La chronique des cinq archanges
Courage selon Thomas
Prologue
[Adagio – Albinoni]
Les cloches de l’église sonnaient, un son si puissant qu’il pouvait envahir toute la ville pour les avertir de la mauvaise nouvelle. C’était un très bel après-midi de printemps. Il avait plu toute la journée, mais la pluie s’était arrêtée lorsque le prêtre commença la cérémonie, laissant place à un soleil éclatant.
J’étais assis avec tous les autres, assistant aux funérailles de ma meilleure amie. Les rayons de lumière traversaient le vitrail, éclairant de toutes leurs forces la croix sainte et le cercueil encore ouvert de Julie. Lorsque le prêtre avait terminé, nous nous approchâmes du cercueil afin de lui rendre un dernier hommage. J’étais le dernier dans la file.
J’observais son visage illuminée par un halo aveuglant : elle était toujours aussi belle, son teint était un peu mat et elle trouvait encore le moyen de sourire même dans la mort. Elle portait une robe blanche en soie, et un collier en argent avec une perle radieuse autour de son cou. Elle était allongée sur le dos et avec ses mains sur le ventre, dont les doigts étaient entrecroisés. Elle avait l’air en paix. Et en face d’elle, j’étais pâle, avec des yeux fatigués et rouges montrant que j’avais versé toutes les larmes de mon corps. J’étais très faible car je n’avais rien mangé depuis que j’avais appris son décès, il y a de cela deux jours, et pourtant j’avais une envie incompréhensible de vomir. Je tremblais de tout mon corps. De nous deux, on aurait dit que c’était moi le mort…
Je restais debout en face d’elle, m’attendant à ce qu’elle se réveille, me laissant admirer ces yeux bleus azurs, et me serrer dans ses bras pour me soulager de cette douleur indescriptible qui martelait mon esprit, mon cœur et ma tête. Mourir à 16 ans, comment est-ce possible? Personne ne savait pourquoi… Elle est morte dans son sommeil, alors qu’elle était en parfaite santé selon les médecins. Aucune maladie n’a été décelée, ni même un signe quelconque qu’il s’agirait d’une crise cardiaque ou d’une hémorragie cérébrale. Personne n’a trouvé la moindre anomalie de santé ou signe de violence sur son corps…
En regardant la croix, je me demandais : Pourquoi me l’a-t-on enlevé sans raison ? Pourquoi elle, la fille la plus adorable du monde ? Son sourire était comme le soleil qui illuminait ma vie, sa douceur était comme la raison qui faisait que je me réveillais tous les matins, et sa gentillesse et sa bonté étaient devenues mon unique raison de vivre. Je l’aimais de tout mon cœur, de toute mon âme, et je savais qu’elle aussi partageait ce sentiment…
Je compris ce jour là que ce n’est pas là que ce n’est pas la personne qui meurt qui souffre mais tout ceux que cette personne laisse derrière elle. Perdre un être cher... Je ne veux plus jamais connaître ce sentiment, cette souffrance.
En principe, nous devions suivre le convoi mortuaire à pied, mais je savais d’une étrange manière que cela ne se passerait pas comme ça pour moi… En effet, cette atmosphère si paisible et si sereine alors que j’enterrais la personne qui m’était la plus chère me laissait penser que quelque chose ne tournait pas rond…
[La choral du veilleur – Jean-Sébastien BACH]
J’avais tant de choses à lui dire, à partager avec elle... Je sentis des larmes qui voulaient sortir, alors je levais la tête comme pour les refouler et regardai la croix. Dans ma religion, on dit que tout arrive selon la volonté du Tout-Puissant et qu’il a toujours une bonne raison, même si l’on ne comprend pas pourquoi. Que de paroles réconfortantes ?!! Mourir sans raison, sans cause, comment voulez-vous après que j’avale des absurdités pareilles !?
Je me remémorais la première fois où j’ai croisé son regard. Elle était arrivée à l’orphelinat un jour aussi beau que celui-là, il y a de à peu près dix ans. On avait beaucoup de chose en commun, le fait de ne pas avoir de famille, de liens avec beaucoup de monde extérieur… Ce jour là, je voulais lui remonter le moral, mais au final elle n’avait pas besoin de moi, c’est même elle qui me réussit à me remonter le moral ! C’était tout elle, les sentiments et le bien-être des autres l’importaient plus qu’elle-même, à six ans déjà.
Ces souvenirs… Mon cœur battait de plus en plus fort, et je me sentais de plus en plus faible, et j’avais un goût étrange dans ma bouche. Ma souffrance se mélangeait à ma rage et ma colère, je serais mes poings de plus en plus forts. Au moment de mes derniers adieux, je pensai le plus fort possible à mes sentiments pour elle, comme si je croyais naïvement qu’ils allaient la ramener à la vie… en vain. Je commençai à sentir des larmes chaudes couler sur mes joues, alors je fermai les yeux.
Je savais d'ores et déjà que vivre sans elle serait tel un supplice. Alors j’abrégeai cet hommage comme s’il devenait une torture pour moi. Je pleurais à chaudes larmes, toujours les yeux fermés. Je pris une grande bouffée d’air et je me retournai.
Je fis deux pas, encore les yeux fermés, et je me sentis vraiment bizarre, comme étourdi ou ivre. Ma tête tournait et j’avais l’impression de tituber. J’essuyai mes larmes pour essayer d’ouvrir mes yeux, que je ne voulais plus jamais ouvrir afin de ne plus regarder ce monde horrible, ou pour ne plus faire face à la réalité. Lorsque j’ouvris mes yeux, tout ce que j’arrivais à voir était rouge, et mes mains étaient pleines de mon sang. Pleurais-je du sang ?
Oui, ce que je prenais pour des larmes étaient du sang, et cette vision d’horreur se rajouta à mon état d’esprit actuel et à ma condition physique actuelle. Pris de panique, je voulus chercher de l’aide dans la salle, mais à peine trois pas et je me retrouvai le visage contre le sol, incapable de me lever. Je me sentis partir alors que mon cœur continuait d’accélérer… Garder les yeux ouverts devenait une épreuve qu’il m’était impossible de réussir. J’avais l’impression que quelqu’un me relevait, me secouait pour tenter de me réveiller, et non seulement je ne pus me relever, mais je demandai même si j’en avais envie.
On aurait dit que je flottais, que je volais, bercer par des anges, et le monde que j’entrevis les yeux fermés était plein de lumière et de bonheur, chaud et accueillant… J’entendais des gens m’appelant, tentant de m'empêcher de partir, mais plus rien ne me retenait ici. Alors je cédai…
edit: correction d'une faute d'orthographe et d'une répétition dans la même phrase (très moche).
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