Ma première OS sur Naruto^^ ! En fait, ce sera un recueil, où je me pencherai à chaque fois sur un personnage pour dévoiler un peu de ce mal qui le ronge. Bref, une incursion dans cette palette d’âmes perdues, viles, enthousiastes, errantes.
On commence avec Yamato :
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Le froid. Le froid comme personne n’en a jamais ressenti, qui hurle en moi, dans moi, dans ce néant que je suis devenu. Brisé au réveil, à demi-mort quand je dors, inconscient le restant du temps. Ma vie depuis l’éternité où je suis tombé dans ce trou noir, ombre parmi tant d’autres qui se confondent dans la pénombre, et je suis confondu à mon tour, petit gamin effrayé au milieu d’enfants transis. Tombé dans le nid d’un serpent aux crochets cachés par un visage rassurant de Jounin connu et respecté, que nous admirions tous, que j’admirais tellement fort que la chute n’en fut que plus dure, plus amère, plus grotesque.
Orochimaru-sensei avait laissé place à un homme aux même traits doucereux et espiègle, un homme assoiffé de pouvoir, dont la démence n’avait d’égale que la puissance. Et nous, « petits rats de laboratoire », comme il aimait nous appeler, nous priions. Je prie pour revoir le visage de ma mère, je prie pour me réveiller de cette nuit qui se prolonge, de ces ténèbres qui m’engloutissent chaque jour un peu plus dans un royaume cadavérique, qui m’empoisonnait le sang et battait à mes tempes.
De temps à autre, le visage, toujours le même, aux traits figés, au sourire cauchemardesque, revenait hanter notre cellule. « A qui le tour ? », susurrait-il plaisamment, une lueur rougeâtre brillant atrocement dans ces yeux qui fascinent et qui mordent comme un cobra enragé. Oui, a qui le tour ? Qui d’entre nous devait accueillir la mort, et la laisser mordre dans sa chair à petites bouchées, bien froides, bien douloureuses, avec des gémissements qui faisaient claquer mes dents de rage, de colère exaspéré, de deuil désespéré. La roue du trépas tournait autour de nous, avant de fondre sur le camarade qui m’était le plus proche, l’entraînant loin de la cage. Il s’accroche désespéramment aux barreaux, et cela semble l’amuser, car il se prend au jeu, et le laisse espérer un moment qu’il va s’échapper, afin d’entendre la plainte ridicule qui s’évapore des lèvres gercées de notre compagnon de fortune. Je reste encore paralysé sous le choc, l’angoisse, et cette pensée qui s’insinue en moi comme une lame glacée : ça aurait pu être moi.
On se serre instinctivement les uns contre les autres. Les ténèbres...le souffle fétide de mon voisin...l’odeur de sueur et de peur qui suinte...Je suis rompu...si seulement...tout... « Pouvait se finir... »
-Si tu le désires tant...
Non ! J’avais parlé dans un souffle, mais il m’avait entendu, il entendait tout, il était partout, tout son être damné maudissait mon corps. J’étais tellement obnubilé par sa dernière phrase que je n’opposai aucune résistance. Mon sort était scellé, et je voyais déjà la faucheuse morbide me saluer de ses mains décharnées et putrides...Toute vie avait déjà quitté mon corps glacé par la Peur, la réelle, celle qu’on ressent seulement à l’instant où l’on croise ses yeux. Inhumain. Il était inhumain, et je n’étais qu’un enfant. Un enfant vulnérable, dont chaque pensée joyeuse avait été retirée, ôtée, déchirée, noyée dans le trou noir, dans la cage humide, dans le vide des larmes figées. Et j’ai peur.
Je suis jeté sans ménagement sur une table vermoulue, mes muscles roidis gémissent, je me raidis. J’attends sagement le coup. Mais il n’y en a pas. Seulement une piqûre que je ne sens presque pas, entièrement occupé par l’angoisse qui me tenaille. Et alors commence l’enfer.
Je suis aveuglé par la douleur qui s’insinue en moi, le poison coure dans mon sang, affole mes sens, déchire mes membres, secoue ma raison. Et les spasmes, dont la fréquence augmente, et les convulsions, qui me tordent et menacent de me démembrer.
La mort...Le noir...Le néant...Je voulais que tout finisse...
Et du fond du puits sans fond, du ravin escarpé où j’avais amorcé ma chute dans l’au-delà, son rire dément hantait mes oreilles, s’accrochait à moi en lambeaux noirs et tournoyants de folie...
Je me réveille en sueur, respirant de longues bouffées d’air frais. Ce n’était qu’un cauchemar.
J’éclate de rire. Un cauchemar ? Plutôt une partie de mon existence gangrenée que j’essaie d’amputer comme je peux, sans succès. Je l’endors, mais la nuit excite la mémoire, et les vieilles volutes noires remontent à la surface...
Je m’étends dans le lit où je me suis débattu pendant mon sommeil, parfaitement calme maintenant.
Ils m’ont retrouvé deux jours après, dans un état comateux, léthargique, proche de la mort. Je me rappelle surtout avoir entrevu, de mes yeux vitreux, un homme masqué avec un œil étonnamment rouge, aux cheveux d’un gris brillant.
« Il est vivant ! »
Je me rappelle cette sensation de bien-être que j’ai connu quand il m’a pris dans ses bras, ce sentiment d’être protégé à toute épreuve. Et c’est pour ça que, des années plus tard, je l’ai recherché désespéramment, sachant pertinemment qu’il serait le seul auprès duquel je me sentirais confiant et rassuré. Seulement, il y a des batailles où même Hatake Kakashi ne peut m’aider. Cette guerre contre ce qu’il y a d’Orochimaru en moi, il me la faut entreprendre seul. Peu importe les nuits tourmentées, les blizzards venteux des soirs orageux. Je gagnerai.
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[Experience is bullshit. It just teaches you to recognize a trap, not not to fall into it.]

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