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. La Chronique : Économie des ninjas (2)

 
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Mat
Jûbi


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MessagePosté le: Dim 19 Mai 2013, 11:05 am    Sujet du message: La Chronique : Économie des ninjas (2) Répondre en citant

Précédemment dans "La Chronique", un éclairage avait été apporté sur le « marché des missions ». A travers l’exemple de Tazuna, le côté demande avait pu être illustré (risque d’asymétries d’information, rôle des normes, etc.).

C'est le côté offre qui va être privilégié cette fois-ci. Pour ce faire, nous allons utiliser les propos de Pain, dans le chapitre 329 – chapitre qui clôture le tome 36. Un très bref rappel pour vous rafraîchir la mémoire : suite à des plaintes d’Hidan, Pain entreprend de lui expliquer les buts de l’Akatsuki, l’objectif véritable de l’organisation. Trois phases sont présentées : récolter de l’argent ; créer la première organisation de mercenaires au monde ; contrôler le monde.

La chronique va principalement traiter du passage de la phase deux à la phase trois. Le propos de Pain évoque la captation du marché des missions par l’Akatsuki d’une certaine manière. Il n’est pas question pour l’organisation d’acquérir le monopole par la guerre directe (Pain ne parle pas d’entrer en conflit avec les grandes nations) mais, indirectement, par la concurrence. Après avoir formé son entreprise, le dirigeant d’Ame énonce que l’Akatsuki effectuera toutes les missions disponibles (quand ils ne déclencheront pas eux-mêmes des conflits grâce aux Bijûs, afin d’alimenter la demande), même pour « une bouchée de pain ». En somme la guerre des prix va faire rage, permettant à l’Akastuki de faire main basse sur le marché. Les villages ninjas n’y survivront pas et le système tombera, permettant ainsi aux manteaux noirs et rouges de contrôler le monde.

Une telle configuration de la concurrence n’a rien de nouveau. Pain n’innove pas en la matière. Elle peut se retrouver dans la littérature. Un des grands exemples est fourni par l’ouvrage d’Emile Zola, Au Bonheur des Dames (1883). Parmi tous les thèmes qu'il aborde, cet ouvrage donne à voir l’organisation de la concurrence et la guerre des prix que se livrent, notamment, Mouret et Robineau ainsi que les effets funestes de cette concurrence sur les vaincus.

Egalement au XIXème siècle, Joseph Bertrand s’intéresse au duopole et propose une analyse qui va nous permettre de mieux comprendre la stratégie de l’Akatsuki.

Supposons que l’Akatsuki soit confrontée à un concurrent pour effectuer des missions moyennant rémunérations (les grandes nations). Supposons aussi que les missions à effectuer peuvent être réduites à une mission représentative, de sorte qu’un seul bien est fourni et demandé sur le marché des missions. On est alors en situation de duopole avec les deux « entreprises » qui se livrent une concurrence par les prix. Soit p*1 le prix fixé par les nations et p*2 le prix fixé par l’Akatsuki pour effectuer une mission. En acceptant les hypothèses de Bertrand (le coût moyen est constant, les fonctions de coût des entreprises sont identiques, elles produisent un bien homogène, peuvent toujours satisfaire la demande, etc.) le résultat est qu’il n’y a pas de concertation entre les deux concurrentes et, qu’à l’équilibre, le prix se fixe au coût marginal (p*1 = p*2 = c) ! Autrement dit même s’il n’y a que deux entreprises sur le marché, pour répondre aux demandes de mission, le prix fixé ne leur garantit aucun « profit ». Les « consommateurs » (les pays ou personnes prêt à payer pour qu’une mission soit réalisée) sont donc les grands gagnants de cette histoire.

Mais un tel équilibre implique que la demande se répartisse équitablement entre les deux « entreprises ». L’Akatsuki et les grandes nations se partageraient donc le marché. Si une telle situation ne serait pas forcément plaisante pour les grandes nations, ce résultat rentre en contradiction avec le propos de Pain : l’Akatsuki veut faire main basse sur le marché. Un équilibre où elle doit se partager la demande avec les autres nations n’est pas un bon résultat !

Il faut alors intégrer l’idée de la « bouchée de pain » à l’analyse pour retrouver le résultat voulu par Pain. Cette idée peut se formaliser de deux façons :

- Soit on suppose que les fonctions de coût sont différentes, impliquant des coûts marginaux différents (c*1 > c*2 donc l’Akatsuki a un coût marginal (c*2)plus faible que les grandes nations). Auquel cas l’organisation de Pain peut satisfaire la demande à des coûts plus faibles et va donc fixer un prix p*2 tel que : c*2< p*2 < p*1 = c*1 avec p*2 = p*1 – ε. Elle capte alors tout le marché et fait un profit égal à (p*2 – c*2) x Demande (soit le nombre de missions).

- Soit l’Akastuki a la même fonction de coût que les grandes nations mais elle accepte de faire des profits négatifs. Elle fixe alors un prix inférieur au coût marginal de sorte que l’on a p*2< p*1 = c. Ici aussi l’organisation va capter tout le marché et fera une perte égale à (c – p*2) x Demande. Faire des pertes menace son existence (d’où le fait que les grandes nations ne la suivent pas dans la fixation d’un tel prix) mais grâce à la première phase de son plan, l’Akatsuki dispose de fonds importants, qui lui permettent d’absorber de telles pertes.

Dans les deux cas le marché est capté par l’Akatsuki, conformément à la vision de Pain. D'ailleurs cette démarche semblait rencontrer un certain succès étant donné que certaines grandes nations avaient recours à leurs services et que le Tsuchikage lui-même reconnaissait la qualité du travail fourni par l’Akatsuki (cf. chapitre 458). La situation était alors pour le moins étrange : en tant que demandeurs, les grandes nations ayant eu recours aux services de l’Akatsuki économisaient de l’argent mais en tant qu’offreurs elles perdaient des parts de marché et donc des revenus. Ce qui était économisé compensait-il ce qui était perdu ? Il est permis d’en douter et de voir dans un tel comportement une situation où les grandes nations se tiraient une balle dans le pied : les gains de court terme seraient annulés par des pertes à moyen/long termes. En somme un tel équilibre ne pouvait pas durer et on risquait d’arriver à la déchéance du système évoquée par Pain.

Une telle stratégie était assez finement pensée pour faire tomber le système de l’intérieur, en prenant part au jeu et au marché des missions pour mieux imposer ses propres règles.

Finalement cela conduit à se poser (au moins) une question : si, via la concurrence par les prix, l’Akatsuki arrivait à prendre peu à peu le contrôle du marché n’aurait-il pas mieux valu pour elle de ruiner les grandes nations pour ensuite, seulement, mettre la main sur les Bijûs ? Les grandes nations n’auraient sans doute pas accepté de voir leurs parts de marché se réduire au profit de l’Akatsuki donc un conflit semblait inévitable entre eux. Mais en voulant mettre la main sur les Bijûs en premier, l’Akatsuki courrait le risque d’avancer la date de ce conflit a priori inévitable.

On est alors assez proche d’idées développées, notamment, par Jack Hirshleifer (The Darkside of the Force: Economic Foundations of Conflict Theory, 2001) : face au risque de perdre ses parts de marché et donc les revenus et profits associés aux missions, le moyen le plus « économique » de réagir peut être d’empêcher par la violence l’entrée de concurrents ou de prendre leurs richesses... par exemple en leur faisant la guerre. La suite du manga n'a pas démenti cette conclusion.
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lucilla
Étudiant à l'académie


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Messages: 64

MessagePosté le: Lun 20 Mai 2013, 7:52 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Très bonne chronique (encore Very Happy ) !

Je n'aurais jamais imaginer qu'on ferait de l'économie sur Naruto. Le manga deviendra t-il un futur support scolaire ?

Quoi qu'il en soit, Même si l'Akatsuki voulait réduire l'économie des grandes nations à néant, elle avait quand même besoin d'une vrai arme, les bijuus, car avant de les avoir elle avait l'argument économique mais ses troupes ne faisait pas le poids en cas de guerre avec les grandes nations réunis .
C'est peut être pour cela qu'elle a voulu les volés d'abord au risque de faire venir la guerre prématurément.

Même ruiné, les 5 grands possèdent toujours de bon ninja.
Tiens, d'ailleurs les ninja possède t-il une retraite (c'est quelque chose que je me suis toujours demandé) ?
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Mat
Jûbi


Inscrit le: 13 Fév 2008
Messages: 5451

MessagePosté le: Mer 22 Mai 2013, 11:48 am    Sujet du message: Répondre en citant

Merci².

Avec Naruto et d'autres mangas je suis sûr qu'il y a matière à trouver de bons exemples pour illustrer telle ou telle situation (et pas seulement économique). Donc oui cela peut être un bon support si cela parle aux élèves/étudiants/etc. de mieux voir et comprendre tel ou tel élément. Il faudrait expérimenter cela : des volontaires ?

La question de la réaction des grandes nations est ambiguë. On pourrait penser que sous couvert de faire la guerre à l'Akatsuki pour les Bijûs, le monde libre, etc. elles cherchent aussi à protéger leur marché d'un concurrent. De la manière dont je comprends le propos de Pain, il voulait que l'Akatsuki grossisse : pour prendre toutes les missions possibles il fallait des hommes, les former, etc. Mais le manga n'a pas vraiment montré cela : l'Akatsuki avait 10 membres (environ) et partait à la chasse aux Bijûs. On a pu voir que Sasori avait des hommes, Pain tenait Ame mais pour le reste il n'y a pas beaucoup d'informations.

Du coup il est possible que la prise des Bijûs ait été un préalable nécessaire (si ce que Pain dit à Hidan était bien vrai...). Je n'ai pas vraiment de certitudes sur cette question.

Ruinées le club des cinq n'aurait pas pu payer les ninjas. Du coup seraient-ils restés fidèles ou bien auraient-ils embrassé la cause de l'Akatsuki qui leur aurait fourni des sous et du travail ?

Bonne question que celle des retraites. J'avais à peine évoqué la question dans une chronique passée, avec l'idée de la réciprocité indirecte, mais c'est vrai que le devenir des ninjas quand ils sont vieux n'est pas trop évoqué. Peut-être parce qu'ils meurent avant de raccrocher ou parce qu'ils deviennent des civils qui exercent une activité artisanale, marchande, etc.
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