessée ; Lee le frappa de plus belle au niveau des côtes.

Son adversaire perdait rapidement de sa superbe : le chakra de couleur jaune qui l’entourait quelques secondes auparavant s’estompait. Et avec lui sa rapidité, ses réflexes. Il n’arrivait pas à parer les coups de Lee. Tout allait trop vite pour lui.

Voyant cela, Lee se dit qu’il était temps d’enfoncer le clou. Il ouvrit cinq portes et frappa Masato si fortement que ce dernier crut avoir tous ses os fracturés sous la violence de l’impact. D’un coup de pied, Lee l’envoya en l’air avant de réapparaître dans son dos.

« Voilà ce que mérite un type comme toi : la fleur de Lotus Verso ! »

Lee frappa Masato en même temps qu’il l’attachait avec les bandes qui entouraient, au préalable, ses deux poings. Il ne voulait pas que son adversaire ne se relève. D’un geste, il ramena Masato vers lui avant de lui porter un coup de paume et un coup de pied dans le torse. Masato fut projeté au sol.

A cause de la violence et de la vitesse de l’impact il n’essaya même pas de se réceptionner. Il ne dut sa survie qu’à la création instinctive d’une couche de neige, pour amortir sa chute. Son souffle était court, il n’avait plus rien en réserve.

Tenten en profita pour lancer des shurikens. La lame de Shinsuke les para.

- Merci Shin’ articula Masato en se redressant tout en prenant appui, à deux mains, sur le sol.
- Le gros morceau reste pourtant à venir Masato-sama.

En effet, Gaï était aux côtés de Lee. Vu leur regard on pouvait s’attendre à une attaque dont ils avaient le secret.

- Tu es prêt Lee ?
- Oui répondit celui-ci les yeux bouillants de rage.

Les deux ninjas ouvrirent les six portes.

A cet instant, Shinsuke perdit espoir. Il tenait son épée mais il n’avait plus la volonté de se battre devant la formidable concentration de chakra qui se dressait si près de lui. Une attaque combinée… Comment pourrait-il la parer ? Qu’est-ce que Masato pourrait faire dans son état ?

Ce dernier vint pourtant se placer devant Shinsuke, en se traînant du mieux qu’il pouvait.

- C’est pire que d’habitude.
- Vous croyez ?

Masato tourna la tête. Malgré le sang qui couvrait une bonne partie de son visage il sourit.

- J’ai été content de faire équipe avec toi. Tu transmettras mes salutations à ton père. J’espère que tu rentreras sans encombre.
- Masato-sama…

Gaï et Lee se projettèrent en direction de Masato.

« Redoutable duo… » déclara le fils de Shôkishi.

Quand il reprit ses esprits il était allongé sur le sol. Shinsuke était à côté de lui, recroquevillé et son épée auprès de lui.

Masato essaya de se redresser mais la douleur qu’il éprouva l’en empêcha. Il dut procéder tout doucement, pour se relever progressivement. Son corps était couvert de bandages et il sentait qu’on avait touché à ses côtes.

Elles ont été réparées. Mais par qui ?

La pénombre du lieu lui fit croire qu’il se trouvait dans une cellule. La vue d’un point de sortie qui amenait la lumière là où ils étaient lui indiqua qu’il faisait fausse route. Ce n’était pas une prison. Ils était donc encore en liberté.

Comment cela est-il possible ? Est-ce que la voix à l’intérieur de moi aurait de nouveau…

Masato regarda Shinsuke. Il ne lui manquait aucun membre.

- Je ne sais pas comment c’est possible murmura Shinsuke.
- Que veux-tu dire ?

Il ne répondit pas. Lui qui avait tout vu : Masato qui tombait lentement à terre tandis que Gaï et Lee s’élançaient sur lui. Puis, cette ombre qui était intervenue. En deux coups, elle avait repoussé les deux ninjas de Konoha. Comment avait-elle pu savoir où était l’ouverture dans l’exécution de cette attaque combinée ? Dans la foulée, cette ombre avait saisi Masato et Shinsuke et, malgré un coup de poing faiblard de Sakura, qui souffrait énormément, et une volée d’objets tranchants de Tenten, elle les avait emmenés loin d’ici.

Les ninjas de Konoha n’en étaient pas revenus. Et Shinsuke non plus.

« Shin’ que s’est-il passé ? Ai-je… » Masato craignait d’avoir cédé à cette voix, ce qui pouvait expliquer l’attitude du jeune épéiste. Plutôt que de parler, d’un signe de tête, Shinsuke indiqua à Masato de regarder sur sa droite.

Le fils de Shôkishi n’en crut pas ses yeux. Il était là, assis sur un rocher, dans une position de méditation. Ses cheveux blancs étaient impeccablement arrangés, sa barbiche apparaissait très légèrement.

Mais qu’êtes-vous donc venu faire ici ? brûla de lui demander Masato.

Comme s’il avait lu les pensées de Masato dans son regard, son sauveur lui répondit : « Je n’allais pas laisser des ninjas de Konoha embarquer mon disciple préféré. »
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MessagePosté le: Jeu 30 Jan 2014, 4:08 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 77 : Bienvenue chez vous !


La seule idée qui l’obsédait, en arrivant à Konoha, était de manger. L’estomac du Hokage criait famine, aussi le restaurant de Teuchi était l’endroit tout indiqué, dans l’esprit de Naruto, pour se restaurer.

De l’appétit malgré la capture de Sakura ? Oui. Le Hokage n’était pas devenu égoïste, bien au contraire : il était simplement confiant. Sakura reviendrait rapidement, grâce à l’équipe de Gaï. Et elle pourrait sûrement obtenir des informations intéressantes de la part de ses ravisseurs. Naruto pouvait ainsi se concentrer sur un élément plus important à cette heure : sa nutrition.

- Cinq bols de ramens et je n’aurai plus faim !
- Commence par en commander deux. Si tu manges trop tu pourrais le regretter. Je ne vais pas te refaire l’histoire de toutes les indigestions que tu as eues.


Kurama n’était pas certain d’avoir gain de cause tant Naruto semblait déterminer à manger ses cinq bols.

- Je ne reviens jamais sur ma parole ! Donc je mangerai ces bols !
- Tout doux gamin, tu n’as pas encore commandé donc ta parole n’est pas en doute.
- Si je reviens sur ce que je dis à mon partenaire, alors je ne suis pas digne d’être Hokage.
- Et voilà, c’est reparti…


Le démon à neuf queues anticipait déjà un laïus dont le Hokage avait le secret. Surtout sur ce thème. Naruto finissait de saluer les Uzumaki et les autres ninjas qui avaient pris part au voyage au Pays des Tourbillons qu’il commençait déjà à entretenir Kurama de l’importance de la parole chez un Hokage.

- Tu te rends compte, si ma parole n’est pas crédible, cela va menacer tout l’édifice !
- Oh, je sens que tu vas partir dans une explication dont même Shino aurait à rougir...


Dans de tels moments Kurama regrettait que Madara ne l’ait pas scellé complètement dans le Gedô Mazô. Il aurait perdu sa personnalité mais au moins personne ne viendrait le bassiner sur la crédibilité de la parole, même professée lors d’un dialogue intérieur.

L’odeur des ramens concentra l’attention de Naruto et l’interrompit dans son propos.

« Cinq bols de ramens pour moi ! »

Teuchi le regarda, surpris par la quantité demandée. Généralement Naruto en commandait deux, voire trois, pas davantage.

- C’est pour toi seulement ?
- Oui, j’ai une faim de loup !
- Et tu auras les moyens de payer ? La dernière fois, il a fallu que j’aille demander à Tsunade-sama de régler l’ardoise que tu avais laissée.

Teuchi n’avait guère apprécié cette situation et comptait bien ne jamais la revivre. Il n’aimait pas les mauvais payeurs, et même s’il appréciait Naruto et que ce dernier occupa le poste de Hokage rien n’y faisait : on paye ce que l’on consomme. Sinon c’était la mort du petit commerce et Teuchi redoutait l’installation de concurrents qui menaceraient ses profits. Pour le moment il bénéficiait d’une protection par le village mais les temps étaient à une plus grande ouverture.

Peut-être que je devrais lui offrir le repas. Ce serait une bonne idée pour qu’il défende mes affaires pensa Teuchi. Ce n’est pas de la corruption, juste un petit cadeau…

Le restaurateur ne put énoncer à voix haute son idée : Shizune venait de débarquer.

- Rajoute un bol de ramens Teuchi-san ! commença Naruto. J’invite Shizune à déjeuner.
- Navré Naruto-sama mais ce sera pour une autre fois.
- Je mangerai en pensant à vous alors…
- Vous ne mangerez pas.

Naruto grimaça en regardant Shizune. Elle poursuivit : « Il faut que vous vous rendiez au bâtiment du Hokage. Une affaire urgente à régler. »

Un soupir de dépit accompagna la fin de la phrase de Shizune :

- C’est que j’ai faim moi.
- Le village passe avant, navré Hokage-sama.

Le fils de Kushina aurait bien voulu répondre non mais il se ravisa. S’il envoyait promener Shizune, mamie Tsunade risquait de débarquer. Et il redoutait déjà les coups qu’il pourrait recevoir.

Elle me traînerait par les pieds après m’avoir tabassé – comme elle a pu faire à Jiraya-sensei dans le passé.

Il frisonna en repensant à ce que l’ermite pervers lui avait raconté sur le sujet. Trente secondes passèrent avant que Naruto ne maugrée un « oui » et se lève du siège où il avait pris place.

- Je devrais instaurer une pause repas pour le Hokage : un moment dans la journée où personne ne doit le déranger car il se restaure.
- Te connaissant, tu n’hésiterais pas à en instaurer dix par jour…


- Et pour mes ramens ? s’inquiéta Teuchi. J’ai déjà commencé à les faire cuire.
- T’en fais pas ! Je vais régler l’affaire en deux temps trois mouvements et serais là dans cinq minutes.

Vu le visage qu’afficha Shizune Teuchi en douta. Pas Naruto.

- A tout !

- Tu sais Naruto, si Shizune vient te chercher, c’est parce qu’un événement important a dû se dérouler. Tu devrais décommander car cela pourrait durer.
- Tout finira rapidement, j’en suis sûr. En route !


Il fila sans attendre Shizune qui arriva dans le bureau de Tsunade alors que Naruto était déjà installé et que ses gargouillis se faisaient entendre.

Toutes les personnes concernées étaient présentes. Les deux conseillers étaient là, tout comme Tadase et Hiashi Hyûga ainsi que Jin. Les échanges duraient depuis plusieurs heures et Tsunade commençait à perdre patience devant le piètinement du dossier. Elle en avait cassé trois stylos.

- Jin, vous reconnaissez donc avoir pénétré sans autorisation dans le bâtiment principal du clan Hyûga. Vous n’êtes pas sans savoir que… débuta Koharu.
- Ils s’en sont pris à des enfants ! explosa de nouveau l’Anbu.

Naruto ne comprenait pas très bien de quoi il s’agissait. Tsunade lui avait expliqué les grandes lignes de l’affaire lorsqu’il l’avait rejointe mais il n’écoutait que d’une oreille, trop occupé à penser aux ramens qui l’attendaient chez Teuchi.

Homura lui transmit des photographies. Le Hokage les consulta : elles montraient des traces de coups, portés sur de jeunes enfants. Deux garçons et une fille.

- Ils n’y sont pas allés de main morte. Mais c’est Jin qui a fait cela ?
- Oui, d’ailleurs c’est pour ça qu’il vient de dire qu’il avait pénétré illégalement chez les Hyûga…
- Pourtant ce ne sont pas des Hyûga qui ont été blessés.


Kurama leva les yeux au ciel et se demanda s’il ne devait pas faire une sieste. Si Naruto était à côté de la plaque l’affaire allait s’enliser encore davantage.

- Pourquoi avoir réagi de la sorte ? redemanda Tsunade. Tadase, ce n’était pas la peine de…
- Je pensais qu’il s’agissait d’espions.
- Ici et…
- Les temps s’assombrissent alors il faut être vigilant.
- Avec des élèves de l’académie ?

C’était une réponse que Tadase attendait, visiblement. Avec un petit sourire il répondit : « Kabuto Yakushi aussi était un élève de l’Académie. On sait ce qui s’est passé ensuite. »

Les conseillers approuvèrent mollement. Tsunade jeta un regard mauvais à Tadase : « Tu crois qu’une réponse de ce type me convainc ? »

Tadase haussa les épaules : « Je crois que non. »

- Où sont les preuves ? demanda la 5ème Hokage.
- Davantage qu’une preuve, j’ai eu une intuition : des gosses qui se cachent, ne disent pas pourquoi ils sont là… S’ils n’avaient rien à se reprocher pourquoi mentir sur les motifs de leur présence ici ? Surtout qu’ils avaient demandé des renseignements à Hanabi auparavant.

Tsunade regarda en direction de Naruto. Ce dernier lui sourit. Elle ne lui rendit pas son sourire. Le Hokage ne comprit pas pourquoi et lui fit un petit geste de la main. D’un regard, Tsunade lui indiqua Tadase et Jin.

- Pourquoi elle me les montre ? Je les ai vus quand même.
- Je crois qu’elle souhatie que tu prennes la parole. Tu n’as encore rien dit depuis ton arrivée…
- Ah d’accord ! merci Kurama.


Naruto se râcla la gorge et s’adressant à Tadase, déclara :

- Je viens d’arriver et j’ai faim.
- Un propos remarquable pour notre sujet répondit le jônin du clan Hyûga.

Son ironie échappa complètement à Naruto, plutôt content qu’on prenne en compte sa situation.

Tsunade envoya un petit coup de pied, sous la table, à Naruto, qui manqua de lui fracturer le tibia.

- Aïe !
- Je m’excuse. Peut-être as-tu autre chose à ajouter en dehors de l’état de ton estomac ?

Là Naruto comprit seul qu’il devait la soutenir et s’impliquer.

- Vous êtes allés trop loin Tadase. Sans preuve ce que vous…
- Faut-il toujours avoir des preuves avant d’agir ? Vous-même faites bien confiance à votre instinct parfois non ?
- Adressez-vous sur un autre ton au Hokage le tança Koharu.
- Mes excuses.

Naruto les accepta et reposa sa question :

- Donc, vous pensez que ces jeunes étaient une menace ?
- Ou qu’ils servaient des intérêts contraires à ceux du village.
- Vous pensez à qui ou à quoi en particulier ? rebondit Tsunade.

Ce fut Hiashi qui répondit :

- A des enfants des Ailes, d’autres nations… voire la Racine.

Tadase fronça légèrement les sourcils. Mieux valait ne pas mêler Mayu à cette affaire sinon il pourrait être bavard sur le sujet et le clan Hyûga pourrait y perdre quelques plumes.

- La Racine n’a rien à voir coupa Homura.
- C’est une supposition d’Hiashi-sama répliqua Tadase. Je concède que ce n’est pas la piste que nous avons privilégiée.
- Hiashi n’a pas forcément tort de douter de cette organisation intervint Tsunade.
- Ne jetez pas l’opprobre sur le fils parce que le père ne vous plaisait pas.

La remarque de Koharu agaça Tsunade qui cassa un quatrième stylo. Bientôt le bureau risquait de voler sous ses coups de poings. Ou bien la tête de la conseillère les recevrait. Les options étaient très ouvertes à cette heure.

Pour ne pas perdre plus de temps, Naruto s’orienta vers Jin, debout, les mains derrière le dos, le regard grave.

- Vous êtes donc intervenus pour sauver ces trois-là.
- Oui Hokage-sama.
- Quels sont vos liens avec eux ?
- L’un est mon frère, les deux autres ses amis.

Je me disais bien qu’il y avait un air de famille, malgré les bandages qui entourait ce gamin. Renji, je crois qu’il s’appelle Renji. Ses yeux brillaient lorsque j’étais intervenu dans sa classe pour raconter certains de mes combats.

Ce souvenir fit pencher Naruto du côté de Jin.

- Avez-vous le sentiment d’en avoir trop fait ?
- Non.
- Et s’il s’était agi d’autres enfants ? demanda Homura.
- J’aurais agi de même. Être Anbu c’est assurer la protection du Hokage, effectuer des missions… mais c’est aussi protéger contre l’arbitraire et l’injustice qui peuvent se manifester de temps à autre.
- Et voilà, c’est reparti se plaignit Tadase.
- Le clan Hyûga ne cède pas à l’arbitraire, ni à l’injustice ajouta, glacial, Hiashi.

L’atmosphère se dégradait. Naruto avait, involontairement, attiré Jin dans un piège. Provoquer le clan Hyûga sur son impartialité, surtout en présence d’Hiashi était la dernière des choses à faire.

« Le territoire du clan Hyûga a été violé. Comme c’est un Anbu, il est soumis aux ordres du Hokage et doit en répondre devant lui. Ou alors les hiérarchies sont fluctuantes ces temps-ci. »

Personne ne répondit à Hiashi. Ses yeux blancs ne lâchaient pas Jin.

- Que voulez-vous ? finit par demander Tsunade.
- Que les enfants soient interrogés et…
- Ils ont assez souffert ! explosa Jin.

Tsunade lui fit signe de se maîtriser avant de prendre, de nouveau, la parole :

- Dès qu’ils iront mieux la police les interrogera.
- Mais d’une manière respectueuse compléta Naruto. Shibi sera là et, si besoin, je serai présent.
- Nous souhaitons qu’un membre du clan Hyûga participe ajouta Hiashi.
- Et vous allez envoyer Tadase pour qu’il les terrorise et qu’ils se taisent ?

La nouvelle intervention de Jin excéda Hiashi.

- Lorsque son chien n’obéit pas, l’usage veut qu’on le corrige lança-t-il.
- Vous n’avez pas le cran de me corriger vous-même ?
- S’il m’est permis par les Hokage…
- J’espère que vous ferez meilleure figure que les Hyûga que j’ai étalés.
- Ne vous faites pas de soucis à ce sujet.

Le poing de Tsunade s’écrasa sur le bureau. La facture du mobilier allait encore s’allourdir.

- Suffit ! Où vous croyez-vous ? Il n’est pas question que l’affaire se règle autour d’un combat singulier.
- Soit maître Hokage opina Hiashi.

Tsunade récapitula alors ce qui allait se passer, sans admettre la moindre interruption. On attendrait que les trois enfants soient dans de bonnes conditions pour les interroger. La lumière serait ainsi faite sur ce qui avait pu se passer. Jin brûlait d’envie de demander quelles sanctions seraient prises contre Tadase s’il s’avérait qu’il avait agi sans preuve mais il préféra se taire pour ne pas recevoir un bureau en pleine face.

- Une question reste en suspens avança Hiashi.
- Laquelle ?

Le chef du clan Hyûga leva le doigt en direction de Jin : « Vous ne pensez tout de même pas à le laisser indemne de toute sanction ? Le clan Hyûga exige qu’il soit puni. »

Le père d’Hinata croisa le regard de Jin. Aucun des deux ne baissa les yeux. Tadase était aux anges et les conseillers mécontents que Tsunade n’ait pas réussi à régler cette affaire une bonne fois pour toute.

Naruto était ailleurs.

- En attendant qu’une décision soit prise concernant Jin, ce dernier continuera à effectuer des missions pour l’Anbu. Elles seront plus limitées et chacun de nous veillera à ne pas envenimer la situation. C’est bien clair ?
- Vous nous laissez le choix ?
- Non Hiashi, j’ai fait assez de concessions comme ça.

Il fit un bref hochement de tête pour dire qu’il approuvait. Tsunade se tourna vers Jin :

- Vous pouvez disposer.
- Merci Hokage-sama.

Jin salua les personnes présentes, bien qu’il fallut le Byakugan pour distinguer un signe de Jin envers les Hyûga. Il marcha en direction de la sortie.

- Naruto, tiens-toi prêt.
- Je suis déjà prêt à bondir pour allez chez Teuchi !
- Je ne parle pas de ça crétin ! Il va se passer quelque chose.
- Hein ?!


Kurama avait raison. Jin venait d’arriver à la porte lorsque Tadase lança à son endroit : « Anbu, je vous préviens, attention où vous mettez les pieds. »

Jin s’arrêta comme si un mur invinsible l’empêchait d’avancer désormais. Il se tourna à moitié, laissant voir un visage bouillant de rage. « Je mets les pieds où je veux, Tadase. Et c’est souvent dans la gueule. »

Il faut que j’empêche cela se dit Naruto qui avait enfin compris l’avertissement de son Bijû. Il passa en mode Kyûbi, pour intercepter Jin.

A une seconde près il aurait réussi. Tout se passa au ralenti.

Le visage des conseillers laissa apparaître un regard stupéfait, tout comme Tsunade qui se leva de son siège et commença à articuler quelques mots, pour arrêter Jin. Shizune serra fortement Tonton contre elle. Hiashi activa son Byakugan. Tout reposait sur Naruto.

Il tenta de se mettre en opposition. Trop tard : le poing de Jin était déjà parti. Il s’écrasa sur la joue de Tadase qui fut jeté au sol suite à la violence de l’impact. Comme à son habitude, Jin n’y était pas allé de main morte. Naruto parvint néanmoins à le saisir pour l’empêcher de porter un nouveau coup au jônin.

Tadase se redressa quelque peu. Il cracha du sang sur le sol. Ses yeux brillaient de malice.

- Je t’avais prévenu que cette réunion allait durer longtemps rappela Kurama à son partenaire.
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MessagePosté le: Sam 08 Fév 2014, 4:50 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 78 : Un plan presque parfait


« Vous acceptez ? »

Entouré par tous ces ninjas masqués, il hésita. Ce geste n’échappa nullement à son interlocuteur. D’habitude, il y aurait vu le signe d’un traître en puissance, d’un individu jouant double-jeu. Il sentait bien que certains de ses hommes étaient prêts à tomber sur son visiteur et à le mettre à mort s’il leur en donnait l’ordre.

Il n’en fit rien. C’est une décision lourde de conséquences. Vu tout ce qui lui est arrivé dernièrement mieux vaut le ménager. Du moin, pour le moment.

Yamato se râcla la gorge. Mayu reposa sa question :

- Donc ? Votre visite par ici signifie…
- Que je souhaite rejoindre la Racine.
- Bien.

Sous son air impassible, Mayu dissimulait une profonde satisfaction. Il le tenait. Depuis plusieurs jours, il avait fait suivre Yamato, discrètement, et ses hommes étaient formels : aucun contact avec Tsunade ou d’autres personnes liées aux Hokages. Le clone d’Hashirama n’avait pas vendu la mèche. Le seul élément dérangeant était que Yamato s’était approché un peu trop près d’Abayama. Or, Mayu ne voulait pas que qui que ce soit en dehors de la Racine sache que Yamato avait retrouvé ses souvenirs. Il lui ferait la leçon sur le sujet.

Sur un geste de Mayu les hommes de la Racine présents à ses côtés saluèrent le nouveau venu. Aucune effusion particulière n’accompagna ce rituel. Yamato avait tout à leur prouver. Et il le savait.

Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Peut-être que je devrais partir, il est encore temps. Je n’ai pas encore franchi le point de non-retour pensa Yamato.

Les ninjas de la Racine se dispersèrent peu après, sur ordre de Mayu. Trois individus demeurèrent toutefois auprès de leur chef.

- Vous savez ce que j’attends de vous ?
- En tant que membre de la Racine je dois tuer un camarade, effacer mon nom…

Mayu l’interrompit avec sa main droite. « Pour vous c’est différent. Un Anbu, maîtrisant le Mokuton, proche des sphères du pouvoir... Vous avez droit à certains égards. »

Yamato regarda Mayu. Il ne comprenait pas.

- Vous voulez dire que…
- Pas besoin de changer d’identité ou quoi que ce soit d’autre. J’ai besoin de vous en tant que membre de l’Anbu. Vous devez reprendre du service. C’est là que vous obtiendrez les informations nécessaires à l’avancée de…
- C’est de la trahison et…

Yamato s’était braqué. Exactement ce que Mayu craignait. Sa loyauté pour les Hokages est encore forte. Il faut la retourner contre lui et rapidement sinon il va ébruiter tout cela. Son regard se durcit. Et il serait dommage d’avoir à le supprimer.

- Puis-je vous poser une question Yamato ?
- Oui.
- Comment appelez-vous le fait de cacher la vérité à une personne et de lui effacer la mémoire ? N’est-ce pas une forme de trahison ? Le Hokage ne doit-il pas protéger ses hommes, mettre sa vie en jeu plutôt que de les sacrifier pour cacher un secret ?
- C’est…

Yamato hésita, avant de poursuivre, comme vaincu par l’argument : « juste, oui. »

Ses yeux se perdirent dans le vide. Mais Mayu ne s’y trompa nullement : dans ce regard brillait de la colère. Une petite étincelle mais largement suffisante pour le chef de la Racine.

- Il est de notre mission de protéger le village. Même contre ses dirigeants. Dans l’ombre nous protégeons la croissance de ce bel arbre construit par Hashirama.
- Et par Madara… commença un des ninjas de la Racine.

Il reçut une claque derrière la tête de la part d’un ninja portant un masque de chien. Mayu le foudroya du regard.

Mon fils est décidément un imbécile.

Aucune réponse n’émana de Mayu. Dans son esprit les Uchiha étaient des ennemis. Pas question d’évoquer leur présence lors de la fondation de Konoha. Leur rôle était marginal et ne méritait pas qu’on s’y étende. Mieux valait ne pas discuter cette version de l’histoire, comme son fils venait d’en faire l’expérience.

- En quoi consistera mon rôle ? demanda Yamato, guère intéressé, à cette heure, par la fondation du village.
- Servir les Hokages à la surface, la Racine en profondeur. Vous pourrez être amené à des missions où…

Un élément perturbait, toutefois, Yamato qui interrompit Mayu :

- Si vous voulez que je reste dans l’Anbu c’est…
- … à cause de Saï, oui. Inutile de lui mentir sur ce sujet.
- Etait-il parmi…
- Non répondit Mayu. Il a été appelé, par les Hokages. On dirait que certaines turbulences frappent le village.

Un sourire traversa les lèvres de Mayu. « Ce qui nous a privé de sa présence. Comme il est plutôt collant et que s’opposer à lui peut conduire à la dissolution de la Racine, il nous faudra faire attention. Vous en avez l’habitude non ? »

Yamato acquiesça. Il surveilla quand même les environs mais ne vit aucune créature qui aurait pu être le produit du coup de pinceau de Saï. Nos prochaines rencontres seront donc à haut risque.

- Avez-vous d’autres questions en tête Yamato ?
- Pas pour le moment.
- Reprenez du service, le plus vite possible. Nous vons recontacterons dès que vous serez de nouveau en fonction. D’ici là, silence.

Un hochement de tête lui répondit et Yamato s’éclipsa.

- Ne me reprends plus jamais de la sorte. Reste à ta place.
- Je suis…
- N’ajoute pas un mot. Je t’ai assez vu. Disparais.

On pouvait imaginer la tristesse sous le masque du fils de Mayu qui disparut en quelques secondes. Mayu lui avait tourné le dos pour le réprimander, comme pour mieux l’humilier et le placer face à ses erreurs.

- Il est encore jeune et…
- Nul besoin de le défendre.

Un nouveau ninja de la Racine arriva. Il mit immédiatement un genou à terre ; pour saluer son chef.

- Asafumi… quelles sont les nouvelles ?
- Lors de l’entrevue, Hiashi a voulu nous impliquer dans ce qui est arrivé aux trois genins… mais Tadase a botté en touche. Nous ne devrions pas être inquiétés.
- C’est fâcheux.

Le visage de Mayu affichait une légère perplexité teintée d’agacement. Ce n’était pas une bonne chose que la Racine ait été mentionnée. Tout en réfléchissant sur le sujet il se mit à marcher, sortant du lieu de rendez-vous de la Racine pour se retrouver dans Konoha.

- D’autres éléments à signaler ?
- Une arrivée de ninjas…
- En rapport avec l’affaire le reprit Mayu.
- Pas pour le moment Mayu-dono.
- Tu peux disposer.

Le ninja s’exécuta.

- Vous ne devriez pas laisser passer cette offense Mayu-dono.
- Amane, tu ne laisses décidément rien passé.

Sous son masque, la jeune femme brûlait d’en découdre avec les Hyûga, de leur donner une leçon. Et elle n'avait pas tort, concéda Mayu.

« Il faudra peut-être donner une leçon à ces Hyûga. »

Tout en avançant, le chef de la Racine vit traverser devant lui un jeune homme, les cheveux noirs, encore plus en bataille que d’habitude, un masque d’Anbu sur le visage. Leurs regards se croisèrent. Amane s’immobilisa, prête à fondre sur la menace pour son chef.

L’Anbu s’arrêta. Sans ôter son masque il lança à Mayu :

- Quelque chose à voir avec ce qui est arrivé à mon frère et à ses amis ?
- Adresse-toi à Mayu-dono avec plus de…
- Du calme Amane. Vous aimeriez bien que je sois impliqué dans cette histoire n’est-ce pas Jin ?

Il n’obtint pas de réponse. L’Anbu avait les poings serrés et semblait prêt à bondir sur Mayu d’une seconde à l’autre.

- D’une manière ou d’une autre vous êtes mouillé à cette affaire.
- Vous accusez sans preuve ? Je croyais que c’était justement ce que vous reprochiez à Tadase Hyûga. Finalement, vous êtes assez proches…

Une tension parcourut instantanément le corps de Jin. Il fit un pas en direction de Mayu ; Amane dégaina un sabre court.

- Je m’occuperai de vous une autre fois lâcha Jin.
- Pas pour cette regrettable affaire j’espère. Vous pensez vraiment que la Racine se préoccupe d’enfants ?
- Par le passé oui répondit Jin, glacial. Nous nous reverrons.

Il tourna les talons avant de filer dans un nuage de fumée.

- Il s’est dégonflé se plaignit Amane. Dommage, j’aurais pu lui faire la peau sans problème.
- Mieux vaut lui ficher la paix.

Amane regarda Mayu, interloquée. Le chef de la Racine était amusé. « Je crois que nous n’aurons pas à faire la leçon au clan Hyûga. Tout se passera sans que nous n’ayons à intervenir. »

« Cela n’avance pas vite » lâcha-t-il à voix basse, alors que les travaux pour son visage de pierre avaient débuté.

Naruto flémardait sur le visage de pierre de son père, allongé et les mains derrière la tête. En tournant sa tête sur la droite, il pouvait apercevoir des ouvriers qui s’affairaient sur la taille des premières pierres. Est-ce qu’ils sentaient que le Hokage les observait ? Toujours est-il que le ciseau à pierre de l’un ripa alors que le marteau s’abbatait déjà sur lui. Il en résulta une entaille disgracieuse dans la pierre. Il allait devoir tout reprendre.

- J’espère que ce n’est pas un mauvais présage…
- Je ne crois pas à ce type de chose !
répondit Naruto à Kurama.

Naruto n’était pas très versé dans la superstition. Et là il avait simplement envie de regarder les nuages, de respirer un peu et de trouver, pourquoi pas, une solution aux problèmes actuels. Que faire de Jin ? C’était un très bon ninja, il fallait le garder dans l’Anbu. Mais que faire pour calmer le clan Hyûga ?

- Tu sais qu’il existe une solution simple à ton problème.
- Laquelle ?
- Tu n’as qu’à épouser une Hyûga. Cela calmera Hiashi et ainsi Jin sera pardonné.
- Me marier, moi ?
- Ce n’est pas comme si Hinata te laissait indifférent non ?


Naruto repensa à leur dernier rendez-vous, qui remontait à quelques temps. Les jours filaient si vite. Il se mit à rougir.

- Je suis encore un peu jeune et…
- Hinata ne te plaît pas ?
- Ce n’est pas ça mais…


« Naruto ! »

Le Hokage se redressa. Sa petite séance de repos était terminée. Par Kiba, qui plus est.

- Qu’y a-t-il ?
- Il faut que tu te rendes immédiatement à l’hôpital.
- Pourquoi ? Une épidémie ravage Konoha ?

Kiba se tapa la main sur le front avant de répondre :

- Mais non ! L’équipe de Gaï est de retour.
- Avec Sakura ?

Le maître d’Akamaru était aussi surpris que son chien que Naruto soit au courant.

- Comment le sais-tu ?
- Une intuition…
- Oui, ils l’ont ramené.

Naruto n’en demanda pas plus. Kiba vit filer un éclair jaune en direction de l’hôpital de Konoha.

Sur la route, il fit une légère halte pour saluer Abayama. Il dût écourter l’échange car des habitants du village voulaient lui parler. Il n’avait pas le temps pour ça.

A son entrée à l’hôpital, il trouva l’équipe de Gaï, qui en sortait. Naruto les félicita. Ils répondirent avec des sourires quelque peu forcés. Cette équipe n’était pas aussi joyeuse que d’habitude. La fatigue du voyage sans doute pensa Naruto.

Il lui sembla que Lee voulait lui dire quelque chose mais il avait déjà filé et ne savait pas lire sur les lèvres. Si Kakashi-sensei était là, avec son sharingan il pourrait me dire ce que gros sourcils articulait.

Il se trompa de chambre d’hôpital. J’aurais dû mieux écouter Kiba…

Il tomba sur Udon, en train de faire une séance de musculation pour ses bras. Naruto ne s’attarda pas. Il n’avait pas le temps ni l’envie pour une discussion avec lui.

Enfin, il arriva devant la bonne porte. Il la poussa. Sakura n’était pas seule : Ino était là, visiblement gênée. Etaient-ce des larmes qui avaient coulé sur ses joues ?

Tsunade était également présente, le visage marqué. En face d’elle, placé dans un lit, Sakura se tenait la tête dans les mains. Elle releva les yeux en voyant Naruto.

« Quoi de neuf ? » lui demanda-t-il. Il esquissa un sourire mais le ravala rapidement en voyant que Sakura se décomposait.

- Si c’est parce qu’elle n’a pas pu obtenir de renseignements ou parce que ses ravisseurs sont partis il ne faut pas…
- Il y a peut-être autre chose Naruto.


- Sakura j’arrêterai ces types qui t’ont enlevé.
- Cela n’a plus d’importance murmura-t-elle d’une voix éteinte.

Naruto ne comprenait pas ce qui se passait.

- Pourquoi donc ?
- …

Sa coéquipière ne parvenait pas à articuler. Des sanglots la secouaient. Sur un infime hochement de tête de sa part, Tsunade prit la parole alors qu’Ino entourait Sakura de ses bras.

La cinquième Hokage regarda Naruto. Il eut l’impression qu’elle était en colère contre lui mais il n’y avait pas que ça. Une gravité parcourait son visage. Que lui cachait-on ?

- Si tu n’as pas lancé de recherches pour récupérer Sakura c’est parce que…
- L’équipe de Gaï la récupèrerait. Leur route allait se croiser vu la direction prise par ses ravisseurs.
- Tu as fait cela pour qu’elle obtienne des informations n’est-ce pas ?
- Oui.
- Je vois…
- Je l’avais compris Tsunade-sama articula Sakura. Ce n’était pas une mauvaise décision.

De nouveaux sanglots l’étrannglèrent. Elle ne pouvait plus parler.

Tsunade la regarda, d’un regard maternel et attristé. Puis elle regarda Naruto, qui ne comprenait pas ce qui se jouait ici.

« Que lui est-il donc arrivé ? »

Tsunade prit une pronfonde respiration.

- Elle a voulu aider l’équipe Gaï en utilisant une technique permettant d’infliger de graves dommages à son adversaire.
- Sacrée Sakura ! C’est digne du redoutable ninja qu’elle est devenue !
- Ce ne fut pas suffisant. Bien que blessé son adversaire…
- A pu s’échapper. Ce n’est pas grave car…
- Laiss-moi terminer Naruto ! cria Tsunade.

Le fils de Minato se tut. Il regarda la cinquième Hokage.

- Son adveraire a compris que Sakura était responsable de son état. Alors il s’est approché d’elle et…
- L’enfoiré commença Naruto. Je vais m’occuper de lui personnellement. Qu’a-t-il fait à Sakura ?

Jamais il n’aurait pensé à ce que Tsunade lui répondit : « Une partie des organes internes de Sakura a été consumé. J’ai fait ce que j’ai pu mais… » Elle se râcla la gorge avant de finir ; les pleurs de Sakura redoublèrent.

« Elle ne pourra jamais avoir d’enfants. »
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Jûbi


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MessagePosté le: Dim 16 Fév 2014, 5:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 79 : Avalanche de rendez-vous*


- Vous tombez mal annonça d’emblée Hizamaru en les recevant.
- Un autre jour aurait-il été plus profitable ?

Le responsable de la justice du Pays des Neiges s’arrêta. Son regard se porta sur son interlocutrice. La question l’amusait. Sa bouche s’ouvrit et il répondit en souriant : « Sans doute que non… Dites-vous cela parce que vous êtes bien renseignée à propos des – comment dirais-je ? – habitudes de Shôkishi-dono ? »

Il se passa quelques secondes avant qu’elle ne lui réponde. Le voyage avait été long et il lui fallait toute son énergie en prévision de l’entretien avec Shôkishi. D’autant plus que les enjeux de cette entrevue n’étaient pas minces. Aussi elle répondit un peu sèchement :

- Je ne pense pas que cela importe pour mon rendez-vous.
- Pourtant vous devriez savoir qu’arriver sans rendez-vous vous donne de grandes chances de repartir bredouille. Pour qui se prennent-ils ces ninjas de Konoha ? Ils pensent qu’il leur suffit de débarquer à l’improviste pour qu’on leur déroule le tapis rouge ?

Ce fut son garde qui répondit à la remarque d’Hizamaru :

- Votre interlocutrice est la femme d’Hiashi Hyûga. Mesurez vos paroles si vous ne voulez pas encourir le courroux de notre clan.
- Ce n’était pas mon intention…

Les yeux blancs du Hyûga mettaient Hizamaru mal à l’aise. Ce Byakugan… Quel regard sinistre. Ils veulent voir Shôkishi ? Très bien, je vais les conduire à lui. Vu son programme du jour il ne verra pas cette arrivée d’un bon œil. Les Hyûga pourraient bien repartir aussi vite qu’ils sont arrivés.

Tout en pensant au renvoi des Hyûga il les conduisit à travers la capitale pour rejoindre le palais de Shôkishi et les mener à travers les couloirs, d’un pas relativement soutenu.

- Ce n’était pas la peine d’intervenir Hoheto glissa la femme d’Hiashi tout en suivant Hizamaru.
- Madame, vous n’avez pas à perdre votre temps avec lui. Le voyage s’est révélé éprouvant et vous n’avez guère eu le temps de vous reposer. Il vous faut garder toutes vos forces face à Shôkishi.

Hoheto était si dévoué à son égard qu’elle ne put s’empêcher de sourire… pour mieux se renconcentrer. L’échec n’était pas permis. Elle devait mettre toutes les chances de son côté et cela commençait par une concentration optimale.

La petite troupe de Hyûga envoyée au Pays des Neiges dut patienter avant de parler à Shôkishi. Aujourd’hui était un jour où il rendait la justice. Les Hyûga patientèrent donc dans un des coins de la salle où le Seigneur siégeait. Il ne leur porta pas la moindre attention.

Cette pause inattendure soulagea les possesseurs du Byakugan qui purent s’asseoir et consommer quelques rafraîchissements offerts, sur ordre d’Hizamaru, par des servantes et servants du palais impeccablement vétus. De là où ils étaient les Hyûga entendaient sans peine l’essentiel des propos qui animaient le reste de la pièce.

- Je vous assure que c’est lui qui m’a provoqué et…
- Les règlements de compte n’ont pas leur place ici trancha Shôkishi. Vous n’avez pas autorité pour vous faire justice et tuer une personne.
- Sauf votre respect Shôkishi-dono, les Anotsu ont lutté contre les Habaki et…
- Je connais l’histoire de mon clan.
- Je le sais Seigneur mais je voulais juste…
- Vous parlez trop.

Le regard glacial de Shôkishi cloua le pauvre homme sur place. Aki regrettait son geste. Il n’aurait pas dû tuer Gatô mais cette enflure menaçait de lui prendre ses biens. Son harcèlement n’avait que trop duré, aussi sa vie s’était arrêtée, au détour d’une rue. C’était hier, en fin d’après-midi. Arrêté peu après, l’heure était maintenant au jugement.

- Une vie pour une vie poursuivit Shôkishi. La famille du défunt choisira celui qu’elle désire voir périr.
- Je suis responsable, c’est à moi de mourir et…
- Le choix ne vous appartient pas. Vous l’avez perdu en tuant ce Gatô.

Une colère monta en Aki. Il n’était pas question que sa femme ou ses enfants soient victimes de la famille de Gatô. C’était à lui de payer, pas à eux.

« Je n’ai que faire de votre jugement Shôkishi. »

Aki n’ajouta pas un mot. D’un geste il s’élança en direction du trône. Shôkishi le suivait du regard, sans esquisser le moindre geste, sous l’œil ébahi des Hyûga.

Au départ, il devait être à une dizaine de mètres du trône. Maintenant il n’en était plus qu’à cinq. Il se rapprochait de cette figure tutélaire du Pays des Neiges. Une figure imposante, terrifiante. Mais, en ce jour, Aki n’avait pas peur. Il croyait en ses chances : à quoi bon craindre celui qui vous condamne ?

Ses jambes partirent en premier. Le coup d’épée de Ryuichi fut si rapide qu’Aki eut l’impression que ses jambes continuaient à le faire avancer alors qu’elles étaient déjà séparées du reste de son corps. Il s’effondra sur le sol. Sa dernière pensée fut pour sa famille. Je vous ai sauvé…

- On dirait bien qu’il était encore un peu trop vigoureux…
- Ryuichi, pourquoi… commença Shôkishi le regard mauvais.
- Il vous menaçait Seigneur. Osez remettre en cause votre jugement, se porter à votre hauteur. La mort est une punition bien trop douce pour une telle offense.

Shôkishi fixa Ryuichi. Il se déplaçait toujours avec une vitesse et un silence remarquable. Son intervention était toutefois disporportionnée et son discours bien trop généreux.

Désolé Seigneur, mais comme ça sa famille ne sera pas touchée par son acte. C’est ce qu’il voulait en se dressant contre vous. Cela valait la mort. Uniquement la sienne.

- Lui mort une vie a été prise. Aussi l’affaire est close.
- Voilà qui est bête. Désolé, j’aurais dû y penser plus tôt. Mon acte modifie quelque peu votre jugement.
- En effet. C’est regrettable.
- Vous n’aurez qu’à informer la famille que c’est de ma faute. Ils n’auront qu’à venir se plaindre.

Le guerrier noir sourit. Shôkishi avait compris sa manœuvre. Comme si un habitant du Pays des Neiges allait s’amuser à quereller l’épéiste en chef du Seigneur. Un guerrier admiré et craint de tous. L’affaire était terminée au moment où la lame de Ryuichi entailla la chair d’Aki.

- Faites nettoyer cette pièce des traces de votre intervention.
- Tout de suite Shôkishi-dono.

Ryuichi fila immédiatement prévenir les servantes et servants qu’il fallait nettoyer. Il les aida, manière de s’excuser de leur imposer du travail en plus suite à son geste.

Hizamaru profita de cette configuration pour s’approcher de Shôkishi et le prévenir de la présence des Hyûga. Bien qu’il fût déjà au courant, il ne réprima pas une grimace de contrariété et lui ordonna de faire sortir les plaignants qui restaient. Il reviendrait à Hizamaru de leur rendre justice d’ici la fin de la journée. Ils n’avaient pas forcément gagné au change.

Le ministre de la justice fit alors prévenir la femme d’Hiashi de s’avancer. Le Seigneur du Pays des Neiges allait la recevoir. Elle se rapprocha, flanquée par les membres du clan Hyûga qui l’avaient accompagnée. Ryuichi resta planté aux côtés de Shôkishi, les bras croisés tandis que les opérations de nettoyage touchaient à leur fin.

- Veuillez excuser ce nettoyage mais Ryuichi a parfois tendance à jouer un peu trop de la lame.
- Je n’y vois aucun obstacle à notre échange Shôkishi-dono. Merci de me recevoir.
- Pouvez-vous passer les politesses et en venir aux faits ? Pourquoi êtes-vous ici ?
- Mon mari et moi sommes convenus que…
- Vous êtes convenus ? Alors pourquoi Hiashi Hyûga n’est-il pas là ?
- Il est occupé et a jugé préférable de m’envoyer vers vous.
- Sans me prévenir.

L’irritation dans la voix de Shôkishi était palpable. Cette arrivée inopinée ne lui plaisait pas.

- Navré de ne pas vous avoir averti. En tant qu’alliés nous espérons que vous ne verrez pas cette visite d’un mauvais œil.
- J’en jugerai après cet entretien. Parlez. Vite.

Elle ne se fit pas prier :

- Nous avons appris la mort de votre fille et…
- Pour la pleurer, allez voir ma femme.

Il allait faire signe de les congédier mais la mère d’Hinata ne laissa pas le temps à Shôkishi de terminer son geste :

- Il n’est pas question de cela. De toute manière il n’est pas dans vos habitudes de vous apitoyer sur le sort des morts.
- En effet.
- Hiashi pense que vous projetiez de marier votre fille à Naruto.
- Ce qui sera difficile maintenant. Vous êtes venus me le rappeler ?
- Non. Notre fille, Hinata, fréquente Naruto depuis sa plus tendre enfance. Ils sont promis à un mariage…

Le regard de Shôkishi demeurait impassible. Assis sur son trône, regardant son interlocutrice de haut, il lui décocha une première flèche :

- Sont-ils au courant au moins ?
- De plus en plus.
- Alors, heureusement que ma fille est morte, sinon elle aurait essuyé un refus.
- Ce n’est pas ce que…
- Ou alors sa vie vous aurait compliqué la tâche ? Voilà un moyen parfait de vous rapprocher du pouvoir. Pourquoi ne pas avoir tenté votre chance avec Tsunade ? Peur de devoir assumer ses dettes ?

Un des Hyûga fit un pas en avant mais il fut arrêté par Hoheto. Répondre aux provocations de Shôkishi était la dernière chose à faire. Sa maîtresse l’avait parfaitement compris.

- Je pourrais vous retourner la question : n’aurait-elle pas été un beau parti pour votre clan ? A moins que vivre dans un pays moins froid ne vous pose problème ?
- Vous devriez montrer plus de respect pour votre hôte ! bondit Hizamaru.

Un regard de Shôkishi le tranquillisa.

S’il aime lancer des piques, il doit s’attendre à en recevoir pensa la mère d’Hinata. Et il va comprendre que le clan Hyûga ne laissera personne se mettre en travers de sa route. Ma fille aime Naruto, elle l’épousera, même si cela ne vous plaît pas Shôkishi Anotsu.

- Je vois que vous manier le verbe femme d’Hiashi.
- J’ai un prénom Shôkishi-dono : Yukina. Est-ce une pratique du pays des Neiges de ne qualifier les femmes que par rapport à leur mari ?
- Est-ce une pratique propre au clan Hyûga que de passer à tabac des enfants ? Je crains pour ceux que le Hokage aura avec votre fille.

Elle ne put répondre. Pas tout de suite. Cette remarque la frappait de plusieurs façons : comment pouvait-il savoir ? Pouvait-il sous-entendre quoi que ce soit en rapport avec le futur d’Hinata ? Etait-elle en danger ?

« C’est une affaire interne à Konoha » intervint Hoheto. « Elle ne vous concerne pas, même en temps que membre de l’alliance. Cette information étant protégée, nous aimerions bien savoir comment vous avez pu l’obtenir. »

Merci Hoheto. Exactement la réponse qu’il fallait pour ne pas perdre la main.

« Et donc, trancha Shôkishi, que voulez-vous au juste ? »

Son regard se posa sur Yukina. Il ne la lâcherait pas tant qu’elle ne lui aurait pas répondu et, surtout, dit ce qu’elle venait vraiment faire ici. Elle le savait. Ses yeux se fermèrent une seconde avant de se rouvrir, offrant alors un regard déterminé à son interlocuteur.

- Comme vous projetiez de marier Akari à notre Hokage, le clan Hyûga veut être sûr que les fiançailles prochaines entre Naruto et Hinata ne vous poseront pas de problème. Que vous n’interviendrez pas pour faire échouer ce rapprochement inévitable car reflet des sentiments de ces deux jeunes personnes.
- Vous vous êtes trompée de personne. Je ne fais pas les bénédictions.
- Certes, mais il est dans vos habitudes de lancer des malédictions. Je suis là pour m’assurer que ce ne sera pas le cas.

Pour la première fois depuis le début de l’entretien le regard de Shôkishi s’anima et manifesta un léger intérêt pour cet échange. Yukina s’en sortait remarquablement bien.

- Vous en assurer ?
- Oui.

Le regard du Seigneur du Pays des Neiges se fit impitoyable. Son visage était de pierre.

- Ce n’est pas pour négocier que vous êtes ici n’est-ce pas ?
- En effet. Je suis là pour vous rappeler que le clan Hyûga sait défendre ses intérêts. Et qu’il ne craint personne. Pas même le clan Anotsu.

Hizamaru ne tint pas en place plus longtemps :

- Des menaces à présent ! Mais pour qui se prend le clan Hyûga ? Comment osez-vous menacer un allié !
- Cessez la langue de bois le coupa Yukina. Nous savons tous ce que le clan Anotsu a fait par le passé. Vous n’êtes pas arrivé là où vous êtes en priant et en menant des actions vertueuses Shôkishi, n’est-ce pas ?

Il ne lui répondit pas. Yukina y vit une invitation à continuer. Elle se trompait.

- Alors laissez ma fille épouser Naruto.
- Le Pays des Neiges n’a rien à gagner dans l’affaire.
- Détrompez-vous : vous avez plus à gagner en acceptant qu’en essayant de vous y opposer. Et ce n’est plus de votre âge de jouer l’intrigant Shôkishi. Vous ne le voyez pas encore mais votre époque est révolue.

Ce qui devait être dit l’avait été. Yukina n’ajouta rien. Elle avait fait le tour de la manière la plus claire et synthétique possible. Pour arriver à ses fins le clan Hyûga devait marquer son territoire. Et le Pays des Neiges devait être tranquillisé. Hiashi avait confié à sa femme cette mission.

« Seigneur ? » demanda Hizamaru en ne voyant pas de réaction du côté de Shôkishi.

Il restait immobile. Son corps ne bougeait pas. Il n’en allait pas de même autour de lui où de petites étincelles bleues s’animaient. Il y en avait de plus en plus.

Les Hyûga se mirent en position autour de Yukina. La température dans la salle chutait et une ombre grandissante entourait Shôkishi. Des flammes bleues dansaient dans ses yeux.

Il leur fallut exécuter un tourbillon divin du Hakke – moins réussi que celui de Neji – pour contrer le premier déluge de flammes qui s’abbatit sur eux. Deux autres suivirent. Déjà marqués par le voyage, les Hyûga ne résisteraient pas longtemps.

Une violente décharge de chakra émanant de Shôkishi les jeta au sol. Yukina connut le même sort. Le Seigneur du Pays des Neiges se redressa et descendit les marches, pour se retrouver au niveau de ses invités.

« Vous êtes venus ici pour me menacer. Vous devez être complètement folle. Ou alors Hiashi ne tient pas à vous » lança-t-il en direction de Yukina.

Il la regarda dans les yeux. Et il vit qu’il avait vu juste, au moins en partie.

Oui, peut-être qu’Hiashi ne tient pas tant que ça à moi. Qu’il a anticipé mon échec. Cependant, je suis ici pour ma fille, et je la défendrai coûte que coûte.

« Que se passe-t-il ici ? »

Les Hyûga regardèrent en direction de la provenance de la voix. La Reine du Pays des Neiges. Venait-elle à leur secours ? Elle semblait passablement contrariée.

- Je te laisse le soin de t’occuper d’eux et de les mettre dans de bonnes conditions pour leur retour à Konoha.
- Shôkishi aurais-tu…

Il lui suffit d’un regard de son mari pour comprendre. Elle n’ajouta pas un mot à son endroit et invita les Hyûga à la suivre. Yukina ne le fit pas tout de suite. Il fit un pas en avant et s’adressa à Shôkishi :

- Quelle est votre réponse ?
- Rentrez à Konoha dès que possible. Ce qui doit arriver arrivera.
- Vous voulez dire que…

Il n’ajouta pas un mot. Hoheto vint saisir par le bras Yukina pour l’entraîner en dehors de la salle. Ils s’éloignèrent et peu à peu la pression retomba. Tout n’avait pas été rose mais l’essentiel était là.

- Vous avez réussi dame Yukina.
- Grâce à vous.
- C’est drôle murmura un Hyûga mais pour un peu j’ai presque trouvé Shôkishi Antosu sympathique.

Ils sourièrent, escomptant qu’ils ne seraient pas entendus par la Reine. Leur retour à Konoha serait léger.

Leur état d’esprit était tel qu’ils ne remarquèrent même pas l’ombre qui glissait sur les murs, en direction du lieu qu’il venait de quitter.

Aucun doute, c’est elle. La femme d’Hiashi… qu’est-elle venue faire ici ? Aucune information n’a circulé sur un voyage de sa part. C’est donc un déplacement incognito ?

Le temps lui était précieux. Trop pour en perdre en conjecture. Il continua à avancer. Il devait faire vite.

En déboulant dans la salle, celui qu’il cherchait était bien présent. Shôkishi n’était entouré que par deux personnes dont une seulement semblait dangereuse, avec une imposante épée qui lui barrait le dos.

« Quoi encore ? » interrogea Shôkishi d’une voix glaciale. « C’est à croire qu’on entre ici comme dans un moulin. »

Son regard se porta sur Hizamaru. Il ne savait pas qui était cet individu. Ryuichi semblait amusé : un individu drapé dans un manteau qui lui couvrait tout le corps, même le visage. Il aurait de quoi se dégourdir après l’épisode Aki. Il espérait une résistance plus coriace. Enfin, pour que cela advienne, il fallait que Shôkishi lui en donne l’autorisation. Mieux valait ne pas trop en faire vu ce qui précédait.

L’intrus fit un pas. Il n’avait pas terminé le second qu’il sentit la lame d’un sabre court se plaquer contre sa gorge et son bras droit plaqué contre son dos.

- Magatsu murmura Shôkishi.
- Navré Seigneur, cet individu s’est infiltré dans la ville et…
- Il a échappé à la surveillance des unités placées en ville ? demanda immédiatement Hizamaru. Est-il seul ?
- Il est seul. Il a à la fois échappé à certaines unités mais a aussi mis hors de combat une bonne vingtaine de nos gardes.
- Pardon ? s’étouffa Hizamaru.
- Retire-lui sa capuche Magatsu ordonna Shôkishi.

Le chef des services de renseignements s’exécuta.

- Un masque… commença Hizamaru.
- De chien termina Ryuichi. Tu es de Konoha ?
- C’est possible.
- Les Hokages t’envoient pour tuer quelqu’un ? Ou pour vérifier que les Hyûga repartiront sains et saufs ?

Plutôt que de répondre à Ryuichi, l’Anbu envoya un coup de pied dans le ventre de Magatsu, le repoussant plusieurs mètres en arrière. Ce dernier abaissa alors son bras et une dizaine de ninjas fondirent sur cet intrus… qui n’attendait que cela.

« Vous n’avez pas encore compris les gars… »

Il lui suffit de quelques mouvements d’esquive, pour éviter les tentatives de ses adversaires. Ils se précipitaient trop, aveuglés par leur avantage du nombre. Depuis son enfance Jin avait eu l’habitude des bagarres où ils étaient plusieurs. Il était un spécialiste en la matière.

Leur coordination n’est pas mauvaise mais ils sont trop lents. Ils doivent avoir peur de mal faire alors qu’ils sont sous le regard de leur chef. Tant pis pour eux et tant mieux pour moi.

Deux coups de poings et trois coups de pieds plus tard, la menace était réduite à néant. Hizamaru était estomaqué, Magatsu agacé et Ryuichi excité. Il regarda Shôkishi, à sa droite. La phrase qu’il attendait arriva enfin :

- Rends-le plus coopératif. Pas davantage.
- Bien compris.

Le guerrier noir fondit à la rencontre de cet adversaire tant espéré. Ce dernier avait récupéré le sabre court de Magatsu mais après deux échanges avec Ryuichi, il saisit que cette arme ne tiendrait pas le choc. Il recula d’un pas au moment où Ryuichi abattit son épée sur lui. Il l’évita. Pas son masque. Fendu en deux, ce dernier tomba sur le sol, révélant des cheveux noirs, des yeux marron et un regard affichant une volonté d’en découdre intacte.

- Il est pas mal ton petit canif. Tu sais couper autre chose que le vent avec ?
- Je ne demande pas mieux que de t’en faire la démonstration.

Ce n’est pas le moment de flancher. Si je le bats j’aurais tout le loisir de parler à Shôkishi.

Jin lança le sabre en direction de Ryuichi. Ce dernier le dévia avec son épée, ce qui obstrua, l’espace d’un instant son champ de vision. Quand il put à nouveau regarder devant lui librement son adversaire n’était plus là.

Le guerrier noir leva la tête : Jin était dans les airs. Le pied droit en avant, il fondit sur Ryuichi.

J’espère que Gaï ne m’en voudra pas de recycler ainsi sa Dynamic Entry…

Vu sa vitesse, Ryuichi n’aurait pas le temps d’éviter l’attaque. Il utilisa alors le plat de son épée pour amortir le choc. Impeccablement positionné il ne s’enfonça pas ni ne s’effondra sous l’effet de l’impact. Jin était supris.

Il sentit immédiatement une pression sur son mollet gauche. Ryuichi le tenait.

Il a réussi à parer mon coup en tenant son épée à une main ?

« Je te tiens mon mignon. »

Ryuichi le jeta au sol. Jin n’eut pas le temps de se relever qu’il reçut le plat de la lame de Ryuichi dans le ventre. Il vomit par terre.

Il lui restait encore quelques aliments à rendre sur le sol quand il reçut un coup de pied au niveau du thorax. Le souffle coupé, Jin se recroquevilla. Il sentit alors une douleur au cuir chevelu. Son adversaire l’avait attrapé et le redressait.

- Je crois qu’il sera coopératif désormais.
- Mieux vaut pour lui glissa Hizamaru.

Shôkishi s’avança au niveau de Jin, fermement maintenu par Ryuichi.

- Que veux-tu ?
- Vous parler de la mort de votre fille.
- La femme d’Hiashi est déjà venue m’en parler.

Il regarda Jin de plus près, comme pour mieux sonder son esprit.

Ce dernier ne se démonta pas :

- Il est peu probable qu’elle vous ait parlé de ce que j’ai en tête.
- Ce qui expliquerait votre voyage séparé ?
- Peut-être bien…

Le Seigneur du Pays des Neiges n’aimait pas les devinettes. Sur un signe Ryuichi renforça sa prise sur Jin, qui grimaça de douleur.

- Ce sont les Hokages qui vous envoient ?
- Non, je viens en mon nom. Je suis Jin.
- Jin…

Magatsu s’était permis d’intervenir. Depuis le début il avait un doute. En voyant cet intrus combattre ses doutes se confirmaient peu à peu. Mais là ils n’avaient plus leur place.

- Qui est-ce ?
- Un jeune Anbu réputé de Konoha Seigneur. La tête brûlée dont je vous ai parlé hier.

Les yeux de Shôkishi s’illuminèrent, l’espace d’une fraction de seconde. « Je vois, alors tout s’explique. »

Jin ne comprenait pas. Pour lui Shôkishi bluffait : « Vous avez déjà tout compris grand-père ? L’âge n’aurait donc pas d’effet sur la réflexion ? »

Cette insolence lui valut un coup de genou dans le dos. Jin s’affaissa avant d’être remonté par Ryuichi qui lui murmura : « Sois plus poli sinon ta fin de journée va être difficile. »

Hizamaru brûlait d’envie d’interroger ce Jin. Néanmoins, Shôkishi était résolu à ne pas lui laisser ce loisir.

- Êtes-vous plus disposé à parler ?
- Si je pouvais être libre de mes mouvements ce serait mieux.
- Vous acceptez alors que Ryuichi vous coupe les bras et les pieds ?

Cette perspective n’enchanta guère Jin qui déclina la proposition.

- Pour venir me voir vous devez avoir une information de première nécessité.
- Si je commence à vous en parler vous cesserez de m’interrompre ?

Le regard de Shôkishi fut tel qu’Hizamaru pensa qu’une peine de mort serait prononcée sous peu. Il n’en fut rien. Le Seigneur du Pays des Neiges regarda Magatsu.

« Je pense qu’il est sincère. Ecoutez-le Seigneur. S’il ment je vous le ferai savoir dans l’instant. »

Je vois analysa Jin. Ce type sait analyser les signes du corps, les moindres réactions qui surviennent lorsque je parle. S’il est bon alors il ne m’arrivera rien. En même temps j’ai le chic pour être difficile à déchiffrer si j’en crois certains. Ce n’est pas gagné…

- Parle intima Shôkishi à Jin.
- Beaucoup de monde a participé à la mort de votre fille. Parmi eux, se trouvait un Hyûga.

Le silence qui suivit et la mine d’Hizamaru furent le signe que Jin avait capté son auditoire. Le visage de Shôkishi n’avait pas bougé d’un pouce, les yeux rivés sur l’Anbu.

- Poursuivez.
- Tadase Hyûga, un jônin, a participé, indirectement, à ce qui est arrivé à votre fille. Il a surveillé les alentours du lieu où la scène s’est déroulée.
- D’où tenez-vous ces informations ?
- Cela ne vous regarde pas.

Magatsu fit un signe de tête à Shôkishi. Etait-ce bon signe pour Jin ?

« Le clan Hyûga est un clan important de Konoha. Vous êtes un ninja de ce village. Pourquoi venir me dire cela ? »

La question fut posée sur un ton qui ne souffrait pas le moindre délai d’attente. Jin était sous le regard de son adversaire : des yeux impitoyables qui disaient « mens-moi et je te tue. »

Il n’aura aucune compassion pour moi. J’ai peut-être mis les pieds dans une grosse galère…

Ce n’était pas le moment de se démonter. Et Jin n’en fit rien :

- Vous croyez que je vais vous engager sur une mauvaise piste ?
- Ce ne serait pas la première fois que de telles manœuvres auraient lieu.
- Mais souvent c’est vous qui les lançaient non ?

L’insolence de Jin stupéfia tout le monde. Il avait du cran pour parler ainsi, dans sa position.

- Un ninja trahissant son village… débuta Shôkishi. Vous ne valez pas grand-chose.

Jin manqua de s’élancer pour lui coller son poing sur le visage. De l’envie à la réalité il n’y avait que Ryuichi, qui le maintenait fermement. L’envie de meurtre de Jin était toutefois si forte que Shôkishi la ressentit.

Le frère de Renji articula alors, d’un ton si froid que, pour un peu, les personnes présentes auraient pu jurer qu’il imitait Shôkishi :

- Ne vous trompez pas. J’aime mon village. Mais ce qu’a fait Tadase est impardonnable.
- Qu’a-t-il fait au juste ?
- Rien de très intéressant.
- S’en prendre à votre frère ce n’est rien pour vous ?

Jin défaillit. Il était au courant. Ce Magatsu a dû le prévenir. Le service de renseignements n’était peut-être pas si mauvais que ça au Pays des Neiges. Cette pensée amusa Jin.

- Donc c’est pour vous venger que…
- Ce n’est pas…
- Laissez-moi finir ! répliqua Shôkishi sans hausser le ton.

Jin se tut.

- Vous voulez donc vous venger. Pourquoi ne pas agir seul ?
- Parce qu’en plus de mon frère il a aussi participé à ce qui est arrivé à votre fille.
- Et donc ?
- Vous pourriez vouloir l’interroger.
- Les Anbus en sont incapables ?
- Je ne veux pas l’interroger mais le massacrer. Vous voyez, je pense aussi à vous.

Le sourire de Jin ne trouva pas d’équivalent chez Shôkishi. Ce dernier était en pleine réflexion.

Une minute s’écoula. Une longue minute de silence, où personne ne bougea ni n’émit le moindre son. Jin sentit que son sort était en train de se jouer. Il ne savait pas s’il devait nourrir des regrets à cause de son geste. Trahissait-il Konoha ? Peut-être agissait-il sur un coup de tête, il avait les idées trop embrouillées à cette heure pour faire un bilan clair.

« Relâche-le » lâcha Shôkishi à destination de son épéiste en chef.

Jin était surpris. Et heureux. Il se retourna pour regarder Ryuichi, pour faire un rapide tour d’horizon de la salle. Les hommes qu’il avait battus étaient relevés mais aucun ne tenait une arme à la main. Ils attendaient, sans bouger.

- Vous… me croyez ? demanda Jin.
- Il se peut que vous ne mentiez pas.
- Bien sûr que je ne mens pas ! Vous me prenez pour qui ?

A la réaction de Shôkishi Jin comprit qu’il était allé trop loin. Zut, je vais sûrement me faire enfermer dans un cachot…

« Une dernière chose : seul Tadase est impliqué ou bien la Racine a pu mettre son nez dans cette histoire ? »

Le ton aigre avec lequel la phrase fut prononcée et les flammes dans les yeux de Shôkishi incitèrent Jin à la prudence. Mieux vaut ne dire que ce dont je suis sûr.

- J’ai des doutes mais aucune preuve sur le sujet. La Racine dit avoir changé ; je ne la crois pas mais ce n’est qu’une intuition.
- En somme, vous ne servez à rien trancha Shôkishi.

Il ne laissa pas le temps à son interlocuteur de lui répondre. D’un geste il le congédia, l'accompagnant d’une mise en garde :

- Partez et ne remettez jamais les pieds ici. Vous n’êtes jamais venu.
- Ce ne sera pas dur d’oublier cet endroit.

Jin tourna les talons et s’éloigna. En demander plus sur ce que le Pays des Neiges allait faire était superflu. Il n’obtiendrait rien. Malgré tout, il avait la conviction que Tadase allait payer. Si Konoha ne faisait rien contre ce type alors la justice exigeait que l’on trouve une personne susceptible de l’appliquer. Jin n’en démordait pas.

Arrivé à la porte par où il était entré il ne put s’empêcher de se retourner et de lancer en direction de Shôkishi : « Une dernière chose : ne me traitez plus jamais de traître. Je protège mon village coûte que coûte. Alors ne dirigez pas votre colère contre Konoha ou l’ensemble du clan Hyûga sinon je vous fais la peau. »

La tirade fut prononcée avec une telle force qu’Hizamaru en frissonna. Cet Anbu n’était pas n’importe qui pour oser parler ainsi à Shôkishi. Il regarda Jin dans les yeux avant que ce dernier ne disparaisse.

Magatsu regarda Shôkishi, pour savoir s’il devait envoyer des hommes à ses trousses. Aucun signe ni mot ne vint.

Hizamaru y alla lui aussi de son intervention : « Que prévoyez-vous Seigneur ? »

Pas plus de succès. Shôkishi tourna les talons et retourna sur son trône. Il s’assit lentement et croisa les doigts sous son menton. Après une trentaine de secondes, il déclara, de son ton glacial si habituel : « Il va falloir que le clan Hyûga paie ses dettes. »



* Le prénom de la mère d'Hinata, Yukina, est directement inspirée de la fanfic' Inuzuka et Hyûga : Le lien secret. Il me semble que, dans le manga, la mère d'Hinata n'a pas de prénom aussi j'utilise Yukina.
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Jûbi


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MessagePosté le: Sam 01 Mar 2014, 4:10 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre 80 : (C’était) la dernière séance


Quelques douleurs aux épaules et aux jambes affectaient encore son corps, mais il allait mieux. Beaucoup mieux. Shinsuke n’avait plus à ralentir la cadence. Ils pouvaient, de nouveau, avancer normalement. Normalement, c’est-à-dire loin du rythme d’enfer imprimé auparavant par Masato. Ils se ménageaient davantage désormais. Shinsuke y voyait le signe que Masato voulait mettre le plus de chances de son côté, pour arriver dans de bonnes dispositions au Pays de la Pluie ; son compagnon de route ralentissait car il doutait encore.

Fallait-il entrer dans ce Pays ? Quelles conséquences pour le Pays des Neiges ? Sa vie lui importait peu mais s’il la perdait avant d’avoir vengé sa sœur ? Tout cela n’aurait servi à rien.

- Tout va bien Masato-sama ? Vous avez l’air soucieux.
- Je me demande si nous allons battre la distance d’hier. Ces jours-ci nous avançons bien.
- C’est vrai répondit Shinsuke tout joyeux. On tient la forme !

Ce qui était loin d’être gagné lorsque Sôri est parti pensa Masato.

Cette seule pensée suffit à réveiller quelques douleurs. Sôri ne les avait, en effet, pas ménagés. Le sensei de Masato avait eu une sérieuse explication avec eux. Non parce qu’il avait dû intervenir pour les aider – de cela il ne fut même pas question. Non, ce qui agaçait Sôri était le comportement de son élève.

« Tu mets en danger Shinsuke. Je me demande ce que tu as retenu de mon enseignement. »

Masato n’avait pas compris : il gardait toujours un œil sur Shinsuke. Où était le problème ? Sôri l’avait alors éclairé :

- Tu mets en danger sa vie en ne te préoccupant pas de la tienne. Seule la haine te fait tenir. Ton corps a atteint ses limites et tu laisses trop d’ouvertures lorsque tu combats. Si tu meurs qu’adviendra-t-il de lui ?
- Il est capable de rentrer seul. Nous en avons déjà parlé et…
- Tu envisages donc de mourir ?
- Je n’écarte pas cette possibilité.
- Je ne forme pas de défaitistes.
- Mes chances de pénétrer au Pays de la Pluie et de…
- Si tu doutes de tes chances c’est que tu n’es pas prêt. Rentre chez toi.

L’espace d’une fraction de seconde Masato se vit répondre « oui » à son maître. C’était le signe qu’il n’était pas résolu. Shinsuke semblait n’attendre que cela.

« Votre sœur ne valait donc pas que l’on risque sa vie pour elle ? »

Lorsque la voix à l’intérieur de Masato se manifesta, Sôri le frappa.

- C’est à toi que je m’adresse, pas à cette… chose. Si besoin je te trancherai la main pour être sûr que je parle bien à Masato Anotsu. Et à lui seul.
- Je suis là et bien là Sôri.

La suite de l’échange vit Sôri exposer tous les défauts dans le positionnement de Masato, les erreurs qu’il commentait. Pour un peu Masato se serait cru revenu en arrière, lors de ses premières leçons avec son maître.

- Ce n’est pas le moment de penser au passé Masato. Es-tu prêt à te battre ?
- Oui.
- Pour en ressortir vivant ?
- Oui.
- Sans utiliser le pouvoir de ta main ?
- S’il le faut oui.
- C’est une nécessité. Tu te reposes trop sur elle, même inconsciemment. Certes elle t’a tiré de bien des embûches. Mais c’est un pis-aller. C’est à toi de maîtriser ce pouvoir sinon tu seras comme ces réceptacles qui se laissent dominer par leur Bijû. Tu seras inutile. Et moins bon guerrier que celui que tu étais avant.
- Que me suggérez-vous ?
- Travailler. Et mieux exploiter ton Kekkei Genkai. Ce sera la dernière séance d’entraînement. Mais elle durera le temps qu’il faudra. Et je m’occuperai de vous deux car toi aussi Shinsuke tu dois progresser.

Le mot d’ordre de Sôri était simple : Tuer le plus rapidement possible en économisant ses forces. Ils seraient systématiquement en infériorité numérique alors il fallait procéder vite et bien.

« Vous devez être comme des danseurs. Aucun écart n’est toléré. La chorégraphie doit être parfaite. Sinon c’est la mort. »

Les heures et les jours qui avaient suivi furent dédiés à réaliser cet objectif. Ils s’entraînèrent sans relâche. Masato contre Sôri, Sôri contre Shinsuke, Masato et Shinsuke contre Sôri, Masato contre Shinsuke. Matin, midi, soir. Sôri tenait toujours debout. Sa forme était étincelante.

Masato et Shinsuke étaient couverts d’ecchymoses. Le jeune épéiste avait même commencé à les compter pour savoir qui en avait le plus mais Sôri était intervenu : s’il pouvait compter alors il avait assez de force pour reprendre l’entraînement. Shinsuke avait grimacé, anticipant une nouvelle correction.

Car Sôri leur en administrait une à chaque fois : Shin’ devait apprendre à moins compter sur son épée, recourir si besoin à des lames courtes ; Masato devait utiliser davantage son Hyôton et apprendre à danser, exécuter des mouvements rapidement et avec le moins de déchets possibles.

« Ton Hyôton est une arme : tu peux produire de la glace et l’utiliser pour frapper vite et bien… Oublie le pouvoir de ta main gauche. Tu es un Anotsu, utilise tes capacités. »

Sôri lui répéta ces phrases un nombre incalculable de fois. Il lui rappela certains mouvements de Gaï. Il fallait anticiper davantage, bouger le moins possible. Et frapper pour tuer.

Pour le dernier entraînement, Sôri devint sérieux. Shinsuke fut mis à terre en moins d’une minute. Les yeux du maître affichaient une détermination à faire trembler. Ce n’était plus un entraînement, Masato le savait : la moindre erreur pourrait lui coûter la vie.

« Viens quand tu te sens prêt. »

Et si ce n’était jamais ?

Masato sourit à cette pensée. Et dans la seconde il s’élança sur Sôri… qui arrêta son coup de poing avec deux doigts. Masato anticipa le coup de pied qui allait suivre et se replia grâce à un salto arrière. Il s’élança sur sa gauche, lança deux lames de glace sur Sôri qui les évita en sautant sur une jambe.

Quatre lames de glace vinrent à sa rencontre alors qu’il se trouvait dans les airs. Il dévia chacune avec un doigt. Il retomba sur le sol sans faire un bruit.

Il est effrayant. Mais je dois voir cela comme une opportunité. L’affronter est le meilleur entraînement possible pour la suite.

Le fils de Shôkishi mit alors une main sur le sol et gela la terre environnante. Sôri sourit.

Vous débrouillerez-vous aussi bien sur ce sol glissant ? Et piégeux ?

Cela ne perturba nullement Sôri. Il se déplaçait sans difficulté et n’était jamais surpris par les pics de glace qui émanaient, irrégulièrement, du sol. Sa concentration était totale. Rien ne lui échappait.

Masato eut alors une idée. Il éxécuta une technique Suiton qui éclaboussa Sôri. Puis il concentra son chakra pour faire baisser la température et ainsi geler l’eau. Ainsi Sôri serait gêné, même une fraction de seconde. Ce ne fut pas le cas. L’eau semblait refuser de geler, comme si le chakra de Sôri, qui se voyait un peu plus nettement, transformait l’eau en vapeur.

Ce n’est pas bon signe. Il faut que je trouve autre chose.

Sôri passa alors à l’assaut. Il frappait uniquement avec la paume de ses mains, tournoyait sur lui-même en un clien d’œil, était toujours en mouvement, insaisissable.

Pas une seule des attaques de Masato le toucha et ce dernier reçut alors la paume gauche de Sôri en plein visage. Le temps de retrouver ses esprits et Sôri avait déjà enchaîné : deux coups dans le ventre, un dans le dos puis un au niveau des côtes flottantes. Masato était toujours en retard d’un coup.

Il fallait alors jouer le tout pour le tout. Masato concentra son chakra blanc pour ériger un bouclier de glace. Il lui fallait un peu de temps, à l’abri des coups de Sôri pour réaliser une technique plus puissante.

« Tu ne m’arrêteras pas avec une protection si faible. »

Sôri ne lui laissa pas le temps de réaliser le moindre mudra. Il sembla voler jusqu’à lui : le bouclier de glace vola en éclats sous l’effet d’un de ses coups de pied, que Masato reçut en pleine figure. Désorienté Masato ne pouvait plus malaxer son chakra. Son esprit s’égarait.

Un chakra bleuté apparut alors. Cela ne plut pas à Sôri. Il lança un coup de poing en plein plexus à Masato avant de le jeter au sol par une balayette et de lui poser le pied sur la gorge.

- J’avais dit plus jamais ce pouvoir.
- Désolé, cela m’a échappé. Les vieux réflexes ont la vie dure.
- Je ne te brise pas la nuque pour cette fois.

L’entraînement était fini. Sôri avait dominé Masato mais ce dernier n’était pas abattu. Son maître était un monstre, jamais il ne pensait pouvoir l’égaler. Au moins avait-il le sentiment de s’être un tout petit peu rapproché de lui.

Ce soir-là ils mangèrent dans une ambiance assez détendue. Masato demanda des nouvelles du Pays des Neiges et Sôri leur apprit qu’Isaku était le nouveau réceptacle du Bijû à quatre queues. Son entraînement était terminé désormais.

- Aura-t-il une vie meilleure ? s’interrogea Masato à haute voix.
- Il est dévoué à son pays et fera bien les choses. C’est peut-être ainsi qu’il envisage sa vie.
- Vous l’avez entraîné ?
- Oui, pour parfaire sa maîtrise du Bijû.

Peut-être que mon père envisage d’en faire son fils adoptif si d’aventure il m’arrivait malheur. Cette pensée obscurcit quelque peu le regard de Masato.

Les échanges suivants furent rapidement expédiés et le trio s’endormit rapidement.

Le lendemain, Sôri les laissa.

« Souviens-toi de tout ce que je t’ai dit Masato. Du premier jour jusqu’à aujourd’hui. Tous ces mots te seront tous utiles. Quant à toi Shinsuke ne mise pas tout sur ton épée. »

Il partit sans se retourner.

« Merci pour tout Sôri-sensei » déclarèrent, simultanément, Masato et Shinsuke.

A eux de jouer désormais. Ils continuèrent à s’entraîner tous les deux puis, quand ils se sentirent de nouveau en condition, ils quittèrent cet endroit où ils ne reviendraient sans doute jamais.

Leurs pas les avaient conduits à quelques encâblures de la frontière entre Kusa et le Pays de la Pluie. Ils s’arrêtèrent dans une auberge : non pour y passer la nuit – c’était trop risqué – mais pour prendre un repas chaud. Un petit encouragement avant leur entrée dans le Pays de la Pluie. Là-bas la nourriture serait secondaire et ils n’étaient pas pressés outre mesure de goûter aux rations que Sôri leur avait laissées.

Ils entrèrent dans l’établissement sans même regarder son nom. Ils choisirent une table éloignée de l’entrée, dans un coin, de manière à ne pas être sous le feu des regards.

Moins de 20 minutes plus tard ils en étaient au dessert : du gâteau au thé vert. Shinsuke l’appréciait tellement qu’il en redemanda. La gourmandise est un vilain défaut, parce qu’elle fait perdre du temps pour consommer l’aliment désiré.

La part de gâteau était à peine sur la table que trois ninjas débarquèrent. Les bandeaux qu’ils arboraient étaient barrés.

Des déserteurs. Vu leur allure ils sont affamés. Des ennuis en perspective. Pourvu que Shin’ reste calme.

Ils firent le tour des tables, raflant de la nourriture et de l’argent. Les autres personnes présentes ne résistaient pas. Comme si c’était normal.

C’est une opération de redistribution qui ne dit pas son nom ? s’interrogea Masato.

Le patron de l’établissement s’adressa aux trois voleurs alors qu’ils piochaient sur les tables du restaurant : « Alors Raku, Naoshi et Shû, les temps sont durs ? Un petit creux ? Vous voulez que je vous prépare quelque chose ? »

L’un d’eux répondit qu’ils n’étaient pas là pour ça, qu’ils prenaient le nécessaire pour survivre. La faute au système, etc. Ni Masato ni Shinsuke ne prêtèrent attention à la suite de leurs propos.

Pour son malheur, Raku vit la part de gâteau de Shinsuke et s’approcha.

- Tu ne vas pas manger ça ?
- ‘se pourrait bien que si lui répondit Shinsuke.
- Ah ouais ?

Les deux autres ninjas se rapprochèrent. Naoshi, celui qui avait répondu au patron de l’auberge, sortit un kunaï. Plutôt en bon état jugea Masato.

- Ben dis donc c’est une grande épée que t’as là ! suggéra Raku.
- Ah ouais, trop grande pour toi d’ailleurs. Tu me la donnerais pas ? demanda Naoshi.
- Vous avez trente secondes pour vous tirer.

Les trois ninjas regardèrent Masato. Qui était-il pour leur parler ainsi ? Il voulait mourir ?

- Et si on refuse ?
- Plus que vingt-cinq.

La main de Naoshi se porta vers l’épée de Shinsuke. Avant qu’il n’ait pu la saisir, Masato lui envoya une lame de glace dans la main droite, qui le fixa à la cloison. Shinsuke saisit son épée et, avant que Raku ne touche le gâteau au thé vert, lui trancha la main.

« C’est le sort réservé au voleur là d’où j’viens. »

Naoshi voulut réagir mais Masato lui planta deux pics de glace supplémentaire dans la main. Il n’eut que le temps de commencer à hurler : Masato lui trancha la gorge dans la foulée.

Je produis des armes de glace de plus en plus vite.

Devant ce spectacle, Shû prit peur et tenta de s’échapper : il fut transpercé dans le dos par une lance de glace et s’étala sur le sol.

Et précis avec ça.

Pour ne pas laisser Naoshi orphelin de ses camarades, Shinsuke le supprima d’un coup d’épée. Le reste de l’assistance ne disait rien.

- Vous aviez pris ces jeunes en sympathie et vous leur permettiez de manger ici n’est-ce pas ? demanda Masato.
- Oui… commença le patron.
- Ce qui explique vos tarifs plutôt élevés.
- Vu le service qu’on vient de vous rendre vous nous offrez le repas hein ? questionna Shinsuke.

Le patron n’osa pas contester. Ce fut une autre personne, assise à quelques tables de là : « La seule personne qui offre quoi que ce soit est Jashin. »

Ils étaient encore mieux dissimulés que nous. Les jashinistes… pensa Masato en les découvrant.

Shinsuke allait bondir sur eux mais Masato mit sa main devant lui.

- Tout doux Shin’, ils n’ont pas l’air méchants.
- En effet débuta Mozen. Jashin ne vous cherchera pas querelle aujourd’hui.

Les deux individus du Pays des Neiges n’en crurent pas un mot.

« Nous serons plus à l’aise pour parler dehors. Si vous voulez bien me suivre. »

Mozen et les personnes l’accompagnant sortirent en premier.

Dehors, d’autres jashinistes étaient présents.

Un piège, les enfoirés, j’en étais sûr. Shinsuke n’avait même pas terminé sa pensée qu’il se jeta sur Mozen… et fut repoussé par un coup de pied.

- Vous ne manquez pas de toupet, vouloir nous attaquer alors que vous êtes invités à un échange.
- Doucement Oren, la jeunesse c’est aussi l’indiscipline, avoir du mal à se contrôler.

Oren… c’est bien elle oui. Elle ne l’a pas fait exploser pensa Masato.

Leurs regards se croisèrent. Visiblement leur dernière rencontre était encore présente dans leur mémoire.

- Vous êtes partis précipitamment la dernière fois Masato A… débuta Mozen.
- Une affaire urgente. A laquelle certaines langues disent que vous êtes mêlés.
- Nous n’avons rien à voir avec ce qui est arrivé à votre sœur. Jashin ne procède pas de la sorte.
- Mon père pense différemment.
- Votre… père…

La colère de Mozen monta à cette seule évocation. Ils revoyaient tous ces jashinistes morts, le visage de Shôkishi, impassible, quand il les avait condamnés.

Père, allez-vous rompre l’accord passé avec les Habaki ? s’interrogea Oren.

Elle regarda sa mère qui ne dit rien. Les autres jashinites contemplaient leur chef. Ce n’était pas le moment de parler.

Mozen lança une hache en direction de Masato. La vitesse était prodigieuse mais il l’esquiva en penchant lentement la tête sur sa gauche.

Les paroles de Sôri lui revenaient en tête. Il était calme. Bougez le moins possible, sentir le mouvement, la moindre perturbation de l’air, avoir tous ses sens en éveil. J’y arrive peu à peu. Ce n’est pas parfait mais…

Les autres armes lancées dans sa direction furent aussi évitées dans un mélange de petits pas, de demi-tours, de sauts calculés. Un joli ballet. Qui sembla déplaire à Mozen. Sur un geste de ce dernier Oren bondit au niveau de Masato. Elle portait toujours le symbole de Jashin au niveau de son omoplate gauche remarqua ce dernier.

Son Bakuton se portait bien. Elle fit exploser une bonne partie de la surface où ils évoluaient. Nullement surpris, Masato constitua différents icebergs, pour avoir systématiquement un endroit où atterrir. Ne pouvant tous les faire exploser à la fois, Oren décida de passer au corps-à-corps.

Oren ne toucha pas une seule fois Masato. Ce dernier parvint à la frapper à deux ou trois reprises. Ce qui l’agaça. Et son énervement laissait un peu plus d’ouvertures à Masato, qui en profita.

En essayant de le frapper au visage, Oren découvrit son côté droit. Masato lui asséna deux coups de poings secs et précis. Elle grimaça, pivota pour lui asséner un coup de pied. Masato se baissa et frappa la jambe d’appui d’Oren. Elle perdit l’équilibre et se rattrapa à l’aide de ses mains.

Il est plus précis que la dernière fois. Ses coups sont plus durs. Je vais pouvoir devenir sérieuse.

Son regard changea et allait faire un pas en direction de Masato lorsque son père intervint : « Cela suffira. Merci Oren. »

Elle se replia sans contester ouvertement. Mais elle pestait intérieurement. Pour une fois qu’elle s’amusait bien.

- Il dit stop alors que c’est lui qui a commencé ?! Il est pas bien ce type !
- Techniquement Shin’ c’est toi qui as débuté.

Mozen était calme. Comme si sa colère avait disparu.

- Vous êtes bien meilleur que la dernière fois. Quel changement s’est-il produit en vous ? Vous vous battez comme si vous vouliez vraiment vivre.
- Je le veux oui.
- Pourtant vous savez que seule la mort vous attend si vous vous rendez à Ame.

Cette phrase glaça Shinsuke. Elle était prononcée non comme une menace ou une moquerie mais comme un constat, une évidence.

- Je veux croire en ma bonne étoile.
- Ou en votre main gauche ?

Un léger sourire passa sur les lèvres de Mozen lorsqu’il posa cette question.

- Elle vous intéresse ?
- Peut-être… Mais je ne suis pas ici pour vous la prendre. Jashin ne vole pas, on lui offre.
- Je n’ai pas d’offrandes pour lui.
- Aujourd’hui. Mais demain…
- Je ne vous rejoindrai pas.
- Et toi jeune épéiste ?

Shinsuke était surpris que l’on s’adresse à lui.

« Ben… euh… » En voyant le regard de Masato il se reprit : « Non ! »

Il pensait déjà que, s’ils les rejoignaient, son père viendrait le chercher par la peau du cou. Et ce ne serait pas avec le plat de l’épée qu’il le corrigerait.

« Quel dommage » lâcha Mozen. Il ne voulait pas insister. « Vous avez un grand potentiel, que vous gâchez dans une quête vengeresse. Vous pourriez utiliser vos talents de manière bien plus efficace avec nous. »

Il fit signe à ses hommes de partir. Ne restaient que Mozen et Oren.

- Nous en restons là ? l’interrogea Masato.
- Cela peut vous surprendre mais oui. Jashin ne veut pas de votre vie.
- Ce qui n’est pas la position des Habaki. Vous avez passé un accord ?

Belle perspicacité jeune Anotsu. Si tu comprends cela alors pourquoi continuer dans cette voie ?

- Si je vous dis oui, cela vous ferez renoncer ?
- Non, mais j’aurais peut-être plus envie de vous éliminer.
- Ce serait dommage. Vous aurez besoin de toutes vos forces contre eux.

Mozen partit à la fin de cette phrase. Oren ne le suivit pas tout de suite. Elle regarda Masato quelques secondes sans rien dire. Enfin, tout en se mettant en route elle lui lança : « Ne meurs pas. J’aimerais bien t’affronter à nouveau. »

Sans attendre de réponse, elle disparut.

Masato et Shinsuke se retrouvaient seuls. Le jour tombait. La frontière n’était pas loin.

- On fait quoi Masato-sama ?
- A ton avis Shin’ ?

Il n’hésitait plus désormais. Sa décision était arrêtée. Un retour en arrière n’était plus possible.

« En route pour le Pays de la Pluie. »

Sans ajouter un mot ils se mirent en marche. La danse macabre allait bientôt commencer.
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