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Nutsame Haruyana Civil

Inscrit le: 20 Juil 2008 Messages: 23 Localisation: Dans ses pensées mélancoliques...
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Posté le: Mer 03 Sep 2008, 12:10 am Sujet du message: Un garçon sanglant |
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Voici une fanfic mettant en scène... Nutsame Haruyana ! Voilà le contexte :
La présente fanfic se déroule dix-huit ans après les Shippuden. L’opération de conquête fomentée par l’Akatsuki a échouée ; Madara Uchiha a été défait, en partie grâce à la défection de Sasuke, qui y a laissé la vie. Bilan, de toute l’organisation, seul Kisame a échappé à la mort. Malheureusement, Akatsuki a réussi à assaillir Konoha et à tuer Tsunade. De fait, la puissance du village caché de la feuille a été considérablement affaiblie. Bilan, il y avait à peine deux mois que Sasuke reposait en paix que les villages de Kiri, Kumo et Iwa s’alliaient pour attaquer Konoha, espérant profiter de son affaiblissement. Le sixième Hokage, Kakashi Hatake, fut obligé d’appeler à sa rescousse Suna no Kuni, et son Kazekage Gaara. Le pays du feu fut préservé des ninjas des Brumes, des Roches et de la Foudre, mais les pertes infligées aux combattants des trois villages alliés ne pouvaient être oubliées facilement. Bien au contraire, elles amenèrent au déclenchement d’une guerre ouverte entre deux factions : d’un côté, Konoha et Suna ; de l’autre, Kiri, Kumo et Iwa. Les autres villages cachés se rallièrent à l’un ou l’autre des camps, et un équilibre des forces se mit en place.
Les batailles entre ninjas commencèrent alors, et durèrent pendant presque dix-huit ans. Les Kage, de temps en temps, essayaient de proposer des trêves, mais rien n’y fit : les combats durèrent de façon quasi-ininterrompues pendant toutes ces années. Naturellement, tous les personnages du manga participèrent à cette guerre épouvantable, aussi bien par l’ampleur des massacres que par l’absence totale de quartier que respectaient scrupuleusement chacun des camps ; et tous (du moins les principaux) y ont survécu. Ils sont tous passés au grade de junins, bien sûr, et certains sont devenus de grands personnages connus de par le monde. Toutefois, la guerre n’a pas eu que des effets négatifs pour certains : Kisame a échappé à toute poursuite, et a réussi à se cacher pendant toute la durée des combats. De même, on a perdu toute trace de Kabuto… D’aucuns disent qu’il est mort, mais rien n’est moins sûr. Et de toute manière, personne ne s’en est préoccupé pendant dix-huit ans ; il paraît donc normal qu’il ait presque entièrement disparu des mémoires.
La guerre entrait dans sa douzième année lorsque d’autres nations sans villages cachés, constatant l’affaiblissement général des protagonistes, décidèrent que leur heure était venue : recrutant mercenaires ninjas, déserteurs et shinobis errants, de nombreux pays s’attaquèrent aux villages cachés ou se rallièrent à eux. Des armées de soldats non ninjas complétaient ces troupes hétéroclites, mais néanmoins redoutables. Certaines de plus puissantes nations fondèrent leurs propres villages cachés, composés de leurs ninjas nationaux. Malheureusement, cet ajout de protagonistes ne fit qu’accroître le nombre de victimes ; les villages cachés ne tombaient pas, mais les ninjas continuaient de mourir par centaines. Et cette conséquence en entraîna une autre, qui en aurait à son tour d’autres, et particulièrement meurtrières.
De plus en plus de ninjas perdaient peu à peu confiance dans leurs Kage et leurs villages. Ils ne voyaient l’intérêt qu’ils pouvaient retirer d’une guerre basée sur des offensives massives et terriblement coûteuses en vies. Aussi, dès le cinquième an de guerre entamé, des dizaines, puis des centaines de shinobis choisirent la voie de la désertion. Au départ, ils allaient seuls et ne représentaient guère de menace. Mais au bout de quelques mois, ils commencèrent à se regrouper en petites bandes, qui parfois atteignaient une vingtaine de guerriers. Mais le danger ne fut réellement mesuré que quatre ans après le début des désertions en masse : une véritable armée de déserteurs attaqua Suna no Kuni. Une fois l’assaut repoussé, le Kazekage expédia deux centaines de junins d’élite pour traquer les renégats ; et bientôt tous les autres villages suivirent son exemple. Toutefois rien ni fit : les désertions furent nombreuses et constantes durant toute la guerre. Confronté à ce double état de fait – toujours plus de pertes et de moins en moins de combattants, les villages durent se résigner à diminuer les effectifs engagés aux mêmes endroits. Trois ans avant la fin de la guerre, Naruto Uzumaki défia Kakashi Hatake et le vainquit. L’enjeu du combat était le titre d’Hokage.
Une fois intronisé, le nouveau chef du village de Konoha entama des pourparlers avec Kiri, qui menait le camp des agresseurs originels. Mais les Kage ennemis ne voulurent rien entendre, et il fallut que le Hokage en personne mène une énorme offensive de ses ninjas contre Kumo no Kuni pour que véritablement la paix soit envisagée. Un an après cet assaut gigantesque qui avait impliqué la moitié des ninjas du pays du Feu, les cinq Kage signèrent officiellement le traité de paix. La guerre était terminée, mais pas les combats.
Les déserteurs étaient devenus si nombreux qu’ils commencèrent à attaquer des villes et des caravanes. Leurs bandes, bien que n’ayant aucun rapport entre elles, représentaient une menace au moins aussi importante que les villages de Kiri, Kumo et Iwa réunis. Mais les villages cachés étaient tellement affaiblis par la guerre qu’ils ne purent sécuriser formellement que leurs environs directs. Au-delà, il est dangereux de se déplacer seul. Les villages et hameaux vivent dans la crainte constante d’un assaut de nukenins ; et il est de notoriété publique qu’il est aussi dangereux d’accompagner une caravane marchande que d’escalader les flancs d’une falaise lisse comme un miroir et sans équipement ni chakra.
Le contexte de la présente fanfic se situe sept mois après la signature du traité de paix. Voici un résumé des villages cachés récemment créés (les pays sont également inventés).
Pays des Montagnes : Village caché du Vent ; symbole du bandeau frontal : une tornade.
Pays des tourbières : Village caché des Marais ; symbole du bandeau frontal : cinq roseaux représentés par des traits inclinés vers la gauche.
Pour ce qui est de la situation des personnages, vous la découvrirez au fil du texte. Les personnages décédés dans la guerre seront donnés par la suite.
Chapitre 1
- On y est presque.
Le rideau de montagnes qui se dressait devant la caravane était en effet la dernière étape de son long voyage ; il paraissait normal que l’un des marchands se laisse aller à cette légère manifestation de contentement.
Depuis plusieurs jours déjà, la petite troupe crapahutait à travers le pays du Feu, en direction d’une foire commerciale importante. L’état désastreux des routes, le manque de points où se ravitailler, le mauvais temps et la difficulté à se trouver une escorte bon marché et acceptant de courir le risque de les accompagner étaient autant de freins à la bonne marche de la caravane marchande. Certes, elle ne payait pas de mine : une paire de chariots tractés par un cheval, et neuf boutiquiers spécialisés dans les étoffes. Mais pour les brigands de la région, tout était bon à prendre. Et les armes qu’exhibaient ostentatoirement les commerçants ne leur donnaient pas l’air plus dangereux ; ç’aurait même été l’inverse.
Les voyageurs avaient donc dû recruter une bande d’une douzaine de samouraïs déchus, de roublards et de mercenaires, dont les seuls points communs étaient leur suffisance, leurs airs de psychopathes en cavale et leurs armes imposantes. Leurs bandages sur les bras, pièces d’armures diverses et autres balafres suffisaient à faire d’eux une assemblée hétéroclite de gros bras parfaitement capables de faire décamper n’importe quelle bande de coupe-jarrets mal inspirée. Mais dans ces régions tout juste sorties d’une guerre effroyable, le danger ne venait pas de simples bandits. Aussi les marchands s’étaient-ils résignés à faire appel à une autre source de protection.
Finalement, ils avaient eu de la chance ; aucune embuscade, pas de tempête ni de glissement de terrain, et un temps plus clément depuis la veille. Depuis leur départ à l’aube, le soleil n’avait pas cessé de briller, tant et si bien qu’ils n’avaient pas eu besoin de s’arrêter. L’un des chariots roulait seul en tête, suivi des marchands et de neuf des mercenaires. Le deuxième véhicule fermait la marche, accompagné par deux des roublards. Le danger semblait éloigné, aussi se détendaient-ils. A l’inverse des deux derniers membres de leur troupe.
Le premier était un jeune homme, aux cheveux blonds et aux yeux illuminés. Il passait tout son temps à courir de l’avant à l’arrière de la caravane, sans jamais s’interrompre. Il semblait totalement inépuisable. Le second, plus calme, restait aux côtés du chef des marchands. Tous ceux qui avaient tenté de lui adresser la parole n’avaient reçu, en guise de réponse, qu’un hochement de tête évasif. Ses longs cheveux noirs lui tombaient sur les épaules, et il était plus grand que son compagnon hyperactif. Mais ce qui retenait l’attention, c’était ses yeux de couleur ivoire, qui scrutaient en permanence les abords de la route. Les deux hommes étaient habillés de la même façon : des pantalons larges de couleur beige, et des kimonos d’une propreté douteuse ; sur leur tête, un chapeau de paille plat pour se protéger des rigueurs du soleil.
- Faites accélérer les chevaux, ordonna le chef des marchands. Je veux que nous ayons passé ces montagnes avant ce soir ! Avec de la chance, on sera arrivés à la ville dans la nuit.
Sitôt dit, sitôt fait : le conducteur du chariot de tête fit claquer son fouet, et le cheval passa à un trot juste assez lent pour que les voyageurs à pied puissent le suivre en forçant un peu. Un des samouraïs sauta à l’arrière du véhicule, afin de protéger – dans la mesure du possible – le conducteur en cas d’attaque surprise. Les autres marcheurs pressèrent le pas, suivis du deuxième chariot.
Par chance, ils entraient dans une région où les routes étaient mieux entretenues ; il n’y avait pas de nids de poule, et aucun caillou ne dépassait traîtreusement pour faire déraper les chariots. Le crissement des roues sur les gravillons de la voie avait quelque chose de profondément agaçant, mais personne n’y prêtait attention. Tous les regards étaient pointés vers les montagnes qui se rapprochaient de plus en plus. La caravane atteignit un croisement, et s’engagea sans hésiter vers la droite. Le panneau indiquait la direction des montagnes, chemin le plus rapide vers la ville qui constituait la destination des marchands.
Rapidement, les chariots durent ralentir : la route commençait à devenir pentue, et il fallait malgré tout économiser les forces des chevaux. Le jeune homme blond avait cessé de courir partout, pour se placer à côté du deuxième véhicule. Il bavardait avec le conducteur. Son camarade aux yeux blancs, par contre, n’avait pas interrompu son activité de surveillance. Il devait redoubler de vigilance, car le bord droit de la route commençait à se border d’arbres, qui bientôt devinrent suffisamment nombreux pour constituer une forêt touffue. Or, tout le monde le sait, les forêts sont les endroits privilégiés des embuscades. Tout comme les corniches de montagne semblable à celle dont la caravane approchait, d’ailleurs.
Le premier chariot ralentit, et s’arrêta complètement lorsqu’il arriva au pied de la route de montagne qu’il allait emprunter. Ce n’était pas de son plein gré, toutefois : une solide palissade barrait le passage. En son milieu, il y avait une porte gardée par un soldat à l’air blasé. Il jeta un bref coup d’œil à la caravane avant d’user du sifflet de cuivre qu’il avait autour du coup. A ce signal, la porte s’ouvrit. Dès lors, le gardien se désintéressa totalement de la caravane, plus comme s’il s’agissait d’une coutume que par mépris. Les marchands, eux aussi, semblaient avoir l’habitude de ce petit rituel ; en effet, ils passèrent sans même regarder le garde, qui le leur rendit bien. Au passage, le samouraï sur le premier chariot descendit et rejoignit ses camarades. Les voyageurs s’engagèrent sur une corniche bien assez large pour les voitures, et qui en fait faisait office de route. En effet, emprunter les cols montagneux était plus long que de passer par ce chemin, et aussi plus dangereux : c’était un endroit rêvé pour une attaque surprise. Cette corniche était par endroits très escarpée, mais il était plus hasardeux d’y organiser une offensive. Les marchands voulaient jouer là-dessus, et ils pensaient que personne ne prendrait le risque de les assaillir sur cette voie.
Ils se trompaient, mais ne s’en doutaient pas le moins du monde. La petite troupe, dans un bruit de roues et de renâclements chevalins, s’engagea sur la corniche en produisant force poussière.
Un paysage somptueux, constitué de gigantesques montagnes, s’offrit à leurs regards. Les formations rocheuses millénaires s’arrondissaient sous les effets du temps : leurs sommets ressemblaient davantage à des bosses qu’à des pointes de lances. Leurs flancs escarpés étaient creusés de tunnels et de sentiers, œuvres de leur âge et des hommes ; de loin en loin, la présence de ces derniers se signalait par des panaches de fumée montrant l’existence de villages des robustes chasseurs et éleveurs de ces régions extrêmes. Mais on aurait tout aussi croire qu’il s’agissait des signes du ronflement d’un dragon monstrueux. La neige au couronnement des mastodontes de pierre brillait au soleil comme du cristal. Et leurs ombres titanesques dévoraient les vallées comme des carnivores voraces. Mais personne ne fut sensible à ce spectacle digne des plus grands tableaux de maître.
L’homme aux yeux blancs continuait de scruter le côté droit de la route : c’était de ce côté que l’abîme se creusait, tandis que sur la gauche il ne se tenait que la paroi immuable de la montagne. De plus, les arbres, sans trop qu’on sache pourquoi, poussaient toujours en grand nombre sur la pente, ce qui camouflait entièrement la vallée en contrebas. Une armée en campagne aurait pu s’y rassembler, qu’on ne l’aurait pas vue depuis cette route.
De son côté, le chef des marchands, un homme vieillissant avec un ventre en expansion, sentit la tension qui emplissait cet étrange personnage aux yeux d’ivoire. Il fit un léger signe, et ses mercenaires posèrent la main sur leurs armes. Un seul signe de danger et une douzaine de grands katanas jailliraient de leurs fourreaux, prêts à tailler n’importe quoi – ou qui - en pièces. De même, les commerçants imitèrent de façon pataude leurs escorteurs, espérant d’avoir l’air un peu effrayant. Par contre, les deux hommes aux chapeaux de paille restèrent tout à fait stoïques. Ils poursuivirent leurs activités sans paraître remarquer la soudaine agitation qui emplissait la caravane.
Il y eut un sifflement, un bruit mat, puis le conducteur du chariot de tête s’endormit, s’affaissant sur son flanc droit. Personne ne lui en tint compte : en effet, il avait dirigé ce véhicule depuis l’aube sans aucune pause, il méritait un peu de repos. Surtout que la route n’avait rien de dangereux et que le cheval connaissait son boulot. Si la route devenait plus délicate à négocier, on réveillerait le conducteur ; mais pour l’instant, c’était inutile. Qu’il se repose, pensaient les marchands. Mieux valait qu’il soit frais et dispos pour négocier les passages dangereux de la voie. Personne ne modifia son allure, ni ce qu’il était en train de faire : les mercenaires à rêver de leur solde, les commerçants à imaginer des tours pour rouler leurs clients, l’homme blond à discuter avec le conducteur du second chariot, et celui aux yeux blancs à surveiller la forêt. Et pendant un long moment, le train de la caravane fut le même. Mais tout a une fin. Un virage serré se présenta, et le chef des marchands ordonna à un des samouraïs, un trentenaire filiforme armé d’un immense katana, d’aller réveiller le conducteur du premier chariot.
Le mercenaire n’aimait guère entendre ce vieillard lui donner des ordres sur ce ton autoritaire, mais après tout c’était lui qui payait. Il dépassa le véhicule et régla son pas sur celui du cheval une fois à la hauteur du conducteur. Il observa un moment avant de le réveiller celui qui mènerait les marchandises jusqu’à la ville : il avait un visage rude, des cheveux gris, un kunaï dans la tempe droite et…
Une minute. Un kunaï dans la tempe droite ?
Eh bien oui ; et aussi, à bien y regarder, une large tâche de sang qui coagulait entre les mèches de cheveux. Le samouraï était encore occupé à assimiler le fait que le conducteur était endormi à tout jamais qu’un cri retentit depuis l’arrière du convoi, suivi de nombreux autres. Il regarda derrière lui et se retrouva face à un étrange spectacle.
Les mains du chef des marchands tâtonnaient sa gorge transpercée d’un autre dard métallique. Il gargouillait pitoyablement, tandis que son oesophage se remplissait de bulles de sang. Tombant à genoux, ses yeux se ternirent progressivement avant de s’éteindre comme on souffle une bougie. Il s’écroula face contre terre et ne bougea plus. Si par miracle il n’avait pas succombé à sa blessure, il se serait noyé dans la flaque de son propre fluide corporel qui s’agrandissait sous son visage blêmi.
Les autres voyageurs mirent encore quelques secondes à réagir à ces deux morts. Puis, enfin, les mercenaires tirèrent leurs sabres en hurlant tous en même temps de se mettre à couvert ; de leur côté, l’homme blond et son compagnon aux yeux blancs rejetèrent leurs chapeaux, révélant leurs fronts protégés par des bandeaux bleus sur lesquels étaient cousus de petites plaques brillantes et gravées. Ils se mirent en garde, mains jointes, dos à dos. Quant aux marchands, cinq se jetèrent par terre, avant de ramper comme des animaux jusqu’en dessous des chariots. Les autres restèrent plantés où ils étaient, sans réaction. Enfin, le conducteur du second véhicule se recroquevilla sur son siège, espérant ne pas attirer l’attention.
- Regardez !
Tous les regards suivirent le doigt tendu du mercenaire qui venait de hurler. Et rapidement, des exclamations de surprises retentirent d’un bout à l’autre de la caravane.
Un homme descendait sur les marchands, volant dans les airs grâce à la paire d’ailes noires qu’il avait dans le dos. Vêtu entièrement de noir, il cachait son visage avec une cagoule dont les orifices prévus pour les yeux étaient protégés par des verres fumés. Chacune de ses mains était porteuse de kunaïs. Entamant un superbe piqué, l’homme volant projeta ses armes sur les caravaniers tout en descendant vers le deuxième chariot. Plongeant en repliant ses ailes, il pointa sa main droite en avant, doigts ouverts. Les marchands ayant plongé sur le sol pour éviter les projectiles, seuls les vrais guerriers de la troupe virent la cause de l’abominable craquement qui brisa l’air ambiant.
L’étrange agresseur avait fondu sur le conducteur du deuxième chariot et, de sa main tendue, lui avait fracassé le cou contre son véhicule. Le malheureux voyageur, une fois libéré de la poigne de son assaillant, bascula sur la route, tête la première. Si la destruction de ses cervicales n’avait pas suffi à lui faire rendre l’âme, la chute qui eut raison de son crâne aurait terminé le travail. Horrifiés, les marchands retournèrent sous les chariots, priant pour que cet homme au visage caché les épargne. Les mercenaires restèrent où ils étaient, brandissant leurs sabres mais n’osant s’attaquer à un adversaire par trop supérieur à eux.
De leur côté, les deux hommes aux bandeaux délièrent leurs mains et tirèrent de leurs poches des shurikens, qu’ils projetèrent sur le premier ennemi qui se mit à bouger les mains de façon bizarre, comme s’il employait le langage des sourds-muets. Les étoiles de lancer partirent en sifflant, avant d’être brutalement déviées de leur trajectoire par une bourrasque de vent, alors qu’un instant plus tôt, il n’y avait même pas un souffle d’air pour faire bouger une feuille d’arbuste.
De nouveau, des kunaïs fendirent l’air, et le samouraï resté près du chariot de tête s’écroula, la colonne vertébrale lardée d’armes de jet. Et de nouveau, des cris de terreur se mirent à résonner dans la montagne.
Une demi-douzaine de guerriers vêtus de noirs, avec leurs visages masqués à l’image de l’homme volant, descendaient la paroi rocheuse, apparemment sans le moindre équipement ; ils semblaient en fait ne même pas avoir à s’accrocher, comme s’ils étaient collés naturellement à la montagne.
Des arbres jaillirent d’autres brigands, eux aussi une demi-douzaine, et habillés comme leurs compagnons faisant de l’escalade. Si un seul des voyageurs avaient eu des doutes sur les capacités surhumaines des assaillants, il n’avait plus qu’à regarder les bonds prodigieux qu’effectuaient les nouveaux arrivants pour être convaincus qu’ils n’étaient pas des hommes comme les autres.
L’homme aux yeux blancs paraissant occupé à scruter les alentours, ses yeux entourés de nervures étranges, son compagnon aux cheveux blonds prit les choses en main :
- Regroupez vous autour des chariots ! Ne vous éloignez surtout pas de la caravane, sinon vous êtes morts !
Puis il s’élança sur le guerrier ailé, qui se contenta de hausser les épaules avant de décoller puissamment ; il plongea sur son assaillant tout en agitant de nouveau les doigts.
Pendant ce temps, les mercenaires choisirent au départ d’obéir aux ordres du blondinet. Mais lorsque leurs adversaires arrivèrent tous en même temps autour d’eux, ils perdirent la tête et chargèrent en hurlant dans toutes les directions. Ils purent remarquer que les brigands portaient eux aussi, sur le front ou autour du cou, des bandeaux semblables à ceux de l’homme aux yeux blancs et du blond ; à ceci près que les leurs n’étaient pas gravés artistiquement, mais rayés sans la moindre finesse dans le geste.
Un premier mercenaire parut avoir de la chance ; il s’éloigna du chariot de tête en hurlant comme un fou, pour s’attaquer à un brigand qui se trouvait entre les deux véhicules, paré à frapper par derrière un des marchands qui était resté paralysé de terreur. D’un large revers de katana, il ouvrit le dos de son ennemi de l’épaule droite à la hanche gauche. Le cadavre fut projeté en avant, puis il disparut dans un nuage de fumée. A sa place se tenait un bête morceau de bois, fendu de part en part. Le mercenaire n’eût pas le temps de comprendre qu’il s’était fait avoir et que, finalement, il n’avait pas eu la moindre chance : il se fit soudainement ceinturé par un bras puissant, tandis qu’un poignard aiguisé lui tranchait la gorge d’une oreille à l’autre. Son corps n’avait même pas encore touché le sol que le meurtrier s’élançait déjà vers le marchand, qui décidément semblait s’être changé en statue.
Les autres combattants de fortune eurent à peine moins de chance ; la première salve de kunaïs et shurikens des assaillants n’avait guère occasionné de dégâts, mais il ne s’agissait que d’un galop d’essai. Un des hommes cagoulé, posté près du chariot de tête, imita le guerrier volant en déplaçant à son tour ses doigts à toute vitesse. Sous la rayure de son bandeau, on distinguait difficilement quatre traits parallèles.
Un nuage apparut juste devant le bandit, et des centaines de gouttes de pluie en jaillirent pour arriver dans la figure de trois des mercenaires qui se mirent à hurler de douleur. Les petites gouttelettes paraissaient sortir tout juste d’une bouilloire au stade final avant ébullition. Passant leurs mains sur leurs visages rougis par la chaleur, les malheureux défenseurs du chariot se mirent à courir, qui vers le bord de la corniche, qui vers le second chariot, qui encore droit sur l’instigateur de ces gouttes brûlantes. Inutile de préciser que les trois blessés furent rapidement achevés à grands coups de kunaïs par leurs assaillants.
De son côté, le brigand ailé avait décollé tandis que son ennemi blond s’était retrouvé projeté à terre sous l’effet d’une autre bourrasque. Il survola la corniche où gisaient déjà les corps de cinq marchands, puis l’homme aux yeux blancs, occupé à regarder venir un des coupe-jarrets lui arriver dessus. N’y prêtant aucune attention, il poursuivit son vol vers le premier chariot, sous lequel se dissimulaient trois samouraïs et un marchand, tout en agitant de nouveau les mains. Un des samouraïs qui se cachait dessous sentit le danger venir ; il sortit de sa cachette en rampant, se dirigeant vers le cheval fou de terreur avec l’intention manifeste de l’utiliser pour s’enfuir de ce lieu de carnage. Un de ses camarades, plus brave mais plus stupide, grimpa sur le chariot et empoigna une arbalète qui se trouvait cachée dans le chargement. La chargeant, il hurla à l’agresseur volant :
- Approche, enfoiré ! Allez, viens te battre, si t’en as le cran !
Il pointa son arme et s’apprêta à tirer dès que son ennemi serait assez proche pour être atteint à coup sûr.
Un instant plus tard, le vent se leva. Fort.
Le chariot fut littéralement projeté cul par-dessus tête, cheval, chargement et arbalétrier compris. Dans un hurlement et un hennissement de terreur à dresser les cheveux sur la tête, tout le véhicule, son gardien et son moyen de traction décollèrent et entamèrent une grande plongée vers le bas de la corniche. Les marchandises partirent dans la chute et se dispersèrent en tous sens, comme des flocons de neige un peu gros. Battant des bras, le mercenaire cria jusqu’au sol. Quant au cheval, il était entraîné par le chariot et poussa des cris aigus qui semblaient presque humains aux marchands. Le samouraï qui avait tenté de le détacher avant de l’enfourcher pour s’enfuir suivit le tout des yeux, et même après que le chariot, le cheval et son camarade ne soient mêlés dans une purée immonde sur le sol de la vallée ; et avant de comprendre, l’homme ailé l’envoyait d’une poussée les rejoindre.
L’étrange guerrier volant se retourna et resta ensuite en vol stationnaire pour faire le point de la situation.
Son ex-futur adversaire, le blond, était actuellement aux prises avec trois de ses hommes. Il estima donc être débarrassé de lui un moment. Les derniers marchands étaient paralysés de terreur à sa vue, et les mercenaires rescapés se battaient à un contre deux contre les brigands vêtus de noir. Le seul voyageur potentiellement dangereux était donc ce type aux yeux blancs, encore occupé à repousser à grands coups de kunaïs son propre ennemi cagoulé. Il serait donc son prochain adversaire à abattre. Il plongea, quand le blond repoussa assez ses adversaires directs pour à son tour bouger les mains de cette façon qui intriguait tant les personnes normales.
Des dizaines de petites pierres se mirent à léviter autour de lui, comme un noyé flotte entre deux eaux avant de sombrer définitivement. Les combats s’interrompirent tous tandis que les voyageurs comme les brigands tournaient la tête pour observer le phénomène. Le jeune guerrier leva les bras avant de les pointer droit sur le volatile. Les pierres foncèrent sur lui comme la grêle. Un assaillant, dont le bandeau était gravé d’un petit sablier rayé sauvagement, anima à son tour les doigts ; une muraille de sable s’interposa devant la caillasse. Mais ce ne fut guère concluant : la majorité des roches passa à travers la matière jaune et friable, droit sur le guerrier volant.
Sous sa cagoule, ce dernier soupira. Une fois de plus, il devait tout faire. Ses mains s’agitèrent, et une nouvelle bourrasque de vent se mit à souffler, au moins aussi forte que celle qui avait expédié le premier chariot dans le précipice. Le résultat fut concluant : les deux personnes qui se cachaient auparavant derrière le véhicule de tête reçurent les pierres en plein dans la tête et la poitrine. Crânes et cages thoraciques défoncés, ils s’écrasèrent contre la paroi montagneuse, pleins de sang et aussi morts que leurs compagnons au fond de la vallée. Ricanant, le meurtrier reprit sa descente vers l’homme aux yeux blancs qui avait repoussé son assaillant, sous le regard médusé du lanceur de cailloux.
A ce moment, un autre bandit eut la même idée que son chef volant et s’élança le premier contre l’étrange combattant. Il brandit son poignard, bondit, puis atterrit juste devant celui qu’il croyait être sa nouvelle victime. Mais il tomba sur un os, et un gros.
La paume de l’homme aux yeux blancs le frappa en plein sur le cœur. Les yeux parurent lui sortir de la tête ; il vacilla et tomba mort sur le flanc, sans qu’il ait le moindre stigmate. A cette vue, l’homme volant remonta le plus vite possible en altitude, pour ne surtout pas être atteint par ce type. Il se savait fort, mais face à un adversaire qui pouvait le tuer d’un simple contact, il refusait catégoriquement de se battre. On peut être bandit sans se lancer pour autant dans une attaque suicide. Et pour prévenir les risques, il manipula de nouveau ses mains pour projeter vers les marchands rescapés une puissante bourrasque ; juste après le vent levé, il tira une dizaine de kunaïs et les envoya dans les mouvements d’air. Deux samouraïs s’interposèrent, pour leur malheur. Les lames leur frappèrent les bras, le torse et le visage. En un instant, ils se retrouvaient à genoux, hurlant et étreignant leurs blessures, avant que leur agresseur ne les achève, au shuriken cette fois-ci.
Les commerçants horrifiés tournèrent les talons et se mirent à courir vers la palissade qu’ils avaient dépassée depuis une bonne demi-heure. N’importe qui dans un état normal aurait su que ce n’était qu’une chimère : la distance était bien trop importante et de toute manière, les quelques gardes n’auraient pu que s’ajouter à la liste des victimes. Mais lorsque l’on est terrorisé, on oublie toutes ces évidences et on court vers ce qui semble être d’une aide quelconque. Or les marchands étaient plus terrorisés que jamais dans leur existence par cet homme volant, qui massacrait leurs compagnons et leurs gardes du corps sans la moindre difficulté. Aussi couraient-ils sans s’arrêter vers cette palissade, le seul véritable symbole de survivance qu’ils aient jamais connu.
Toutefois c’était un espoir futile. Un des bandits qui venait d’achever un autre mercenaire décida de se détendre sur ces cibles faciles. Quatre shurikens sonnèrent le glas des marchands, qui griffèrent d’abord leurs dos meurtris, puis le vide comme s’ils voulaient s’y accrocher, avant de finalement expirer sur la route. Ricanant, le tueur observa ses cibles tomber, avant de brutalement sentir d’abord un coup dans le dos, puis une douleur insoutenable dans la poitrine. Son cœur cessa brutalement de battre, et il s’effondra à son tour.
Le guerrier aux yeux blancs attendit qu’il s’effondre avant de détendre son bras. Il tourna son regard vers les restes de la caravane, et comprit rapidement que tout était perdu : tous les marchands étaient morts, et bientôt les mercenaires seraient dans le même cas. Il ne resterait alors que lui et son compagnon aux cheveux blancs. Soupirant, il comprit ce qu’il restait à faire. Sa mission avait échouée, aussi il connaissait le seul moyen de restaurer son honneur et celui de sa famille. Il prit un kunaï, rassembla toutes ses forces et hurla à son compagnon, tandis que le dernier mercenaire succombait :
- Va prévenir le maître Hokage ! Je me charge de les retenir !
Son compagnon le regarda avec un regard horrifié, mais celui qu’il reçut en réponse suffit à le convaincre. Il bondit vers la forêt, quand un kunaï l’atteignit au flanc. Criant de douleur, il poursuivit néanmoins sa route. Mourir ici serait une insulte à son compagnon. Il disparut dans les bois, poursuivit par le guerrier volant.
De son côté, l’homme aux yeux blancs compta ses adversaires. Dix. Il n’avait aucune chance face à une telle masse. Tout au plus pourrait-il en emporter le plus possible dans la tombe avec lui. Sa mort lui apparut, mais il n’en eut pas peur. Au contraire, elle balaya les derniers traces de doute de son esprit. Avec elle au côté, il mit son kunaï dans sa bouche et chargea.
*
Il était étonnant qu’une forêt aussi touffue puisse pousser au flanc d’une telle montagne. Le sol était friable, plus proche du sable que de la terre ; les racines des arbres étaient autant à l’air libre qu’enfouies dans les entrailles du monde ; à chaque pas, des petits cailloux roulaient sous les sandales, parfois si nombreux que l’on pouvait craindre que toute la montagne s’effondre. Et pourtant, les conifères d’altitude, principalement des sapins, poussaient sur ces pentes abruptes, si nombreux que leurs branches s’entremêlaient aussi sûrement qu’un calmar enserre sa proie entre ses tentacules. Certains des arbres étaient si étroitement liés les uns aux autres que si un bûcheron s’avisait d’en abattre un, les autres ploieraient jusqu’à ce que toutes les branches soient soupées. La frondaison, en particulier, était une véritable muraille d’épines et de brindilles pointues. Aussi le blond devait-il bondir dans les branchages bas, semant derrière lui des gouttelettes de sang qui s’échappaient de son côté meurtri par le kunaï. Toutefois il ne s’arrêtait même pas pour retirer l’arme. Le moindre arrêt avec ce type ailé à ses trousses pouvait être tout simplement fatal. Aussi, loin de ralentir, il ne cessait d’accélérer dans ses bonds. Peut-être alla-t-il même trop loin, car une branche céda brutalement sous son pied. Déséquilibré, il bascula en avant, et regarda le sol distant d’une dizaine de mètres se rapprocher inexorablement tandis qu’il chutait. Priant pour ne rien se casser, il se prépara à se recevoir.
L’atterrissage fut malheureusement rude, trop pour sa cheville : il la sentit se fouler tandis qu’il roulait contre le sol, se recouvrant de saleté et écorchant ses bras, ses mains et ses jambes. Ses prières n’avaient pas été entendues. Il cessa de dévaler la pente au bout d’une minute, et il essaya immédiatement de se remettre sur pied. Un cri de douleur jaillit de sa gorge tandis qu’il tentait de retrouver l’équilibre. S’appuyant contre un arbre, il fit le point.
Il était le seul rescapé de la caravane ; inutile de se raconter des histoires, son camarade aux yeux blancs était sûrement mort à l’heure qu’il était. Sa mission avait échouée : les marchands n’arriveraient jamais à la ville pour leur foire. Il s’était perdu ; en effet, la forêt lui était entièrement étrangère. Et pour finir, il avait une cheville foulée, sans compter qu’il n’avait qu’un simple kunaï, celui qu’il se força à retirer de son flanc, pour se défendre en cas d’attaque.
C’est ce qu’on appelle, en temps normal – c’est-à-dire sans ennemi assoiffé de votre sang à vos trousses, une situation désespérée. Mais quand en plus des bandits se mettent de la partie, c’est une totale bérézina. Le seul espoir du fuyard blond était de mourir en se rompant le cou plutôt qu’avec une lame dans le ventre. En boitillant, il commença à descendre la pente, espérant atteindre un des cols de la montagne. Avec un peu de chance, il parviendrait à éviter les autres brigands qui l’attendaient sûrement à destination, et arriverait à sa destination. Bien sûr, les chances d’y parvenir étaient aussi infimes que celle d’une guêpe emmenée dans une fourmilière de s’en sortir vivante, sans même un bout de patte en moins. Mais il fallait essayer. Histoire de mourir en ayant l’impression d’avoir tenté quelque chose. Il poursuivit sa descente, prudent, en s’appuyant à tous les troncs d’arbres pour épargner sa cheville. Son train était lent, mais il pouvait parvenir à quelque chose. Toutefois, les battements d’ailes au-dessus des arbres lui rappelaient que son adversaire était toujours là, et décidé à avoir sa peau.
Pendant des heures, il continua ainsi, clopinant lamentablement, plus lent qu’un vieillard atteint de rhumatismes. Bien qu’il ait bandé son flanc blessé, la douleur de sa cheville malmenée par la marche, et ce malgré ses efforts pour la ménager, était devenue insupportable. Des points de toutes les couleurs apparaissaient dans son champ de vision, et plus rien n’existait pour lui, exceptés sa cheville et son objectif. La nuit était tombée lorsqu’il décida de finalement s’accorder une pause. Il s’affala au pied d’un grand sapin, le visage poisseux de transpiration et les yeux ternis par la fatigue et la douleur ; son pied semblait avoir doublé de volume. Le jeune homme blond regarda les environs d’un regard empli de lassitude, témoin pas tout à fait seul du spectacle de la forêt en pleine nuit.
Les arbres dissimulés dans l’obscurité devenaient des gardiens silencieux de secrets à ne découvrir sous aucun prétexte. Ils observaient le blessé dans un mutisme empli de solennité, comme s’ils lui accordaient l’hospitalité, mais à regret et avec méfiance. Le sol était moins pentu qu’au départ, et plus solide : de friable, il était devenu aussi solide qu’une muraille de château. Par contre, il était jonché de brindilles fendues, qui transpiraient de sève. Les sapins exhalaient une odeur douce mais en même temps piquante et revigorante. Leurs racines n’émergeaient plus de la terre comme des doigts griffus, mais les épines répandues en tous sens, éclairées par la diffuse lumière de la lune à travers l’épais toit des frondaisons, semblaient bouger du fait des jeux de lumière dus au vent. Le fuyard, en observant le paysage, remarqua que la forêt s’éclaircissait ; il en déduisit que le col se rapprochait. Réjoui, car désormais un peu plus confiant dans ses chances de réussite, il se remit debout lorsqu’il remarqua quelqu’un dans les branchages d’un autre sapin, à une vingtaine de mètres du sol.
Un jeune garçon, aux cheveux bruns, avec un visage fin et une expression triste.
Le fuyard le regarda un long moment. Dans le silence complet de la forêt, totalement irréel car anormal, après une bataille sanglante et une marche à la durée indéterminée, cette rencontre était tout bonnement impossible. Un garçon et un guerrier blessé, face à face, dans un bois de montagne, sous la lune. Il n’y avait qu’eux. Enfin, presque.
Trois kunaïs jaillirent des branches, derrière le blond qui ne bougea pas, et s’enfoncèrent dans son dos avec une précision mortelle.
Le fuyard, mort instantanément, tomba face contre terre. Il ne bougeait plus. Le ninja ailé se posa à côté de lui pour vérifier qu’il était bien trépassé, puis décolla dans les arbres, comme un hibou gigantesque.
Le garçon le suivit en silence. Et il ne resta plus que le corps, allongé sur un sol jonché d’épines de sapin, sous les yeux immobiles des arbres et de la lune.
Et hop, premier chapitre. Les coms, c'est http://forum.captainaruto.com/viewtopic.php?p=546858#546858/[/url] _________________ "Un garçon sanglant" au rayon Fanfics
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Nutsame Haruyana Civil

Inscrit le: 20 Juil 2008 Messages: 23 Localisation: Dans ses pensées mélancoliques...
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Posté le: Sam 06 Sep 2008, 12:22 am Sujet du message: |
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Voici le second chapitre (quelle originalité, Naruto Hokage !)... Je précise que des personnages inventés vont apparaître en bon nombre. Il est aussi assez court, désolé.
Chapitre 2
A bien des égards, la fonction d’Hokage comporte de nombreux avantages. Vous êtes le ninja le plus respecté de votre village caché de Konoha, et tous les habitants vous obéissent au pied de la lettre. Le reste du monde est bien plus respectueux à votre égard que lorsque vous n’occupiez qu’un rôle de Genin. Un claquement de doigt, et – presque – tous vos désirs sont satisfaits. Et vous pouvez avaler autant de ramen que la décence le permet, sans que quiconque ne s’avise de vous l’interdire.
Mais il y a malheureusement des circonstances où le titre d’Hokage est rempli de devoirs douloureux et d’annonces porteuses de deuil et de tristesse. C’était en ces moments là que Naruto Uzumaki se demandait s’il avait bien fait, en fin de compte, de devenir Ombre du Feu. Devant son bureau se tenait un chunin assez maigre, au visage osseux, son bandeau frontal autour du cou, et avec à la main un rapport fort peu joyeux. Deux ninjas de Konoha étaient tombés en mission six jours plus tôt, et parmi eux se trouvaient un de ses bons amis. Leurs corps avaient été retrouvés avec ceux de tous les occupants de la caravane qu’ils escortaient. Et c’était lui qui leur avait confié le travail qui leur avait coûté la vie. Dans ces instants, il aurait largement préféré retourner à l’académie, à l’époque où il n’avait pas conscience du sacrifice ultime que font parfois les ninjas.
- Avec eux, ça fait sept de nos hommes à mourir sur cette route depuis les deux derniers mois, maître Hokage, fit le porteur de message.
Naruto, bien sûr, le savait déjà ; il avait reçu chacun des rapports annonçant leur mort. C’était là ce qui parfois, le répugnait dans sa fonction : chaque fois qu’un ninja décédait en accomplissant son devoir, c’était lui qui recevait la nouvelle le premier. Même les proches des morts n’étaient pas avertis aussi vite. Il s’en chargeait, la plupart du temps, et à son grand dam.
- O.K, Manzo. O.K. Et du reste de la caravane, demanda-t-il sans le moindre espoir, pas de rescapés non plus ?
- Je crains que non, maître Hokage. Les déclarations des voyageurs qui les ont découvert et des gardes qui leur ont ouvert la porte son formels : ils y avait autant de corps que de voyageurs.
- M’en doutais. Merde, ça fait deux autres à mourir sur cette foutue corniche.
Se renfonçant dans son siège, Uzumaki pensa à ces deux autres. Le blond, qui lui avait toujours un peu ressemblé, était un gars sympa. Pas très expérimenté, mais toujours prêt à plaisanter et à détendre une atmosphère chargée. Celui aux yeux blancs… il préférait ne pas y penser. Il avait été un excellent ami, depuis un certain temps d’ailleurs. Et maintenant il revenait à Konoha dans un cercueil, avec les chairs picorées par les charognards. Rien que d’y penser, il en déprimait. Mais il devait se montrer capable de surmonter le chagrin pour réagir. Ces enfoirés de déserteurs reconvertis en brigands étaient une épine dans le pied de Konoha, et également responsables de nombreux meurtres. Il était temps que la punition tombe.
Le Hokage se renfrognait en réfléchissant à ce qu’il allait faire, tout en songeant à ce que son rôle signifiait. Il portait l’entière responsabilité de ce qu’il s’était passé. Certains lui auraient dit qu’il n’y était pour rien, qu’il ne devait endurer tout ce que Konoha subissait. Mais il était ainsi : après trois ans à diriger un village en guerre, il avait fini par tout porter sur ses épaules. Inutile de dire que les pertes subies durant les derniers temps du conflit avaient un peu entamées son caractère déjanté et explosif. Il avait enfin gagné un peu en maturité, sans pour autant résoudre ses problèmes de jeunesse ; excessivité, acharnement, sympathie, courage et volonté étaient toujours autant ses chevaux de bataille.
Ses principaux détracteurs disaient que ces traits de caractère ne correspondaient pas pour une fonction réclamant retenue et réflexion. Mais Naruto était parvenu à prouver qu’il était de la trempe d’un Hokage. Depuis trois ans, il l’avait prouvé en de si nombreuses occasions que personne ne voulait plus contester son autorité : ce garçon blond dissimulant un démon et toujours prêt à plonger dans la bagarre avait surmonté tous les obstacles pour concrétiser son rêve, et en être digne. Bilan, il était planté derrière son bureau encombré de milliers de papiers dont moins de la moitié signifiaient quelque chose à son sujet – comment faisaient ses prédécesseurs, à la fin – à réfléchir à une opération punitive contre une bande de nukenins responsables du meurtre d’un de ses amis. Ecartant un petit cadre qui contenait une photo cachée aux yeux des visiteurs, car tournée vers lui, il prit le rapport qui couronnait le sommet d’une des piles, le retourna et commença à griffonner quelque chose dessus.
- Je pense que nous devrions envoyer une équipe d’ANBU les affronter, fit Manzo. Si vous le désirez, je vais demander à maître Kakashi d’envoyer…
- Inutile, coupa Naruto.
Il acheva d’écrire ses pattes de mouches qui lui avaient attiré les quolibets de ses camarades à l’académie et ceux de son ancien maître, l’ermite pervers… Manzo se contenta de déposer le rapport sur une des piles, heureux d’en débarrasser ses mains, et attendit. Naruto lui tendit le papier, et le chunin lut les noms écrits par l’Hokage.
- Convoque-moi les quatre dont les noms sont écrits. Dis-leur que leurs équipes seront de la partie.
Les yeux de Manzo s’écarquillèrent de surprise lorsqu’il remarqua le deuxième nom. Il demanda en s’efforçant de garder sa voix stable :
- Maître Hokage… vous en êtes sûr ?
- Oui.
- Même…
- Oui. Même lui.
Le chunin comprit que le ton était sans réplique, aussi s’inclina-t-il avant de quitter la pièce, tandis que Naruto attrapait un autre dossier d’une des piles avant de commencer à le compulser en songeant à tout ce qu’on ne précisait pas dans la fonction d’Hokage.
En parcourant les caractères qui lui paraissaient être tous les mêmes, il essaya en vain de saisir exactement de quoi il s’agissait. Sans comprendre pourquoi, certains mots avaient un impact plus fort dans son esprit que d’autre ; il n’y avait aucune explication à cela, il était juste dans l’état typique de celui qui essaie désespérément de se concentrer sur quelque chose qu’il ne veut pas comprendre, parce qu’il a d’autres choses en tête. Naruto finit par secouer la tête après avoir lu quatre fois le même mot, et se releva de son siège avant de se diriger vers la fenêtre.
Le septième Hokage observa un instant le village caché de Konoha qui s’étendait sous ses yeux. Depuis qu’il était en âge de se souvenir de quelque chose, il n’avait pas changé, ou presque. La guerre contre Kiri, Kumo et Iwa avait laissé des traces encore fraîches. En regardant les maisons de la grand-rue émergeant du bâtiment où il exerçait, il pouvait voir les toits arrachés, les murs lézardés et les indélébiles traces de sang sur les briques, dernier signe du sacrifice de ninjas ayant donné leur vie pour leur pays. Et si Naruto avait dirigé son regard vers l’est – ou l’ouest d’ailleurs, il aurait vu les mêmes stigmates partout. Les combats étaient finis depuis quelques mois, toutefois ce qu’ils avaient laissé resterait longtemps après leur achèvement. Mais le maître Hokage le savait bien. Il avait vu ces marques s’installer.
Il appréciait parfois ces moments où il était seul dans son bureau. Naruto avait toujours su que le titre d’Hokage n’était pas fait que de franches rigolades avec ses amis. En fait, il ne pouvait pas les voir aussi souvent qu’il le voulait. Il ne partait plus en mission, pour commencer : en temps de guerre, il lui était arrivé de se montrer sur le champ de bataille mais maintenant, il se contentait de recevoir les demandes de mission avant de les distribuer, en songeant à ces adversaires qu’il n’affronterait jamais, à ces personnes qu’il ne pourrait pas escorter, et à ces lieux étranges qu’il ne visiterait qu’en rêve. Mais ce genre de pensées s’évanouissait en général dès qu’il repensait à ce qu’il faisait à la place : représenter le village, le protéger, concrétiser les espoirs de ses habitants et les servir jusqu’à sa mort. Avec un sourire en coin, il regagna son bureau.
Au même moment, on frappa à la porte. Manzo entra tout de suite et dit :
- Ils sont là, maître Hokage.
- Bien. Fais-les entrer.
Et voilà. _________________ "Un garçon sanglant" au rayon Fanfics
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Nutsame Haruyana Civil

Inscrit le: 20 Juil 2008 Messages: 23 Localisation: Dans ses pensées mélancoliques...
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Posté le: Dim 07 Sep 2008, 12:39 am Sujet du message: |
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Voici la suite de la fanfic. Pour les commentaires, c'est toujours ici: http://forum.captainaruto.com/viewtopic.php?p=546858#546858
Chapitre 3
Des bruits de ripaille rompaient le silence ordinaire du petit bois. Cachée dans l’abri fourni par les arbres, mais proche de la lisière, une petite troupe d’individus vêtus de noir faisait bombance à la lumière d’un puissant feu. Ils étaient une dizaine, tous de mines et de corpulences différentes, mais unis par les vêtements, les bandeaux qu’ils portaient et l’absence complète de bonne éducation. Dévorant des morceaux de viande rouge rôtie si salement qu’on aurait dit qu’ils participaient à un concours de laideur, ils s’invectivaient copieusement et réclamaient sans cesse d’autres denrées, comme du fromage ou du pain, sans oublier de copieuses rasades de saké qui les rendaient chaque fois plus rouges de teint. Seules deux personnes autour de ce feu de joie ne partageaient pas l’allégresse malsaine des pochards : un homme aux cheveux blancs tressés, et un jeune garçon à l’expression triste. Le premier ne mangeait rien, et le second se contentait d’avaler un morceau de viande de temps à autre, avec une lueur de regret dans ses yeux aussi bruns que sa chevelure négligée recouverte d’un bandana gris.
Si quelqu’un avait eu assez de témérité pour s’approcher de cette bande de personnages à l’air bien peu serviable, il aurait pu remarquer que leurs bandeaux étaient sertis de plaques métalliques rayées à l’arme blanche. Et il en aurait déduit que chacun de ces individus, excepté le plus jeune, était déserteur d’un quelconque village caché. Leur équipement permettait toutefois de le savoir : étuis à shurikens accrochés aux jambes, kunaïs passés dans les ceintures, sacoches contenant parchemins explosifs ; tout en eux trahissait leur existence passée. On pouvait remarquer qu’il y avait des tâches noires sur les arbres qui n’étaient pas les ombres du feu, mais des cagoules pourvues de verres fumés.
- Où on va, dit l’un des hommes la bouche pleine, maintenant qu’on a exploité cette caravane jusqu’à la moelle ?
Toute la nourriture qu’ils étaient occupés à ingurgiter provenait en effet de la caravane de commerçants qu’ils avaient attaqué sept jours auparavant. En fouillant sous les piles d’étoffes que contenaient les chariots, les déserteurs avaient découvert des tonneaux remplis de viande et d’alcool. Manifestement, les marchands se plaisaient à arrondir leurs fins de mois avec des marchandises plus aisément vendables que des vêtements…
- Loin, répondit celui qui ne mangeait rien d’un ton froid. Hors de ce pays. On doit se faire oublier quelques temps.
- Pourquoi qu’on devrait faire ça ? J’me plais bien ici, moi, lança un autre, dont le bandeau représentait quatre traits parallèles. Y’a plein de marchands et de belles donzelles à détrousser, poursuivit-il avec un rire gras repris par quelques-uns de ses camarades.
- D’accord avec toi, intervinrent deux ou trois des déserteurs qui avalaient difficilement leurs bouchées.
L’homme à la tresse foudroya du regard l’homme qui portait le bandeau aux quatre traits, et qui avait également une espèce de masque à gaz sur la bouche ; puis il reprit tandis que l’autre se ratatinait sur lui-même en toussotant :
- Je ne sais pas si certaines de vos cervelles de moineaux a enregistré le fait qu’on a tué quelques ninjas de Konoha ces derniers temps. Ils vont finir par se fâcher, et alors ce sera pas beau à voir, je vous le garantis. Il faut se tirer d’ici en vitesse. Dès la fin du repas, on dormira ; demain, on s’en va. D’ici là, je veux quatre guetteurs autour du camp. On est sûr de rien dans cette région.
Sur ces mots, il s’éloigna en direction des arbres.
Un silence de mort était tombé sur le camp des déserteurs. Les rires, les rots, les bruits de mastication, tout cela avait disparu dans l’oubli. Le feu continuait de brûler, mais sans chaleur ni lumière. L’appétit général s’était changé en brutale indigestion collective. Péniblement, quatre des pochards se mirent sur leurs pieds et se disparurent dans les broussailles, dans un rayon d’une dizaine de mètres autour du feu, l’esprit maintenant aussi attentif que possible aux sons étrangers. Les autres ne prirent pas la peine d’éteindre le feu : ils s’allongèrent derechef et sombrèrent dans un sommeil plus lourd qu’un membre du clan Akimichi en pleine crise de boulimie. Seul le garçon resta assis, prostré, à contempler le feu. Il était difficile de savoir s’il était endormi ou non, car ses yeux étaient fermés ; mais ce pouvait tout aussi bien pour les protéger de la lumière des flammes. Pendant un long moment, tout le camp resta immobile. Les déserteurs dormaient, le garçon ne bougeait pas, plongé dans une léthargie immuable.
Il se passa alors plusieurs choses en même temps.
L’homme à la chevelure blanche revint dans le camp. A la lumière du feu, on pouvait distinguer ses traits tirés et rudes, ses yeux verts et l’impression d’immense expérience qu’il dégageait. Autour du cou, il avait le bandeau frontal du village de Kaze no Kuni, représentant une tornade ; le métal luisait à la lumière du feu, lequel accentuait par ses jeux d’ombre la rayure qui avait brutalement recouvert la tornade. Le déserteur attrapa un morceau de viande oublié et pas trop plein de terre, puis se mit à manger.
Le garçon releva la tête, avec un air de profonde lassitude. Il était évident qu’il n’était pas là pour son bon plaisir.
Un des guetteurs se figea brusquement. Tous ses muscles se raidirent, tout en conservant un tremblement difficilement perceptible. Le déserteur semblait incapable de bouger, même s’il y avait mis toute sa volonté et sa force. Mais seul un autre guetteur le remarqua. Les deux autres regardaient obstinément devant eux, luttant pour ne pas s’endormir.
- Hé, fit le deuxième garde à son compagnon paralysé, ça va ?
La seule réponse fut un sifflement dans la respiration. L’homme à la tresse avait entendu la phrase, aussi jeta-t-il son morceau de viande pour commencer à réveiller les endormis. Le garçon se remit lentement sur pied et resta là à écouter.
Ce qu’il entendit n’était pas de bon augure : c’était le bruit sourd d’un corps s’effondrant lourdement au sol.
- Mais enfin, reprit le garde qui avait parlé, réponds ! Qu’est-ce qui se passe ?
Il finissait sa phrase, quand ce fut l’apocalypse.
Des quatre points cardinaux arrivèrent tous à la fois deux vrilles d’un diamètre équivalent à celui d’un des arbres séculaires de la forêt, un monstrueux boulet de catapulte roulant au sol et hérissé de pointes, une nuée d’éclairs à faire pâlir d’envie les plus puissants orages et une ombre noire menaçante qui s’avança comme un serpent en direction des déserteurs terrorisés. Si les trois premiers semblaient fort peu fins dans leur approche et détruisaient les arbres sans le moindre effort, projetant des débris de bois en tout sens, l’ombre progressait silencieusement… mais rapidement. Elle atteignit trois des nukenins qui se figèrent brutalement, à l’image de malheureux guetteur.
En même temps, les vrilles tournoyantes traversèrent le camp, creusant de profonds sillons destructeurs dans le sol, les arbres et deux des brigands. Le boulet déchiquetait ou écrasait tout ce qui se tenait sur son passage, y compris un déserteur. Quant aux éclairs, ils enflammèrent la frondaison et réduisirent en cendres les restes des couvertures et vivres de la bande, sans compter le brigand pris en leur sein et transformé en viande grillée.
Les trois déserteurs pris par l’ombre s’écroulèrent, comme s’ils avaient été étranglés, puis le carnage s’arrêta. Les rescapés, quatre sans compter le garçon, purent alors voir leurs agresseurs. De la part des gardes déployés autour du camp, aucun signe de vie. Ils étaient sûrement aussi morts que ceux qui gisaient aux alentours du feu.
A la place des vrilles étaient apparus un homme de belle taille, avec des cheveux bruns, des canines proéminentes, une lueur d’amusement dans le regard et un énorme chien blanc. Le boulet de catapulte s’était métamorphosé en un type très bien nourri, avec une crinière de cheveux roux et un plastron métallique. Derrière les éclairs se tenait un combattant avec une tignasse fauve qui lui tombait sur les épaules, des yeux bleus ; son sourire ironique laissait présager le pire pour ses adversaires. Enfin, des arbres arriva celui qui était à l’origine de cette ombre étrange : un bonhomme avec l’uniforme de Konoha, les cheveux noirs et un air totalement blasé. Le monde aurait pu s’écrouler autour de lui qu’il n’en aurait pas exprimé d’étonnement.
A l’image des déserteurs, la seule chose qui unissait cette bande de fous furieux était le bandeau qu’ils portaient au front, exception faite du blasé qui l’avait autour du bras gauche. Sur le métal de cet outil vestimentaire était gravé le même symbole, celui du village caché de Konoha.
- Je vous avais dit que ce serait pas beau à voir, se contenta de marmonner le déserteur aux cheveux blancs.
- Rendez-vous, les gars, lança le ninja au chien. Vous avez de la chance, on a ordre de ramener des prisonniers. Et laissez ce garçon tranquille, ajouta-t-il en remarquant ce dernier.
Les quelques déserteurs rescapés du carnage semblaient tout à fait ravis d’apprendre qu’ils disposaient d’un sursis. Ils survivraient au moins jusqu’à ce qu’ils soient rendus à leurs villages respectifs. Cet espoir en tête, ils s’apprêtaient à jeter leurs armes, quant leur chef à la tresse lança aux ninjas du pays du Feu :
- Allez vous faire foutre, les gars. Vous n’avez pas de chance, on n’a aucune envie de se faire embarquer. Et ce garçon est avec nous de son plein gré, alors il restera avec nous.
Sur ces mots, il effectua une série de signes trop rapidement pour être arrêté. Et une dizaine de tornades apparut autour du dernier carré de déserteurs, filant dans toutes les directions en projetant dans les airs force cailloux, débris de bois et armes perdues par les bandits morts. Les quatre ninjas de Konoha durent reculer ; et lorsque le vent finit par s’apaiser, leurs oiseaux qu’ils croyaient en cage s’étaient évaporés.
Le type à l’air blasé se fendit d’un « Fait chier » marmonné, puis ils disparurent à leur tour, à la poursuite de leurs proies.
*
Depuis quelques jours, il était beaucoup question de forêt pour Shikamaru Nara. Tout d’abord, il avait fait partie de l’expédition chargée de retrouver la caravane détruite ; or lui et ses compagnons de route avaient traversé la forêt qui bordait la corniche. Ensuite, il avait fallu fouiller la forêt en question pour retrouver le corps du deuxième ninja. Puis il avait été affecté à une mission de surveillance dès son retour… dans une forêt. Et maintenant il avait été expédié dans le bois qu’il parcourait présentement pour rattraper les responsables de l’embuscade contre la caravane. Donc il commençait à en avoir assez de parcourir toujours les mêmes endroits, à toujours chercher des points d’appui sur les branches pour continuer à bondir, à constamment se prendre des brindilles dans la figure. Ce qui expliquait qu’il aille trop vite pour le type gros, qui l’accompagnait : il voulait au plus vite capturer un de ces déserteurs pour rentrer au village, loin de toute forêt. Dans une ou deux semaines, il serait remis de son aversion passagère pour les bois, mais pour l’instant, il trouvait cela particulièrement chiant ; comme à peu près ce qu’il faisait, en fait.
Derrière, le solide Choji essayait de ne pas se faire distancer par son compagnon. Malgré les fréquentes privations dues à la guerre, il n’avait rien perdu de son embonpoint conséquent qui avait fait en partie sa réputation. Même s’il refusait de l’admettre, c’était l’une des raisons pour lesquelles il se faisait souvent écarter des missions où la discrétion était nécessaire : il faisait trop de bruit en se déplaçant et n’était pas assez rapide pour s’approcher brusquement d’un campement lors d’une attaque surprise. Mais le maître Hokage avait estimé qu’un peu de puissance brute ne serait pas de trop pour éliminer des nukenins ayant réussi à tuer deux ninjas de Konoha. Et il se retrouvait donc ici, à courser des déserteurs manifestement acharnés à garder leur peau en bon état. Le gros ninja pouvait les distinguer, les quatre fuyards accompagnés de cet étrange garçon ; ils allaient à un train d’enfer et si on ne les ralentissait pas, la manœuvre d’encerclement que préparaient les ninjas de Konoha échouerait. Il décida donc de ralentir le train.
- Shikamaru ! Je vais m’occuper de les ralentir !
Il prit appui sur une branche particulièrement élastique qui restait assez solide pour ne pas casser sous son poids, et usa en même temps de son chakra pour se propulser dans les airs, en direction du déserteur qui bondissait en tête. Lorsqu’il entama sa trajectoire parabolique parfaite, Choji savait qu’il atteindrait sa cible. Il usa alors de sa technique héréditaire.
- Le Boulet Humain !
Cette fois-ci, la ressemblance avec un boulet de catapulte fut encore plus frappante : une énorme sphère tournoyante qui plongeait à très grande vitesse sur le déserteur qui cavalait en tête. Ce dernier entendit un bruit derrière lui, aussi tourna-t-il le regard.
La dernière chose qu’il vit fut une monstrueuse boule de quelques centaines de kilos lui arriver dans le dos.
Traversant les branchages et s’écrasant sur le sol, Choji enfonça le corps brisé du nukenin à un ou deux mètres dans la terre. Le gros ninja sortit du cratère qu’il avait creusé et observa la situation.
Seuls deux déserteurs avaient continué leur route : celui aux cheveux blancs et un autre qui semblait appartenir jadis à Suna no Kuni. Le garçon les accompagnait. Quant au dernier, il observait atterré son camarade déjà enterré grâce au bon soin du représentant des Akimichi. Et avant de comprendre, il reçut un puissant éclair dans le dos qui le traversa de part en part, juste au niveau du cœur. Le guerrier de Konoha aux cheveux jaunes passa au-dessus de Choji en lui lançant un clin d’œil satisfait. Kiba et son chien le suivaient de près.
Avec un petit grommellement – son plan n’avait pas aussi bien marché que prévu – le gros ninja sauta dans les branches et suivit ses compagnons.
La course poursuite ne dura que quelques minutes de plus. Les déserteurs rescapés conservaient leur avance, mais n’en avaient pas assez pour poser des pièges à l’attention de leurs poursuivants ; aussi se contentaient-ils de continuer à foncer droit devant eux, priant pour que l’adversaire abandonne tôt ou tard. Et plutôt tôt que tard.
L’adversaire en question tentait en vain de grignoter quelques minutes sur ses proies, mais sans succès. Même Kiba, qui pourtant connaissait le terrain et constituait l’élément le plus rapide de la troupe, ne parvenait pas à se rapprocher des deux fuyards et du garçon qui suivait ces derniers obstinément. Les trois autres s’efforçaient de conserver les déserteurs dans leur champ de vision, ce qui n’était pas facile.
Les arbres commencèrent à s’éclaircir au fur et à mesure de la cavale, et aussi à gagner en prestance. On pouvait remarquer qu’ici, où la frondaison était moins épaisse, l’eau de pluie passait plus facilement jusqu’au sol : les arbres pouvaient donc pousser d’autant plus, car leurs racines étaient plus irriguées. Et leurs branches plus fortes supportaient mieux le poids des ninjas, même celui de Choji. Bilan, elles permettaient de prendre de meilleurs appuis et donc de sauter plus loin. Les déserteurs atteignirent vite une grande clairière, où ils s’arrêtèrent quelques instants, probablement pour se reposer. Mais les ninjas de Konoha furent trop rapides ; ils se déployèrent autour de la zone déboisée, et jaillirent en encerclant leurs objectifs.
On aurait pu croire qu’une météorite était tombée au cœur de la forêt, ravageant ce qui jadis était aussi plein d’arbres que le reste des bois. Le sol était poussiéreux, et un simple pas soulevait des nuages de terre fine comme du sable. Il n’y avait pas un brin d’herbe dans cette clairière, d’insecte pas davantage. La vie semblait avoir été bannie de cet endroit. Mais maintenant, il était évident que quelqu’un allait verser son sang ici. Les deux déserteurs, remarquant qu’ils étaient cernés, changèrent brutalement d’expression ; les ninjas de Konoha comprirent qu’ils n’allaient pas se laisser prendre sans combattre.
Ou fuir.
La tunique du nukenin aux cheveux blancs se mit à enfler brusquement. Son dos s’amplifiait et s’arrondissait, comme dans ces contes pour enfants où le méchant devient brutalement bossu. Un sourire de victoire décorait le visage de l’homme.
- Hé, fit Kiba, c’est quoi ce bordel ?
Le tissu fit entendre un craquement gémissant, puis la tunique tomba vers l’avant. Tout l’arrière avait été déchiré par la paire d’immenses ailes noires qui venaient d’apparaître dans le dos du déserteur. Les quatre guerriers du pays du Feu furent atterrés de voir l’homme commencer à s’élever du sol, tout en leur disant d’un ton narquois :
- A la revoyure, ninjas de Konoha.
Puis il s’envola brutalement, projetant un nuage de poussière. En une seconde et un puissant battement d’ailes, il était devenu aussi petit que la phalange de l’auriculaire. Encore une seconde et il avait disparu.
Le deuxième déserteur espéra profiter de l’hébétude générale pour mettre les voiles à son tour. Il ne volait pas, mais pouvait encore bondir assez loin pour être tranquille. Sans compter le fait qu’il espérait bien couvrir sa retraite. Il lia ses mains et s’apprêta à envoyer une technique quand il s’endormit. Le garçon, interloqué, chercha ce qui avait ainsi pu le projeter au pays des rêves. La réponse résidait en la personne du ninja aux éclairs. Il déliait ses propres mains, et lança :
- On en a au moins un. Epatant, le genjutsu, parfois.
- C’est pas totalement foiré, finalement, fit Shikamaru. Mais le plus costaud s’est tiré.
- Bah, on l’aura un jour, intervint Choji. Occupons nous de ramener celui là et le garçon à Naruto.
- S’il se laisse faire, acheva Kiba. Amène-toi, lança-t-il au jeune garçon.
Celui-ci n’avait pas bougé depuis le départ de l’homme ailé. Son expression était toujours figée en un ébahissement un peu stupide. Lorsqu’il entendit le ninja au chien, il observa les quatre guerriers qui avaient anéantis à eux seuls les uniques êtres humains avec qui il avait eu contact depuis… toujours, en fait. Et il ressentit une bizarre envie de partir avec eux. De découvrir autre chose qu’une vie où l’on se souvenait de sa présence que pour lui demander à boire, en attendant qu’il soit assez âgé pour participer à son tour aux activités criminelles de la bande. Le garçon dit, d’une voix dont il était parfaitement maître :
- J’arrive.
Les quatre ninjas parurent satisfaits. Celui aux cheveux jaunes attacha mains et jambes au déserteur endormi, tandis que le gros demandait au garçon :
- Tu t’appelles comment ?
La réponse déconcerta tout le monde.
- Je ne sais pas. _________________ "Un garçon sanglant" au rayon Fanfics
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Nutsame Haruyana Civil

Inscrit le: 20 Juil 2008 Messages: 23 Localisation: Dans ses pensées mélancoliques...
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Posté le: Dim 07 Sep 2008, 11:15 pm Sujet du message: |
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Chapitre 4
- Alors, gamin, c’est quoi ton nom ?
Il s’était écoulé moins de dix minutes depuis que le garçon avait avoué ne pas savoir son nom. Choji s’était chargé de prendre le déserteur endormi sur son épaule, et Kiba ouvrait la marche tandis que Shikamaru la fermait. C’était donc Kosesi qui s’adressait présentement au garçon qui connaissait les noms des ninjas par son intermédiaire ; le nommé Shikamaru avait estimé qu’il y aurait un temps pour les présentations plus tard dès que le garçon avait déclaré ignoré son patronyme. Et il était donc en route avec les hommes qui avaient massacré presque tous ceux qui avaient constitué sa seule « famille » depuis toujours, avec cet homme aux cheveux jaunes qui lui redemandait son nom.
- Je l’ai dit, je ne sais pas. Je sais juste que j’ai treize ans.
- C’est déjà ça, répondit l’autre d’un ton encourageant. Attends-moi une minute.
Il ralentit légèrement l’allure pour se retrouver à la hauteur du blasé Shikamaru. Le garçon le suivit du regard et remarqua qu’il discutait quelques minutes avec celui qui semblait être le chef de l’unité. Il ne pouvait pas entendre ce qu’ils disaient mais devinait la teneur de leurs propos : ce gamin se fiche de nous, il ne sait pas son nom, qu’est-ce que c’est que cette blague débile…
Problème : ce n’était pas une blague. Le garçon ignorait bel et bien son propre nom.
Kosesi le rejoignit, avec cette fois-ci un air sérieux ; la plaisanterie avait assez cessé.
- Quel est ton nom, alors ?
- Pour la troisième fois, je n’en sais rien.
- Ca a cessé d’être drôle et…
- C’est la vérité. Les déserteurs ne connaissaient pas mon nom. Ils m’appelaient « gamin », c’est tout. Et aucun d’eux n’était un de mes parents non plus. Je ne connais pas mon nom, conclut-il avec une voix presque navrée.
- Merde.
Le ninja aux cheveux jaunes avait perdu son expression d’assurance ironique pour prendre celle d’une perplexité de mauvais augure pour ses compagnons. Sélectionné pour la mission pour sa capacité à trouver des solutions aux problèmes les plus alambiqués – et d’autres raisons impliquant le maître Hokage, le voir déconcerté n’était pas normal. Le garçon n’en avait pas conscience ; il se concentrait sur ses bonds. Bien que n’ayant jamais quitté la bande de déserteurs, ces derniers l’avaient formé aux arts du ninja, dans le but affiché de faire de lui un de leurs complices dans l’avenir.
De son côté, Kosesi accéléra pour aller informer Choji et Kiba de la situation du garçon sans nom. Le premier fut davantage sensible à l’information que le second, qui se concentrait sur sa mission d’éclaireur. L’avis général fut d’attendre l’arrivée au campement provisoire qu’ils avaient établis, et de décider ensuite de ce qu’il convenait de faire.
Les cinq voyageurs, ainsi que le déserteur toujours endormi sur l’épaule de Choji, traversèrent la forêt rapidement. Ils repassèrent par le camp des nukenins, désormais morts. Le garçon n’accorda pas un regard aux corps étalés de ci, de là, figés éternellement dans une pose agonisante : cette vie était, espérait-il, derrière lui. Le déserteur volant avait disparu quelque part, grand bien lui fasse. Et l’endormi, s’il survivait à son futur interrogatoire, finirait dans une quelconque geôle avant longtemps. Les arbres commencèrent à se séparer les uns des autres, et ils sortirent de la forêt.
Au-delà et, semblait-il, à l’infini, s’étendait une immense plaine verdoyante, aux herbes hautes qui arrivaient jusqu’aux genoux du garçon. Dans le lointain horizon, on apercevait des collines fantomatiques et brunies, noyées dans des nuages de brouillard émergeants sans doute des marécages qui tachaient leur surface. Il soufflait une brise légère qui faisait bruisser les tiges vertes du sol comme un rideau devant une fenêtre ouverte. La lune pleine éclairait tout le paysage d’une lumière blanche diffuse, et les milliers d’étoiles dans le ciel donnaient à la voûte céleste une impression d’éternité : elles seraient toujours là dans des millénaires, après que le simple souvenir de l’existence des six êtres qui marchaient sous elles ait disparu à tout jamais.
Le garçon continuait de suivre les quatre ninjas qui, désormais, étaient un peu plus distants avec lui. Sans doute à cause du fait qu’il ne se souvenait pas de son maudit nom. Ce n’est pas ma faute, se dit-il pour refouler la brutale poussée de tristesse qui montait dans sa poitrine. Les déserteurs ne me l’ont jamais dit, peut-être même ne l’ont-ils jamais su, ou même s’en fichaient-ils, continuait-il de penser tout en approchant de la seule source de lumière à des kilomètres à la ronde : la lumière de plusieurs feux qui envoyaient dans les airs d’élégants panaches de fumée. Levant légèrement les sourcils de surprise, il suivit les quatre ninjas qui bondirent brutalement à plusieurs mètres de hauteur pour atterrir directement dans à côté des feux. Dans les airs, il fut en mesure de remarquer la présence de plusieurs tentes autour des sources de lumière, et aussi celle de plusieurs personnes de petites tailles accroupies, qui sautèrent brutalement sur leurs pieds, armes en main, lorsque le blasé atteignit le sol, suivi du gros et du ninja au chien. Le garçon arriva en même temps que l’homme aux cheveux jaunes, et se retrouva face à une situation un brin amusante.
Cinq enfants de son âge, deux filles et trois garçons, se tenaient autour d’un des deux feux de camp, avec des kunaïs dans la main. Leur expression déterminée n’était pas très assortie avec leurs bâillements et leurs yeux fatigués, cependant ils représentaient potentiellement un danger. Kosesi leur lança :
- C’est nous !
Quatre des enfants baissèrent leurs armes ; mais le cinquième, une fillette aux cheveux courts et roux, ainsi que des yeux verts, répondit :
- Qui ça, nous ? Identifiez-vous !
Kiba eut un rire, et son chien jappa joyeusement.
- Shikamaru Nara, Choji Inuzuka, Kosesi Tezake et moi-même, Kiba Inuzuka, junins du village caché de Konoha !
La fillette sourit, et rengaina son arme à son tour. Tout le monde se détendit, et tandis que Choji déposait le déserteur encore endormi dans une tente qu’il occupa ensuite, Kiba félicita la jeune fille qui, apparemment, était son élève. Shikamaru souhaita bonne nuit à ses compagnons, puis entra à son tour dans la tente de Choji, d’où émanaient déjà des ronflements sonores. Le ninja au chien leur déclara la même chose, avant de disparaître dans les herbes hautes, imité par Kosesi : ils allaient monter la garde. Le garçon se retrouva donc seul avec les autres enfants, qui ne le connaissaient pas et le contemplaient d’un air méfiant. Il les imita lorsqu’ils s’assirent de nouveau autour du feu. Pendant une minute ou deux, on n’entendit plus que le chant des cigales cachés dans la verdure.
Puis l’élève de Kiba demanda :
- Pourquoi on t’a pas attaché ? Tu étais avec les déserteurs, non ?
- C’est vrai, intervint un deuxième enfant, un garçon aux traits sérieux et à la tignasse bleu sombre. Et pourquoi tu n’as pas de bandeau frontal ?
Chaque chose en son temps, pensa le jeune garçon. Il commença par se tourner vers la fille :
- Oui, j’étais avec les déserteurs, mais je n’en suis pas un. Je ne sais même pas si je suis d’un village caché ou non. Et, ajouta-t-il avec un sourire, je ne pense pas représenter un grand danger pour quatre junins de Konoha expérimentés.
Les enfants se détendirent un peu, mais malgré tout demeuraient prudent ; le garçon pouvait noter qu’ils gardaient leurs mains près de leurs armes. Il essaya donc de détendre l’atmosphère comme il le pouvait :
- Hem… c’est comment le village de Konoha ?
- C’est le plus bel endroit du monde, fit un deuxième garçon dont les yeux étaient d’une étrange couleur grise. Et le maître Hokage est génial, poursuivit-il avec un sourire adorateur. Tu verras, il est vachement différent de…
- Hé, intervint le premier garçon.
- Ah, oui, désolé.
- Quoi, fit le rescapé des déserteurs ?
- Non, rien.
Les enfants se lancèrent alors sur une dithyrambe de leur village, mais le garçon sentait bien qu’on lui cachait quelque chose. Il chercha alors un moyen de revenir sur le sujet ; il était d’un caractère obstiné. Mais toutes ses chances disparurent lorsque la deuxième fillette qui avait une chevelure noire et longue lui demanda :
- Au fait, tu t’appelles comment ?
- Je ne sais pas, répondit l’autre sans réfléchir.
Le silence tomba brutalement. Les enfants l’observèrent d’un air soupçonneux, puis choisirent que le moment était venu de dormir. Après tout, leurs maîtres montaient la garde. En quelques instants, ils avaient regagné les tentes et s’étaient endormis.
Le garçon resta seul, peiné par ce brutal retournement de situation. Manifestement, ce n’était pas son appartenance à une bande de déserteurs qui avait éloigné les enfants, pourtant de son âge, de lui. C’était son absence de nom. Il s’angoissa soudain : et si ils étaient tous comme ça, dans le monde ? Si il ne retrouvait pas son nom, serait-il condamné à rester seul, à tout jamais ?
Le garçon aux yeux gris fit sortir sa tête de la tente, et murmura :
- T’inquiètes pas, tu le retrouveras ton nom. Moi, c’est Seheren.
Puis il fut de nouveau englouti par la tente.
Le garçon s’endormit, allongé dehors, au coin du feu, avec un sourire. Finalement, il ne resterait pas tout seul.
Perso je trouve celui-là moins bon, mais chacun son avis. _________________ "Un garçon sanglant" au rayon Fanfics
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Nutsame Haruyana Civil

Inscrit le: 20 Juil 2008 Messages: 23 Localisation: Dans ses pensées mélancoliques...
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Posté le: Jeu 11 Sep 2008, 11:19 pm Sujet du message: |
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Chapitre 5
Il était déjà tard lorsque Shikamaru s’éveilla. S’étirant, il se dit toutefois que ce n’était que justice. Le soir précédent, il avait patiemment attendu que tous leurs élèves soient endormis pour émerger du sommeil, imité par Choji. Ils s’étaient rendus dehors, sans réveiller personne, et il avait donné ordre à son compagnon Akimichi de partir pour Konoha avec le déserteur réveillé et de fort mauvaise humeur, accompagné par Kosesi. Les genins sous leur responsabilité les avaient suivis. Shikamaru s’était justifié en rappelant que leur mission ne souffrait aucun délai. Ensuite il avait repris son sommeil réparateur.
Le Nara enfila rapidement son uniforme, vérifia ses armes et sortit de la tente.
Comme il s’y attendait, le soleil était déjà haut dans le ciel. Pas un seul nuage à l’horizon, un léger vent frais qui ramenait la température à un niveau clément : en résumé, une journée qui s’annonçait idéale. Shikamaru embrassa du regard les feux désormais éteints, les autres tentes où dormaient ses propres élèves et ceux de Kiba, ce dernier profondément endormi dans l’herbe. Il allait s’avancer pour le réveiller lorsqu’il s’avisa de l’absence de quelque chose. Le garçon de la veille.
- Merde !
Il s’apprêta à se précipiter sur Kiba pour le remettre sur pied, à coups de pied si nécessaire, et l’emmener chercher le garçon, lorsqu’il entendit soudain une voix riante qui lui lançait :
- Bonjour !
Shikamaru fit volte-face et vit, au sommet de sa propre tente, le garçon qui l’observait avec un franc sourire sur le visage. Un instant, il faillit se laisser attendrir, mais il se reprit juste à temps.
- Ne fais plus jamais ça, gamin, l’avertit-il.
Mais c’était davantage contre Kiba que se portait son énervement. Lors de leur discussion nocturne à propos du transfert du déserteur vers Konoha, le Nara lui avait bien précisé de surveiller le garçon. Bien qu’à priori inoffensif, et non déserteur jusqu’à preuve du contraire, il devrait les accompagner à Konoha pour un interrogatoire. Il convenait donc de s’assurer qu’il ne prenait pas la poudre d’escampette. Soupirant malgré lui de soulagement en le voyant descendre de la tente, il commença par botter les fesses à Kiba pour le réveiller.
Ensuite il regagna les tentes en lançant au ninja au chien qui lui hurlait toutes les insultes qu’il connaissait à la figure :
- Je vais réveiller ces feignasses. Ensuite, retour à Konoha.
Son dernier regard avant d’entrer dans le premier édifice de toile fut pour le gamin qui, à présent, s’amusait à écouter l’échantillon du vocabulaire imagé de Kiba pour faire comprendre à Shikamaru qu’il n’appréciait guère ses façons de réveiller les gens.
*
Il aurait bien voulu qu’il serre moins fort, quand même. Le déserteur avait beau être coupable de quelques meurtres et autres actes criminels, il n’appartenait pas à ce village de la Feuille ; il convenait donc qu’on le traite avec un certain égard – du moins, c’était ce qu’il pensait.
Mais le chunin aux proportions d’armoire qui se chargeait de l’emmener à son interrogatoire ne semblait pas connaître ces règles élémentaires de comportement.
Du retour à Konoha, le nukenin ne savait rien : à peine le genjutsu qui l’avait endormi s’était-il dissipé qu’on le lui avait renvoyé. Et à nouveau, il n’avait pas réussi à le contrer. Il n’avait repris conscience que lorsqu’on l’avait confié à la brute qui l’escortait dans ces couloirs sombres et pas très bien entretenus qui lui semblaient se trouver dans des souterrains. Lui et son compagnon improvisé marchaient depuis cinq minutes lorsqu’il fut brutalement arrêté devant une petite porte blindée qui n’était sans rappeler celle d’une cellule de prison. Le chunin sortit une clé, fut jouer la vieille serrure de la porte et, d’une poussée ferme, projeta le déserteur dans la pièce dans laquelle il atterrit à quatre pattes.
Derrière la porte, il n’entendit aucun bruit de pas. Le bonhomme était resté en place. Pas d’espoir d’évasion pour l’instant. Soupirant, il se remit sur ses pieds et contempla la pièce.
Elle était vraiment imposante dans sa simplicité. Le seul élément décoratif était un tuyau piqueté de rouilles qui courait au plafond. Les gouttelettes d’eau limpide qui s’en échappait tombaient sur le sol dans un bruit parfaitement clair et qu’on devait entendre à des kilomètres, tant le silence était lourd dans cet endroit. Grande, la pièce l’était suffisamment pour produire de l’écho. Le déserteur pouvait entendre celui de son souffle se répercuter contre les murs. Ces derniers étaient d’une couleur indéfinissable, mais sombre au point qu’ils semblaient aspirer la lumière hésitante de l’unique néon du plafond plutôt que la renvoyer. Etrangement, il n’y avait pas la moindre toile d’araignée. Le nukenin remarqua alors, au centre exact de la pièce, quelque chose qui lui fit comprendre autre chose.
Une petite chaise était posée là, comme si elle se trouvait dans cette pièce depuis toujours, et même avant sa construction. On aurait dit qu’elle l’attendait. Et de fait c’était le cas.
Car le déserteur avait réalisé que cet endroit n’était pas une cellule, mais une salle d’interrogatoire.
L’interrogé, c’était lui.
- Assis, fit une voix impérieuse qui ne lui parut pas totalement inconnue.
Obéissant, il s’installa sur la chaise. Deux silhouettes qu’il n’avait pas remarquées jaillirent alors des vastes zones d’ombre de la pièce comme si des lambeaux de ces ténèbres s’étaient brutalement déchirés. Le déserteur retint son souffle, et reconnut la première des silhouettes à s’aventurer en pleine lumière. D’ailleurs, seul un idiot se serait trompé sur son identité.
Le maître Hokage du village de Konoha était un homme grand, bien proportionné, avec quelque chose d’encore juvénile dans son attitude, comme si le gamin de l’Académie qu’il avait été s’était avéré capable de survivre à l’avancée du temps. Ses cheveux blonds comme l’or restaient toujours aussi indisciplinés, et ses yeux bleus trahissaient toujours sa volonté indéfectible de ne jamais abandonner, même dans les pires des situations. Le bandeau à son front renvoyait la lumière bleutée du néon comme si il l’avait lui-même émise. Ses vêtements n’étaient pas les mêmes que ceux qu’il portait dans les cérémonies officielles : sa tunique et son pantalon étaient blancs, avec un pardessus sans manche orange vif. Il protégeait ses mains avec des gants noirs de combat, et ses épaules étaient entourées d’une écharpe bleue. De tout son être émanait une impression de puissance inaltérée par les années, et un désir farouche de ne pas s’enfoncer dans le désespoir.
Pas mal, songea le déserteur, mais il faudrait plus pour le faire parler. Pas de chance, aurait-il dû se dire, le plus arrivait déjà.
Le nukenin faillit tomber de sa chaise lorsqu’il vit que la deuxième silhouette était celle d’un fantôme.
L’homme qu’ils avaient tué, lui et ses compagnons, dans la caravane était là, devant lui.
Au premier abord, ce fut ce qu’il crut : les yeux blancs d’ivoire, la chevelure d’ébène sur les épaules, l’air impérieux et solennel. Le revenant était maintenant vêtu d’un riche kimono brodé d’or qui recouvrait un plastron de métal, ainsi que d’un pantalon large de couleur rouge sang. Mais ce changement de vêtement n’entama pas la conviction du déserteur : le type était revenu des enfers pour le juger.
Il lui fallut quelques instants pour se calmer et observer plus attentivement. Rapidement, il fut rassuré. L’homme qui se trouvait face à lui, bras croisés, aux côtés du maître Hokage, était incontestablement plus âgé que l’autre ; il le dépassait légèrement en taille, et il avait une minuscule cicatrice sur la joue gauche. Il se permit un léger souffle de réconfort : un instant, il avait cru à l’existence des revenants.
- Bonjour, Nigin, fit le maître Hokage d’une voix foncièrement différente de celle qui lui avait ordonné de s’asseoir.
Le déserteur sentit son estomac faire un saut périlleux. Comment connaissaient-ils son nom ? Il ne se rappelait pas leur avoir dit. En fait, il n’avait pas prononcé un mot depuis son entrée dans cette salle. Et il comptait bien continuer. Il avait la conviction profonde qu’on ne l’avait pas amené ici pour discuter de l’humidité ambiante.
- Tu as tué un des miens, dit le ninja aux yeux blancs d’entrée de jeu.
Nigin n’osa pas soutenir le regard terrifiant que lui jetait ce type. La couleur de ses globes oculaires pouvait faire penser qu’il était aveugle, mais aucun aveugle n’était capable d’être effrayant dans ses regards. Cet homme, si.
- Son nom était Sohei. C’était un de mes meilleurs compagnons d’armes, poursuivit l’homme, et un bon ami.
Ces paroles se passaient de commentaires. Le déserteur sentit sa résolution de garder le silence s’effriter comme une paroi rocheuse sous les assauts constants d’une pluie battante. Mais l’édifice ne s’était pas encore effondré. Aussi ne dit-il rien lorsque le maître Hokage lui demanda :
- Y a-t-il des types de ta bande qui continuent de courir dans la nature, à part ce type volant ?
Pas davantage de réaction lorsque l’homme aux yeux blancs intervint :
- Où se cache-t-il ?
Avec un dédain suprême, Nigin leva le regard vers le chef du village de Konoha. Tout, dans l’attitude du déserteur de Suna, exprimait une totale indifférence à leurs interrogations. Il ne comptait pas leur servir la soupe comme ça. Du moins le croyait-il. Les deux ninjas reposèrent leurs questions, sans succès, aussi usèrent-ils tout de suite de leur moyen de pression ultime, largement plus efficace que la plus cruelle des tortures. Le maître Hokage se tourna vers les ombres dont il avait lui-même émergé, et dit d’un ton amical, presque joyeux :
- Et si tu venais nous donner un coup de main ? Il est de ton village, après tout.
De nouveau, une silhouette apparut. Mais elle ne sortit pas de la noirceur : elle semblait plutôt en faire partie. Nigin sentit son front se couvrir de transpiration lorsqu’il comprit que le nouveau venu était en fait vêtu de noir. Et il commença à devenir humide en divers endroits de son anatomie lorsqu’il remarqua les petites cornes sur la tête au visage tatoué du propriétaire de cette tenue noire. Finalement, et tandis que Kankuro de Suna lui adressait un regard qui ne présageait strictement rien de bon à son égard, il se sentait prêt à sauter d’une falaise si cela pouvait lui éviter d’être interrogé par son ancien chef.
- Salut, Nigin, lança le grand frère du maître Kazekage. Ca fait un bail, mon vieux.
Le déserteur ne se laissa pas prendre à sa tentative de paraître sympathique. Il se souvenait encore de l’époque où il était encore un chunin de Suna, et plus particulièrement où Kankuro, son commandant, avait interrogé un ninja de Kumo sur les forces de son village déployées dans un endroit donné : il en faisait encore des cauchemars. Alors s’il pouvait éviter de devenir le sujet principal de ce qui hantait son sommeil depuis des années, autant leur donner ce qu’ils voudraient. Il lança d’une voix de plus en plus aiguë tandis que le ninja aux pantins approchait :
- Attendez… attendez ! D’accord, je dirai ce que vous voudrez, mais accordez-moi de ne pas devoir rentrer à Suna ! Par pitié, je vous dirai tout, mais ne me faites pas repartir avec lui hors du pays du Feu ! S’il vous plaît ! S’il…
- C’est ce que j’appelle coopérer avec enthousiasme, interrompit Naruto avec un petit sourire en coin : visiblement, il s’amusait beaucoup. D’accord, alors réponds à nos questions. Reste-t-il des déserteurs dans votre bande ? Où est votre chef ?
Nigin regarda d’un air apeuré Kankuro, comme s’il cherchait son approbation. Puis il se mit à parler, sans détourner son regard de son ancien commandant :
- Je suis le seul rescapé, avec le chef et le gamin. Où est notre chef, j’en sais rien du tout, je vous le jure ! Je sais même pas son nom ! Si vous voulez en savoir plus, essayez avec le gosse, c’était le chef qui s’occupait de lui, il en sait sûrement plus !
- En parlant de ça, intervint le type aux yeux blancs, qui n’avait pas desserré les mâchoires depuis l’apparition de Kankuro, où l’avez-vous enlevé ? Qui sont ses parents ?
Nigin prit une inspiration digne d’un cachalot prêt à partir pour les profondeurs, et dit d’un trait :
- J’en sais rien.
- Pardon, fit Kankuro avec une intonation légèrement malveillante, je n’ai pas bien entendu.
- Je n’en sais rien, gémit le déserteur plus distinctement et évitant toujours autant le regard du ninja de Suna. Pour ses parents, je veux dire. Et comment on l’a trouvé, c’est une longue histoire…
- On a tout le temps, lui dit Naruto. Je ne pense pas que quelqu’un t’attende dehors.
Jetant des œillades de plus en plus rapides, guettant une échappatoire de façon obstinée, le nukenin finit par comprendre qu’il n’avait plus le choix. Il se mit à table en murmurant presque.
- Quand j’ai déserté, il y a treize ans à peu près, j’ai rejoint une bande de nukenins comme moi qui subsistait dans le pays du Riz. On était une petite vingtaine, on mélangeait bien les affinités de chakra, ça se passait bien au départ. Si j’avais su que je me retrouverais là…
- On se contrefout de tes états d’âme, intervint Kankuro d’une voix sans réplique. Viens-en au fait.
- Oui, oui, bien sûr, seigneur Kank…
- Ta gueule avec tes flatteries. Viens-en au fait, j’ai dit.
Le malheureux déserteur, la gorge tellement nouée qu’on devait se pencher pour entendre toutes ses paroles, continua en perdant des kilos à chaque minute tellement il transpirait :
- Au bout de deux ou trois mois, le pays a grouillé de ninjas de Konoha et Suna, je me souviens...
Les trois interrogateurs échangèrent des regards, ce que Nigin perçut comme une injonction à s’arrêter. De cela, ils étaient au courant : chacun d’eux avait participé à cette opération de grande envergure dirigée sur le pays du Riz par le sixième Hokage, Kakashi, après que des rescapés du village d’Oto no Kuni aient été aperçus aux côtés de ninjas de Kumo ou Kiri. L’objectif était de nettoyer cette contrée des derniers repères d’Orochimaru, dont le destin à l’époque était incertain, mais intéressait encore quelques personnes. Naruto hocha la tête, signe que le déserteur pouvait poursuivre.
- Et on a été attaqués par une troupe de junins en provenance de Suna, avec m… monseigneur Kankuro à leur… leur tête...
Ils durent attendre quelques instants, tandis que le malheureux Nigin se remette de la crainte que lui inspirait « monseigneur Kankuro » qui, de son côté, ricanait de l’effet qu’il produisait sur le nukenin.
- On s’est enfui dans la forêt, reprit ce dernier une fois remis, face aux ninjas de Suna… Ceux qui n’ont pas pu suivre ont été abandonnés en route. On pouvait pas se permettre de ralentir, on aurait tous été tués…
- Quel sens de la camaraderie, nota le ninja aux yeux blancs.
- Hem… au bout d’un moment, on est arrivés devant une espèce d’entrée creusée à même le sol. Un escalier descendait vers les profondeurs de la terre ; à mon avis, il était abandonné depuis un moment. On a vu arriver les ninjas de Suna, mais ils étaient plus que dix, à peu près…
Les deux ninjas de Konoha se tournèrent vers Kankuro, qui expliqua :
- J’ai quitté la troupe avec quelques hommes pour intercepter une bande de ninjas d’Iwa qui nous suivait à la trace. On leur a fait leur affaire, acheva-t-il avec un sourire peu avenant.
- Ouais, ouais… enfin, donc, reprit le déserteur, on a voulu se battre, mais ça ne s’est pas bien passé… après cinq minutes de combats, la moitié des nôtres était morte sans qu’on ait tué un seul des gars de Suna… Alors on a lancé des parchemins explosifs partout pour se couvrir et on est entré dans le souterrain…
Nigin ayant les yeux dirigés vers le sol avec la ferme intention de ne pas les en détourner avant longtemps, il ne remarqua pas que ses trois interlocuteurs avaient accru leur attention. Les faits intéressants se trouveraient dans les prochaines phrases qu’il prononcerait.
- Les ninjas de Suna étaient juste derrière nous, on ne pouvait pas s’arrêter… lorsqu’un croisement s’est présenté, on s’est divisé. J’ai pris à droite avec une huitaine de gars. Les autres, on les a jamais revus. Toujours était-il que seulement cinq ninjas de Suna nous ont suivis, alors on a décidé tout en courant de les affronter dès qu’on en aurait la place… C’est alors qu’on est arrivés dans… cette antichambre des enfers… Si je vous la décrivais, vous me croiriez pas, souffla-t-il en relevant les yeux vers Naruto.
- Essaie quand même, l’encouragea-t-il.
Inspirant profondément, le déserteur reprit :
- C’était… démentiel. Celui qui avait fait ça devait être un taré intégral. La pièce était grande, d’accord, mais la moitié de l’espace était occupé par ces… aquariums remplis d’un liquide verdâtre dans lequel barbotaient… des… choses… C’était vraiment dingue. J’ai cru m’être perdu dans un cauchemar. Des hybrides mi-hommes mi-bêtes… des créatures faites de plusieurs animaux mélangés… des trucs vraiment horribles. Et dans le plus gros, qui se trouvait au fond de la salle, y avait ce gosse, un bébé de quelques mois, qui dérivait dans ce liquide avec un machin sur la bouche pour respirer. Nous autres, on était encore plantés à l’entrée de ce laboratoire du diable que les gars de Suna arrivent dans notre dos et s’apprêtent à nous trucider… alors on s’est battu…
Pendant une bonne heure, ça a massacré sans quartier… Les cinq de Suna semblaient vouloir notre peau, quel qu’en soit le prix. A la fin, on avait perdu trois copains, et il en restait deux en face. C’est alors q’un des nôtres a fait une foutue connerie.
Il a attaché un parchemin explosif à un de ses kunaïs et il l’a balancé vers un ennemi… Bilan, il a fait sauter le gros aquarium avec le bébé dedans. Le flot de liquide verdâtre a fait céder les autres aquariums, et on s’est pris des litres de cette saloperie en pleine gueule. J’ai été projeté contre un mur et j’ai perdu conscience. Quand je suis revenu à moi c’était terminé. Un des rescapés de Suna était écrasé contre un mur, et l’autre gisait inconscient au milieu des restes d’un des aquariums. Je crois qu’il s’en est sorti…
- Kankuro, fit le maître Hokage, c’est vrai ?
- Ouais, admit l’autre comme à contrecoeur. Il a été tué trois semaines plus tard, mais il avait eu le temps de faire son rapport. C’était le seul rescapé des dix.
- Un des nôtres avait été tailladé par des éclats de verre, reprit Nigin après un geste approbateur du ninja aux yeux blancs, mais sinon on était tous en vie. Et au milieu de la pièce, y avait le gosse, qui avait perdu son respirateur, et qui beuglait plus fort que tous les blessés que j’ai entendus. C’était un garçon. A l’époque, on avait une femme dans notre troupe, et elle avait survécu à la poursuite… Elle était d’avis qu’on le garde. Elle pouvait pas avoir d’enfant alors bon… Au début, on était pas d’accord. On voulait plutôt le laisser sur place en espérant qu’il soit trouvé par quelqu’un d’autre…
- Il y aurait de quoi écrire un traité sur votre opinion de la vie d’autrui, fit remarquer le ninja aux yeux blancs d’un ton glacial.
- Hé, s’emporta le nukenin au mépris de sa propre peur, on peut pas se permettre de bouches inutiles ! C’est ce qu’on lui a dit, mais elle a insisté. Finalement on a cédé, et on est repartis. Au bout de six ans, elle est morte ; on a donc essayé de paumer le gosse. Mais rien à faire, il revenait toujours. Et puis le chef est arrivé, un an après, fraîchement débarqué de Kaze no Kuni. Il a pris la tête de la bande, et il s’est occupé du gosse… La suite, c’est lui qui la connaît.
Le déserteur cessa de parler. Il regarda le maître Hokage avec espoir, mais ce dernier se tourna vers Kankuro et lui dit :
- Il est à toi.
- M… mais… mais, mais, mais, bafouilla Nigin en regardant avec effroi le ninja de Suna qui le remettait debout, vous disiez… vous disiez…
- Mon autorité s’arrête aux ressortissants du pays du Feu. Kankuro est du pays du Vent, je n’ai aucune autorité sur lui. Je ne peux donc pas l’empêcher de t’emmener, acheva Naruto avec un petit sourire.
- Le Kazekage va être ravi de te revoir, Nigin, fit Kankuro avec un air particulièrement effrayant.
Il fallut dix bonnes minutes pour parvenir à faire sortir le déserteur ; il était tellement terrifié qu’il se débattit avec la force de trois hommes, et il manqua de creuser des sillons dans le sol avec ses sandales. Lorsque finalement Kankuro l’assomma afin de le calmer, Naruto et son compagnon avaient les mains moites. Ils saluèrent le ninja de Suna qui partait avec son prisonnier, puis le maître Hokage se tourna vers l’autre :
- Je pense que nous devrions rencontrer ce garçon, Neji.
- Tu as raison, ce devrait être intéressant.
C’était une règle qu’avait tout de suite instaurée Naruto une fois qu’il était parvenu au poste suprême : ses amis pouvaient continuer à l’appeler par son prénom et à le tutoyer. Il ne voulait pas que ses camarades s’éloignent de lui simplement parce qu’il était affecté à de hautes fonctions. Les deux ninjas de Konoha saluèrent le chunin qui s’était chargé d’amener le déserteur, puis regagnèrent l’un la demeure de son clan, l’autre son bureau où l’attendaient de nouveaux dossiers toujours plus barbants.
Et hop, chapitre 5. Si la description des habits de Naruto ne vous parle pas, voici ce qu'il porte (je me suis inspiré de l'image) :
(désolé de la petite taille de l'image )
Pour les coms, c'est toujours par ici : http://forum.captainaruto.com/viewtopic.php?p=546858#546858 _________________ "Un garçon sanglant" au rayon Fanfics
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Nutsame Haruyana Civil

Inscrit le: 20 Juil 2008 Messages: 23 Localisation: Dans ses pensées mélancoliques...
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Posté le: Dim 14 Sep 2008, 11:50 pm Sujet du message: |
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Chapitre 6
Un peu impressionné, mais pas vraiment effrayé, le garçon frappa à la porte du bureau qu’on lui avait désigné comme étant celui du maître Hokage. Trois fois, il cogna du poing contre le bois, bien que dès le premier coup il entendit un « Entrez » qui provenait de la pièce dans laquelle il s’apprêtait à entrer.
Le retour s’était déroulé sans le moindre accroc. Après les classiques protestations d’un réveil que l’on estime trop matinal – et ce quelle que soit l’heure – et un petit déjeuner plutôt copieux, les deux ninjas restants du camp, Kiba et Shikamaru, avaient ramenés leurs élèves et le garçon au village de Konoha. La route avait été rapide, mais aussi très silencieuse : personne n’adressa la parole à l’étrange garçon de tout le trajet.
Arrivés au village, ce dernier avait été tellement époustouflé qu’il n’avait pas dit un seul mot lorsqu’on l’avait fouillé, accompagné dans une pièce vide de ce qu’on lui avait désigné comme l’Académie du village, puis enfermé dedans en attendant d’être amené devant le maître Hokage. La salle de classe dans laquelle le garçon avait été enfermé disposait d’une fenêtre – hermétiquement close et au verre particulièrement solide, on ne voulait pas prendre de risque avec lui -, aussi avait-il pu observer à loisir le village caché de la Feuille pendant les deux heures pendant lesquelles on l’avait laissé mariner en attendant l’interrogatoire. De nombreuses personnes se seraient prodigieusement ennuyées, avant de se plaindre pour les avoir laissées ainsi seules pendant une paire d’heures ; pas le garçon. Les déserteurs, en guise d’apprentissage de leur métier, lui avaient enseigné la patience, dont il disposait maintenant dans des proportions sidérantes. Et n’ayant jamais vu de village caché de sa vie, il eut en fait bien du mal à cesser de le contempler lorsqu’un ninja était venu le chercher pour l’amener devant le maître Hokage.
Dans les rues menant au quartier général du village, il n’avait pas garder ses yeux dans sa poche : on aurait plutôt dit un artiste cherchant à se gaver du moindre détail d’un paysage afin de le reconstituer de mémoire dans son atelier. Le bâtiment qui servait de quartier général au maître Hokage avait parachevé la curiosité du garçon, tant il avait été impressionné par sa forme ronde et, surtout, par l’énorme disque portant le symbole du feu. Les visages de pierre, au nombre de sept, avaient brusquement fait surgir dans son esprit les images de ninjas au-delà du commun des mortels, incapables de ressentir la peur et dévoués à leur village jusque dans la tombe. Ils semblaient le suivre des yeux tandis qu’il était entré dans le bâtiment. Le chunin lui avait indiqué le chemin à suivre, puis le garçon avait continué seul. Et il se trouvait maintenant devant la porte, qu’il poussa.
La pièce dans laquelle il déboucha était de taille raisonnable, mais presque insuffisante pour les nombreuses personnes qui s’y trouvaient. En premier lieu, le maître Hokage lui-même, assis derrière son bureau, il regardait le garçon avec curiosité. A sa droite se tenait un homme de haute taille, aux yeux blancs ; à sa gauche, il y avait une jeune femme avec une chevelure rose. Se trouvaient également dans la pièce les quatre ninjas qui avaient éliminé la bande de déserteurs, les uns à côté des autres, et dans un coin un personnage inquiétant, au teint très pâle et vêtu de noir, comme le garçon qui n’avait guère eut le temps de se changer. D’une grande sobriété, l’endroit était cependant empli d’une ambiance chaleureuse, du moins en temps normal. Mais avec tous ces ninjas entraînés, qui affichaient tous des mines sérieuses, excepté le maître Hokage, il ressemblait davantage à un tribunal où arrive le moment de rendre la décision du jury dans une affaire dramatique. La seule chose à rompre cette ambiance d’enterrement était l’odeur un peu entêtante de ramen qui émanait de la pile de bols posée sur une autre pile, de dossiers cette fois, et dont l’équilibre paraissait excessivement précaire. Le garçon mit un genou en terre devant le maître Hokage.
L’ambiance changea du tout au tout.
Le visage du maître Hokage prit un air que l’on aurait pu qualifier de bêta, pour rester poli. Des sourires rieurs fleurirent sur les visages de Kosesi, Choji, Shikamaru – pour qui l’exercice semblait tout de même difficile - et Kiba ; la jeune femme parut sur le point d’éclater de rire, bien que ce fut l’expression du maître Hokage qui semblait motiver cette envie. Même le ninja aux yeux blancs, dont on devenait aisément qu’il n’était pas d’un tempérament de boute-en-train, plissa les commissures des lèvres d’un air amusé. Le seul à rester totalement inexpressif fut le type dans le coin de la pièce.
Le garçon ne remarqua le changement qu’il avait provoqué que lorsqu’il entendit pour la première fois la voix du maître Hokage, qui lui disait :
- Euh… qu’est-ce que tu fabriques ?
Un peu étonné, l’adolescent se remit sur pieds, et vit alors les expressions diverses qui avaient fleuri sur les visages. Il sentit immédiatement le rouge de la honte lui monter aux joues, et marmonna :
- C’est que… on m’a toujours dit qu’être maître Hokage demandait un niveau de puissance exceptionnel alors… je montre simplement mon respect envers vous… mais si ça vous gêne…
A voir la tête de plus en plus amusée des personnes présentes dans la pièce, excepté, étrangement, ce bonhomme dans le coin, le garçon comprit que s’il continuait, il se retrouverait autoproclamé plus grande andouille du pays du Feu. Il interrompit ses excuses et regarda ses pieds avec un intérêt tout particulier et nouveau.
- Shikamaru, fit la voix du maître Hokage, qu’est-ce que toi et les autres lui avez raconté ?
- Rien, répondit une voix qui sonnait comme celle de Kosesi avec un timbre de voix signifiant qu’il se retenait de rire. On a du oublier de le prévenir que vous n’êtes pas très à cheval sur le protocole…
- C’est pas peu de le dire, précisa la voix de celle de Kiba, du moins d’après ce qu’en savait le garçon.
- Bon, reprit le maître Hokage, arrête de regarder tes pieds et regarde-moi plutôt.
Docilement, bien qu’avec des joues toujours aussi écarlates, le garçon s’exécuta. En regardant les visages des ninjas, il comprit que c’était plus le maître Hokage, le sujet de la moquerie. Un peu – seulement un peu – rasséréné, il regarda les unes après les autres les personnes présentes, et comprit qu’il n’avait probablement pas grand-chose à craindre de leur part. Ils avaient l’air trop gentils pour lui faire du mal. C’était sans doute une pensée naïve, mais il ne connaissait pas encore grand-chose au genre humain, excepté ses expériences avec les déserteurs. Pour lui, tout était tout noir ou tout blanc. Il risquait de devoir modifier son idée de l’humanité sous peu, mais pour le moment le point de vue du garçon était arrêté sur chacun des ninjas de la pièce.
Le maître Hokage le regardait d’un air sympathique et plus intelligent que lors de sa génuflexion.
- Bon, on va commencer par les présentations. Tu connais déjà ces quatre-là, dit-il en désignant Choji, Shikamaru, Kosesi et Kiba…
Kiba lui fit un imperceptible clin d’œil, tandis que son robuste chien blanc laissait échapper un jappement enthousiaste.
- Voici Sakura Haruno, directrice de l’hôpital de Konoha, et Neji Hyuga, chef du clan Hyuga, poursuivit-il en montrant tour à tour la jeune femme qui lui adressa un signe de la main, puis l’homme aux yeux blancs qui se contenta de hocher la tête. Et pour finir, Saï, des Services Spéciaux.
Le type dans le coin n’eut aucune réaction, mais il était évident qu’on parlait de lui : c’était la seule personne restante.
- Et moi, c’est Naruto Uzumaki. Hokage du village caché de la feuille, compléta-t-il en bombant légèrement le torse.
Un peu gêné encore, le garçon garda son regard planté dans celui du maître Hokage comme un pieu planté dans le cœur d’un vampire. Les yeux de l’ombre du Feu ne se détournèrent pas quand il cessa de gonfler son torse sous le regard agacé de la directrice de l’hôpital, mais ils défiaient pas ceux de l’adolescent ; ils cherchaient plutôt à saisir son comportement. Apparemment, même pour le puissant ninja du village de Konoha, c’était une expérience nouvelle.
- Alors, fit à nouveau le maître Hokage, nous savons déjà que tu ne te souviens pas de ton prénom… Mais nous avons ton âge, c’est déjà ça. On pourra faire une recherche à partir de cette information…
Il s’interrompit. Manifestement, il ne savait pas quelle attitude adopter face à un garçon de treize ans qui ignorait jusqu’à son nom. Et encore moins face à un garçon de treize ans qui semblait, en fait, s’en moquer pas mal. Ce fut donc le Hyuga qui reprit :
- Ne t’inquiètes pas pour ça, nous nous en occuperons. Et jusqu’à ce moment, tu resteras au village et tu seras traité comme un de ses habitants, si tu n’es pas fidèle à ces déserteurs…
- Ne vous en faites pas pour ça, fit Kiba. Il ne reste que l’emplumé dans cette bande de nuisibles… D’ailleurs, c’était qui, celui-là, gamin ?
Sakura, Naruto et Shikamaru lui jetèrent un regard pas très avenant. Son comportement vis-à-vis du garçon ne présageait rien de bon. Mais la réponse de ce dernier montrait bien qu’il s’en moquait totalement, car il réagit à haute et intelligible voix :
- Vous voulez dire, maître Sichiroji ?
L’attention remonta en flèche, à tel point quelle en devenait palpable. De nouveau, le garçon trouva un grand intérêt à ses pieds, qu’il contemplait avec une concentration suffisante pour faire chauffer une bouilloire sur son crâne. Il n’était pas difficile de comprendre que son souhait le plus cher, en cet instant, était de se changer en quelque chose de suffisamment petit pour ne plus attirer le moindre regard.
- Sichiroji ? C’est son nom ?
- Oui, marmonna le garçon pour répondre au maître Hokage qui venait de poser la question. Il me l’a dit pendant les entraînements… Je ne sais pas pourquoi il l’a fait… En temps normal, il me demandait de l’appeler « maître »… Mais un jour où il était content, il m’a dit son nom… Je ne sais pas pourquoi.
Il cessa de parler, retournant à l’inspection de ses pieds. Il entendit le maître Hokage murmurer quelque chose qu’il ne pu saisir, puis lui dire :
- Au fait… une petite chose… en quoi consiste tes capacités en tant que ninja ? Ce Sichiroji, c’est un puissant combattant, non ? Il t’a appris quoi ?
L’adolescent leva de nouveau les yeux, mais n’eut pas le loisir de répondre. Choji le fit pour lui :
- Il maîtrise la base, apparemment. Il sait bondir loin, courir vite, balancer des kunaïs ou des shurikens… Mais pour le reste, continua-t-il en tournant son visage joufflu vers le garçon sans nom, à lui de nous le dire.
De nouveau, l’attention monta d’un cran. Mais cette fois-ci, le garçon garda son regard levé. Et ce fut en regardant l’assistance sans même cligner les yeux qu’il se lança :
- Vous pouvez me passer un kunaï ?
En une seconde, ce fut la tension qui grimpa. Les ninjas semblaient hésiter. Le garçon était seul et eux étaient huit, dont le maître Hokage en personne. Mais qui pouvait savoir ce qu’il pouvait leur réserver ? Peut-être pas une technique assez puissante pour les massacrer, mais au moins pour parvenir à s’enfuir. On n’était jamais sûr de rien, après tout. La guerre le leur avait suffisamment prouvé en dix-huit ans. Enfin, tout le monde semblait penser ça, exceptée la directrice de l’hôpital, cette Sakura Haruno. En secouant la tête devant l’hésitation de ses collègues masculins, elle tira un kunaï de la sacoche qu’elle portait sous sa tenue rouge, et le lança au garçon qui l’attrapa au vol.
- Merci, dit-il tandis que les autres ninjas reprenaient leurs esprits. Voici ce que je peux faire.
Et sans la moindre hésitation, il traça une longue et profonde entaille dans son bras gauche, du poignet au coude. Le sang se mit instantanément à couler.
Sakura, dans un réflexe de médecin, avança vers le garçon dans le but avoué de le soigner, mais Naruto lui fit signe d’arrêter. Il semblait avoir déjà compris quelque chose.
Ainsi, pendant dix minutes, il ne se passa rien. Le sang continuait de couler, encore et toujours, jusqu’à tacher le sol. Et rien ne semblait l’arrêter. Finalement, Sakura, suivant encore ses principes de médecin, intervint :
- Tu es hémophile, ou alors c’est autre chose ? Le sang est sensé coaguler en sept minutes, et ça fait dix minutes que tu t’es coupé…
- C’est autre chose. C’est mon chakra, répondit le garçon. Regardez…
En un instant, le sang se durcit, coagula, et finit par former une belle croûte bien propre. Encore quelques secondes, et même la croûte disparut. Il n’y avait plus la moindre trace de l’atroce blessure qui s’était trouvée sur ce bras immaculé dix minutes plus tôt. Il rendit le kunaï à Sakura en lui lançant – avec une précision excellente, notèrent les ninjas – et expliqua à un auditoire particulièrement étonné:
- En faisant circuler mon chakra dans mon sang, je peux le contrôler à volonté. Je le laisse couler, le durcit, le rend bouillant ou glacial… Et je suis aussi capable de déplacer mon chakra dans le sang d’une personne ou le mien pour soigner les traumatismes internes…
Il montra le kunaï avec un sourire malicieux.
- Une démonstration ?
- On s’en passera, intervint Neji.
L’adolescent remarqua qu’autour de chacun de ses yeux étaient apparues des nervures étranges, et que son regard semblait plus perçant encore. Un peu inquiet, il reporta le sien sur le maître Hokage.
- Et sinon, lui demanda ce dernier, tu sais faire d’autres choses ?
- Oui.
Il concentra son chakra, fit une petite série de signes – Cochon, chien, sanglier, cheval, sanglier - et sa main droite se détacha de son corps sans qu’une seule goutte de sang ne coule, la peau du bras ayant immédiatement recouvert l’ouverture. La main se dirigea vers celle de Naruto et la serra tandis que Sakura hurlait de terreur et que Shikamaru se crispait. Les autres semblaient un peu effrayés. Et ils le furent d’autant plus lorsqu’une main réapparut sur le moignon tandis que la première serrait toujours celle du maître Hokage mortifié. Le garçon continua son petit manège en détachant sa main gauche, qui se mit à faire un signe à Sakura qui répondit par automatisme, avant qu’elle ne se remette à hurler. L’adolescent comprit enfin que sa petite démonstration tournait au film d’horreur, aussi exécuta-t-il sa série de signe avec une main gauche nouvellement apparue et sa main droite. Aussitôt, les mains qui flottaient un peu partout dans la pièce disparurent sans un bruit.
Il y eut un long, très long silence. Immobile, silencieux, le garçon avait perdu toute trace de sourire sur son visage, à l’instar de toutes les personnes présentes. Shikamaru, en particulier, semblait sur le point de lui flanquer un coup de poing magistral dans la mâchoire. Et Choji, à en juger par son expression, allait peut-être lui donner un coup de main. Naruto, enfin, sortit de son mutisme et dit :
- Bien… Tu peux y aller.
Le garçon ne chercha pas à comprendre ce brusque changement de situation ; il avait été convoqué pour un interrogatoire, et il repartait après moins d’un quart d’heure dans la pièce. Il essaya bravement de leur sourire avant de partir, mais il comprit qu’il n’y arriverait pas. Il ouvrit la porte et sortit.
*
- Eh ben, c’est pas un truc qu’on voit tous les jours, finit par dire Kiba une bonne minute après le départ du garçon.
Il n’aurait pu mieux exprimer l’état d’esprit des ninjas dans la pièce. Même Neji et Saï semblaient légèrement déconcertés. Sakura tremblait encore comme une feuille. Naruto regardait sa main qu’un membre coupé et sans aucun nerf, vaisseau sanguin ou os ne reliait au reste du corps de son propriétaire avait serré. Quant à Shikamaru et Choji, ils s’efforçaient de ne pas laisser exploser leur colère. Car les capacités du garçon lui rappelaient deux personnes qu’ils avaient déjà rencontré, dix-huit ans plus tôt, mais dont le souvenir était encore vif dans leurs esprits.
- Mais qu’a bien pu foutre Orochimaru avec ce gosse, explosa Naruto, c’est démentiel !
- Il a peut-être fait faire un enfant à Hidan et Kakuzu, suggéra Shikamaru d’une voix lugubre.
Tout le monde fronça le nez à une telle idée. Sakura se permit toutefois d’intervenir avant que d’autres suggestions immondes ne germent dans l’esprit de ses compagnons :
- Ce n’est pas le problème. Il s’agit surtout de savoir qui est ce garçon, qui sont ses parents, et quel est son nom…
- Bonne idée, remarqua Kosesi. Si on doit lui parler, « gamin » risque de ne pas être très apprécié.
- On pourra s’en occuper, fit Naruto. Il suffira de fouiner dans les archives, au sujet des disparitions d'enfants en bas âge. Je demanderai à Manzo de le faire… Maintenant, reste aussi la question de ce gars volant, Sichiroji.
- De lui, je m’en occuperai.
C’étaient les premiers mots que prononçaient Saï depuis le début de la discussion, en comptant le quart d’heure de présence du garçon. Il poursuivit :
- D’après ce que tu m’as dit, Kosesi, ce Sichiroji semble être un déserteur de Kaze no Kuni. Il suffira de consulter ce que nous savons sur eux. J’ai cru comprendre qu’il est puissant, nous aurons donc forcément quelque chose sur lui.
Il se mura de nouveau dans le silence, ayant dit ce qu’il avait à dire. Les autres ne dirent rien pendant un petit moment, puis Neji reprit :
- En attendant, que faisons-nous de ce garçon ? On ne peut pas le mettre dehors, mais il faut que nous gardions un œil sur lui.
- Nous trouverons un endroit où le loger, promit Naruto. Et si possible, on essayera de l’intégrer dans une équipe… Kosesi, poursuivit-il en se tournant vers le ninja aux cheveux de paille, il y a une place vacante dans ton équipe, je crois ?
La question n’en était pas vraiment une. Il manquait effectivement un genin dans l’équipe de Kosesi, l’un de ses élèves ayant décidé de jeter l’éponge après la mort d’un de ses meilleurs amis dans le cadre d’une mission. Il ne restait donc que deux apprentis ninjas sous ses ordres. Mais l’un d’eux était bien particulier, aussi Kosesi demanda-t-il :
- Maître Hokage… vous êtes sûr de le faire intégrer mon équipe ?
- Oui, je pense que c’est une bonne idée. Gardons-le une semaine en quarantaine, et nous verrons comment il se comporte en société, si il s’intègre et surtout si il ne tentera pas de déserter.
Personne ne trouva à contester, la décision de Naruto fut donc adoptée. Les uns après les autres, les ninjas quittèrent la pièce. Sakura s’étant proposée pour s’occuper des visites auprès du garçon une fois son logement trouvé, il n’y avait pas d’autre problème de logistique à régler. Ils laissèrent donc le maître Hokage derrière son bureau, l’abandonnant à ses dossiers et ses devoirs pour le village.
*
« Pension Au Cheval Fou, chambres, restaurant et écurie. »
C’était ce que clamait l’enseigne de ce bâtiment de grande taille avec un étage et une façade peinte en jaune. Au-dessus de l’entrée était représenté un cheval en train de se cabrer. Pas exactement ce qui correspondait à un déserteur en cavale, mais ça suffirait. Et de toute manière, c’était la seule auberge de ce patelin et il ne pouvait pas se permettre de continuer de nuit. Trop risqué. L’homme volant, Sichiroji, entra donc dans la pension en cachant son bandeau rayé dans sa poche.
Il arriva dans une grande salle commune, avec des tables toutes vides et un comptoir derrière lequel un homme replet attendait les clients. En cette fin d’après-midi, les voyageurs allaient commencer à affluer pour passer la nuit à l’abri. Aussi se précipita-t-il sur son registre quand Sichiroji s’approcha de lui.
- Bienvenue à la pension du Cheval Fou, monsieur ! Vous y trouverez les meilleurs lits de la région, et une nourriture incomparable ! Voulez-vous dîner, prendre un verre au bar de la pension ou…
- Une chambre, l’interrompit le déserteur d’une voix sombre.
- N’avez-vous pas faim, reprit le propriétaire entêté, ou désirez-vous que je conduise votre monture à…
- Je n’ai pas de monture, intervint à nouveau Sichiroji agacé, et j’ai dit que je ne voulais qu’une chambre.
- Mais vous ne tenez donc pas à goûter…
- Une chambre ou je vous casse la gueule.
Le propriétaire perdit sa verve, mais pas son sourire aimable tandis qu’il lui tendait une petite clé en disant de sa voix joviale :
- Tenez, mon cher monsieur ! Chambre 7, avec fenêtre et ameublement. Vous pouvez également demander à vous y faire servir votre dîner si vous le désirez…
- Génial.
Sichiroji attrapa la clé et se dirigea vers une porte sur la droite du comptoir, derrière laquelle se trouvait l’escalier menant aux chambres. Sauf erreur, il ne le réemprunterait que pour quitter cette pension. Il disposait de quelques vivres et ne voulait pas se montrer plus que nécessaire. Les marches de l’escalier étaient tellement bien cirées qu’elles emprisonnèrent le bruit de ses pas. Les lattes de bois clair et les murs décorés de-ci de-là par des estampes dans des cadres dégageaient une impression de chaleur et de convivialité, uniquement diminuée par la présence du déserteur aux cheveux blancs. Ce dernier monta les marches le plus rapidement possible et arriva dans un couloir bordé de portes.
Tout comme les escaliers, ce couloir était entièrement boisé, de même que les portes vers les chambres. Et l’ambiance chaleureuse était sensiblement la même. Sichiroji chercha le numéro sept, le trouva, et entra dans la chambre correspondante.
Une pièce carrée, un lit, une armoire sur le mur à gauche, une petite table et un tabouret : en gros, la chambre idéale. Les draps semblaient propres, le bois était sec et ciré, un petit tableau représentant un paysage décorait le mur au-dessus du lit : il ne s’agissait que de superflu, mais c’était toujours agréable. Dans le mur en face de Sichiroji, une fenêtre ouvrait sur le monde extérieur.
Le déserteur s’approcha de l’armoire, ouvrit les battants, mais se souvint qu’il n’avait rien à y suspendre. Toutes ses possessions consistaient en ses vêtements, ses armes et les deux ou trois provisions qu’il avait réussi à sauver du campement de sa défunte troupe. Il referma l’armoire, et alla s’asseoir sur les draps moelleux du lit. Le confort de la couche l’aida à se calmer et à réfléchir.
Il l’avait vraiment échappé belle, cette fois. Depuis qu’il avait déserté son village d’origine, Kusa no Kuni, il était devenu un être traqué de part et d’autre du monde. Son pays d’origine offrait une forte récompense pour sa capture, et il était également recherché dans le pays des Montagnes et du Riz, pour des raisons diverses et variées impliquant meurtres, prises d’otages et vols en tout genre. En clair, Sichiroji était un criminel de première catégorie, mais non répertorié dans le Bingo Book car peu connu dans les autres pays. C’était certes une existence trépidante, mais pleine de risques comme celui de se retrouver dans une pension tenue par un bonhomme trop gentil pour être honnête, qui lui offrait une chambre avec une fenêtre.
Sichiroji songea un instant au reste de sa bande, dont presque tous les membres devaient pourrir à l’ombre des arbres à présent. Et si ce crétin de Nigin avait été capturé, il avait sûrement du leur parler du gamin, qui leur avait parlé de lui. C’était à prévoir, bien sûr, mais ça ne rendait pas la situation plus favorable à Sichiroji. Il y avait fort à parier que d’ici quelques jours, peut-être même quelques heures, des affiches avec son portrait et sa valeur en argent apparaîtraient comme par miracle sur tous les murs de toutes les agglomérations du pays du Feu. Il prit donc la décision éclairée de quitter cette auberge dès la nuit close. Sichiroji se leva et alla ouvrir la fenêtre ; il avait envie de respirer un peu l’air frais.
Le paysage n’avait rien de très motivant : un bête village d’une banalité affligeante, sans un seul édifice plus impressionnant qu’une cheminée de forge. Les maisons, en bois bien sûr, se ressemblaient toutes, exactement comme les rues, les toitures et les habitants. Il n’y avait rien pour distraire le regard, sinon la lisière du bois qui décorait l’Est du village. Des arbres simples, malingres et à peine dignes de finir en petit bois.
Sichiroji comptait cependant partir dans cette direction, une fois la nuit assez noire : c’était le seul endroit où l’on aurait du mal à suivre ses traces. Et en plus, il aimait la forêt. Voler sous les arbres, le vent dans ses ailes, avec pour seule compagne sa liberté, c’était quelque chose dont il pourrait jamais, au grand jamais, se passer. Il y avait des moments où il se sentait poète…
Quelque chose scintilla dans son œil droit, et un kunaï avec un papier attaché à sa garde passa à deux millimètres de son nez pour aller se planter dans l’armoire.
Le ninja ailé se retourna très lentement, tous ses muscles bandés, et attendit que le papier s’enflamme avant d’exploser. Ce n’était sûrement qu’une question de secondes.
Il s’écoula quatre bonnes minutes pour qu’il consente à se détendre très légèrement, suffisamment pour se détourner et tenter d’apercevoir son agresseur. Mais il n’y avait rien à voir. Le lanceur avait sûrement mis les voiles depuis un moment. Pestant, Sichiroji s’approcha du dard métallique planté dans le bois de l’armoire, et remarqua que le papier n’était pas un parchemin explosif, mais un message.
Intrigué, il le détacha de l’arme et le lut.
Moins d’une heure plus tard, la chambre numéro sept de la « Pension Au Cheval Fou, chambres, restaurant et écurie » était de nouveau libre.
Et hop, chapitre 6. _________________ "Un garçon sanglant" au rayon Fanfics
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