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. Les enfants des neiges [Naruto]
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bloody
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MessagePosté le: Sam 02 Mai 2015, 4:06 pm    Sujet du message: Les enfants des neiges [Naruto] Répondre en citant

Bonjour à toute la communauté ! ^^

Je vais être direct, j'ai envie de partager avec vous une fiction naruto, alors je vous rassure tout de suite, je ne vais pas changer à ma sauce l'histoire. Je la garde tel quel, juste que je vais parler de nouveaux personnages, et d'autre village afin de nourrir d'avantage ce manga.
Je vais tenter de rendre l'univers plus sombre et plus mature... à vous de juger. Voici le premier chapitre !




Arc enfants des neiges :


1.0 Le nécro-village

Un village parmi tant d’autres. Un petit village oppressé parmi tant d’autres recueillait en son sein la pauvreté, la famine. Yuki No Kuni… Le village caché des neiges ou des flocons. Comme la plupart de ces villes de même instance, la guerre et ses conséquences se faisaient que plus ressentir chez eux que chez les cinq grands pays. Et cette troisième guerre ninja s’éternisait au grand damne de la population. Heureusement que le dirigeant, un Kage plus craint qu’aimé, avait su montrer les crocs à ses voisins, et faire les bons traités. Il dirigeait Yuki d’une main de fer. Son tempérament guerrier ne le présentait pas pour autant comme un sauveur. Une minorité commençait à s’agacer. Mais ils ne pouvaient rien y faire, ni même demander une audience auprès de leur Eminence. Ce redoutable ninja vivait au cœur de la ville dans une enceinte sécurisée et barricadée par ses hommes. En dehors de ce fort aux nombreux malaxeurs de chakra, la vie des citadins n’était pas rose. Les réquisitions des uns et les attaques des autres en avaient démunis plus d’un. Le pays n’était plus le même. Les gens n’étaient plus les mêmes. Ils étaient plus froids, distants. L’ambiance devenait aussi glaciale que lors des mois d’hiver dans ce pays. Plus on s’écartait du centre de Yuki, plus les quartiers étaient malfamés, insalubres, et respiraient la misère. Un port à l’Est et ses entrepôts étaient un nid de délinquance et de crapules formant des bandes violentes. Les ninjas peinaient à faire régner l’ordre dans toutes les zones sensibles. L’hiver avait commencé et les sans abris et les orphelins dans les rues allait le sentir passer. Qui sait combien de victimes de ce système allaient reposer dans la neige éternellement…

Des gamins s’étaient en effet retrouvés sans famille, sans chez soi. Leurs parents avaient été victimes de la guerre ou alors les avaient abandonnés ne pouvant subvenir aux besoins de tout le monde. Il arrivait qu’à la fin de l’automne, Yuki grouillait de gosses frêles et sales. L’hiver ferait une sélection naturelle et cruelle. Dans le quartier Sud, une petite mamie portant son lot de pain et de riz pour la semaine, s’attristait de dessous son foulard qui couvrait ses cheveux grisonnants. L’œil blafard sur les bordures de ruelle, elle ne pouvait que s’épouvanter du décor. Ne pas pouvoir offrir une miche de pain à ces jeunes mendiants lui arrachait le cœur. Elle les regardait errer ça et là, sans but réel, les bras ballants à cause d’un manque de force évident. Ceux qui se sentaient défaillir, se meurtrissaient la peau juvénile de leurs cuisses sur des morceaux de trottoirs verglacés. Puis, au fond d’un cul-de-sac, elle entraperçut un autre bambin, un garçon de six ans pas plus, prostré contre une barrière de planches pourries. Il était assis, les genoux refermés sur ses bras, et collés à son front. Des mèches bleues grises trempaient ces articulations cagneuses. Il faisait par contre partie des jeunes qui venaient de se jeter dans cette vie de débauche. Sa tenue vestimentaire moins rongée en témoignait. Rares étaient ceux de son âge qui arrivaient à se débrouiller dans pareil merdier. Il était incapable de contrôler ses tremblements. Cette image était plus que ce que la vieille femme pouvait en supporter, voir ce pauvre petit grelotter et mourir à petit feu était une vision atroce. Elle se rebiffa, ses rides s’étant accrues, et claudiqua jusqu’à retrouver sa maisonnette. Tout comme cette dame d’un certain âge, les villageois ne faisaient qu’encaisser sans rien dire. Un jour peut-être, la guerre aura fini de les harceler…

Le petit recroquevillé dans ses membres continuait à trembler. Le fait de se tenir dans l’ombre omniprésente d’une allée avait de quoi intensifier la sensation de froid. Ses lèvres étaient gercées, et ses doigts présentaient des engelures. Les mêmes symptômes le déformaient aux orteils, malgré les sandales dont il était chaussé. Il ne pouvait empêcher sa figure se rougir au sommet de ses pommettes et ce, même s’il tentait de le réchauffer au creux de son corps en position fœtale. Il respirait lentement. Etrangement, le gosse ne tremblait pas vraiment de froid, il ne le ressentait pas, ou du moins il en faisait abstraction. C’était plutôt des gémissements provenant d’une crise nerveuse. Il s’était volontairement isolé dans un coin reculé et assombri, ne voulant pas encore se confronter aux personnes du dehors. Ses troubles et ses peurs le hantaient. Ses larmes ne tarissaient pas. Il ne comprenait pas… Que faisait-il ici, sans parent ni personne le réclamant ? Pourquoi était-il dans un état aussi déplorable, délaissé dans une ville où ses habitants n’étaient que des pierres tombales qui se trainaient ? Une même bande de film défilait à n’en plus finir. Plus rien n’avait de sens. Il était perdu sans aucune attache sûre. Il était prêt à ce qu’une trainée de convulsions le prenne de cours. Mais il trouva une seule pensée dans son for intérieur… en fait c’était plutôt un sentiment, mais il valait mieux qu’il s’en contente si cela pouvait lui valoir de rester conscient. Aussi saugrenu que cela puisse paraitre, ce n’était pas de la tendresse ou une chaleur lointaine. Il se saisit de cette dernière échappatoire, cette corde de survie. Ce qui lui donna un semblant de courage pour envisager l’avenir, était une haine qui le bouffait. Il n’avait que cette solution, nourrir sa haine, même si celle-ci n’avait aucun fondement. Il aurait voulu se rabattre sur autre chose, de plus positif et réconfortant. Mais rien d’autre ne lui venait, alors il prit sur lui-même. « Non, je ne peux pas… pourquoi… pourquoi je les déteste ? Que m’ont-ils fait ? Je n’y comprends rien… Que m’arrive-t-il ? Suis-je un monstre ? Je veux des réponses… Pourquoi ne sont-elles pas dans ma tête ? » Ce néant le détruisait, et il vint à ce qu’il le préoccupait, l’essence de son être. « Qui suis-je ? » Mais il se reprit. A ces moments d’égarements, il ne pouvait que revenir sur sa haine, il s’en sustentait. Il pouvait ainsi se sentir plus fort, plus vivant. Il les détestait… Il détestait les ninjas de Yuki, le Yukikage, et dans une plus large mesure tout ce qui faisait le shinobi. Finalement, un timide rayon solaire qui s’était perdu, imbiba son cou d’une tiédeur. Il sortit de sa torpeur et leva sa caboche amochée. Il avait oublié que des poubelles étaient plaquées contre le mur à sa droite, et que des piles de cartons ouverts tapissaient une parcelle de neige. Ce devait être sa couche provisoire… si seulement elle pouvait l’être ! Ce qu’il vivait était un cauchemar à durée illimitée. Il était temps d’arrêter de pleurnicher, sa vie pouvait avoir un sens grâce à cette prise floutée de son esprit tâtonnant. Il ne devait plus sombrer, mais survivre, faire front à une réalité, une horrible réalité qu’il n’aura de cesse que de chercher à la braver. La neige avait retenu ses flocons, le temps de son introspection. Une fois revenu à lui, elle délivra une poignée de ses cristaux d’eau sur cet innocent et les alentours. Une vague de froid se profilait, chacun devra s’y préparer, peut-être même à aller jusqu’à s’entretuer.
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bloody
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MessagePosté le: Lun 04 Mai 2015, 5:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ce chapitre sera un peu lourd à la lecture à mon avis, mais après on avancera un peu plus dans l'histoire.

1.1 La loi du plus fort


Ce jeune amnésique ne voulait plus se laisser mourir. Par un instinct combattif, il se campa sur ses jambes parcourues de fourmillements. Reprendre du poil de la bête avait dû prendre une sempiternelle minute pour que ses membres puissent s’enhardir de leur motricité. Il se massa l’épaule tout en réfléchissant sur ce qu’il allait entreprendre. Partir de zéro comme ça, de ses propres moyens lui instillait quelques doutes.
Il constata bien vite que sa réflexion était altérée par un creux à l’estomac. Son ventre allait guider ses pas pour la journée, si ce n’est pour toute la saison. Pour en arriver jusque là, il fallait d’abord qu’il sache comment se nourrir. Première option qui s’offrit à lui : les bennes gelées et dézinguées à portée de main. Il n’eut pas de honte à fouiller leur contenu, de toute façon presque tout le monde devait le faire. Pourquoi alors se sentir gêné ? Sa taille réduite ne lui permettant pas de brasser les ordures sans y fourrer son nez, il se hissa pour tomber pieds joints à l’intérieur d’une benne. Il touchait le fond, la chambre d’immondices avait été vidée il y a peu. Des fragments de ferraille, des chaines rouillées, un ressort tordu étaient les seuls détritus qu’il estima. Autant dire qu’il n’allait pas faire de festin là dedans. La benne voisine devait certainement recueillir le même bric-à-brac. Il n’allait donc pas prendre la peine de l’ouvrir. Il n’avait d’autre choix que d’explorer les environs. Il poussa du bout de ses sandales des débris de verre, et s’essouffla à descendre de la grosse poubelle.
La journée n’avait pas encore décliné, il pouvait partir en quête de pitance, en demeurant cependant dans les quartiers Sud. Le nouveau contact de ses petons avec la neige qui tombait au ralenti, lui fit parcourir un frisson jusqu’au sommet du crâne. La précipitation hivernale commençait en douceur, ses perles aux contours artistiques voletaient comme de petites plumes duveteuses. Le garçonnet n’était pas du genre à se laissait désemparer comme tout enfant de sa tranche d’âge. Survivre était une seconde nature qu’il se découvrit. Il était aussi méfiant, plus qu’il ne le fallait. C’était une paranoïa qui devait être fondée, mais dont il ne trouva pas les raisons. Ah ! A chaque fois qu’il voulait parcourir ses souvenirs noircis, une affreuse douleur au milieu du front le mettait en garde. Peut-être que son passé lui reviendrait comme une bouffée d’oxygène quand il aurait repris des forces.

Pour progresser à une allure régulière, la couche de poudreuse était bien assez fine pour ne pas s’y enfoncer. Parfois à découvert sur des chemins, il trottinait avec une respiration saccadée ne voulant pas être vu. C’était plutôt assez bête de fuir des villageois qui pouvaient être des amis, mais c’était plutôt une crainte inconsidérée vis-à-vis de l’entourage qui le tenait à l’écart. Quelque chose enfouie en lui, lui certifiait que les adultes au moins, ne lui voulaient que du mal. Un gamin comme lui était une proie facile pour des ravisseurs. Alors sa première règle était que la prudence était mère de sureté.
Il passa comme dans un commando, deux carrefours successifs. Des courants d’air les traversaient dans un hurlement de fantôme. Les voies étaient désertes, à la grande joie du sans abri. Dans un angle fermé de sa pupille, il dénicha ce qu’il pouvait appeler une caverne d’Ali Baba, au vu de sa situation précaire. Il fit marche arrière, et monta dans une benne bien plus entretenue que ces autres consœurs.
En s’attelant un peu à la tache, il trouva son bonheur, de quoi raffermir le tube digestif : le coin d’un pain et sa croute avait été jeté, jugé trop ranci par un villageois. La mie avait quand même été bien rongée par la dentition du bonhomme. C’était un début, puis deux autres trouvailles vinrent égayer sa frimousse glacée aux cheveux crasseux qui naturellement avait un reflet bleu. La saleté lui collant, sa couleur capillaire restait sur un ton de gris terne. Il mangea dans la poubelle même, une boulette de riz séchée. Même si une huile avait dénaturé son goût, il la dévora. En guise de dessert, une tomate qui commençait à pourrir lui fournirait des vitamines. Il l’économisa pour plus tard, l’empoignant comme une bourse de pièces d’or.
Il s’extrayait de cette enceinte nauséabonde, quand il anima sa surveillance. Il se maudit en pensant qu’il l’avait négligé un moment. C’est en se concentrant qu’il crut voir un observateur s’intéresser à sa petite personne. Ca avait été succinct, bref. Il se faisait peut-être des idées. Quoi qu’il puisse retirer de ses suppositions, il s’en inquiéta et courut jusqu’à se mettre derrière un mur de briques à une intersection. Son cœur sous l’exercice faisait le yoyo dans son torse. Aucun passant ne déboucha à sa suite, que ce soit en le prenant en chasse ou en se promenant dans la neige. Bon, il avait perdu son calme sans raison apparente.
Il s’était adossé à l’arrière d’un bar où la fréquentation laissait à désirer. Par terre, il trouva une cagette de bouteilles vides qui avaient déjà servi à l’emploi. C’était du saké. Même si l’alcool de riz ne l’attirait pas plus que ça, il ne nia pas qu’il avait soif. Il en prit une qui était débouchée, et chercha comment la remplir. Il avait rangé sa tomate sur lui le temps qu’il se désaltère. Son cerveau tourna alors bon train. Son regard vide se posait vaguement sur la nappe scintillante de débris célestes. « Mais la neige… c’est de la pluie gelée ! » Il bourra donc de neige son récipient avec son doigt qui glissait aisément dans l’embouchure. Une fois qu’il avait recueilli ce qu’il pensa suffisant, il expira son air des poumons dans la bouteille. La chaleur de son souffle viendrait à bout de la cristallisation. Néanmoins, la fonte prendrait un temps fou à ce rythme et avec ce système de réchauffement.
De dessous ses mèches qui s’affalaient sur son front, ses yeux noirs s’ouvraient en grand et les pupilles se promenaient aux quatre coins du blanc de l’œil, hésitantes. Ils ne clignaient pas. Demeurer statique au fil des minutes l’épouvantait. Il se souciait plus des chats de gouttière que de son eau. La neige s’était presque totalement liquéfiée, quand du mouvement accompagné du bruit apaisant de poudreuse écrasée se déclara dans le prolongement de la rue à sa droite. Son pouls s’accéléra tant qu’il n’était pas sûr de ce qu’il se tramait. Ses doigts affolés ratissèrent la surface gondolée et translucide de son ustensile quand il vit un rassemblement grossir.
Rien de bien méchant, des enfants des rues s’étaient réunis certainement pour effectuer les emplettes pour l’hiver. Ils étaient comme lui, mais par contre plus organisés. Parmi la meute, l’un d’entre eux les menait à la baguette, et comme par hasard, c’était le plus grand, le plus costaud et le plus âgé qui se faisait respecter. Les plus petits prenaient en considération toutes ses directives à voix basses. Autre chose qui montrait une supériorité chez le garçon, c’était un large bâton d’appui qu’il tenait avec fermeté tel un sceptre. Autant dire que si l’un de ses soumis ne suivait pas les règles, il devait s’en servir pour le lyncher.
L’enfant solitaire, bouteille en bouche, ne les lâchait pas des yeux une seconde. Cette insistance à ne vouloir rien laisser en dehors de portée de vue, lui fit oublier que la glace pilée avait laissé place à un liquide plus facile à avaler. Il en profita à étancher sa soif et à adoucir sa gorge enflée. Une lampée au goulot lui suffit, cet arrière goût d’alcool avait freiné son enthousiasme. A force de la vider et de la remplir, ce flacon perdrait de cet arôme qu’il trouvait assez désagréable.
Il reporta rapidement son attention incisive sur la bande qui s’était agitée. Pour ne pas changer ses habitudes dans ce monde incertain et pourri, la pâleur du gringalet tira encore d’avantage sur un blanc vitreux et maladif. Une bonne douzaine de marmots empestant l’égout s’avançaient, le choisissant pour cible, tous envieux. Leur chef était aussi là, et lança la charge, le bout de bois brandit :

-Attrapez-le ! Ce fils de chien a une tomate ! Rapportez-la-moi !

Celui qui se retrouvait seul contre tous bondit en même temps que son cœur. Le gosse à la perche avait une dent du haut qui sortait de la lèvre supérieure, et affichait cette méchanceté gratuite dans son regard qui caractérisait tous ceux qui étaient empreints d’un pouvoir de persuasion sur leur entourage.
La chasse à l’homme était inévitable, et il dût s’arracher les jambes et les genoux pour maintenir une avance sur ses poursuivants. Ils devaient monter les cuisses le plus possible afin de surmonter la neige éreintante. Il en devenait haletant, et n’allait pas tarder à s’écrouler. Un virage à angle droit serait certainement son dernier subterfuge avant de se faire écraser au sol. Il le prit sans se poser de questions, sa vie était en jeu pour de vrai cette fois-ci.

A peine, il échappa aux cris de rage et aux insultes qu’il se vit ouvrir la première porte sur le bas côté. En temps normal, jamais il n’aurait osé faire voler en éclats l’intimité d’un foyer, mais là, sa situation n’avait rien de normal. Entre des murs couverts de moisissure, le miséreux était mort de peur, et heureusement le résident légitime ne s’était pas montré. Il espérait qu’il prenne son temps pour que les bougres de l’extérieur le perdent de vue. Une lampe à huile brillait faiblement et il s’aperçut que le taudis qu’il avait sous les yeux n’avait pas grand-chose à envier à l’extérieur, à part le toit. Il plaqua l’oreille contre l’entrée et renifla de son nez bouché. Il avisa et jugea que le groupe acharné à le dépecer s’était fait la malle.
Quand sa respiration se fit plus lente, il put s’appesantir sur cet environnement tout aussi mort. Il préféra même s’agglutiner à la plaque de cèdre qui tanguait sous son poids. Ses poumons faisaient encore ce même gonflement exagéré dans sa poitrine. Sous la lueur mi-teinte de la lampe de chevet, un lit portait une femme allongée. Il ne douta pas de son état. Elle était souffrante. Une respiration sifflante, une toux sèche et son visage incendié de fièvre faisaient peine à voir. Il s’imaginait déjà à sa place, et réfléchit à la chance qu’il avait, d’être dans une santé fébrile mais tenace.
Il éprouva une pointe d’empathie quand tout à coup un homme bourru déboula de l’arrière du logement. Il venait de tirer un rideau pourpre pour s’assurer que ses intuitions n’étaient pas avérées. Il avait tort et s’en désola. Ne cherchant pas la moindre excuse ou argument expliquant la présence de ce galopin, il l’attrapa par son chemisier troué, et le mit dehors sans remord.

-Ca t’apprendra à pénétrer n’importe où sans que l’on t’y autorise ! Allez ! Dégage d’ici avant que je ne m’énerve, fit-il en se frottant les mains plus à cause du froid que pour l’envie de frapper.

Le gosse avait la joue pétrifiée contre les flocons collés. Ca le démangeait. Comme premier ressentiment, il était furieux. Se faire maltraiter de la sorte, le mettait hors de lui. Toutefois, au final, il s’en fichait. Que ce soit lui, ou ce villageois, ils étaient pareils, des victimes. Son épouse malade était une préoccupation que lui ne connaissait pas, un fardeau qu’il n’avait pas à porter. Il se releva chancelant et accepta la triste fatalité : chacun portait son lot de douleurs en ce bas monde. Les idées noires l’assaillant, il constata que sa bouteille d’eau ragoutante lui avait échappé dans sa chute et s’était éparpillée en une multitude de bouts de verre sur une brique. Sa beuverie s’arrêtait là.

Les doigts de pied frigorifiés, il se traina sur des mètres et des mètres et finit par reprendre son parcours de retour. Ses yeux étaient dans le vague, inattentifs à ce qu’il pouvait lui sauter dessus. Il n’était que plus touché par cette misère qui se répandait non seulement sur ceux qui avaient tout perdu mais aussi sur ceux qui avaient de quoi s’abriter. Ses os craquelaient avec la fraicheur tombante.
Il reconnut alors son impasse chéri mais en y regardant de plus près, il se sentit tressaillir. Il n’était pas au bout de ses peines. Son squat avait trouvé preneur. Un vagabond s’était laissé tenter pour s’installer sur son divan cartonné. Nullement renfrogné, il jaugea qu’il valait mieux pour lui de déménager. Ce petit bout pas plus haut que trois pommes s’était résolu à encaisser sans se plaindre. De toute façon, il n’aimait pas la compagnie d’adultes, surtout ceux étant capables du pire imaginable. Pour l’instant il ne pouvait compter que sur lui et ses ressources. Son souci maintenant, était de se pourvoir d’un coin pour la nuit. La soirée était maitresse sur Yuki, et pour se consoler de sa dure journée, le garnement croqua dans son fruit ramolli tandis qu’il se frayait sa route.
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Ared Tekenshi
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MessagePosté le: Lun 04 Mai 2015, 8:47 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours pas de com bon bah j'ouvre les hostilités bloody pulp ^^

Pour tout dire, ça fait une semaine que je suis ta fic' sur l'autre forum et j'en suis au 6ème arc (avec le fameux "J" en scène Very Happy) donc pour pas trop spoiler tes lecteurs CNiciens je vais parler de mon ressenti sur ces deux premiers chapitres (on se retrouvera "là-bas" pour le mon top des perso traditionnel Wink )

C'est vrai que certain passages sont lourds mais c'est si bien décrit que je me sent dans la peau d'E... euh du personnage avec son petit air de Nagato ^^

La misère qui traverse, la faim qu'il l'endure, et sa bonne buverie bien fraiche... C'est fascinent. Les petits villages shinobi comme Ame et Yuki ont de mauvais jours à venir si ils laissent leur futures générations dans cet état.

J'espère que ta fic' aura aussi bien du succès ici que "là-bas", et c'est une histoire que je conseille à ceux qui auront lu ce commentaire
Vous verrez il est excellent et suit à merveille l'univers de Naruto, avec bien sur des combats et un scénario bien ficelés qui va nous plonger dans de nombreux pays (un coup de pub d'un lecteur ça ne fait pas de mal Laughing)

Sur ce, bonne continuation pour tes futurs projets en cours Wink
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bloody
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MessagePosté le: Mar 05 Mai 2015, 10:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ared Tekenshi a écrit:


Pour tout dire, ça fait une semaine que je suis ta fic' sur l'autre forum et j'en suis au 6ème arc (avec le fameux "J" en scène Very Happy) donc pour pas trop spoiler tes lecteurs CNiciens je vais parler de mon ressenti sur ces deux premiers chapitres (on se retrouvera "là-bas" pour le mon top des perso traditionnel Wink )


Cool ! Alors j'attendrai ton prochain com là-bas dès que tu en auras l'envie.Smile Vu l'avance que tu as, je me doute que tu vas te retenir de spoiler !

Ared Tekenshi a écrit:
La misère qui traverse, la faim qu'il l'endure, et sa bonne buverie bien fraiche... C'est fascinent. Les petits villages shinobi comme Ame et Yuki ont de mauvais jours à venir si ils laissent leur futures générations dans cet état.


Deux chapitres très descriptifs et qui se veulent très sombres à l'image d'Ame et Nagato. Et tu as bien vu là où je voulais aller, la situation des petits villages lors des grandes guerres.

Ared Tekenshi a écrit:
J'espère que ta fic' aura aussi bien du succès ici que "là-bas", et c'est une histoire que je conseille à ceux qui auront lu ce commentaire
Vous verrez il est excellent et suit à merveille l'univers de Naruto, avec bien sur des combats et un scénario bien ficelés qui va nous plonger dans de nombreux pays (un coup de pub d'un lecteur ça ne fait pas de mal Laughing)


Oh nous verrons, mais c'est sûr que recevoir d'avantage d'avis, je ne dis pas non ! XD

Ared Tekenshi a écrit:
Sur ce, bonne continuation pour tes futurs projets en cours Wink


Merci, ils avancent petit à petit. Smile
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bloody
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MessagePosté le: Mer 06 Mai 2015, 1:02 pm    Sujet du message: Répondre en citant

1.2 Ryusuke et Kamuhita

Une goutte entra en contact avec son front, sa fraicheur extrême vint à bout de sa léthargie. Il s’était fourré pour la nuit dans un tas de sac remplis de déchets verts et de foin. Il n’avait pas si mal dormi dans ces conditions. Pour définitivement émerger, il ouvrit grand la bouche sur les gouttelettes qui se jetaient de stalactites suspendues à des gouttières. Se voyant requinqué, il opéra de la même manière pour se nettoyer sa première couche de purin. En se dégageant de son matelas improvisé, il se tortura à fouiller ses souvenirs. « Comment j'ai fait pour me retrouver ici moi, déjà ?» Ses troubles de la mémoire l’agaçaient, il fallait pourtant qu’il s’y accommode.
Il devait se remettre au boulot, au lieu de s’attarder sur des problèmes mineurs. Son ventre l’avait rappelé à l’ordre, il se préoccupa alors de son petit déjeuner. Il allait procéder différemment de la veille. Rentrer et sortir des bennes des quartiers Sud délabrés l’épuiseraient à la longue. Dans le pire des cas, il pourrait s’écorchait sur un objet tranchant ou trébucher sur un autre contondant. Il opina que ce n’était pas la meilleure solution pour lui et son gabarit de jeunot. « Je suis dans une ville plutôt peuplé... Il doit bien y avoir des magasins, voir un marché !» Là-bas, il aurait de quoi entretenir son alimentation. Cependant, il ne pouvait pas se lancer dans une recherche comme ça, sans savoir où il mettait les pieds. Il serait capable de tourner en rond pendant des jours sans que ce soit fructueux. Cela le tracassait mais il devait s’informer auprès d’un citadin, seulement fallait-il choisir le bon. Les activités matinales s’enchainèrent pendant qu’il errait ça et là. De plus en plus de personnes bondaient les avenues. Il prit donc son courage à deux mains, et demanda son chemin à un monsieur d’une cinquantaine d’années vêtu d’un veston blanc et d’un pantalon noir, ample, occupé à réparer une devanture :

-B’jour m’sieur…

-Oui, qu’est-ce que tu veux ? Le remarqua l’homme aux paupières tirées.

-Vous sauriez où se trouve le marché ?

-Oui, petit. Il suffit que tu remontes cette allée et ça te sera indiqué. L’aire commerciale est en plein dans les quartiers Ouest. Tu ne pourras pas les rater.

-Merci, s’inclina-t-il timidement.

Ca y est, il était fixé sur sa destination et son itinéraire. Il pouvait être plus serein. Son vieil informateur avait été le rayon de soleil de la journée, car celle-ci s’annonçait grise et bien portante de ces précipitations glaciales. Il lui avait apporté du baume au cœur. Contrairement à ce qu’il prétendait depuis le début de son épreuve de survie, l’homme en général n’était pas forcément mauvais. Il entrevit une toute autre perspective bien plus avenante que pouvait lui réserver son futur. Ainsi, il traça son sillon dans la neige.

Grâce à sa volonté, il surmonta ce pénible temps lors de son trajet. Il espérait que la tombée des flocons se maintienne suffisamment longtemps pour qu’il puisse repérer les lieux. Il avait hâte que ça se termine, ce gel persistant l’engourdissait. Après avoir traversé la longue allée, il nicha ses mains contre son abdomen. Une demi-heure plus tard, il parvint à ses fins. Il déboucha sur une immense place, à peine décorée. Les bâtiments qui l’entouraient et qui se serraient entre eux, étaient majoritairement des boutiques, des épiceries. Deux ou trois restaurants retinrent son regard malicieux. Mais dans ces magasins fermés, difficile de voler des produits sans se faire attraper. Le marché qui s’ouvrait face à lui était bien plus propice à ce genre de larcin. Sur une grande esplanade, des étals s’amoncelaient dans un léger brouhaha. La dureté du régime et la période de guerre avaient dû vider le centre commercial. Ca n’allait pas vraiment l’aider à se faire discret entre les stands. Mais pour le coup, son visage d’innocent et sa taille réduite seraient des atouts. Ces stratagèmes venaient les uns après les autres, pendant qu’il vagabondait sous les toiles de tente. Il était bien plus à son aise quand la nourriture était à portée de main.
Son tracas à présent était de se coucher dans une demeure qui serait sécurisante. Il avait commencé son investigation dans les rues adjacentes à la vaste place, mais aucune planque ne convenait. Avec son esprit de déduction hors norme pour cet avorton, il conclut que ce havre de produits amènerait d’autres enfants perdus. Il ne pourrait pas se faufiler à chaque bagarre dans laquelle il serait impliqué, et en loup solitaire qu’il est, il ramperait bientôt sur le verglas. Comme disait le proverbe : l’union fait la force. Mais avec qui il pourrait s’associer ?

Une rude semaine avait endeuillé un bon nombre de villageois. La vague de froid avait frappé bien plus fort, avec de brusques bourrasques régulières et intempestives. La neige ne frigorifiait plus, elle brûlait. Malgré ce rideau de pois blanc, un garçon s’en sortait courageusement. Son œil aiguisé et sa vivacité retrouvée, lui permis de commettre vol sur vol. Il passait inaperçu et osait des manigances très risquées. S’accroupir sous un étal et enfourner au fur et à mesure ses poches de victuailles, était sa préférée. Autrement pour les encas, il se munissait d’un fil de pêche avec un crochet en bout de ligne. Posté sur une tente, il tirait adroitement à lui des poignées d’amuse-gueules. Le sans famille était sur son terrain de chasse. Et pour l’instant il n’avait pas été pris à part par des voyous. Il se trouvait dans une bonne dynamique enfin… tant que les commerces lui fournissaient ce dont il avait besoin.
Ce n’est que huit jours après qu’il se soit lancé dans une vie en lutte permanente, qu’il fit la rencontre idéale. Il venait de se rassasier en fin de matinée au nez et à la barbe d’un vendeur de légumes, quand une grossière voix vola au dessus des autres discussions et des marchandages. La personne était plutôt en colère à en croire le ton rempli d’invectives poisseuses. Ah ben tiens ! C’était un poissonnier, il trouvait que ceux-ci avaient la voix qui portait plus haut que les autres. Toutefois il ne braillait pas pour annoncer les prix ou une offre spéciale. Il bouillonnait à l’encontre d’un enfant clochard qui avait eu les yeux plus gros que le ventre. Le spectateur salua son toupet car il venait de dérober un thon énorme dont la mâchoire gigotait dans sa fuite. L’homme en tablier avait juste hurlé en guise d’avertissement. Mais là, s’en était trop, il s’était déjà fait chouré une brochette d’anchois. Il se rua en dehors de son stand sans surveillance. Il fulminait, cependant il eut un contre temps qui lui fit siffler les oreilles. Un autre bambin aux cheveux bleus défraichis s’était emparé d’une langouste. Il le narguait même, en lui tirant la langue. Encore plus furieux, le poissonnier se serait transformé en un boucher psychopathe s’il n’avait pas été pris de cours par la situation. Le garçon avait abandonné le crustacé et prit la fuite sans demander son reste. Le commerçant fit aussitôt volte-face mais le voleur au thon avait aussi disparu.
C’est au détour d’une ruelle surplombée de rangées de fenêtres rayées, que le délinquant qui l’avait échappé belle, s’arrêta son gros poisson posé à terre. Il avait à peine suivi ce qui lui avait valu de s’en sortir à si bon compte. Une personne était venue à son secours. Soudain, il vit bel et bien une personne face lui. Elle devait avoir le même âge que lui, environ six ans. Il avait une intuition comme quoi c’était lui son bienfaiteur.

-C’est toi qui m’es venu en aide ?

Le jeune errant, à son tour toisa, son compagnon de mésaventure. Un petit maigrichon, jusque là ils se ressemblaient, mais il avait des yeux verts incroyables et sa coiffure faisait penser à la crête d’un coq, une crête ébène en panache.

-Oui, mais…

-Mon nom est Ryusuke, le devança-t-il à la limite du rire aux éclats. Je te remercie du fond du cœur, mon ami !

« Mon ami... »
-Est-ce que ça te dirais que l’on s’allie, que l’on se sert les coudes ? Rougit le plus introverti.

-Oui, comme je ne suis pas très doué pour prendre mon pain…, rigola le brun avec une pointe d’embarras. Mais dis moi ton nom, ce serait cool !

-Je n’en ai pas… ou plutôt je ne m’en rappelle plus, s’assombrit-il.

-Non, c’est une blague ?! Bah, tant pis, je n’ai qu’à t’en donner un ! Kamuhita ça te va ?

Ce nom lui était venu par instinct et était si particulier qu’il se demanda quel était son origine. Bon, peu lui importait.

-C’est d’accord, je m’appellerai Kamuhita.
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MessagePosté le: Sam 16 Mai 2015, 4:34 pm    Sujet du message: Répondre en citant

1.3 Sous le courroux des éléments

Les deux vagabonds étaient ravis de pouvoir enfin partager leurs appréhensions avec quelqu’un à l’écoute et qui comprenne. Vivant dans le même bourbier frigorifiant, ils étaient tous les deux motivés pour la survie. Seuls, ils auraient pu se décourager, mais voyant l’autre se cramponner à la vie, leur entrain n’était que plus endiablée. Une tempête de neige était programmée pour le lendemain, un vent hurleur faisait l’éclaireur dans tout Yuki, rien de bien réconfortant pour ces deux larrons. Ils avaient passé le plus clair de leur temps à se nourrir convenablement en adoptant les stratagèmes et autres subterfuges malins du récemment baptisé Kamuhita. Ryusuke était impressionné par sa débrouillardise. Leur joie n’était que de façade, depuis leur rencontre fortuite qui datait désormais de quatre jours moribonds.
Ce qui avait accaparé le garçon à la tignasse d’un bleu ciel effacé, lui avait littéralement échappé. Il devait absolument dégoter un lieu de repos, avant que les rafales de gel ne terminent leur travail d’éradication. Le pâlichon déposa son inquiétude sur les épaules plus fermes de Ryusuke.

-On a besoin d’un abri avant la tombée de la nuit !

-Mm… Je sais ! Nous allons nous installer dans mon ancien terrain de jeux, s’excita le brun.

A quoi pouvait bien ressembler cet endroit ? Cernant le personnage, Kamuhita admit qu’il avait quelques réticences à le suivre dans cette proposition. Si cela n’était pas convenable, ils auraient perdu des minutes considérables. Heureusement, cette aire était perdue dans le quartier commercial. Les pieds sautillant dans la neige fondue, ils feignirent de s’amuser sous l’impulsion joueuse du garçon aux yeux verts, pour enfin deviner l’endroit qu’ils devraient visiter avant de s’y projeter. C’était bien discret, au fin fond d’une ruelle où devait s’y déverser les égouts. La chaussée était glissante, Kamuhita en venait même à patiner sur des flaques glacées. Il souleva donc que comme la neige ne les avaient pas recouvertes, la cachette était un abri efficace face aux intempéries qui frappaient quotidiennement le village. Le plus petit de taille, l’appela pour qu’il ne le perde pas de vue. En effet, il avait retiré des barres d’une voie d’aération qui étaient préalablement fragilisées. Puis, il s’y introduisit comme pour s’élancer sur une rampe de toboggan. Il fut happé par l’obscurité. Nerveux, Kamuhita déglutit et prit un bol d’air. Il imita son ami, possédé par un élan de confiance. Il se réceptionna comme il fallait, à son grand étonnement.

-J’ai bien cru que tu n’allais pas venir ! Tu as été long !

-Désolé…

Il s’était excusé de manière expéditive, sans vraiment y mettre du cœur comme il se doutait que Ryusuke plaisantait. Pour ce qu’il avait discerné de son complice, il ne pouvait nier que c’était un plaisantin. Il riait même dans son malheur, ce qui était une qualité rare mais qui en revanche pouvait déranger. Ces impressions sur l’humain mis de côté, il s’appesantit sur leur potentiel repaire. C’était une cave abandonnée et pas très chaude, des outils étaient rangées dans des cartons, dont une échelle.

-Regarde ! Je m’en servais pour sortir ! Comme on est encore trop petit, elle nous sera d’une grande aide, appuya Ryusuke qui comptait bien mettre de son côté l’avis du plus indécis. Cela lui valut de se confondre avec un vendeur immobilier dans son attitude, en vantant les mérites du logement comme sa fonctionnalité par exemple.

La salle, même si elle n’était pas isolée du froid, était incroyablement spacieuse, de quoi entreposer des vivres pour qu’ils songent à dire stop à leurs membres sans cesse sollicités, au moins un jour sur deux. Ainsi, la survie prenait une forme plus organisée. Ils ne trouveraient peut-être pas mieux dans les environs. Les atouts que comportait le local lui suffisaient. Il l’adopta, et Ryusuke en fut soulagé.

Ils firent alors une dernière escarmouche contre les marchands, avant d’hiberner sous leur toit. Il avait au moins une petite réserve sous le bras, et ce fut une sage prévision, car la tempête tant redoutée, se déchaina. Les flocons n’étaient plus égaillés, gentils et doux, mais fonçaient dans une furie innommable. Le vent violent faisait tanguer les toitures en tôle. Les deux voûtés dans leur baraquement, en étaient presque amenés à prier. Des grondements sourds se déclaraient au dessus de leurs têtes juvéniles, ainsi que des craquements de charpentes. Les potes enfermés comme des rats dans un caniveau, s’étaient mis face à face, s’encourageant à ne pas devenir fous. « Tout se passera bien. » était ce qui attisait leur regard, se portant l’un et l’autre encore plus haut. Le chaos qui régnait à l’extérieur se manifestait par un véritable déluge hivernal.
Au fil du temps, ils s’habituèrent à ce remue-ménage. Et ce fut Ryusuke qui voulut détendre l’atmosphère en premier en posant une ou deux devinettes foireuses. Cette tentative fit arracher un sourire sincère de la mine gelée de son locuteur. Le maigrelet en vint finalement à passer à une discussion plus sérieuse :

-Pourquoi m’as-tu donné ce prénom… Kamuhita ?

-C’est parce que mon père s’appelait comme ça, bougonna-t-il perplexe, pourquoi ? Il ne te plait pas ?

-Non, non, il est juste spécial…

-Attend, je vais te montrer mon seul bien, gesticula le gosse à la crête provocatrice. Il prit un objet assez petit pour tenir dans sa poche décousue. Sans même une arrière pensée, il le tendit à son collègue de mésaventure :

-Ca appartenait à mon père. Il est magnifique, pas vrai ?

Ryusuke lui montra une plaque de métal cloutée sur un morceau de tissus bleu. Gravé dans le métal gris, le symbole des ninjas de Yuki, des flocons désordonnés, en suspension. A cette vue, le traumatisé eut un regain de colère et de frayeur. Sans en comprendre les raisons qui le menaient à haïr cette caste de shinobis, il gifla la main du plus enjoué, faisant volé le bandeau frontal un peu plus loin. Ryusuke demeura coi… Cette réaction immédiate était la réaction instinctive d’un mal être frappant. Son ami avait bafoué le dernier souvenir de son géniteur. Mais il ne lui en tint pas rigueur, il devait y avoir des antécédents à cette haine qui le rongeait. S’il y a bien quelque chose où leur point de vue divergerait, ce serait sur comment considérer la force militaire du pays. Kamuhita considérait que le malheur qui les accablait, était de la faute des ninjas. Contrairement à lui, Ryusuke voyait en eux, la possibilité de se rétablir, de renaitre de leurs cendres et que ce qu’ils subissaient n’était que la fatalité de la guerre, pas de l’homme à proprement parlé. Celui qui passait au dessus des travers de son compagnon d’infortune, s’éloigna afin de récupérer son souvenir. Le contact physique virulent, avait refroidis l’ambiance, déjà qu’elle n’était pas terrible à cause de ce temps pourri.
Après une journée catastrophique où ils crurent que leurs jambes allaient s’atrophier, un rayon ensoleillé perça au travers de la bouche d’aération. Le vent s’était tu. Ils se hâtèrent se rapprochant l’un et l’autre, l’entente au beau fixe, et leurs frimousses baignèrent dans la clarté bénéfique du jour. C’était l’accalmie. Un nouveau jour demanderait leur implication. Réchauffé par l’astre, étaient-ils bénis par lui ? Etait-ce aujourd’hui que leurs vies allaient prendre un tout autre destin ?
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MessagePosté le: Mar 19 Mai 2015, 4:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

1.4 Sous le courroux du Yukikage

Ils mirent leur temps à profit, une fois qu’ils s’étaient dégagés de l’embouchure grâce à leur échelle. Ils ne virent pas de grande différence dans l’étroitesse oppressante de l’interstice entre deux bâtiments, là où se terrait leur nid douillet. C’est en redécouvrant la toile d’avenues qu’ils virent l’ampleur des dégâts. Un paquet de maisons aussi résistantes que des châteaux de cartes avaient été balayées. Des secours tardifs avaient été déployés, et les réaménagements étaient en cours, mais à quel coût ? Ce qui était évident, était que le grand nombre allait en faire les frais, et sans broncher. Un autre changement qui fit rouspéter Ryusuke fut l’amas de neige qui avait monté de plusieurs centimètres. Pour leur âge, ils en avaient jusqu’au bas du dos. Ils formèrent ainsi, un sillon derrière eux avant que les déblayeurs et leurs pelles engloutissent la poudreuse gênante.
Sur les lieux de leurs fournisseurs, ils surent à la seconde qui suivit que la récolte serait maigre pour aujourd’hui. Tous les stands étaient vides, désertés et la cargaison n’avait pas été mise en vente. Ils étaient bien tentés à pénétrer dans une épicerie ou un restaurant, mais leur couverture serait vite perçue par un nombre important de salariés. En plus, il ne pourrait que compter sur une seule issue en cas d’abandon du gibier. Non vraiment, ses bâtisses closes ne présentaient que des désavantages pour eux, c’est l’analyse qu’en retira le blême. Ils firent alors choux blanc à part quelques bricoles ramassées dans des poubelles. En comparaison avec leurs trouvailles du reste de la semaine, ils se disaient qu’ils seraient au bord de la rupture si la situation stagnait à ce point. L’après-midi touchant à sa fin, ils repartirent bredouilles.

A l’embranchement de quatre voies, ce duo téméraire s’était mis à discuter de tout et de rien. Une question brûlait les lèvres de celui à la coupe à l’iroquois, et ça concernait bien entendu les sentiments de Kamuhita vis-à-vis des ninjas de Yuki. Ne voyant pas le moment propice, il s’en abstint. Il ne voulait pas le piquer au vif. Néanmoins, ils purent s’entretenir sur la perception de leur avenir. Les deux villageois sans famille, tendaient à vouloir grimper les échelons d’une manière ou d’une autre. Ainsi, ils pourraient agir ensemble pour améliorer le système politique qui méritait d’être complètement revisité.
Tandis qu’ils ne faisaient que miroiter des projets inatteignables pour leur présent gabarit, un individu cruel cria un ordre, à un pâté de maisons.

-Attrape-le ! Ce sale mioche va le payer cher !

Ce genre de menace crachée en l’air était menue courante dans cette ville où violence rimait avec délinquance. Même si la peur de la vue du sang pouvait leur faire rebrousser chemin, leur curiosité s’était résignée à être plus conquérante. Comme l’incident se déroulait dans l’une de ses innombrables rues fermées et lugubres, ils se permirent de regarder le spectacle. Avait-il encore affaire à un règlement de compte entre gangs de démunis ? Et bien non, et ils auraient préféré ça que la vérité. Ils étaient témoins d’un lynchage dans une ruelle bouchée. Ce n’était pas n’importe qui, qui venait de mettre en marge un enfant. Deux shinobis de Yuki, reconnaissables à leur bandeau noué sur leur front, pointaient leurs kunais devant eux. Ils portaient les tenues de ninja de classe moyenne, un t-shirt à manche longue bleu ciel, par-dessus un gilet blanc et un pantalon dans les tons bleus. Leurs sourires montraient qu’ils ne se retiendraient et même prendraient du plaisir à trouer la peau fine du jeunot. Le polisson avait une belle bouille, une chevelure d’un noir épais avec en supplément une grosse mèche d’encre entre les deux yeux. Un marmot qui n’avait pas plus de cinq ans, des plus banals. Il tenait dans ses paumes abîmées, une belle pomme rouge qui ne demandait qu’à être convoitée. Son tube digestif qui avait crié famine, n’avait pas su résister, et le pauvre s’était mis à dos les individus les plus dangereux du village caché des neiges.
Cette scène allait vite devenir insoutenable, s’ils n’agissaient pas. Kamuhita n’était que plus conforté dans sa vision du monde shinobi, il en était dégoûté. Comment le prenait Ryusuke ? Il s’efforçait à contenir sa rage, la face rougie et poings fermés de frustration. « Comment peuvent-ils se faire appeler des ninjas ? Ils sont censés nous protéger ! C’est comme ça qu’était mon père, lui était un vrai ninja ! Eux sont en train de piétiner ce qui leur a été légué ! Mais où va ce monde ?! » Murmurait-il en pleurs. Le discret était déboussolé. C’était la première fois que son partenaire versait des larmes, lui aussi se mit en rogne, une colère monstre. La haine le consumait. Il sortit sans crainte de leur subterfuge, prenant le risque de se faire remarquer. Ryusuke avait eu la ferme intention de le retenir par le bras, lui évitant de commettre une bêtise. Toutefois, il ne ferma pas sa prise, il le lâcha. Son regard… ce regard était d’une lueur obscure. Les ténèbres s’incarnaient dans l’âme de son compagnon. Lui, n’avait aucun moyen de les extraire, et cela même s’il le désirait plus que tout.
Mus d’une envie d’en découdre qui leur était commune, ils se dépêchèrent à intervenir. Tête baissée, l’explosif Ryusuke se rua sur le ninja qui était le plus prêt à abattre son coutelas. Il le prit par surprise en lui donnant un coup de pied expéditif dans le tibia. Autant dire, qu’il ne put étouffer un cri de douleur. Quant à Kamuhita, il profita de l’ouverture afin de se mettre en opposition, devant le voleur au fruit, les bras ouverts. Le rescapé eut alors une profonde gratitude envers celui qui se dressait contre ces tueurs sanguinaires. C’était une manœuvre de dissuasion venant d’un gosse insensé… qui ne fonctionna pas, après que les agresseurs aient compris que ce n’étaient que des nains inoffensifs à côté d’eux.

-Tiens, t’as vu, il a attiré plus de gangrène.

-Ouais, on a de quoi se faire un petit carnage avant de prendre la relève, frémit-il sadiquement.

Les copains clochards n’avaient pas les armes pour impressionner, ils se mirent en position défensive autour du plus jeune. Ce dernier, bien plus chancelant, s’était presque mis à quatre pattes, en reniflant ses sanglots. Ils étaient à leur tour, pris au piège, obligé d’encaisser, de surmonter les douleurs. Les coups du métal mordant la chair n’étaient pas tombés. Les deux hommes prenaient un malin plaisir à les voir trembler avant de succomber. Kamuhita réfléchissait à une cadence de folie. « Une solution… je dois trouver une solution !! » Rien ne lui venait à l’esprit, ils étaient condamnés, dès que le plus avancé leva son kunai. « Non ! Je ne veux pas ! La souffrance, c’est horrible… je ne veux plus souffrir !! » Le brun qui n’avait gagné qu’un sursis grâce à l’intervention de ses ainés, se mit à hurler d’angoisse, refusant de voir l’arme blanche transpercer ses semblables.

-Non !!!!!! S’étrangla le garçon aux cheveux de la couleur des cieux, les pupilles n’ayant jamais été aussi enténébrées.

Le temps se figea un court instant, et malgré tout, les cinq protagonistes n’en perdirent pas une miette. Les deux bruns d’un an d’écart en garderaient un traumatisme, à vie. La cruauté du plus entreprenant avait été annihilée. Kamuhita en avait été l’acteur. Son bras était tendu en guise de protection. Mais au lieu de se défendre, l’index s’était rebellé. Il s’était allongé à une vitesse affolante, prenant en outre une teinte sombre, noircie. En plus d’avoir grandi, son doigt était pour le coup, doté d’une puissance de pénétration surnaturelle. Instinctivement, il se ficha dans la boite crânienne de l’ennemi le plus proche. Le résultat fut assez révélateur, le soldat passa à l’état de légume, la bouche insensible et coulante d’un filet de bave. Ses yeux se révulsèrent après s’être écarquillés plus que la normale. Le pourfendeur se surprit dans ce retournement de situation, et son regard se ralluma de nouveau. Dans un même essor, son index se résorba progressivement, au fur et à mesure qu’il reprenait conscience. Lui-même était horrifié, perturbé de ce qu’il avait engendré. Il en gémissait encore en toisant effaré, sa petite main égratignée. Le survivant à la tenue intimidante, affichait un visage de terreur. Il avait reculé et s’était empêtré les pieds dans la poudreuse. Beuglant des mots incompréhensifs, il lui supplia de le laisser s’enfuir. Il se releva et prit ses jambes à son cou, se fichant éperdument de son compatriote inerte. Kamuhita, demeurant dans sa phase hébétée, le lui permit. Les deux équipiers, sous le choc, se tournèrent l’un vers l’autre. Ce qui venait de s’enchainer à vive allure, les avaient rendus muets. L’un l’interrogeait comme pour lui demander d’où il sortait une telle capacité, et l’autre lui répondait qu’il n’en savait absolument rien. Tout ça dans un échange entre quatre prunelles. Le bout de chou se senti pousser des ailes. Il leur devait une fière chandelle. Même si cette vision atroce de cet immense doigt encorné l’épouvantait, il se savait en sécurité. Des yeux verts accueillants et des iris ombragés l’adoptèrent avec beaucoup d’estime.

Au centre de Yuki no Kuni, les résidences barricadées des ninjas prédominaient. L’accès était verrouillé aux villageois condamnés à la misère. Une rupture s’était créée à cause d’un mur d’enceinte, preuve que le dirigeant n’en avait que faire du peuple. Il le voyait comme un troupeau de moutons qui étaient là pour prendre le contrecoup des évènements à sa place. Le Yukikage était loin d’être le Berger qu’ils espéraient tant, aimant et bienveillant.
Dans son manoir, apparenté à un temple chinois, une pièce recroquevillée parmi ces immenses suites et couloirs, internait quelques personnes à peine éclairées de bougies environnantes. L’une d’elles, à l’orée d’une ombre envahissante, avait posé un genou à terre et avait baissé sa tête comme le protocole le stipulait. Elle énonçait oralement son rapport de shinobi en tant que tel puisqu’il en revêtait les couleurs. Celle qui le recevait en silence, était baignée dans les lueurs diffusées de ces bâtons de cire. Mais uniquement sa silhouette se distinguait. Elle était apparemment assise en tailleur sur un lit de coussins moelleux. Un rideau de perles encadrait son espace vital et empêchait quiconque de la dévisager. Le parolier n’était pas serein.

-Pourquoi voulais-tu me voir ? Glissa une voix éraillée et rugueuse et pourtant féminine.

-Maitresse Yukikage…Je dois vous révéler une effroyable nouvelle ! J’ai été présent face à un pouvoir qui m’a dépassé et qui a même emporté l’un de vos hommes.

-Qui ?! Qui a osé ?! Gronda-t-elle comme un coup de tonnerre.

-L’un de ces garnements trainant dans les ordures de votre village. Il est terrifiant alors qu’il ne semble pas avoir l’âge requis pour apprendre le ninjutsu, informa clairement et sans retenue le shunin.

-Je vois… C’est plutôt très intéressant ce que tu me rapportes. Tu me donneras plus d’éclaircissements sur ce don… Bien, je crois qu’il est temps d’accélérer les choses. Je veux que les effectifs soient doublés pour l’habituelle capture d’enfants ! S’adressa-t-elle à un jonin confirmé qui était planté contre un mur.

« L’un d’entre eux pourrait devenir prometteur. Je dois donc mettre toutes les chances de mon côté. » Se disait-elle avec un sourire que l’on pouvait facilement deviner.
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MessagePosté le: Ven 22 Mai 2015, 11:17 am    Sujet du message: Répondre en citant

1.5 Bousculades

Assez bien lotis dans le quartier Ouest, la coopération entre Kamuhita et Ryusuke n’était que plus huilée. En plus de cela, un nouveau bonhomme s’était joint à eux. Il avait été émerveillé par l’esprit de sacrifice qu’avaient démontré les deux autres gamins envers sa propre personne. Grandement admiratif, il ne les avait pas lâchés d’une semelle. L’enfant au jutsu improbable, avait été réticent à ce que ce mioche se mêle à eux. Encore plus jeune qu’eux, il deviendrait vite un poids, avec en plus une bouche supplémentaire à nourrir. Ryusuke n’était pas tout à fait d’accord, selon lui, en ces temps difficiles, il fallait se serrer les coudes. Acculé par les propos insistants de son collègue d’infortune, il accepta l’incorporation du délaissé pour compte. Il fallait désormais que sa cervelle se mette à tourner pour qu’il fasse part de nouveaux plans de survie, à trois cette fois-ci.

-Ce n’est pas parce qu’il est plus jeune que nous, qu’il va vivre comme un pacha. Il va lui aussi participer à la survie, à une moindre mesure.

Il n’y eut pas d’objections. Leur recrue relativement refermée sur elle-même avait pour prénom, Joshua, s’ils avaient bien réussis à écouter au travers de ses bégaiements. Il n’était pas étonnant que ce petit soit si introverti. Ce monde qui l’entourait l’avait complètement rebuté, jusqu’au point où il développa une forme d’autisme. La communication n’était pas des plus faciles, mais il se révélait docile envers ceux en qui il avait une confiance indéfectible. Il était obéissant à toutes les directives qui furent prises. Comme convenu, il mit aussi la main à la pâte. Dans le marché et les boutiques avoisinantes, ils parvinrent à faire trembler la corde sensible des gens. Joshua était parfait dans son rôle du malade mental, et les deux complices mendiaient avec conviction en se faisant passer pour leurs grands frères, ce qui n’était qu’à moitié faux. Cependant cette manière simpliste ne suffisait pas à remplir leur garde mangé. Les méthodes les plus subtiles étaient souvent préconisées. Ils optaient régulièrement pour l’implacable stratégie de la diversion collective, agissant ainsi à deux ou trois sur un même stand. Au final, ils réunirent même un peu plus que le nécessaire pour vivre correctement, dans leur cachette. L’attendrissant Joshua voyait Kamuhita comme son grand frère, son protecteur dans les moments de coups durs. Il le préférait donc au punk aux yeux brillants, puisque c’était lui qui avait repoussé le malheur qui l’avait assailli. Ainsi, il commençait à lui sortir des bouts de phrase mâchés. Le second à la touffe écervelée éprouva un pincement de jalousie, mais rien qui ne puisse envenimer la cohésion de leur groupe.

Trois mois de cet interminable labeur se perdirent et il fallait dire qu’ils s’étaient sorti haut la main de cette période de tempêtes de neige. Les temps ardus étaient derrière eux. Une fine pellicule de poudreuse persistait sur les chemins et les trottoirs. Yuki s’animait de plus bel, reprenant vie. Lors d’une journée prometteuse, Ryusuke et Kamuhita avaient effectué une autre série de leurs méfaits, et le gros lot de la semaine était un jambon parfumé. Ce fut le plus énergique, le plus costaud, qui le traina par une ficelle. Ils avaient laissé leur petit frère à leur repaire, il avait gagné un repos mérité sentant que ses muscles peu développés se courbaturaient. La pêche avait été excellente, plus tôt que d’habitude ils finirent leurs courses malhonnêtes et firent une promenade aux alentours.
Ils en vinrent à discuter de leurs familles, pour l’un, elle était très portée sur les traditions et pour l’autre, elle n’avait laissé aucune trace. Son regard vide et effacé ne cherchait même pas à trifouiller dans ses souvenirs. S’ils étaient quelque part, il reviendrait un jour ou l’autre. En l’occurrence, il devait vivre le moment présent. Ses yeux indiscernables étaient ailleurs, son esprit s’en allait en dehors de l’écoute des exclamations de son pote. C’est alors qu’il passa en revu, rues et ruelles, et quelque chose avait changé. Il se remémora le grabuge qu’ils avaient causé tout au long de l’après midi, et il en vint au même constat : il ne se rappelait plus avoir aperçu ne serait-ce que le bout du nez d’un enfant abandonné à leur sort ! En effet, il fallait fouiller pour en discerner un qui bataillait comme eux, alors qu’auparavant, la ville entière grouillait de jeunes vagabonds ! Alors c’est vrai, l’hiver en avait emporté un bon nombre avec lui, mais depuis, cette ingrate population aurait dû se répandre comme la mauvaise herbe ! Kamuhita pensait que ce n’était qu’un détail, mais plus il y réfléchissait, plus il trouvait cela étrange. Contrairement à lui, Ryusuke n’en était pas conscient, et continuait de rigoler comme tout garçon de son âge. Le cerveau se demandait s’il ne s’inquiétait pas à outrance. Se confronter à des individus plus sereins, lui avait révélé qu’il était parano sur les bords. De ce fait, il ne fit pas mention de ses déductions à son compère qui finalement remarqua qu’il n’avait fait que parler dans le vent.

Une dispute anodine monta de leurs gamineries, juste avant de tourner dans l’angle de leur voie étriquée. Néanmoins, ils furent rapidement mis en alerte. Il y avait du monde qui jacassait à l’intérieur. Sans trop se dévoiler dans une première approche, ils décelèrent un quatuor de shinobis issus du village. Le rappel du sadisme de leurs victimes d’il y a quelques temps, ressurgit. Un mauvais goût amer emplit leur bouche, l’incertitude reprenant le dessus. Leur peur s’élargit à les tétaniser quand ils comprirent ce qui les amenait là. Une fumée se dégageait de la bouche d’aération. Les ninjas à l’œil aiguisé, surent qu’une activité humaine s’agitait.

-Oh non, ce n’est pas vrai ! Joshua a allumé un feu certainement pour se réchauffer. Mais qu’est-ce qu’il a dans la tête ! S’insurgea Ryusuke désespéré.

-Si nous n’agissons pas, ils vont l’emmener avec eux.

-Comment ?! Et pourquoi ça ?

-Simple déduction… je t’expliquerai plus tard, si l’on s’en sort tous sains et saufs.

« Je me doutais bien que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire… » S’assombrit le meneur.

-Si comme à ton habitude, ton intuition tape dans le mille, nous devons le sortir de là, prit du courage le brun. Nous sommes ses grands frères alors faisons notre devoir !

Kamuhita aurait voulu ne pas se précipiter, mais la spontanéité à aider autrui de son voisin se manifesta avant même qu’il n’ait pu planifier une ruse. Une boule de neige dans la main, il la propulsa sur le cou d’un adulte en uniforme. Remonté par cette interruption, le type observa d’où venait le projectile. C’est là que Ryusuke se mit à les provoquer allant jusqu’à outrer la seule femme du quartet, car il n’eut aucune gêne à leur montrer son postérieur et à le frapper gentiment d’une de ses mains. Le tirage de langue était le petit supplément qui n’était pas vraiment nécessaire. Les ninjas fulminants se jetèrent sur les enfants.

-Hé, hé, c’est bon, ils vont le laisser tranquille ! Fit-il triomphant.

-Heu, bravo l’artiste, mais faut se barrer maintenant, grâce à ton idée de génie, le félicita ironiquement Kamuhita.

- Ah… ce n’est pas faux.

Le sprint était lancé, et à cette heure-ci, les grandes rues étaient bondées de monde. Cela allait à leur avantage puisque leur petitesse leur permettait de se faufiler un peu partout. Les deux bonhommes se suivaient, haletants, ne voyant autour d’eux aucun gilet blanc dans la foule. Où étaient-ils ? Bientôt, les villageois et autres visiteurs se disperseraient devant eux et la présence de ses soit disant gardiens de la paix demeurait indécelable. Ca y est, ils étaient à découverts, et le gamin à la tignasse grise à cause de la saleté, fronça les sourcils en redoutant le pire.
Ne faisant plus attention là où il mettait les pieds, il heurta le flanc d’un pauvre passant. Désorienté, il tourna la tête pour s’assurer que l’homme n’avait rien. Apparemment, ça avait l’air d’aller. Il était très grand pas loin des deux mètres, les cheveux courts et gris clair qui bouclaient comme des crochets en fouillis. Il portait un kimono vraiment ample. Son habit avait dû amortir leur bousculade. Pendant une fraction de seconde leurs visages se firent face, ils se comprenaient. C’était une drôle de sensation. Kamuhita montrait des excuses muettes, et lui, il lui sourit. C’était un sourire qui plongeait jusqu’aux oreilles et avait quelque chose de puérile, mesquin. De sous sa manche, sa main se découvrit, pâle et propre, et indiquait une direction… « Le ciel ? »
Au final, ils se perdirent de vue, et Ryusuke galopa près de lui en guise de remplaçant.

-Ben, qu’est-ce qui t’arrives ? T’as trop bu ! Se moqua-t-il malgré la situation qui leur soulevait le cœur.

« Le ciel… En hauteur peut-être ? »

Il jeta alors un coup d’œil vers le haut, et il fut détruit en apercevant une vingtaine de shinobis qui les poursuivaient sur les toits des maisons.

-Ce n’est pas possible ! Ryusuke ! Ils sont là depuis tout à l’heure, regarde, ils sont sur les toitures !

En plus de cela, ils avançaient à une vitesse ahurissante. Ils n’y pouvaient rien avec leurs jambes qui ressemblaient à des cotons tiges. Dépités, ils s’arrêtèrent. Sentant qu’ils se rendaient, l’escouade de ninjas les encercla unanimement. Que pouvaient-ils bien y faire ? Les soupçons de Kamuhita n’étaient que plus forts. « C’est eux qui kidnappent les jeunes sans abris. » Le gamin à la crête le rappela à l’ordre :

-Kamuhita… Si tu le sens le coup du doigt magique, je crois que c’est le moment ou jamais !

Cette remarque était plus désobligeante qu’autre chose. Il ne savait pas comment se servir de ce pouvoir. Il n’avait aucun contrôle, déjà parce qu’il n’avait aucune idée d’où il le tenait. Dos à dos, ils ne pouvaient qu’être passifs. Shinobis et kunoichis qui se succédaient, resserraient leur cercle oppressant. Sans même voir venir les coups, ils tombèrent, assommés dans la neige glaciale.
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MessagePosté le: Dim 31 Mai 2015, 10:24 am    Sujet du message: Répondre en citant

1.6 La tour des Lamentations

Des gémissements, des pleurs au loin… se faisant écho. Ils s’entrechoquèrent pour muer en un brouhaha assourdissant à en perdre la raison. L’obscurité accueillante se dissipa, la vision était d’abord brouillée, puis se régla progressivement. Des flammes froides apparurent, floutées. Elles venaient de torches accrochées à des murs, plus loin. Quant à lui, il porta son attention sur le lieu. Il était enfermé entre trois murs de pierres glacées et une série de barreaux, lui ouvrant le champ de vision sur les couloirs et d’autres cages. Une écuelle en terre cuite l’attendait sagement, avec un coin de pain et sa tasse d’eau agitée. Les évènements qui l’avaient précédé lui revinrent avec une douleur persistante au niveau de la nuque.
« Ah oui, nous nous sommes fait avoir… mais où suis-je ? » En effet, même si lui et son compagnon avaient visité Yuki sur pas mal de sites, une prison pour enfants ne lui disait franchement rien. C’était tout à fait normal, puisque ces pratiques étaient condamnables, et comme le Yukikage y était impliqué, mieux valait pour lui que la population ne soit pas au courant. Pour le garçon enfermé et encore en train de retrouver ses repères, il lui était difficile de positionner ce bâtiment et d’en évaluer les dimensions. En fait la geôle avait été érigée à l’extérieur du village au nord-ouest. C’était une tour cylindrique haute de cinq étages, aux plafonds surélevés. Les trois premiers étaient comme toute bonne prison. Elle réunissait les malfrats, voir malheureusement les gens qui avaient critiqué l’intransigeant gouvernement. Ensuite, au dessus, l’étage qui était secret, gardait dans un état pitoyable, des gamins sans foyers, ni nulle part où aller. Que pouvaient-ils bien préparer là dedans ?
C’est donc dans ce périmètre-ci que résidait, perdu, Kamuhita. Et pourquoi pas Ryusuke ! Il s’en était inquiété mais de derrière les barres métalliques, il n’avait la vue que sur la cellule d‘en face, où une fillette aussi mal fringué que lui, s’était assise, à demi consciente. Il se trouvait acculé, ses réflexions n’avaient plus lieu d’être. Les fondements qu’il s’était préparé ne convenaient plus. Il ne pouvait qu’attendre, voir comment le déroulement des évènements pouvait jouer en sa faveur. Prenant la relève les uns après les autres, les captifs demandaient clémence en larme, sans que personne ne daigne répondre. Kamuhita préféra se retirer en lui-même, pour se nourrir non seulement de ce pain répugnant mais de sa haine viscérale. « Patiente… Patiente… »

Deux jours s’enfuirent désespérément, l’enfant restait maitre de lui, de ses émotions. D’un regard malsain, courroucé, il arrivait à voir le passage de ninjas de Yuki qui étaient de surveillance. Il se perdait même à les compter, pour savoir combien il devrait en tuer. Au troisième jour donc, il reçut la quotidienne pitance qui ne faisait que le maintenir en vie. A chaque fois qu’il était servi sans même une annonce, des rats se dandinaient pour venir à bout de la croute de la miche. Après une lutte face aux rongeurs, il remplissait son fond d’estomac, négligeant les quelques traces de morsures sur ses mains. Tout n’était qu’un enfer cloisonné où rien ne pouvait leur être bénéfique. Même la notion de temps devenait de plus en plus abstraite.
Mais au bout du compte, son attente fut récompensée alors qu’il commençait à être en pleine désillusion. Une voix clair, intelligible et insensible, perça tout l’étage.

-Les enfants ! Mon nom est Denonai Raikoku. J’ai le pouvoir de vous faire sortir de cette prison, étant le responsable, fit-il sauveur donnant espoir à la majorité des séquestrés. Mais il y a une condition !

Là, le silence retomba net. Le directeur reprit sous le même ton qui devenait de plus en plus percutant.

-Si vous voulez être libre, vous devez accepter de rejoindre les rangs de Yuki. Je vais passer vous voir, pour avoir votre réponse.

Kamuhita ne s’était pas attendu à une telle demande, il avait plutôt imaginé ne pas avoir le choix, et être emmené, il ne sait où. Cela changeait la donne, et vu la proposition : devenir un ninja de Yuki ; il ne pouvait se résoudre à s’abandonner à l’encontre de ses principes. Il était à nouveau dans une impasse. D’ailleurs, quand le Grand Geôlier se montra à lui, sa réponse était catégorique. Ce shinobi n’était pas sapé de la même manière que ces semblables. Sa tenue se limitait en un manteau noir est ouvert, laissant sortir le même assortiment noir et moulant sur son torse et ses jambes. Il portait de longs cheveux ébène et son regard était aussi sombre que celui du jeune homme. Son bandeau tenait à sa ceinture, son appartenance au village n’était pas la première chose qui sautait aux yeux. Non, avant tout, il enfouissait une tristesse, du regret. Il avait un visage fin, presque blanc, mais ô combien rigide, tel un masque indéformable.

-Je refuse, déclara Kamuhita à son encontre, même s’il ne rejetait pas la personne mais plutôt ce qu’elle représentait.

L’inquisiteur ne s’appesantit pas sur lui, et s’intéressa à la jeunette d’en face qui eut la même détermination malgré les sanglots retenus. Beaucoup de personnes dans son cas avaient cultivé une déception, et avaient en horreur les hommes et femmes qui se cantonnaient au centre de la zone urbaine. Ainsi, les plus résistants ou les plus aigris avaient su repousser la proposition. Autrement, d’autres n’en pouvant plus, craquèrent et furent emmenés en dehors de l’étage. « C’est plus que douteux cette histoire. Si tous ceux ici présents avaient accepté, tout ce monde serait devenu ninja ? Nous devons être au moins une bonne centaine, si ce n’est plus ! C’est sûr, ils préparent autre chose après cette pseudo libération.» Son ressentiment s’accentua avec une dernière parole du maitre de ces catacombes.

-Bon, pour ceux qui n’ont pas saisi leur chance, je vais faire une exception. Je reviendrais en soirée pour voir si certains n’ont pas revu leur avis.

Ainsi, cette deuxième échéance renforçait ses préjugés. Pourquoi essayer de recruter encore d’avantage de gosses, surtout que la majorité n’avait certainement aucune facilité à malaxer le chakra ? Il devait maintenant observer et être à l’écoute de tout ce qui se passait, pour récolter le plus d’informations utiles. Il devait comprendre comment cette prison fonctionnait. Tout d’abord, son lieu de repos minable ne présentait pas un seul corps en décomposition. Ils devaient certainement vider les corps après la mort de détenus. Mais une seconde hypothèse se révélait plus plausible. Il vit passer devant sa cellule, deux ninjas qui soutenaient à peine, un brave garçon dont la chevelure tombait sur sa face. L’enfant trainait difficilement sur ses pattes, mais vivait toujours. Ils empruntèrent la même sortie que ceux qui étaient partis avec celui à la longue crinière noire. « On dirait qu’ils évacuent les plus faibles avant qu’ils ne puissent plus servir à grand-chose. Je doute que rester ici jusqu’à ce que je sois dans le même état, tourne à mon avantage. Ce doit être comme ça qu’ils procèdent ! Soit on accepte de bon gré, montrant une dévotion au Yukikage, soit ils finissent par nous emmener au moment où nous ne sommes plus assez frais pour nous défendre. » Seulement, un élément continuait à faire flancher le garnement aux déductions insoupçonnables : il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait l’attendre, s’il faisait fi d’accepter. Sera-t-il immédiatement un ninja pour le compte de ce village qu’il répugnait ? Ou, vu le nombre de prétendants, y avait-il une autre finalité à cette mascarade ? Ses certitudes n’en étaient plus, il lui fallut arracher une séquence d’une conversation entre gardiens, pour se décider enfin.

-C’est vraiment angoissant de travailler ici. Tu ne trouves pas que le Yukikage va trop loin dans les mesures prises pour faire une sélection ?

-Tu devrais moins te poser de questions. C’est une judicieuse solution pour endiguer la propagation de ses enfants dans les rues.

-Ouais, d’accord. Mais le test est plutôt rude ! Même moi, à leur âge et dans ces conditions, je n’aurai pas réussi à m’en dépêtrer. Si mes souvenirs sont bons, personne ne l’a réussi que je sache.

-Tais-toi ! C’est comme ça et puis c’est tout ! On ne va pas reparler de celui du cinquième étage !

Puis, ils continuèrent leur ronde, sans que Kamuhita ne puisse en apprendre plus. En tout cas, il en vint à une conclusion : il ne pouvait réchapper à ce test qui suivait sa captivité. Tous ceux qui étaient emprisonnés à cet étage allaient forcément le faire d’une manière ou d’une autre, et quelque soit l’état de santé. Alors, il pesa le pour et le contre durant le temps qu’il lui restait. Ce ne fut que trente minutes après, que le dénommé Denonai toujours aussi assombri sous ses airs de meneur d’hommes revint pour s’enquérir de la seconde réponse de chacun. Il fit le même manège à Kamuhita :

-Alors petit, vas-tu nous rejoindre ?

-J’accepte votre offre ! Lança-t-il au pied du mur, les yeux menaçants dissimulés sous ses mèches épaisses.

L’homme à la chevelure longue et lissée, fendit ses lèvres d’un sourire. Il n’était pas moqueur, ni machiavélique… mais épris de fierté.

Mais ?! N’aurai-je pas oublié de traiter d’un étage dans cette tour aux mille tourments ? Tout en haut de cette prison hautement sécurisée, le cinquième étage renfermé un mal en latence. Au lieu qu’il y ait une flopée de cellules, cette partie n’était qu’un seul et même cachot de forme circulaire. La lune s’était levée et diffusait une clarté fantomatique par une minuscule fenêtre inaccessible. Une masse humaine à même ce sol jonché de squelettes de rats, persistait à ne pas s’éblouir sous le rayon lunaire. C’était aussi peut-être dû au fait qu’il était enchainé à la paroi, ce qui entravait ses déplacements au niveau des chevilles. Ayant une approche sur le personnage plus précise, il s’agit une nouvelle fois encore d’un enfant de huit ans. Ses vêtements étaient tout aussi bien déchirés que n’importe quel interné. Il avait des cheveux châtains ébouriffés et sa peau était étrangement mate. Mais il y avait deux aspects qui pouvaient perturber son entourage. L’un était physique, sa bouche avait été cousue en plusieurs points de suture, laissant apparaitre des fils noirs lui raturant la bouche. Cela la rendait repoussante, épouvantable. Le deuxième aspect était que malgré sa situation précaire, il ne semblait pas mourir de faim ou accablé de fatigue. Contre toute attente… il jouait ?! Entre ses mains cadavériques, il confectionnait avec les moyens du bord une petite poupée de chiffon qui était apparemment à son effigie car elle arborait le même sourire sordide. Avec dextérité, il la cacha comme un joyau, dès qu’un ninja entrainé vint lui rendre visite :

-Hé ! Il est temps pour toi de te dégourdir les jambes, Rumibayu. Le test va commencer.

Sa tête vacilla en éreintant les gros tendons de son cou, son expression fit déglutir l’homme qui était venu le chercher. Il avait un sourire d’illuminé, non d’un psychopathe.
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MessagePosté le: Mer 10 Juin 2015, 11:33 am    Sujet du message: Répondre en citant

1.7 La descente aux enfers

Ainsi, sans attendre, ceux qui s’étaient rendus face à l’insistance du recruteur furent guidés en dehors de l’étage par une sacrée garde rapprochée de ninjas peu commodes. Kamuhita était de ceux-là. Les détenus qui l’avaient imité, n’étaient pas du tout rassurés. Se déplaçant en file indienne, on aurait dit une procession macabre, une marche de la mort. Une sorte de petit hall les accueillit. Par des accès annexes, les enfants qui avaient tout de suite répondu positivement à la première proposition, furent mélangés au groupe minoritaire de Kamuhita. Tous avaient de quoi être inquiets, puisque les hommes à l’origine de leur détention n’étaient pas très bavards.
Le brun ténébreux chargé de la direction montra à tous réunis une cabine, ou à première vue une cage d’ascenseur géante, faite en fer de forge rouillé. Il leur intima d’y entrer, la cinquantaine de gamins se retrouvaient écrasés comme des sardines. La porte se ferma dans un grincement assourdissant. N’importe où, où ils pouvaient poser leur regards sur le compartiment, ce qui les supportait était un métal roux, tirant vers le marron, qui était grillagé. De ce fait, ils étaient capables de passer leur vision curieuse au travers des filaments de cuivre.

-Accrochez-vous ! Ordonna un ninja qui avait laissé tomber son rôle qui était de calmer les discussions craintives.

Aussitôt, ils furent secoués, et la cage massive bougea. Doucement, elle descendit faisant diffuser et disparaitre des faisceaux lumineux tout au long de son parcours. Les étages défilèrent, le raclement de grosses chaines prouvait que le fonctionnement de l’ascenseur était opérationnel. Le squelettique au teint blafard était comme tout jeunot de son âge, effrayé. Pour ne pas être submergé de terreur, il compta les étages. Il faisait ainsi abstraction des affolements et des pleurs de ses congénères. Un grincement significatif marquait chaque palier. De plus, de désagréables voix grasses et patibulaires s’élevaient à chaque passage d’un étage à un autre. Se concentrant sur des détails, Kamuhita n’était pas prêt à se morfondre ou à implorer l’indulgence de qui que ce soit appartenant à Yuki no Kuni. Il avait encore un calme olympien, mais pour combien de temps ?
Se déchargeant en son for intérieur, il sentit au dernier moment une main l’agripper au bras. Un sursaut lui prit faisant bondir son petit cœur. Celui qui avait pris ses aises, était un individu qui s’était arraché pour venir le voir. Il avait été acculé d’injures, afin de prendre des nouvelles de lui. Ryusuke l’avait reconnu à quelques pas de là où il se tenait.

-Ah, Kamuhita ! Je suis content que l’on ait pu se retrouver !

-Ryusuke ! Tu n’as rien ?

-Non, tu crois quoi ? Je suis résistant, mon gars !

-C’est le principal… En fin de compte, je ne suis pas étonné que tu te sois enrôlé pour prendre ta chance de devenir un ninja des neiges !

-Ouais, dès le début, je ne pouvais refuser une telle offre. Une aubaine pour moi de pouvoir redorer le blason de ma famille. Et toi ? Tu as revu ton avis ? Si tu es là, c’est que tu n’es pas contre cette idée !

-Oh que si, je déteste les ninjas et je continuerai à les maudire jusqu’à mon dernier souffle.

-Ben, pourquoi t’as décidé de venir… Je ne comprends pas…

-Parce qu’il est impossible d’esquiver ce test, quel que soit notre choix. C’est eux qui ont le jeu en main. Pour l’instant, on ne peut que subir.

-D’accord… « J’y crois pas ! Même son explication est incompréhensible. Je ne vois pas du tout où il veut en venir. »

Ces retrouvailles de dernière minute leur donnèrent de l’assurance. Avoir un coéquipier pouvait être inestimable selon la nature de l’épreuve. Leur complicité leur permettrait de se soutenir et d’aider celui qui en aurait besoin. Des sourires se dessinèrent dans le noir. La luminosité avait brusquement baissé. Le garçon à la touffe grise et bleue, avait perdu son compte, forcément, avec l’intervention du déluré.
En revanche, il en conclut facilement qu’ils avaient passé le niveau du sol, cet ascenseur se déplaçait maintenant dans une percée souterraine. Ce qui s’y trouvait, devait être encore mieux mis sous silence que le niveau 4, la prison aux enfants. Qu’est-ce qui pouvait être pire ?! A cette sombre déduction, Kamuhita reçut un contrecoup terrible, des spasmes le parcoururent. Son corps avait réagi instinctivement. Il savait inconsciemment que quelque chose de néfaste, d’horrible, se tramait. Cela lui valut cette crise. Heureusement, son compagnon était là et le retint de tomber. Malgré leurs opinions divergentes, ils ne se lâcheraient pas comme ça. Ryusuke pouvait être la force qui lui faisait défaut. Son moment de faiblesse fut passager, comme un léger malaise. Il se ressaisit donc sur ses jambes blêmies. Il ne put le remercier de son soutien car, la porte grillagée claqua à en réveiller les morts.

Ils n’étaient plus en mouvement au dessus du vide. Un flux de petits morceaux de chair avariée circula en dehors de la cage et se regroupa dans une pièce où la totalité des meubles avait été retirée. Ils étaient cernés par de gros murs en béton, et les deux issues étaient celle menant à l’ascenseur et une autre qui n’inspirait pas confiance à cause de ses lueurs ocre. Toute cette assemblée d’oubliés ne fut pas laissée au dépourvu. Le directeur monta sur une estrade, suffisamment haute pour que sa voix porte le plus loin possible. Denonai Raikoku allait faire un discours pour débuter l’épreuve. Il allait sans doute expliquer la nature de celle-ci. Kamuhita et son acolyte eurent les oreilles grandes ouvertes.

-Je veux d’abord commencer par vous remercier et vous féliciter d’avoir pris votre courage à deux mains pour servir notre Kage. Je vais en premier lieu vous annoncer la finalité pour celui ou ceux qui réussiront…, une pause s’imposa d’elle-même. Vous serez directement genins sous l’enseignement d’un ninja plus aguerris. Maintenant, je vais vous énoncer le principe de cet examen. Il est très simple, vous devez réussir à éliminer un seul et même ennemi. Je pense que c’est de votre ressort !

-On est bien une cinquantaine, à peu près, souffla Ryusuke à l’oreille de Kamuhita pour demander confirmation.

-A vu de nez, je dirai que oui.

-Mais on va l’exploser le pauvre ! A moins que l’on soit face au Yukikage, ce que je trouverai dégoûtant !

Le plus réfléchi ne répondit pas. C’était vrai que 50 contre un était quelque peu abusé, particulièrement s’il s’agissait d’un bagnard. Néanmoins quelque part, quelque chose lui disait, qu’il valait mieux pour eux qu’ils soient en surnombre. Si cela ne tenait qu’à lui, il aurait presque envisagé à se mettre dans le camp du solitaire. Il devait être assez puissant pour rivaliser avec une armée de blanc-bec.
Pendant qu’ils s’étaient entretenus, Denonai avait fait part d’une autre information, comme quoi, on leur fournirait des armes pour venir à bout de leur future victime. Parfaitement synchronisés, deux ninjas apparurent avec de belles caisses remplies d’armes rudimentaires. Les kunais et les shurikens pouvaient être comparés à de vieux outils tellement l’affûtage et l’entretien avaient été négligés. Les shinobis déposèrent leurs fardeaux et les aspirants purent piocher dedans. Kamuhita et Ryusuke ne sachant pas bien se servir de ses outils de mort, se munirent d’un kunai chacun. Les shurikens leur seraient inutiles, ne s’étant jamais exercés au lancer. Mais ça pouvait aller, quand ils voyaient certains complètements maladroits. D’un commun accord, ils décidèrent de se mettre à l’arrière du groupe, ainsi ils jaugeraient de la force de leur opposant. Le grand tristement vêtu leur lança un dernier encouragement :

-Les enfants, je vous souhaite bonne chance, la pièce où aura lieu le combat est de l’autre côté de cette autre antre. Et, un conseil avant que je ne parte : si vous voulez vous en sortir, n’ayez pas de pitié envers lui, car lui, n’en aura pas pour vous.

Sur ces mots, il disparut dans un nuage de fumée, les garnements étaient encore étourdis, incertains de leur avenir.

Obligée à se contraindre au bon vouloir des shinobis de Yuki, cette foule de jeunes gens s’avança, au pas. Ils passèrent cette entrée aux lumière orangées et ternes. Le couloir formait un coude, et ils arrivèrent sans encombre apparent dans une salle gigantesque. C’était comme un hangar qui avait été arrangée en guise d’arène. En prenant du recul, cet endroit aurait fait une super planque et skatepark pour ados. De faiblardes ampoules au plafond donnaient cette teinte orange nauséeuse. Des chaines accrochées comme balanciers pendaient immobiles. Des inscriptions sur les murs refroidirent leurs ardeurs. C’était bien des kanjis. Pour ceux qui savaient lire comme nos deux héros, ils déchiffrèrent de ces tags, des supplications comme « Aidez-moi ! » « Au secours ! ». Le plus horrifiant était sans l’ombre d’un doute que tous ces messages avaient été écris avec un doigt et, l’encre ou la peinture ne pouvait être que du sang. Le moment fatidique approchant, Kamuhita observa tour à tour, ceux qui l’avoisinaient. Il reconnut alors clairement une autre personne, le jeune costaud à la dent proéminente qui avait dirigé toute une bande. Une fois que tout le monde était à l’intérieur, ils furent désarçonnés quand des grilles noires leur bloquèrent l’accès pour qu’ils ne puissent plus faire marche arrière. C’était insoutenable, beaucoup partaient en hyperventilation. Le temps était décompté, c’était… insoutenable !
Sans qu’ils ne puissent l’apercevoir, une baie vitrée teintée, à mi hauteur de l’arène cachait des spectateurs. Des sièges étaient disposés au bon vouloir du Yukikage sans vergogne. Ils étaient luxueux, rouge coquelicot. Donnant encore plus de caractère à la loge, la peau d’un grand tigre blanc tapissait le parquet. Des cocktails étaient à leur disposition. Seule cette dirigeante s’était permise de s’asseoir, de longs cheveux noirs lui descendaient au bas des reins, et ces yeux bleus marines et glacés fixaient la scène d’une étincelle farouche. Ses pans de vêtements camouflaient son corps, et le bas de son visage se terrait de sous le blanc immaculé d’un morceau de tissu. A sa droite et à sa gauche, deux hommes se tenaient droits comme des i. A gauche, on reconnaissait Denonai, et à sa droite, un autre ninja, un homme à la carrure de garde du corps. Il avait la peau noire, et avait le crâne rasé. Tous deux avaient revêtu des habits tout aussi sombres, et semblables. Ils ne divulguaient pas une seule émotion.

-Faites-le entrer, et que le spectacle commence ! Se réjouit la dame.

Répondant au doigt et à l’œil de la Kage, une série de herses se leva à l’autre bout de cet entrepôt désinfecté. Une ombre en surgit, et se plaça au milieu de la zone de combat, avec des pas insignifiants. En se montrant aux yeux de tous les intéressés et concernés, la plupart frémirent. Il devait faire face à un enfant, pas grand, au contraire, il avait la taille d’un gamin de cinq ans alors qu’il devait en avoir plus. Kamuhita remarqua immédiatement sa posture qui du premier coup d’œil n’avait rien de menaçant. Il ne semblait pas prêt à faucher des vies. Pourtant, il pouvait sentir ce néant qui se dégageait de cette personne. Il l’attirait dans son esprit comme s’il ne pouvait qu’engloutir tout ce qui l’entourait. Il reconnut en lui, une part de noirceur qu’il avait lui aussi entretenu. Ils étaient pareils…non, ce garçon était tombé encore plus bas ! Son sourire cousu de fou à lier grandit à tirer sur ses épingles aux lèvres. Contrairement à Kamuhita, il avait abandonné toute humanité. Les ténèbres le mutilaient.
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Mizuki_tiger
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MessagePosté le: Sam 20 Juin 2015, 11:13 am    Sujet du message: Répondre en citant

Je découvre ta fic, c'est intéressant, original et bien écrit.

J'aime beaucoup la noirceur s'y dégageant, qui pour le coup s'éloigne des personnages connus de Naruto, pour en faire une sorte de bulle sombre bien qu'intégré à l'Univers du manga.

Les personnages sont charismatiques, bien que du coup le fait que ta fic concerne presque totalement autre chose que ce qu'on connaît oblige à tout découvrir, ce qui est sympa mais compliqué, mais tu es clair dans les présentations donc ça va.

J'ai juste pas trop compris le passage où Kamuhita bouscule un type de 2 m juste avant de se faire choper. C'est qui ce type ? Sans importance ?

En tout cas, j'ai hâte de voir ce que va donner ce spectacle.
Et les gosses ne semblent pas trop se rendre compte de la puissance de leur adversaire, qui est probablement intéressante.
50 contre 1, dans Naruto ça ne vaut pas grand chose : Minato éclate sans forcer 50 Shinobis entraînés, alors 50 gosses... Laughing

Et j'ai également hâte d'en savoir plus sur Kamuhita et éventuellement son lien avec le gosse à la bouche cousue.

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bloody
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MessagePosté le: Dim 21 Juin 2015, 2:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mizuki_tiger a écrit:
Je découvre ta fic, c'est intéressant, original et bien écrit.


Merci, ça me fait plaisir ! ^^

Mizuki_tiger a écrit:
J'aime beaucoup la noirceur s'y dégageant, qui pour le coup s'éloigne des personnages connus de Naruto, pour en faire une sorte de bulle sombre bien intégré à l'Univers du manga.


Surtout que là, pour ce village j'ai beaucoup misé sur la noirceur. Je vais peu à peu m'en détacher, même si Kamuhita gardera cette part obscure en lui.

Mizuki_tiger a écrit:
Les personnages sont charismatiques, bien que du coup le fait que ta fic concerne presque totalement autre chose que ce qu'on connaît oblige à tout découvrir, ce qui est sympa mais compliqué, mais tu es clair dans les présentations donc ça va.


Disons que j'ai préféré écrire sur un village inventé, inconnu, plutôt que de retracer l'histoire d'un autre. Je garde tous les éléments qui se sont produits dans le manga, donc vous pouvez vous y fier. un repère chronologique arrivera dans le second arc.

Mizuki_tiger a écrit:
J'ai juste pas trop compris le passage où Kamuhita bouscule un type de 2 m juste avant de se faire choper. C'est qui ce type ? Sans importance ?


Alors c'est juste l'apparition d'un personnage qui sera en effet important. C'est assez troublant qu'il aide comme ça un gamin des rues. Tu en sauras plus sur lui, que bien plus tard...

Mizuki_tiger a écrit:
En tout cas, j'ai hâte de voir ce que va donner ce spectacle.
Et les gosses ne semblent pas trop se rendre compte de la puissance de leur adversaire, qui est probablement intéressante.
50 contre 1, dans Naruto ça ne vaut pas grand chose : Minato éclate sans forcer 50 Shinobis entraînés, alors 50 gosses... Laughing


Et bien non, ils ne se rendent pas compte du fossé qui les sépare, tout simplement parce qu'ils voient en lui, un gamin de huit ans... pour l'instant.
Après Minato ne peut pas être comparé à ce petit prisonnier, Minato c'est l'éclair jaune quoi ! Cool Il a reçu une formation, a suivi un cursus ninja comme la plupart... Rumibayu, lui, c'est un cas spécial, et il est un peu jeune pour en avoir appris sur le ninjutsu etc...

Mizuki_tiger a écrit:
Et j'ai également hâte d'en savoir plus sur Kamuhita et éventuellement son lien avec le gosse à la bouche cousue.


Leur lien, on va juste dire qu'ils ont chacun un passé assez lourd.

Merci en tout cas, de t'y être arrêté.
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Mizuki_tiger
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MessagePosté le: Dim 21 Juin 2015, 3:45 pm    Sujet du message: Répondre en citant

bloody a écrit:
Surtout que là, pour ce village j'ai beaucoup misé sur la noirceur. Je vais peu à peu m'en détacher, même si Kamuhita gardera cette part obscure en lui.

[...]

Disons que j'ai préféré écrire sur un village inventé, inconnu, plutôt que de retracer l'histoire d'un autre. Je garde tous les éléments qui se sont produits dans le manga, donc vous pouvez vous y fier. un repère chronologique arrivera dans le second arc.
Ce qui est bien c'est que tu as posé des bases vraiment sombres. Que tu t'en détaches ensuite, tout en gardant cette même maturité et sans être incohérent vis à vis de l'univers dans lequel ça s'inscrit (et ça me semble être ton intention à te lire), ça ne fera que donner plus de richesses et d'autres perspectives.
Donc, rien que pour ces objectifs, je vais continuer à suivre ta fic qui me semble très prometteuse !

Mizuki_tiger a écrit:
Alors c'est juste l'apparition d'un personnage qui sera en effet important. C'est assez troublant qu'il aide comme ça un gamin des rues. Tu en sauras plus sur lui, que bien plus tard...
Ah, parfait ! Je me disais bien, ce type m'intriguait.

Mizuki_tiger a écrit:
Et bien non, ils ne se rendent pas compte du fossé qui les sépare, tout simplement parce qu'ils voient en lui, un gamin de huit ans... pour l'instant.
Après Minato ne peut pas être comparé à ce petit prisonnier, Minato c'est l'éclair jaune quoi ! Cool Il a reçu une formation, a suivi un cursus ninja comme la plupart... Rumibayu, lui, c'est un cas spécial, et il est un peu jeune pour en avoir appris sur le ninjutsu etc...
Ah oui, je me doute que ce n'est pas Minato ! J'avais pris un exemple extrême pour dire que les pauvres gamins ignoraient certains aspects du monde Shinobi, les rapports de force parfois importants qu'il pouvait y avoir.
D'ailleurs, je trouve particulièrement intéressant d'avoir un point de vue de gamin civils, du moins au début, car les impressions de puissances ne sont pas les mêmes.
Je veux dire par là que, si on prend l'histoire originale, dans la 4ème guerre, un type comme Minato (pour rester sur cet exemple) est un gars plutôt fort. J'imagine que le Yukikage l'est moins (quoique, je me trompe peut-être), mais dans tous les cas c'est tout juste s'il pourrait briller de façon isolée dans un tel contexte.
Or, pour un gosse non-Shinobi, une performance normale de Genin est déjà un exploit complètement inhumain. Et en plus, par son ignorance des principes Shinobis, l'effet de surprise est également là.
Dans un tel contexte, si quelqu'un fait exploser une maison, ça passera pour quelque chose d'aussi terrible, d'aussi impression que de faire exploser une chaîne de montagnes durant la 4ème grande guerre.

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bloody
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MessagePosté le: Dim 21 Juin 2015, 5:16 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Mizuki_tiger a écrit:
Ce qui est bien c'est que tu as posé des bases vraiment sombres. Que tu t'en détaches ensuite, tout en gardant cette même maturité et sans être incohérent vis à vis de l'univers dans lequel ça s'inscrit (et ça me semble être ton intention à te lire), ça ne fera que donner plus de richesses et d'autres perspectives.


Je dois dire que c'est un challenge. ^^" Tu me diras si je l'ai relevé à l'avenir. Ah et pour le côté sombre, j'ai voulu approfondir un aspect dont on a un peu parlé sur ces enfants et que l'on retrouve dans le manga Naruto. Ben c'est que dans le manga, on a quand même des gamins qui sont formés tout jeunes à être des machines à tuer. Dans la réalité, c'est choquant, et là j'essaye de revenir là-dessus en revenant sur la fragilité des enfants.

Mizuki_tiger a écrit:
D'ailleurs, je trouve particulièrement intéressant d'avoir un point de vue de gamin civils, du moins au début, car les impressions de puissances ne sont pas les mêmes.


Exactement, on se retrouve dans la tête d'un enfant de six-sept ans dans un univers de guerre et sans pitié. Forcément le tableau est sombre.

Mizuki_tiger a écrit:
Je veux dire par là que, si on prend l'histoire originale, dans la 4ème guerre, un type comme Minato (pour rester sur cet exemple) est un gars plutôt fort. J'imagine que le Yukikage l'est moins (quoique, je me trompe peut-être), mais dans tous les cas c'est tout juste s'il pourrait briller de façon isolée dans un tel contexte.


Je vois très bien ce que tu veux dire. Je comprend mieux maintenant. ^^
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bloody
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MessagePosté le: Dim 21 Juin 2015, 9:28 pm    Sujet du message: Répondre en citant

1.8 Carnage

Ce corps défraichi qui faisait office d’adversaire ne s’apprêtait pas encore à se défendre. L’hésitation gagna toute la communauté. Denonai était déconcerté de voir qu’ils ne suivaient pas son dernier conseil pourtant vital, qui était de refouler sa pitié. Le garçonnet à la peau bronzée renchérit de son sourire ravageur, et porta à sa main décomposée une mignonne poupée de chiffon, celle qu’il avait fabriqué dans sa cellule. « Oh, il a eu le temps d’en faire une…Comme quoi il ne faut jamais baisser sa garde.» Se dit la femme confortablement installée. Elle commença même à perdre espoir sur cette énième sélection. En attendant que tout s’enchaine, Rumibayu berçait limite sa peluche. On aurait pu trouver cela adorable, mais vu le contexte et la personne, ça ne devenait que plus dérangeant. La poupée était câlinée, et les yeux de celui qui manquait affreusement d’affection devinrent agressifs. Quelques-uns sentant venir la menace, pointèrent leurs kunais devant eux. L’ennemi avait la respiration saccadée comme s’il retenait un cri hystérique.
Et, d’un seul coup alors que la tension était à son comble, les luminaires grésillèrent jusqu’à plonger les gosses dans le chaos. L’étrange panne fut brève, un problème de circuit dû à l’humidité. Aussitôt éteints, aussitôt les ampoules se rallumèrent. C’est alors que l’effroi et l’angoisse parcoururent chaque participant comme une maladie contagieuse. Le garçon à la bouche scellée n’était plus seul à vouloir en découdre ! A côté de lui, un jeune homme plus âgé mesurant dans les un mètre soixante-dix, faisait que sa tête soit baissée pour ne laisser apparaitre qu’une touffe de cheveux châtains, plus clairs que le couturé. Le haut de son corps se releva, et son visage était tout aussi ignoble que son cadet, aves le même fil noir. Mais contrairement au plus jeune, son expression de visage était figé, ses pupilles demeuraient intactes. Eux tous pensaient donc avoir affaire à un mort.

L’adolescent qui s’était invité à la fête, s’élança dans une course effrénée. Il avait largement la vitesse de déplacement d’un ninja de moyenne classe. Il se rua sur la première ligne. Les coups fusèrent. Du plat de la main, il désarçonna les plus indécis. Dès que la première vague fut mise à terre, trois enfants, une fille et deux garçons le prirent sur trois angles différents. Les kunais allaient faire mouche quand cet inconnu muet prit la peine d’en prendre un, laissé par l’un de ceux qu’il avait déjà vaincu. Aucune crainte ne se lisait en lui, les blessures, la souffrance, lui étaient étrangères. Faisant danser son couteau, il para quasiment tous les tranchants qui lui étaient dédiés. Par contre, ces êtres âgés de peu de printemps ressortirent de l’affrontement, éventrés et balafrés. Il avait une entaille à la jambe gauche, mais ne semblait pas s’en soucier puisqu’elle ne versa pas une goutte de son sang.
Il ne restait juste que quarante testés debout. Un petit groupe de six, s’était mis à l’écart pour prendre par surprise leur ennemi commun. Ils s’étaient chargés d’étoiles de jet. L’un d’eux les commandait, c’était le virulent dadais. Une étincelle d’intelligence l’avait traversé car il avait décidé que leur rafale aurait comme destinataire, le plus inoffensif, le gamin qui ne s’était pas encore sali les mains.

-Lancez-les ! Hurla le responsable de l’équipe longue distance.

Les shurikens tourbillonnèrent de manière désordonnée. Néanmoins, le hasard fit qu’une partie était sur la bonne trajectoire. Une esquive était réalisable, mais aussi effarant que cela puisse paraitre, le gamin trop souriant était émerveillé par la nuée. Il mit même son index entre ses lèvres, lui donnant un visage d’ahuri. Aussi expéditif dans ses assauts, le grand qui faisait un carnage avec un simple kunai, revint auprès de son invocateur. Il fit le bouclier en prenant de plein fouet les shurikens. Pas un seul cri de douleur ne lui échappa. Ses membres, et ses organes ne réagissaient même pas aux entailles, comme s’il n’était pas maitre de ses mouvements ni de ses émotions, ses sensations. Dès que l’attaque éloignée fut encaissée, il violenta sans retour possible cette meute isolée. Il était à présent tacheté d’hémoglobine.
Cette cruauté désintéressée découragea tous les autres prétendants. Il était monstrueux, d’un tout autre niveau, d’un tout autre monde. Ils étaient désemparés face à cet individu qui était venu au secours de l’inactif. Ils ne percevaient qu’une seule vision de leur avenir, une mort horrible. Tout ces rejetés de la société baissèrent les bras. L’exécuteur voulant en finir, passa au stade supérieur. Un peu comme à la manière d’un chat, de longues griffes rétractiles poussèrent à la place des ongles sur une seule main. Ces allongements n’étaient ni plus ni moins, des lames de katana qui lui avait été greffé. Le carnage se poursuivit sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit. Les gosses se retrouvaient découpés, transpercés, couverts de lacérations. S’affaissant les uns sur les autres, ils coulaient dans l’agonie.
Alors qu’ils étaient retranchés les uns après les autres, Kamuhita cherchait la faille après s’être sorti de sa torpeur. Au cours de ce massacre à sens unique, il décela un élément qui pouvait jouer en leur faveur… du moins s’il voyait juste. Il n’avait pas compris comment en l’espace d’une seconde, ce nouvel invité au combat s’était retrouvé ici même alors que toutes les issues avaient été closes. Déduction faite, il émit l’hypothèse qu’il provenait du plus jeune. Ce qui lui valida sa théorie, fut un fil, ou plutôt un câble vu son diamètre, d’une couleur extrêmement sombre. Il était relié à l’arrière du crâne de l’assassin aux griffes et partait à son autre extrémité au niveau du bras du plus gringalet. « C’est ça, le lien qui les unit ! C’est une sorte de marionnette démoniaque ! »

S’étant mis à l’abri à l’arrière, lui et Ryusuke eurent le temps de se consulter pour un plan audacieux. Leurs kunais leur serviraient bien pour se dépêtrer de ce mauvais pas. Kamuhita fit part à son collègue de sa trouvaille, et lui énonça la stratégie à adopter. Ils devraient agir séparément, l’un devrait divertir le moins commode, pendant que l’autre s’occuperait à sectionner le lien entre les deux. C’était une diversion et celui qui était au plus près de la mort serait celui qui jouerait le rôle de l’appât. Kamuhita allait se proposer, mais…

-Je vais l’attirer vers moi ! Tu auras beau me dire que c’est dangereux, je n’en démordrai pas ! Je suis bien plus teigneux que toi, et plus résistant. Alors fais ce que tu dois faire ! Si sacrifier ma vie fera en sorte que la tienne soit sauvée, je le ferai sans hésitation ! Se gonfla la poitrine Ryusuke.

Kamuhita se retint de le baffer. Il s’était refusé de voir son soutien dans ces moments de deuil, le voir se défausser. C’est pour cette raison que ses planifications ne pouvaient échouer. Toutefois, il était bien plus solide, en effet. Il lâcha donc le débat.
C’est alors, qu’ils constatèrent que l’insensible finissait d’essuyer une lame sur la dernière chair tendre, excepté eux. Le temps n’était plus à tergiverser, Kamuhita prit du recul et le brun s’amusa à provoquer le zombi, comme il savait si bien le faire. Une lutte pour se défendre au kunai lui endolorit le poignet. Les katanas-ongles sifflaient et passaient le plus souvent à un cheveu de sa tête ou de sa gorge. En faisant marche arrière, il mettait ainsi plus de distance entre les deux garçons ternis. Le câble avait pris plus de longueur. C’est là que le stratège surgit et abattit son arme. Il pensait avoir réussi, mais le tranchant émoussé du canif et la solidité de cette ficelle de chakra n’y faisaient rien. « Mais merde, c’est pas possible ! » Il ne fallut pas plus longtemps pour que le frêle ennemi comprenne leur manège. N’ayant pas apprécié qu’ils aient pu se moquer de lui, il fit exécuter une parade meurtrière à son associé en bout de corde. Entaillé à la cuisse, Le porteur de la crête aplatie trébucha. C’était fini…
Ryusuke n’avait plus ce sourire, du moins ce n’était plus le même. Il ne dégageait pas de la jovialité, mais la reconnaissance et la satisfaction d’avoir servi à une noble cause, permettre à son ami de vivre un peu plus. Kamuhita assista à cette scène et ne voulait pas l’accepter. Aux tréfonds de lui-même, cette souffrance de perdre un être cher ne lui était que trop vive. Si cela venait à se répéter, il ne pourrait y survivre, avoir toute sa tête. Il fixa son bourreau d’une lueur indescriptible. Son regard en devint aussi malfaisant que celui de Rumibayu. Les cinq griffes n’en étaient pas pour autant stoppés. Le gosse défiguré rigolait intérieurement de le voir aussi remonté, et cela amplifia son envie de meurtre.

-NOOON !!

Les mèches grises battant de transpiration accompagnèrent le hurlement de Kamuhita, pour une dernière tentative aveuglée.
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Mizuki_tiger
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MessagePosté le: Lun 22 Juin 2015, 10:40 am    Sujet du message: Répondre en citant

Le titre est bien choisi. Laughing

J'aime beaucoup cette ambiance. Ca me rappelle un peu la dure sélection des ANBUs de la Racine de Konoha et le passage à Genin des aspirants ninjas, on reste donc typiquement dans cette sombre atmosphère mais en différent, c'est top.

Prochain chapitre, Kamuhita à l'oeuvre... Cool

Bonne continuation !

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bloody
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MessagePosté le: Mer 24 Juin 2015, 10:48 am    Sujet du message: Répondre en citant

@Mizuki_tiger

Merci pour tes encouragements ! Very Happy
J'ai commencé ta fiction aussi, je te ferai part de mes avis dès que j'aurai bien avancé. ^^

Le premier arc se termine avec ce chap' !

1.9 Admis d’office !

Le cours du temps frémit, ralentit. Tout était allé si vite… Ryusuke allait faire les frais de son impétuosité. Le corps froid et déchiqueté du tueur sanguinaire dominait le garçon qui n’arrivait plus à tenir sur ses jambes. Les doigts en couperet s’écartèrent afin de le trouer à plusieurs endroits. La main fonça et s’immobilisa à un centimètre du menacé. Ryusuke s’était cru fini. Toutefois, son coéquipier fut celui qui lui permit du répit.
Son ami forcené avait franchi ses limites, il était allé au-delà que ce que son esprit conscient pouvait supporter. Des ténèbres inaltérées l’avaient envahi sans qu’il ne puisse les manipuler. Un pouvoir avait grandi instantanément, et se matérialisa par ce même index pointé sur l’odieux bambin aux points de suture. Le petit membre s’allongea avec une rapidité effarante. Même les ninjas confirmés qui y assistaient n’y avaient vu que du feu. Alors autant vous dire que Rumibayu n’eut le temps ni de contrer, ni de l’éviter. Ces phalanges crispées d’un noir cendre, s’étaient introduites en plein au milieu du front du bronzé. Seule réaction, le repoussant s’arrêta de sourire bêtement et fur pris d’une paralysie. C’est ainsi que Ryusuke eut la vie en sursis. Une bataille intestine se déroulait entre Rumibayu et Kamuhita, leurs détresses respectives s’entrechoquaient comme deux mouflons en rut. Mais l’instabilité se sentait au fond de la pupille du cadavre ambulant. Par le biais de ce doigt, il sentit qu’un fragment de ce chaos le harcelant sans cesse, avait été aspiré. Une part de ce poison le quitta. Il devrait lui en être redevable, mais non ! Comme il vivait dans cette obscurité, il perdait un repère, une partie de son identité. Il se demandait même comment cet enfant banal était capable d’une telle prouesse. Rumibayu avait été rarement dans cet état de confusion. Il avait… peur ? Malgré toute cette incompréhension, il ne flancha pas. Un bras de fer mental les percuta une poignée de secondes. Il n’en suffit pas d’avantage…
Kamuhita ressurgit de sa phase de transe, et limite létale. Une forte poigne lui étreignit son avant bras, celui au bout duquel il s’était mis en connexion avec le statufié. Il manqua de tomber dans les pommes d’épuisement au moment où il distingua un black robuste qui le maintenait debout.

-Calme-toi, c’est fini, se voulut-il compatissant sans pour autant que cela marche.

Kamuhita reporta son attention sur son concurrent. Par une quelconque aberration, le déchainé qu’il avait retenu se retrouvait petit à petit, recouvert de givre, pour finir dans un bloc de glace. L’homme d’âge mur et pâle qui dirigeait la tour des Lamentations touchait du plat de sa paume le cousu. Juste avant de perdre connaissance, l’intelligent vagabond se soucia de son pote et de son bourreau. Ses griffes étaient hors d’état de nuire. Le noir de peau aux sentiments indiscernables l’avait menotté d’entraves de pierre aux poignets. Puis, il s’était occupé du jeune prodige. Après cette intervention de dernier recours, celui qui faisait jeu égal avec Rumibayu rétablit son index dans ses dimensions normales. Aucune cavité n’était à déplorer sur la carcasse vivante, comme si n’avait fait que traverser sans causer de lésions la boîte crânienne. Pendant que Kamuhita se perdit dans les bras de l’utilisateur de doton, les deux jonins partagèrent quelques mots de sympathie :

-Ben, dis-moi ? Tu es allé jusqu’à utiliser ta cryogénisation. Tu aurais pu t’en dispenser, fit le rasé en bougeant le moins possible les lèvres.

-Contre lui, Black, je préfère être prudent et ne lui laisser pas une parcelle de son anatomie en mouvement, se justifia Denonai.

Ryusuke avait assisté à leur intervention de toute beauté. Il en était admiratif, reniant du même coup leur probable complicité au sujet des abominations qu’ils avaient subies. Tandis que Black portait son incroyable acolyte, le grand à la chevelure élancée se chargea de lui. Le directeur de la prison prit son rôle à cœur dès que d’autres shinobis pénétrèrent dans le hangar :

-Je veux que Rumibayu soit remis en captivité, comme d’habitude. J’arrêterai mon jutsu quand il ne pourra plus nuire à personne. Ensuite, nettoyez-moi ce bazar ! Je n’en peux plus de cette odeur putride. Elle est insupportable !

Les taches étant réparties, ils partirent le blessé et l’inconscient à dos. Ils les confièrent bien sûr à l’infirmerie dans le centre ninja de Yuki. Il était vraiment temps pour Ryusuke de recevoir des soins. Sa blessure n’était pas dangereuse en elle-même, mais sa perte de sang avait été abondante. Ce qui était certain, c’était que nos deux combattants en herbe se souviendraient longtemps de cette journée. Elle serait gravée dans leur mémoire comme une marque au fer incandescent. Oui c’était obligé qu’ils en gardent des séquelles, mais avant tout, elle les forgerait pour la suite.
L’intraitable kunoichi qui n’avait pas raté une miette de l’altercation n’était que plus enchantée. Cette redoutable épreuve pour les yeux avait enfin servi à quelque chose. Elle posa gracieusement ses doigts sur le pourtour de sa coupe d’alcool. La Yukikage profita de ces moments de solitude pour sonder toute la succession des évènements et finit par conclure sur ses impressions :
« Hé bien ! Ce que l’on m’a rapporté était véridique. Ce pouvoir… Si j’avais su qu’il l’aurait laissé en vie… Enfin ! Ce n’est pas une si mauvaise chose en soi. Ses capacités me seront d’une grande utilité, à condition qu’il soit bien embrigadé. Apparemment, il ne sait pas encore se maitriser. Je dois avouer que je n’y croyais vraiment pas. Ce kekai nécessite une finesse et une rigueur exemplaires pour le développer. Et ce bonhomme s’en sert de manière aussi innée ! J’ai vraiment bien fait de faire intervenir Black et Denonai. Il ne me reste plus qu’à aller me présenter. »

Leur horrifiant séjour où ils avaient fréquenté les plus mal lotis du pays était derrière eux. Ils eurent un nouvel air dans leurs poumons meurtris, maintenant qu’ils se promenaient, à ciel ouvert, dans ce cercle fermé des ninjas de Yuki. Kamuhita ne fut pas contre ce soulagement, même s’il voyait des ennemis partout. Le fait est que tous les passants portaient ce bandeau maudit, lui alourdissait son cœur et lui faisait bouillir ses entrailles. Aussitôt après qu’ils eurent reçu des soins, ils furent conduits au pied levé, à l’intérieur de ce gigantesque palace où se délectait la femme tyrannique. Tandis que Kamuhita était presque outré de la richesse qu’elle amassait, Ryusuke en prenait plein les yeux, et prétextait qu’un chef de village digne de ce nom ne pouvait vivre dans un taudis. Quand bien même la différence de confort était flagrante.
Ils furent conviés à se tenir devant un rideau de perles qui encadrait un espace richement décoré et fourni en coussins et autres douceurs. Sans nul doute envisageable, cette femme de grande renommée se prélassait sans gêne alors que son peuple criait famine. Des bougies et des hommes se chevauchaient le long des murs. Le shinobi de couleur qui avait emmené Kamuhita reprendre des forces, était au plus près de sa supérieure. D’un air hautain et dédaigneux, elle s’adressa aux petits avec tout l’intérêt qu’elle leur portait :

-J’ai été grandement ébahie par votre prestation lors de votre test. Vous avez gardé la tête froide, et surtout vous avez su échafauder un plan pour venir à bout d’un ennemi bien plus puissant que vous. Je ne soulignerai pas votre esprit d’équipe authentique. Vous êtes pourtant bien jeunes, et si talentueux ! J’aimerai connaitre vos noms.

-Je m’appelle Ryusuke, du clan Gomenaren.

-Oh, tu es donc le fils de Kamuhita ! J’aimais beaucoup ton père, un guerrier fort et vaillant, avec des principes. Dommage qu’il ne soit plus de ce monde, pour nous soutenir en cet état de crise.

-Je vous remercie, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour me montrer digne de lui. Mais, dites-moi, vous êtes qui au juste ? Fit-il tout à fait sérieux.

Kamuhita l’avait compris sans qu’elle n’ait à se présenter, il s’en tapa le front, honteux envers son compagnon long à la détente.

-Je suis le Yukikage, dit-elle froidement.

-Oui, mais vous devez bien avoir un nom !

-Tu n’as pas à le savoir, tout le monde m’appelle par mon titre, fit-elle embarrassée par cette demande. Cela étant dit, tu ne m’as toujours pas donné ton nom, toi ! Changea-t-elle de sujet.

-Il s’appelle…, commença le brun aux yeux verts.

-Je n’ai pas de nom, trancha Kamuhita.

-Tiens, comme c’est intéressant… « Alors comme ça, il n’a plus de souvenirs, c’est encore mieux que ce que je n’espérai ! » Enfin, pour toi, c’est regrettable… Que dirais-tu si je t’en donnais un ?

-Allez-y, ce sera toujours mieux que celui que m’a proposé mon ami, se permit-il avec un sourire moqueur.

Son nom lui importait peu au final, ce n’était pas ça qui le freinait. Par contre, son passé disparu le déroutait toujours autant. Il voulait des réponses, et qui sait, peut-être que les ninjas d’ici lui en apporteraient. Il voulait que cette haine qui le rongeait ait du sens. Il n’avait pas trente-six solutions, il fallait faire profil bas, le temps de s’informer. Ryusuke lui tira la langue, boudeur, en se rendant bien compte qu’il n’avait attaché que peu d’importance à son premier prénom.

-Tu répondras du nom d’Ensei, shinobi des neiges. Ryusuke, Ensei, vous allez apprendre le ninjutsu ainsi que tous les rudiments du ninja sous l’instruction d’un sensei, posa-t-elle à plat. Denonai ! Tu peux venir !

Ils n’en revenaient pas ! L’imperturbable geôlier suprême qui fit froisser son manteau noir en arrivant, allait être leur maitre ! Ryusuke pétillait de joie. Quant à son camarade, il était dubitatif, et intensifia son inspection sur la face glaciale, tempéré du tortionnaire. Comme lorsqu’il moisissait en prison, il décela une faille en cet individu. Il était marqué d’une déception, d’une tristesse qui lui pesait affreusement. A cœur et esprit défaillants, cœur et esprit manipulables. Cet homme avait le don d’intriguer son élève, le défi serait de briser cette coquille d’huître. Il s’en réjouit à l’avance de derrière ses façons d’enfant blasé.

-A partir d’aujourd’hui, vous êtes des genins du village caché de Yuki ! Déclara la maitresse des lieux.
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MessagePosté le: Ven 26 Juin 2015, 8:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Allez, j’enchaîne avec le second arc. Là on va se retrouver dans l'univers de Naruto. ^^

Arc 2 : Shinobis des neiges

2.0 Aiguilles au c**

Etant à présent admis dans l’enceinte de Yuki, ils obtinrent leurs bandeaux à l’effigie du village. Ensei en frémit mais s’y résigna, la main l’empoignant avec réticence. Qu’est-ce qu’il ne devait pas faire pour arriver à ses fins ! Pour son collègue à la crête, ce fut presque le même cinéma. Lui, avait insisté pour porter la plaque ninja de son père, Kamuhita Gomenaren. Il en fut ainsi, mettant leur redoutable chef au bord de la crise de nerfs. Elle ne pouvait supporter les gamins, et encore plus s’ils étaient surexcités, impossible à recadrer.
Les ayant assez vu, elle confia à Black la tache de les emmener à leur nouveau foyer, deux dortoirs côte à côte dans un pavillon. Fuyant enfin l’aura meurtrière de la femme enragée, ils profitèrent de la route pour se ressourcer. La soirée arrivait avec un coucher de soleil. Il faisait frais mais pour eux, ce n’était pas grand chose. Devant, le shinobi de couleur les surveillait du coin de l’œil. Ils montèrent alors à l’étage et indiqua les pièces qui leur étaient attribuées. Il ouvrit celle du plus sage, et lui remit sa clé. Il fit de même avec le brun qui n’en pouvait plus de rester dans le flou concernant sa chambrette. Pour celle de Ryusuke, ils furent abasourdis de prendre sur le fait un ninja confirmé qui s’était assoupi sur le lit. Même l’imperturbable rasé n’en revenait pas.

- Hé ! Mais qu’est-ce qu’il fait dans ma chambre, celui-là ! Péta un câble Ryusuke.

L’homme ouvrit à peine un œil pour observer tous ceux qui l’entouraient, puis comme si de rien était, se remit la couette sur les épaules en se tournant de l’autre côté pour ne pas être embêté.

- Mais il se moque de nous ! Grogna frustré le garçon aux pupilles éclatantes.

- Mokuya, cette chambre a un nouveau locataire. Je te prierai de bien vouloir te coucher ailleurs. Dans ta chambre par exemple, s’égosilla le noir.

- Pff, je n’ai qu’à le tuer, bourdonna-t-il sous la couverture.

- Comment ?!

- Non, rien, retourna sa veste le somnolant.

Obligé de suivre les instructions, il se dégagea du matelas, et sortit d’une manière nonchalante, désabusée, à moitié dans le cirage. Physiquement, outre le fait qu’il portait les habits de Yuki, il avait les bras nus, musclés et une peau mate. Son visage était creusé, laissant transparaitre de lui, les pommettes de son crâne. Il était coiffé avec une couette regroupant toute la capillarité de sa tête. Sa tignasse grise et frisée devenait une coiffure en brosse des plus volumineuses. Les mains dans les poches et sifflotant, il alla parcourir le reste du pavillon. Il ne devait pas considérer ses paroles lourdes et blessantes, avec tout le sérieux que cela supposait. Il disparut.

- Décidément, en voilà un que je ne peux pas blairer ! Déclara ouvertement Ryusuke en sautant sur son lit. Ahh !! C’est quoi ces machins ! Qu’est-ce que ça fait sous la couette !

Il s’empressa de se lever et soulever les draps, pour mettre à jour ce qui était à l’origine de son vacarme. Des aiguilles, ou le terme exact, des senbons, tombèrent dans un tintement métallique. Ces fins objets avaient piqué le derrière du jeunot assez fort pour qu’il se le masse encore. Black en était dépité :

- Ah là, là, ce Mokuya est toujours aussi éparpillé. Il a dû les faire tomber de ses poches. Je vais les lui remettre.

- Vous dites ça, mais je suis sûr qu’il l’a fait exprès ! Hurla geignard, le genin piqué au vif.

- Il est temps pour moi de vous quitter. Vous avez quartier libre, je tiens tout de même à vous conseiller d’éviter les ennuis, d’accord ? Regarda-t-il froidement l’explosif.

- C’est compris, siffla-t-il.

Dès que cet individu balèze prit congés, ils planifièrent leur nuit de folie. En tout cas, c’était ce que prévoyait Ryusuke.

- Yahoo !!! On va enfin vivre comme il faut ! On doit fêter ça !

- Ouais, mais d’abord, je te conseille de faire comme moi… prendre une douche, se pinça le nez l’intriguant enfant âgé de sept ans.

- T’as pas tort… et après ? On fait quoi ?

- Je veux en savoir plus sur la Yukikage. Elle ne m’inspire pas confiance.

- A moi non plus. Tu veux que l’on se renseigne grâce à d’autres ninjas ?

- Oui, on va faire comme ça.

- Ouais… Donc je peux toujours courir pour notre moment festif, baissa-t-il moralement.

Sans s’attarder, ils pénétrèrent chacun dans leurs dortoirs, et découvrirent le bien-être dans un bain moussant. Ryusuke en tant que gros gamin puérile, s’amusait à multiplier les bulles en soufflant avec sa bouche. Pour Ensei, il était presque en train de s’arracher les cheveux pour que le shampoing montre de l’efficacité. Peu à peu, le bleu ciel naturel de sa couleur reprit de la vigueur. Que ce soit l’un ou l’autre, se décrasser leurs peaux écorchées avait certainement dénaturé leurs baignoires. Une fois au sec, ils passèrent en revue leur garde-robe. Dans le placard il n’y avait que l’ensemble du parfait ninja des flocons. Ryusuke s’était empressé d’en enfiler un, tandis qu’Ensei en souriait nerveusement avant de s’en recouvrir. Les bandeaux qui les identifiaient comme provenant du Yuki furent posés sur leur front. La pêche à l’info s’apprêtait à démarrer quand ils sortirent de leurs chambres synchros.

- Alors, par où on commence ? Oh, et cette tenue te va comme un gant ! Déblatéra le plus désespérant.

-Pff…
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MessagePosté le: Sam 11 Juil 2015, 10:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

2.1 Sucreries piégées

Leur investigation ne serait pas évidente à entreprendre. Ils voulaient s’informer un peu plus sur la Kage en place, et le demander à autrui allait être délicat. Puisque la Yukikage était aussi pudique sur ce qui la définissait, les informations la concernant devaient être filtrées même au sein de sa légion. Ils prirent donc de leur temps pour choisir les bonnes personnes qui pourraient les aiguiller, en général des ninjas pas trop sur leurs gardes, des couples qui profitaient pour sortir par exemple. Néanmoins, pas un représentant du village interrogé n’a pu leur donner quoi que ce soit de tangible, juste des « La Yukikage est incroyable ! » « La Yukikage est magnifique ! » « La Yukikage est mon modèle ! » Cette admiration rendait malade l’aigri. Par contre, Ryusuke se sentait plus en confiance. Si une armée de shinobis surentraînés croyaient en leur meneur, pourquoi pas lui laisser une chance de le convaincre ? Après, il connaissait une part d’ombre de cette femme avec cette prison de malheur, donc c’était inenvisageable d’avoir une confiance aveugle envers elle, même pour le plus grand des abrutis. En se concentrant sur ce que renfermait cette enceinte sécurisée, ils virent qu’il y faisait bon vivre. En tout cas, c’était déjà mieux qu’à l’extérieur. Tout était à la disposition de cette police d’état, des boutiques, des restaurants, des stands à grillades, un petit parc. Et bien sûr, de nombreux logements étaient éparpillés pour le besoin de l’ordre des ninjas.

Constatant que leurs recherches n’étaient pas fructueuses, le brun qui voulait à tout prix en profitait jeta son dévolu sur un magasin de farces et attrapes. « Hé ben, il y a même ce genre de boutique inutile. » S’exaspéra celui à la coupe ciel. Les deux promus avaient reçu dans leurs chambres une somme d’argent en récompense, ou en pot-de-vin. Ça dépendait de comment il fallait voir les choses. Au vu de l’empressement du jeune à la crête, il allait certainement se montrer dépensier. Ensei le suivit dans son délire, et aussi parce qu’il avait ancré en lui, une pointe de curiosité. Une fois entrés, une clochette sonna. De nombreux gadgets à rigolade remplissaient des étagères qu’ils voyaient haut comme des buildings. Ryusuke hésitait entre un coussin péteur et des boules puantes. Il ne savait plus où donner de la tête, et prit un coussin et deux billes malodorantes.

- Tu as intérêt à ne pas me mettre ça dans ma chambre, l’avertit son pote et voisin de dortoir.

- Non, ce n’est pas pour toi. Je les réserve pour quelqu’un d’autre, fit-il le sourire demandant vengeance.

Dès que ses choix aient été faits, il posa les produits face à vendeuse, une mamie bien portante, les rides gonflées. Elle s’était serré un chignon dans ses cheveux gris. Elle fumait une longue pipe sans faire attention à la santé de la jeunesse.

- Ca fera 20 yens ! Gueula-t-elle.

Ryusuke en eut sa coiffure qui vrilla sous l’haleine fétide de la vieille. Pour crier aussi fort, elle devait être sourde comme un pot. Après avoir payé, il prit aussitôt ses broutilles. Puis, la dame âgé se fit plus aimable :

- Si vous voulez, vous pouvez vous servir un bonbon, mes petiots !! Enchérit-elle d’un postillon.

Elle leur présenta un gobelet fourni de sucettes à la couleur d’un vert très clair. Ryusuke ne prit même pas la peine de réfléchir, et se dire qu’il était dans le paradis de la farce qu’il en avait déjà une dans la bouche. L’effet de la blague fut immédiat. Il se mit à cracher des flammes, la gorge en feu.

- AH ! AH, AH ! Cela faisait longtemps que personne n’était tombé dans le piège de la sucette au wasabi ! Explosa-t-elle de rire.

- Madame, pouvez-vous nous donner un renseignement ? Profita Ensei de l’ambiance chaleureuse, pendant que son collègue toussait en se tenant le cou.

- Oui, tout ce que tu voudras, après cette bonne tranche de rigolade, je ne peux rien vous refuser !

- Nous souhaiterions en apprendre plus sur la Yukikage.

Tout à coup, elle devint bien plus sérieuse, tenant sa pipe à bout de bras. Il pensait qu’elle se mettrait en colère, élevant la voix plus que de raison, mais elle accepta :

- Venez vous mettre à l’abri des oreilles indiscrètes, leur ordonna-t-elle avec contre toute attente, une voix plus posée.

Elle tira le rideau pour que tous les trois accèdent à l’arrière boutique. Une simple pièce carré les clôturait, et devait faire office de chambre. Un bandeau de ninja de Yuki était la seule décoration sur les planches au lieu d’un tableau de paysage ou d’un portrait. Ensei n’aurait jamais pensé que cette mamie rabougrie avait été une kunoichi des neiges. C’était donc vrai ! Absolument tout le monde dans ce périmètre restreint se devaient d’avoir servi sous ce symbole, le village. Les commerces et tout ce qui s’y rattachait, devaient être pris en charge par des retraités. C’est alors qu’elle s’assit en tailleur et convia les enfants de l’imiter. Sa pipe et ses bouffés de tabac agrémentèrent la pièce d’une fumée étouffante. Ne faisant même plus attention qu’elle ne braillait plus et parler calmement, elle leur fit découvrir ce qu’elle savait sur cette dure à cuir.

- Cette demoiselle a toujours voulu que son nom reste caché. Ne me le demandez pas, je n’en ai aucune idée. Il y a juste des rumeurs par-ci par-là qui trainent. Mais le plus vraisemblable serait qu’elle endosse le rôle de ninja jusqu’à ce que même les membres de son village ignorent son identité. Elle se cache dans l’ombre, exactement la signification du mot ‘Kage’. Maintenant, comme j’ai vécu bien longtemps, je sais que ça ne se voit pas mes enfants, et bien j’en connais un rayon sur les ninjas de Yuki plus jeunes que moi…

Le brun aurait voulu rectifier le tir, en lui affirmant qu’elle avait une peau toute fripée, mais Ensei l’en dissuada d’un coup de coude. Il avait à cœur de ne pas la contrarier tant qu’elle n’avait pas tout déballé. Toutefois, ils avaient hâte de partir car la fumée s’accumulant dans le taudis, leur piquait les yeux et le nez à en verser des larmes.

-… Cette femme est une véritable guerrière. Elle faisait trembler quiconque sur un champ de bataille. Tout au long de cette troisième guerre ninja, elle n’a fait que grandir en renommée jusqu’à en être vénérée. La gloire lui monta à la tête, et elle s’est alors dressée contre le Yukikage précédent, le Nidaime, il y a maintenant trois ans. Disons qu’un incident fâcheux a envenimé la situation. C’est donc dans un combat acharné, qu’elle vainquit le Nidaime. Cependant, elle reçut une blessure surprenante à la gorge, et ses cordes vocales en furent abîmées. C’est pour ça qu’elle a une voix aussi grave. S’étant proclamée Yukikage, elle voulut se trouver un mari pour que son titre se perpétue dans sa lignée. Le problème étant que même si elle était belle de forme, sa voix de gorille faisait fuir tous les prétendants. Vous comprenez désormais pourquoi elle est si renfrognée, car elle est condamnée à finir vieille fille.

- C’est une blague cette histoire ?! Lui demanda le moins facile à berner qui était pourtant interloqué.

- Ah ça, vous savez mes poulets, que souvent la vérité est déformée, retint-elle un rire.

Ils la remercièrent hâtivement et se bousculèrent pour déguerpir de ce sauna irritant. Une fois dehors sous la neige, ils se frottèrent leurs yeux larmoyants. La mamie se moqua d’eux à pleins poumons, retrouvant ainsi sa voix criarde. Puis elle ferma boutique, remarquant que la nuit venait les ensevelir.

-Elle est folle cette vieille bique ! Elle voulait nous tuer ! Se plaignit celui aux yeux verts.

- Tu dois avoir raison, elle ne nous a rien donné sur la Kage d’intéressant, surtout que la moitié doit être un tissu de mensonges. Ah, quelle horreur, mes yeux !

-Et encore, c’est gentil ce que tu as eu ! Moi, elle m’a mis la gorge au supplice ! J'ai eu la totale ! Alors, qu’est-ce que l’on fait ? On rentre ?

- Non, tant que je ne serai pas satisfait, on continue. La nuit est faite pour découvrir des secrets. Ce qui est caché peut être révélé dans l’obscurité, c’est bien l’une des seules choses que j’ai appris dans nos moments de survie.

- Ouais, ben moi, ce que j’ai appris de mon père, c’est que la nuit est faite pour les mauvaises rencontres, fit-il rebuté.
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MessagePosté le: Dim 12 Juil 2015, 3:56 pm    Sujet du message: Répondre en citant

2.2 L’ANBU de la Cinquième Branche

Malgré les réticences du plus énergique, ils persévérèrent. La collecte d’infos était loin d’être aboutie aux yeux du plus réfléchi. Ils se faufilèrent entre les poteaux de fil à haute tension, et recherchèrent un lieu propice à leur enquête. Les couches tôt éteignaient les uns après les autres leurs luminaires, et ce n’était pas ce qui attisait l’esprit d’Ensei. Il était plus à lorgner les bâtiments qui s’animaient durant la soirée enneigée.
Rapidement, les genins qui avaient trouvé faveur aux yeux de la Yukikage tombèrent sur un bar accueillant. Ryusuke n’en était pas très enchanté.

- Allez, fais un effort. Ecoute, après ça, on va se coucher. Ça te va ?

- On fait comme ça, bailla-t-il, apparemment ses batteries devaient être déchargées.

Ils s’y introduisirent sans se faire remarquer, deux jeunes genins ne devraient pas veiller si tard. L’atmosphère était conviviale, sans prise de tête avec en fond une musique entraînante au piano-bar. Ils se mirent à une table isolée afin de profiter de ces réjouissances. Les ninjas devaient ainsi se délester de leur tension et problèmes récurrents. D’autre part, Ensei en déduisit qu’ils se sentaient fautifs de la condition décadente à l’orée de leur jardin secret. Ils noyaient ainsi leurs péchés pour mieux dormir par la suite. Les idées embrumées par la somnolence, le gamin trouvait quelques difficultés à discerner qui ferait un bon informateur. Ceux d’un piètre grade ne devaient pas être au courant de manigances, ou des jutsus propres à la dirigeante. Quant à son binôme, il reprenait du poil de la bête grâce aux agitations festives. Tout joyeux, il frappait dans ses mains pour accompagner les chansons. Puis, soudain, le moins enjoué vint à retenir une discussion entre shinobis lui caressant l’ouïe.

- C’est vraiment une bonne nouvelle, ça ! Et tu es sûr, que le pont Kanabi a été détruit ?

- Oui d’après nos espions, l’équipe de l’éclair jaune de Konoha a tenu en échec, les ninjas d’Iwa.

- Et tu me dis qu’un nouveau héros est né ?!

- Oui, Kakashi Hatake, le ninja copieur. Grâce à eux, la guerre va enfin se terminer !

- Pour les grands pays, oui. Mais pour nous, c’est moins sûr. Nous serons toujours en proie aux conflits internes, et aux traités avec les uns et les autres. On est un peu comme dans une boucle infinie.

Le garçon à l’écoute était bien de cet avis. Il était pessimiste sur tout ce qui touchait l’organisation du monde shinobi. Ce qu’il observait à Yuki se répercutait à l’échelle mondiale : les plus forts en apparence s’asseyaient sur les plus faibles jusqu’à les écraser si cela servait leurs intérêts. Comme cela allait être difficile de faire chavirer cette tendance ! La solution lui échappait, il n’avait pas l’expérience pour comprendre le fonctionnement de la politique.
D’un seul coup, il fut sorti de son casse-tête. La joie éphémère retomba pour que la tension englobe la salle entablée. Une personne y était à l’origine, et comme par hasard, c’était Ryusuke… Il venait de se lever en trombe et provoqua un individu au fond de la taverne, accoudé au comptoir.

- Hé toi ! Oui c’est à toi que je parle Moku… machin ! Tu vas payer pour mes fesses !

Le concerné se tourna à peine ne jugeant pas nécessaire d’en faire plus :

- T’es un marrant, toi. Allez, vas te coucher ! Tu n’as rien à faire ici, à cette heure tardive, le nain !

Forcément, la remontrance insultante fit fulminer le Gomenaren. Ensei pensait même que l’effet du wasabi refaisait surface.

- Kamuhita…

- Oui ? Répondit le blafard, ne s’attendant pas à ce qu’il l’insère à la confrontation.

- On se le fait ?

- A nous deux ?! Je ne pense pas que ce soit sage… Mais comme tu sembles vouloir en découdre, je ne peux pas rester les bras croisés. Je vais t’aider puisque tu m’as supporté toute la soirée. Tu nous mets dans une sacrée galère quand même, soupira-t-il en se levant.

Le petit brun sourit sincèrement, il savait qu’il pouvait faire confiance à son pote. Ce qu’ils avaient vécu, resserrait leurs liens. Epaulé de son acolyte désabusé, il passa à l’offensive avec un hurlement de rage. La réaction sauvage laissa de marbre le jonin qui leur montrait son dos. Il buvait tranquillement son verre de montre débordant de saké. Contre toute attente, Ryusuke avait un vilain tour à lui jouer. Il empoigna les billes qu’il venait d’acheter, et les envoya sur le shinobi aux bras nus. Un déplacement ample sur le côté démontra toute la prestance du ninja aux deux grades au dessus. Les boules éclatèrent cependant sur le comptoir. Une insupportable odeur se répandit, faisant tourner l’estomac de Mokuya, dont le teint mate tourna au verdâtre.

- Ah, ah ! Je t’ai eu ! Lança victorieux le perturbateur.

Cette revanche puante fit oublier à Ryusuke tous les désagréments de la soirée. En revanche, se faire rouler dans la farine n’était pas dans les habitudes de Mokuya. Ensei avait peur de la riposte. Leur adversaire se contenait pour ne pas fracasser bouteilles et verres. Une veine ressortit de son front alors qu’il grinçait des dents. Ils allaient sentir passer la raclée, et pourtant Ryusuke continuait à se marrer.

- Tous à couvert ! Mokuya sort de ses gonds ! Vociféra un shunin qui semblait bien connaitre les manières assez rustres du ninja des flocons.

Avertis, les manipulateurs de chakra prirent leurs jambes à leurs cous, ou se protégèrent sous les tables. Tout ce qui était à portée de main leur servit pour se défendre. Le problème était que là, nos deux garçons ne savaient pas ce qu’ils encourraient. Mokuya s’était redressé et se mit à fouiller dans ses poches, à l’aide de ses deux mains. Puis, sentant enfin le moment propice, il les ressortit et jeta avec vivacité une flopée de senbons en l’air. Dès qu’il ouvrit ses mains, cette centaine d’aiguilles tout du moins, se figèrent, suspendues dans le vide. Du chakra émana de ses paumes. Ryusuke ne faisait plus le malin, et voyant que ça sentait le roussi, il plongea vers un tabouret. Il se tourna vers son coéquipier, qui bizarrement ne bougeait pas d’un battement de cils. La gravité de la situation devint insoutenable pour les compagnons intrus. Les aiguilles frétillaient sous l’impulsion de l’aura crépitée du jonin. « Je ne comprends rien à ce qu’il m’arrive. Pourquoi je ne peux plus bouger ? Je ne suis pourtant pas tétanisé de peur ? » Perdu dans une incompréhension la plus totale, Ensei n’eut pas la chance d’esquiver tous ces traits piquants qui fusèrent. Il en ferma les yeux. Mais par un curieux miracle, il s’en sortit indemne. De son côté, Ryusuke avait dû en essuyer une trentaine sans trop de mal, la plupart avait été stoppée par son tabouret qui ressemblait maintenant à un hérisson. Il le laissa en plan. Craignant le pire pour son ami figé, il prit les devants et sprinta sur l’assaillant, même s’il risquait d’être grièvement blessé.

- Je ne vais pas te laisser faire, pourriture !

Le reste des piques demeurèrent en lévitation. Mokuya ne jugea pas nécessaire de le transpercer en fermant tous les angles. Il prenait ce combat pour un divertissement comique. Le poing de l’impétueux allait droit dans sa figure. Mokuya plaisantait même à fermer les yeux et à éviter les coups avec ce handicap. « Sale mioche… Tu n’as même pas appris à te servir de ton chakra. Comment veux-tu me toucher, alors que moi, je m’en sers pour te sentir arriver. » C’est alors que Mokuya passa à la vitesse supérieure. Il le fit reculer avec un coup de genou dans le ventre, et s’apprêta à faire voler ses outils de torture pour calmer le brun une bonne fois pour toute.
Ensei était sur le point de se maudire de son manque de motricité, que l’entrée du pub s’ouvrit dans un coup de vent à en faire grelotter l’assistance. Une bourrasque de neige contra la totalité des senbons, désarmant complètement l’homme à la couette surdimensionnée et touffue. Il fit simplement une moue de désapprobation en pistant le nouveau venu.

- Tu me saoules Denonai. Tu ne vois pas que je m’amuse !

- Si, mais c’est avec mes élèves que tu joues.

- Oups, aurai-je fait une boulette ? Plaisanta-t-il en mettant sa main sur la bouche.

- Je suis sérieux. Si tu les embête encore une fois, tu auras affaire à moi, fit-il déterminé.

- Tu n’as qu’à leur acheter une muselière. Je n’y peux rien s’ils cherchent les embrouilles, se défendit le métissé en partant du bistrot. C’est bien ma vaine aujourd’hui, tout à l’heure, c’était Black, maintenant c’est toi. Qu’est-ce que vous avez tous à me les briser ! Allez, je me casse, ça craint ici !

Le dangereux shinobi les quitta avec son attitude détaché, les mains retrouvant la chaleur de ses poches de pantalon. Denonai vint ensuite voir s’ils avaient reçu quelques ecchymoses, et à son grand soulagement ils n’avaient que des éraflures bénignes. Il se mit ensuite en face d’Ensei et le toucha brièvement avec deux doigts.

- Kai !

Le pâlichon reprit alors le contrôle de ses mouvements. Sans vouloir s’arrêter là-dessus, leur maitre leur expliqua qu’Ensei avait été sous l’effet d’une illusion de Mokuya. Cette initiative avait eu pour but, plus de mettre à l’écart Ensei que de vouloir lui faire du mal. L’absence d’aiguilles ninja sur son corps en était la preuve flagrante. Encore plus froid qu’à l’accoutumé, le shinobi à la tenue qui le différenciait des autres, leur ordonna sèchement de le suivre dehors. Même dans la prison, il paraissait plus accueillant. Ils sentaient la punition arriver. Les gosses écervelés obéirent, penauds. Denonai leur adressa la parole de manière intelligible tandis que la pluie cristallisée se faisait toute petite :

- Avez-vous compris, maintenant ?! Vous avez conscience du niveau qui vous sépare à un ninja de cette envergure ?! Vous n’avez même pas le niveau requis pour être genin, alors imprimez dans vos cervelles de moineaux, que vous n’arriverez qu’à vous faire tuer à ce rythme ! J’espère que cet épisode avec Mokuya, aura éveillé en vous un déclic. A présent, je vais prendre en main votre entrainement, et nous devons partir de zéro. Dès demain, à l’aube, je vous veux tous les deux sur le camp d’exercices n°2. Est-ce que je me suis bien fais comprendre ?

- Oui, monsieur.

- Monsieur ?

- Sensei.

Sur ceci, Denonai les renvoya se coucher, après tout ce n’était encore que des enfants.

Sur un bâtiment en béton, un individu masqué avait surveillé la scène où le sensei avait corrigé ses petiots. De ce que la nuit pouvait en révéler, ses habits se résumaient grossièrement à ceux de Yuki, et épousaient avec élégance ses courbes féminines. Ses cheveux longs descendaient derrière cette guerrière, en une succession de blondeur pure. Deux katanas pesaient à son arsenal. Mais avant tout, elle portait un masque sobre, où juste des yeux tirés étaient dessinés, avec en plus sur le front un flocon bleu à cinq branches. La femme demeurait sereine, intransigeante et impassible, un modèle de neutralité.

- Mes félicitations, Esméralda ! Je n’avais pas été mis au courant que tu avais directement accédé à la cinquième branche de l’ANBU. Je n’ai jamais douté de ton talent, interféra ce gardien de prison à qui rien n’échappait.

- Ne sois pas aussi familier avec moi, Denonai. Je suis sous identité cachée, je te rappelle !

- Oui, et en tant que tel, tu dois être en mission. Laquelle ?

- Je n’ai pas à te le dire, je suis sous le serment de la Yukikage.

- Pas de ça avec moi, tu sais très bien que je peux aller le lui demander quand bon me semble. Et à ton avis, comment va-t-elle prendre la nouvelle que sa récente et prometteuse recrue a échoué sa filature ?

- Bon d’accord. De toute façon, tu dois t’en douter. J’ai reçu l’ordre de surveiller tes protégés. La Yukikage repose beaucoup d’espoir sur eux. Voilà, j’espère que tu es content ! Ravala-t-elle sa fierté en se confondant au rideau de neige pour lui fausser compagnie.

- Bon, je voulais finir sur une bonne note, en lui demandant si sa formation pour devenir jonin avec Black se passait bien… La prochaine fois peut-être, haussa-t-il les épaules.
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