Je me souviens.
L'Homme avant d'être un choix, la liberté, la raison ou quoi que ce soit d'autre, est un souvenir.
Je me souviens que je pense, avant de penser.
Je me souviens que j'aime le chocolat, avant de l'aimer.
Je me souviens que je suis amoureux, avant d'être amoureux.
Le souvenir est l'acte premier, l'origine de toute l'action humaine et vivante.
Ce qui différencie l''humain des êtres vivants, c'est qu'il se souvient qu'il se souvient.
Avant de réfléchir, l'Homme en a le souvenir. Il découle d'un autre souvenir jusqu'au premier souvenir : je me souviens que je suis un être humain, qui se pétrit de se souvenir.
Dès qu'il se souvient qu'il est un souvenir, il accepte de s'en souvenir. Sans souvenir, il n'y a pas d'avenir.
C'est la chose la plus facile à accepter pour l'Homme, puisqu'il se souvient qu'il a aspiration à l'avenir. Aucun être humain n'a le souvenir qu'il s'est nié en tant que souvenir.
C'est d'ailleurs le souvenir qui lui fait peur : se souvenir qu'il peut se souvenir de l'inconnu. Le souvenir qu'il va mourir et qu'il n'en a pas le souvenir.
Voilà où réside la détresse : l'Homme a souvenir qu'il a un avenir, mais un avenir qui mourra. C'est parce que nous ne parvenons pas à concilier ces souvenirs de vie et de mort que nous sommes touchés : les unir en un, nous en avons souvenir chez l'autre, mais pas chez soi, à l'exemple de l'avenir et de la mort.
A nous de nous souvenir que les souvenirs se souviennent qu'ils se réunissent.
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Changer le monde sert ceux qui veulent voir inscrits leur nom dans les livres d'Histoire. Mais être heureux sert ceux qui inscrivent leur nom dans la vie des autres et considèrent leur coeur comme le bien le plus précieux.
Orson scott Card " Les enfants de l'esprit"