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. Triste Noël

 
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Saitake
Genin


Inscrit le: 11 Mar 2006
Messages: 497
Localisation: Tokyo

MessagePosté le: Jeu 14 Déc 2006, 1:55 am    Sujet du message: Triste Noël Répondre en citant

Triste noel.


La neige crissait sous ses pas pressés. Aujourd’hui, Matthieu serait déçu : il n’obtiendrait pas le cadeau de Noël que lui avait promis son père.
« Bon sang, je suis un incapable ! !, J’avais promis de le lui offrir ! ! »
Patrick marcha encore un peu plus vite. Sans doute pouvait-il encore y arriver à temps. Il espérait au fond de son cœur que son fils ne lui en voudrait pas trop, même s’il savait combien il attendait ce présent.

Depuis des années, Matthieu avait vécu avec ce désir chevillé au cœur, depuis des siècles pour lui, il le souhaitait plus que tout au monde. A chaque fois que quelqu’un le lui avait promis, un obstacle insurmontable avait empêché sa réalisation. Matthieu était ainsi devenu plus amer de jour en jour devant l’injustice infligée par la vie. Il commençait d’ailleurs à en vouloir au monde entier, son père le sentait bien.
« Il m’en voudra bientôt. Et rien qu’à moi. »
Pendant quelques instants, Patrick cessa de courir : il comprit qu’il avait parfaitement raison. Oui, Matthieu lui en voudrait indéfiniment, il avait fait la promesse de ne pas échouer lui.
Pourtant, il sentait son corps se raffermir sous le froid, ses membres se crisper, la peur s’emparer de ses pensées. Il est certain qu’il n’y parviendrait pas : comment satisfaire un enfant tel que Matthieu ? Surtout vu ce qu’il demandait.
Patrick s’engagea dans une ruelle sombre. Il se rapprochait.


«-Papa, pourquoi maman m’a menti ?

Patrick esquissa un sourire désabusé. Il se tourna vers son fils unique et répondit :

-En quoi t’a t-elle menti, Matthieu ?

le jeune garçon, dont les cheveux noirs retombaient sur son visage d’angelot, dit dans un souffle rauque :

-Je n’ai pas obtenu ce que je souhaite le plus au monde.

Son père soupira.
« Encore cette histoire, décidément, cet enfant n’en finira jamais. »
il tenta de reprendre son calme, se calant sur son fauteuil, qui lui semblait de plus en plus rigide et argua mielleusement :

-Tu ne peux pas obtenir tout ce que tu veux. Surtout ce que tu désires le plus au monde, tu sais.

A cet instant, Matthieu s’était tourné vers le miroir sur sa gauche. Son père avait vu sa silhouette s’affadir, ses cheveux blanchirent et ses yeux devenir vides. Il avait pris peur et s’était jeté sur son fils, pour le serrer tendrement dans ses bras.
Au creux de ses bras, le jeune garçon avait semblé retrouver quelque vigueur. Il avait murmuré, presque pour lui-même :

-C’est déjà un début.

Patrick n’avait pas su quoi répondre, sauf par la vérité et elle était cruelle pour un cœur aussi jeune :

-Un début qui ne connaîtra jamais de fin… Je suis désolé…


Patrick chassa ce souvenir de sa mémoire. Il s’était juré de ne plus faiblir après….après ce que ses paroles avaient créées en Matthieu. Il faillit revoir les images mais réussit à les faire disparaître juste à temps.
« Mon fils, je serai toujours là pour toi. »

Une voiture crissa, tandis que Patrick traversait la rue à grand pas. Il n’avait pas remarqué le véhicule qui se déporta violemment sur la gauche. Juste avant que celui-ci ne le dépasse et klaxonne furieusement, il eut le temps d'apercevoir la conductrice : elle lui ressemblait presque trait pour trait. Il savait que le givre y était pour beaucoup, mais il n’osait se l’avouer. Rêver procurait souvent plus de plaisir que la réalité, et ce jour de Noël, il s’était promis de faire rêver son fils. Alors…
« Que je rêve moi aussi en lui disant ça , c’est impossible ».

Patrick trébucha et tomba sur un tas de feuilles mortes. Il en prit une dans sa main, le regard aveugle. Il n’était même pas certain de ce qu’il étreignait si durement. Puis sa main se détendit et son visage apparut.
« Papa, maman m’a menti »…
Les mots lui revenaient incessamment, comme des coups de canons que jamais, il ne parviendrait à éviter. Il s’en voulut terriblement pour cet échec probable et pleura, pleura, puis cria dans la nuit.
C’était la nuit de Noël et pour lui débutait le cauchemar…
« Un cauchemar qui n’aura jamais de fin, comme le tien Matthieu. Le nôtre »


Matthieu regardait fixement le cadre accroché au mur. Il aurait voulu que ce qu’il montrait pût encore être vrai. Il ne savait plus quoi penser. Il était décidément trop jeune pour affronter tout ça. Subir devenait de plus en plus dur, il sentait que ses forces l’abandonnaient peu à peu. Mais papa lui avait promis ! Oui, ce soir, enfin son souhait le plus cher se réaliserait !
Matthieu courut dans le salon et sauta sur le sofa, fou de joie. Il sauta tant qu’il trébucha et tomba à la renverse sur le fauteuil préféré de son père. Un rire s’éleva dans la nuit : Matthieu ne s’était jamais senti aussi heureux qu’en cet instant.
« Oui ! Oui ! Papa va tout changer, il va la me l’offrir et je suis le plus heureux déjà ! ! »
Il était convaincu que papa ne le décevrait pas, il ne pouvait tout simplement pas. C’était son père, et … Il lui avait promis.
Matthieu rit de bonheur, rit, rit et ne pût s’arrêter que quand il entendit son père rentrer.
Il cria d’une voix folle de joie :

« -Papa ! ! »

Patrick dévisagea son fils sans savoir quoi répondre. Il n’arrivait plus à saisir ce que son cœur lui intimait de dire, seule une vérité s’imposait…

-J’ai échoué. Elle n’est pas avec moi, Matthieu.

Le visage de l’enfant se décomposa, ses traits se figèrent puis devinrent flasques.
« E…Echoué ?… »
Matthieu ne parvenait pas encore à l’accepter, il l’avait tellement désiré. Et papa lui avait promis !
Il s’affala sur le sol, prit sa tête dans ses mains et pleura. Son père vient vers lui , tendit les bras ; il le repoussa en criant.

-Tu n’es plus papa ! ! Tu ne le seras plus jamais ! ! TU m’avais promis, papa , tu m’avais promis ! !

Patrick ne dit rien et pleura à son tour. Il n’arriva pas à rester debout et s’écroula, sans oser se rapprocher de son fils. Tout ce qu’il réussit à chuchoter fut :

-Oui…Je te l’avais promis…


Le soir où Maman lui avait menti, Matthieu avait fait la chose la plus naturelle du monde : il avait tenté de mourir. Prendre un couteau, se le planter dans le cœur, rien de plus simple pour une âme en peine. Heureusement, son père avait été là. Cette nuit-là, ils avaient dormi tous les deux ensemble. Tandis qu’il caressait doucement les cheveux de son fils endormi, il lui avait murmuré à l’oreille :

-Ne m’en veux pas.. Maman ne t’avais pas menti.. Oooh non, elle ne t’avais pas menti.. Je sais combien sa mort te fait mal… je sais combien tu souffres. Mais moi, je te promets de tenir la promesse qu’elle t’avait faite ce soir-là…Joyeux Noël, Matthieu…

Tout d’un coup, son fils avait murmuré, surprenant son père :

-tu me promets ?

Patrick avait accepté de lui mentir à son tour. Seulement pour qu’il aille mieux, juste cette nuit.

-Oui. Je te le promets. Je suis là.

-Joyeux Noël, papa.

Patrick n’avait su quoi dire. Il s’était senti absorbé, engouffré dans un vide sans fonds en entendant ces mots. Tout ce que souhaitait Matthieu, c’ était ça, rien que ça. : passer un joyeux noël. Et c’est lui qui prononçait ces si belles paroles.
« Ta mère te les a prononcés aussi… Avant l’accident. Toi, tu as survécu et tout ce que tu veux, c’est passer ce joyeux noël, qu’elle t’a promis… Alors que le camion fonçait déjà sur elle et…sur toi. »
Il avait attendu d’entendre à nouveau la douce respiration de son fils, pour humer ces cheveux et pleurer. Chaque soir depuis, il pleurait. Il avait pourtant choisi de le faire seul…Même s’il percevait le désespoir de son fils à travers les portes closes…


« Pourquoi nous n’avons pas partagé notre tristesse, Matthieu ? Tout aurait été tellement plus simple… »
Patrick s’approcha doucement de son fils. Il esquissa un geste en sa direction, puis attendit. Mathieu pleurait toujours à chaudes larmes. Son père osa alors :il toucha son épaule, se rapprocha encore et le serra délicatement. Son étreinte se fit plus forte à mesure que son fils gémissait de plus en plus fortement. Il ne savait pas trop quoi en penser, mais ce n’était pas le moment de s’interroger. Tout ce qu’il fallait maintenant, c’était se consoler mutuellement, être là comme il le lui avait promis.

-Matthieu … Je suis là.

Son fils pleura encore mais ne refusait plus les bras de son père. Il s’y cala affectueusement et pensa avec lui…
« Maman…Je ne t’en veux plus… »

Joyeux Noël, fiston.

-A toi aussi, papa.

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